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Bonjour chers collègues et bienvenue à la séance n
o 49 du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Nous discuterons aujourd'hui de la formation des compétences professionnelles pour délinquants.
Nous entendrons trois témoins. De Service correctionnel du Canada, nous accueillons Don Head, commissaire, et Fraser Macauley, commissaire adjoint, Opérations et programmes correctionnels. De CORCAN, nous accueillons Lynn Garrow, présidente-directrice générale.
Bienvenue à tous.
Nos témoins présenteront bien sûr des remarques liminaires d'un maximum de 10 minutes, après quoi nous passerons à la période des questions. La présidence essaiera de trouver une quinzaine de minutes à la fin de la réunion pour discuter des affaires du comité et voir s'il y a moyen de planifier nos horaires sachant que nous avons de la difficulté à accommoder les témoins. Bien entendu, elle pourra soulever ces questions, et les membres du comité décideront ce qu'ils veulent faire et l'orientation qu'ils veulent prendre. Elle soumettra aussi une petite question budgétaire à votre approbation.
Nous allons maintenant ouvrir la séance avec des remarques liminaires. Les dames d'abord. Aimeriez-vous prononcer des remarques? Dans la négative, nous céderons la parole à M. Head.
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Merci, monsieur le président.
Comme vous l'avez fait remarquer, je suis accompagné de Fraser Macauley, commissaire adjoint, Opérations et programmes correctionnels, et Mme Lynn Garrow, présidente-directrice générale de CORCAN, qui est une branche de Service Correctionnel du Canada.
Bonjour à vous, monsieur le président et honorables membres du Comité. Je suis heureux de comparaître devant le comité aujourd'hui pour vous aider à étudier la capacité du Service correctionnel du Canada à offrir des possibilités d'emploi et de la formation professionnelle aux délinquants sous sa responsabilité, dans les établissements ou dans la collectivité.
Comme vous le savez peut-être, CORCAN est un organisme de service spécial du SCC qui joue un rôle déterminant dans la réalisation de notre mandat, celui d'accroître la sécurité publique, puisqu'il permet aux délinquants d'acquérir l'expérience et les compétences professionnelles dont ils auront besoin pour mener une vie productive et devenir des citoyens respectueux des lois et des travailleurs qualifiés à leur retour dans la collectivité. Les ateliers de travail dans les prisons ont fait leur apparition au Canada en 1835, lorsque des délinquants ont participé à la construction du Pénitencier de Kingston. En 1980, CORCAN a été déclaré comme la marque de commerce des ateliers industriels de Service correctionnel du Canada et est devenu un organisme de service spécial en 1992.
Le mandat de CORCAN est de contribuer à la réinsertion en toute sécurité des délinquants dans la société canadienne en fournissant des possibilités d'emploi et une formation portant sur les compétences relatives à l'employabilité aux délinquants qui sont incarcérés dans les établissements correctionnels fédéraux et, pendant de brèves périodes, aux délinquants mis en liberté dans la collectivité. CORCAN exerce ses activités dans plus de 100 ateliers dans 28 établissements du SCC au Canada et trois ateliers de production dans la collectivité. Les activités sont concentrées dans quatre secteurs, en l’occurrence: la fabrication, les textiles, la construction et les services. Les produits et services de CORCAN sont destinés à l'usage du SCC et aussi commercialisés à l'extérieur, principalement au sein de la fonction publique fédérale. Chaque jour, plus de 1 250 délinquants travaillent dans les ateliers de CORCAN partout au pays. Au cours d'une année, plus de 4 000 délinquants bénéficient du programme et obtiennent plus de 2,4 millions d'heures de formation en cours d'emploi, et ce, dans sept des dix principaux secteurs de l'industrie.
En outre, les délinquants peuvent non seulement travailler dans les ateliers de CORCAN, mais aussi dans les établissements, où ils peuvent occuper une multitude d'emplois — p. ex. peintre, préposé à l'entretien des terrains et tuteur — qui leur permettent d'acquérir diverses compétences. En 2013-2014, plus de 14 000 délinquants ont occupé un emploi dans un établissement et ont accumulé plus de 11 millions d'heures de formation en cours d'emploi.
Comme je l'ai mentionné, CORCAN est un programme de réhabilitation clé qui permet aux délinquants de se sentir utiles, tout en contribuant à la sécurité dans les établissements. Les programmes de travail augmentent l'autosuffisance des établissements, ce qui réduit les coûts d'incarcération.
CORCAN s'efforce de reproduire autant que possible les conditions de travail du marché en tenant compte des contraintes inhérentes aux établissements et de fournir des biens et services qui répondent aux normes du marché pour ce qui est de la qualité, des prix et des délais de livraison. Les ateliers de CORCAN sont aussi l'occasion pour les nombreux délinquants qui obtiennent un certificat de formation professionnelle d'une tierce partie de mettre en pratique les connaissances et les compétences qu'ils ont acquises, ce qui améliore leur expérience de formation.
En 2013-2014, CORCAN a généré des recettes de 68,3 millions de dollars et a reçu une allocation de 18,1 millions de dollars pour la formation et les services correctionnels. Autorisée par les ministres du Conseil du Trésor, cette allocation sert à compenser les coûts que CORCAN ne peut pas transférer à ses clients et qui concernent notre mandat en matière de formation et l'environnement opérationnel correctionnel. CORCAN est tenu, de par sa charte, de concurrencer les prix, la qualité et les délais de livraison en vigueur dans le secteur privé.
Environ 54 % des recettes annuelles de CORCAN proviennent du SCC; le reste provient essentiellement du ministère de la Défense nationale et d'autres ministères fédéraux. CORCAN vend aussi des produits à d'autres ordres de gouvernement, à des organismes sans but lucratif et au secteur privé. Les recettes sont réinvesties pour améliorer les programmes de formation, remplacer le matériel et créer de nouvelles possibilités d'affaires et de formation.
CORCAN examine constamment les tendances actuelles du marché du travail en fournissant les bulletins mensuels de Statistique Canada sur le marché du travail aux gestionnaires régionaux de l'emploi et de l'employabilité, pour veiller à ce que la formation suive ces tendances. Il est important de continuer à sensibiliser la collectivité aux obstacles auxquels font face les délinquants lorsqu'ils essaient de réintégrer le marché du travail. On y parviendra en mobilisant les employeurs et en les renseignant sur la formation qu'ont suivie les délinquants pendant leur incarcération, ainsi que sur les avantages qu'il y a à les embaucher.
CORCAN collabore étroitement avec des organismes externes pour veiller à ce que la formation professionnelle offerte aux délinquants soit reconnue dans la collectivité — formation certifiée par une tierce partie — et qu'elle respecte les normes du secteur privé.
Les principaux programmes de formation professionnelle portent sur des métiers liés ou non à la construction, notamment la soudure, la charpenterie, l'industrie alimentaire, les services et la sécurité au travail. Les ateliers de CORCAN permettent aux délinquants d'acquérir des compétences techniques en suivant une formation en cours d'emploi dans les quatre secteurs d'activité que j'ai déjà mentionnés. Les délinquants apprennent à utiliser de l'équipement dans un milieu où les normes de productivité et de qualité sont comparables à celles du secteur privé — la majorité des ateliers de CORCAN sont certifiés par l'Organisation internationale de normalisation, l'ISO. Cette certification démontre que CORCAN a les procédés, les ressources, les systèmes et les compétences nécessaires pour offrir des services de grande qualité en temps voulu. Des vérifications périodiques sont effectuées pour surveiller la conformité aux normes ISO.
En 2013-2014, plus de 4 000 délinquants ont accumulé plus de 2,4 millions d'heures de formation en cours d'emploi. Cette formation permet aux délinquants d'acquérir et de perfectionner des compétences techniques ainsi que de perfectionner et de mettre en pratique des compétences essentielles dans un contexte de travail. Afin d'accroître les avantages de la formation en cours d'emploi de CORCAN dans les établissements, de nombreuses régions travaillent avec les organismes provinciaux responsables de la formation en apprentissage, de la réglementation connexe et de la certification pour faire reconnaître les heures de travail des délinquants dans le cadre d'un métier.
CORCAN offre également de la formation en cours d'emploi dans trois unités de la collectivité, précisément dans les régions de l'Atlantique, du Québec et de I'Ontario. La plupart des délinquants qui travaillent dans ces ateliers sont sous surveillance dans la collectivité. Les trois unités permettent aux délinquants de terminer la formation qu'ils avaient commencée lorsqu'ils étaient incarcérés, d'obtenir un emploi dans la collectivité pour la première fois ou d'effectuer une transition dans la collectivité lorsque leurs possibilités d'emploi sont limitées en raison de leur casier judiciaire. En 2013-2014, les trois ateliers de CORCAN dans la collectivité ont permis à 103 délinquants d'accumuler plus de 48 000 heures de formation en cours d'emploi.
Avec l'aide de partenaires communautaires, comme les collèges communautaires et d'autres fournisseurs de formation reconnus, CORCAN peut offrir aux délinquants un certificat décerné par une tierce partie dans des métiers liés ou non à la construction, les services alimentaires et la salubrité des aliments, et la formation de sécurité de base nécessaire sur bien des chantiers. En 2013-2014, plus de 5 988 délinquants ont obtenu 19 438 certificats de formation professionnelle dans de nombreux domaines, dont les métiers de la construction, comme le montage de charpentes et la pose de cloisons sèches; des métiers non liés à la construction, comme la soudure et la réparation de carrosserie; l'industrie alimentaire, comme les arts culinaires et la salubrité alimentaire; et la formation en sécurité, comme les premiers soins et le SIMDUT.
En ce qui concerne les possibilités d'emploi pour les délinquants dans la collectivité, le programme des services d'emploi dans la collectivité du SCC vise à fournir des interventions pertinentes aux délinquants en liberté sous condition, en vue d'accroître leurs chances de réussir leur réinsertion sociale en toute sécurité. Des coordonnateurs de l'emploi dans la collectivité et des contractuels travaillent avec les employeurs, les partenaires de la collectivité et le reste de l'équipe de gestion de cas afin d'offrir aux délinquants un soutien, des services d'aiguillage et des possibilités d'emploi pour répondre à leurs besoins. Le SCC compte des coordonnateurs de l'emploi partout au pays qui peuvent aider les employeurs à trouver les candidats qu'il leur faut.
Le SCC ne cesse pas de soutenir un délinquant dès qu'il obtient un emploi; il continue de travailler avec lui et avec l'employeur pour vérifier la progression et la compatibilité avec l'organisation.
Il est important de se rappeler que l'aide offerte aux délinquants pour trouver un emploi est un des aspects d'une réinsertion sociale réussie. Les délinquants reçoivent aussi le soutien de professionnels de différents domaines — agents de libération conditionnelle, psychologues, travailleurs sociaux et agents de programme —, qui travaillent de concert pour aider les délinquants à faire une transition harmonieuse et sécuritaire dans la collectivité.
En conclusion, monsieur le président, je tiens à vous remercier de m'avoir invité à discuter du travail remarquable que font le SCC et CORCAN pour soutenir les possibilités d'emploi et la formation professionnelle des délinquants. Comme vous le savez, la sécurité publique est d'une importance capitale pour notre organisation. Le fait de fournir aux délinquants sous responsabilité fédérale des possibilités d'emploi et de formation efficaces et pertinentes nous aide à remplir notre mandat et à préserver la sécurité des Canadiens.
Je serais maintenant heureux de répondre à toute question que vous pourriez avoir.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et par votre entremise, merci aux témoins d'être venus.
Comme nous avons eu une brève conversation avant la réunion, j'irai à l'essentiel parce que, bien franchement, je suis très heureux que le comité se penche sur cette étude. Je pense que c'est une bonne nouvelle, même si des améliorations pourraient être apportées au régime de CORCAN. Je suis sûr que des témoins signaleront ces améliorations et je sais pertinemment que vous et votre personnel très compétent les souhaitez également. De toute façon, c'est à mon avis une bonne nouvelle.
Si je dis cela, ce n'est pas nécessairement parce que j'écoute… Et je suis un de ces baratineurs, mais c'est parce que j'ai visité le système carcéral, j'ai vu ce qui s'y faisait, et j'ai parlé aux détenus, ainsi qu'aux instructeurs. J'en suis sorti avec le sentiment qu'on peut faire beaucoup d'autres choses, en collaboration avec vous.
Je vais vous poser quelques questions, parce que, finalement, lorsque nous formons des détenus, nous voulons qu'une fois certifiés ou en voie de l'être… J'aimerais parler à des gens qui bénéficient du dur labeur de notre système correctionnel, ainsi qu'aux employés qui sont tout à fait motivés. J'aimerais que vous ou vos collaborateurs puissiez fournir au comité une liste représentative d'entreprises du secteur privé qui ont utilisé vos services et ont embauché un détenu. Nous pourrons ainsi nous faire une idée de ce qu'elles pensent des fruits de votre labeur. Elles pourront aussi nous proposer des améliorations sur lesquelles nous pouvons tous travailler.
Car, en fin de compte, c'est ce que nous voulons. J'aimerais ensuite avoir de vous un commentaire. Les gens qui ont les connaissances, les compétences et les capacités de bien gagner leur vie pour eux-mêmes et leur famille n'ont pas à recourir au crime. C'est le but de tous ceux qui sont ici présents, qu'ils soient de ce côté-ci ou de l'autre, c'est ce que nous espérons tous. Quelquefois cependant, on diverge sur les moyens d'atteindre cet objectif. Voilà ma première question.
Ma deuxième question porte sur les programmes que vous avez mentionnés. Le secteur privé vous a-t-il proposé des programmes qui pourraient vous intéresser et que vous n'avez pas encore mis sur pied et, en l'occurrence, quels sont-ils? Que pensez-vous de vos résultats et pensez-vous que les gens que vous formez seront plus capables de fonctionner dans la société?
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Merci beaucoup de le permettre.
J'ai quelques brefs commentaires à faire. Tous les métiers offerts dans les institutions s'adressent à tous les délinquants. Nous encourageons tous les délinquants — autochtones ou non — à participer et nous pourrons vous fournir sans tarder des statistiques sur les taux de participation. S'agissant de la question plus générale qui a été abordée, il y a certainement des secteurs dans lesquels nous voulons nous engager davantage. D'ailleurs, je pense que le comité pourrait nous aider dans cette voie.
Vous avez mentionné l'exemple de l'industrie du diamant. Le problème que nous avons à cet égard est qu'il est difficile d'engager dans ce secteur quelqu'un qui a un casier judiciaire. La sécurité entourant ce secteur est presque aussi serrée que la mienne — je ne dirais pas plus, mais presque — et la question du casier judiciaire a été soulevée à maintes reprises.
Cela étant dit, nous avons exploré d'autres domaines, surtout en ce qui concerne la participation accrue des délinquants autochtones. Dans le domaine de la construction par exemple, nous avons pris contact avec plusieurs collectivités des Premières Nations et des groupes qui s'occupent de leur développement économique en vue de construire des logements dans les réserves. Nos démarches ont été très fructueuses et en fait, nous avons des ententes aux termes desquelles nous devons nous assurer qu'un pourcentage des délinquants qui suivent la formation sont autochtones. Nous trouvons cela extrêmement positif. Nous avons d'ailleurs pris des arrangements avec les Mohawks de la baie de Quinte et avec les Premières Nations de Muskeg Lake et de Whitefish Lake. Nous avons construit des maisons pour les collectivités du lac La Ronge et nous avons d'autres projets en cours.
Nous portons en outre un vif intérêt à l'industrie du pétrole et du gaz dans laquelle les antécédents criminels d'un candidat sont moins problématiques que dans les mines de diamants. Par l'entremise des réseaux de nos autres partenaires, nous avons des discussions encore très préliminaires sur la participation que l'industrie du pétrole et du gaz pourrait avoir, sur le plan du financement et de la formation, dans nos institutions. Nous avons la main-d'œuvre, hommes et femmes. Cette industrie a l'argent et peut offrir la formation. Joignez les deux et vous pourrez former des gens qui, au sortir de l'institution, serviront de main-d'œuvre à l'industrie du pétrole et du gaz dans tout le pays et deviendront ainsi des citoyens respectueux de la loi.
Nous commençons d'ailleurs à frapper aux portes et à aller de l'avant. Je le répète, les débouchés qui s'offrent aux délinquants autochtones suscitent un vif intérêt.
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Ensemble, les travaux que nous menons — tant au niveau de l'emploi que des interventions et des programmes correctionnels — donnent les résultats attendus au regard de la sécurité publique.
Nous savons, et nous l'avons déjà mentionné, que les délinquants qui saisissent les débouchés que leur offre CORCAN et qui suivent des programmes, par exemple pour gérer leur colère ou soigner leur toxicomanie, bref, s'ils font tout ce qui est prévu dans leur plan correctionnel, ont toutes les chances de réintégrer la collectivité en respectant la loi. Ce que nous constatons chez les individus qui réintègrent la collectivité, particulièrement pendant la période où ils sont sous notre supervision, c'est que le taux de récidive avec violence est de moins de 2 %, ce qui est un chiffre très encourageant.
Nous examinons en outre les taux de récidive et de retour dans un pénitencier fédéral deux ans et cinq ans après la date d'expiration de leur mandat. Le taux de retour après deux ans est inférieur à 10 % et, après cinq ans, il se situe entre 18 et 20 %. Cela nous dit que le travail que nous accomplissons auprès d'eux est utile et a des effets durables, mais que plus le temps passe sans l'appui qu'ils reçoivent, à moins de bénéficier à long terme de réseaux de soutien, qu'il s'agisse d'emploi, de logement, de fréquentations familiales ou prosociales, leur risque de récidive semble augmenter. Toutefois, les taux de récidive et de retour dans un pénitencier fédéral sont encore les plus bas du monde, comparés aux chiffres que citent mes homologues dans d'autres pays.
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Merci. C'est une excellente question.
Je pense qu'il y a quelques points qui valent la peine d'être mentionnés. Il y a en quelque sorte trois types d'individus avec lesquels nous devons traiter.
Il y a ceux qui arrivent dans le système et qui n'ont littéralement aucun antécédent professionnel ou aucune compétence professionnelle. Dans certains cas, on doit leur confier un travail pour lequel ils doivent se lever à temps, se rendre à un endroit donné, y rester pour le nombre d'heures requises, exécuter les tâches à accomplir, puis répéter cette routine. Comme vous pouvez le constater, il y a un segment de notre population qui n'a pas d'éthique du travail, et essayer d'inculquer à ces gens cette éthique est l'une de nos tâches. Par exemple, lorsque nous confions à quelqu'un ce que nous appelons le « nettoyage de rangées » — le nettoyage des rangées dans les établissements —, c'est en partie pour régler ce problème.
Nous avons également ceux qui ont occupé de nombreux emplois. Il faut déterminer la raison pour laquelle ils n'arrivaient pas à conserver un emploi lorsqu'ils étaient dans la collectivité. Parfois, il faut améliorer leur niveau d'instruction. D'autres fois, on doit leur donner l'occasion d'acquérir des compétences différentes qui s'appliquent plus facilement dans la collectivité d'aujourd'hui. Il faut essayer de les jumeler aux volets du programme qui leur conviennent pour répondre à leurs besoins.
Nous avons ensuite ceux qui ont de bons antécédents professionnels, et nous faisons appel à certains d'entre eux dans les ateliers plus exigeants, du côté de la production.
Il ne fait aucun doute que nous n'avons pas exactement les mêmes possibilités dans chacun des établissements au pays, mais nous essayons de limiter les besoins que nous devons combler dans le peu de temps dont nous disposons. Vous comprendrez que l'un des défis auxquels nous sommes confrontés avec les individus qui purgent des peines de courte durée et qui sont relativement jeunes, c'est que nous n'allons pas changer leur vie du jour au lendemain. Il s'agit d'essayer de les diriger dans la bonne voie.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le commissaire, de venir nous rencontrer en compagnie de votre équipe.
J'ai une formation en ressources humaines. J'ai trouvé plutôt intéressants vos propos sur l'industrie pétrolière et gazière. L'Alberta est, depuis quelques années, le moteur économique du Canada. En tant qu'ancien gestionnaire des ressources humaines, je sais que ce secteur recèle beaucoup d'emplois potentiels. Le génie en matière d'énergie, par exemple, est un domaine où la demande est élevée; cela comprend les mécaniciens de chantier, les opérateurs d'instruments, les électriciens, les soudeurs, les tuyauteurs, les machinistes, et j'en passe. Depuis que l'Alberta est le moteur économique du Canada, évidemment en partie grâce aux sables bitumineux, il s'est aussi créé des emplois dans le secteur manufacturier en Ontario, au Québec et un peu partout au Canada. C'est là, selon moi, un aspect vraiment important.
Je me demande si vous pouvez nous expliquer un peu l'état actuel de vos discussions avec le secteur pétrolier et gazier.
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Je vais simplement ajouter une observation.
À l'heure actuelle, nous faisons déjà des pièces de tuyauterie dans l'un de nos ateliers d'Alberta. Nous les fabriquons effectivement. Par conséquent, nous commençons par là.
Lorsque j'ai examiné certaines des possibilités offertes par l'industrie pétrolière et gazière — et je vais simplement reprendre les paroles du commissaire —, j'ai constaté que cette formation coûtait cher. Elle n'est pas économique. Par exemple, le cours offert par le Collège Portage coûte 10 000 $ par personne. J'ai parlé à des gens, dont certains membres de collectivités autochtones, qui étudient toutes les possibilités de formation sur le tas à l'intérieur des prisons, y compris celles par vidéo qui élimineraient la nécessité de déménager sur place de la machinerie lourde. Pour le moment, j'en suis encore au tout début de mes recherches.
Bon nombre des emplois que vous avez aussi mentionnés exigent de nombreux travailleurs hautement qualifiés. Je vous rappelle donc encore une fois que la formation requise est très coûteuse. Ce n'est pas le genre de formation que je peux offrir de financer au nom de CORCAN. J'aimerais pouvoir le faire, mais, pour le moment, nous ne disposons pas des fonds et des ressources nécessaires.
Je pense que les partenariats sont la meilleure solution et, oui, toutes les mesures que vous pouvez prendre pour les favoriser seraient formidables.
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Merci beaucoup. Si vous pouviez fournir cette vidéo au comité, je vous en serais reconnaissant. Nous demanderons au président de discuter avec vous de la façon dont elle peut être distribuée.
Bien entendu, nous entretenons avec les Premières Nations une relation spéciale en ce qui a trait à l’imposition, à leur lieu de résidence, etc. Je pense que c’est Mme Garrow ou vous, monsieur Head, qui avez mentionné que la difficulté tenait essentiellement au fait que les Autochtones retournent dans leur réserve où il n’y a pratiquement aucun emploi offert… Je pensais aux esthéticiennes, qui semblent faire de très bonnes affaires grâce aux Norlock, peut-être en raison de la personne que j’ai épousée. Je suppose que je suis en train de dire que ces compétences sont parmi celles…
J’ai vécu dans de nombreuses régions de la province et, si vous visitez les quartiers où j’ai habité, vous constaterez que, dans presque la moitié d’entre eux, quelqu’un a comme second emploi la gestion d’un salon de coiffure ou d’un salon de beauté, et je soupçonne que c’est le cas partout au pays. C’est peut-être un secteur auquel vous devriez réfléchir, parce qu’il emploie de nombreux travailleurs et, bien entendu, le gouvernement l’examine aussi du point de vue des prestations d’emploi. En réalité, nous l’avons déjà fait, et nous avons prévu des prestations d’emploi pour ces secteurs. Je considère ce secteur comme une possibilité, et je me demande si vous pourriez y songer en notre nom.
L’une des choses que j’aimerais voir accomplir relativement aux Premières Nations est le fait que nous allons devoir travailler avec… Tous les parlementaires vont devoir s’occuper de cette question. Nous encourageons les gens à retourner d’où ils viennent. Mais, en ce qui concerne les territoires des Premières Nations, par exemple, où aucun emploi n’est offert, il nous faudrait peut-être dire aux collectivités des Premières Nations la même chose que nous disons aux autres collectivités, à savoir que leurs membres doivent aller là où les emplois se trouvent. Ce serait peut-être un moyen d’éviter que les délinquants retournent à un endroit où il n’y pas d’espoir et où ils risquent de reprendre leurs activités criminelles. Je le répète, c’est un problème que, de notre côté, nous allons devoir résoudre, mais nous le résoudrons avec vous.
Ce que vous avez dit à propos du matériel lourd m’a vivement intéressé; nous ne voudrions pas qu’un D9 enfonce un mur quelque part. Le marché immobilier m’intéresse particulièrement parce que c’est un énorme secteur où nous pouvons… Je me demande si vous pourriez indiquer aux membres du comité une façon dont ils pourraient collaborer avec Habitat pour l’humanité, parce que cet organisme a l’un des meilleurs bilans qui soient. Dans ma circonscription, nous avons été en mesure d’investir des fonds fédéraux dans son programme et nous avons fait appel à lui afin qu’il contribue à embaucher des gens difficiles à employer ou, en d’autres termes, des gens qui n’ont aucune compétence ou qui ont été incarcérés non pas dans des établissements fédéraux, mais plutôt dans des prisons provinciales, etc.
Pourriez-vous suggérer aux membres du comité quelques-unes des mesures qu’ils pourraient prendre pour vous aider à mieux collaborer avec Habitat pour l’humanité ainsi qu’avec les métiers de la construction en général? De plus, que pensez-vous des partenariats public-privé? Vous avez un budget à respecter, et vous avez mentionné quelque chose à propos de l’industrie pétrolière et gazière. Eh bien, je crois que l’industrie de la construction peut apporter une contribution à cet égard. En outre, je pense que vous entretenez une bonne relation de travail avec le mouvement syndical, un fait digne d’intérêt pour mes collègues d’en face et, en toute honnêteté, pour moi aussi.
Pourriez-vous parler de la façon dont nous, les députés ministériels et les parlementaires, pourrions travailler avec vous afin de faire en sorte que ces projets soient menés à bien?
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J’ai quelques brèves observations à formuler à ce sujet.
Habitat pour l’humanité est l’un des projets auxquels nous sommes très fiers de participer. Nous apportons une contribution qu’Habitat pour l’humanité oriente.
Cependant, les difficultés que l’organisme rencontre sont liées à son besoin de disposer constamment de financement et de matériel. Je vais utiliser le Manitoba comme exemple, parce que nous avons travaillé très étroitement avec Linda Peters là-bas. Nous avons maintenant négocié un arrangement en vertu duquel une partie de la construction est effectuée sur les lieux de notre établissement de Stony Mountain. Cela les a grandement aidé à obtenir que certains éléments soient préfabriqués ou préparés à l’avance pour qu’ils puissent construire les habitations plus rapidement, même en hiver lorsque, comme vous pouvez l’imaginer, il est un peu plus difficile d’exercer certaines de ces activités.
La difficulté que l’organisme éprouve consiste vraiment à trouver les fonds nécessaires pour acheter le matériel. D’après ce que nous avons observé, Habitat pour l’humanité n’a pas de mal à trouver la main-d’œuvre requise. Il y a beaucoup de bénévoles, et nos délinquants contribuent à cet effort. Dans un cas en particulier, nous les avons aidés à trouver la solution à leur problème d’espace où ils pourraient fabriquer à l’avance certains éléments. Ils ont utilisé quelques-uns de nos immeubles et notre pénitencier à sécurité minimale de Stony Mountain. C’est de fonds et de matériel dont ils ont besoin.
En ce qui concerne les collectivités autochtones, l’une des mesures que… Comme je l’ai mentionné auparavant, plus nous pourrons tirer parti des activités de développement économique qui se déroulent dans les collectivités des Premières Nations, plus nous serons en mesure de contribuer non seulement à répondre à leurs besoins, mais aussi à fournir des perspectives d’emploi aux délinquants autochtones.
Nous continuons d’observer très attentivement certaines collectivités des Premières Nations, comme celle d’Osoyoos, en Colombie-Britannique, et de discuter avec elles. Le chef Clarence Louie est un important dirigeant dans cette région. C’est peut-être quelqu’un à qui les membres de votre comité devraient parler à propos de la voie à suivre. Il a toujours été disposé à discuter avec nous et avec les services correctionnels provinciaux au sujet de la possibilité d’offrir des perspectives d’emploi aux délinquants et au sujet des nombreux différents projets qu’entreprend sa collectivité des Premières Nations.
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Je vais répéter ce que j’ai dit en commençant par la question des partenariats. Je pense que le comité pourrait contribuer à nouer un dialogue avec quelques-uns des partenaires dont nous avons parlé. Nous avons fait allusion à l’industrie pétrolière et gazière, ainsi qu’au secteur de la construction. De plus, l’industrie de la transformation des aliments a été mentionnée récemment. Le comité a l’occasion de se porter à la rencontre des dirigeants de ces secteurs et de leur demander d’envisager sérieusement de s’adresser au Service correctionnel pour créer des perspectives d’emploi et pour embaucher des délinquants qualifiés lorsqu’ils seront remis en liberté.
Je crois également que le comité pourrait jouer un rôle utile dans la prise en considération de la question que je viens de faire valoir, à savoir le droit de premier refus pour l’achat par les ministères fédéraux d’articles que nous avons la réputation de fabriquer, comme le mobilier. Nous produisons maintenant divers uniformes pour quelques ministères. Si les ministères fédéraux étaient forcés de s’adresser à CORCAN avant d’acheter ailleurs, je pense que cela nous aiderait grandement.
J’estime aussi que le comité pourrait nous aider à faire progresser certaines discussions avec les collectivités des Premières Nations concernant leur développement économique, les fonds qu’elles reçoivent et la possibilité de nouer des relations avec le Service correctionnel dans des domaines où nous pouvons leur fournir le genre de personnel dont elles ont besoin pour produire des biens. Par exemple, dans le cas présent, il s’agit de logements. Je pense qu’il y a une excellente possibilité dans ce domaine. Je crois également que le comité pourrait grandement contribuer à favoriser le travail d’organisations comme Habitat pour l’humanité. Plus ces organisations mettent en oeuvre des projets, plus je suis en mesure de faire embaucher des délinquants pour l’exécution des projets de ce genre.
Soit dit en passant, dans le cadre de plusieurs projets organisés par Habitat pour l’humanité, nous avons vu des délinquants commencer à participer à l’érection de maisons. Après avoir remarqué les compétences et les aptitudes des délinquants, d’autres bénévoles de la collectivité, y compris des membres de diverses entreprises de construction, les ont embauchés sur le champ, en leur offrant des emplois qu’ils pourraient exercer lorsqu’ils seraient remis en liberté. Il est bon de contribuer à favoriser ces genres d’activités.
Le comité peut également faire progresser certaines discussions concernant les casiers judiciaires. Un casier judiciaire n’empêche pas quelqu’un de devenir un citoyen respectueux des lois ou une personne employée dans certains milieux de travail. Je pense que le comité pourrait grandement contribuer à faire avancer les discussions de ce genre. Comme vous pourrez le constater lorsque vous visionnerez la vidéo que nous vous enverrons, tous les employeurs interviewés savent qu’ils ont embauché des travailleurs ayant un casier judiciaire. Toutefois, la contribution que les délinquants peuvent apporter au milieu de travail les intéresse. Je pense que vous pouvez contribuer à faire progresser cette discussion également à l’échelle nationale.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Head, s'il vous reste des stocks, vous feriez mieux de commencer à faire de la publicité, car le 31 mars s'en vient. Et vous savez comment le gouvernement fonctionne: le 31 mars, vous allez peut-être être en mesure d'en vendre une partie.
Monsieur Head, vous avez dit quelque chose tout à l'heure qui m'a surpris. Vous avez dit que vous ne faisiez pas vraiment de suivi pour savoir si la formation était arrimée aux emplois. Je crois que vous devriez le faire. Je pense que le Service correctionnel du Canada et CORCAN devraient y voir, attendu que l'harmonisation de la formation aux emplois était l'une des raisons clés évoquées devant ce comité par le secrétaire parlementaire de l'époque pour justifier l'annulation des prisons agricoles. Si vous allez fouiller dans les procès-verbaux, vous allez voir que c'est la vérité. Je pense sincèrement que c'est l'une des grosses erreurs commises par le Service correctionnel du Canada et CORCAN. J'étais là, j'étais au comité. Selon moi, pour vérifier si les systèmes et la formation fonctionnent, il devrait y avoir une certaine forme de suivi des emplois disponibles dans les différents domaines, ce qui nous permettrait de discuter de faits probants.
Pour en revenir à certaines observations formulées plus tôt par Randall au sujet du financement, la question a semblé tourner dans une certaine mesure autour du fait que vous deviez vendre une partie de votre stock. C'est compréhensible, et il semble que ce soit la bonne chose à faire d'un point de vue financier. Or, qu'il s'agisse d'une explication donnée par un enquêteur correctionnel ou de certaines de vos observations de tout à l'heure, on décèle tout de même que le financement est une source de préoccupation. Les niveaux de financement pour CORCAN et pour la formation connexe offerte par Service correctionnel Canada — comme je l'ai dit plus tôt, la littéracie, les ordinateurs, etc. — restent-ils inchangés? Pouvez-vous nous donner ces chiffres pour les cinq derniers exercices? Nous avons les budgets, mais ils sont couci-couça. Pouvez-vous fournir ces chiffres au comité? Le financement est-il en hausse, en baisse ou toujours le même?