:
Comme nous le savons, il s'agit d'une motion dont nous devons traiter immédiatement. Une motion visant à interrompre le débat vient d'être déposée et nous devons voter à son sujet.
Nous allons maintenant voter pour suspendre le débat.
(La motion est acceptée.)
Le président: Cela étant fait, souhaitons la bienvenue au ministre qui est venu nous rencontrer. Nous entamons notre étude qui, comme M. McDonald l'a indiqué, a été approuvée il y a quelque temps déjà. Je vais vous lire, conformément à l'article 108(2) du Règlement, la motion adoptée par le comité le 19 septembre 2016:
Que le Comité, en considérant la lettre fournie par le ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne et le ministre des Transports, examine et étudie le champ d'application de la Loi sur les pêches, et en particulier le préjudice grave à l'interdiction du poisson; comment l'interdiction est mise en œuvre pour protéger le poisson et l'habitat du poisson; la capacité de Pêches et Océans Canada à livrer sur le poisson et la protection de l'habitat par l'examen des projets, le suivi et l'application; les définitions de préjudice grave pour les poissons et la pêche commerciale, récréative et la pêche autochtone; l'utilisation des autorités réglementaires en vertu de la Loi sur les pêches; et d'autres dispositions connexes de la loi, et de fournir ses recommandations dans un rapport à la Chambre, au plus tard le mardi 28 février 2017.
Aujourd'hui, nous accueillons l'honorable Dominic LeBlanc, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, accompagné de son secrétaire parlementaire, Serge Cormier. Les représentants du ministère sont Catherine Blewett, Kevin Stringer et Philippe Morel.
Monsieur le ministre, vous avez 10 minutes.
Monsieur Cormier, vous aussi, aurez 20 minutes... Non, excusez-moi c'est plutôt 10 minutes. Mais c'est uniquement parce que nous vous aimons bien.
:
Merci, monsieur le président et, par votre intermédiaire, merci à nos collègues de la Chambre des communes.
Merci beaucoup pour votre invitation.
[Français]
C'est un moment spécial pour moi. C'est la première fois que j'ai la chance de comparaître devant vous en tant que , et je m'en réjouis. J'espère que ce ne sera pas la dernière fois.
[Traduction]
Je suis accompagné de certains cadres supérieurs de mon ministère: Catherine Blewett, notre sous-ministre, qui est nouvelle à Ottawa. Elle a été greffière du conseil exécutif, le poste de fonctionnaire le plus élevé de la province de Nouvelle-Écosse, et elle s'est jointe à la haute fonction publique du Canada en juin. C'est certainement une perte pour la Nouvelle-Écosse et un gain pour nous.
Monsieur le président, vous avez présenté Kevin Stringer, le sous-ministre associé, et Philippe Morel, sous-ministre adjoint principal, Gestion des écosystèmes et des pêches. Vous connaissez bien sûr tous mon collègue du Nouveau-Brunswick, notre secrétaire parlementaire, Serge Cormier, qui, comme vous l'avez dit, monsieur le président, prononcera quelques mots après moi.
[Français]
Comme je l'ai dit, c'est ma première comparution devant votre comité. Je me dois de vous dire que je suis très enthousiaste et heureux que le premier ministre m'ait confié la responsabilité du ministère des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne.
Comme vous le savez, nos océans subissent de nombreux facteurs de stress, notamment la surpêche, la perte et la destruction d'habitats, la pollution marine et le réchauffement des océans. Tous ces facteurs ont des conséquences négatives sur nos océans et sur nos écosystèmes.
[Traduction]
Si nous voulons protéger la pêche commerciale, récréative et autochtone pour les prochaines générations, l'un des points les plus sensibles par où commencer est la protection de l'habitat du poisson parce que — tout simplement — sans habitat pour le poisson, il n'y a pas de pêche.
Malheureusement, les modifications apportées à la Loi sur les pêches en 2012-2013 ont éliminé certaines protections environnementales propres à l’habitat du poisson. Encore plus étonnant, les dispositions relatives à la protection de la pêche contenues dans la Loi actuelle ne font même pas référence à l’habitat du poisson. J'ai même entendu qu'il y a une certaine incertitude sur la question de savoir quels sont les plans d'eau et les espèces de poisson, qui font actuellement l'objet de protection en vertu de la loi.
Ce qui me préoccupe en tant que Ministre, c'est que nombre de ces modifications ont été faites sans consulter les gens qui sont les plus directement concernés. Les groupes autochtones et environnementaux ont été particulièrement touchés par les modifications apportées à la loi et les ont perçues comme un échec de notre mission visant à protéger le poisson et son habitat. L'industrie a aussi fait preuve d'incertitude quant aux exigences réglementaires dont elle serait responsable à terme.
[Français]
Notre gouvernement a entendu ces préoccupations et a promis d'agir. Dans ma lettre de mandat, le premier ministre m'a demandé de revoir les modifications apportées à la Loi sur les pêches par le précédent gouvernement et de trouver des moyens de rétablir les protections qui ont été éliminées et d'intégrer des mécanismes de protection modernes.
Toutefois, nous ne voulons pas travailler d'une manière isolée, sans consulter les personnes qui pourraient être directement touchées par ces modifications.
[Traduction]
Nous voulons plutôt adopter une démarche plus globale pour renouveler les dispositions en matière de protection de la pêche contenues dans la Loi. Dans cet esprit, je suis ravi — comme mes collaborateurs au ministère — que votre comité ait choisi de consulter les Canadiens pour savoir comment protéger, le mieux possible, le poisson et son habitat et assurer la viabilité a long terme des pêches au Canada. Nous reconnaissons également l'importance de mettre en place des processus pour veiller à établir un solide dialogue avec les provinces, les territoires et les peuples autochtones.
[Français]
À cette fin, nous travaillons au sein d'un groupe de travail spécial relevant du Conseil canadien des ministres des pêches et de l'aquaculture pour discuter de ces questions. Nous avons aussi organisé un certain nombre de réunions bilatérales entre le personnel régional de notre ministère et leurs collègues des provinces et des territoires sur des questions relatives à la pêche, à l'environnement et aux ressources naturelles, afin de discuter des points de vue des provinces et des territoires.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les peuples autochtones ont exprimé de sérieuses réserves sur les modifications apportées à ce texte de loi il y a de cela cinq ou six ans. Afin de susciter leur participation et pour profiter de leurs connaissances écologiques traditionnelles, mon ministère tient des rencontres en personne avec divers groupes autochtones et en assure le financement pour qu'ils puissent participer à ces rencontres et partager leurs idées sur la question.
[Traduction]
Bien entendu, nous sollicitons l'opinion de tous les Canadiens et nous encourageons tout le monde à participer à cette discussion. Pour faciliter cette participation, mon ministère a lancé la consultation publique en ligne sur le sire, et je suis sûr que beaucoup d'entre vous le connaissent, parlonshabitatdupoisson.ca. Les gens peuvent y partager des idées sur les protections nécessaires pour garantir que le poisson bénéficie d'un environnement sain pour vivre, se nourrir et se reproduire, ainsi que de corridors de migration sains d'un lieu a un autre. Si votre comité est d'avis que cela pourrait lui être utile, nous serons ravis, au moment que vous jugerez approprié, de vous transmettre les commentaires reçus grâce aux diverses consultations tenues par le ministère.
Apporter des modifications à la Loi sur les pêches est une responsabilité que je prends très au sérieux en ma qualité de ministre. Cependant, avant de prendre quelque décision que ce soit en rapport avec ce texte de loi, il est primordial d'avoir les réponses aux questions suivantes, à savoir: Qu'est-ce qui préoccupe les gens et pourquoi? Que pouvons-nous améliorer? Comment pouvons-nous intégrer les derniers progrès de la science et les connaissances traditionnelles dans ces travaux? Les modifications tiendront-elles compte des réalités futures, comme les répercussions des changements climatiques? Sera-t-il nécessaire d'ajouter des mesures de mise en application? Les sanctions actuelles constituent-elles des mécanismes de dissuasion suffisants?
Monsieur le président, j'ai hâte de prendre connaissance des travaux du Comité sur ces questions importantes, de même que sur les enjeux auxquels sont confrontés les Canadiens. ?? Je suis ravi de pouvoir discuter de la meilleure manière dont on peut améliorer la Loi sur les pêches, pour qu'elle permette de mieux protéger l'une des plus vitales ressources naturelles du Canada pour les générations à venir.
Voilà pourquoi je tiens à tous vous remercier, et je suis certain que mes collaborateurs du ministère pensent la même chose, pour avoir entrepris ce travail. Sachez que nous nous tenons à votre entière disposition au cas où vous-même ou vos collègues auriez besoin de renseignements, d'une séance d'information ou d'un appui quelconque. Nous sommes dans les mains du comité quant à la façon dont vous souhaiteriez être régulièrement mis au courant de l'évolution des consultations en cours, qu'elles soient publiques ou qu'il s'agisse de consultations plus directes avec nos homologues provinciaux et d'autres groupes, comme les groupes autochtones.
Cela étant, je suis prêt à répondre à vos questions, mais je sais que vous avez tous hâte d'entendre Serge Cormier. Si vous me le permettez, monsieur le président, je vais m'arrêter ici.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout comme l'a fait le ministre, je vais prendre quelques secondes pour vous remercier de votre travail en tant que président du Comité. Je remercie également tous les membres du Comité de leur excellent travail. J'adore travailler avec vous et c'est avec plaisir que je comparais devant vous aujourd'hui.
Étant originaire des provinces atlantiques et fils d'un pêcheur, j'ai un attachement très fort à la mer. Je sais par expérience à quel point nos pêches sont importantes d'un point de vue économique, social et culturel.
Aujourd'hui, notre comparution nous donne l'occasion de parler de la façon dont notre gouvernement compte respecter l'engagement pris envers les Canadiens de revoir les modifications apportées à la Loi sur les pêches.
[Traduction]
La Loi sur les pêches est l'une des plus anciennes lois de la législation fédérale du Canada, puisqu'elle remonte à l’époque de la Confédération. Elle a reçu la sanction royale en 1868 et elle est devenue un des instruments essentiels dont le gouvernement dispose pour gérer de façon durable nos pêches et protéger l'habitat qui les soutient.
Au fil des ans, la Loi a été modifiée a plusieurs reprises afin d'être adaptée aux réalités contemporaines. Toutefois, depuis les plus récentes modifications apportées en 2012-2013, on se pose de sérieuses questions quant a savoir si le Canada fait tout son possible pour protéger l'une de nos ressources les plus précieuses.
[Français]
Cela réaffirme l'importance de la décision de votre comité qui permettra de déterminer si les protections du poisson et de l'habitat du poisson, qui ont été éliminées lors de la dernière modification de la loi, devraient être rétablies.
Nous souhaitons également profiter de l'occasion afin d'explorer les voies législatives nous permettant d'intégrer des mécanismes de protection nouveaux et modernes qui renforceront davantage les protections du poisson et de l'habitat du poisson.
Bien que le processus de consultation soit toujours en cours, plus de 5 500 Canadiens ont déjà visité le site Web établi pour ces consultations. Nous constatons un niveau élevé de participation, à la fois par les sondages remplis en ligne et par le partage d'idées sur le forum en ligne concernant les mesures de protection modernes.
Que nous ont donc dit les gens jusqu'à présent? Comme on l'avait prévu, bon nombre des opinions exprimées sont liées à l'état dans lequel se trouvent le poisson et son habitat et aux préoccupations relatives aux effets cumulatifs. Pour ne citer qu'un exemple, un répondant a suggéré d'instaurer des zones de passage interdit pour protéger l'habitat essentiel des poissons. Un autre a proposé de mettre l'accent sur le problème des ponceaux qui ont été conçus et mis en place d'une manière médiocre et qui réduisent l'habitat du saumon de l'Atlantique et de plusieurs espèces de poisson d'eau douce. La personne qui a porté cette question à notre attention a proposé que le ministère établisse un partenariat avec les gouvernements provinciaux afin de corriger certains de ces problèmes.
[Traduction]
Le thème de la surveillance et de l'application de la réglementation a suscité un certain nombre d'idées et de commentaires, comme le fait de déléguer la surveillance et l'application à des gardes-pêche autochtones, d'exiger plus de données sur les prises au moment de leur débarquement, d'inclure un traité sur la pêche récréative et la pêche commerciale, et plus encore, ainsi que la nécessité, pour nous, d'examiner de plus près les pratiques de gestion afin de les améliorer. Il serait question d'aller chercher plus de données et de veiller à ce que celles-ci soient présentées dans un format facilement utilisable.
Il a notamment été question de créer une application qui permettrait aux particuliers et aux entreprises d'exploiter, d'entrée de jeu, les zones où les répercussions sur le poisson et sur leur habitat seront les moindres. Cette application permettra de recueillir des renseignements précis sur l'habitat, auprès des provinces, des municipalités, des groupes de conservation, des universités, du gouvernement fédéral et de l'industrie, données qui seront combinées sous la forme d'une carte de l'habitat du poisson publiquement accessible en ligne à l'échelle nationale.
D'autres ont simplement souligné l'importance de moderniser les outils de dénombrement du poisson, dans toute la mesure du possible, pour améliorer l'efficacité des études des populations de poisson.
[Français]
Une fois la période de consultation en ligne terminée, nous présenterons à votre comité les commentaires reçus s'il est d'avis que cette rétroaction peut s'avérer utile à son examen. Nous pouvons également fournir les commentaires reçus au cours des consultations avec les provinces, les territoires, les groupes autochtones et les autres intervenants.
Selon moi, les pêches et les eaux pures du Canada font l'envie du monde entier. En menant des consultations sérieuses auprès de Canadiens, je suis convaincu que nous serons en mesure de tracer une voie à suivre adéquate et responsable en ce qui concerne la protection des écosystèmes aquatiques du Canada.
Merci beaucoup, monsieur le président.
:
Je vous remercie de votre question, monsieur Finnigan.
Je vais formuler des commentaires personnels. Par contre, je n'ai aucune objection à ce que mes collègues, qui ont beaucoup plus d'expertise que moi dans l'application en détail de la Loi, complètent mes propos pour renseigner les membres du Comité.
Vous m'avez demandé pourquoi nous n'avons pas tout simplement repris le texte de la loi de 2012 ou de 2013, soit avant les dernières modifications qui avaient été apportées. Nous avons préféré de ne pas simplement faire cela. Je sais que certaines personnes, dont des scientifiques, ont avancé l'idée qu'il aurait été mieux de faire un copier-coller et de s'inspirer de ce qu'il y avait avant que la loi soit modifiée. Toutefois, nous croyons que nous pouvons faire un peu mieux que cela.
La lettre de mandat du premier ministre fait mention de mécanismes de protection modernes. Comme le texte de la loi qui a été modifié par le gouvernement précédent existait depuis les années 1970, ce qui représente une quarantaine d'années, et que des mesures ont été incluses dans la loi, il peut être pertinent, 40 ans plus tard, d'ajouter à l'interprétation de ce que sont des protections modernes de l'habitat du poisson des facteurs comme les changements climatiques et les connaissances traditionnelles des peuples autochtones.
Nous avons aussi préféré entendre la voix des Canadiens et écouter ce qu'ont à dire les experts, l'industrie de la pêche, l'industrie agricole et les fermiers à ce sujet. Nous avons tous entendu les histoires du passé où un spectacle de musique country a été annulé à cause d'un problème avec la Loi sur les pêches. Nous voulons comprendre ces exemples qui nous ont évidemment inquiétés, mais nous voulons aussi entendre l'opinion des parlementaires par l'entremise du Comité et d'autres consultations et entendre l'opinion des Canadiens.
Nous ne modifierons pas fréquemment la Loi sur les pêches. Nous ne le ferons pas dans le cadre d'un projet de loi omnibus. Nous agirons de façon transparente, et j'espère que votre comité continuera de faire partie de la discussion.
Nous croyons que nous pouvons apporter des protections adaptées aux années 2016 et 2017 et non pas aux années 1976 et 1977. Pour nous, ce qui existait auparavant constitue la base. Nous voulons nous assurer que nous avons un régime moderne au moins aussi solide que celui qu'on retrouvait auparavant, mais il y a probablement des aspects que nous pouvons ajouter ou améliorer.
Selon nous, certains éléments de la réforme de 2012-2013 ont été positifs. Nous ne voulons pas simplement annuler ce qui a été fait, mais nous voulons conserver et améliorer certains éléments de la réforme qui semblent avoir été positifs.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Merci beaucoup, monsieur le ministre, et merci au secrétaire parlementaire et à nos chers hauts fonctionnaires d’être avec nous et de répondre à nos questions.
Monsieur le ministre, j’aimerais d’abord poser quelques questions sur la Loi sur les pêches, et particulièrement sur l’article 35. Votre parti, tout comme le nôtre, a mené campagne en vue de rétablir rapidement au cours de son mandat les mesures de protection environnementale, notamment celles prévues à l’article 35 de la Loi sur les pêches, à l’intérieur d’un délai de… de 100 jours il me semble. J’estime que c’est ce que « rapidement » signifie, mais de toute évidence, il y aurait là matière à discussion.
Depuis l’élection, 35 intervenants, des organisations environnementales nationales ainsi que des particuliers et des représentants de Premières Nations ont écrit au ministre pour leur faire part de leurs préoccupations. Ils veulent faire annuler les changements apportés en 2012 par le gouvernement Harper, lesquels ont vidé de sa substance la Loi sur les pêches. Une pétition émanant de la West Coast Environmental Law Association, qui a récolté 10 000 signatures, a circulé à cet égard.
Le gouvernement est en fonction depuis plus d’un an maintenant, et nous avons encore en place la Loi sur les pêches qui a été vidée de sa substance en 2012. Nous avons passé en revue le barrage du site C en vertu de la Loi modifiée. Nous pourrons constater que la demande de Kinder Morgan sera examinée sous le même régime. Maintenant que nous sommes dans un processus de consultation qui aboutira l’année prochaine, comment envisagez-vous de rétablir « rapidement » la Loi sur les pêches, et en particulier la détérioration, la destruction ou la perturbation de l’habitat du poisson?
:
Merci, monsieur Donnelly, pour votre question. Nous avons sans doute fait les bons choix. Si vous pensez que nous aurions pu apporter ces changements en moins de 100 jours et que votre collègue du Parti conservateur pense que nous devrions prendre plus de temps, sans doute nous situons-nous à mi-chemin et avons-nous fait les bons choix.
Je partage vos préoccupations, monsieur Donnelly. J’ai pris note des recommandations formulées par un grand nombre de scientifiques, de dirigeants autochtones et d’autres personnes, qui nous ont exhortés d’agir très rapidement. J’ai tenté d’exprimer, maladroitement peut-être, le fait que nous partageons leurs préoccupations. Nous ne croyons pas qu’il s’agit d’un processus de consultation interminable ou qui traîne en longueur. Mais s’il y a eu tant de frustration au sujet des changements effectués en 2012 et 2013, c’est précisément parce qu’ils ont été faits sans consultation et, avouons-le, dans le cadre d’une procédure parlementaire peu démocratique ou transparente, selon votre parti, ce avec quoi nous étions d’accord.
Nous tentons de trouver un juste milieu entre agir rapidement et bousculer les choses. C’est pourquoi nous avons pensé, entre autres, au portail en ligne. Plus de 5 000 personnes ont visité ce site depuis son lancement. Le travail que votre comité a généreusement entrepris devrait s’harmoniser de façon à ce que nous puissions agir rapidement. Comme je l’ai dit, je m’engage à ne pas attendre les 120 jours ou peu importe le temps qu’il faudrait au gouvernement pour donner suite à un rapport. En tant que ministère, nous allons suivre de près le travail accompli par votre comité afin de donner suite à votre rapport et aux recommandations connexes le plus rapidement possible.
J’espère, bien que ce ne soit sans doute pas très sage de ma part, que dans le meilleur des mondes, nous pourrons déposer une législation avant la fin de la session du printemps 2017. Ce dépôt de législation pourrait être retardé pour quelque raison, mais ce n’est certainement pas ce que je souhaite. J’espère, au nom du ministère, que nous pourrons agir rapidement.
Nous serons ensuite encore une fois entre les mains de la Chambre et des parlementaires, monsieur Donnelly. Si nous pouvons trouver un moyen de débattre rapidement en deuxième lecture à la Chambre des communes et d’envoyer un projet de loi à votre comité aux fins d’étude et d’amélioration, et si vous trouvez des façons d’améliorer notre législation et obtenez des preuves de personnes qui ont une meilleure façon de protéger l’habitat du poisson, nous examinerons toutes les options. J’ose croire que nous sommes dans un processus placé sous le signe de la collaboration.
Je comprends la frustration des gens, mais comme j’ai répondu à M. Finnigan, nous ne voulions pas simplement couper-coller ce qui était déjà en place; nous sommes tout de même en accord avec certains aspects des changements. Il y a peut-être aussi des façons de… La Loi sur les pêches ne sera pas modifiée très souvent au Parlement. C’est plutôt rare. Nous voulons donc la réviser, et tenter de le faire du mieux que nous le pouvons. Si la Loi précédente a pu durer deux générations, nous osons croire que celle-ci durera une génération.
:
Je pense que nous avons ici deux enjeux. Le premier est de rétablir immédiatement la protection de l’habitat par l’interdiction de toute activité entraînant la détérioration, la destruction ou la perturbation de l’habitat du poisson. Je pense que c’est cette interdiction que souhaitent les Canadiens, et je crois qu’ils trouvent, comme moi, qu’il est inacceptable qu’il faille un an et demi pour le faire. Or il ne suffit pas simplement d’examiner la détérioration, la destruction ou la perturbation de l’habitat du poisson.
Vous avez mentionné, monsieur le ministre, que nous allions nous pencher sur les préoccupations qui touchent les changements, les améliorations apportées à la loi, la science et les connaissances écologiques traditionnelles, les réalités futures, y compris les changements climatiques, et les sanctions actuelles. Je pense qu’il y en a d’autres aussi. Ces préoccupations vont bien au-delà du simple examen de la protection de l’habitat.
Voilà d’où provient la frustration, selon moi. Je crois même que nous avons demandé à ce comité ce que nous devions examiner exactement. Les membres du gouvernement ont dit que nous n’allions examiner que les mesures de protection de l’habitat. Pourtant, les renseignements mis à la disposition des Canadiens sur le site Web et ceux que vous avez mentionnés aujourd’hui au comité vont bien plus loin.
Je partage toutefois certaines préoccupations: si vous décidez de modifier la Loi sur les pêches, l’une des lois, comme vous venez de le mentionner et j’en conviens, les plus fondamentales du pays en ce qui concerne la protection des pêches, il faut tout le temps nécessaire pour le faire. Par exemple, cette question est si vaste que plus de 80 personnes et organisations ont voulu venir prendre la parole, non seulement sur les mesures de protection de l’habitat — qui sont cruciales — mais aussi sur la modernisation de la loi, entre autres. C’est une toute autre question. Entre-temps, nous examinons d’importants projets, énergétiques ou autres, y compris des projets municipaux qui doivent être approuvés en vertu de la Loi sur les pêches vidée de sa substance dont les mesures de protection de l’habitat sont affaiblies.
Vous avez écrit au comité pour nous demander d’examiner la Loi sur les pêches. Pouvez-vous confirmer que nous devons examiner bien plus que la protection de l’habitat? Pouvez-vous nous dire ce que vous entendez par modernisation de la loi?
:
Monsieur Hardie, vous avez tout à fait raison. J’ai entendu des souhaits similaires au cours de mes voyages dans tout le pays, y compris dans votre province. Le secteur des pêches récréatives dans votre province est bien organisé, bien structuré et jouit d’une longue tradition de partenariat avec notre ministère. Il en va de même pour le secteur de la pêche commerciale et les groupes autochtones.
Le succès et la santé de ces stocks de poissons représentent pour eux un mode de vie et une passion. Ils ont un intérêt réel et personnel à ce que tout se passe bien. Ils ont aussi une connaissance empirique, dans le cas des pêcheurs commerciaux ou sportifs de longue date et certainement dans le cas des groupes autochtones, de ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas, de ce qui a réussi dans le passé et des secteurs où des améliorations pourraient être apportées.
Nous ne raterons aucune occasion d’établir un partenariat avec ces groupes. Nous voulons bien faire les choses, parce que ces groupes ont confiance que nous avons trouvé le bon équilibre et la meilleure façon d’assurer la meilleure protection possible.
Les lois et le respect des lois dépendent souvent de la confiance qu’ont les gens en ces lois. Je me dois de partager un fait avec votre comité, monsieur le président : les compressions budgétaires successives imposées depuis plusieurs années au ministère des Pêches et des Océans nous ont mis dans une position — que je cherche à corriger avec mes collègues du Conseil du Trésor et le ministre des Finances — où il nous faudra, même avec un cadre législatif meilleur et plus solide que nous aurons d’ailleurs, je l’espère, accroître le nombre de ressources en ce qui touche la protection et la surveillance de l’habitat et l’application de la loi à cet égard.
C’est ce que j’ai déclaré en juin, lorsque M. Garneau et moi-même avons fait une brève annonce sur la façon dont nous espérions procéder. Je comprends aussi que le texte législatif est une autre chose, mais nous avons besoin de ces deux choses dans notre ministère et d’autres organismes gouvernementaux. Qui serait mieux placer pour établir un partenariat avec nous que les personnes dont le mode de vie dépend de ces ressources? Nous aurions alors un degré beaucoup plus élevé d’intégration et de collaboration et dans bien des cas, il faut l’avouer, des gens d’expérience sur le terrain pour assurer le suivi et s’occuper de l’application de la Loi.
On a beau disposer des meilleures lois en vigueur, si personne n’est jamais accusée parce qu’on n’a pas la capacité d’enquêter et d’intenter des poursuites, les lois ne seront qu’illusoires, et les gens conservent un faux sentiment du devoir accompli. Ce n’est certainement pas ce que nous avons l’intention de faire.
:
Monsieur Hardie, vous avez tout à fait raison. Vous, M. Donnelly, M. Doherty et d’autres personnes, connaissez sûrement mieux vos provinces que moi, mais de mon point de vue, les préoccupations de la population concernant l’incidence potentielle de l’aquaculture sur les stocks de poissons sauvages sont croissantes. Ne soyons pas naïfs à ce sujet.
Je sais que M. Donnelly a des opinions bien arrêtées à ce sujet, et qu’il a présenté un projet de loi à la Chambre des communes, qui a été débattu hier soir, je pense, pour la première fois.
Comme vous l’avez dit, monsieur Hardie, nous reconnaissons que les Canadiens, qui sont inquiets il faut le comprendre, peuvent être rassurés, en partie du moins, par le fait que le public canadien dispose des renseignements scientifiques et évalués par les pairs les plus solides et les plus transparents qui soient.
J’ai discuté avec nos collègues, hier, au Sénat d’un rapport sur l’industrie de l’aquaculture au sein du comité des pêches, que j’ai trouvé très instructif. J’ai aussi eu le privilège d’assister à la période des questions du Sénat. Pour répondre à certaines questions de nos collègues, j’ai dit au comité sénatorial que nous serions ouverts à la possibilité d’adopter une loi nationale sur l’aquaculture, par exemple. Comment allons-nous procéder et quelle en sera la portée, cela demeure de toute évidence... Il reste beaucoup de travail à accomplir et ce n’est pas demain à la veille, mais je suis prêt à amorcer la conversation, notamment avec les provinces, l’industrie et les groupes scientifiques, pour voir comment cela pourrait fonctionner. Bon nombre d’entre eux ont plaidé en faveur de l’adoption d’une loi nationale. Nous voudrions, éventuellement, comparaître à nouveau devant ce comité, mais cela pourrait aussi faire partie de la réponse à moyen ou à long terme.
:
J’ai été très déçu du témoignage du ministre et de celui du secrétaire parlementaire pour deux raisons, parce que les mots « agriculteur » et « municipalités » n’ont pas été mentionnés dans ni l’un ni l’autre de leurs témoignages.
J’ai entendu les derniers commentaires sur l’agriculture et les activités agricoles: les agriculteurs qui sont accusés en vertu de la Loi sur les pêches ont, je crois, toutes les raisons de s’inquiéter. Je sais que les groupes d’agriculteurs — et je suis très proche d’eux dans tout le pays — sont très préoccupés par ce que le gouvernement pourrait faire de la Loi sur les pêches.
J’ajouterai par ailleurs, et je le déclare officiellement, qu’il est tout à fait insensé d’affirmer que notre nouvelle Loi sur les pêches ne prévoit aucune protection de l’habitat. L’article 35 de la Loi stipule qu’il
est interdit d’exploiter un ouvrage ou une entreprise ou d’exercer une activité entraînant des dommages sérieux à tout poisson visé par une pêche commerciale, récréative ou autochtone, ou à tout poisson dont dépend une telle pêche.
On définit dommages sérieux comme étant « la mort de tout poisson ou la modification permanente ou la destruction de son habitat », l’habitat du poisson ayant sa propre définition. Il n’est pas convenable de suggérer qu’il n’y a pas de protection de l’habitat dans la Loi sur les pêches révisée. Permettez-moi de citer un représentant officiel présent, Kevin Stringer, qui, le 6 novembre 2012, a été interrogé en comité au sujet de l’habitat. Il a dit:
Oui, c’est exact. C’est encore le cas sous l’article 35, puisque si vous examinez la définition de dommages sérieux, qui figure à l’article 2, on définit les dommages sérieux comme étant la mort de tout poisson ou la modification permanente ou la destruction de son habitat.
Au niveau des hauts fonctionnaires au sein du ministère, ça ne fait aucun doute, on n’a pas laissé entendre que la loi ne prévoyait aucune disposition relative à l’habitat. Les dispositions dans la Loi relatives à l’habitat y sont toujours.
J’ai une question. Disposons-nous de preuves quantitatives, et j’entends par preuves quantitatives des valeurs et des chiffres, qui suggèrent que les rectifications ou les modifications apportées à la Loi sur les pêches ont eu un effet mesurable sur toute population ou communauté de poissons au Canada?
Je demande précisément des chiffres. Quel effet ces changements ont-ils eu sur les stocks de poisson au Canada?
:
Madame Jordan, la réponse est oui.
Je sais qu'un certain nombre de membres de ce comité ont eu l'occasion de rencontrer Oceana, l'un des groupes environnementaux de premier plan. Je crois qu'il a tenu une conférence la semaine dernière à Ottawa. J'ai eu le privilège de prendre la parole mercredi, à l'ouverture de la session, il y a maintenant une semaine. J'ai entrepris de rendre l'information et les données scientifiques beaucoup plus accessibles, et accessibles d'une façon vraiment conviviale. Nous n'avons pas tous la chance d'avoir une formation scientifique élaborée.
Je crois que les Canadiens partagent une grande préoccupation, notamment que les gouvernements et toutes les personnes concernées fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les poissons et leurs habitats. Ils veulent comprendre les sujets de préoccupation et ce qu'on peut faire de plus. Ça commence en rendant les analyses scientifiques et autres analyses ouvertes et accessibles par défaut.
J'ai annoncé que c'est exactement ce que nous allons faire. À la demande de ce groupe à notre ministère, nous allons présenter un rapport qui couvrira 159 espèces. Nous préparons également pour bientôt, la présentation de données historiques; en d'autres mots, nous revenons en arrière et nous rendons ces données accessibles. Je me suis engagé à le faire une fois par année, mais si on est en mesure de le faire deux fois par année, nous en serions évidemment heureux. Nous ne reculons devant aucun effort pour ouvrir encore davantage l'accès aux données scientifiques, mais nous reconnaissons que nous pourrions en faire plus.
Après avoir entendu les témoins ou les Canadiens, si votre comité a des suggestions concernant des domaines précis relatifs à l'accès à ces renseignements, encore une fois, on voudrait...Il n'est pas nécessaire que ce soit une recommandation officielle. Si des collègues ont des recommandations pour moi, je vais travailler avec le ministère de façon à calmer ces inquiétudes et à améliorer notre rendement dans la mesure du possible.
Une de nos préoccupations est le fait qu'au cours des cinq dernières années, le ministère a subi une série de compressions totalisant 35 millions de dollars qui a entraîné l'abolition de 1 100 postes. Lorsqu'on réfléchit à ces 1 100 postes au cours des cinq dernières années, bon nombre d'entre eux étaient occupés par des responsables de l'application de la loi, par des responsables de la protection des habitats et par des scientifiques. Nous travaillons également avec une structure financière à laquelle il faut remédier, et nous espérons pouvoir améliorer notre situation.
:
Merci, monsieur McDonald, pour cette question.
Votre président aussi était à la Chambre, au même titre que plusieurs autres collègues à cette table, lorsque ces changements ont été effectués en 2012 et en 2013. Dire qu'il y a eu une révision des changements de la Loi sur les pêches serait, je crois, grandement exagéré. Ce sont des mesures qui ont principalement fait partie d'un projet de loi omnibus d'exécution du budget, qui consistait en des centaines et des centaines de pages.
On ne pensait pas qu'il s'agissait de la bonne façon et ce sentiment était partagé par un certain nombre de députés. Je pense, pour être juste, que les néo-démocrates, les bloquistes, Mme May et le Parti vert s'en préoccupaient. Ce fut Mme May, en fait, qui nous a amenés à voter pendant près de 38 heures sur certains de ces projets de loi, pour attirer l'attention des Canadiens sur cet abus de procédure concernant les projets de loi omnibus d'exécution du budget qui modifiaient soudainement les protections fondamentales de la Loi sur les pêches qui sont importantes, comme vous le verrez et comme nous le voyons, pour de nombreux Canadiens.
C'est pourquoi nous nous sommes adressés à votre comité, et la raison pour laquelle nous étions si heureux que vous acceptiez d'entreprendre ce travail et de procéder à des amendements délibérés de la Loi sur les pêches d'une façon transparente, dans le cadre du processus parlementaire normal. Nous entendrons des collègues à toutes les étapes du débat. La version définitive que nous déposerons à la Chambre des communes sera, nous l'espérons et nous le croyons, renvoyée à ce comité et vous déciderez ensuite, en toute sagesse, de la façon dont vous désirez avancer avec ce projet de loi, et également qui vous voulez entendre. Nous vous invitons à entendre divers points de vue et à ne pas ignorer quiconque croit fermement à ce projet, peu importe l'aspect de la question.
Nous croyons que la meilleure façon d'adopter des mesures législatives dans lesquelles la population peut avoir grandement confiance est de le faire d'une façon transparente et démocratique. Cela ne veut pas dire que nous sommes toujours d'accord. La démocratie débute et se termine par un vote, mais le processus entre les deux peut être convivial, instructif, transparent et ouvert. C'est véritablement ce que nous souhaitons.
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Vous avez raison, ce n'est pas seulement dans votre magnifique circonscription d'Avalon que les élus municipaux, et dans certains cas les dirigeants provinciaux, auraient l'impression que le gouvernement se décharge de ses responsabilités. Je l'ai vécu dans ma province. Serge et moi représentons des circonscriptions du Nouveau-Brunswick et nous entendons la même chose de la part des dirigeants municipaux.
Comme je l'ai dit, peut-être en réponse à votre collègue, Mme Jordan, les nombreuses compressions au ministère des Pêches et des Océans ont signifié que bien souvent, ce sont — et je reviens à la question de M. Finnigan — les groupes communautaires, les groupes de bénévoles, les ONG, les groupes environnementaux, les dirigeants municipaux qui sont intervenus pour tenter d'assurer la surveillance et peut-être de faire un peu de lumière sur des pratiques qu'ils considéraient négatives. Ils ont essayé de faire en sorte que les autorités publiques responsables assument leurs responsabilités.
Pour ce qui est de notre ministère, le sous-ministre me dit que nous sommes passés de 63 bureaux qui s'occupaient de la protection de l'habitat du poisson à 16. Ne soyez donc pas surpris si les gens d'Avalon ont trouvé qu'il était plus difficile de rejoindre l'un de ces bureaux. Par conséquent, des citoyens de bonne volonté et d'autres dirigeants communautaires sont intervenus. Voilà pourquoi, si nous faisons bien les choses et redonnons confiance à la population, et si nous parvenons à convaincre nos collègues du Cabinet et d'autres de mieux répartir les ressources pour appuyer ce travail, les gens n'auront peut-être pas le sentiment, du moins nous l'espérons, qu'on leur refile encore toutes sortes de choses.
Ce n'est évidemment pas notre intention, mais il faut reconnaître que nous avons encore du chemin à faire pour régler cette question.
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Votre question est très précise en ce sens que nous croyons que la portée des protections a été réduite. Dans une loi, le libellé ambigu est souvent réglé ou clarifié par les décisions de divers tribunaux. Comme je l'ai dit, il n'y a pas eu suffisamment de jugements des tribunaux pour apporter cette clarté. Nous espérons que le Parlement modifiera la loi de façon à la clarifier davantage.
L'article 35, qui concerne les dommages sérieux aux poissons, est passé de ce qui avait été jusqu'ici une interdiction générale d'activités qui entraîneraient la détérioration, la destruction ou la perturbation de l'habitat du poisson. À notre avis, l'interdiction est maintenant diluée et s'applique aux activités qui entraîneraient des dommages sérieux à tout poisson visé par une pêche commerciale, récréative ou autochtone, ou à tout poisson dont dépend une telle pêche.
Selon nous, cette modification a effectivement diminué la portée de l'application de l'article 35 et le nombre des espèces, ou même comme je l'ai dit dans mes propos liminaires, monsieur Morrissey, les plans d'eau qui pourraient être visés par les dispositions de cette loi. Il s'agit d'une question technique et importante.
Je ne sais pas si M. Stringer pourrait ajouter quelques mots. Si vous voulez de plus amples renseignements, nous serons heureux de vous les faire parvenir.
Je veux être très clair. Je représente une circonscription agricole de la taille de la Nouvelle-Écosse. Le milieu agricole a été essentiellement traumatisé par ce qui est survenu au début des années 2000 et l'application grandement accrue de la législation sur les pêches. Que des agents des pêches se présentent à des réunions d'agriculteurs revêtus de gilets pare-balles, armés de leur revolver, c'était complètement ridicule. Les modifications que nous avons apportées à la Loi sur les pêches ont été pour la communauté agricole un grand soulagement, et nous invitons plusieurs groupes d'agriculteurs que le comité entendra.
Je suis probablement le doyen du Comité. Je fais partie du Comité des pêches depuis 2010 — depuis mon élection en tant que député — et je pense que M. Stringer et moi sommes probablement ceux qui ont les plus longs états de service. Cela fait donc six ans que je suis député et membre du Comité. Je peux vous assurer que nous avons entendu énormément de témoignages en 2012. Le simple fait de laisser entendre qu'il n'y a pas eu de consultations ou de témoignages lorsque nous avons apporté des modifications à la Loi sur les pêches n'est pas tout à fait juste.
Constatant que je n'obtiendrai pas de données sur l'incidence que nos modifications ont eue sur les populations réelles de poissons... Vous parlez beaucoup du nombre de mesures d'application de la loi, ou des budgets, ou du personnel, ou de ceci ou de cela, mais vous ne dites absolument rien de l'incidence sur le poisson. Je suis un homme simple, et je pense qu'il est seulement question de poisson, mais peut-être que c'est trop simpliste. Permettez-moi de vous fournir quelques données relativement aux modifications à la Loi sur les pêches. En raison des modifications apportées à cette loi, nous étions, en tant que gouvernement, encouragés et habilités à créer des partenariats avec des groupes et c'est ainsi que nous avons créé le Programme de partenariats relatifs à la conservation des pêches récréatives. Monsieur le ministre, je tiens à vous remercier d'avoir conservé le programme jusqu'à maintenant et nous allons insister pour qu'il en soit ainsi.
Je reviens à ce que M. Kevin Stringer, encore une fois, a dit le 24 février 2015, lorsqu'il nous a donné des statistiques sur les résultats des modifications que nous avons apportées à la Loi sur les pêches. Pour ce qui est du PPCPR, M. Stringer a dit ceci:
... 3,1 millions de dollars. Nous avons financé 74 organisations différentes qui ont réalisé 94 projets de rétablissement de l'habitat. De plus, grâce aux 3,1 millions de dollars, nous avons réussi à recueillir auprès des partenaires 7 millions de plus qui ont servi à financer les mêmes projets. C'est le taux de contrepartie de 1 à 1,25.
Dans l'ensemble, 380 partenaires ont participé aux 94 projets. De plus, 1 700 bénévoles ont donné du temps. Nous avons estimé, en nous fondant sur leurs rapports, que les projets ont permis de rétablir 2,4 millions de mètres carrés et 2 000 kilomètres linéaires d'habitat de pêche récréative. Cela comprenait le rétablissement de l'accès.
Ce sont les statistiques et ce sont les projets qui ont pu se dérouler grâce aux modifications que nous avons apportées à la Loi sur les pêches.
Je vais poser une question passablement amicale. Monsieur le ministre, j'espère que vous serez impressionné par ce programme et impressionné par ce que le milieu de la pêche récréative a fait. Je fais partie de la Miramichi Salmon Association. Elle a bénéficié de plusieurs subventions. Le programme d'un refuge d'eau froide a été excellent.
Monsieur le ministre, je me demandais si vous pourriez nous dire ce que vous pensez du programme de conservation de la pêche récréative et de l'excellent travail que la communauté des pêches récréatives a fait.
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De toute évidence, je ne partage pas le point de vue de Mme Hipson quand elle dit que nous ne sommes pas intéressés à écouter. Bien des gens m'en ont parlé et je connais des collègues autour de cette table qui m'ont parlé des préoccupations soulevées dans leurs circonscriptions. D'ailleurs, vous et moi en avons discuté monsieur Donnelly.
Je suis très sensible à l'inquiétude accrue du public concernant la santé et la salubrité des stocks de poissons sauvages, et à l'interaction, principalement mais peut-être pas exclusivement — je ne suis pas un scientifique — avec l'aquaculture de poissons à nageoires dans des parcs en filet situés en eaux libres.
Hier, j'ai eu une conversation plutôt corsée avec nos collègues du Sénat précisément à ce sujet et je pense que l'une des obligations du gouvernement sur laquelle il peut agir très rapidement, c'est de produire toutes les données scientifiques, tous les renseignements scientifiques, et ce, de façon aussi transparente et compréhensible que possible. Je ne suis pas certain d'avoir bien formulé ma réponse, mais je veux dire qu'on les rende publics d'une façon que les gens peuvent comprendre.
Comme je l'ai dit plus tôt à l'un de vos collègues, nous allons chercher à le faire sur une base continue. Nous avons investi d'importantes sommes dans la science, 197 millions de dollars, ce qui récupère en grande partie les compressions du gouvernement précédent dans le domaine des sciences. Ce n'est jamais assez. À mon avis, c'est un bon début; c'est un bon versement initial. J'espère — et je suis convaincu — que nous pouvons faire davantage parce que c'est de cette façon que nous pouvons rassurer les Canadiens que nous avons le bon équilibre, et c'est aussi de cette façon que nous pouvons prendre les meilleures décisions qui soient relativement à ces questions de gestion.
Monsieur Donnelly, comme je l'ai dit, beaucoup de gens m'appellent depuis longtemps pour demander une loi nationale sur l'aquaculture. Je ne suis pas certain que cela fasse facilement l'unanimité, mais je pense — pour revenir à Mme Hipson — que nous devrions essayer de comprendre si ce serait aussi une façon de s'assurer que les meilleurs mesures réglementaires, législatives et scientifiques sont en place, que des mesures applicables sont en place, et qu'on écoute ensuite des gens comme Mme Hipson et d'autres scientifiques qui ont des vues bien arrêtées.
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Vous n'en serez peut-être pas surpris, mais je ne suis pas d'accord avec vous. C'est une question piège. Nous confondons un moratoire sur les pétroliers et un moratoire sur les grands projets.
Mais non, le sous-ministre me dit qu'environ 70 de ces compressions de postes se trouvaient dans le domaine de la protection de l'habitat. Comme je le dis, nous sommes passés de 63 bureaux à 16. Ils ont été fermés et cela en dit long sur la confiance du public, monsieur Donnelly, en ce sens que dans la circonscription de M. McDonald, Avalon, on ne peut pas trouver une seule personne dans un bureau qui peut répondre aux questions. À mon avis, cela crée inutilement de l'inquiétude.
Concernant les 135 nouveaux scientifiques que nous nous sommes engagés à embaucher grâce aux fonds prévus au budget de 2016 à compter du 1er avril de cette année, nous en avons déjà recruté plus d'une centaine et un grand nombre d'entre eux travaillent dans des installations de calibre mondial dans votre province, notamment le Laboratoire de Vancouver-Ouest que j'ai eu le privilège de visiter cet été.
Nous espérons faire beaucoup plus, mais le gouvernement assumera sa responsabilité d'examiner certains de ces grands projets énergétiques... Je peux imaginer que vous faites peut-être référence à un projet en particulier, ou à quelques-uns qui peuvent avoir été présentés cet été. Nous les examinerons...
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Monsieur Donnelly, d'autres m'en ont parlé. C'est un modèle législatif intéressant. On me dit que certaines administrations l'ont traité pour la forme. Vous l'affichez sur le site web une fois par année, vous copiez-collez le plan de l'année précédente, vous changez seulement la date et vous le présentez comme un plan de rétablissement. Je pense que cela ne fait qu'alimenter le cynisme de la population et n'aide pas l'objectif commun d'une meilleure gestion de nos pêches et de nos ressources aquatiques. Comme vous l'avez souligné, nous avons à l'interne au ministère plusieurs mesures stratégiques, et certains cas, comme la Loi sur les espèces en péril, etc., comportent des dispositions différentes. Vous avez raison. Vous faisiez référence à la Loi sur les pêches. Vous avez tout à fait raison.
Encore une fois, si votre comité en est convaincu ou s'il a des points de vue sur ce que nous pourrions faire dans le cadre d'un régime moderne... Je ne suis pas certain que cela ait trait aux protections perdues de l'habitat, mais cela fait vraiment partie du dialogue, des échecs passés pour protéger l'habitat ou, pour reprendre votre exemple, la surpêche. Sur chaque côte, nous avons depuis toujours des exemples de décisions, peut-être prises de bonne foi, mais qui ont eu des conséquences très difficiles.
Les gens qui ont souffert de ces conséquences, dans le cas de Terre-Neuve-et-Labrador au sujet de la morue du Nord, voudront savoir que leur gouvernement, et peut-être leur Parlement, s'occupent de cette question. Si vous avez des suggestions quant à la façon de le faire dans un contexte législatif, je suis prêt à les examiner. Mais je comprends facilement l'origine de votre préoccupation et j'aimerais collaborer avec tout le monde pour trouver la meilleure façon de le faire.
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Merci, madame Jordan, de la question.
Je partage votre point de vue. En tant que député du Nouveau-Brunswick, j'ai eu la chance de travailler directement avec quelques-uns des fonctionnaires locaux et régionaux de notre ministère dans diverses directions de Pêches et Océans, qui est un ministère très décentralisé.
Nous avons maintenant la Garde côtière canadienne comme partenaire au ministère, un groupe remarquable d'hommes et de femmes également. Chaque personne avec laquelle j'ai eu le privilège de travailler en tant que député, ou certainement depuis les quelques mois que je suis le ministre, fait partie d'un groupe exceptionnel de Canadiens. L'environnement leur tient vraiment à cœur. Il en va de même pour la protection de nos océans. Ils sont inspirés par le dur travail de femmes et d'hommes qui gagnent leur vie sur les mers ou les lacs. Un grand nombre d'entre eux font du bénévolat auprès de groupes communautaires et assistent à des réunions le soir parce qu'ils veulent s'impliquer activement dans leurs collectivités et parce qu'ils vivent dans un grand nombre de ces collectivités qui sont directement touchées par les décisions auxquelles ils participent.
Je suis d'accord avec vous. Ils ne se sont peut-être pas sentis aussi épaulés, aussi valorisés qu'ils auraient dû et qu'ils le sont par les Canadiens. Une partie de cette situation est attribuable aux contraintes financières imposées au ministère. Nous essayons d'y remédier. Il n'y a souvent pas suffisamment d'argent pour faire toutes les bonnes choses que nous voulons faire, mais le sous-ministre et moi, de même que le commissaire de la Garde côtière et la haute direction du ministère, avons collaboré avec le Conseil du Trésor et, en bout de ligne, le ministère des Finances. On me dit que j'aurai la chance de rencontrer au cours des prochains mois quelques personnes du Conseil du Trésor et que nous pourrons, nous l'espérons du moins, régler ce que nous avons appelé une lacune au chapitre de l'intégrité en ce sens que nous avons de plus en plus de programmes que les Canadiens attendent du ministère et, dans certains cas, nous ne disposons pas des ressources adéquates pour bien exécuter ces programmes.
À la Garde côtière, les navires tombent en panne parce que nous ne faisons pas l'entretien, et ce, parce que nous devons utiliser cet argent à des fins opérationnelles. Ce n'est pas la façon de diriger une institution qui dispose d'un budget de plusieurs milliards de dollars, et ce n'est pas la façon de bien desservir les Canadiens qui ont vraiment à cœur le travail que le ministère devrait et peut faire. Nous espérons que les choses s'amélioreront.
Par contre, madame Jordan, les erreurs seront miennes et le dur travail et les renseignements qui proviennent du ministère seront l'œuvre d'un groupe remarquable d'environ 10 500 hommes et femmes qui travaillent au ministère.
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Bien sûr, je peux essayer.
Monsieur Doherty, je pense que vous conviendrez avec moi que nous ne nous entendons peut-être pas toujours sur les modalités du moratoire, ou sur la façon de le mettre en œuvre et sur les raisons qui le justifient, mais j'espère que vous conviendrez que nous avons agi de façon transparente pendant la campagne électorale avec la population canadienne. Nous nous y sommes engagés formellement dans notre programme et c'est une directive de la lettre de mandat. Nous avons pris la mesure sans précédent de rendre ces lettres de mandat publiques afin que les Canadiens puissent voir qu'il s'agit d'une directive que Marc Garneau et moi avons reçue. Marc Garneau, le ministre des Transports, est de toute évidence le ministre responsable de ce dossier. Je collabore avec lui.
Nous croyons qu'il y a une préoccupation compréhensible et raisonnable sur la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique au sujet de la circulation de pétroliers. Nous croyons que ces Britanno-Colombiens ont cette question bien à cœur et je l'ai vu à Bella Bella ce dimanche. Ils ont vraiment à cœur la protection de la côte, comme vous l'appelez, et comme ils l'appellent. Votre magnifique province est définie par un attachement profond à la côte, et à une espèce iconique comme le saumon.
Nous essayons de trouver le bon équilibre entre un développement économique qui est durable et responsable, et nous réagissons également à l'inquiétude des scientifiques et du grand public relativement aux effets cumulatifs de certaines de ces routes de navigation.
En toute honnêteté, monsieur Doherty, je vous suggérerais que pour ces questions, M. Garneau a véritablement... Il s'est rendu sur la côte de la Colombie-Britannique, il a rencontré des gens, notamment de l'organisation dont vous parlez, et il est bien mieux placé que moi pour vous donner les détails. J'essaie de vous faire part de l'engagement politique que nous avons pris auprès de la population canadienne.
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, je vous remercie monsieur le ministre de passer tout ce temps avec nous aujourd'hui et de répondre à nos questions.
J'ai quelques observations dont j'aimerais faire part et je terminerai par une question.
Nous avons fait référence à la Garde côtière et je tiens tout simplement à remercier le gouvernement d'avoir rouvert la station de la Garde côtière de Kitsilano. Les gens de la côte Ouest ont accueilli cette nouvelle avec le plus grand plaisir et sont heureux de cette décision.
Sur l'île de Vancouver, par contre, ils ne sont pas tellement heureux de la fermeture de la station des SCTM de Comox. Bien entendu, nous avons eu tout récemment le naufrage du Nathan E. Stewart et nous avons la chef Marilyn Slett de la Nation Heiltsuk qui, je crois, est à Ottawa cette semaine pour parler des répercussions pour leur aquaculture, leur nourriture et leur mode de vie.
Pendant le temps qu'il me reste, je tiens à mentionner mon projet de loi. Comme vous l'avez indiqué plus tôt, j'ai un projet de loi sur l'adoption des parcs clos sur la côte Ouest pour l'aquaculture. Hier soir, le secrétaire parlementaire a mentionné qu'il n'y avait aucune preuve de répercussions sur l'aquaculture. J'espère que le ministre et le ministère ne sont pas de cet avis, parce que je pense qu'il y a amplement de preuves qui indiquent qu'il y a vraiment des répercussions. De fait, le juge Cohen le reconnaît.
Il y a également eu une observation au sujet de la technologie non éprouvée. Nous avons Kuterra qui montre la voie sur la côte Ouest, et Sustainable Blue qui fait de même sur la côte Est, tous les deux utilisant des technologies éprouvées, Kuterra étant probablement à une année de devenir rentable.
Partagez-vous ces observations quant au fait qu'il n'existe aucune preuve et que cette technologie n'est pas éprouvée?
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Monsieur Donnelly, vous ne pouvez pas faire à un politicien un aussi beau compliment sans lui donner la chance de vous en remercier.
Je partage effectivement votre point de vue. À Kitsilano, c'était spécial pour nous que vous puissiez participer à cette annonce. Mes collègues de votre province m'ont appris à quel point les gens sont attachés à cette base de la Garde côtière. Nous nous étions engagés à rouvrir une base dans une situation différente mais semblable dans la province du président de notre comité, et nous espérons avoir des nouvelles à ce sujet au cours des jours et semaines qui viennent.
En ce qui concerne votre question sur l'aquaculture, je demanderai peut-être à Serge. Je n'ai pas entendu son discours d'hier soir; j'assistais à une autre réunion. Je sais qu'il y a des preuves au sujet de la viabilité économique, ainsi que des questions. Le mot « preuve » est un terme juridique, mais il y a des préoccupations et des questions au sujet de la viabilité économique des parcs clos dans certains cas. Plusieurs personnes m'en ont fait part, mais comme je l'ai dit, je pense que le débat au sujet de votre projet de loi éclairera toute la situation; il apportera des précisions. Notre ministère a contribué financièrement à divers projets pilotes afin de mieux comprendre comment cela pourrait fonctionner. Je sais par contre qu'il y a d'autres endroits où ce système a connu du succès.
Ce que j'ai dit publiquement, c'est que nous comprenons que le public soit plus inquiet quant à la façon de procéder en toute sécurité et aux risques en cause. Je ne répondrai pas à votre question par une question tendancieuse. Quels sont les risques que présentent quelques-unes de ces pratiques pour le poisson et la santé du poisson, le poisson sauvage et la santé du poisson? La population veut des réponses. Notre ministère a un rôle clé à jouer pour les aider à comprendre ce qu'il en est du point de vue scientifique et pour fournir des preuves plus scientifiques et plus transparentes, plus accessibles.
Les gens qui ne respectent pas les conditions de leurs permis ou qui ne sont pas en mesure de suivre les mesures appropriées mises en place pour s'assurer qu'il n'y a aucun risque pour la santé du poisson doivent subir, et ce de façon sévère, les conséquences du non-respect de ces conditions ou de ces entreprises. J'ai déjà parlé aux responsables du ministère pour que l'on s'assure d'être rigoureux à cet égard.