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Je vous remercie pour cette occasion de m'adresser à vous. Je suis professeur au Département des sciences végétales de l'Université de la Saskatchewan et je m'intéresse depuis des années aux exploitations agricoles de cette province. J'ai été actif tout au long de ma vie dans le secteur du blé dans les Prairies canadiennes et j'ai consacré la plupart des 38 dernières années à la mise au point de variétés de blé d'hiver et à d'autres activités corrélatives.
Depuis 1991, mon programme de sélection a produit 11 cultivars de blé d'hiver qui ont occupé pas moins de 95 p. 100 des cultures de blé d'hiver de l'ouest du Canada et ont été cultivés dans de nombreux États américains, du Minnesota à l'État de Washington. J'ai été coordonnateur du test de la Central Hard Red Winter Wheat Co-operative pour le comité chargé de faire des recommandations pour les Prairies en ce qui concerne le blé, le seigle et la triticale, depuis la mise en place de ces tests. Cette participation m'a permis d'observer et de comparer le fonctionnement des programmes canadiens de qualité et d'assurance de la qualité dans l'Ouest, sous un angle privilégié.
Compte tenu du temps dont je dispose ce matin, je limiterai mes commentaires aux problèmes associés à la distinction visuelle des grains et au programme canadien d'assurance de la qualité du blé.
Comme vous le savez, la distinction visuelle des grains, ou DVG, est depuis 80 années le principal outil utilisé par l'industrie canadienne du blé de l'Ouest pour déterminer la classe du blé livré aux silos-élévateurs. Depuis au moins une cinquantaine d'années, on reproche aux critères de distinction visuelle des grains d'être une restriction majeure à la mise en circulation de nouveaux cultivars et au développement de nouveaux marchés pour le blé.
D'emblée, je dois m'inscrire en faux contre la deuxième phrase de la partie portant sur la qualité et l'assurance de la qualité, c'est-à-dire de la partie 6, à la page 55 de l'Examen de la Loi sur les grains du Canada et de la Commission canadienne des grains. Cette phrase dit ceci :
Tout d'abord, il y a la distinction visuelle des grains (DVG), technique qui permet la ségrégation efficace du grain selon sa qualité à partir de caractéristiques visuelles propres à chacune des classes.
À mon avis, il n'existe pas la moindre preuve objective confirmant les allégations selon lesquelles la distinction visuelle des grains a joué un rôle constructif dans notre système de commercialisation du blé. Toutes les données que j'ai à ma disposition indiquent que ce ne fut jamais une méthode efficace de ségrégation des cultivars selon la classe, à la livraison du blé par le cultivateur.
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J'aimerais maintenant exposer certains des faits qui démontrent que la distinction visuelle des grains, ou DVG, n'a jamais été une méthode efficace de distinction de la qualité des diverses classes de blé.
Premièrement, on peut relever des preuves du manque de fiabilité de la DVG en ce qui concerne la classe du blé de force roux de printemps. Dans environ 10 p. 100 des cas, en ce qui concerne les cultivars de blé de printemps enregistrés, la DVG est considérée comme inacceptable lorsqu'on les inclut dans des essais en aveugle sur les variétés de blé de printemps. Dès lors, il faut s'attendre à ce que la DVG soit inexacte en ce qui concerne 10 p. 100 des livraisons de blé de force roux de printemps aux silos-élévateurs. Ce n'est pas le cas, ce qui démontre que la DVG n'a jamais été une méthode efficace d'identification des classes de blé à la livraison.
Deuxièmement, la Commission canadienne des grains ne donne pas de description de la DVG en ce qui concerne les cultivars soumis à des essais coopératifs, à moins que des cultivars vérifiés n'aient été identifiés. Si le système de DVG permet de classifier efficacement les différents cultivars de blé, l'identité de l'échantillon devrait être inconnue au moment de la description. Si le système de DVG était efficace, un cultivateur ne devrait pas avoir à déclarer le nom ou la classe du cultivar à la livraison du grain. L'acheteur serait capable de le déterminer par examen visuel de l'échantillon. Cependant, si des experts de la Commission canadienne des grains n'arrivent pas à identifier couramment la classe des cultivars enregistrés en ayant recours à la DVG, à moins d'avoir des vérifications de référence pour des cultivars cultivés dans un environnement semblable, est-on en droit de s'attendre à ce que l'acheteur qui classe les livraisons soit capable de faire efficacement une distinction selon la qualité en utilisant cette technique.
Troisièmement, des expériences récentes menées dans le cadre du programme d'essai coopératif d'une durée d'une semaine indiquent clairement les limites que la DVG a imposées aux programmes canadiens de sélection pour l'amélioration du blé. Au cours des quatre dernières années, pas un seul cultivar participant à un programme de sélection n'a survécu plus de deux ans dans les essais coopératifs parce que la Commission canadienne des grains les décrit comme des mélanges des caractères de grain de blé roux de printemps et de blé roux d'hiver. Cela inclut neuf cultivars dont les parents étaient des cultivars enregistrés dotés, selon la DVG, de caractéristiques acceptables pour la classe de blé d'hiver. Un des parents de tous les autres cultivars avait des caractéristiques qui ont été jugées acceptables pour la classe commerciale de la Commission canadienne du blé dans le cadre d'essais coopératifs préliminaires. Or, si la DVG est un caractère transmissible par hérédité, en d'autres termes, si elle est cohérente d'une année à l'autre, il est pratiquement impossible que la descendance des cultivars examinés révèle un mélange de blé d'hiver et de blé de printemps.
Je voudrais maintenant faire des commentaires sur le coût de ce système et faire directement d'autres observations à partir de cela. Si la Commission canadienne des grains ne nous permet pas d'enregistrer des cultivars de blé d'hiver parce qu'il s'agit de mélanges de types de grains de blé de force et de blé roux de printemps, cela démontre probablement que la DVG pose un problème dans le système. Si les experts de la Commission canadienne du blé estiment que nous ne pouvons pas mettre ces variétés en circulation parce que ce sont des mélanges, qu'est-ce qui pourrait empêcher les cultivateurs ou les manutentionnaires de grains de mélanger les cultivars actuels de blé d'hiver et de blé de printemps et de les vendre sous l'appellation de blé de force roux de printemps, qui est un produit de qualité supérieure?
Il semblerait que la DVG ne soit pas une méthode efficace pour maintenir les normes de qualité en l'occurrence, et j'estime que notre système actuel de distinction de la qualité à la livraison du blé n'est pas fondé sur la DVG mais qu'il repose en fait sur les déclarations des cultivateurs.
Tout caractère supplémentaire que le sélectionneur doit sélectionner augmente le coût du programme et réduit les probabilités d'atteindre les objectifs globaux en matière de sélection des plantes. La description de la DVG est fondée sur dix caractéristiques du grain qui n'ont aucune valeur économique intrinsèque. Par conséquent, la DVG constitue une entrave considérable aux programmes de sélection et à l'atteinte de nos autres objectifs.
Tel qu'indiqué dans l'examen en question, la DVG a nécessairement entravé l'introduction de quelques nouvelles variétés très désirées par les personnes qui seraient disposées à les acheter pour l'alimentation animale ou comme matière première. Deux des principaux débouchés pour le blé au cours des prochaines années dans l'ouest du Canada sont l'alimentation, qui est le principal débouché, et l'approvisionnement de l'industrie des alcools, qui deviendra le deuxième débouché le plus important. Si la DVG nous empêche de tirer parti de ces occasions, il faudra, à mon avis, la remettre en question.
Je voudrais maintenant faire des commentaires sur la solution à ce problème. Il est manifeste que la solution toute simple et la plus efficace aux restrictions imposées par ce système est la suppression complète des critères de distinction visuelle et la reconnaissance officielle du fait que l'on se base en réalité actuellement sur les déclarations des cultivateurs pour la différentiation des diverses classes de blé. Les cultivateurs indiquent aux agents les types de blé qu'ils livrent. Les agents ne peuvent pas faire la distinction par simple examen visuel de la cargaison. Ce sont les cultivateurs qui leur donnent cette information.
Dans quelques cas, nous avons efficacement fait la distinction entre les diverses variétés. En 1985, le nom du cultivar a permis de faire la distinction en ce qui concerne le blé de force roux de printemps semi-nain américain; on a également fait la distinction en ce qui concerne le blé Grandin. À l'heure actuelle, on n'a pas recours à la distinction visuelle pour faire la distinction entre les divers types de qualité dans les classes de blé dur et de blé d'hiver. On utilise le nom du cultivar, et ce nom est déclaré.
Il n'existe pas de critères de distinction visuelle en ce qui concerne les autres céréales cultivées au Canada. Il n'y en a jamais eu en ce qui concerne l'avoine et ils ont été supprimés il y a quelques années en ce qui concerne l'orge. Nous sommes le seul pays au monde, ou l'ouest du Canada est la seule région au monde, où l'on utilise un tel système pour distinguer les divers types de qualité.
J'aimerais conclure en signalant que la suppression des critères de distinction visuelle permettrait une fluidité totale du marché du blé fondée sur le nom du cultivar. Il s'en dégagerait un système qui permettrait de faire une évaluation immédiate des débouchés potentiels. La disponibilité des cultivars possédant les caractéristiques de qualité souhaitées deviendrait alors le facteur limitant notre capacité de tirer parti des débouchés. Il serait alors important d'offrir dans le système un vaste choix d'options en ce qui concerne la qualité des cultivars.
L'autre option est celle que nous avons actuellement, à savoir celle qui consiste à identifier un nouveau marché potentiel, puis à attendre une quinzaine d'années ou plus, le temps que les sélectionneurs mettent au point les prototypes de cultivars adaptés répondant aux critères de distinction visuelle, pour pouvoir réellement créer des débouchés. Un changement à ce système est essentiel, et c'est même impératif.
Je vous remercie pour votre attention.
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Je vous remercie pour cette occasion de faire un exposé. Je suis cultivateur dans le sud-ouest de la Saskatchewan — dans la région de Bracken-Climax, celle de M. Anderson — et je suis président du conseil d'administration de la Great West Rail.
La Great West Rail est une compagnie de chemin de fer qui exploite une courte ligne ferroviaire dans le sud-ouest de la Saskatchewan. Cette ligne avait été abandonnée par le CPR. On tentait de la sauver lorsqu'un groupe d'habitants de la région l'a achetée à une compagnie britannique. Les propriétaires de notre compagnie sont des agriculteurs, des particuliers, des villes, des villages, des municipalités rurales, la compagnie céréalière et deux exploitants de terminaux céréaliers.
Nous exploitons un tronçon d'une longueur de 306 milles. Nous avons 38 points de chargement le long de notre ligne. En sauvant cette ligne, nous avons créé 30 emplois à plein temps et notre compagnie fait maintenant partie intégrante de notre économie.
Nous sommes également investisseurs et exploitants de la Fife Lake Railway. C'est une autre compagnie ferroviaire secondaire qui exploite une ligne allant d'Assiniboia à Coronach, dans le sud-ouest de la Saskatchewan. Nous avons trois points de chargement sur cette ligne.
Nous avons acheminé 4 352 wagons l'année dernière et nous sommes la compagnie ferroviaire secondaire qui achemine le plus grand nombre de wagons de producteurs au Canada. Tous nos wagons sont ramenés à Assiniboia, lieu d'accrochage des wagons aux trains de marchandises du CPR.
Si cet Examen de la Loi sur les grains du Canada et de la Commission canadienne des grains porte sur de nombreux sujets, quelques-uns nous préoccupent, et ils sont extrêmement importants pour la viabilité des transporteurs qui acheminent les wagons de producteurs.
Nous sommes heureux de constater que l'on veut maintenir dans la Loi sur les grains du Canada les droits des agriculteurs de charger les wagons de producteurs. Nous savons que le chargement de ces wagons ne convient pas à tous les producteurs, mais que c'est une option très importante pour eux, dans notre région.
Nous aimerions que l'inspection d'arrivage demeure obligatoire. Alors que les intervenants dans notre secteur ne la jugent peut-être pas indispensable, nous estimons que, compte tenu du système actuellement en place, l'inspection d'arrivage obligatoire est essentielle pour les expéditeurs de wagons de producteurs et qu'elle devrait être maintenue pour les producteurs de façon générale.
Nous estimons en outre que la recommandation concernant l'obtention obligatoire d'une licence et le cautionnement obligatoire en ce qui concerne les installations de chargement de wagons de producteurs n'est pas nécessaire. Alors que l'étude mentionne que le fait de ne pas octroyer une licence pour toutes nos installations pose un problème de sécurité, la sécurité des wagons de producteurs et des installations de chargement des wagons de producteurs devrait être aussi élevée que possible. Presque tout le grain fait l'objet d'une expédition séparée, car chaque wagon est chargé par un producteur et son contenu peut être associé à ce producteur. Alors que leur destination initiale n'est pas l'étranger, les wagons de producteurs peuvent être considérés comme du transport conteneurisé de grain. On peut toujours établir le lien entre le produit qui se trouve dans les divers wagons et les agriculteurs concernés.
La question du cautionnement obligatoire mise de l'avant par la Commission canadienne des grains touche en outre de nombreuses installations situées sur notre ligne. Le cautionnement ne garantit certainement pas le paiement total en cas de défaut de paiement et il ne garantit pas l'honnêteté de l'entreprise concernée. Ces exigences ont pour seule conséquence d'augmenter les coûts pour les petites installations qui s'en tirent très bien actuellement sans les cautions.
Je suis actif dans une usine de nettoyage de Bracken, en Saskatchewan, qui expédie des pois jaunes lavés pour plusieurs sociétés différentes. Nous avons soigneusement choisi les sociétés avec lesquelles nous traitons et nous avons acquis une solide réputation de fiabilité. On continuera toutefois de voir des producteurs faire affaire avec des sociétés inconnues parce qu'elles offrent quelques cents de plus que nous pour un produit donné. Est-ce que notre société qui jouit d'une excellente réputation devrait supporter les frais de cautionnement, parce que quelques producteurs se laissent influencer par l'appât du gain lorsqu'il s'agit de prendre des décisions concernant la commercialisation de leurs produits?
Des faillites se produisent quotidiennement dans le monde des affaires. Si les producteurs décident de traiter avec des sociétés non cautionnées, eh bien qu'on les laisse faire. De bonnes pratiques commerciales et un marketing prudent seront de meilleurs atouts pour les agriculteurs que le cautionnement obligatoire.
En ce qui concerne la gouvernance, nous aimerions que les trois commissaires demeurent au niveau supérieur. Nous estimons que cela pourrait avoir une incidence négative sur le processus décisionnel si les décisions dépendaient d'une seule personne plutôt que des trois commissaires en place actuellement.
En ce qui a trait aux commissaires adjoints, nous voulons que ce soit des personnes de ce secteur qui travaillent pour les producteurs, car c'est censé être leur rôle. Il ne devrait pas s'agir de personnes nommées par le gouvernement. Elles devraient être recrutées par la Commission canadienne des grains. Leur désignation d'emploi devrait être établie par la Commission, mais elles devraient être sur le terrain et pas au siège de Winnipeg.
Alors que les fonctions proposées de défense des intérêts des producteurs céréaliers pourraient être une base pour ces personnes, elles devraient être disponibles pour résoudre les problèmes dès qu'ils se posent.
Nous ne savons pas si les six personnes prévues à l'échelle régionale seraient nécessaires ou si la charge de travail pourrait être accomplie par un nombre moins élevé d'employés. Nous savons toutefois que certains commissaires adjoints ont été d'une aide précieuse pour plusieurs chargeurs de wagons de producteurs et cultivateurs, car ils ont réparé des erreurs et ont mis un terme à certaines pratiques déloyales dans notre secteur.
Le dernier sujet que nous voulons aborder est de loin le plus important pour notre compagnie et pour les producteurs. Alors que la Commission canadienne des grains est toujours associée aux wagons de producteurs, c'est le système de distinction visuelle actuel qui constitue, d'après nous, la plus grosse entrave à la croissance de notre compagnie ferroviaire. Les agriculteurs ne sont jamais sûrs de la classe à laquelle appartient leur grain lorsqu'ils chargent un wagon de producteur et nous constatons beaucoup trop souvent des incohérences dans les classes au déchargement. Continuellement, des wagons sur lesquels les producteurs ont chargé du grain provenant de la même cellule à grain de leur exploitation nous parviennent avec des classements différents.
Tout le monde entend parler de ces problèmes, et lorsque la rumeur a circulé dans les cafés-restaurants, il faut une éternité pour convaincre de nouveaux clients d'essayer les wagons de producteurs.
La distinction visuelle des grains a coûté au fil des ans des millions de dollars aux producteurs des Prairies. Il faut passer immédiatement à un système différent. La technologie dite de la boîte noire existe actuellement et elle devrait être mise en oeuvre.
On a tendance à croire à tort que si le grain ne répond pas aux critères de distinction visuelle, il ne s'agit pas de grain de qualité. Nos producteurs sont forcés de cultiver du grain pour lequel les marchés se font de plus en plus rares. Les États-Unis produisent des variétés de blé de printemps dont le rendement est supérieur de 40 p. 100 à nos variétés et continuent de nous enlever cette part de marché.
Les clients veulent acheter du grain en se basant sur ses attributs physiques et pas sur son aspect. Si l'on avait recours à la technologie de la boîte noire, l'indice de Hagberg pourrait être un facteur plus déterminant du prix que l'aspect du grain et les producteurs pourraient être assurés de la classe du grain au chargement sur leurs wagons. La Commission canadienne des grains aura toujours un rôle à jouer, à savoir s'assurer que toutes ces machines sont calibrées, mais il est essentiel d'abandonner progressivement les inspections visuelles.
Les déclarations solennelles sont utilisées à travers le monde pour s'assurer de la variété de grain livrée par les agriculteurs. Nous estimons que des quantités beaucoup plus grandes de grain seraient acheminées par chemin de fer si l'on adoptait le système des déclarations solennelles et la technologie de la boîte noire.
Alors qu'on a discuté de ce changement, la Commission canadienne du grain a pris des initiatives pour soustraire certaines nouvelles variétés à l'application du système de distinction visuelle. Le blé de force roux de printemps et le blé dur doivent toujours répondre aux critères de distinction visuelle. Le fait que la Commission compte attendre jusqu'en 2008 pour supprimer les critères de distinction visuelle pour les classes de blé mineures signifie qu'elle ne compte pas abandonner ce système en ce qui concerne le blé de force roux de printemps et le blé dur. Il est essentiel que nous procédions dès maintenant à cette transition.
Il ne faut pas oublier que cette transition suscitera une certaine résistance au sein de la Commission canadienne des grains car plusieurs emplois seront touchés par le changement.
Alors qu'il s'agit d'un examen de la Loi sur les grains du Canada et de la Commission canadien des grains, n'oubliez pas que cela touche non seulement les intervenants dans l'industrie, mais aussi les cultivateurs. Alors que notre grain est classé sur base d'un système visuel, il est vendu sur un marché mondial qui a recours à un système différent. Nous vendons trop souvent des oranges sur un marché de pommes. Étant donné que nous sommes situés à proximité de la frontière des États-Unis, nous connaissons le système de classement américain. Alors que les États-Unis sont considérés comme un marché de premier choix, la première chose qu'ils veulent voir lorsqu'on leur soumet un échantillon de grain, ce sont les résultats d'un test pour déterminer l'indice de Hagberg. Ils ne se préoccupent pas du tout de l'aspect du grain. Ils veulent en connaître les propriétés.
De nombreux problèmes et irritants commerciaux sont survenus et continueront de survenir si nous n'adoptons pas une technologie semblable.
Étant donné notre situation géographique et l'état déplorable de notre réseau routier dans le sud-ouest de la Saskatchewan, les wagons de producteurs jouent un rôle extrêmement important dans notre région. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour que davantage de grain soit transporté par chemin de fer. Au cours de l'année qui vient de s'écouler, nous avons libéré notre réseau routier de l'équivalent de 12 000 trains doubles de type B. Les économies réalisées sur les frais de levage ont fait rentrer 4,5 millions de dollars dans les coffres des producteurs et cet argent fait tourner nos économies locales. L'adoption d'un autre système de classement donnant aux agriculteurs l'assurance que leur grain est bien classé lorsqu'ils chargent les wagons permettra à notre compagnie ferroviaire de prendre de l'expansion et donnera un regain de dynamisme à notre économie axée sur l'agriculture.
Alors que nous sommes sûrs que certains intervenants dans l'industrie s'opposeront avec vigueur à ces changements, nous vous prions de tenir compte des répercussions qu'aura cet examen sur les revenus des exploitations agricoles. Les agriculteurs sont trop souvent les moteurs oubliés de cette industrie.
Je vous remercie pour votre attention.
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Merci beaucoup de m'avoir invitée à cette séance. Certains d'entre vous me connaissent peut-être déjà. M. Ritz me connaît certainement, et M. Anderson aussi.
Je prends la défense de l'agriculture depuis de nombreuses années et j'ai une passion pour cette industrie. J'ai également une passion pour la politique, car je sais que les deux vont de pair.
En ce qui concerne les décisions que nous examinons aujourd'hui, je suis reconnaissante au gouvernement d'avoir entrepris un examen de cette institution.
À la page 34 se trouve une phrase qui m'a beaucoup tracassée et qui dit ceci :
... il est très limité compte tenu du... ayant un impact sur la productivité, la rentabilité et la viabilité... du secteur.
Ce sont essentiellement les politiques de la Commission canadienne des grains qui sont en cause. Je pense que vous n'êtes pas conscients de l'influence qu'a cette institution sur le terrain. Nous sommes des agriculteurs, des exportateurs et des fournisseurs d'exportateurs.
Lorsque la roue touche la chaussée, cela laisse des marques en ce qui me concerne et en ce qui concerne les agriculteurs. Il est extrêmement important que cet examen soit fait correctement et que, comme l'a suggéré M. Johnson, nous prenions des risques en ce qui concerne certaines des institutions qui nous tiennent à coeur mais qui ont un besoin pressant d'évoluer.
Quoi qu'il en soit, je vous remercie pour l'examen. Je remercie les membres du comité et toutes les personnes qui y ont contribué.
J'aimerais faire des commentaires au sujet de ce qui est écrit à la page 107 de « Challenges Facing Canadian Producers in the Next 10 Years » (les défis auxquels seront confrontés les producteurs canadiens au cours des 10 prochaines années). Je pense qu'un facteur essentiel que l'on a omis d'y mentionner est le fait que nous sommes en concurrence avec de nombreux pays. Je n'ai probablement pas voyagé autant que vous, mais je suis confrontée tous les jours à la concurrence de l'Ukraine, de certains pays du nord de l'Europe que je ne sais même pas où trouver sur la carte, portant des noms que j'ai beaucoup de difficulté à prononcer. Ils expédient du grain vers mes principaux marchés pour 20 à 30 $ de moins la tonne que le mien. Quand je dis qu'une différence de 1 $ ou 2 $ la tonne en efficacité a de l'importance, je vous assure que vous pouvez me croire. Cela a énormément d'importance. Je vends mon grain 20 $ de plus la tonne qu'un autre producteur parce que je ne peux pas être concurrentielle; je vous assure que notre efficacité importe beaucoup.
Ça commence au niveau de la Commission canadienne des grains. Je vous signale que j'ai perdu beaucoup d'argent à cause d'un classement inadéquat. Comme l'a signalé M. Johnson, lorsque j'expédie mon grain dans le pays, il est classé dans telle classe et, lorsqu'il arrive à la côte, quelqu'un dit qu'il appartient à une autre classe. Ensuite, dans le cadre du processus d'examen, on prélève un échantillon et on le renvoie à Winnipeg où on me dit que les gens de Saskatoon ne connaissaient pas leur affaire et que le classement fait à Vancouver était exact. J'aimerais encore faire le commentaire suivant. Un jour, un inspecteur a pris mon échantillon et a décidé de l'examiner pendant qu'il dînait. Le produit a ensuite été chargé sur le bateau et ce seul retard a coûté plus de 300 000 $ à mon entreprise. L'échantillon aurait dû être inspecté immédiatement.
Cette politique a donc une incidence sur nous est il est important qu'elle soit bien conçue.
Je voulais principalement faire des commentaires sur le classement, ce que je viens de faire, et je voudrais en faire tout particulièrement sur vos comités d'arbitrage et de médiation. Un des problèmes que j'ai, c'est qu'en cas de litige au sujet du classement, l'administration ne m'offre pas de méthode de règlement du différend. Nous traitons généralement avec la SGS, qui est une entreprise privée de classement. Nous ne traitons pas très souvent avec la Commission canadienne des grains. Nous traitons le plus souvent avec l'entreprise privée. J'apprécie par conséquent la sous-traitance prévue dans votre politique. Je pense que c'est bien. J'estime qu'il faut maintenir la Commission canadienne des grains à titre de point de référence et de fournisseur des critères de classement, mais je ne vois aucune raison de ne pas le confier en sous-traitance à une autre entreprise. C'est ce que nous faisons déjà constamment.
Nous expédions par conteneurs. Nous sommes des expéditeurs à identité préservée. Nous expéditions nos produits vers les marchés mondiaux, vers des marchés de créneau, dans le monde entier. C'est donc ainsi que nous procédons. C'est certainement possible, et le classement par une entreprise privée est efficace. Je pense que, comme vous l'avez signalé, la sous-traitance est une pratique qui peut être utile, mais vous devez fournir un point de référence.
Il est en outre essentiel que vous teniez compte du fait que la Commission canadienne des grains intervient à de nombreuses étapes. Elle le fait à partir du cultivateur. Le cultivateur peut livrer au silo-élévateur et le silo-élévateur peut assurer le transport pour lui. Le gros problème, c'est que les étapes sont nombreuses. Dans certains cas, les arbitres ont le temps. Dans d'autres cas, en cas de contestation du classement au port, ils n'ont pas le temps nécessaire. Par conséquent, il est essentiel de mettre sur pied une équipe d'intervention d'urgence en ce qui concerne les écarts au niveau du classement qui se produisent au port et qui peuvent avoir une incidence sur les expéditions destinées à l'exportation ou sur la classe des grains exportés.
J'aime la recherche. J'aime votre rapport coordonné. J'aime les tables rondes. Je pense toutefois que le centre devrait être à Saskatoon. Je suis désolée, mais c'est là que se trouve la meilleure de toutes les universités en matière de recherche agricole et c'est l'endroit idéal pour faire ce type de recherche. S'il existe un centre d'excellence, je vote en faveur de Saskatoon.
La proposition que je désapprouve le plus, d'une façon générale, est celle concernant la délivrance d'une licence et le cautionnement. Notre entreprise tourne depuis 25 ans. Jusqu'en 2006, nous n'étions pas cautionnés. J'estime que le cautionnement devrait être facultatif car les agriculteurs sont conscients des risques. Ils ont tendance à faire confiance. Ils vérifient la solvabilité. Cependant, si nous maintenons implicitement une gestion des risques...
N'interprétez surtout pas mal mes propos. J'estime que c'est un aspect important de ce que nous faisons. En fait, compte tenu de la situation financière actuelle des agriculteurs, une perte de 5 000 $ ou de 10 000 $ sur une cargaison est une très grosse perte.
Comme vous le savez, le système actuel, mis en place par la Naber and Venture Seeds, est impossible à contrôler. Les échecs nous ont démontré que la Commission canadienne des grains ne peut pas s'attendre à ce que cette entreprise accomplisse une tâche dont la nature change quotidiennement.
Je vois que vous avez recommandé ce centre. J'ignore pourquoi le comité ou Compas n'a pas examiné le modèle de l'Association des producteurs de maïs en Ontario qui consiste essentiellement en une assurance-risque temporaire mise en place à la livraison. C'est un système qui est très efficace en Ontario. Je recommande à tous les membres du comité de l'examiner ou, si l'on procède actuellement à un examen des intervenants, d'examiner le meilleur système et d'envisager de l'adopter.
Le dollar ou les deux dollars la tonne, ou le coût de la sécurité, quel qu'il soit, n'est pas un coût imposé dans la plupart des pays où j'ai des concurrents. Si je voulais diriger une entreprise céréalière aux États-Unis, il me faudrait une licence de 150 $ dans la plupart des principaux États producteurs. Par conséquent, il faut mettre en place un système qui est simple, un système qui soit bancable et qui ne nécessite pas un contrôle. Il faut mettre en place un système qui est efficace pour toutes les parties intéressées. Comme les droits que je perçois continuellement auprès des agriculteurs, je pourrais leur vendre une assurance qui leur assurerait la sécurité pour la période pendant laquelle le grain est exposé à des risques. C'est très important pour moi, car je constate que c'est une des tâches dont vous ne voulez pas vous charger...
Nous sommes des producteurs de cultures spéciales. Nous sommes partis de rien. Nous sommes une des rares histoires de réussite de l'agriculture canadienne. Nous sommes de petits producteurs. Nous ne sommes pas de grandes entreprises. Nous sommes toutefois dans un monde différent de ce qu'il était il y a une vingtaine d'années. Je vous recommande donc d'encourager l'esprit pionnier, d'encourager ceux qui construisent, et de permettre aux gens de faire leur travail.
En ce qui concerne ce système de gestion des risques et de cautionnement, il m'obligerait à investir beaucoup d'argent. Si vous m'aviez demandé d'être cautionnée il y a 25 ans, je n'aurais jamais mis sur pied la Western Grain, car nous ne disposions pas d'un demi-million de dollars, encore moins d'un million ou de deux millions. Le cautionnement entrave ma croissance. Depuis que je suis cautionnée, j'examine tous les jours mes comptes débiteurs pour voir où j'en suis. Et je constate que je ne peux pas faire un certain achat, parce qu'il me fera dépasser les limites du cautionnement. Laissez-moi investir mon argent dans l'achat et dans l'expédition du grain et faites en sorte que les agriculteurs soient au courant du coût. C'est un gros problème: les agriculteurs ne sont pas conscients du coût.
En fin de compte, c'est le niveau d'expression utilisé dans ce rapport qui est important. Ce que j'apprécie beaucoup dans ce rapport, et j'ignore qui je dois en remercier, ce sont les termes employés. On adopte dans ce rapport un ton qu'on n'avait plus vu depuis un certain temps, à savoir un ton empreint de respect pour mon industrie et de prise de conscience du fait qu'elle rend d'inestimables services au pays. Je pourrais vous citer de nombreux passages. J'apprécie donc beaucoup les termes employés et le ton qui reconnaît qu'il est absolument nécessaire de faire en sorte que cette industrie redevienne rentable.
C'est à peu près tout ce que j'avais à dire.
En parlant de technologie de la boîte noire, je voulais dire que DuPont avait mis au point une technologie qu'elle désigne de la sorte. On peut louer une de ces machines pour 750 $ par mois. En gros, elle fait appel à un processus d'imagerie et indique en deux minutes environ les propriétés du grain. L'efficacité de cette machine a été comparée à celle des inspecteurs de la Commission canadienne des grains et on a constaté que les résultats étaient beaucoup plus cohérents qu'avec les êtres humains. Elle écarte les risques d'erreur humaine.
En ce qui concerne les déclarations solennelles, c'est le système utilisé par les Australiens. Nous leur avons demandé si elles étaient observées et elles le sont, car les producteurs assurent le contrôle eux-mêmes. Si l'un d'entre eux altère le contenu d'un silo de grain entier, ils ont tendance à ne pas être tendres avec lui.
Je reviens à votre commentaire à l'effet que nous sommes considérés comme d'excellents exportateurs de grain à l'échelle mondiale. Je reconnais que nous jouissons de cette réputation, mais on ne peut pas affirmer qu'il s'agit de grain de qualité rien qu'en en prenant une poignée et en en faisant une inspection visuelle. La Commission canadienne du blé et la Commission canadienne des grains estiment que le marché américain est un marché de premier choix. L'usine de blé dur de Great Falls, au Montana, accepte du blé dur qu'on ne donnerait pas comme nourriture à des poulets au Canada. Les dirigeants de cette usine ne se préoccupent pas du tout de son aspect. La qualité qu'ils recherchent est la valeur intrinsèque du produit et pas son aspect. On fait des reproches à la Commission pour tous les différends commerciaux que nous avons en ce qui concerne les États-Unis, et nous en avons beaucoup. La Commission du blé est peut-être responsable de certains d'entre eux mais, trop souvent, elle vend nos pommes sur ce marché d'oranges.
Vous pouvez remonter jusqu'en 1992, lorsqu'il y a eu de la gelée dans notre région, dans la région de M. Anderson. La Commission du blé a vendu ce qu'elle appelait du blé fourrager aux États-Unis. C'était notre grain; il avait été classé comme blé fourrager au Canada. Les indices de Hagberg étaient pourtant très bons aux États-Unis. C'était un des meilleurs blés de mouture qu'on leur ait vendu. À trois endroits sur cette petite ligne — à Bracken, à Climax et à Frontier —, nous avons perdu 12 millions de dollars sur cette vente. Cela a été démontré.
De nombreux différends commerciaux sont dus au fait que nous avons du grain de qualité mais que les acheteurs obtiennent une qualité supérieure à celle pour laquelle ils paient. Ce n'est pas tellement une question de prix. On ne peut pas mélanger ou apparier les deux systèmes. On ne peut pas utiliser un système de classement visuel quand on vend sur un marché qui ne tient absolument pas compte de l'aspect visuel et qui s'intéresse plutôt aux qualités intrinsèques. Des problèmes se poseront et continueront de se poser à ce niveau-là.
En ce qui concerne nos déclarations solennelles, elles sont utilisées ici actuellement. Il existe deux variétés de blé dur sur lesquelles l'information est fournie par le producteur, et cela ne pose aucun problème. Nous pourrions procéder ainsi pour toutes les variétés, et nous ne serions pas obligés d'attendre jusqu'en 2008. Nous pourrions commencer dès demain, si nous le voulions et si l'on adoptait ce système.
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Le rôle d'un système de cautionnement est d'uniformiser les règles du jeu pour l'industrie. Je suis certaine qu'actuellement, il reste des entreprises de ce secteur qui ne sont pas cautionnées et qui sont dans l'illégalité, comme ce fut notre cas pendant plusieurs années. Certaines entreprises sont cautionnées, comme les grandes entreprises céréalières. J'ignore totalement si les grandes entreprises céréalières ont besoin de cautionner le maximum de leur grain. À une certaine époque, ce n'était pas nécessaire. C'est une question que votre comité devra examiner. Par conséquent, pour les intervenants de ce secteur, les règles du jeu ne sont pas équitables sous le régime actuel.
Les recommandations qui ont été faites en août, y compris les changements qui nous permettent de faire une demande de cautionnement à Exportation et développement Canada, ont amélioré notre capacité. Ce nouveau système mobilise moins de capitaux, quoiqu'il soit onéreux. Nous devons présenter un rapport mensuellement. Dans le délai dans lequel nous devons présenter les rapports, on s'attend à ce que nous respections les niveaux de notre cautionnement. Cette exigence entrave notre capacité de prendre de l'expansion pendant les périodes de pointe. Si nous n'arrivons pas à trouver l'argent supplémentaire nécessaire pour le cautionnement, notre capacité est limitée. Je sais que le cautionnement restreindra mes activités commerciales cette année.
Je doute que vous souhaitiez une politique canadienne qui repose sur un système de gestion des risques entravant la capacité commerciale des agriculteurs. Le cautionnement exigé actuellement est très onéreux. Ce n'est pas difficile du tout d'avoir un chiffre d'affaires de 7 millions de dollars. C'est un secteur à volume élevé et à faible marge bénéficiaire.
On veut un système efficace, avec des règles du jeu uniformes qui soient efficaces et dont l'administration soit simple. On veut un système qui ne soit pas assujetti à des vérifications régulières. Dans ce rapport, il est question d'exiger que la Commission canadienne des grains rende des comptes et soit passible de poursuites. Je m'oppose à une telle exigence, car à moins d'être tous les jours dans ce bureau-là, on aurait beaucoup de difficulté à savoir exactement quand quelqu'un est en deçà ou au-delà des limites de son cautionnement.
Par conséquent, j'estime que vous imposez à la Commission canadienne des grains une tâche impossible. Or, toute politique qui exige l'impossible est inefficace. Nous avons fait partie d'un comité qui a préconisé pendant de nombreuses années l'adoption du modèle de l'Association des producteurs de maïs en Ontario. Ce modèle existe. C'est une des différences entre l'agriculture de l'Ouest et celle de l'Est.
Le modèle de l'Association des producteurs de maïs en Ontario est un système d'assurance. Vous me livrez la marchandise, je remplis un formulaire et j'achète une assurance temporaire jusqu'à ce que vous soyez payé. Je n'ai plus examiné ce modèle depuis un certain temps. Nous avons dû malheureusement y renoncer à cause de l'administration actuelle de la Commission canadienne des grains qui a appliqué les exigences obligatoires actuelles, que je désapprouve.
Le modèle de l'Association des producteurs de maïs en Ontario est donc une assurance temporaire. On a fait payer des droits et les fonds ainsi récoltés ont été accumulés. Je pense que les fonds accumulés ont atteint des montants si élevés que les droits ont diminué. Il faut rechercher la simplicité. Par ailleurs, c'est un système dont le succès est assuré. Lorsque l'agriculteur livre la marchandise, il sait qu'il obtiendra ce qui a été décidé: 70 p. 100, 80 p. 100, 90 p. 100, 60 p. 100 ou 50 p. 100. Il sait quel est le pourcentage, à la livraison.
Cela pose un problème. D'après le rapport, la Commission canadienne des grains a tenu un grand discours pour avoir affaire à des entreprises détentrices d'une licence et cautionnées. J'ai signalé à je ne sais combien de commissaires que le système ne serait pas du tout efficace. Par conséquent, lorsque l'affaire Naber Seed s'est produite, cela n'avait rien d'étonnant pour les gens de l'industrie. Tout le monde savait que c'était possible.
Inutile de dire que ce système n'est pas bancable pour les agriculteurs et que la CCG ne peut pas assurer la surveillance. Par conséquent, je suis essentiellement en faveur du modèle de l'Association des producteurs de maïs en Ontario ou d'un autre modèle. Une autre possibilité, c'est d'être un acheteur averti, mais je suis en faveur d'une gestion des risques simple et efficace.
L'autre gros avantage est que ce modèle serait applicable à d'autres denrées. De nombreuses céréales biologiques et céréales fourragères ne sont pas protégées par un tel système. Ce modèle est simple.
C'est donc ce que je ferais en ce qui concerne la partie du rapport qui recommande de prendre le temps de trouver un nouveau système.
Passons à la question de la distinction visuelle. J'aimerais comprendre ce qui se passe. Si j'ai bien compris, nous utilisons ce système visuel. Nous avons aussi un système de déclaration. Je ne comprends pas très bien comment ce dernier système fonctionne à la livraison du grain. Je poserai peut-être quelques autres questions qui me permettront d'obtenir des réponses.
Monsieur Fowler, le système de distinction visuelle constitue, d'après vous, une ingérence dans les marchés. Par exemple, il peut constituer une ingérence dans des marchés potentiels liés à la biotechnologie et à l'utilisation du grain comme matière première. Ce n'est pas efficace.
Ma question est la suivante : pourquoi ce système est-il toujours en place? C'est peut-être la raison pour laquelle une commission a été chargée de préparer un rapport. Certains témoins voudraient que le système de distinction visuelle demeure en place parce qu'ils ne sont pas très sûrs que l'on puisse trouver un système plus efficace et, pourtant, nous avons entendu parler de la technologie de la boîte noire, qui n'est pas coûteuse — un peu plus de 700 $ par mois en location. Je ne sais pas très bien comment elle fonctionne, mais il serait logique que s'il existe une technologie, nous puissions l'utiliser. Si c'est le cas, pourquoi n'a-t-elle pas déjà été mise en place?
Nous sommes le seul pays au monde où l'on détermine le type de qualité par distinction visuelle.
Quelle est la solution? J'écoute. J'aimerais que vous répondiez le premier, monsieur Fowler. Que faudrait-il au juste que nous fassions pour améliorer ce système, si celui de la distinction visuelle n'est pas efficace?
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Je pense que la première question à poser et les premières réponses à obtenir ont pour but de savoir si l'on a des données fiables indiquant que le système de distinction visuelle est efficace dans le système.
Le fait que les inspecteurs de la Commission canadienne des grains ne me laissent pas savoir si mes variétés répondent aux critères de distinction visuelle à moins d'avoir une variété de contrôle qui a été cultivée au même endroit pour qu'ils puissent faire des comparaisons directes indique que si vous ameniez pour livraison votre variété pour laquelle ce type de vérification est inexistant, son classement ne pourrait pas être fait au moyen de la technique de la distinction visuelle.
Le seul objet du système de distinction visuelle est de déterminer les variétés qui concordent avec les types de qualité de grain dont la Commission canadienne du blé assure la commercialisation. Cependant, d'autres facteurs que le patrimoine génétique de la variété interviennent. L'environnement est un facteur extrêmement important et il a une influence très considérable sur l'expression des caractères servant de critères de distinction visuelle. Par conséquent, si l'environnement a une influence sur l'expression de ces caractères, lorsqu'on change d'environnement, on verra des formes et des tailles différentes.
Si vous prélevez un échantillon de grain du sud de l'Alberta au cours d'une bonne année, puis un autre échantillon de la même variété qui aurait été cultivée dans le nord-est de la Saskatchewan, où règnent des conditions de forte humidité et une sécheresse, vous seriez incapable de remarquer qu'il s'agit de la même variété. Et pourtant, c'est le système que nous utilisons pour le classement des variétés qui sont admissibles pour les différents types de qualité que nous mettons en marché.
Par conséquent, la première question à se poser est la suivante : ce système est-il efficace? Il faut en avoir des preuves. Nous ne pouvons pas tout simplement présumer de son efficacité, car personne n'en a fourni de preuves. Ce système est en place depuis 80 ans. L'a-t-on jamais examiné au cours des 80 dernières années pour vérifier s'il est vraiment efficace?
L'autre question est de savoir s'il permet d'éviter que des personnes malhonnêtes — que nous n'appellerons pas des agriculteurs, mais des personnes franchement malhonnêtes — fassent des livraisons de grain? Les manutentionnaires de grain manutentionnent le grain et ils peuvent être malhonnêtes, eux aussi.
Dans de nombreux cas, du blé d'hiver — et nous l'avons déjà mentionné — a été mélangé avec du blé de printemps à la ferme et entre dans le système de manutention. Ce blé est surtout vendu comme blé de printemps, car le prix est meilleur.
À une certaine époque, nous avions des contrats avec des pays comme la Chine qui nous permettaient de livrer du blé de force roux de printemps 3CW ou du blé d'hiver dans le cadre de ce contrat. Le prix de ces deux variétés est à peu près le même et, par conséquent, cela n'aurait probablement fait aucune différence.
Cependant, si un inspecteur officiel ne peut pas faire la différence entre un mélange de blé de force roux de printemps et de blé d'hiver — on ne nous permet pas de mettre ces variétés en circulation — et du blé de printemps, comment peut-on affirmer que le système est efficace sur le terrain? Tout le monde pourrait faire se tromper.
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Merci, monsieur le président.
J'ai une question. Toutefois, je veux revenir au système de cautionnement dont vous parliez, madame Dutton. Je voudrais bien comprendre.
L'objectif du système de cautionnement consiste à protéger les producteurs et à faire en sorte que les compagnies qui achètent le produit soient solvables et capables de payer les producteurs. Tel est l'objectif de ce système de cautionnement.
Vous dites que des entreprises, à qui les producteurs vendent, n'ont pas de système de cautionnement. Selon moi, il s'agit d'une question de libre marché. Le producteur est conscient du risque encouru lorsqu'il vend à une entreprise qui ne dispose pas nécessairement de cautionnement.
Néanmoins, vous avez parlé d'un système d'assurance et des quelque 2 p. 100 d'investissement que cela pourrait représenter par opposition aux fonds de cautionnement qu'on vous demande aujourd'hui de réserver.
Parlez-vous d'un système d'assurance privé ou public? Ces deux systèmes sont très différents. Dans un système d'assurance privé, les coûts augmenteront considérablement lors d'un simple accident. Lorsque les coûts augmentent, c'est nécessairement celui qui est à la base, c'est-à-dire le producteur, qui devra les assumer. Même si l'entreprise en assumera une partie, il est évident que la majorité des coûts seront répercutés sur le producteur. Ils ne peuvent pas être répercutés sur l'acheteur, parce que c'est une question de concurrence. Il existe un problème si vous parlez d'assurance privée.
J'aimerais bien que vous me donniez, au nom de votre entreprise, votre vision personnelle des choses, à savoir ce que vous souhaiteriez en fait de système de cautionnement.
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Merci pour votre question.
Un cultivateur avait l'option de livrer son grain à une entreprise non titulaire d'une licence, à ses propres risques, et certaines personnes recommandaient que ce soit prévu dans le nouveau système. Pour le moment, l'assurance-risque pour le cultivateur consiste en un système de cautionnement. Autrement dit, je dois avoir, à n'importe quel mois donné, une caution suffisante en place pour couvrir mes obligations au cours de ce mois. Il est inexact de présumer qu'il existe une différence de coûts entre l'assurance-risque et le cautionnement, car on continue de couvrir le pourcentage des ventes. La seule occasion où il y a une différence, c'est lorsqu'un client dépasse les limites de sa caution; dans ce cas, la couverture n'est pas applicable au pourcentage exposé et l'agriculteur n'est pas couvert lorsque la déclaration n'est pas exacte ou lorsqu'il s'agit d'un système adopté par des sociétés non titulaires d'une licence.
En ce qui concerne l'assurance, j'estime qu'il faudrait porter principalement son attention sur le chiffre ou le pourcentage, car il variera probablement d'un client à l'autre. Ce peut être une assurance publique ou une assurance privée. Actuellement, c'est notre assurance à l'exportation qui nous couvre. Nous passons par Exportation et développement Canada pour assurer nos exportations. C'est la méthode que nous utilisons pour protéger nos investissements. Donc, à la livraison, c'est l'agriculteur qui assure son produit pendant cette période.
Je pense que les raisonnements au sujet des coûts sont très faussés. Lorsque je parle aux agriculteurs, ils disent qu'ils refusent de payer de l'assurance pour leur grain. Ce dont ils ne se rendent pas compte, c'est que le coût est inclus, à savoir que je paie l'assurance pour eux mais qu'ils la paient finalement eux-mêmes, ou bien alors les coûts sont partagés.
Je pense que le fait important que vous avez mentionné est qu'au cours des étapes initiales de tout programme, il y a un passif. Si le fonds n'est pas assez bien garni, l'assurance ne sera peut-être pas disposée à couvrir les risques énormes qui pourraient être en jeu. C'est alors le rôle du gouvernement de compenser la surexposition et de protéger tout en maintenant les redevances ou les primes à un niveau peu élevé.
Il est en outre important de savoir que si l'on compte apporter des changements très considérables dans notre industrie... Par exemple, en ce qui concerne l'éthanol et le biodiesel dont il est fait mention dans l'étude, cela représenterait 25 p. 100 de moins de blé exporté et quelque 30 p. 100 de moins de colza Canola. Et il s'agit uniquement de chiffres concernant le Canada; il ne s'agit pas de chiffres concernant ce qui se passera lorsque nous subirons des pressions des États-Unis car ils auront besoin de plus grandes quantités de notre grain. Certaines personnes estiment que nos échanges extérieurs se feront davantage du Nord vers le Sud qu'avec l'étranger.
Si nous voulons examiner la Commission canadienne du blé et les changements possibles, il est important de se demander quel serait le système le plus bancable et le plus simple.
Dans mon ancienne vie, j'étais un producteur et un acheteur de grains. Je voudrais faire un parallèle avec le Québec. En ce qui concerne la classification, c'est la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec qui forme les classificateurs qui sont responsables de leurs décisions. Les producteurs eux-mêmes peuvent aller s'inscrire à la régie et devenir classificateurs.
Aussi, au Québec, chaque fois que quelqu'un vend du grain, il est responsable de ce grain. L'acheteur peut toujours refuser le grain qu'il reçoit si son classificateur n'a pas produit le même classement que le vendeur. Par exemple, si je vends du maïs no 2, je dois fournir la pesée et le classement. Si mon acheteur fait un classement différent, à savoir que c'est du maïs no 3, un troisième classement doit automatiquement être fait par un classificateur indépendant. Ensuite, s'il y a toujours contestation, on soumet le cas à la régie. Il est très rare qu'on doive le faire. Seulement 3 p. 100 des classements sont soumis à un troisième classificateur, et environ 0,8 p. 100 des classements sont soumis à la régie. Cela permet de régler bien des problèmes dans plusieurs marchés.
Nous venons de l'Est, mais nous constatons que, dans l'Ouest, cela ne fonctionne pas de la même façon. Nous avons de la difficulté à cerner vos problèmes parce que nous fonctionnons d'une autre façon qui ressemble peut-être plus à celle des Américains, puisque nous achetons beaucoup de maïs américain.
En fait, notre classement est basé sur le poids spécifique, l'humidité, le grain cassé à l'intérieur du chargement. En ce qui concerne les protéines, etc., le classement est fait avec des commandes de grains qu'on appelle « grains à identité préservée du producteur ».
J'essaie d'établir un parallèle avec ce qui se passe dans l'Ouest, avec votre façon de faire la classification, qui nous occasionne des problèmes. En effet, il semble que dans l'Ouest canadien, on ne classe pas les grains de la même façon que le fait le marché mondial. Vous exportez votre grain à l'échelle du monde, mais votre système de classification ne semble pas reconnu mondialement. Les autres pays ont peut-être évolué et se sont mondialisés en matière de classification des grains. Ou est-ce parce que nous, au Canada, dans l'Ouest canadien, n'avons pas suivi la même tendance et que nous avons mis un frein à notre façon d'évoluer dans ce sens?