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ENGMonsieur le président et messieurs les membres du comité, merci de permettre à l'Association canadienne des carburants renouvelables de prendre la parole devant vous aujourd'hui.
L'ACCR est un organisme sans but lucratif dont la mission est de promouvoir les carburants renouvelables dans le domaine du transport par l'intermédiaire de la sensibilisation du consommateur et de la communication avec le gouvernement. Nous comptons parmi nos membres des représentants de tous les paliers de l'industrie de l'éthanol et du biodiésel, y compris des producteurs d'éthanol à base de grains et d'éthanol cellulosique, des producteurs de biodiésel, des chercheurs en technologie des carburants et des associations agricoles.
Un certain nombre de nos membres sont présents devant vous aujourd'hui : Bliss Baker, des Alcools de Commerce; Tim Haig, de Biox; et Jeff Passmore, de Iogen. Sont également présents Ron Wardrop et Rory McAlpine, d'Aliments Maple Leaf. Afin de tirer le meilleur parti du temps permis pour poser des questions, je ferai un seul exposé qui s'appliquera à bon nombre des personnes présentes.
J'aimerais également souligner que l'ACCR est en train de procéder à des consultations exhaustives sur les obstacles nuisant au développement d'une industrie dynamique des carburants renouvelables au Canada et sur les instruments économiques et réglementaires pouvant éliminer ces obstacles. Don O'Connor, spécialiste de renommée mondiale des carburants renouvelables, et Gil Assie, de Meyers Norris Penny, un cabinet de comptables dont le siège est à Saskatoon, dirigent ce processus de consultation, lancé, bien sûr, en réponse à l'engagement du gouvernement d'exiger que 5 p. 100 de carburants renouvelables soient présents dans l'essence et le diésel au Canada, notamment l'éthanol et le biodiésel, d'ici à 2010.
Il va sans dire que l'ACCR soutient avec enthousiasme l'engagement du gouvernement et est encouragée par l'appui dont il bénéficie de la part des gouvernements provinciaux et territoriaux. Nous pensons que tous les paliers du gouvernement sont non seulement intéressés par les avantages environnementaux liés à l'ajout de carburants renouvelables comme l'éthanol et le biodiésel, mais par les avantages économiques liés à la production de ces carburants au Canada.
Pour que des usines de fabrication d'éthanol et de biodiésel puissent être construites au Canada, il faudra un environnement économique et réglementaire concurrentiel par rapport aux autres compétences. Bien que je ne sois pas en mesure aujourd'hui de faire des recommandations précises sur la façon de procéder, vu que notre processus de consultation se terminera seulement le lundi 24 juillet 2006, je peux vous parler de certains des avantages pour notre économie en général, et notre secteur agricole en particulier, de produire ici, au pays, les trois milliards de litres de carburants renouvelables requis pour respecter l'engagement du gouvernement.
Permettez-moi de commencer en disant que l'industrie des carburants renouvelables peut devenir un élément à valeur ajoutée très important pour les produits agricoles primaires, arrivant en deuxième place seulement après l'industrie du bétail en ce qui a trait à la valeur et au volume. Pour soutenir cette déclaration, je devrais prendre un peu de recul et fournir quelques informations de base sur la façon dont l'éthanol et le biodiésel sont produits.
L'éthanol est un additif à base d'alcool que l'on mélange généralement à l'essence, notamment à teneur de 10 p. 100, mais cette teneur peut atteindre 85 p. 100 pour certains véhicules. L'éthanol est fabriqué à partir de charges d'alimentation renouvelable fortes en amidon ou en sucre, comme la canne à sucre, le maïs et le blé. Il existe aussi une nouvelle forme de production d'éthanol permettant de fabriquer le produit à l'aide de la cellulose présente dans les plantes, par exemple la paille de blé, la canne de maïs et le panic raide. C'est cette technologie qu'utilise Iogen, l'un de nos membres, pour fabriquer de l'éthanol dans son usine de démonstration, près d'Ottawa.
Au Canada, l'éthanol à base de céréales serait fait de maïs en Ontario et au Québec, généralement, et de blé dans l'ouest canadien. Un tiers de la production d'une usine à mouture sèche est de l'éthanol (environ dix litres par boisseau), un tiers est du CO2 industriel et un tiers, une forte protéine animale appelée drêche de distillerie.
Le biodiésel est au diésel ce que l'éthanol est à l'essence, mais il est fabriqué à partir de gras et d'huile comme l'huile de canola, les graines de soja et les gras et huiles recyclés. Bien que le biodiésel puisse être utilisé à 100 p. 100 dans les moteurs au diésel, les normes de l'ONGC ne prévoient qu'un mélange de 5 p. 100. La production de biodiésel est d'environ un litre par litre de gras animaux et le principal coproduit est la glycérine.
Le marché canadien de carburant pour le transport routier est d'environ 60 milliards de litres par année : 41 milliards de litres d'essence et 19 milliards de litres de diésel. Ainsi, une norme de 5 p. 100 de carburant renouvelable représenterait 3 milliards de litres par année. Si l'engagement du gouvernement de 5 p. 100 était tenu pour 500 millions de litres de biodiésel et 2,5 milliards de litres d'éthanol, nous pourrions créer un marché de 205 millions de boisseaux de maïs et de blé et d'environ 500 millions de litres de gras et d'huiles. Cela représente une quantité considérable de produits agricoles.
Les usines d'éthanol construites en Amérique du Nord ont généralement une production annuelle de 120 à 200 millions de litres. Le coût en capital étant de l'ordre de 0,75 à 1 $ par litre de production, une usine produisant 120 millions de litres coûterait de 100 à 120 millions de dollars canadiens à construire.
Une usine produisant 150 millions de litres créerait environ 160 nouveaux emplois: 40 directs et 120 indirects. Les emplois indirects se créeraient dans des secteurs comme le transport routier, la manutention des céréales et d'autres industries de services. Cela augmenterait le prix des produits locaux d'environ 0,10 $ le boisseau et injecterait quelque 75 millions de dollars par année dans les activités économiques locales. Cela signifie que les 2,5 milliards de litres d'éthanol prévus par l'engagement du gouvernement représenteraient environ 16 nouvelles usines d'éthanol, créeraient 2 500 nouveaux emplois, un investissement non renouvelable de 2 à 2,5 milliards de dollars et plus d'un milliard de dollars annuellement en activités économiques locales.
Aussi impressionnant que trois milliards de litres puissent paraître, ce n'est qu'une goutte dans l'océan dans le contexte d'un marché nord-américain qui devrait excéder 38 milliards de litres d'ici 2010. Aux États-Unis, l'industrie compte plus de 100 usines d'éthanol, et 30 sont en construction. Le marché de l'éthanol aux États-Unis devrait pratiquement doubler au cours des deux prochaines années. Quoi que beaucoup plus petit, le marché du biodiésel aux États-Unis représente environ 500 millions de litres aujourd'hui et devrait excéder deux milliards de litres au cours de la même période. Il existe donc une courbe de croissance accélérée pour les deux produits.
Cela promet un immense marché potentiel, lucratif avec une forte probabilité de croissance pour la production canadienne de carburants renouvelables. Cependant, si nous ne parvenons pas à mettre en place un environnement économique et règlementaire stable et concurrentiel pour les producteurs d'éthanol et de biodiésel, les céréales et les graines oléagineuses canadiennes risquent d'être transformées dans des usines situées aux États-Unis.
Quelle est notre capacité de produire ces carburants au-delà de la quantité requise pour respecter l'engagement de 5 p. 100 du gouvernement? Bien, aujourd'hui, le Canada produit environ 22 millions de tonnes de blé par année et en exporte environ 70 p. 100 dans d'autres pays, à des fins de transformation. Les 15 millions de tonnes de blé que nous exportons actuellement pourraient être transformés ici au pays, permettant de produire 5,5 milliards de litres d'éthanol. C'est beaucoup plus que la quantité nécessaire pour combler nos propres besoins. Cela représenterait un produit d'exportation lucratif vers des marchés comme celui des États-Unis.
La production de cette quantité d'éthanol nécessiterait 36 usines fabriquant 150 millions de litres par année. En utilisant la même méthodologie que tout à l'heure, cela se traduirait par un investissement en capital d'un peu moins de 5 milliards de dollars et créerait 5 760 emplois dans le Canada rural. Cela ne tient pas compte de l'utilisation d'acres de tiers pour cette nouvelle production, du passage à des variétés plus productives contenant plus d'amidon ni de l'utilisation de la grande quantité estimée de matières cellulosiques, qui devraient permettre de produire 10 milliards de litres additionnels d'éthanol par année.
Le potentiel du biodiésel est tout aussi intéressant. À elle seule, la production d'huile de canola au Canada varie entre 1,5 et 3 milliards de litres par année. Ajoutons à cela les gras animaux, les graisses recyclées et l'huile de soja, et le Canada a la possibilité d'être un producteur mondial de biodiésel.
En plus d'augmenter le prix des produits locaux, les usines d'éthanol et de biodiésel peuvent aussi aider à faire augmenter le prix à la ferme, les producteurs participant financièrement à ces installations de production. En effet, les agriculteurs et les gens d'affaires locaux possèdent environ 60 p. 100 de l'industrie de l'éthanol aux États-Unis. Toutefois, au désir d'avoir des propriétaires locaux correspond une réalité: la difficulté de se procurer des capitaux auprès des agriculteurs et des communautés rurales durement touchés par la diminution du revenu agricole et la réduction de leur population. Dans certains cas, des projets appartenant pleinement à des agriculteurs vont aller de l'avant; dans d'autres il faudra créer un partenariat avec des entreprises, et, finalement, dans d'autres cas encore, les projets seront entièrement réalisés par des entreprises.
Certains diront qu'il est possible de surmonter les problèmes de capitaux en construisant des usines plus petites, mais je me méfie de cette approche. De sérieuses économies d'échelle sont en jeu, à la fois dans la production d'éthanol et de biodiésel. Selon une récente analyse utilisant des modèles financiers sur le biodiésel et l'éthanol faite pour Ressources naturelles Canada, les usines fabriquant 200 millions de litres d'éthanol ont des coûts de production inférieurs de 15 p. 100 et un rendement sur les investissements pratiquement trois fois supérieur à une usine produisant 25 millions de litres par année. C'est également le cas pour le biodiésel. J'ai inclus des tableaux à ce sujet dans les documents que vous avez sous les yeux.
Ainsi, l'ACCR et ses membres pensent que la participation des producteurs agricoles devrait être encouragée. Cependant, le gouvernement ne devrait pas adopter de politiques encourageant la création d'une industrie inefficiente ou limiter la participation d'autres intervenants sur le marché.
Permettez-moi de terminer en disant que le fait d'avoir une industrie des carburants renouvelables dynamique représente de considérables avantages économiques et sociaux pour le secteur agricole et agroalimentaire. Donc, à cette fin, nous devons avoir une solide industrie reposant sur des fondements économiques et réglementaires efficaces, une industrie concurrentielle par rapport aux autres pays.
Il me fera plaisir de fournir des précisions au comité à la fin juillet, une fois nos consultations terminées.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis heureux de pouvoir vous adresser la parole.
Je représente un groupe qui s'appelle le Saskatchewan Ethanol Development Council et qui est une émanation d'un organisme appelé Saskatchewan Agrivision, dont je faisais directement partie. Nous sommes devenus très actifs auprès du gouvernement provincial en 2002, dans l'espoir de persuader le gouvernement de la Saskatchewan de devenir la première province canadienne à mettre en oeuvre dans la province ce que nous appelons un mandat pour l'éthanol. Nous avons réussi. Par la suite, le Manitoba et l'Ontario ont bien sûr adopté un modèle semblable.
L'Ethanol Development Council est une organisation sans but lucratif. Je suis fier que nous ayons des participants de tous les secteurs de l'économie canadienne. Ceux de la Saskatchewan comprennent bien sûr que beaucoup de nos groupes ont des points de vue divergents sur bien des questions différentes. Notre conseil d'administration est composé de représentants d'APAS, ou Agricultural Producers Association of Saskatchewan Inc., de SARM, ou Saskatchewan Association of Rural Municipalities, de l'Université de la Saskatchewan, d'Ag-West Bio Inc. ainsi que des premières nations. Pour tout vous dire, tout le monde souscrit à l'objectif des carburants renouvelables de la Saskatchewan rurale et à son importance pour notre économie.
Notre but est plus précisément de faire la promotion de l'éthanol. Nous pensons que le jour viendra où nous nous tournerons vers le biodiésel, mais nous estimons que l'éthanol représente une possibilité très intéressante pour nous dans l'Ouest du Canada. Nous croyons également qu'il y a certaines réalités qui touchent le secteur agricole sur lesquelles le comité doit porter son attention et qu'il doit comprendre.
En Saskatchewan, le secteur agricole est en état de crise. Quand on compare les revenus bruts par acre, ces revenus dépassent 1 000 $ en Ontario, au Québec, en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick, alors qu'en Saskatchewan, la moyenne est de 135 $ l'acre.
Pour résoudre les problèmes qui se posent dans le secteur agricole, il ne faut pas y aller par petites doses, mais bien avec une bonne dose de hardiesse. C'est justement là ce qui caractérise notre stratégie au Ethanol Development Council.
Les trois dernières années ont été les trois pires années de l'histoire de la Saskatchewan sur le plan des revenus nets. Au cours de cette même période, les agriculteurs américains ont connu les trois meilleures années de leur histoire, et le milieu agroalimentaire qui soutient l'agriculture a aussi connu les trois meilleures années de son histoire.
L'Ethanol Development Council estime que le gouvernement canadien doit faire preuve de hardiesse, c'est pourquoi nous réclamons que la proportion de carburant renouvelable soit fixée à 10 p. 100. À notre avis, il est tout à fait faisable de la faire passer à 5 p. 100 d'ici 2010, mais nous pensons que nous devrions fixer une proportion de 10 p. 100 d'ici 2015. Il est important que nous mettions l'accent là-dessus.
Si la norme était fixée à 10 p. 100 au Canada, il faudrait six milliards de litres de matières premières. Si l'éthanol était fabriqué uniquement à partir de céréales, cela voudrait dire qu'il faudrait quelque 600 millions de boisseaux de céréales. En supposant un rendement moyen de 30 boisseaux l'acre, il faudrait un million d'acres pour atteindre cet objectif — 20 millions d'acres, pensez-y, mesdames et messieurs. Voilà ce qu'il faudrait pour agir, non pas par petites doses, mais avec hardiesse. Étant donné que les terres de culture occupent 50 p. 100 de sa superficie, la Saskatchewan peut vraiment jouer un rôle d'importance capitale dans la réalisation de cet objectif.
Il faut aussi savoir ce que cela signifierait pour l'économie rurale et pour la création d'emplois. Je peux vous présenter des études économiques qui parlent des multiplicateurs sur le plan de l'emploi. Dans le secteur manufacturier traditionnel, le multiplicateur est de 3,5, alors que dans le secteur de l'éthanol, il est de 10. Cinquante emplois dans une usine d'éthanol donnent 500 autres emplois dans un rayon de 100 milles.
Il s'agit là d'emplois dans l'économie rurale. Ces emplois ne se retrouveraient pas dans les grands centres comme Winnipeg, Calgary, Saskatoon ou Regina, mais bien dans des localités de 3 000 habitants, où la création d'emplois est importante, où l'éducation est importante, où la stabilité démographique est importante pour assurer le maintien de l'assiette fiscale.
À notre avis, une norme de 10 p. 100 n'est pas du tout inatteignable. Nous sommes persuadés que cet objectif est tout à fait réalisable. En Saskatchewan, nous serons à 7,5 p. 100 cet été, lorsque la dernière née des usines d'éthanol au Canada entrera en activité à Lloydminster. Nous savons tous que le Brésil est à 40 p. 100; que les Américains sont à 4 p. 100, mais qu'ils se dirigent vers une proportion de 20 p. 100; que la Suède s'est donnée une norme de 100 p. 100; que l'Union européenne est à 5,75 p. 100 et qu'elle se désole de la lenteur des progrès. C'est la Chine qui va vraiment donner le ton dans les années à venir pour ce qui est de sa stratégie sur l'éthanol. À l'échelle mondiale, des pays comme l'Afrique du Sud, la Russie et d'autres ne cessent de progresser.
Les avantages pour l'Ouest du Canada seraient énormes à cause de notre situation géographique. Depuis toujours, on nous dit que nous sommes défavorisés du fait que nous sommes une région enclavée et que nous nous trouvons à 2 000 kilomètres des ports, mais l'éthanol nous place littéralement au centre de l'Amérique du Nord. Nous pouvons exporter vers l'est, vers l'ouest et vers le sud. Nous pouvons approvisionner les régions du nord-ouest du Pacifique à un meilleur prix que tous les producteurs du Nebraska, et je suis prêt à défendre énergiquement la viabilité financière de la production d'éthanol à partir de blé ou de céréales par rapport à la production à partir de maïs. Les possibilités sont très intéressantes.
Nous contestons également l'idée voulant que l'on déplace la capacité de production. Nous sommes persuadés que cette capacité devrait se retrouver là ou se trouvent les terres, et nous avons des arguments bien précis à offrir pour défendre cette position.
Si vous demandiez au Canadien moyen d'où vient l'éthanol, il vous répondrait qu'il vient du maïs. Or, il y a six usines d'éthanol en activité au Canada aujourd'hui, et deux des six produisent de l'éthanol à partir de maïs, tandis que les quatre autres utilisent du blé. La nouvelle usine qui doit ouvrir à Lloydminster utilisera du blé. Ainsi, d'ici à la fin de 2006, il y aura sept usines au Canada, dont cinq qui produiront de l'éthanol à partir du blé.
Les terres de l'Ouest du Canada représentent 86 p. 100 de notre superficie agricole et produisent 80 p. 100 des cultures du Canada. Le maïs représente 0,004 p. 100 de la production agricole. Dans l'Ouest du Canada, le blé est roi, les cultures céréalières dépassent largement toutes les autres, et nous pensons que cela nous offre des possibilités énormes.
Je veux aussi vous parler des technologies qui existent, qu'il s'agisse de technologies à base de céréales, de ce que nous appelons les technologies intégrées, qui sont rattachées aux parcs d'engraissement, qu'il s'agisse de la technologie du cellulose, ou encore de la technologie du gaz synthétique, ce gaz étant un produit des déchets de bois. En Saskatchewan, nous avons la possibilité d'avoir des usines qui utilisent les quatre types de technologies et d'être vraiment des chefs de file à l'échelle mondiale pour ce qui est de profiter des nouveaux débouchés qui s'offrent à nous.
Nous avons un savoir de calibre mondial dans notre province. La technologie de fermentation qui est utilisée dans le monde entier pour produire de l'éthanol à partir de céréales a été mise au point par Mike Ingledew, de l'Université de la Saskatchewan. Un nouveau procédé d'hydrolyse à partir d'amidon brut est en train d'être breveté en Saskatchewan, et ce nouveau procédé permettra de réduire les coûts énergétiques. Les nouvelles recherches sur le gaz synthétique qui sont en cours au Saskatchewan Research Council vont très loin à notre avis. Nous avons également le Crop Development Centre, dont nous pensons qu'il jouera un rôle clé dans la réussite du secteur des carburants renouvelables en Saskatchewan, parce que nous avons la volonté et la capacité d'obtenir des cultures à teneur élevée en amidon et à rendement élevé, deux éléments d'importance capitale à notre avis. Nous avons aussi le Prairie Feed Resource Centre, qui profitera des avantages respectifs des céréales entreposées en milieu sec et des céréales entreposées en milieu humide afin d'ajouter à la valeur du secteur de l'éthanol dans notre coin du monde.
Qu'attendons-nous au fait du gouvernement ou du comité? Ceux d'entre vous qui m'ont déjà entendu sauront que notre message, c'est que nous avons besoin de champions. Nous avons besoin de champions au niveau politique pour prendre le modèle proposé et le faire avancer. L'avenir de l'agriculture est en péril. L'avenir de la Saskatchewan est en péril, en ce sens que la province pourrait devenir aussi dépeuplée que l'intérieur de l'Australie si nous ne nous assurons pas de faire ce qui doit être fait pour avancer les choses. Nous ne pouvons pas y aller à petites doses.
Si vous pensez au défi de l'éthanol, vous devez tenir compte de ses trois différentes dimensions. La première dimension pour les producteurs primaires est de savoir ce que l'éthanol peut leur rapporter. Je vous dirai qu'en Saskatchewan, il faut mettre l'accent sur les nouvelles technologies de production céréalière ou les nouvelles variétés de céréales à rendement élevé qui permettront d'accroître le rendement financier par acre. Voilà la première dimension pour les producteurs primaires.
La deuxième concerne le transport. En Saskatchewan, il y a des endroits où le coût du transport dépasse la valeur du produit. Déjà, dans certains endroits, le coût du transport atteint presque 2 $ le boisseau. Cela se répercute directement sur la marge des producteurs primaires.
La troisième dimension est celle des collectivités et de la création d'emplois dans les collectivités. Sauf tout le respect que je vous dois, le grand capital ne viendra pas construire des usines d'éthanol dans des localités de 2 000 ou 3 000 habitants; il préférera s'installer sur une grande artère, près d'un grand centre. Cela ne contribuera en rien à améliorer la situation de l'emploi dans l'économie rurale.
Le dernier élément de cette troisième dimension est la propriété. Qui devrait être propriétaire de ces usines? Nous sommes persuadés que le gouvernement fédéral doit incorporer dans sa stratégie un parti pris en faveur des producteurs afin qu'ils puissent participer au cycle de propriété. Il a été question des Américains et du modèle américain. Si vous alliez sur le site de la Renewable Fuels Association des États-Unis où sont répertoriées les 101 usines en activité aujourd'hui, vous verriez un gros astérisque au bas de la page vous montrant lesquelles de ces usines appartiennent à des producteurs. Nous n'avons rien de tel au Canada, et je peux vous dire qu'il y a une seule usine au Canada aujourd'hui qui appartient à des producteurs.
Aux États-Unis, il y a une vingtaine d'autres usines qui, sans être la propriété de producteurs ou sans que les producteurs y aient un intérêt majoritaire, fonctionnent selon un modèle de propriété où les producteurs jouent un rôle. Ainsi, les producteurs jouent un rôle très important dans la propriété des usines d'éthanol aux États-Unis. Nous qui sommes réunis dans cette salle devons réfléchir à cela et à ce qui doit se faire ici.
Que doit faire le gouvernement fédéral? Tout d'abord, il doit se servir d'outils financiers et fiscaux, qui ne lui coûtent rien, mais qui constituent des éléments de passif éventuels. Je dirais toutefois que le pari des carburants renouvelables est sans doute un des paris les plus avantageux que nous ayons fait. N'oubliez pas non plus qu'il n'y a jamais eu un secteur de notre économie où le gouvernement fédéral n'ait pas eu un rôle important à jouer. Il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé il y a 130 ans dans le cas des chemins de fer ou encore ce qui se passe aujourd'hui dans le secteur automobile ou dans celui des sables bitumineux: les gouvernements jouent un rôle important dans le développement des secteurs industriels.
Il y a aussi les subventions d'équipement. Je tiens notamment à bien faire comprendre au comité que le gouvernement doit cesser d'élaborer ses programmes en essayant de juger qui seront les gagnants et qui seront les perdants. Les programmes des produits de base de la Commodity Credit Corporation sont au nombre des meilleurs programmes qui existent aux États-Unis; ce sont des programmes qui permettent aux promoteurs de construire des usines. C'est aux banquiers et aux propriétaires des usines qu'il appartient de décider quelles sont les usines qui seront construites. À la fin de la période de 12 mois, le promoteur reçoit un chèque de la Commodity Credit Corporation qui correspond à environ 12 p. 100 de la valeur en capital de l'usine. C'est comme cela qu'il faudrait faire ici, pour que nous puissions éviter que le débat ne soit centré sur les économies d'échelle, car malgré tout le respect que je vous dois, je suis prêt à débattre de la question des économies d'échelle avec quiconque se trouve ici dans la salle.
La USDA a quatre types de programmes. Il y a d'abord le programme des garanties de prêt hypothécaire, pour lequel il faut payer une prime de 2 p. 100. Il y a ensuite le programme d'achat d'actions dans des coopératives rurales, qui permet aux agriculteurs, aux producteurs primaires, d'investir dans des entreprises à valeur ajoutée. Le montant est généralement de 400 000 $, mais dans certains États, il peut atteindre 750 000 $ pour un investisseur en particulier. Ensuite, il y a les programmes de la USDA Commodity Credit Corporation dont je vous ai parlé. Enfin, le fisc américain accorde chaque année un crédit d'impôt à l'investissement de 1,5 million de dollars à une entreprise qui est la propriété de producteurs.
Qu'avons-nous aujourd'hui au Canada? Rien encore, mais j'ai confiance que votre groupe va appuyer les mesures que nous devons prendre.
J'ai assisté récemment à une conférence — réunissant quelque 2 000 délégués — on affichait complet — où le secrétaire à l'agriculture implorait les agriculteurs de jouer un rôle plus actif, d'axer davantage leurs efforts sur la propriété. Soit dit en passant, l'agriculteur américain moyen a un taux d'endettement d'environ 13 p. 100. En Saskatchewan, le taux d'endettement des agriculteurs est faramineux.
Enfin, ce qui compte pour nous, c'est l'avenir de l'agriculture dans notre province. Cela ne concerne pas que le Manitoba ou l'Alberta. Nous avons constaté un certain rehaussement des prix des céréales ces jours-ci, mais — et M. Easter le confirmera — les prix des cultures au Canada sont tels que la rentabilité est hors de portée pour nos agriculteurs depuis le milieu des années 70 environ. Nous vivons une situation de crise, mesdames et messieurs. Les carburants renouvelables représentent une occasion extraordinaire.
Je vais conclure en vous parlant de ce qu'un secteur de l'éthanol dynamique qui privilégierait le modèle du producteur propriétaire pourrait apporter à l'agriculture de l'Ouest du Canada. Qu'est-ce qu'une économie émergente implantée dans notre territoire pourrait faire pour ma province? La réponse est simple: tout.
Voilà, monsieur le président, ce qui se passe en Saskatchewan. Nous assistons à la naissance du secteur de l'éthanol. Nous y tenons beaucoup, et nous vous demandons votre appui. C'est là que se trouvent les solutions, et les possibilités à notre avis sont énormes.
Cela dit, je vous remercie, monsieur le président, et je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Merci, messieurs, de votre présence ici et merci de vos excellents exposés.
Vous ne l'avez pas encore vu, du moins je ne pense pas, mais Jean-Denis Fréchette, de la Bibliothèque du Parlement, a rédigé, lui aussi, un excellent document sur les biocarburants.
C'est étonnant de voir la capacité de production qui est actuellement en place aux États-Unis. Voyons quels sont les chiffres. Aux États-Unis, la capacité de production déjà existante ou sur le point de l'être est d'environ 21 milliards de litres, alors que nous atteignons à peine 1 milliard à l'heure actuelle. L'écart entre le Canada et les États-Unis est bien plus important qu'il ne devrait l'être. Nous devrions à tout le moins être à 10 p. 100 de leur capacité de production.
Un certain nombre d'entre vous ont parlé de valeur ajoutée, et je me demande en fait comment, dans l'élaboration de nos politiques, nous pouvons nous assurer que les producteurs sont payés pour la valeur réelle de la matière brute qui est utilisée? À 0,10 $ le boisseau, on est très loin du compte, et on ne va certainement pas régler les problèmes du secteur agricole.
Monsieur Teneycke, dans le dernier paragraphe de votre exposé, vous avez parlé des avantages socio-économiques. Ces avantages existent bel et bien; cela ne fait aucun doute. Vous avez toutefois poursuivi en disant que, pour concrétiser ces avantages, notre secteur doit être concurrentiel par rapport à ceux d'autres pays et il doit pouvoir compter sur un fondement économique et réglementaire solide.
Voilà où le bas blesse. La politique agricole des États-Unis permet aux usines d'acheter la matière brute dont elles ont besoin à un prix inférieur à sa valeur, car les producteurs sont indemnisés par le gouvernement pour leur manque à gagner.
L'autre aspect du problème concerne l'avoir propre ou la propriété, mais je ne veux pas engager la discussion là-dessus pour l'instant.
Au Canada, nous avons une politique agricole bien différente — et je ne critique pas plus le gouvernement au pouvoir que celui dont nous avons nous-mêmes fait partie — ce qui crée des difficultés des deux côtés. Nous ne pouvons pas être concurrentiels si nous devons payer nos producteurs plus cher que ce que les États-Unis payent pour la matière brute qu'utilisent les usines. Nos producteurs ne peuvent pas survivre non plus si nous ne faisons pas en sorte d'augmenter le prix de la matière brute qu'utilisent les usines.
D'après vous, y aurait-il un moyen de se sortir de cette impasse?
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Certainement, j'aimerais faire un commentaire.
Tout d'abord, Kory, je vous signale que nous avons 65 millions d'acres de terre arable en Saskatchewan et 35 millions d'acres de culture; cela fait bien de la superficie.
La disponibilité du maïs donne lieu à un débat très intéressant. Nous pensons que la Saskatchewan est la seule province canadienne qui soit exportatrice nette de grains de provende, ce qui nous donne un avantage certain.
J'aimerais revenir sur la question de la propriété des producteurs, et faire quelques commentaires à ce sujet. Tout d'abord, les capitaux vont là où le rendement est le meilleur. Sauf votre respect, c'est bien beau sur le papier, mais ça n'est pas la réalité actuelle aux États-Unis. Les usines d'éthanol se construisent dans des localités où les grandes multinationales n'en construiront jamais. Elles se construisent grâce à la volonté des habitants de l'endroit.
Il y a une chose que l'on n'a pas dite à propos des producteurs. J'ai tenu à traverser tous les États-Unis pour visiter les usines d'éthanol appartenant à des groupes de producteurs. Elles ont le point commun suivant: Harry apporte 50 000 boisseaux de maïs à l'usine d'éthanol et se fait payer 2,25 $ — en fait, je vais vous donner l'exemple spécifique d'une usine du Minnesota. Deux fois par an, le producteur reçoit de l'usine d'éthanol un document où il lit : « Harry, vous avez amené 50 000 boisseaux de céréales qui vous ont été payés à 2,25 $ le boisseau; vous avez également reçu un dividende sur les six derniers mois, ainsi qu'une part de l'immobilisation de l'usine, qui s'est appréciée. Harry, vous avez reçu non pas 2,25 $, mais 8,07 $ du boisseau ».
Si l'on veut vraiment faire quelque chose pour les producteurs, il faut les faire entrer dans la hiérarchie de la valeur ajoutée, et non pas en tant que minoritaires. Ils doivent être majoritaires et gérer eux-mêmes l'usine qu'ils possèdent. Voilà un premier élément. C'est ce dont je suis convaincu. Il me semble essentiel de saisir cette occasion.
La principale question pour nous tous, c'est de savoir comment y parvenir. Le modèle américain présente des différences considérables avec le nôtre. Les Américains bénéficient d'énormes programmes de garantie de prêts. Quant au gouvernement fédéral, il ne permet de comptabiliser que 10 p. 100 du coût du passif éventuel. Dans notre pays, il faudrait pouvoir comptabiliser 100 p. 100 du coût du passif éventuel. Je trouve la situation actuelle inappropriée. Voilà ce que j'en pense, monsieur Easter.
La dernière chose dont j'aimerais parler du point de vue des producteurs primaires, en particulier ceux du Canada rural et de l'Ouest, monsieur Easter, c'est la question de la Commission canadienne des grains et des variétés spécifiques qui devraient, à notre avis, être rapidement rentables dans l'industrie de l'éthanol. On peut aujourd'hui cultiver des espèces qui ont un rendement de 70 à 90 boisseaux à l'acre en terre sèche, ce qui dépasse de loin les 30 à 40 boisseaux à l'acre du blé dur de printemps. Nous contestons l'enregistrement de la distinction visuelle des grains et nous avons quelques problèmes à régler avec la Commission canadienne des grains, mais les producteurs ont là une occasion en or à saisir; dans l'exemple de la Saskatchewan, on pourrait passer rapidement d'un revenu brut de 135 $ l'acre à 300 $ l'acre.
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Permettez-moi de dire tout d'abord que tous les membres du comité sont invités à visiter l'usine. Iogen a des installations ici même à Ottawa. Si vous voulez venir visiter le site d'une usine de démonstration d'éthanol, bon nombre de vos collègues l'ont déjà fait par le passé.
Quant à votre question au sujet des subventions des combustibles fossiles conventionnels par opposition à ce qu'on appelle les subventions des nouvelles sources d'énergie et de l'énergie renouvelable, qu'il s'agisse de l'éthanol ou d'autres sources d'énergie, les gouvernements doivent se demander quels sont leurs objectifs de politique générale. De nombreux membres du personnel politique m'ont dit par le passé qu'après une vingtaine d'années de subventions des combustibles fossiles conventionnels, la seule façon d'égaliser les choses serait de s'orienter vers l'énergie renouvelable de façon à ce que les mêmes règles s'appliquent au cours des prochaines années.
En tant que gouvernement, demandez-vous quelles sont vos objectifs stratégiques. Le principal instrument que le gouvernement fédéral a à sa disposition pour atteindre ses objectifs et ses buts stratégiques est la politique fiscale.
Pour ce qui est de suivre les Américains, M. Easter n'a pas posé cette question, mais il y a fait allusion lorsqu'il a parlé d'un environnement concurrentiel. Je parlerai de la question de la cellulose, car il n'existe aucune industrie d'éthanol produit à partir de cellulose dans le monde. Il n'y en pas aux États-Unis et il n'y en a pas au Canada, de sorte que nous devons commencer à partir du même point de départ.
Qui est celui qui appuie le plus l'éthanol produit à partir de cellulose dans le monde d'aujourd'hui? C'est le président des États-Unis, un républicain, un pétrolier du Texas qui a dit dans son discours sur l'État de l'Union qu'il faut produire de l'éthanol non seulement à partir des sources conventionnelles, mais à partir de nouvelles sources comme le maïs, les copeaux de bois, le panic effilé, qui sont tous des formes de cellulose.
Que font-ils pour y arriver? Comme je l'ai dit, aucune usine n'a été construite, ni aux États-Unis, ni au Canada, mais les États-Unis, tout comme le Canada, appuient la R.-D., mais en plus accordent des subventions, ce que le Canada ne fait pas. Les États-Unis ont adopté un régime fiscal qui utilise des garanties de prêt comme moyen de couvrir le risque dans le secteur privé. Ils ont en fait constitué un compte d'affectation qui se remplace d'ici 2013. Ils veulent qu'un milliard de litres d'éthanol produits à partir de cellulose soient sur le marché d'ici 2013.
Le Canada n'a pris aucune mesure de ce genre. Nous devons nous demander comment nous voulons lancer cette industrie.
En ce qui concerne le revenu des agriculteurs, les gens disent qu'on ne peut les convaincre de vendre de la paille. Nous avons mis cela à l'essai. Nous sommes allés voir des agriculteurs en Idaho, en Alberta et en Saskatchewan. Ils reçoivent 10 $ l'acre de plus en revenu avant d'être payés pour mettre le matériel en balles et l'envoyer par camion. Ils reçoivent 10 $ pour la paille qu'ils laissent en andin.
Ont-ils trouvé cela intéressant? Eh bien, 600 agriculteurs de Birch Hills en Saskatchewan ont décidé de participer.
Pour répondre à ce que Lionel disait au sujet des petites collectivités, et quelle est la population de Birch Hills? Est-ce 3 000?