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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vais permettre aux autres témoins de se présenter.
Je voudrais remercier M. Howard Mains, de l'Association des fabricants d'équipement, de s'être joint à nous. Nous essayons de travailler en étroite collaboration avec les fabricants du Canada quand nous abordons des questions qui sont importantes pour nos deux organisations.
Tout d'abord, je désire remercier le comité de m'avoir invité à comparaître au nom des concessionnaires de machinerie agricole, qui sont plus de 800 au Canada. Au Canada, les concessionnaires sont représentés par trois associations régionales et une organisation internationale. Toutes sont représentées aujourd'hui.
Les administrateurs qui siègent aux conseils de ces associations sont élus par les concessionnaires dans leurs régions respectives. De plus, les trois organisations canadiennes font partie d'un regroupement de 18 associations, la North American Equipment Dealers Association.
Je vais demander à chacun des représentants de se présenter et de nous donner un bref aperçu des activités de son association. Commençons par M. Bob Frazee, qui est président de la North American Equipment Dealers Association.
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Bonjour, je m'appelle Peter Maurice. Même si je porte un nom anglais, je travaille au Québec. Je suis le directeur général de L'Association des Marchands de Machines Aratoires de la Province de Québec. L'association, qui est un organisme à but non lucratif, a été fondée en 1949. Sa mission consiste à compiler des statistiques et des renseignements sur la machinerie aratoire au Québec, obtenir la plus grande coopération des marchands dans les diverses régions de la province et promouvoir la vente et l'utilisation de la machinerie aratoire au Québec.
Notre association a été fondée dans le but de regrouper tous les concessionnaires de machinerie agricole de la province. Nous sommes une source d'information et nous offrons à nos membres des services tels que les programmes d'assurance-groupe, d'assurance générale ainsi que les formulaires légaux dont ont besoin les concessionnaires.
Au total, il y a environ 160 concessionnaires de machinerie agricole au Québec. Un peu plus de 3 000 employés travaillent chez ces concessionnaires. La taille de ceux-ci varie, et le nombre d'employés par concessionnaire varie en conséquence, en l'occurrence de 5 à 125. Dans les ateliers, en 2006, le taux horaire moyen demandé aux cultivateurs était de 60 $ l'heure. Dans certaines régions, le taux horaire était de 66 $ l'heure. Au Québec, le taux horaire moyen versé aux mécaniciens est d'environ 16 $ l'heure. La langue utilisée est le français, et nos clients sont tous francophones. Tous les documents et l'information que nous transmettons à nos membres sont donc en français.
Au nom des membres concessionnaires agricoles du Canada, nous sommes heureux de faire cette présentation devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire afin que le gouvernement en prenne connaissance.
Je vais maintenant parler de la place du Canada dans un monde concurrentiel.
Les membres de notre association vendent de l'équipement principalement destiné à un usage agricole. Ils sont sensibles aux besoins des agriculteurs en matière de changement et de démographie. Nous avons constaté que l'équipement offert pour la vente avait beaucoup progressé sur le plan technologique. Comme les membres du comité le savent, l'agriculture est aujourd'hui très différente de ce qu'elle était il y a 30 ans, 20 ans voire 10 ans.
Cependant, nous croyons que les politiques gouvernementales qui touchent notre industrie n'ont pas changé assez rapidement. Par conséquent, dans le cadre de notre présentation devant ce comité, nous voudrions faire état de la situation de notre industrie et, à l'étape de la conclusion, porter quelques recommandations à l'attention du comité.
Merci.
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Chaque année, on reçoit un numéro spécial du bulletin Ag Equipment Intelligence qui présente les résultats d'un sondage effectué auprès des différents concessionnaires partout au Canada et dont le but est de déterminer comment se portera le marché au cours de la prochaine année. Les résultats de ce sondage et les rapports émanant des diverses réunions de concessionnaires nous portent à croire qu'il est fort probable que le secteur de la vente de machinerie agricole connaîtra une croissance en 2007.
Nous pensons que les activités des concessionnaires de machinerie agricole et leurs chiffres d'affaires reflètent avec justesse la santé économique du secteur agricole au Canada. Nos chiffres d'affaires dépendent de plusieurs facteurs, dont les plus importants sont les conditions climatiques et le prix des denrées. Si les conditions climatiques sont bonnes et permettent aux agriculteurs d'ensemencer leurs champs, nos membres vendront de l'équipement agricole. De plus si le prix des denrées est élevé, nos clients achèteront de la machinerie. Quand les bonnes récoltes vont de pair avec des denrées se vendant à prix fort, cela se traduit par une augmentation marquée du chiffre d'affaires de nos membres.
L'année 2006 a été bonne pour nos membres. Ainsi, pour chaque catégorie de machinerie agricole répertoriée par l'Association of Equipment Manufacturers, les ventes ont augmenté en 2006 par rapport à 2005. En 2006, il s'est vendu 19 375 tracteurs au Canada. Je précise qu'il s'agit de tracteurs neufs. Il s'agit d'une augmentation de 11,6 p. 100 par rapport à 2005. De plus, les concessionnaires canadiens ont vendu 1 583 moissonneuses-batteuses neuves en 2006, soit une petite augmentation de 1,2 p. 100 par rapport à 2005. Cet accroissement n'est pas énorme mais il est encourageant étant donné que notre secteur fait face à la consolidation des exploitations agricoles à l'échelle du Canada en raison de phénomènes comme la croissance de la population et l'expansion des zones urbaines qui ont fait chuter la superficie des terres cultivées.
Pour ce qui est de 2007, les concessionnaires canadiens se montrent sensiblement optimistes et s'attendent à ce que leurs chiffres d'affaires augmentent: 51 p. 100 d'entre eux ont indiqué que leurs ventes augmenteraient de façon significative en 2007. L'ensemble de nos membres s'attend à ce que les tracteurs, dans toutes les tailles, se vendent aussi bien, sinon nettement mieux, qu'en 2006.
Pour ce qui est des autres engins agricoles, d'après nos membres, il devrait y avoir de solides augmentations dans presque toutes les catégories. Les GPS, les chargeurs, les presses à balles cylindriques et l'équipement pour pelouses et jardins mèneront au bal. Les ventes de moissonneuses-batteuses devraient rester stables.
Seuls les instruments de travail du sol, à savoir les cultivateurs, les charrues et les disques, devraient se vendre moins bien. Ce phénomène s'explique non par le manque de confiance dans le secteur mais plutôt par les pratiques de rétention d'humidité et de conservation du sol qui évoluent.
Toujours d'après notre sondage, les concessionnaires n'ont pas l'intention de diminuer leurs dépenses en capital en 2007. En fait, un nombre important de nos membres pensent accroître leurs dépenses en capital de plus de 10 p. 100. De façon générale, ce sont tous les secteurs de notre champ d'activité qui vont bénéficier de cette augmentation des investissements. Ce sont les services d'entretien qui enregistreront l'augmentation la plus marquée. En effet, nos membres amélioreront leurs installations et leurs véhicules de dépannage et ajouteront des techniciens.
Une fois que notre mémoire aura été traduit, il sera distribué. Vous y trouverez une ventilation par région, des questions d'intérêt et des inquiétudes de nos membres pour 2007 ainsi qu'une ventilation par province qui sera ajoutée à titre d'information.
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Notre industrie est en transition depuis des années. Les progrès dans les pratiques agricoles, la diminution du nombre d'agriculteurs et l'arrivée de nouvelles technologies ont eu une incidence majeure sur notre secteur. Les réseaux de concessionnaires ne cessent de se regrouper et les concessions ont été obligées de fusionner entre voisins pour réduire leurs coûts et rester rentables.
De plus, les constructeurs souhaitent regrouper davantage le réseau de concessionnaires et s'y emploient sur le marché. Nombre de nos membres considèrent que c'est une occasion de se développer. C'est un enjeu important et toutes nos associations essaient d'aider les concessionnaires dans cette transition. Nous devons d'ailleurs vous informer que c'est une tendance qui semble là pour demeurer un certain temps et que nous n'avons pas l'intention d'intervenir.
Les prévisions de 2007 se penchent également sur des questions de la plus haute importance. Le plus gros défi pour les concessionnaires canadiens est le défi humain. Nous avons énormément de mal à recruter et à conserver nos employés, en particulier chez nos techniciens. Dans nos prévisions de 2007, près de 72 p. 100 des concessionnaires canadiens considèrent que la disponibilité de techniciens sera leur plus gros problème.
Pour la plupart, nos membres se trouvent dans des régions rurales et, dans bien des cas, ce sont les plus gros employeurs locaux. Néanmoins, nous constatons qu'il est de plus en plus difficile de trouver du personnel et nous estimons actuellement qu'il existe plus de 1 000 offres d'emploi de techniciens au pays pour lesquels on ne voit pas pour le moment de candidats.
Nos trois associations canadiennes ont entrepris des démarches intéressantes pour essayer de remédier à ce problème. Elles ont notamment décidé d'aller recruter à l'étranger, de créer des bourses, de parrainer directement des étudiants, de réaliser des vidéos professionnelles, de partager les coûts des manuels scolaires, de faire la promotion du métier et de créer des partenariats avec des collèges régionaux. Ce ne sont là que quelques exemples.
Nous nous employons activement au recrutement de personnel depuis 10 ans et jusqu'ici nous y avons consacré plus de 500 000 $. Nous espérons que le comité voudra bien soutenir nos efforts de création et de maintien d'emplois dans ces entreprises rurales.
Permettez-nous de signaler un dernier point important dans la perspective 2007. Seulement 14 p. 100 de nos membres au Canada considèrent que le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole est ce qu'il y a de plus inquiétant et 57 p. 100 ne s'en préoccupent absolument pas.
Bien que notre secteur est satisfait toute l'assistance fédérale au secteur agricole dont bénéficient nos clients, notre sondage révèle que les niveaux d'assistance sont moins importants aujourd'hui qu'ils ne l'étaient par le passé. Nous reconnaissons toutefois que cette opinion peut changer d'une année sur l'autre.
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Cela dit, nous comparaissons aujourd'hui pour demander au comité de nous aider sur cinq points importants pour les concessionnaires de machinerie agricole.
Tout d'abord, nous avons demandé que le ministère des Finances augmente la déduction pour amortissement (DPA) sur le matériel agricole neuf jusqu'à 40 p. 100 la première année plutôt que 30 p. 100 aujourd'hui. Ceci concerne les investissements dans du matériel agricole neuf.
Notre organisation a présenté sa demande au comité permanent des finances en 2006 et on y a fait allusion dans le rapport prébudgétaire présenté à la Chambre des communes. Le rapport du comité, dans sa recommandation numéro 24, dit ceci:
... si un amortissement accéléré permettrait d’accroître la productivité. S’il en arrive à cette conclusion, il faudrait modifier le taux de déduction pour amortissement.
Nous estimons que le marché actuel permet un renouvellement plus rapide du matériel et que le taux de 30 p. 100 ne reflète plus le contexte actuel. Une DPA de 40 p. 100 est prévue pour les gros camions et la même chose devrait être offerte pour le matériel agricole.
En outre, des initiatives récentes aux États-Unis ont provoqué une accélération rapide de la période d'amortissement. La North American Equipment Dealers Association a lancé une initiative visant à ce que le matériel agricole soit entièrement amorti sur une période de cinq ans plutôt que sur la période actuelle de sept ans et Washington ne semble pas hostile à ce message. Un tel changement au Canada profiterait à tous les secteurs de matériel agricole, qu'il s'agisse de constructeurs, de concessionnaires ou de consommateurs, mais les plus gros bénéficiaires seraient nos clients agriculteurs. L'agriculteur d'aujourd'hui et l'agriculteur novateur de demain remplacent l'un et l'autre leur matériel plus rapidement que par le passé et il serait ainsi normal d'accélérer l'amortissement en conséquence.
Un autre avantage serait pour l'environnement. Au fur et à mesure que du matériel agricole plus économique et perfectionné arrive sur le marché, il remplace l'ancien matériel gros consommateur d'énergie. Une accélération de la DPA pour le matériel agricole nous permettra de rester concurrentiels sur la scène internationale.
Nous espérons que le comité nous soutiendra devant le ministère des Finances.
Nos deuxième et troisième recommandations portent sur des aspects environnementaux. Nous demandons que le comité propose et appuie l'adoption d'un programme qui offrirait des incitatifs financiers aux agriculteurs qui remplaceraient, renouvelleraient et rendraient plus écoénergétiques leurs vieux moteurs diesel.
Nous nous inspirons d'un programme qui existe actuellement aux États-Unis pour réduire les émissions des moteurs diesel. Nous estimons que les constructeurs, les concessionnaires et nos clients agriculteurs sont prêts pour une telle initiative; toutefois, ce qu'il faut, c'est un incitatif. Nous comptons sur le comité à cet égard puisque cela mettrait le Canada au rang des pays qui s'efforcent de réduire la pollution émanant du matériel agricole.
Toujours sur le thème de l'environnement, nous tenons à signaler au comité que les filiales canadiennes de la North American Equipment Dealers Association sont très favorables à la création et au développement d'une industrie viable des biodiesels au Canada et nous demandons que les incitatifs offerts aux États-Unis soient également offerts au Canada afin d'encourager ce phénomène.
Outre l'intérêt que cela présente pour l'environnement, ces nouvelles industries du biodiesel et de l'éthanol ont fait une nouvelle demande pour les produits de nos clients. Le coût des produits de base a augmenté au cours de l'année, en partie du fait des initiatives de biodiesel lancées au Canada et aux États-Unis. C'est certainement ce qui explique entre autres l'optimisme de nos membres. Nous espérons que ce n'est pas un phénomène à court terme mais nous croyons que les incitatifs offerts au Canada devraient être les mêmes que ceux qui sont offerts aux États-Unis si nous voulons que le secteur des biodiesels survive à long terme.
Notre quatrième recommandation au comité est également d'ordre financier et porte sur le plafond d'exonération fiscale des gains en capital. Nous recommanderions que celui-ci soit porté à 750 000 $ du fait que nos entreprises se regroupent. Ça devient un problème plus important dans notre secteur.
Nous estimons que le plafond de 500 000 $ est désuet et qu'il devrait davantage refléter l'économie d'aujourd'hui et les dimensions de nos entreprises puisque chaque année il y en a davantage parmi celles qui sont vendues qui dépassent ce plafond. Nous présenterons également cette recommandation au ministère des Finances. Nous espérons que le comité voudra bien nous appuyer.
Notre cinquième et dernière recommandation porte sur la pénurie de techniciens. Nous demandons l'appui du comité pour mettre sur pied des programmes et nous aider à recruter et à conserver nos techniciens pour que nos membres puissent assurer convenablement le service après vente du matériel que nous vendons à nos clients agriculteurs. Nous recommandons que des programmes viennent aider à recruter à l'étranger, à former des techniciens, en tenant compte de la vie rurale et en offrant des crédits d'impôt pour les achats d'outils que doivent faire tous les techniciens.
Pour finir, nous espérons que l'année 2007 sera une bonne année pour le secteur des machines agricoles, une année positive pour les agriculteurs canadiens, les concessionnaires et les constructeurs canadiens.
Au nom de nos membres concessionnaires partout au pays, nous tenons à remercier le comité de nous avoir donné cette occasion de s'adresser à lui et nous sommes à sa disposition pour répondre à ses questions et recevoir ses commentaires.
Merci.
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Monsieur le président, merci, et merci, John, de vos aimables commentaires.
Il est important de noter que les concessionnaires et les constructeurs ont tous un objectif commun, à savoir d'offrir les machines voulues aux agriculteurs et de s'assurer que ce matériel fonctionne quand ils doivent s'en servir.
Je dirai d'abord quelques mots de l'Association of Equipment Manufacturers. C'est l'association professionnelle qui représente les secteurs de matériel agricole, forestier, minier et de construction. Outre les constructeurs de matériel canadien, tels que MacDon, à Winnipeg, il y a quelque 700 autres membres qui construisent des tracteurs, du matériel aratoire, du matériel électronique et du matériel de récolte dont dépendent les agriculteurs canadiens pour semer et récolter.
Je voudrais vous entretenir cet après-midi de cinq domaines qui peuvent vous intéresser. Très brièvement, il y a d'abord l'historique des ventes. Je vous ai fait distribuer un tableau qui montre les ventes des 20 dernières années en matériel agricole au Canada, ou plutôt des ventes de tracteurs et de moissonneuses-batteuses. Vous constatez que ce n'est pas un marché qui se développe rapidement, sauf dans les secteurs qui semblent servir des superficies plus importantes. D'autre part, ces chiffres de ventes suivent pratiquement les tendances du marché, regardez la crise de l'ESB en 2003-2004, vous voyez ce que cela a représenté pour les ventes de tracteurs et de moissonneuses-batteuses.
Nous sommes tous ici bien au courant de l'amélioration énorme de la productivité des agriculteurs canadiens au cours des 40 dernières années. Des études effectuées au Centre George Morris de l'Université de Guelph révèlent que les agriculteurs ont été aussi innovateurs et efficaces dans leurs gains de productivité que tous les autres grands secteurs industriels en Ontario. Nos agriculteurs peuvent être très fiers de cela.
Ces gains de productivité résultent d'une foule de progrès technologiques différents. Par exemple, si je continue à traire les vaches dans le comté de Lanark à 45 minutes d'ici, j'envisagerais probablement d'acheter un robot pour le faire, comme l'ont fait certains de mes voisins qui sont toujours dans ce secteur.
Un autre bond de productivité énorme est venu de l'application de la technologie du GPS à l'agriculture. Les systèmes de précision qui existent maintenant — les systèmes de direction assistée, les systèmes de contrôle pour semer, l'utilisation d'engrais et de pesticides et les rendements des récoltes, tout cela permet aux agriculteurs de diminuer leurs coûts d'intrant tout en réduisant les répercussions environnementales et en optimisant le revenu tiré d'un acre de terre. Ainsi, les systèmes agricoles de précision permettent de faire face aux problèmes économiques et environnementaux que rencontrent les agriculteurs d'aujourd'hui.
Les fabricants de moteurs ont également beaucoup amélioré le rendement énergétique. C'est une des raisons pour lesquelles nous demandons que les taux de DPA soient accrus. D'après le laboratoire de test de tracteur de l'Université du Nebraska, le rendement énergétique moyen en 1981, et je vous prie de m'excuser d'utiliser cette mesure, mais c'est ainsi qu'ils s'y prennent et ceux d'entre nous qui sont agriculteurs savent un peu de quoi je parle, était de 12,2 chevaux à l'heure par gallon. Compliqué, n'est-ce pas? Pour ce qui est des dernières technologies, l'année dernière, Deere a fait subir à un de ses tracteurs le test de tracteur du Nebraska et a obtenu le résultat de 18,7 chevaux à l'heure par gallon, soit une amélioration de 50 p. 100, tout en respectant les règlements du niveau trois de l'EPA en ce qui concerne les émissions.
Grâce à ces améliorations technologiques constantes, non seulement pour les tracteurs mais pour l'ensemble du matériel agricole, les agriculteurs canadiens remplacent beaucoup plus rapidement leur matériel. Par le passé, les agriculteurs novateurs remplaçaient peut-être leurs tracteurs tous les cinq à sept ans. Cela dépend, mais nous arrondissons. Aujourd'hui, et les concessionnaires sont bien au courant, ces agriculteurs de pointe, ceux qui innovent, remplacent leur matériel beaucoup plus rapidement, peut-être tous les trois à cinq ans, afin de réduire leurs frais de fonctionnement grâce à un meilleur rendement énergétique et de devenir le plus rentable possible.
Pensez à deux images. D'une part un harnais de cheval, de l'autre un magnifique nouveau tracteur de 250 chevaux équipé du GPS, peut-être à la ferme de Doug à Winchester.
Je pense que vous conviendrez avec moi qu'il y a un vif contraste entre ces « tracteurs ». Or, la loi de l'impôt ne fait pas de distinction. Ils sont traités de la même façon. Ils font tous les deux partie de la catégorie 10 au titre des déductions pour amortissement. En effet, les deux sont assujettis au même taux de dépréciation de 30 p. 100. Voilà donc un exemple qui montre que notre code fiscal est dépassé, et je crois qu'il y a lieu de dire que nous avons besoin d'examiner à fond ce code pour être en mesure de voir que les chevaux harnachés et les nouveaux tracteurs ne sont pas la même chose.
En octobre dernier, des concessionnaires et des constructeurs ont écrit une lettre conjointe au ministre des Finances demandant au gouvernement de moderniser les taux de déduction pour amortissement, et nous exhortons le comité à recommander ces changements au gouvernement. Ce faisant, le comité de l'agriculture appuierait le comité de l'industrie, qui a déposé un rapport mardi contenant une recommandation allant dans ce sens, et le comité des finances. Ainsi, nous serions en mesure d'entamer le cycle budgétaire sachant que trois comités font éventuellement la même recommandation.
Permettez-moi maintenant d'aborder une question qui revêt une importance particulière pour les membres de l'AEM, voire les concessionnaires, et c'est une question dont est saisi un comité parlementaire, soit le projet de loi . Je suis sûr que vous en avez déjà entendu parler quelque peu.
Les concessionnaires comme les constructeurs doivent pouvoir compter sur un réseau solide et fiable de télécommunications afin d'assurer une livraison rapide des pièces de rechange pour la réparation des machines agricoles. Je vous signalerai que dans certaines provinces, les constructeurs d'équipements agricoles sont obligés par la loi de livrer des pièces de rechange dans un créneau horaire déterminé. En Saskatchewan, c'est 72 heures. Une longue grève des employés d'une compagnie de téléphone sans possibilité de recours à des travailleurs de remplacement pour assurer le bon fonctionnement de réseaux de télécommunications cruciaux dont dépend tout le monde, y compris les témoins comparaissant devant vous aujourd'hui, mettrait en péril notre capacité collective de faire parvenir les pièces de rechange aux agriculteurs.
Durant les 20 années précédant les changements qui ont été apportés à la partie I du Code du travail en 1999, le Parlement avait dû intervenir 17 fois pour mettre fin à des conflits de travail. Depuis, le Parlement n'a pas eu à intervenir une fois. C'est pourquoi je suis sûr que vous allez faire part de ces préoccupations aux collègues de votre caucus.
L'AEM, tant au Canada qu'aux États-Unis, appuie les efforts actuellement déployés par le gouvernement en vue d'établir une stratégie en matière d'énergie renouvelable. Aux États-Unis, l'association collabore avec 200 autres organisations dans le cadre de l'initiative 25X25, dont l'objectif est d'obtenir 25 p. 100 de l'approvisionnement énergétique des États-Unis des terres exploitables du pays d'ici à 2025.
Au Canada, le gouvernement a établi un mandat pour les biocarburants. Cela étant, sans parité fiscale avec les États-Unis, l'essentiel de la transformation à valeur ajoutée déménagera au sud de la frontière. Cela signifie que la valeur des emplois, de l'équipement, des pièces et des services d'entretien profitera aux États-Unis, pas au Canada. Nous deviendrions ainsi des exportateurs de matières brutes et des importateurs de produits finis.
Nous avons une occasion en or d'avoir une industrie créée et développée au Canada, et tout ce que les producteurs demandent, ce sont des chances égales. Il y aura certainement des retombées économiques pour les collectivités rurales et les économies tributaires de l'agriculture.
Bref, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, les constructeurs et les concessionnaires souscrivent à un objectif commun, celui de fournir aux agriculteurs canadiens l'équipement dont ils ont besoin pour cultiver la terre et faire leurs récoltes. L'AEM partage les préoccupations des concessionnaires et exhorte le comité tout particulièrement à adopter la motion invitant le gouvernement à accroître les taux de déduction pour amortissement.
Merci de m'avoir donné l'occasion de m'adresser au comité cet après-midi.
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Merci beaucoup, monsieur le président et merci aux invités.
C'est un sujet intéressant, un sujet qui m'est très cher depuis longtemps. Je sais que nous affichons peut-être des couleurs différentes de temps à autre, comme c'est le cas dans cette enceinte. Cela étant, je pense que les préoccupations qui nous animent quand nous voulons rendre service à la collectivité que nous représentons, la communauté agricole, sont de même nature.
Monsieur Tibben, vous avez indiqué tout à l'heure que les subventions à l'agriculture ne sont pas très importantes... Est-ce que vous faisiez une comparaison entre les besoins en février 2007 par rapport aux besoins en janvier 2005? Ou est-ce le consensus général? Nous ne comprenons pas le message.
Monsieur Tibben, je crois que c'est vous qui avez laissé entendre que les subventions agricoles ne posent plus problème comme autrefois. À mon avis, si ce n'est plus le cas maintenant, c'est peut-être uniquement parce que le prix des produits agricoles a augmenté. Peut-être pourriez-vous nous donner une explication, car nous risquons de quitter cette réunion aujourd'hui pensant que, alors que nous nous apprêtons à examiner notre cadre stratégique pour l'avenir, nous n'avons pas besoin de le faire, si nous n'avons pas besoin de programmes agricoles. Peut-être pourrions-nous tout régler en améliorant le régime des déductions pour amortissement, etc.
J'ai été un peu surpris par votre affirmation.
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Je répondrai à votre question avec plaisir.
Vous avez absolument raison, la devise a des conséquences énormes pour le prix de notre équipement. La conséquence la plus notable avec laquelle nos membres doivent composer, c'est la valeur de notre équipement usagé. Comme vous le savez, pour un concessionnaire, réaliser des gains ou essuyer des pertes dépend essentiellement de l'argent investi dans le stock usagé.
Quand le dollar canadien fluctuait aux alentours de 66 et 67 ¢, à cette époque-là les constructeurs américains ne facturaient pas les concessionnaires au niveau où se situait la devise. En effet, ils subventionnaient une partie des prix. Les concessionnaires membres de notre association en ont profité considérablement en revendant de l'équipement usagé aux États-Unis. Aujourd'hui, comme la devise s'est appréciée, nous ne pouvons pratiquement plus faire la même chose aux États-Unis.
Mon bon ami du Québec nous confiait à tous l'autre jour qu'une des principales difficultés auxquelles se heurtent ses membres aujourd'hui tient au stock d'équipements usagers qu'il ne peut liquider sur le marché américain, celui-ci s'étant saturé. Voilà donc la conjoncture actuelle. Nous devons faire du foin quand il fait soleil, si vous me permettez le cliché, et nos concessionnaires accueilleraient certainement favorablement l'occasion de pénétrer le marché américain de nouveau.
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C'est une excellente question.
En 2006, la North American Equipment Dealers Association a tenu une réunion de tous les principaux concessionnaires à St. Louis pour discuter de l'avenir de notre secteur. Parmi les défis que nous devons relever, tous s'accordaient à dire que la rentabilité venait en tête.
Si l'on constate que certains concessionnaires quittent les petites localités et regroupent leurs activités, c'est parce que nous ne gagnons pas beaucoup d'argent. La marge bénéficiaire, ou le rendement de l'actif, est très faible chez nos concessionnaires. Les agriculteurs présents dans cette salle trouveront peut-être cela difficile à croire, mais c'est la réalité. C'est pour cette raison qu'il y a des fusions.
Les fabricants constatent que les concessionnaires n'atteignent pas leurs objectifs en matière de marge bénéficiaire. Ils ne touchent pas ce qu'ils estiment être nécessaires pour demeurer viables. Ainsi, on constate que les fabricants encouragent la fusion du point de vue des concessionnaires. Les concessionnaires reconnaissent que c'est la solution pour demeurer rentables et c'est pourquoi ils envisagent un rachat ou une fusion. Malheureusement, c'est le client qui en pâtit.
Nous savons que nos clients n'aiment pas cela, mais je crains que la tendance ne se maintienne.
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Les programmes d'apprentissage sont essentiels; grâce à ces programmes, les places existent, les enseignants qualifiés sont là et le système scolaire dispose de tous les outils nécessaires.
Il faut aussi prévoir des incitatifs pour que les apprentis achètent des outils. Récemment, l'an dernier je crois, on a permis aux techniciens de déduire de leur revenu aux fins d'impôt le coût de leurs outils.
Dans notre secteur, on doit acheter ses propres outils pour entretenir l'équipement; c'est un investissement qui peut coûter jusqu'à 25 000 $. Ce n'est que depuis quelque temps qu'on permet aux apprentis, ainsi qu'aux compagnons d'apprentis, je crois, de déduire de leur revenu une petite partie de cette dépense, déduction qui reste toutefois bien modique. Nous avons certainement besoin de soutien à cet égard.
Par ailleurs, nous estimons qu'il nous faut au moins 1 000 techniciens dans notre secteur en ce moment. Il y a eu un exode vers le secteur pétrolier ces dernières années, surtout pour nous qui sommes voisins de l'Alberta. Il y a eu cet exode et une poussée à la hausse des salaires qui nous a obligés à augmenter le taux de rémunération.
Nous avons pris des mesures novatrices. John, d'autres de nos collègues et moi sommes allés à une foire de l'emploi en Allemagne, dans l'est et l'ouest de l'Allemagne, pour tenter de recruter de la main d'oeuvre qualifiée. Certains ont eu du succès, d'autres moins. Certains de nos collègues sont allés en Ukraine et on envisage un autre voyage en Allemagne, ainsi qu'en Corée et aux Philippines.
Il est certain qu'il y a des défis linguistiques et culturels qu'il faut relever, et nous cherchons des solutions. Nous continuons de déployer des efforts pour attirer des gens d'ici dans notre secteur.
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Je vois. Je suis heureux de constater que vous ne pensez pas qu'à vos propres intérêts.
Je crois que Jacques a déjà fait allusion au problème considérable que présente l'équipement usagé, surtout quand on tente de l'acheter à l'extérieur du pays. C'est assez étrange, monsieur le président, que nous puissions importer tant de choses de l'étranger — très peu de biens sont fabriqués ici — qu'après quelques années seulement, même avec un taux d'amortissement de 30 p. 100, ce bien vaut... On réussit peut-être à déduire 75 p. 100 de la dépense à 0,3, 0,3 et 0,3, c'est donc assez peu élevé. Je me demande si les agriculteurs pourraient se permettre de vendre leur machine à 25 p. 100 du prix qu'ils ont payé quatre ans plus tôt.
Je crois que Jacques a aussi fait allusion au coût important des pièces. Je sais que vous entendez les agriculteurs se plaindre de l'équipement qu'ils achètent, à peine gros comme ceci et qui coûte 700 $. On peut peut-être penser à acheter hors marché, mais l'équipement est-il suffisamment normalisé au Canada? New Holland vend ses pièces, John Deere vend les siennes et les autres entreprises font de même.
Vous, les concessionnaires, estimez-vous que les pièces internes — pas nécessairement les moteurs, mais les autres pièces — sont suffisamment normalisées? Pourriez-vous employer une pièce John Deere dans un équipement New Holland?
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Au conseil d'administration de la Canada West Equipment Dealers Association, nous nous sommes joints à Canada East pour créer une organisation caritative, et lever des fonds pour des initiatives comme celle qui nous a permis de verser 250 000 $ à Olds College. Quand on a commencé à s'intéresser vraiment à cette question, on cherchait une solution unique, et on s'est rapidement rendu compte qu'il faudrait combiner plusieurs choses.
La première difficulté, c'est de trouver des étudiants pour les programmes qui existent actuellement, parce que les collèges régionaux sont sous-financés par les gouvernements provinciaux et on ne veut surtout pas qu'ils réduisent le nombre de places dans les programmes, parce qu'il y a déjà trop peu de gens qui s'y inscrivent. Cela ne fait qu'empirer le problème.
J'aimerais proposer une seule solution — nous aimerions une seule solution — mais nous nous rendons compte qu'il faudra plusieurs choses. Il faudra peut-être recruter à l'étranger, notamment, mais surtout, il faut travailler avec les collèges, créer des bourses, témoigner à ce comité pour parler des crédits d'impôt pour l'achat d'outils, parmi tant d'autres. La liste est longue.
À chacune de nos réunions du conseil d'administration, nos 13 administrateurs de l'ouest du Canada demandent ce que l'on fait pour trouver des techniciens et ce qu'il faut faire, en tant qu'association, pour les encourager à s'inscrire à ces programmes.