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Messieurs, mesdames, membres du comité, bonjour.
À titre de vice-présidente de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, je tiens à remercier les membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de cette invitation.
Compte tenu de l'importance économique de la production porcine au Québec et devant l'ampleur de la crise actuelle, vous comprendrez que c'est avec empressement que la fédération a accepté cette invitation. Nous profiterons de cette tribune pour dresser un portrait le plus fidèle possible de la situation dans l'industrie porcine et, du même coup, nous tenterons d'avancer des pistes de solution à cette situation plutôt problématique pour les producteurs de porcs.
Notre présentation sera divisée en deux volets. Le premier abordera la crise sanitaire dans le secteur porcin, et le deuxième, la crise structurelle dans l'industrie porcine québécoise.
Le premier volet est la crise sanitaire. Depuis 2004, les producteurs de porcs du Québec doivent composer avec un taux de mortalité de leur cheptel qui a pratiquement doublé. Cette augmentation est en grande partie attribuable à la maladie du circovirus, qui a connu une éclosion inattendue en 2005 et qui a décimé 270 000 animaux.
À la suite d'une étude menée par l'Association des vétérinaires en industrie animale, nous constatons que près d'une entreprise sur deux a été touchée par cette maladie en 2004 et 2005. Évidemment, l'ampleur de l'impact peut varier d'une entreprise à l'autre, mais l'étude nous permet de tirer des conclusions alarmantes. Selon les résultats obtenus, 450 entreprises sont aux prises avec un taux de mortalité de 20 p. 100 et plus.
Pour illustrer le problème, prenons l'exemple d'une ferme familiale de 250 truies avec engraissement. Un tel taux de mortalité, c'est-à-dire 20 p. 100, représente 648 porcs de moins à mettre en marché annuellement. Étant donné qu'un producteur investit 94 $ par animal décédé, c'est près de 61 000 $ que cette entreprise familiale engloutira en une seule année. Devant une telle situation, c'est l'avenir de l'entreprise qui est fortement compromis. Bien souvent, le producteur n'a d'autre choix que d'emprunter pour éviter la faillite de son entreprise. Il s'appauvrit considérablement.
Lorsqu'une crise aussi majeure se manifeste, le soutien de l'État devient incontournable et les programmes gouvernementaux mis à la disposition des producteurs doivent être efficaces. Malheureusement, ce n'est pas le cas du PCSRA. Effectivement, nous sommes en mesure de constater que ce programme n'est pas adapté au problème sanitaire actuel. Le PCSRA du gouvernement fédéral couvre des baisses de marge et il s'avère efficace pour certaines entreprises, mais totalement inefficace, surtout inéquitable, pour d'autres, particulièrement pour les entreprises diversifiées impliquées en production animale.
Cette lacune s'explique par l'inexistence d'un programme d'assurance-production pour le bétail. Par exemple, une entreprise qui possède plus d'une production est désavantagée par rapport à une entreprise à production unique quant au niveau de compensation obtenu lors d'une catastrophe.
Prenons l'exemple d'une producteur qui commercialise des porcs et une céréale, et qui voit le taux de mortalité de son cheptel augmenter de façon importante en raison du circovirus. Si, pendant la même période où il connaît une augmentation du taux de mortalité de son cheptel, le prix de la céréale qu'il cultive connaît une hausse par rapport aux prix historiques, la compensation du PCSRA à laquelle son entreprise pourrait avoir droit est réduite, étant donné que les gains réalisés par sa production végétale compensent les pertes subies dans la production de porcs. À l'inverse, une entreprise porcine aux prises avec un problème de maladie de la même ampleur, mais ne cultivant pas de céréales, recevrait une compensation supérieure en provenance du PCSRA.
La fédération souhaiterait que le gouvernement rétablisse l'équité entre les entreprises, en évitant ces problèmes d'interférence entre les différents programmes. Pour ce faire, nous demandons très rapidement que l'ensemble des dossiers comportant des activités porcines ayant été victimes d'une catastrophe durant les années de participation 2004, 2005 et 2006 soient traités de nouveau en isolant les revenus et dépenses admissibles liés à la production de porcs pour calculer la compensation PCSRA.
En plus de souhaiter une telle révision de dossiers, la fédération est d'avis que le gouvernement fédéral doit tirer des leçons de cette crise et prendre ses responsabilités, en élaborant un programme d'assurance-bétail adapté à la réalité des producteurs de porcs. Rappelons qu'il y a des travaux qui se font en ce sens présentement, au niveau canadien, par un comité consultatif, mais la fédération tient à souligner que seule, la définition de maladie assurable retenue par ce comité n'est pas adaptée au secteur porcin.
Ce projet précise que les pertes attribuables à des maladies dont la présence était connue de l'assuré avant la prise d'effet du contrat ne sont pas couvertes. Bien que logique dans une stricte perspective d'assurance, cette condition rend le programme d'assurance difficilement accessible au secteur porcin, parce que la production porcine est caractérisée par la présence, au niveau sérologique, de certains pathogènes dans une forte majorité d'élevages sans toutefois qu'on y retrouve de signes cliniques.
Le statut sanitaire est contrôlé par une série de mesures de biosécurité, et le troupeau peut passer plusieurs années sans connaître de pertes significatives. Plusieurs entreprises présentent donc un troupeau en bonne santé, bien qu'elles soient dites positives pour certains pathogènes. La crise sanitaire actuelle en est un bon exemple. Le circovirus était déjà présent au sein des élevages avant que les signes cliniques n'apparaissent et que l'épidémie ne se propage. Par conséquent, la fédération souhaite que le gouvernement fédéral exige des provinces l'application d'un programme d'assurance-production pour le bétail qui tient compte des particularités du secteur porcin, afin que les maladies présentes dans le troupeau mais contrôlées par la bonne règle du producteur, soient couvertes lorsque des mesures de biosécurité appropriées sont appliquées.
Je vais maintenant parler de la crise structurelle. Parallèlement à la crise sanitaire qui décime nos troupeaux, l'industrie porcine québécoise vit un problème structurel. Olymel, qui est le principal joueur dans le secteur de l'abattage et de la transformation du porc au Québec, connaît des difficultés qui s'apparentent à celles de Maple Leaf, qui a annoncé récemment un plan de restructuration qui, forcément, aura un impact important sur la production porcine au Canada. Pour ces deux entreprises qui sont tournées fortement vers l'exportation, l'augmentation de la valeur du dollar canadien et l'intensification de la concurrence sur le marché international des produits du porc de commodité pèsent lourdement sur leur marge.
De plus, le secteur d'abattage québécois compte sur des usines d'abattage trop nombreuses, de trop petite taille et faiblement mécanisées. Afin de demeurer compétitifs, les abattoirs du Québec devront obtenir la même attention que le gouvernement fédéral a accordée au secteur bovin lorsqu'il a financé diverses initiatives visant à régler des problèmes à la suite de la découverte d'un cas d'ESB, en mai 2003. Par conséquent, nous sommes d'avis que le secteur de la transformation doit être soutenu par le gouvernement fédéral, en appuyant des stratégies de repositionnement de l'industrie à l'aide de fonds spécifiques permettant de diminuer les coûts d'abattage et de créer des produits à valeur ajoutée.
En conclusion, au nom de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, je tiens à remercier à nouveau les membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire pour cette invitation. Nous souhaitons qu'il saura tirer les conclusions qui s'imposent. La filière porcine québécoise et canadienne vit des moments difficiles et doit être appuyée par le gouvernement fédéral afin de retrouver la vigueur et le dynamisme qui ont fait sa réputation pendant de nombreuses années.
Merci.
Nous allons présenter chacun notre partie d'exposé, et je présume que vous en avez tous reçu une copie sur laquelle vous pourrez suivre, parce que j'aimerais faire référence à un graphique ou deux.
Nous vous remercions de nous permettre de présenter nos points de vue et de discuter avec vous des enjeux qui préoccupent les 13 000 producteurs de porc.
Le Conseil du porc est une fédération qui regroupe des associations provinciales de producteurs de porc de chacune des neuf provinces, de la côte Ouest jusqu'aux provinces Maritimes. Vous venez tout juste d'entendre des représentants de la FPPQ. Ils comparaissent avec nous ici aujourd'hui et évidemment, font partie de nos membres de la province du Québec.
Je vais m'éloigner un peu du texte et tiens à être très clair et très, très direct. Notre industrie se trouve au tout début d'une crise, qui ne va que s'empirer avant de s'atténuer. Vous êtes au courant des annonces qu'ont faites certains transformateurs qui vont comparaître ici avec nous aujourd'hui eux aussi. Je peux vous dire que les producteurs sont légèrement protégés du point de vue des prix en raison du cycle des prix seulement, et vous êtes au courant du problème des maladies en Ontario et au Québec. Nous entrons en période de crise.
L'industrie porcine est l'un des secteurs les plus importants de l'agriculture canadienne, elle a généré presque 4 milliards de dollars en recettes financières agricoles en 2005, une somme qui représente plus d'un dollar par 10 $ de recettes d'agricoles totales. La production porcine occupe une part toujours plus importante des revenus agricoles du Canada en raison de la croissance qu'elle connaît depuis les quinze dernières années; c'est indéniablement une belle réussite. Depuis 10 ans, les exportations canadiennes de viande de porc ont connu un essor considérable. Nous expédions maintenant du porc dans plus d'une centaine de pays et en 2005, nous avons établi un nouveau record en vendant plus d'un million de tonnes de viande de porc à l'extérieur du pays pour une valeur de 2,8 milliards de dollars. Depuis le début de 2006, toutefois, nos exportations ont diminué légèrement, alors que l'industrie des États-Unis continue de croître très rapidement. C'est inquiétant.
Comme vous pouvez le constater sur le graphique que vous trouvez dans notre mémoire, les exportations canadiennes de viande de porc sont beaucoup plus diversifiées géographiquement et beaucoup moins limitées au marché américain qu'il y a quelques années. Cette situation est attribuable à un certain nombre de facteurs, dont les deux principaux sont l'accroissement des débouchés à l'exportation liés aux ententes de libre-échange, particulièrement dans le cadre du Cycle de l'Uruguay de l'OMC, et la volonté collective de l'industrie canadienne du porc de poursuivre la diversification des exportations en mettant sur pied une agence de promotion des exportations, Canada Porc International.
Si vous regardez le graphique, vous pouvez voir qu'en 1990, 90 p. 100 de nos exportations allaient vers le Japon et les États-Unis. Aujourd'hui, elles représentent 77 p. 100 et il se pourrait même que le Japon dépasse les États-Unis comme destination numéro un de nos exportations, bien que je doute que cela arrive cette année.
Comme on peut le constater au tableau suivant, les exportations surpassent maintenant les ventes intérieures de viande de porc. Je le répète: les exportations surpassent les ventes intérieures de viande de porc, et ce depuis 2002, environ. Cela vous montre à quel point nous profitons à l'économie canadienne. La population canadienne est relativement peu nombreuse et vieillissante et ne peut donc pas assurer une demande suffisante pour soutenir l'industrie canadienne du porc. C'est d'ailleurs le cas dans la majorité des secteurs économiques pour lesquels les exportations sont essentielles. Il est donc vital pour ces dernières que le Canada explore toutes les avenues possibles en vue d'obtenir de bonnes conditions d'accès aux marchés étrangers.
Ces démarches incluent les accords multilatéraux de l'OMC, de même que les ententes régionales et bilatérales. Le Conseil canadien du porc recommande vigoureusement au Canada de poursuivre les démarches actuelles, telles que celles d'un « nouveau G-6 » afin de relancer les négociations du Cycle de Doha, qui ont déjà été relancées, si je ne me trompe pas. Nous devons aussi intensifier les efforts pour terminer les négociations bilatérales entreprises il y a plusieurs années, notamment avec Singapour et les pays d'Amérique centrale, et conclure de nouveaux accords qui empêcheront la détérioration de notre accès aux marchés, qui se produira sûrement si nous ne rattrapons pas les États-Unis, le Chili et plusieurs autres pays exportateurs de porc qui ont entamé ou même complété des négociations visant à conclure un très grand nombre d'accords régionaux et bilatéraux qui leur confèrent un accès préférentiel.
Outre les accords de libre-échange avec les pays de la Communauté andine, le Japon, l'Inde, et la Chine, le CCP appuie fortement la conclusion d'une entente avec la Corée à la condition, bien sûr, que la viande de porc soit incluse dans l'accord de réduction tarifaire. Tel que l'illustre le graphique suivant, la Corée est l'un des plus importants marchés en expansion pour les exportations canadiennes de porc. Toutefois, notre accès en Corée est menacé par les avantages que certains de nos concurrents sont en train d'obtenir, ou espèrent obtenir, par leurs propres accords bilatéraux.
Après avoir parlé de l'importance du commerce et de l'accès à l'exportation, nous souhaitons aborder les défis économiques importants que notre secteur doit relever, ainsi que quelques aspects qui méritent qu'on s'y attarde si on veut que l'industrie canadienne du porc demeure concurrentielle. Je le répète, nous n'en sommes qu'aux premiers stades de la crise.
La hausse rapide du dollar canadien a donné un dur coup à l'ensemble de l'industrie canadienne du porc. On peut d'ailleurs constater comment la hausse de notre devise a perturbé notre secteur en comparant le prix des porcs d'aujourd'hui au Canada et aux États-Unis avec les prix de 2002, avant que le dollar canadien commence à grimper.
J'aimerais ajouter une troisième colonne au tableau qu'on trouve ici. En 2002, le prix des États-Unis était de 53,57 $ selon le taux de change d'aujourd'hui, qui est de 1,08 $. En 2006, à 68 $... Si l'on revient à 2002 avec la devise de 2002, cela nous aurait rapporté 2 $ net par kilo. La hausse de la devise à elle seule nous coûte donc entre 30 $ et 40 $ par porc.
La production porcine a diminué pour la première fois en 12 ans. D'importants transformateurs ont annoncé leur intention de réduire considérablement leurs activités ou de restructurer leurs exploitations. La situation est très inquiétante pour les producteurs de porc ainsi que pour les centaines de municipalités et les milliers de travailleurs de tout le Canada qui dépendent de cette industrie.
Les producteurs de porc de partout évaluent les conditions qui leur permettent de continuer à élever des porcs et à faire en sorte que le secteur de la transformation demeure rentable. La compétitivité est au coeur des discussions dans presque toutes les réunions de l'industrie depuis quelques mois. Le CCP et ses membres des province souhaitent s'assurer à long terme de conditions favorables qui feront en sorte que la grande majorité des porcs qui naissent en territoire canadien continuent d'être élevés et transformés au pays. Ce n'est que de cette façon que pourront se poursuivre les activités à valeur ajoutée et les exportations de viande de porc dont nous avons profité par le passé.
Le secteur porcin tente donc de garder une approche innovatrice pour demeurer parmi les chefs de file de l'industrie du porc.
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Le Conseil canadien du porc estime toutefois nécessaire que les programmes et les politiques du fédéral soutiennent ses orientations, afin de permettre à l'industrie de rester sur la scène internationale au chapitre des exportations. En voici quelques exemples.
Il faut accorder un soutien au développement des marchés d'exportation, incluant la mise en place de programmes et la présence de personnel dans les ambassades pour aider l'industrie à percer de nouveaux marchés et à projeter une image de qualité des produits canadiens aux consommateurs étrangers, afin d'être sur le même pied que nos compétiteurs, comme les États-Unis.
Nous avons besoin d'un processus d'examen et d'homologation des produits vétérinaires qui soit similaire à ce qui se fait ailleurs dans le monde. Les producteurs utilisent judicieusement les produits pharmaceutiques vétérinaires afin de protéger la santé et assurer la productivité de leurs troupeaux, mais le retrait du marché de certains produits et l'émergence de nouvelles maladies font en sorte qu'il devient essentiel d'avoir rapidement accès à des produits pharmaceutiques sûrs et économiques.
Selon une étude réalisée par le George Morris Centre, un organisme indépendant de recherche économique situé à Guelph, en Ontario, l'évaluation d'un produit pharmaceutique vétérinaire au Canada prend en moyenne 1 200 jours, alors qu'un examen réglementaire aux États-Unis s'effectue en moins de 200 jours. En Australie, le processus prend moins de 300 jours. Dans bon nombre de cas, le temps alloué au processus d'homologation des médicaments vétérinaires au Canada est carrément inacceptable.
Le Canada doit se doter d'un programme national exhaustif et cohérent en santé animale qui regroupe l'industrie et les gouvernements fédéral et provinciaux. Tout comme plusieurs autres secteurs de l'élevage, le CCP souhaite que les questions de santé animale soient davantage présentes dans le prochain cadre stratégique agricole, le CSA II. Les éleveurs réclament un financement public pour assurer la protection de la santé des animaux et la prévention des épidémies de maladies animales exotiques. De toute évidence, ces mesures seront rentables, compte tenu des coûts énormes associés aux conséquences de ces maladies.
Le Conseil canadien du porc approuve bon nombre de modifications apportées au Programme canadien de stabilisation du revenu agricole au cours de la dernière année. Toutefois, les producteurs de porcs demeurent vulnérables aux pertes d'actif hors de leur contrôle, surtout celles qui sont associées aux maladies animales. Les producteurs de porcs n'ont pas accès à l'assurance-production, comme bon nombre de leurs collègues en production végétale. L'assurance-production est actuellement administrée par les provinces. Il est nécessaire que le fédéral prenne la responsabilité de mettre en place un programme qui soit équitable pour tous les producteurs partout au pays et qui ne risquerait pas de faire l'objet de représailles commerciales. Nous avons également besoin d'un programme explicite en cas de catastrophe, afin d'offrir certaines garanties aux producteurs s'il y avait effondrement des marchés, que ce soit en raison d'une maladie animale exotique qui entraîne la fermeture de frontières ou d'une catastrophe naturelle.
L'industrie a en outre besoin d'un environnement réglementaire à tous les paliers de gouvernement — au fédéral, au provincial et au municipal — qui utilise des informations scientifiques et rigoureuses et qui prend en compte, si possible, les programmes de l'industrie ayant des objectifs complémentaires tels que la salubrité des aliments à la ferme, la conformité environnementale, la santé et le bien-être animal.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, messieurs les membres du comité. J'aimerais tout d'abord vous remercier, au nom d'Olymel, de me donner l'occasion de vous présenter notre point de vue sur la crise — parce que crise il y a — qui sévit actuellement dans l'industrie porcine. Elle n'est pas vécue de la même façon dans le domaine de la production et dans celui de la transformation. Elle est peut-être latente dans certaines régions du Canada, mais ça n'empêche pas le fait qu'il y a une crise présentement.
J'aimerais tout d'abord vous présenter Olymel en quelques mots. On ne connaît peut-être pas bien cette société ici, autour de la table. Olymel est une jeune société issue de multiples fusions, acquisitions et partenariats qui a vu le jour en 1992. Elle est la propriété de trois actionnaires: la Coopérative fédérée du Québec, un organisme appartenant à des producteurs du Québec et détenant 60 p. 100 des parts; le Groupe Brochu, issu du milieu agricole, et la Société générale de financement du Québec, une société d'État québécoise.
Olymel et Maple Leaf se disputent le titre de leader dans les secteurs de l'abattage, de la transformation et de la distribution des viandes de porc et de volaille. Chez Olymel, les activités reliées aux viandes de porc représentent environ 80 p. 100 de notre chiffre d'affaires, qui s'établit à plus de 2,5 milliards de dollars. Olymel est un joueur d'importance au Québec. Au total, nous exploitons 22 entreprises au Canada, principalement au Québec, mais aussi en Ontario et en Alberta.
Olymel exporte près de 50 p. 100 de sa viande de porc dans le monde. Nous avons des bureaux à Tokyo, à Séoul et à Sydney. Nous assumons en effet une présence à l'échelle internationale et à ce titre, nous jouons un rôle important, soit celui d'écouler la production canadienne de viande de porc, qu'elle soit de l'est ou de l'ouest du pays.
La société Olymel a beaucoup défrayé les manchettes au cours des dernières semaines, voire des derniers mois, au sujet du programme de restructuration qu'elle a mis sur pied au début de l'année 2006. Nous ne sommes pas les seuls dans cette situation. Mes collègues de la compagnie Maple Leaf vont sans doute parler des annonces qu'ils ont faites récemment. Une chose est certaine: il semble que de part et d'autre, nous voyions de la même façon la crise qui sévit à l'heure actuelle. De part et d'autre également, nous semblons vouloir apporter des modifications profondes à nos structures de transformation. Dans un cas comme dans l'autre, si les gestes appropriés ne sont pas posés, l'impact sur la production au Canada risque d'être significatif.
Divers problèmes frappent notre industrie. Je pourrais dire que certains d'entre eux ne viennent ni de notre industrie ni même du Canada. Le fait que notre devise se soit appréciée aussi fortement et aussi rapidement au cours des trois dernières années a provoqué un très sérieux manque à gagner chez Olymel. Selon la façon dont on interprète le taux de change ce matin, le chiffre se situe quelque part entre 85 et 100 millions de dollars.
Le fait que notre dollar était à 68 ¢ a suscité un manque de réaction face aux questions de productivité. Cette situation a bien caché nos lacunes dans ce domaine. Il faut le reconnaître et faire notre mea culpa. Cependant, il faut aussi reconnaître qu'aucune entreprise ou industrie, que ce soit à la ferme ou en transformation, n'aurait pu réagir assez vite pour contrer les variations du taux de change que nous venons de connaître.
Par ailleurs, les Américains sont à la fois notre principal marché et, sur la scène internationale, notre principal concurrent. Or, ils ont vu croître leurs exportations de façon significative au cours des dernières années. Plusieurs marchés internationaux que nous considérions en quelque sorte comme nos marchés naturels — prenons l'exemple du Japon — ont vu apparaître les Américains de façon agressive. Leur dollar dévalué les a rendus plus compétitifs encore. Nos marges se sont donc resserrées. L'arrimage sur les marchés internationaux, bien que les marchés existent toujours, s'est resserré également.
En outre, le taux de change a eu un effet pervers, c'est-à-dire que nos compétiteurs américains sont maintenant de plus en plus agressifs sur notre propre marché.
Nous pensions que parce que nous exportions 50 p. 100 de notre production, le marché canadien nous était acquis; c'est maintenant chose du passé.
De 2001 à 2005, les Américains ont doublé leurs exportations au Canada. Cette croissance dépasse les 30 ou 40 p. 100 cette année. C'est donc dire que Américains considèrent maintenant le Canada comme faisant partie intégrante de leur marché de la viande de porc.
Nos compétiteurs, qui au début des années 1980 étaient encore nos compétiteurs américains et exploitaient des usines de taille modeste sans trop se préoccuper de la qualité de la viande livrée, ont changé leur fusil d'épaule. Ils exploitent maintenant des usines d'envergure mondiale qui ont une capacité d'abattage de l'ordre de 90 000 porcs par semaine. À l'heure actuelle, seule l'usine de Red Deer a le potentiel nécessaire pour abattre autant de porcs dès demain. L'usine de Maple Leaf à Brandon a également ce potentiel, avec un léger délai toutefois; d'ailleurs, cette usine a annoncé le démarrage d'un deuxième quart de travail.
Au Canada, la moyenne des abattages par établissement est de 13 000, alors qu'États-Unis, elle est de 85 000. Aucune usine au Canada n'a cette taille. Cette perte de compétitivité a des conséquences importantes sur notre industrie.
Cela m'amène à parler des différences qui peuvent exister entre l'Est et l'Ouest. L'Ouest, en plus des problèmes structurels, fait également face à des problèmes de main-d'oeuvre. L'an dernier, en novembre, Olymel a démarré son deuxième quart de travail et a dû y mettre fin en avril dernier, faute d'employés. Nous avons déjà eu plus de 1 800 travailleurs, mais ce nombre est désormais d'environ 1 300. La question de la main-d'oeuvre est devenue plus importante que celle du taux de change ou de la disponibilité des cochons.
Je vous invite à réfléchir à des mesures visant à soutenir notre secteur manufacturier et d'autres secteurs de l'Ouest canadien qui vivent la même situation. Par exemple, on pourrait adopter des mesures un peu plus « libérales » pour faciliter l'accès à une main-d'oeuvre étrangère. Aussi, la durée des permis octroyés par le gouvernement fédéral est de 12 mois; nous vous invitons à étendre cette durée à 24 mois.
Nous devons stabiliser le secteur manufacturier de l'Ouest, plus particulièrement celui de la transformation de la viande de porc. Un retrait de ce secteur aurait des conséquences incroyables en amont. Imaginez qu'Olymel se retire de l'Ouest canadien par suite des annonces faites par Maple Leaf de se retirer de la Saskatchewan. C'est un scénario possible. Faute de main-d'oeuvre, nous ne pourrons pas exploiter cette usine.
Au-delà de la conjoncture pour laquelle nous vous demanderons d'intervenir et de soutenir l'industrie, il faut se rappeler que sans main-d'oeuvre pour exploiter nos établissements, il n'y aura pas de transformation au Canada ou, s'il y en a, elle sera extrêmement difficile. Ce n'est pas seulement le secteur agricole qui est menacé, c'est l'ensemble des secteurs manufacturiers de l'Ouest canadien. Il est menacé à un point tel qu'on peut se demander si les secteurs manufacturiers traditionnels ont de l'avenir dans l'Ouest canadien.
Au Québec en particulier, l'industrie vit d'autres problèmes structurels, qui sont nettement plus fragmentés. Onze abattoirs livrent en moyenne 130 000 porcs. Suivant le modèle américain, un seul abattoir et demi serait nécessaire pour la même livraison.
La fédération vous a demandé de soutenir des mesures visant à rationaliser le secteur de la transformation comme vous l'avez fait pour d'autres secteurs de la production agricole, celui du boeuf, notamment. Lorsque ce secteur a eu besoin d'appui pour soutenir à la fois sa production et ses activités de transformation, le gouvernement fédéral a accepté de l'aider.
Nous vous demandons de nous aider afin de nous permettre de traverser la crise actuelle et de nous restructurer.
Je voudrais attirer votre attention sur un autre argument qui, assurément, gagne du terrain au Canada, soit celui des risques que posent les élevages porcins pour l'environnement. Vous savez qu'un moratoire a été imposé au Québec en 2002, qu'il a été levé par la suite, mais ses effets demeurent. Au Manitoba, un moratoire sur la production vient d'être décrété. On peut donc penser qu'il y aura peut-être d'autres moratoires dans d'autres provinces.
Tout en étant extrêmement respectueux de l'environnement, nous souhaitons — et c'est ce que j'ai entendu de la part d'autres personnes plus tôt — que des preuves scientifiques soient clairement établies, avant que nous puissions réduire les activités de production ou les limiter. Les conséquences de décisions hâtives sur l'avenir de la production et de la transformation sont nettement importantes.
Monsieur le président, je serai disponible pour répondre à vos questions. J'aimerais résumer mon intervention en mentionnant que le secteur de l'élevage porcin a besoin de votre aide, comme vous l'avez offerte à d'autres secteurs, notamment celui du boeuf, à la fois pour soutenir des investissements, pour rationaliser l'industrie et pour permettre des partages de risques. Des producteurs pourraient s'associer à des entreprises de transformation pour élaborer ensemble une nouvelle façon d'aborder l'avenir de l'industrie.
J'aimerais aussi vous demander, à l'égard des problèmes de main-d'oeuvre, d'intervenir de façon à ce que la main-d'oeuvre étrangère nous soit accessible, ne serait-ce qu'à court terme, afin de répondre à la situation tout à fait particulière qui touche l'Ouest canadien.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Merci au comité de nous avoir invités aujourd'hui pour nous permettre d'expliquer comment, chez les Aliments Maple Leaf, nous tentons de faire face aux défis qui ébranlent le secteur porcin au Canada.
[Traduction]
Mon collègue, Don Davidson, représente notre secteur des aliments frais et pourra m'aider à répondre à vos questions.
Je vous ai fait distribuer un document qui présente des faits et des chiffres, dont plusieurs ont déjà été mentionnés.
À la deuxième diapositive, vous voyez une description de l'évolution de l'industrie canadienne du porc. Avant le début des années 90, c'était une industrie stagnante et non concurrentielle, mais elle a connu une phase de croissance rapide à la fin des années 90 et au début des années 2000. Bien sûr, cela s'explique de diverses façons, y compris par l'élimination de la Subvention du Nid-de-Corbeau dans l'Ouest canadien, la déréglementation, l'amélioration rapide de la génétique et la position concurrentielle que nous avions grâce à un dollar canadien relativement faible. À compter de 2003, la situation a changé radicalement en raison de la hausse du dollar.
À la diapositive 3, on voit que la valeur du dollar canadien a augmenté de 40 p. 100. Le fait est que cela a eu un grand effet, non seulement sur la valeur des exportations, mais aussi sur le coût des céréales fourragères canadiennes et le coût de production, qui a augmenté. Elle a touché la rentabilité de la production de porcs, et à titre de transformateur-producteur intégré, Maple Leaf l'a senti dans la production porcine aussi. Les marges sur l'exportation de viande fraîche ont été gravement compromises, non seulement aux États-Unis, mais particulièrement au Japon, compte tenu, aussi, de l'affaiblissement du yen japonais.
L'offre de produits d'importation plus concurrentiels à nos consommateurs a fait réduire les marges domestiques de la viande fraîche. Comme je l'ai mentionné, la chute des exportations a également fait disparaître les marges sur l'exportation de viande transformée et a fait diminuer l'utilisation des usines. Comme nous en avons discuté, la sous-utilisation des usines a de graves conséquences. Chez Maple Leaf, nous estimons les effets du taux de change sur notre capacité de générer des revenus à environ 100 millions de dollars depuis trois ans.
À la diapositive 4, on voit les défis auxquels fait face l'industrie, et je pense que bon nombre ont déjà été mentionnés. Les maladies animales ont des incidences profondes, et il faut y remédier grâce à une stratégie nationale beaucoup plus vaste. La productivité et l'efficacité sont compromises.
Le manque de portée, que mon collègue d'Olymel a mentionné, est un grand défi pour la compétitivité de notre industrie par rapport aux États-Unis. L'émergence de pays comme le Chili, le Brésil et la Chine, qui sont des producteurs et des exportateurs de porcs rentables et en croissance commence à se faire sentir sur le commerce, l'accès au marché et les obstacles au commerce dans les grands marchés et plus récemment, explique la pause ou le ralentissement qui s'observe à l'OMC.
Nous exprimons notre point de vue à la diapositive 5. L'ancien PDG d'IBM disait qu'on ne donne plus de prix pour prévoir la pluie; on en donne seulement pour bâtir des arches. Nous sommes aussi d'avis qu'il est temps de bâtir des arches, et c'est exactement ce que fait Maple Leaf.
Il y a quatre ou cinq semaines environ, Maple Leaf a annoncé sa nouvelle vision pour la chaîne de valeur protéique. Selon cette vision, la société Maple Leaf est une organisation composée de gens passionnés de bonne bouffe. L'un de nos objectifs fondamentaux sera de devenir une entreprise de viandes à valeur ajoutée et de repas de renommée mondiale. C'est un objectif important, parce que nous ne nous concentrerons plus sur la production de porcs pour le monde. Nous nous concentrerons exclusivement sur la production de viandes à valeur ajoutée et de repas pour les marchés nationaux et internationaux.
À la diapositive 7, nous décrivons cette nouvelle direction. Toutes les composantes du système de Maple Leaf (la fonte des graisses animales, la nourriture pour animaux, les porcs et la transformation primaire) seront coordonnés de façon à soutenir nos activités futures de transformation de produits à valeur ajoutée. Ainsi, que nos activités portent sur la production ou l'achat de produits, notre objectif sera toujours le même. Nous allons demeurer un producteur de produits du porc, mais nous allons transformer moins de porcs et produire beaucoup moins de produits du porc, puisque nous allons nous concentrer sur l'apport de nos activités à valeur ajoutée dans le pays. C'est un changement important qui ne s'opérera pas du jour au lendemain. Il nous faudra de deux à trois ans pour nous réorienter dans cette direction, mais le processus est déjà entamé. L'une des principales raisons à cela, c'est que nous voulons optimiser nos activités de transformation.
À la diapositive 8, on voit un graphique qui illustre l'argument que mes collègues ont présenté sur la nécessité de créer des usines de production à grande échelle. On remarque ici comment l'utilisation de la capacité ou la capacité de production maximale des usines des États-Unis, selon cette idée générale, permet d'atteindre un coût beaucoup plus bas par unité.
La diapositive suivante présente un portrait beaucoup plus détaillé de l'utilisation de la capacité des usines de transformation de porc nord-américaines aux États-Unis et au Canada. On peut voir à quel point les installations canadiennes sont sous-utilisées comparativement à celles de nos concurrents des États-Unis. Les conséquences sur le plan de l'efficacité et de la rentabilité sont en train de devenir extrêmement importantes compte tenu de la hausse du dollar canadien.
Quelles sont les répercussions particulières pour Maple Leaf? Nous en dressons la liste à la diapositive 10. Ces incidences à court terme intéresseront sûrement les membres de ce comité.
La première, c'est que nous allons doubler les quarts à notre usine de Brandon le plus rapidement possible. C'est déjà commencé. Il est fondamental que nous regroupions toutes les activités d'abattage dans cette usine et que nous augmentions notre efficacité grâce au quart de travail double.
Nous allons fermer l'usine de la 11e rue, à Saskatoon, sans toutefois construire de nouvel abattoir à Saskatoon, comme nous l'espérions.
Les usines de Burlington et de Lethbridge seront vendues afin d'optimiser leur valeur pour les entreprises et pour qu'elles demeurent viables à l'avenir.
Il n'y aura plus d'abattoir à Winnipeg, étant donné que nous allons doubler les quarts à Brandon. Nous allons étudier l'avenir de Berwick, en Nouvelle-Écosse, compte tenu que cette usine vise à la fois de la transformation primaire et secondaire.
Dans notre usine de production porcine Elite Swine, nous allons produire moins de porcs, mais nous serons propriétaires de tous les porcs produits. Nous allons réduire la variété des contrats de porcs et des modèles de propriété que nous avions et mettre l'accent sur un plus petit nombre de porcs qui appartiennent à 100 p. 100 à Maple Leaf.
Nous allons également optimiser la valeur commerciale de notre entreprise de nourriture pour animaux, Nutrition animale Maple Leaf, grâce à sa vente, réduisant encore une fois nos immobilisations pour nous concentrer exclusivement sur ce dont nous avons besoin pour la production de viandes à valeur ajoutée et de repas.
En conclusion, j'aimerais vous donner cinq idées de moyens dont le gouvernement peut nous aider. L'industrie doit faire le premier pas, et c'est ce que nous faisons. Nous sommes en train de bâtir notre arche. Nous allons devenir plus concurrentiels et réussir grâce à cela, mais le gouvernement peut nous aider beaucoup à créer le climat d'entreprise qui nous permettra de prendre les décisions que nous devons prendre.
Notre première recommandation est que le gouvernement agisse au chapitre de la réglementation intelligente. Il est temps qu'il respecte sa promesse de la réglementation intelligente et qu'il améliore la coordination fédérale-provinciale de la réglementation de notre secteur à toutes les étapes de la chaîne de valeur.
Cela ne signifie pas seulement qu'il faut harmoniser unilatéralement notre réglementation avec celle des États-Unis. Nous devons améliorer notre cadre réglementaire de diverses façons. Pour certains aspects, il faut harmoniser davantage nos règlements. On a déjà mentionné les médicaments vétérinaires, par exemple, mais nous devons agir de façon stratégique.
Ensuite, nous devons accroître l'accès au commerce. Nous voyons trop d'activités commerciales, particulièrement de la part des États-Unis, qui se répercutent sur notre industrie, mais il existe toutes sortes d'obstacles commerciaux techniques qui compromettent notre réussite sur des marchés comme ceux de la Russie, de l'Australie et de l'Union européenne.
Nous avons besoin de plus d'ententes bilatérales. Nous avons aussi besoin d'une meilleure infrastructure, aux frontières, aux ports et à la porte de l'Asie-Pacifique, tout particulièrement.
Il a déjà été dit qu'il fallait assouplir le marché du travail, et pour un grand employeur national comme Maple Leaf, nous le voyons tous les jours. Les variations entre les lois du travail des différentes provinces et les différentes conditions que nous devons respecter sont problématiques. Nous devons avoir davantage accès au Programme des travailleurs étrangers, surtout dans l'Ouest canadien.
Il faut aussi soutenir davantage la science et l'innovation. Nous devons concentrer nos efforts bien au-delà de l'agriculture primaire, jusqu'à la chaîne de valeur, soutenir l'innovation et nous occuper tout particulièrement de la prévention des maladies animales. Nous sommes exposés à un risque énorme. Pour nous, surtout si nous mettons l'accent exclusivement sur la production de produits à valeur ajoutée, toute propagation de maladie animale sera désastreuse.
Enfin, nous avons besoin de programmes stables et efficaces de soutien aux fermes à l'échelle nationale, des programmes équitables pour lesquels les règles du jeu sont les mêmes pour tout le monde. Les provinces ne peuvent pas imposer ou autoriser différents niveaux de soutien agricole. Le problème demeure le risque qu'on nous impose des droits compensateurs si nous nous retrouvons dans cette situation. Nous devons opter pour une stratégie nationale équitable.
Voilà ce que nous sommes venus vous dire.
Je vous remercie beaucoup de nous avoir écoutés, et nous demeurons à votre disposition pour répondre aux questions.
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Je vous remercie de votre question.
Je pense que vous voulez savoir si nous avons une solution pour traverser cette crise. Nous devons établir des paramètres ensemble, c'est-à-dire tous les gens qui sont réunis autour de la table. Au moment où on se parle, il y a une crise du revenu à la ferme qui a été amplifiée par la question sanitaire, notamment dans l'Est et peut-être un peu dans le centre du Canada. Je pense qu'on doit accorder notre soutien aux fermes, mais je vois cela davantage comme un élément de conjoncture.
Sur le plan structurel, le Canada doit se doter d'infrastructures, notamment pour concurrencer nos grands concurrents que sont les Américains. J'ai mentionné qu'il y avait peu d'infrastructures d'envergure internationale au Canada. Nous avons notre établissement à Red Deer, mais il faut aborder la question de la main-d'oeuvre. Dans cette usine, nous avons déjà abattu jusqu'à 60 000 porcs. Nous avons dû ramener ce chiffre à 45 000, faute de main-d'oeuvre. Notre souhait est de revenir à 60 000 et 90 0000 porcs. Nous croyons que dans une usine pleinement efficace, bien remplie, nous serions en mesure de faire face à la compétition.
Mes collègues d'Aliments Maple Leaf ont une stratégie pour le centre du Canada, le Manitoba. Il nous reste à restructurer le centre et le Québec. La fédération a fait état de la situation au Québec. Nous avons engagé le processus de restructuration et nous tentons de créer des infrastructures de grande taille qui nous permettront d'être compétitifs.
Pour répondre à votre question, une fois ces éléments réglés — nous oeuvrons également avec les travailleurs pour ajuster notre niveau de rémunération à nos concurrents sur la scène internationale —, si nous mettons en place l'infrastructure qu'il faut, de concert, on l'espère, avec les producteurs, dans une nouvelle approche de partage de risque, il y a un avenir. Nous croyons encore à l'avenir de l'industrie porcine, mais nous devons maintenant la restructurer tous ensemble.
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Voilà une question intéressante, et je vous remercie de l'avoir posée.
Ma réponse va être simple et claire. L'avenir peut être rose ou il peut être sombre. Nous avons le choix soit de préserver notre industrie, c'est-à-dire de la restructurer et d'aller de l'avant, soit de la laisser dépérir. Voilà selon moi les deux choix auxquels nous sommes confrontés.
La concurrence est très vive actuellement, mais si nous arrivons à avoir les mêmes règles pour tous et les bonnes réactions, nous pourrons probablement être compétitifs. La situation ne sera pas aussi rose qu'elle l'était durant la dernière décennie, mais il faut réagir, et nous avons donc pris certaines décisions stratégiques.
La part canadienne du commerce mondial du porc est de 22 p. 100 environ. Ce commerce s'intensifie plutôt que de diminuer. Par contre, notre consommation intérieure n'augmente pas. Donc, si nous souhaitons protéger le gagne-pain des travailleurs et l'avenir des collectivités rurales, il faut se secouer. On vous a décrit plusieurs aspects différents de la situation, du point de vue du Conseil du porc et du point de vue du producteur. Nous sommes toujours en train d'examiner d'autres enjeux, leur signification. Nous savons qu'une réforme de la réglementation s'impose. Nous savons que la mise en marché internationale entre en jeu. Nous savons qu'il faut réduire le plus possible le coût des intrants, se restructurer et gagner en efficacité.
Par rapport à tous les autres secteurs canadiens, nous sommes conscients que le nôtre dispose de ressources abondantes. Nous dépendons des débouchés à l'exportation, à l'instar de l'industrie du boeuf, de celles des céréales et des oléagineux, du bois d'oeuvre résineux et de plusieurs autres. Nous sommes tous aux prises avec l'appréciation de la devise. Nous y réagissons et nous avons tous besoin de faire les ajustements qui s'imposent. Les trois quarts peut-être de la réaction vont devoir venir de nous, de l'industrie, mais je crois que le gouvernement peut aussi faire sa part.
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Il faut bien cerner la problématique et peut-être diviser un peu le Canada en régions.
L'Ouest canadien est quand même une région où la production porcine ne date pas d'il y a 30 ans. L'essor a fait suite à l'abolition du Programme du transport du grain de l'Ouest du Nid-de-Corbeau. On a alors assisté à l'émergence de cette production, malgré des contraintes moindres qu'au Québec, notamment sur le plan environnemental.
Je crois que Mme Grenier-Audet faisait allusion à cette problématique, qui permet maintenant à des producteurs ou à des groupes de producteurs d'investir dans des maternités qui peuvent compter jusqu'à 6 000 truies. C'est le cas au Manitoba, en Saskatchewan, et il y aurait quelques projets en Alberta. Il est donc possible de développer la production dans l'Ouest canadien.
Dans l'Est canadien, il y a la contrainte environnementale. Je doute que, malgré cette contrainte, la production se réduise comme une peau de chagrin. On a peut-être atteint un sommet à 7,5 millions, car on produira peut-être 6,5 millions de porcs cette année. Il y a quand même peut-être encore un potentiel de croissance. Donc, la production risque d'être plus stable dans l'Est et, selon les conditions du marché, elle sera en croissance du Centre vers l'Ouest. Telle est notre évaluation approximative du potentiel.
En ce qui concerne les établissements, voici ce que nous avons essayé de faire. Nous avons des établissements où nos coûts de main-d'oeuvre et notre productivité ne sont pas optimaux dans le propre bassin d'Olymel. Or, nous avons tenté depuis, quelques années déjà, par la récente fusion avec le Groupe Brochu, d'aller chercher des volumes dans des établissements que nous modernisons pour augmenter notre productivité.
Ce qui était recherché à Princeville, l'établissement dont vous parlez, c'était une usine. Elle fonctionnait jadis moyennant des conditions qui ne lui permettaient pas d'être compétitive. Nous avons réussi à renégocier des conditions nous laissant croire à un avenir malgré la situation difficile. Nous avons redémarré le premier quart. Nous allions démarrer le deuxième quart, mais cela nécessitait des fermetures dans d'autres établissements, donc, notre rationalisation. Toutefois, nous en avons été empêchés par la décision d'un arbitre.
Nous sommes maintenant à réfléchir à quelque chose de plus grand que seulement Princeville. Nous constatons que dans un certain cas, l'an dernier, nous avons perdu près de 55 millions de dollars dans l'Est. Nos propriétaires ont décidé que ce modèle ne pouvait pas continuer plus longtemps, qu'il nous fallait poser des gestes importants qui, dans certains cas, pourraient vouloir dire des fermetures d'établissement en plus de celles qui ont déjà été annoncées.
Nous nous sommes adjoint les services de M. Lucien Bouchard, qui est bien connu ici, à Ottawa, pour nous aider à négocier avec nos partenaires et à explorer de nouvelles voies, à négocier de nouvelles conditions de travail avec nos employés, et pour examiner à moyen et à long terme la compétitivité face aux Américains. Nous avons réussi cela dans certains établissements. Nous négocions encore avec un important établissement.
Ensuite, il y a le volet de la production. Il faut voir s'il n'y a pas moyen de redéfinir un nouveau modèle de mise en marché au Québec pour nous aider à faire face à cette nouvelle réalité. Avec les autorités gouvernementales au Québec, nous avons abordé la question de savoir s'il est possible de mettre en place un programme ou une façon de voir les choses, car nous ne pouvons plus continuer avec 11 usines et une production de 6,5 millions de porcs. Cela ne tombe pas sous le sens.
Si nous réussissons à faire bouger les choses sur différents plans, nous sommes convaincus que nous serons en mesure de mettre en place au Québec quelque chose qui nous donnera une perspective d'avenir, mais ce sera selon un modèle qui sera différent du modèle actuel.
Si nous ne réussissons pas à nous donner cette perspective, il se pourrait que nous annoncions, nous aussi, des fermetures importantes qui pourraient avoir une conséquence sur la production.
Voilà pourquoi, plus tôt, dans mon propos, j'interpellais le gouvernement fédéral en lui disant que nous aurons probablement besoin de son aide. Vous l'avez fait dans d'autres secteurs, vous avez déjà imaginé des moyens de le faire. Le secteur du porc ne pourrait-il pas en bénéficier maintenant pour traverser cette période et se restructurer comme tout le monde ici, autour de la table, le souhaite?
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Oui, c'est facile à prouver, étant donné que l'an dernier, les vétérinaires du Québec ainsi que la Financière agricole du Québec ont fait des sondages. Sur les lieux mêmes des fermes, 270 000 porcs sont morts. Ils ne se sont pas rendus à l'abattage. De plus, un nombre égal, sinon supérieur, de porcs se sont rendus à l'abattage, mais leur poids était de beaucoup inférieur à ce qu'il aurait été normalement, ce qui a amené un important manque à gagner du côté de la production.
Comme je vous l'ai précisé déjà, le manque à gagner a été plus important que le montant de 60 000 qui a été ai mentionné plus tôt. Les porcs qui étaient plus légers ont été vendus, dans certains cas, à la moitié ou au quart de leur valeur normale. À cet égard, le PCSRA a été déficient.
On sait que des vaccins pilotes homologués sont maintenant disponibles. Or, on ne sait pas s'ils vont faire effet sur les troupeaux. On demande donc au gouvernement de maintenir l'usage des vaccins Intervet, qui ont eux aussi servi de vaccins pilotes. Ils ne sont pas homologués pour l'instant, mais ils fonctionnent. On demande au gouvernement de faire en sorte qu'on puisse continuer à utiliser les vaccins Intervet tant qu'on ne saura pas dans quelle mesure les nouveaux vaccins fonctionnent.
Nous demandons aussi qu'on investisse dans des programmes ambre, comme le font les pays avec lesquels nous sommes en concurrence. Nous sommes exportateurs; c'est donc important que nos règles du jeu soient les mêmes que celles de ces pays.
On demande également qu'une partie des programmes de recherche réalisés dans le domaine de l'agriculture soit consacrée à la production porcine et que les fonds pour la recherche lui soient attribués selon son importance en termes de production.
Comme l'ont dit plus tôt Jean-Guy Vincent et Clare Schlegel, il est important qu'on homologue les médicaments aussi rapidement que les autres pays. Autrement, on n'est pas compétitifs; on n'applique pas les mêmes règles du jeu que nos compétiteurs.
Enfin, on veut vous dire que dans le cas où des comités de travail seraient formés pour aider le gouvernement à y voir plus clair, le Québec sera disposé à apporter sa contribution et à fournir des renseignements concernant la production. C'est ce que nous connaissons le mieux. De plus, nous serons disponibles pour assister à des rencontres traitant de l'avenir de la production à moyen et à long terme.
Quoi qu'il en soit, ce qui est primordial aujourd'hui, c'est que de l'argent comptant aille dans les poches des producteurs dont les troupeaux sont touchés par la maladie et qui n'ont reçu aucune aide financière du PCSRA.
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Compte tenu de la taille de la production, nous sommes d'avis, je pense, que le Québec devrait se doter d'infrastructures permettant à son industrie porcine d'être aussi compétitive que celle du reste du Canada et de l'Amérique du Nord. Je crois qu'on s'entend pour dire que 11 établissements au Québec, c'est trop. Par contre, même si on créait un comité, on ne s'entendrait pas sur le choix à faire parmi les établissements.
À Olymel, nous avons essayé de fonctionner avec notre volume d'abattage, mais nous nous sommes butés à des difficultés. Celles-ci n'avaient rien à voir avec notre volonté, l'État ou quoi que ce soit d'autre. En vertu d'une décision arbitrale, nous procédons donc à une restructuration.
D'après nous, le problème est aussi que nous faisons face à un manque de compétitivité lié à la taille des établissements. Nous pouvons éviter d'aborder ce problème maintenant, mais il va nous rattraper. Nous risquons d'adopter des solutions qui, à moyen et à long terme, vont devenir inappropriées. L'infrastructure et sa taille génèrent des économies, ce que ne réussissent pas à faire les petits établissements, dispersés ici et là sur le territoire, souvent même à l'extérieur des zones de production. On ne prétend pas que la seule solution soit d'avoir un seul gros abattoir au Québec. On dit que si le Québec ne se dote pas de structures compétitives, il va être rattrapé par la concurrence.
On vit déjà cette situation. On peut le constater au moyen de notre propre analyse comparative avec les gens de Red Deer. Les gens de chez Maple Leaf font leur propre analyse parce qu'ils décident de se recentrer sur la valeur ajoutée dans un seul établissement dont le volume d'abattage sera porté à 90 000 porcs par semaine.
C'est donc dire qu'à l'intérieur de l'industrie, au Québec, nous constatons qu'il nous faut nous doter d'une infrastructure compétitive. Il ne faut pas nécessairement que ça se fasse la semaine prochaine ou l'an prochain, mais on doit trouver une façon d'y arriver. C'est la raison pour laquelle on se consulte et on travaille avec les représentants de la fédération et de l'UPA. On doit réfléchir à la façon dont on pourrait élaborer ensemble un modèle de partenariat, peut-être même de partage de risques. Ça pourrait en effet impliquer la fermeture de certains établissements plus petits. Je sais que ce n'est jamais drôle à entendre pour quelqu'un qui représente une région. Il reste que si nous ne le faisons pas, c'est le marché qui va nous forcer à le faire, les uns après les autres.
Je pense qu'on a un problème au Québec et qu'il faut l'aborder. Il ne faut surtout pas le cacher sous la couverture.
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Je vais tenter de répondre à votre deuxième question, qui concerne la raison pour laquelle la production américaine s'accroît alors que c'est le contraire au Canada. Je crois que l'explication est fort simple. Entre autres, dix yens achètent plus de porc aux États-Unis actuellement qu'au Canada. C'est un simple calcul mathématique et, quand il y a rencontre des acheteurs et des vendeurs, les acheteurs choisissent d'acheter là-bas.
La deuxième composante est le fait que le système de production américain peut se permettre d'acheter des porcs canadiens plus maigres, puis de les transformer davantage. Alors que les exportations américaines augmentent de quelque 14 ou 15 p. 100 actuellement, c'est le Canada qui fournit 8 à 9 p. 100 de ces bêtes en tant que jeunes animaux qui, une fois entrés aux États-Unis, y sont engraissés avec du maïs américain moins cher. Ils devraient être reconnaissants au Canada de contribuer à ce succès.
Les facteurs sous-jacents qui nous préoccupent sont ces problèmes de compétitivité avec lesquels nous sommes aux prises tout au long de la chaîne d'approvisionnement, et il faut réagir.
Le troisième élément est la vive préoccupation au sujet des produits d'intrant dans la santé animale. Parmi les pays industrialisés, le Canada se classe au dernier rang. C'est là une source de préoccupation. Il faut frapper un juste milieu entre la protection de la santé des Canadiens — le rôle de Santé Canada, qui est l'organisme d'homologation, par l'intermédiaire de sa Direction des médicaments vétérinaires — et l'accélération du processus.
Toutefois, quand on sait que l'Australie peut le faire en moins de 200 jours, malgré un plus petit marché et une plus faible population —, qu'elle peut le faire plus rapidement que nous... Or, la santé des Australiens est tout aussi importante, de même que celle des Américains.
Donc, si la convocation d'un témoin vous intéresse, notre bureau peut certes vous aider.
Il faudrait que vous sachiez que l'industrie canadienne des productions animales est en train de se regrouper pour parler d'une seule voix au gouvernement et à d'autres interlocuteurs. C'est là un point névralgique, de même que la prévention des maladies chez les animaux — tenir les maladies à distance. C'est absolument critique, et nous estimons que certains ajustements peuvent être faits.
Dans un monde d'aussi grande spécialisation et capitalisation, il est temps selon nous d'aligner les priorités du gouvernement sur celles de l'industrie. Nous faisons également des suggestions dans ce domaine au ministre et à d'autres.
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La question des facteurs de compétitivité est vaste. Il y a une quinzaine d'années, notre dollar valait 85 ¢, et l'industrie porcine se portait bien.
J'ai pris soin de mentionner que lorsque notre devise ne valait que 68 ¢, on a négligé les questions de productivité. Cet avantage additionnel nous a permis d'exploiter ces grands facteurs de compétitivité, tant dans le secteur de la transformation que dans celui de la production.
Pendant ce temps, on a assisté à des changements majeurs aux États-Unis. Ils ont commencé à produire de la viande de qualité. Avant, ils produisaient des kilos, ce qui était commode pour eux. Ils convertissaient une protéine végétale en une protéine animale et ils débarquaient. Les Américains sont de plus en plus des producteurs de porcs à l'année: un phénomène qu'on observe au Québec et au Canada. Un changement de mentalité s'est opéré aux États-Unis. La qualité de leur porc s'est améliorée, ce qui nous a rendu un peu moins concurrentiels, malgré qu'on ait toujours eu — et qu'on ait encore — un très bon produit. Quoi qu'il en soit, l'écart par rapport à nos compétiteurs s'est rétréci.
Les producteurs américains ont utilisé un modèle plus productif, c'est-à-dire des unités beaucoup plus grosses. Je ne veux pas dire par là que nous ne sommes pas productifs. L'Ouest canadien peut fonctionner différemment de l'Est canadien, qui a des contraintes environnementales fort compréhensibles. Les producteurs de l'Est ont développé des porcs beaucoup plus lourds que les nôtres, soit entre 97 et 101 kg de carcasse. L'an dernier, au Québec, le poids était de 86 kg. On a apporté certains changements, ce qui a porté ce poids à 92 kg. Pour vous donner une idée, un kilogramme de différence sur une carcasse équivaut à 50 ¢ en perte de productivité pour l'abattoir. C'est un facteur extrêmement important.
Un autre facteur de compétitivité est celui de la taille des établissements. Une production de 10 000 porcs ne permet pas les mêmes économies d'échelle qu'une production de 90 000.
Au Canada, même si nous sommes compétitifs en termes de coûts de main-d'oeuvre, nos conventions collectives sont généralement plus lourdes que celles des États-Unis. Je ne parle pas des travailleurs illégaux qui font fonctionner les usines américaines, ce qui n'est pas le cas au Canada.
Cet ensemble de facteurs fait en sorte qu'on ne fonctionne pas selon les mêmes paramètres. La difficulté n'est pas tant le niveau de concurrence qu'on ne peut pas atteindre, elle est de passer d'une valeur du dollar de 68 ¢ à 93 ¢. Actuellement, la valeur se situe davantage entre 87 ¢ et 88 ¢. Quelle sera la valeur du dollar l'an prochain? Certains prévoient qu'elle sera de 92 ¢, tandis que d'autres prévoient un recul à 85 ¢. À 85 ¢, on respirerait déjà mieux.
L'industrie a été appelée à bouger beaucoup plus rapidement qu'elle ne le pouvait, ce qui l'a déséquilibrée. Nous pouvons atteindre le niveau de compétitivité des Américains. Même si on a maintenu le statu quo pendant trop longtemps, on peut y arriver. Il faut se donner le temps de revoir ensemble nos modes de fonctionnement.
Dans certaines régions du Canada, la production est plus mûre et la taille des productions, plus petite. Il faudra faire preuve d'imagination pour que les producteurs et les transformateurs travaillent en étroite collaboration et de façon plus efficace qu'ils ne le font actuellement. Ils pourraient devenir des partenaires et essayer de créer de la valeur ajoutée.
Si une ferme donnée a des besoins qui génèrent des coûts additionnels, ils ne seront pas intéressés à y répondre s'ils ne sont pas rémunérés en conséquence. La question du partage des coûts n'est pas claire. On doit établir des partenariats où on partagerait les risques. On croit que c'est possible. On a lancé l'idée à des producteurs au Manitoba, ce qui a débouché sur un nouveau partenariat.
À l'heure actuelle, les producteurs de l'ouest de l'Alberta examinent la question avec nous et on a amorcé des discussions. Au Québec, on verra où cela mènera.
On pense qu'on peut rapprocher davantage les fonctions de production et de transformation afin de créer de la valeur au Canada.