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Volontiers, monsieur le président.
Bonjour et merci beaucoup. Je suis heureux de pouvoir comparaître devant le comité.
Je m'appelle André Gravel et je suis le premier vice-président de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Comme vous le savez, l'ACIA a des responsabilités réglementaires à l'échelle fédérale en ce qui a trait à la salubrité des aliments ainsi qu'à la santé des animaux et des plantes. L'Agence a récemment célébré son 10e anniversaire. Depuis 10 ans, l'Agence s'efforce d'assurer la salubrité des aliments et la santé animale et végétale au Canada, ce qui a contribué à la santé de la population canadienne, de l'environnement et de l'économie. Les régimes de réglementation et d'inspection dont nous sommes responsables ont eu un impact favorable sur la confiance à l'échelle internationale, ce qui est la pierre angulaire du commerce.
[Français]
Depuis sa création, il y a de cela 10 ans, l'agence a vu sa capacité et son profil prendre de l'ampleur et se raffiner. Elle est maintenant l'objet d'une attention et d'une importance accrues. L'ACIA est la plus importante agence de réglementation à vocation scientifique au Canada. Pour que ses décisions demeurent objectives, crédibles et défendables, il faut qu'elles reposent sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles et qu'elles tiennent compte de façon équilibrée d'autres facteurs liés de façon intrinsèque à l'intérêt public.
Lorsque nous prenons des décisions en matière de gestion du risque, de nombreux facteurs peuvent être pris en considération, notamment des facteurs sociaux, économiques et environnementaux, y compris les répercussions sur les intervenants et les consommateurs. Comme il est impossible de prévenir tous les risques, l'agence s'efforce d'avoir une approche rigoureuse en matière de gestion du risque.
[Traduction]
En raison de notre compétence et de la qualité de nos travaux de recherche scientifique, nous jouissons d'une excellente réputation sur la scène internationale. Par exemple, plusieurs installations de l'ACIA ont été désignées laboratoires de référence pour la grippe aviaire et l'ESB par l'OIE, l'Office international des épizooties. Qui plus est, le réseau de laboratoires de l'Agence comprend 13 des 17 laboratoires de référence internationaux au Canada.
C'est l'expertise remarquable de notre personnel qui est le fondement de notre réputation à l'échelle nationale et internationale. L'Agence compte plus de 6 000 employés dans l'ensemble du pays, dont l'objectif est de travailler dans l'intérêt de la population canadienne. Comme nous fêtons notre 10e anniversaire, j'aimerais profiter de l'occasion pour mentionner certaines des réalisations de la dernière décennie.
Lorsque l'ESB a été découverte au Canada en 2003, l'ACIA a réagi rapidement et efficacement. Par la suite, nous avons mis en place une stratégie globale à multiples facettes en vue d'éradiquer la maladie du cheptel canadien. C'est grâce à cette stratégie que la confiance à l'égard du marché national a été maintenue et que les marchés internationaux ont pu être rétablis aussi efficacement, du jamais vu.
[Français]
Jusqu'à maintenant, plus de 150 000 animaux de populations à risque ont été testés en vertu du programme de surveillance de l'ESB du Canada. Le renforcement de l'interdiction sur les aliments du bétail, qui entrera en vigueur le 12 juillet 2007, nous aidera à juguler la propagation de la maladie et accélérera également l'éradication de celle-ci au sein de la population bovine.
Grâce à ces mesures et à d'autres moyens mis en oeuvre pour contrôler l'ESB, une recommandation a été déposée pour que le Canada soit reconnu officiellement par l'OIE en tant que pays à risque contrôlé pour l'ESB. Cette reconnaissance devrait nous être accordée plus tard cette année. Cette reconnaissance témoigne bien du niveau élevé de confiance que les autres pays nous accordent et souligne l'efficacité des mesures de contrôle de l'ESB mises en oeuvre au Canada, ainsi que notre engagement à protéger la santé du public et des animaux.
[Traduction]
Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'hier l'Agence a annoncé la découverte du 10e cas d'ESB au Canada. Cette nouvelle ne met aucunement en péril la salubrité des aliments ou la santé publique et n'aura aucune répercussion sur le statut du Canada à l'égard de la maladie de la vache folle. En effet, les Canadiens et le cheptel national sont protégés par une panoplie de mesures intégrées de lutte contre l'ESB. En se fondant sur les lignes directrices de l'OIE et les recommandations d'un conseil d'experts international, le Canada a renforcé ses mesures de protection depuis la découverte du premier cas d'ESB en mai 2003.
Au fil des ans et bien que d'autres cas aient été détectés, les réactions, tout comme les répercussions sur l'industrie, se sont atténuées.
[Français]
L'ACIA s'est également impliquée dans le dossier de la grippe aviaire. En 2004, l'ACIA, en collaboration avec ses homologues provinciaux, a fait enquête sur une poussée de grippe aviaire hautement pathogène dans la vallée du Fraser en Colombie-Britannique, et l'a confinée avec succès. Du personnel de partout au pays a participé à cette intervention rapide dans le cadre de laquelle il a fallu procéder à l'abattage intégral de tous les animaux présents dans les installations infectées et à la destruction préventive d'oiseaux dans les environs.
[Traduction]
Les souches de grippe aviaire hautement pathogènes peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la santé humaine et animale. Nous prenons donc au sérieux la menace que présentent de possibles réinfections ou l'émergence de nouvelles souches. C'est pourquoi l'Agence appuie et promeut la mise en place de mesures de biosécurité améliorées dans les poulaillers commerciaux et artisanaux. L'ACIA renforce ses mesures de surveillance et de lutte contre la maladie à l'échelle du pays.
Le personnel de l'Agence s'attaque également au problème des espèces exotiques envahissantes, qui présentent des risques pour l'économie et l'environnement. L'agrile du frêne, le longicorne brun de l'épinette et le longicorne asiatique sont des exemples d'espèces exotiques envahissantes qu'on a retrouvées au Canada.
Bien évidemment, le public s'intéresse de près à la salubrité des aliments. D'après un sondage récent de l'ACIA, une grande majorité des Canadiens, à savoir 82 p. 100, estiment que le système de salubrité des aliments canadien est l'un des meilleurs au monde. De plus, 78 p. 100 des répondants sont d'avis que le gouvernement du Canada informe bien les Canadiens sur les questions de salubrité, et 74 p. 100 des Canadiens voudraient recevoir des informations concernant les rappels d'aliments.
À l'échelle de la planète et au Canada, les gens s'attendent à ce que les aliments qu'ils consomment soient salubres.
[Français]
À l'automne 2006, nous avons émis plusieurs alertes de risques pour la santé reliés à des aliments. Parmi celles-ci, mentionnons des alertes concernant la présence de salmonelles dans le chocolat, de toxines produites par clostridium botulinum dans du jus de carottes et de salmonelles dans des épinards. Le nombre élevé de rappels indique que le système fonctionne bien. Les problèmes sont identifiés rapidement et l'agence répond aux attentes des Canadiens.
L'ACIA a également réagi récemment à la suite d'événements ne mettant pas les aliments en cause, comme la détection d'un ravageur de la pomme de terre, le nématode doré, dans une région tout juste à l'extérieur de Montréal. Après une surveillance attentive, nous avons créé une région réglementée, et désigné quatre sites satellites connexes — c'est-à-dire des régions plus petites non directement adjacentes à la région réglementée —couvrant en tout 4 700 hectares environ, pour limiter la propagation du nématode.
En mars 2007, le Animal and Plant Health Inspection Service, ou APHIS, de la USDA, a imposé la tenue d'analyses obligatoires pour les pommes de terre de semences importées. Ainsi, à partir du 21 mars 2007, toutes les pommes de terre de semences exportées aux États-Unis doivent être accompagnées de résultats d'analyses de sol et exemptes d'un nématode à kyste de la pomme de terre.
En ce qui a trait aux pommes de terre expédiées jusqu'à maintenant en vertu de cette exigence, l'ACIA, en consultation avec les intervenants, a réagi rapidement pour prélever les échantillons de sol requis et effectuer les analyses. Comme le tout s'est déroulé de façon efficace, les impacts sur le commerce ont été limités.
[Traduction]
Je ne vous ai cité que quelques-unes de nos réalisations des dernières années. Dans notre rapport sur les plans et les priorités, nous traitons de l'avenir et du rôle que l'ACIA continuera à jouer.
Les cinq priorités qui se retrouvent dans le rapport sont les suivantes: améliorer la conformité aux règlements; faire en sorte que l'Agence demeure prête à intervenir en cas d'influenza aviaire et d'autres zoonoses et de maladies ou de ravageurs des plantes; appuyer le programme d'action en faveur de la productivité et de la compétitivité en matière d'innovation; faire avancer les grandes initiatives de réglementation; et poursuivre la gestion du programme d'action de l'Agence.
À la lumière de ces priorités, nous allons notamment améliorer la conformité aux règlements grâce à des cibles mesurables. Nous savons que la gestion fondée sur les résultats et la responsabilisation sont des priorités pour le gouvernement. Maintenant que nous avons des cibles raisonnables et des mesures de rendement en place, nous pourrons davantage faire respecter nos règlements. Nous voulons assurer la cohérence des inspections et de la conformité à l'échelle du pays.
[Français]
Nous nous sommes engagés à nous améliorer constamment, et nous voulons travailler avec nos partenaires provinciaux et territoriaux pour rehausser les normes de salubrité alimentaire et le respect de la réglementation dans le secteur alimentaire non visé par le régime fédéral. Il s'agit d'un secteur en expansion qui effectue de nombreuses importations d'aliments. Or, nous voulons nous assurer que les approches appropriées en matière de gestion et d'atténuation du risque soient prises.
En ce qui concerne les zoonoses, des maladies qui peuvent affecter les animaux et les humains, nous devons demeurer vigilants et prêts à intervenir. L'intérêt des médias et du public peut varier dans le temps, mais pour l'ACIA, la protection de la santé du public et des animaux demeure un enjeu perpétuel.
Le budget de l'ACIA pour la prestation de ses programmes et de ses services est passé de 571 millions de dollars, dans le budget principal de 2006-2007, à 587 millions de dollars dans le budget principal de 2007-2008. Il s'agit d'une augmentation nette d'environ 16 millions de dollars. Cette somme sera affectée aux nouvelles ressources requises, notamment pour nous assurer que nous sommes prêts à intervenir en cas de grippe aviaire et de pandémie de grippe, et pour le régime des produits biologiques. Cela est contrebalancé par la mise en application des réductions du comité d'examen des dépenses et la temporisation des ressources affectées à l'interdiction sur les aliments du bétail en lien avec l'ESB.
[Traduction]
Au montant de 587 millions de dollars figurant dans le Budget principal de 2007-2008, on rajoute 52 millions de dollars dans le rapport sur les plans et les priorités, pour refléter les dépenses prévues de 639 millions de dollars pour 2007-2008. Le financement supplémentaire servira aux inspections des abattoirs et au renouvellement du financement relatif à l'interdiction visant les aliments du bétail venu à échéance.
Il devient de plus en plus difficile, en raison des échanges commerciaux et des voyages internationaux, de protéger nos aliments et la santé humaine, animale et végétale. Nous poursuivrons nos efforts afin de protéger les Canadiens contre ces menaces.
Merci beaucoup. Nous serons maintenant heureux de répondre à vos questions, monsieur le président.
Vous dites que les agriculteurs n'assument que 10 p. 100 de vos coûts. Dans les calculs que vous allez nous faire parvenir, pourriez-vous indiquer les coûts administratifs découlant de la perception des frais? Je suis prêt à parier que l'argent des agriculteurs sert uniquement à employer des gens qui s'occupent de l'administration et que ça n'a pas vraiment d'avantage pour votre structure globale.
Dans le cas des pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard, par exemple, les frais imposés par l'ACIA sur un chargement de pommes de terre équivalent, et dépassent dans certains cas, les coûts de transport jusqu'à Toronto. C'est pour cela que notre secteur ne peut pas être concurrentiel.
J'aimerais poser une autre question et peut-être que le secrétaire parlementaire, Jacques, devrait y répondre. Le , déposé dans le courant de la législature précédente, a suscité des objections de la part de l'opposition, ce qui est normal, mais il faut reconnaître qu'il s'agissait d'un texte législatif très important en vue de simplifier le système. En fait, cette mesure nous aurait permis d'être plus concurrentiels en améliorant les inspections à la frontière et en permettant une plus grande harmonisation avec les États-Unis, entre autres.
Je ne sais pas si vous êtes en mesure de répondre parce que c'est plutôt au gouvernement de réagir mais, moi, j'estime que ce texte législatif est nécessaire. Peut-être qu'André ou le secrétaire parlementaire, au nom du gouvernement, pourrait répondre. J'aimerais savoir quand nous pourrons avoir un texte législatif mettant à jour les différentes lois de l'ACIA, les lois sur la santé animale et végétale et d'autres mesures pour nous amener à l'ère moderne, parce que le projet de loi dont je parle n'a pas été adopté lors de la dernière législature.
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Merci pour votre question.
Il va sans dire que l'agence est également préoccupée par l'importation. Une bonne partie des produits alimentaires des Canadiens provient d'une multitude de pays. C'est clairement la responsabilité de l'agence de veiller à ce que ces produits soient salubres et respectent les normes canadiennes.
Selon les marchandises, par exemple les viandes et les poissons, l'agence possède un système d'inspection lui permettant de visiter les établissements des pays étrangers. Nos mesures de réduction des risques comprennent une intervention dans les pays d'origine. Dans tous les cas, en ce qui concerne les viandes et les poissons, on revoit les systèmes d'inspection et les usines des pays étrangers.
De plus, on réinspecte une quantité significative de marchandises à leur entrée au Canada. La fréquence de la réinspection des produits dépend des résultats obtenus lors de l'inspection à l'importation. Par exemple, si un produit importé des États-Unis soumis à la réinspection est rejeté, les prochaines expéditions de cette usine seront clairement sujettes à des inspections plus intenses.
L'agence ne prétend pas revoir tous les produits qui arrivent au Canada. On procède de façon statistique et sur une base de risque. Notre évaluation est fonction du profil de risque du pays d'où proviennent ces aliments et du profil de risque intrinsèque des produits importés.
Par exemple, les fruits et légumes frais en provenance des États-Unis, les épinards notamment, ont été identifiés comme étant des produits à haut risque. Les mélanges de salades frais prêts à manger provenant des États-Unis sont également des produits à haut risque. Nos interventions sur ces produits sont beaucoup plus intenses du point de vue bactériologique.
L'agence a aussi mis en place, il y a de nombreuses années, un système de réinspection et d'échantillonnage de produits pour ce qui est des résidus chimiques. On a parlé du cas de l'importation des épinards américains, de contamination par E. coli et des salmonelles dans le chocolat, mais des produits contaminés par des résidus chimiques entrent également au Canada. L'agence prélève également de façon systématique des échantillonnages au hasard, mais aussi de façon ciblée pour les produits qui entrent au Canada.
Peut-on vérifier tout ce qui entre au Canada? Non. Personne n'aurait pu prévoir que des produits contaminés à la mélamine entreraient aux États-Unis pour la fabrication d'aliments destinés au bétail. Par contre, dans la mesure où l'agence est mise au courant rapidement, elle intervient très rapidement afin de réduire les risques.
Pour nous, l'importation demeure un dossier prioritaire.
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Merci, monsieur le député.
Comme nous l'avons déjà dit devant ce comité lors de comparutions précédentes, nous reconnaissons les défis que pose la mise en oeuvre de l'interdiction élargie concernant l'alimentation animale. Nous avons tout mis en oeuvre pour collaborer avec l'industrie et les provinces sur la question de l'élimination, puisque ce sont elles qui en assument principalement la responsabilité. Nous avons indiqué dans notre témoignage qu'un groupe de travail spécialisé a été constitué. Nous sommes prêts à faire des évaluations au cas par cas pour régler les problèmes des petits producteurs ou des petits fabricants et pour trouver des solutions qui leur conviennent.
En ce qui concerne la réglementation, je ne suis pas certain qu'on puisse dire que « nous nous sommes nous-mêmes imposé ces règles », comme si nous nous les étions imposées sans raison, mais il reste, comme on l'a bien vu la dernière fois, que tout doit être fait pour respecter la date de mise en oeuvre; je pense que tout le monde en convient. La relance économique et la relance du marché pour les producteurs, notre image de marque au plan international, qui est déterminante pour la confiance du consommateur et des marchés internationaux, sont intimement liées à la détermination, comme nous l'avons dit, de toute la chaîne de production, des autorités politiques, de l'industrie, des secteurs public et privé, de mettre en place les mesures nécessaires pour accélérer l'éradication de l'ESB.
Pour les petits abattoirs et les petits producteurs, nous avons accepté une période de prolongation de six mois. Ils ont été contraints de séparer le produit, mais ils ont eu l'occasion de chercher d'autres méthodes pour en disposer. Ce n'est pas obligatoirement le petit producteur qui assume le fardeau de la construction d'une installation de compostage. Il peut obtenir un permis pour envoyer son produit dans d'autres installations ou l'envoyer par contrat dans un dépotoir. Cela fait partie des efforts déployés par Agriculture et Agroalimentaire Canada pour collaborer avec les provinces à une initiative de financement permettant à ces dernières de mettre en place la capacité de traitement nécessaire en coopération avec les groupes industriels.
Dans le cas particulier dont vous parlez, je suis sûr que le président de notre groupe de travail est prêt à organiser une rencontre avec vous et avec votre électeur afin que nous puissions évaluer son cas, éventuellement de concert avec la province, pour régler ce problème d'élimination.