Bonjour. Je suis heureuse d'avoir la chance aujourd'hui de vous présenter une mise à jour des activités de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada.
[Français]
À la demande du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, j'ai soumis un rapport qui indique le nombre de nouveaux pesticides et de produits antiparasitaires à usage limité qui ont été autorisés, le nombre d'anciens pesticides qui ont été réévalués, ainsi que le nombre d'homologations temporaires et d'urgence qui ont été accordées. Ce rapport décrit également un certain nombre de nos programmes, dont nos activités visant à éliminer le déficit technologique. Le chef de l'homologation, Richard Aucoin, et moi serions heureux de répondre à vos questions à ce sujet après ma présentation.
J'aimerais profiter de l'occasion pour vous parler de certains de nos travaux et de nos réalisations qui seront utiles aux producteurs canadiens.
[Traduction]
Comme vous le savez, peu de temps après ma dernière présentation au comité permanent, la nouvelle Loi sur les produits antiparasitaires et le Règlement connexe sur les produits antiparasitaires, qui a été révisé, sont entrés en vigueur. Je suis heureuse aujourd'hui de pouvoir annoncer que deux nouveaux règlements pris en vertu de la nouvelle loi — le Règlement sur les déclarations d'incidents relatifs aux produits antiparasitaires et le Règlement concernant les rapports sur les renseignements relatifs aux ventes de produits antiparasitaires — ont été enregistrés et publiés dans la partie II de la Gazette du Canada, le mercredi 15 novembre.
Le Règlement sur les déclarations d'incidents relatifs aux produits antiparasitaires exige que les titulaires déclarent les incidents, y compris les effets néfastes pour la santé, reliés à l'utilisation de leurs pesticides. Les renseignements recueillis des fabricants de pesticides seront combinés aux déclarations volontaires reçues par Santé Canada dans la base de données relative aux déclarations d'incidents.
[Français]
Le Règlement concernant les rapports sur les renseignements relatifs aux ventes de produits antiparasitaires exige que les titulaires et les demandeurs d'homologation de pesticides déclarent les renseignements concernant les ventes de leurs produits. Ce règlement nous permet également d'exiger des données relatives aux ventes, en réaction à une situation qui menace la santé humaine ou l'environnement. Grâce aux déclarations des incidents et des ventes, nous pourrons mesurer les effets néfastes et disposerons de renseignements plus étoffés aux fins de l'évaluation des risques présentés par les pesticides pour la santé et pour l'environnement, dans le cadre de nos évaluations.
[Traduction]
Au cours de la saison de croissance 2006, de nombreux agriculteurs canadiens ont eu recours au Programme d'importation pour approvisionnement personnel. À la fin de juin, nous avions octroyé 2 301 permis autorisant l'importation de 4,64 millions de litres de pesticide. À l'automne, nous avions approuvé 1 035 permis supplémentaires, ce qui totalise 6,4 millions de litres importés.
Comme l'étiquette du produit interdit l'utilisation de l'herbicide ClearOut 41 Plus après un gel destructeur, nous avons établi des délais pour les demandes de permis qui tenaient compte du temps pris par l'examen d'une demande et l'importation du produit, tout en prévoyant le moment d'un gel destructeur.
Comme l'an passé, nous avons consulté des spécialistes provinciaux en agriculture afin de prévoir les dates limites approximatives d'utilisation du ClearOut 41 Plus dans les provinces. La date la plus hâtive était le 15 octobre dans les provinces des Prairies. Le 11 octobre, nous avons dû malheureusement interrompre l'émission des permis d'importation dans les provinces des Prairies, puisqu'il y avait eu un gel destructeur.
Dans le cadre de notre travail avec les titulaires, les producteurs, d'autres ministères, des organisations non gouvernementales et la population en général, nous savons que la communication efficace est la clé de l'amélioration de la compréhension, de la confiance et de la participation à nos travaux. Pour nous, l'engagement des intervenants est essentiel à la compréhension des besoins du secteur agricole.
Nous avons communiqué avec nos intervenants, visité les régions et travaillé avec des organismes comme le Conseil canadien de l'horticulture concernant un certain nombre de programmes qui sont décrits plus en détail dans mon rapport. Comme vous le savez, ces activités comprennent le Programme d'importation pour approvisionnement personnel et le Groupe de travail connexe formé en 2005.
Le Groupe de travail sur le Programme d'importation pour approvisionnement personnel a fait consensus et soumis ses recommandations et son rapport, publié en juin dernier. Ses recommandations visent une amélioration de l'accès pour les producteurs à des produits à des prix concurrentiels, tout en protégeant l'investissement des fabricants relativement aux données servant à justifier l'homologation de leurs produits antiparasitaires.
Nous sommes d'accord avec les recommandations du rapport et avons débuté de nouveaux travaux, notamment le projet pilote intitulé Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs. Les priorités des divers producteurs agricoles guideraient ce programme qui leur permettrait d'avoir accès à un large éventail de pesticides.
Nous avons évalué 13 produits canadiens afin de déterminer s'ils sont sensiblement identiques aux produits homologués aux États-Unis. Ce projet pilote sert principalement de fondement à l'élaboration et à l'amélioration de démarches scientifiques et administratives d'examen des futurs produits.
[Français]
Le groupe de travail a déterminé que l'élimination des contenants importés dans le cadre du programme était une question charnière. L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire se préoccupe des progrès réalisés à ce jour quant à l'élimination des contenants importés dans le cadre du programme. Les recommandations concernant le programme ont également mis l'accent sur cette question, relevant notamment le besoin de veiller à l'harmonisation des normes avec celles des programmes actuels de saine gestion des produits antiparasitaires homologués au Canada.
[Traduction]
À la suite d'une autre recommandation du Groupe de travail sur le Programme d'importation pour approvisionnement personnel, nous avons élaboré et publié un projet de « Politique sur la protection des droits de propriété intellectuelle ». Ce projet met à jour les exigences en vigueur actuellement. Il présente également le principe de l'équivalence chimique ou biologique et détermine les catégories de données protégées et la durée de leur protection. Selon le nouveau projet, la responsabilité de déterminer la valeur des données et la compensation pour leur utilisation revient aux entreprises concernées. Ce projet sert à encourager l'introduction de nouveaux pesticides génériques sur le marché, tout en protégeant les droits de propriété intellectuelle des titulaires. Ce projet prolonge la période de protection pour l'ajout de produits à usage limité et favorise l'accès des utilisateurs canadiens à des produits plus modernes, plus innovateurs et à faible risque.
Nous avons commencé à travailler à un autre mécanisme de fixation des prix en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain ou ALENA. Le projet des étiquettes de l'ALENA permet aux producteurs des États-Unis et du Canada d'avoir accès à des produits antiparasitaires qui portent une étiquette de l'ALENA. Le produit serait homologué dans les deux pays, et pourrait être acheté dans l'un ou l'autre pays. Comme les utilisations homologuées du produit dans ces deux pays peuvent différer, il porterait deux sous-étiquettes des utilisations acceptées dans chaque pays.
Nous évaluerons les progrès réalisés en ce qui concerne la mise en oeuvre des recommandations du Groupe de travail sur le Programme d'importation pour approvisionnement personnel à partir de demain, avec la participation du Conseil canadien de l'horticulture, des Producteurs de grains du Canada, de Pulse Canada, de la Canadian Canola Growers Association, de la Fédération canadienne de l'agriculture, de Farmers of North America, d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, de représentants des gouvernements provinciaux et de l'industrie des pesticides. L'évaluation se penchera également sur les avantages possibles du Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs par rapport au Programme d'importation pour approvisionnement personnel.
[Français]
Il inclura les nouveaux développements vis-à-vis du Programme d'importation pour approvisionnement personnel, tenant compte des préoccupations relatives à l'élimination des contenants.
[Traduction]
Aucune décision finale n'a encore été prise concernant le Programme d'importation pour approvisionnement personnel ou le Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs, si ce n'est de l'engagement de Santé Canada d'offrir aux agriculteurs en 2007 une forme de programme d'approvisionnement personnel.
Un certain nombre de projets supplémentaires sont actuellement menés afin de résoudre des problèmes signalés par les producteurs canadiens, notamment: des révisions en ce qui concerne les produits à usage limité afin d'y inclure des produits en plus des matières actives, des activités liées aux examens conjoints et au partage des tâches, qui ont donné comme résultat, en date du début novembre, 76 homologations; neuf activités de cette nature sont présentement en cours; des partages des tâches et un projet d'harmonisation de la méthode d'établissement des limites maximales de résidus. Nous avons en outre poursuivi la mise en application de l'harmonisation des sous-zones pour les données sur les résidus et nous travaillons à un projet, principalement fondé sur l'ensemble de données et les examens de la United States Environmental Protection Agency, pour déterminer les matières actives contenues dans des produits à usage limité qui suscitent beaucoup d'intérêt.
Je suis également heureuse d'annoncer que nous faisons de grands progrès dans la réduction de l'écart technologique, toujours important, entre le Canada et les États-Unis. En ce qui a trait à notre travail, nous utilisons les termes « écart technologique » pour faire référence aux matières actives entrant dans la composition de pesticides, suscitant un intérêt marqué chez les producteurs canadiens de cultures d'importance mineure, homologués pour utilisation aux États-Unis mais pas encore au Canada. Ceci est principalement dû au fait que les fabricants de pesticides n'ont pas soumis leurs produits pour homologation au Canada étant donné le tout petit marché qu'il représentait pour eux.
Afin de réduire cet écart, une des initiatives en cours fait appel aux ressources dévouées de l'ARLA. Dans le cadre de cette initiative, nos employés revoient les matières actives contenues dans des produits à usage limité qui suscitent beaucoup d'intérêt avant même qu'un titulaire soumette une demande d'homologation au Canada. Nous mettons ce projet en oeuvre à l'état de projet pilote pour trois nouvelles matières actives, sélectionnées à partir des commentaires de producteurs tels que les membres du Conseil canadien de l'horticulture. Afin de respecter l'échéance approximative de la révision, établie à quatre mois, l'ARLA utilise l'ensemble des données et des examens de l'EPA pour ces mêmes matières actives. La date butoir pour prendre une décision a été fixée à la fin de ce mois-ci.
[Français]
Les trois matières actives comprennent deux produits chimiques classiques et un biopesticide à risque réduit. Si l'utilisation des trois matières actives est approuvée, les producteurs auront accès à de nouveaux outils de lutte antiparasitaire qui pourraient fournir jusqu'à 250 usages limités aux producteurs canadiens.
[Traduction]
Ces trois matières actives, si leur utilisation est approuvée, fourniront environ 250 usages limités aux producteurs canadiens.
Le succès de ce programme repose en grande partie sur les fabricants qui soumettent des demandes d'homologation au Canada. Comme ils ont déjà commencé à avoir recours à une démarche internationale pour les demandes d'homologation, nous prévoyons que la situation s'améliorera beaucoup au cours des prochaines années.
Je désire être bien claire. Nous nous occupons des enjeux liés aux risques pour la santé et l'environnement, tout en nous préoccupant des inquiétudes des gens du secteur agricole canadien. Notre mandat est clairement énoncé dans la nouvelle loi. Il stipule que, tout en administrant la Loi, le ministre a comme objectif premier de prévenir les risques inacceptables pour les personnes et l'environnement que présente l'utilisation des produits antiparasitaires. Cependant, nous avons actuellement tout intérêt à avoir accès à des produits nouveaux à risque réduit et à ce qu'ils soient utilisés de façon appropriée pour le secteur agricole canadien.
En somme, j'espère que ces projets que nous avons entrepris faciliteront l'accès de nos producteurs aux outils nécessaires pour demeurer compétitifs dans ce marché agricole de plus en plus mondialisé.
Je vous remercie de m'avoir écoutée. Je suis prête à répondre à vos questions au sujet des enjeux que j'ai abordés aujourd'hui.
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Il y a deux ou trois points différents.
Lorsque l'expérience du Programme d'importation pour usage personnel a débuté à la saison de croissance de 2005 et que plusieurs préoccupations ont été signalées, un des arguments était qu'il fallait faire intervenir l'agence de réglementation d'une façon différente par rapport à un programme canadien d'homologation.
Les règlements sont très clairs en ce qui concerne le rôle de l'organisme de réglementation. Ils indiquent clairement qu'il s'agit d'importation pour usage au cours d'une saison de croissance, et c'est une contrainte, comparativement à l'accès à un produit homologué canadien.
À titre de responsable de la réglementation, je dois respecter les règles également. Compte tenu de tous les problèmes soulevés par le Programme d'importation pour approvisionnement personnel depuis sa mise en place, nous avons décidé de nous assurer que tous les intervenants respectaient les règles actuelles, en tenant compte du fait que les diverses parties peuvent avoir des problèmes différents en ce qui concerne les importations pour approvisionnement personnel.
L'idée est de continuer. Nous tenons compte du fait que certaines personnes l'apprécient beaucoup alors que d'autres pas. Les enjeux sont différents. Nous continuerons donc à maintenir les règles qui sont en place actuellement, avec un groupe de travail créé qui fait des recommandations. Comme je l'ai déjà signalé, un volet de ce programme est une évaluation qui débutera demain.
Par conséquent, si un agriculteur achète un glyphosate homologué au Canada dans une coopérative agricole de sa région, il l'obtient pour l'utiliser en faisant appel à son jugement. En ce qui concerne l'importation pour approvisionnement personnel, il est clair que nous devons jouer un rôle dans l'approbation du permis d'importation. Cela fait partie de nos fonctions et, à titre d'organisme de réglementation, cela ne peut pas être d'inciter un agriculteur à ne pas tenir compte des instructions se trouvant sur l'étiquette.
C'est une question délicate. Je ne dis pas que nous l'aimons. Cela fait partie des règles actuelles. Certaines modalités précises du Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs n'ont pas encore été fixées et, par conséquent, nous ne savons pas si ce sera encore le cas dans le contexte de ce programme.
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Oui. Nous prenons quelques mesures à cet égard.
L'une est que notre programme de réévaluation tient régulièrement des téléconférences auxquelles peuvent participer toutes les parties intéressées. Plusieurs groupes de cultivateurs y font participer des représentants. L'objectif est de savoir relativement tôt si la capacité de se procurer ce produit cause des problèmes. Il est par conséquent de savoir avec plus d'exactitude si un produit est encore utilisé, s'il s'agit d'un produit essentiel, afin de voir ce qu'on peut faire pour remédier à la situation.
Nous cherchons toujours des stratégies de transition. Nous réduisons le plus possible le nombre de fois que nous retirons un outil sans en avoir un autre en remplacement. C'est une des précautions que nous prenons.
À la réunion de l'ALENA de la semaine dernière, nous avons continué à faire des progrès et avons convenu avec la Environmental Protection Agency américaine de travailler en étroite collaboration, sinon de partager les tâches, en ce qui concerne nos futurs travaux sur la réévaluation et ses futurs travaux sur l'examen de l'homologation. Il s'agit à nouveau de tenir compte du fait que ce qui est bon pour de nouveaux produits l'est également pour des produits établis depuis longtemps. Comme nous l'avons dit, l'évaluation scientifique est très uniforme et une des façons de régler le problème des pressions sur le plan professionnel est de collaborer davantage avec d'autres organismes chargés de la réglementation.
Cette collaboration engendre toutefois certaines pressions. M. Aucoin et deux autres collègues sont allés à Bonn, en Allemagne, pour régler les questions de détail du calendrier de l'examen conjoint. Il est essentiel que je puisse justifier l'utilité du déplacement de M. Aucoin à Bonn, de démontrer qu'il ne s'agit pas d'un voyage d'agrément et qu'il y fait du bon travail.
Nous collaborons également avec les États-Unis pour établir un échéancier pour les activités de réévaluation.
Nous avons en outre discuté de notre capacité d'établir un ordre de priorité dans nos travaux avec notre Conseil consultatif de la lutte antiparasitaire. Le système consistait à réagir principalement aux informations que nous communiquaient les demandeurs d'homologation, selon l'ordre d'arrivée. Les chances sont que les demandeurs d'homologation sont motivés par leur but essentiel, qui est le profit, alors que ce ne devrait pas être, à mon avis, notre principal objectif. Je m'intéresse davantage aux conséquences pour l'environnement canadien. Nous sommes des fonctionnaires. Comme je l'ai signalé, ce qui m'intéresse, c'est de donner à tous les utilisateurs, et pas uniquement au secteur agricole, accès aux produits les plus récents.
Nous avons discuté de priorisation et avons décidé que si un nouveau produit sera un produit de remplacement essentiel pour un autre produit, nous le ferons remonter de place dans la liste d'attente et nous nous en occuperons plus rapidement.
L'exemple que je cite souvent quand je discute avec des intervenants est le suivant: s'il s'agit du dixième herbicide que l'on examine en ce qui concerne le maïs, est-il aussi important que s'il s'agissait du premier produit de lutte contre la larve du taupin dans les pommes de terre? Je pense que la plupart des gens reconnaîtraient que dans ce dernier cas, il s'agit d'un produit plus important pour nous que le précédent.
Notre Conseil consultatif de la lutte antiparasitaire estime que c'est une bonne approche et il nous a encouragés à procéder ainsi.
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Je ne sais pas si M. Aucoin a des renseignements plus précis à ce sujet, mais nous avons vérifié auprès de nos experts si ce produit serait efficace après une gelée destructrice et ils ont dit que non.
Les glyphosates ne sont pas tous semblables. Ils sont basés sur des formules différentes, contiennent des adjuvants et des phytoprotecteurs différents. D'après l'information que nous avons obtenue, ce produit n'est pas efficace dans ces conditions, et c'est pourquoi cette indication est sur l'étiquette. Une utilisation non conforme aux instructions indiquées sur l'étiquette va à l'encontre de la Loi sur les produits antiparasitaires.
L'autre commentaire que je voulais faire est qu'à la réunion de l'ALENA, la semaine dernière, par exemple, les groupes environnementaux n'étaient pas représentés. Les ONG actives dans le domaine de la santé n'étaient pas représentées non plus. D'après le Conseil consultatif sur la lutte antiparasitaire, ces groupes seraient assez satisfaits de notre travail actuel en notre qualité d'organisme de réglementation des pesticides, et de l'orientation que nous avons prise. Ils ne sont pas préoccupés au sujet de notre Programme d'importation pour approvisionnement personnel.
Nos collègues provinciaux ont abordé avec nous le problème de l'élimination des contenants. Dans ce contexte, nous voulons nous assurer que les groupes environnementaux et les groupes actifs dans le domaine de la santé soient aussi satisfaits que les groupes d'utilisateurs, ce qui inclut forcément les agriculteurs, en ce qui concerne les mesures que nous prenons en matière de réglementation des pesticides. Ce n'est pas un équilibre facile à réaliser.
En fait, plusieurs groupes environnementaux nous ont fait savoir qu'ils étaient satisfaits et qu'ils ne continueraient peut-être pas à avoir des représentants à notre Conseil consultatif de la lutte antiparasitaire, car ils ont d'autres chats à fouetter et d'autres dossiers maintenant plus prioritaires. Avec le Programme d'importation pour approvisionnement personnel, ils ont suivi la situation de très près et observé la façon dont Santé Canada applique les règlements, car ils reconnaissent que ce n'est pas un produit homologué au Canada, mais qu'il est importé par le biais d'autres circuits.
Dans le contexte du Programme d'importation pour approvisionnement personnel, nous pensons également aux problèmes signalés par les provinces et à ceux signalés par les groupes actifs dans le domaine de la santé ou par les groupes environnementaux. Ils ont été invités à faire partie du groupe de travail sur le Programme d'importation pour usage personnel et les deux types de groupes ont décidé d'examiner tous les documents et de ne signaler les problèmes que dans un examen écrit. Nous leur avons donné suffisamment satisfaction et ils ont assez confiance en nous pour cesser d'être des participants actifs. Ils ont seulement examiné toute l'information écrite que nous avons continué à leur communiquer, comme à toutes les autres parties concernées d'ailleurs, en ce qui concerne ce programme.
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Bonjour, madame Dodds. Bonjour, monsieur Aucoin. Merci beaucoup d'être venus.
Madame Dodds, vous avez signalé que l'objectif de l'ARLA est de réduire le nombre d'occasions où nous retirons un outil sans qu'un outil de remplacement soit disponible. C'est exactement ce qu'elle a fait avec la solution de strychnine à 2 p. 100, qui est le seul produit efficace de lutte contre les spermophiles de Richardson, ou géomys.
En outre, il est choquant de constater qu'aucune évaluation des pertes subies par les cultivateurs à la suite du retrait de ce produit n'a été faite. J'ai entendu des chiffres estimatifs de l'ordre de 200 millions de dollars par an. D'après les dégâts subis au cours des deux dernières années, je pense que ce montant est inférieur aux pertes réelles. La situation est grave pour les agriculteurs. Le nombre de lettres que je reçois, et que vous recevez certainement aussi, d'agriculteurs et d'habitants des municipalités qui sont concernés a tendance à le confirmer.
Ce produit a été retiré du marché il y a un certain temps. En 1998, j'ai présenté à la Chambre la motion portant production de documents suivante :
Qu'un ordre de la Chambre soit donné en vue de la production d'exemplaires de tous les documents, rapports, procès-verbaux, notes, notes de service et correspondance concernant tous les aspects de l'interdiction par le gouvernement des solutions de strychnine à 2 p. 100 et à 5 p. 100.
La motion a été adoptée. Elle a été envoyée à l'ARLA et j'ai reçu un dossier d'environ 200 pages qui devrait inclure tous ces documents. J'ai été choqué de constater qu'aucun de ces documents ne contenait de l'information justifiant l'interdiction de la solution de strychnine à 2 p. 100 et l'imposition de ce coût considérable aux agriculteurs.
En outre, en 2005, l'ARLA a établi deux rapports sur la strychnine. L'un concernait la réévaluation de la strychnine et proposait d'accepter de continuer de l'homologuer. J'ai examiné ces rapports et ils ne contiennent aucune information susceptible de justifier le retrait de ce produit. J'ai trouvé cela révoltant.
Où en est-on actuellement en ce qui concerne cette affaire? Est-ce que la solution liquide à 2 p. 100, qui a été utilisée efficacement par les agriculteurs pendant des années, sera permise d'ici peu, du moins dans le cadre d'un projet pilote, en vue d'un rétablissement complet? Sinon, quel serait le produit de remplacement approprié?
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J'aimerais revenir au Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs. Les agriculteurs — en Ontario la semaine dernière et dans ma région également — souhaitent vivement qu'un programme d'importation pour approvisionnement personnel efficace soit en place. Ils le souhaitent et ils le réclament. Je pense que le Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs comporte certaines lacunes qu'il est essentiel de régler avant qu'il ne puisse remplacer le Programme d'importation pour approvisionnement personnel. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
En ce qui concerne la notion que les produits doivent être sensiblement identiques, les producteurs et d'autres intervenants nous signalent qu'elle a quelques incidences, notamment qu'elle limite la gamme de produits d'une même compagnie qui sont homologués aux États-Unis et au Canada. J'aimerais entendre vos commentaires concernant le principe selon lequel il est essentiel que le produit soit homologué dans les deux pays pour être disponible.
On s'inquiète de la facilité qu'auraient les compagnies concernées à modifier le système de distribution aux États-Unis pour éviter d'exporter ce produit chimique au Canada.
On craint que les entreprises concernées puissent échapper au programme en apportant une modification mineure au produit, pour qu'il ne soit pas sensiblement identique.
On a des inquiétudes quant à la facilité qu'auraient les entreprises à modifier les étiquettes pour que le produit ne réponde plus aux exigences et ne puisse forcément plus être importé au Canada.
On craint en outre que des entreprises fassent des manipulations afin de prolonger la période de protection par brevet des produits. C'est relativement fréquent. Elles peuvent avoir recours à d'autres processus ou à d'autres formules en ce qui concerne les produits, et prolonger la période de protection par brevet pour qu'on ne puisse pas en produire une version générique.
Je suppose qu'on craint que le programme pilote ne soit qu'une tentative de supprimer le Programme d'importation pour approvisionnement à court terme: nous vous accordons cette douzaine ou cette vingtaine de produits chimiques assez rapidement, mais notre véritable intention est de supprimer le programme.
Un autre commentaire est que si le produit générique est homologué au Canada, les producteurs canadiens peuvent y avoir accès à partir des États-Unis, mais que se passera-t-il si le produit générique n'est pas homologué ici? Nous pouvons avoir accès aux produits chimiques homologués dans les deux pays, mais que se passe-t-il si le produit n'est pas homologué aux États-Unis? Pourrons-nous y avoir accès ou pas?
Un autre commentaire que nous avons entendu est que ce Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs a des chances de réussir quand on a déjà accès au produit concerné mais il ne permettra pas de donner l'accès.
J'aimerais entendre vos commentaires.
En ce qui concerne le Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs, je pense que la seule façon acceptable de procéder à partir de maintenant est de laisser le Programme d'importation pour approvisionnement personnel en place, puis de mettre l'autre en oeuvre et de donner aux agriculteurs la possibilité d'évaluer l'efficacité des deux programmes. Je pense que les deux tiers ou les trois quarts de la valeur ou des avantages pour les agriculteurs disparaîtraient dans le contexte du Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs et ce n'est pas du tout acceptable. J'aimerais en tout cas qu'on procède ainsi.
En ce qui concerne la solution de strychnine à 2 p. 100, il s'agit à nouveau de déclarations dont le bien-fondé n'a pas été vérifié et qui ne sont pas appuyées par des études. Quant aux préoccupations environnementales, aucune étude ne confirme qu'elles sont justifiées.
C'est en partie la raison pour laquelle les agriculteurs sont très mécontents de perdre ce produit. Il n'existe pas de produit de remplacement acceptable. Aucun des produits prémélangés n'est efficace. Il suffit de consulter les agriculteurs. Ces produits ont été utilisés par de nombreux agriculteurs et aucun n'est efficace. Le seul moyen de lutte efficace contre les spermophiles de Richardson, ou géomys, est la solution de strychnine à 2 p. 100 ou une solution plus concentrée, mélangée à du grain pour pouvoir être utilisée à l'état frais. Il est essentiel que le mélange soit utilisé dans les heures qui suivent sa préparation, en tout cas dans un délai de moins d'un jour. Sinon, il est altéré et les spermophiles ne s'y intéressent plus.
Pour ce qui est des forces policières, si elles ont exprimé des préoccupations, ce n'est pas indiqué dans les documents que j'ai reçus sur ordre de la Chambre des communes. Cette question me préoccupe beaucoup. Le seul commentaire de la GRC que j'y ai trouvé se trouve dans une étude qui a été faite lorsque l'ARLA ou un organisme antérieur a demandé à des agents de la GRC d'aller vérifier dans les magasins si l'entreposage de ces produits était acceptable. Ils sont donc allés vérifier chez les commerçants qui vendaient ce produit.
Certaines personnes ont signalé des cas d'empoisonnement de chiens. Eh bien, on empoisonne actuellement des chiens avec de l'éthylèneglycol, autrement dit, l'antigel utilisé dans les automobiles. Allez-vous retirer ce produit du marché? Pourquoi n'a-t-il pas été retiré? Si on appliquait le même raisonnement, il est clair qu'il devrait être retiré du marché. C'est contraire à la loi d'empoisonner le chien d'un voisin, et il faut par conséquent régler ce problème.
Vous ne devez pas refuser aux agriculteurs l'accès à un produit qui leur ferait économiser des millions de dollars par an. Vous devez régler le problème. C'est le même type de raisonnement qu'on a suivi pour la mise en place du registre des armes à feu qui a privé les chasseurs de canards et les agriculteurs d'un accès raisonnable aux armes à feu. Ce n'est pas un type de raisonnement acceptable.
J'aimerais obtenir une réponse à la question suivante: que compte maintenant faire l'ARLA en ce qui concerne la possibilité d'accès à la strychnine pour les agriculteurs?