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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais tout d'abord vous féliciter, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, de vous pencher sur cette question très importante.
Je dirais tout d'abord qu'il ne faut pas penser que tout débat portant sur la gestion des risques de l'entreprise aura pour thème l'augmentation du financement. Il faut que l'on pose des questions sur l'utilisation de ce financement. L'argent est-il débloqué de façon stratégique? L'argent est-il distribué de façon efficace? L'argent du contribuable est-il utilisé aussi efficacement que possible pour venir en aide aux agriculteurs pendant les périodes de crise?
Les programmes de gestion des risques de l'entreprise n'ont jamais eu pour objectif la rentabilité. Ils existent pour que les agriculteurs puissent survivre en période de crise. Pour ce qui est de la rentabilité, cela soulève d'autres questions, mais c'est un autre débat.
De plus, les programmes de gestion des risques de l'entreprise ne se limitent pas à ce que l'on appelle traditionnellement les programmes de protection du revenu. En effet, il peut s'agir d'initiatives sur les biocarburants ou encore de programmes environnementaux fondés sur les incitatifs, comme, le programme ALUS. Ce genre d'initiatives peut être une réponse à la crise financière des producteurs et leur permettre de se remettre sur la voie de la rentabilité.
Certains des changements apportés à notre série de programmes de protection du revenu ont été très positifs. Je parle évidemment de la nouvelle méthode d'évaluation des stocks, des améliorations en matière de couverture des marges négatives et de ce que nous avons appris il y a quelques semaines pour ce qui est des modifications apportées au niveau supérieur du PCSRA relativement aux contributions des agriculteurs, ce qui est très positif selon nous. Nous attendons avec impatience de pouvoir modeler ce nouveau niveau supérieur du PCSRA.
Nous espérons que les provinces vont emboîter le pas en appuyant le concept du niveau supérieur du PCSRA. Bien évidemment, on voudrait qu'elles débloquent du financement.
L'approche fondée sur les coûts de production qui a été annoncée est également positive parce qu'elle permettra de mieux comprendre l'un des facteurs qui influencent le plus la rentabilité des agriculteurs, à savoir l'augmentation du coût des intrants.
On peut donc dire que beaucoup de changements positifs ont eu lieu.
J'aimerais maintenant vous parler de certains aspects du document que nous avons distribué.
Nous appuyons le travail effectué sur l'assurance production des produits autres que les céréales et les oléagineux. Nous espérons que les travaux se solderont par la mise en place de produits d'assurance qui répondent réellement aux besoins des agriculteurs. Il est important que le produit offert soit efficace et que les producteurs veuillent s'en servir. Autrement, il ne s'agira que d'une prime qui viendra diminuer le PCSRA. Il est impératif que le produit soit efficace.
De plus, nous sommes favorables au travail effectué sur l'aide en cas de catastrophe.
Cela dit, j'aimerais maintenant vous parler de certains autres composants. Nous estimons, comme vous le verrez dans notre document, que la gestion de l'offre devrait être considérée comme un programme de gestion des risques de l'entreprise. Les secteurs assujettis à la gestion de l'offre ne devraient pas être compris dans le niveau supérieur des programmes de protection du revenu. Les producteurs du secteur de la gestion de l'offre veulent bénéficier d'aide en cas de catastrophe, parce qu'ils peuvent en être victimes, mais ils estiment que leur politique n'est autre qu'un programme de gestion des risques de l'entreprise et qu'on devrait le reconnaître.
Permettez-moi maintenant de vous parler des programmes complémentaires. Vous vous souviendrez que l'industrie avait accepté à reculons de participer à l'élaboration du premier cadre stratégique pour l'agriculture. Il existait une disposition selon laquelle les provinces pouvaient profiter de l'argent débloqué par le gouvernement fédéral, c'est-à-dire les 60 cents, à condition qu'elles contribuent leur part, à savoir 40 cents, pour concevoir des programmes complémentaires personnalisés en fonction des régions ou des denrées.
S'il est vrai que les problèmes se ressemblent d'une région à l'autre du Canada, les solutions ne sont pas toujours les mêmes. En effet, on trouve des fois des solutions différentes d'une région, d'une province ou d'une denrée à l'autre. On voudrait vraiment que cette disposition soit réintroduite. Ainsi, quand il existe des besoins auxquels on ne peut pas répondre par le biais d'un programme national, il serait possible d'élaborer un programme compagnon pour le faire.
Il y a divers exemples qui démontrent la nécessité d'une telle disposition.
Quand on compare le secteur agricole entre l'Île-du-Prince-Édouard et la Saskatchewan, on constate qu'il risque d'y avoir des besoins différents auxquels on ne peut pas répondre par le biais d'un programme national. Il faudrait que dans ces provinces, il existe des moyens de répondre à ces besoins particuliers qui se manifestent.
Par exemple, en Saskatchewan, on pourrait décider de mettre en place des mesures visant à améliorer l'assurance production pour les céréales et les oléagineux. Dans l'Île-du-Prince-Édouard, les autorités pourraient décider d'élaborer un programme unique qui réponde aux besoins uniques du secteur dans cette région du pays.
Pour ce qui est des programmes réservés à une denrée en particulier, vous vous souviendrez qu'avant le CSA, le secteur horticole avait un programme d'auto-gestion du risque, qui venait s'ajouter au CSRN à l'époque. Comme il n'existait pas de programmes d'assurance récolte efficaces pour ce secteur, des mesures ont été mises en place pour répondre aux besoins précis du secteur, chose qui ne pouvait être faite par le biais des programmes nationaux de protection du revenu.
Voilà donc quelques exemples qui démontrent que les provinces pourraient avoir des programmes personnalisés, ce qui nous permettrait de dépenser l'argent débloqué plus efficacement et de répondre aux besoins précis de chacun.
N'oublions pas non plus que les producteurs de céréales et d'oléagineux en Ontario et au Québec ont également mis en place un programme de gestion des risques de l'entreprise pour leur secteur. C'est un programme qui fonctionne bien dans ces provinces parce que très peu de céréales et d'oléagineux sont exportés. La Saskatchewan, au contraire, est beaucoup plus sujette aux contestations commerciales, car 85 à 90 p. 100 de la production de la province est exportée. Ainsi, il serait judicieux de mettre en place des mesures visant à régler le déclin des marges. Voilà pourquoi nous prônons la réinsertion des programmes complémentaires pour que le secteur puisse bénéficier d'une certaine souplesse.
À ceux qui ont dit qu'un programme complémentaire personnalisé à l'échelle de la province n'était pas abordable, nous avons répondu que certaines provinces font déjà des aménagements en marge du PCSRA. En Alberta, des mesures ont été mises en place pour le secteur des céréales et des oléagineux. Au Québec, nous savons tous qu'il y a le programme ASRA, qui fonctionne efficacement dans cette province.
Si les provinces qui ne sont pas suffisamment riches pouvaient utiliser une partie des 60 cents versés par le gouvernement fédéral en assumant leur part, c'est-à-dire en versant 40 cents, ce serait un point de départ pour qu'elles puissent concevoir quelque chose qui serait utile sur leur territoire.
Je n'en dirai pas plus, monsieur le président. Je ne vous donnerai pas plus de détails. Par contre, je serai heureux de répondre à vos questions et de vous donner des informations plus détaillées, si vous le désirez.
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Bonjour, monsieur le président. Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant vous.
Je ferai un bref exposé de la situation de l'UPA, qui représente l'ensemble des producteurs agricoles au Québec. La Loi sur les producteurs agricoles du Québec fait en sorte que les producteurs agricoles sont reconnus à l'intérieur d'une seule structure. Par conséquent, l'UPA représente l'ensemble des producteurs. Quarante-trois mille producteurs au Québec sont donc réunis sur une base générale et spécialisée. Nous représentons des agriculteurs dans chacune des régions et pour chacune des productions.
Un des objectifs de l'UPA est de faire en sorte que les entreprises agricoles soient plus autonomes et aient le plus possible des structures d'entreprises familiales. En ce qui a trait à la représentation et à l'occupation du territoire, je pense que cette approche est vraiment importante pour qu'il y ait une bonne répartition sur l'ensemble du territoire et une bonne diversité de l'ensemble des productions. On comprendra que, pour les mesures de soutien permettant de maintenir ces productions dans certaines circonstances, il faudra obtenir de l'aide.
Au Québec, l'approche de l'UPA est de beaucoup travailler à la mise en marché. Cette mise en marché collective a démontré qu'on pouvait ainsi aller chercher le maximum de revenus. Nous allons travailler à faire reconnaître des programmes de sécurité du revenu, pour combler le manque à gagner causé par les prix du marché, mais nous visons surtout à maximiser nos revenus du marché.
Je pense que le but recherché par la structure d'intervention des gouvernements canadien et provinciaux est de répondre le plus possible aux besoins du consommateur et d'obtenir le meilleur prix possible pour le producteur.
Au Québec, on travaille beaucoup dans le cadre de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche, qui existe depuis 50 ans. Cela nous permet d'obtenir des leviers d'intervention pour nous aider à obtenir de meilleurs revenus et faire reconnaître nos coûts de production. Cela nous permet de faire le moins d'interventions possible. Par contre, il peut se produire des accidents de parcours qui font qu'à l'occasion on doive avoir recours à des interventions. C'est à ce moment qu'intervient le Programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles, ou ASRA, qui permet d'égaliser, année après année, le revenu de la ferme en fonction des coûts de production. Lorsque le producteur met des produits en marché, un coût est associé à la production, mais en même temps, les prix font en sorte que des années sont plus difficiles que d'autres. Ce programme nous permet d'égaliser un peu les revenus de la ferme.
Nous sommes ici aujourd'hui pour revendiquer du fédéral une certaine reconnaissance de ces programmes de soutien qui font en sorte qu'on travaille en collégialité. On demande la participation du fédéral parce qu'une province ne peut pas suffire à la demande en ce qui a trait aux besoins de ces productions.
J'inviterais M. Lavoie, économiste à l'UPA, à vous présenter les différentes statistiques qui font mention de ces besoins à l'égard du fédéral.
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Merci, monsieur Bilodeau.
Bonjour, monsieur le président.
Essentiellement, je vais vous expliquer notre document, à partir de la page 8. J'imagine que c'est la même page dans la version anglaise. Oui, tout à fait. Je vais vous le présenter sommairement.
On a commencé à analyser un peu l'évolution des revenus nets au Canada et au Québec, bien entendu, en ce qui concerne notre province. Dans les pages suivantes, on fait une analyse comparative avec nos voisins du Sud, les Américains, afin de voir comment ils se comportent et quelles leçons on peut en tirer. Je vous dirais, par rapport aux leçons — c'est un peu ce que M. Friesen vous disait au début —, qu'il s'agit de plus que d'une question d'argent pour établir les revenus nets; il faut se doter de stratégies d'affaires, de stratégies d'industrie. Ces stratégies s'élaborent davantage sur une base régionale ou provinciale que sur une base nécessairement toujours canadienne. Les alliances stratégiques se font davantage sur une base régionale.
Je me rends donc à la page 8. En ce qui a trait à la sécurité du revenu, essentiellement, on est dans un contexte d'ouverture des marchés qui, malheureusement, entraîne un phénomène de concentration chez les acheteurs. On n'a qu'à penser aux transformateurs ou même encore aux responsables de la distribution alimentaire. Cela amène une pressurisation ou une réduction des marges de profit et, ultimement, une baisse continuelle des revenus des producteurs agricoles.
Comme M. Bilodeau vous le disait, un des chevaux de bataille à l'UPA en vue de rétablir un rapport de force dans ce domaine est notre système collectif. Il s'agit de regrouper les producteurs pour se donner un rapport de force dans le marché. Pour nous, une des pierres angulaires d'un redressement de la situation consiste à redonner des pouvoirs ou à accélérer les pouvoirs des producteurs dans le regroupement.
Si on observe les statistiques, on voit dans le premier tableau à droite une ligne en rouge et une ligne en bleu. La ligne en rouge fait état des dollars constants, donc sans tenir compte de l'inflation. La ligne en bleu est celle des dollars courants. On voit que les revenus au Québec ont été relativement stables durant la période de 1990 jusqu'à 2006. En 2007, on constate une baisse importante. On peut se demander pourquoi. Essentiellement, il y a les coûts additionnels de l'énergie, mais aussi le raffermissement du dollar canadien, ce qui a eu l'effet d'une onde de choc sur les revenus. Pourquoi? Parce que la plupart de nos denrées sont vendues en dollars américains. Donc, en faisant la conversion, cela représente des baisses de revenu pour les secteurs.
À l'échelle canadienne, on voit aussi un peu la même tendance, mais disons qu'il y eu une dégradation plus rapide des revenus nets. Je vous réfère au tableau situé au bas de la page.
Face à ce contexte, comme je le disais plus tôt, à la page 9, on a comparé l'évolution au Canada avec celle des Américains. On voit dans le premier tableau en haut à droite la ligne en noir qui illustre les revenus nets des États-Unis. Essentiellement, cela montre l'évolution de 1980 à aujourd'hui. Ce qu'on peut voir, c'est que les Américains vivent actuellement une période de revenus nets records, alors qu'au Canada, on connaît aussi des revenus nets records, mais dans le sens contraire.
On a aussi fait le calcul en retirant l'inflation de nos revenus nets. On a vérifié les données de Statistique Canada: on n'a jamais vu des revenus nets aussi bas pour le Canada, en ne tenant pas compte de l'inflation. Statistique Canada, de mémoire, a commencé à répertorier des données en 1926. Je vous dirais que la situation est catastrophique. Si l'on considère notre voisin du Sud, il y a d'autant plus de questions à se poser.
L'autre tableau, juste en dessous, nous préoccupe encore plus parce qu'il est plus structurel ou fait état d'enjeux sur le plan de la compétitivité de l'ensemble de l'agriculture canadienne. La ligne noire indique le niveau d'endettement aux États-Unis de 1980 à aujourd'hui, donc les dettes divisées par les actifs. On peut voir que les Américains, après avoir connu une période de crise dans les années 1980, ont rétabli leur situation et sont actuellement dans une situation jamais vue en termes d'endettement. La santé financière des entreprises aux États-Unis est excellente. Au Canada, on arrive à des niveaux records d'endettement. C'est aussi très préoccupant. Quand on parle de crise des revenus nets et qu'elle se maintient année après année, cela se traduit comment? Par l'endettement des fermes. C'est très préoccupant au chapitre de la compétitivité.
On a mis une petite ligne verticale en rouge. Pourquoi? Cela coïncide un peu avec tout le changement de vision ou d'approche en matière de politique agricole canadienne survenu au milieu des années 1990, alors qu'on s'est dit qu'on allait laisser le libre marché s'exercer et qu'on allait défaire les éléments structurants de notre politique agricole. Je vous dirais que les résultats ne sont pas au rendez-vous pour les producteurs agricoles, bien au contraire. À ce sujet, j'appuie ce que M. Friesen disait plus tôt: c'est plus qu'une simple question d'augmenter les subventions ou quoi que ce soit, c'est une question de se donner une politique agricole qui fournira des leviers au secteur agricole — je dis bien agricole — pour rétablir la situation quant à la santé financière des fermes.
Dans le tableau en bas à gauche, plus rapidement, on constate l'évolution du fonds de roulement. On peut noter qu'au Canada, on assiste à une dégradation très rapide tandis qu'aux États-Unis, il y a eu une chute en 2002, mais cela s'est rétabli tout de suite. La situation, encore là, est beaucoup plus rose.
En vue de trouver des solutions, l'UPA a travaillé de concert avec la Fédération canadienne de l'agriculture et les autres membres des provinces canadiennes à élaborer une stratégie pour rétablir le revenu net. L'UPA adhère totalement aux positions défendues par la Fédération canadienne de l'agriculture.
En résumé, on demandait — et dans ce cas, on salue la décision rendue il y a quelques semaines par le ministre — qu'un volet d'autogestion du risque soit de nouveau établi, de façon à rendre le programme plus prévisible et à encourager une meilleure gestion des entreprises agricoles.
Pour ce qui est du deuxième grand cheval de bataille, il est essentiel, pour changer la tendance des courbes qu'on a vues plus tôt, d'obtenir du financement fédéral pour les programmes provinciaux, et ce, pour que des stratégies soient adoptées dans chacune des provinces, en vue de ramener la rentabilité et d'acquérir une plus grande part du marché. Comme le disait M. Friesen, ces stratégies peuvent varier d'une province à l'autre.
On veut en revenir aux programmes d'assurance-production dans le secteur animal pour les cas de maladie. En outre, on a besoin d'une meilleure stratégie pour les cas de catastrophes, qui causent beaucoup de dommages. Essayer de gérer les catastrophes au moyen des programmes existants ne fonctionne pas bien parce que ceux-ci n'ont pas été conçus pour gérer les catastrophes.
Je peux vous donner un exemple précis touchant le Québec, à savoir le problème du nématode doré. Des fermes ont subi des catastrophes; leurs productions ont été entièrement détruites. Les programmes existants, nommément le PCSRA, ont bien fonctionné dans le cas de certaines entreprises, mais pas du tout dans celui de fermes situées juste à côté. Un grand sentiment d'iniquité et de frustration s'est développé chez les gens du secteur agricole. Bien entendu, il faut absolument reconnaître la gestion de l'offre en tant qu'outil de gestion des risques.
Ma conclusion se trouve essentiellement à la page 11 de notre document. Si on veut que les fermes redeviennent rentables, les programmes compagnons et le réinvestissement dans les programmes provinciaux afin d'adopter des stratégies seront incontournables. C'est de cette façon qu'on pourra y arriver. Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président ainsi que madame et messieurs les membres du comité, de nous avoir invités aujourd'hui. Nous représentons les familles agricoles de toutes les régions du pays qui sont membres bénévoles du Syndicat national des cultivateurs.
Nous sommes d'accord avec la quasi-totalité de l'analyse qui a été présentée par nos collègues de l'UPA. En effet, cette analyse de la situation actuelle ressemble beaucoup à la nôtre.
Permettez-moi de commencer par un phénomène dont vous avez sans doute beaucoup entendu parler récemment, à savoir « le changement climatique ». Mais dans mon cas, je parle du changement de climat pour ce qui est de l'évolution des recettes agricoles à l'échelle du pays.
En termes de changement climatique, nous avons connu les cinq années les plus chaudes de tous les temps, c'est-à-dire que nos recettes agricoles nettes n'ont jamais été aussi piètres qu'au cours des cinq dernières années. Sans parler des 15 années d'avant, qui étaient des années négatives pour les agriculteurs de l'ensemble du pays.
Nous avons distribué un document d'une page qui comprend deux graphiques. En deux mots, dans le premier graphique, nous constatons qu'au cours des 20 dernières années, les agriculteurs canadiens ont généré environ 600 milliards de dollars. Je ne vous parle pas de la valeur au détail mais plutôt de la valeur de la production vendue par les agriculteurs. Qu'ont gardé les agriculteurs en échange de leur travail? Rien du tout. De ces 600 milliards de dollars, les recettes nettes sont de zéro.
Ce que l'on craignait s'est réalisé. En effet, à la fin des années 1990, il y a une série de programmes de gestion des risques de l'entreprise qui ont été conçus en fonction des statistiques des années 1970 et 1980. Ainsi, ce qui nous inquiète, c'est que les programmes ont été élaborés pour répondre à la situation des années 1970 et 1980 mais pas à celle des années 1990 ou des cinq années que nous venons tout juste de connaître.
Dans les années 1970 et 1980, et quand on a commencé à parler de programmes comme le CSRN à la toute fin des années 1980, on estimait toujours que les recettes agricoles étaient cycliques. Elles pouvaient chuter, certes, mais on était toujours assuré qu'elles remonteraient.
Entre 1945 et 1985, les recettes agricoles étaient disparates, mais elles étaient toujours positives; elles fluctuaient entre 10 000 et 30 000 dollars, en moyenne, à l'échelle du pays. Mais à partir de 1985, les choses se sont mises à changer. Les recettes se sont mises à chuter presque en continu. Le cycle traditionnel des producteurs avait disparu. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec une génération de programmes qui avaient pour fondement ce cycle qui avait maintenant disparu.
C'est dans ce contexte que nous évoluons à l'heure actuelle. Ce qui nous inquiète, c'est que certains ne semblent pas accepter l'existence d'une crise des recettes agricoles. Il ne faut pas chercher très longtemps pour trouver des groupes qui diront publiquement qu'il n'y a pas de crise. C'est devenu une tradition. Ça fait 20 ans que cela dure. Pourquoi les agriculteurs devraient-ils s'attendre à gagner quoi que ce soit, parce qu'après tout, cela fait 20 ans qu'ils ne touchent rien et pourtant les agriculteurs n'ont pas complètement disparu. Tant qu'il restera un agriculteur quelque part au pays qui est toujours en mesure de survivre, on dira qu'il sait gérer ses affaires et que pour les autres, il doit y avoir un problème d'exploitation. La première chose que le Syndicat national des cultivateurs demande donc au comité, c'est de reconnaître l'existence, à l'heure actuelle, d'une crise touchant les recettes agricoles nettes.
Ce qui nous amène au programme de gestion des risques de l'entreprise. À notre avis, il existe deux façons de mettre en place ces programmes. D'une part, il y a les programmes de gestion des risques de l'entreprise financés par le marché. D'ailleurs, M. Friesen a déjà parlé du fait que la gestion de l'offre ferait partie de cette catégorie. Nous estimons qu'il y a d'autres organisations, comme la Commission canadienne du blé, qui pourraient jouer un rôle en matière de planification de la gestion des risques de l'entreprise en augmentant les bénéfices tirés du marché pour ensuite distribuer cet argent aux agriculteurs. C'est ce qu'on entend par programme de gestion des risques axé sur l'argent dégagé des marchés.
D'autre part, il y a le contribuable — les 4 ou 5 milliards de dollars qui ont été transférés aux contribuables par le biais de toute une panoplie de programmes de gestion des risques de l'entreprise.
Nous tentons de trouver une solution. À cet égard, M. Friesen a parlé de programmes complémentaires. Nous préférons parler d'une suite de programmes. Il n'existe pas de baguette magique qui nous permettrait de renverser la situation. Il existe de nombreux programmes dont il faut tirer profit. Après tout, ce n'est pas un seul incident qui a causé la crise financière dans laquelle se retrouvent les agriculteurs.
Pour ce qui est des gens qui gravitent autour des producteurs, on constate qu'un grand nombre d'entre eux se portent très bien — les fournisseurs d'intrants, les manutentionnaires, les détaillants. Nous ne disons pas qu'ils ne devraient rien gagner du tout; nous estimons qu'ils devraient engranger des bénéfices et jouir d'un bon rendement sur le capital investi. Mais pourquoi devraient-ils être les seuls à gagner leur vie convenablement?
Au cours des 20 dernières années, les agriculteurs dans leur ensemble ont été victimes du fait que tous les autres intervenants se sont accaparés d'une part de plus en plus importante du système, un petit pourcentage à la fois. Il y a également eu des changements réglementaires qui ont alourdi le fardeau financier que doivent assumer les agriculteurs. Petit à petit, les recettes agricoles nettes ont reculé pour finalement atteindre zéro.
La solution, c'est un ensemble intégré de programmes conçus essentiellement sur le principe des coûts de production. C'est essentiel parce que les marges ayant périclité, si le producteur n'est pas en mesure d'assumer les coûts de production rapidement, il se retrouve dans un cercle vicieux. Si le producteur reçoit un paiement en vertu d'un programme mis en place trois ans plus tôt, cela ne lui permettra pas de maintenir ses activités et de survivre.
Pour terminer, je dirais qu'il est injuste de penser que les différentes provinces canadiennes ont la capacité financière suffisante pour débloquer les 40 p. 100 dont il a été question afin de mettre en place de véritables programmes de gestion des risques de l'entreprise. Il ne serait pas juste non plus que le gouvernement fédéral élabore des programmes unilatéralement sans consulter les provinces pour ensuite s'attendre à ce qu'elles déboursent les 40 p. 100 en question.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur.
Ce n'est pas la première fois qu'on se rencontre pour discuter de cette question. Je vais tenter d'aborder les choses différemment cette fois-ci. On ne parlera pas des détails aujourd'hui parce que cela fait déjà 14 ans qu'on y travaille et je ne pense pas du tout qu'on ait avancé.
Je pense qu'on devrait se demander s'il est vraiment nécessaire d'avoir dix ministres de l'agriculture au Canada et si on ne pourrait pas les remplacer par un seul ministre. C'est une idée que je lance comme ça. Vous n'avez pas besoin d'y réagir immédiatement, mais je vous demanderais d'y penser.
Au Canada, il n'y a pas un seul trésor public, mais plusieurs. On tente de débattre du déséquilibre fiscal et de transférer de l'argent des provinces riches à celles qui le sont moins, mais cela ne suffira jamais. Il serait peut-être judicieux d'aborder la question de la sécurité alimentaire comme une question de sécurité nationale. Si on abordait la question ainsi en éliminant la responsabilité des provinces à l'égard de l'agriculture, on aurait sans doute plus d'argent à accorder au secteur et au moins on saurait à quoi s'en tenir. À l'heure actuelle, personne ne veut assumer ces responsabilités. Les différents paliers de gouvernement s'accusant les uns les autres de ne pas assumer leurs responsabilités. C'est l'impasse totale.
Au Québec et en Ontario, il y a un concept de gestion des risques de l'entreprise qui a été présenté. Il y a des revenus du marché dont ont profité les provinces. Les agriculteurs sont tous d'accord pour dire qu'un programme fondé sur les revenus du marché est un bon programme. Donc il y a un programme qui était en quelque sorte une nouvelle version du programme de gestion des risques qui existait quelques années auparavant qui a été présenté mais les différentes provinces n'ont pas pu se mettre d'accord sur la mise en oeuvre de ce projet.
Qu'est-ce que vous en pensez, vous les leaders du secteur agricole? Nous, vos représentants politiques, on ne cesse de nous répéter la même chose. Maintenant, on voudrait se débarrasser de la Commission canadienne du blé. Et après? Ça sera le tour du secteur réglementé de l'offre?
Je ne peux m'empêcher de me demander quel est l'engagement envers le secteur agricole des leaders comme vous. Je sais que vous devez faire votre travail, et c'est également notre cas. Je pense que l'heure est venue de prendre le taureau par les cornes et de se dire franchement ce qu'il faut que l'on fasse pour faire avancer les choses.
:
Bonjour. Merci d'être venus.
[Traduction]
Je vais commencer par dire que souvent, nous constatons que les producteurs primaires au Canada souffrent, et bon nombre diraient que c'est directement relié à la politique de subvention du gouvernement américain et de l'Union européenne. Je pense que bon nombre d'entre nous sommes d'accord avec cela.
Nombreux sont ceux qui se demandent alors pourquoi le gouvernement fédéral ne défend pas les agriculteurs par rapport... dans le cadre de l'OMC, mais ne défend pas les agriculteurs pour qu'ils soient plus forts et peut-être compenser ce que les Américains font afin que nous ayons quelque chose de plus substantiel ici.
Je voudrais vous donner un exemple, et l'exemple que je veux utiliser est celui de l'industrie de la culture fruitière. Je peux peut-être obtenir une certaine rétroaction ici, en commençant par Darrin et en continuant autour de la table. Je vais tenter d'être bref.
À l'heure actuelle, les fruiticulteurs de la Colombie-Britannique, appuyés par l'association d'horticulture, je crois, ont dit qu'ils aimeraient que le gouvernement fédéral entreprenne un mécanisme de réponse rapide pour combattre le dumping des pommes de l'État de Washington en Colombie-Britannique et dans le reste du Canada. En d'autres termes, s'il y a du dumping aujourd'hui, alors demain nous prendrons des mesures commerciales pour tenter de stopper cela — en d'autres termes, nous augmentons les tarifs.
Ils considèrent que c'est là une façon non pas d'utiliser les fonds fédéraux, mais plutôt l'influence fédérale et la force du gouvernement fédéral pour stopper cela jusqu'à ce que le problème soit réglementé. Par le passé, lorsque l'on essayait de prendre ce type de mesures commerciales, les prix augmentaient des mois plus tard, le temps que l'on mette le processus en marche. Ce qui était trop tard. De plus, c'était coûteux.
Cela pourrait être considéré comme une mesure en cas de catastrophe. Cela pourrait être considéré comme un coût de production. Qu'en pensez-vous? Les fruiticulteurs ont proposé cela, et je me demandais tout simplement ce que vous en pensiez.
Darrin, nous pouvons peut-être commencer par vous.
:
Merci, monsieur le président.
Dans une optique à long terme, d'abord, vous avez été un ou deux à mentionner la gestion de l'offre. C'est indubitablement l'un des fondements de notre politique agricole. Mais une nouvelle tendance se manifeste récemment dans l'approche de la question de la Commission canadienne du blé.
Selon vous, quel devrait être le seuil pour un scrutin ou des votes dans le secteur? Selon vous, 13,8 p. 100 des voix suffisent-elles à détruire le système? Si 13,8 p. 100 des producteurs sont contre et qu'il y a un scrutin, ce qui représenterait à peu près 4,5 p. 100 du nombre effectif de bulletins de vote envoyés par la poste, est-ce assez pour amener un gouvernement à prendre des mesures pour renverser ce secteur? C'est précisément ce qui se passe avec la Commission canadienne du blé.
J'aimerais que vous réfléchissiez à la question, vu le précédent établi par le gouvernement du Canada. D'après le dernier référendum, 13,8 p. 100 seulement sont opposés à la Commission canadienne du blé--29 000 votes sur 80 000 bulletins de vote.
À long terme, nous sommes dans une impasse. Les programmes agricoles canadiens s'adressent traditionnellement à l'ensemble des exploitations agricoles, ce qui crée une situation où il existe des subventions croisées au sein du secteur. Prenez quelqu'un qui produit deux denrées: il finit par accorder une subvention croisée à l'exploitation agricole. Comment l'éviter? Je connais des producteurs qui établissent des sociétés distinctes pour essayer de contourner le problème.
En ce qui concerne le déséquilibre de force qui existe entre nous et les États-Unis, le mémoire de l'UPA le mentionne, le ratio d'endettement des agriculteurs est vraiment préoccupant. Même si on traite la question correctement cette fois-ci, ce qui n'a certainement pas été le cas par le passé, on commence avec un endettement total de 51 milliards de dollars. Nos dettes sont nettement supérieures à celles des États-Unis.
Moi, j'ai connu l'époque où les taux d'intérêt étaient de 23,5 p. 100 et je peux vous dire que, si les taux d'intérêt progressaient jusqu'à 10 p. 100, on tomberait d'un coup. Comment tenir compte de ce problème dans un ensemble de mesures de sécurité pour les agriculteurs? C'est une question dont il faut tenir compte.
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J'aimerais enchaîner sur ce qu'ont dit les deux intervenants précédents, surtout en ce qui concerne les subventions croisées.
Je critique depuis longtemps ces programmes gouvernementaux distincts et ponctuels, parce qu'il semble souvent que le gouvernement veuille river les agriculteurs à leur boite à lettres en période électorale. Il se pourrait que ce soit seulement une coïncidence, mais c'est bien ainsi qu'une partie des choses sont mises en place. Ce n'est pas ce dont les agriculteurs ont besoin pour se maintenir à flot; ce n'est pas ce qui va leur donner la capacité de s'organiser en fonction de l'avenir.
Ce dont les agriculteurs ont véritablement besoin, et cela conclut cette discussions sur la façon dont on peut remédier aux subventions croisées dans une exploitation agricole, c'est d'un pouvoir de marché accru, pour que le marché leur permette de gagner leur vie. Il existe d'ailleurs un rapport qui va dans ce sens et que vous connaissez sans doute bien; il a été publié il y a un ou deux ans et s'intitule Un pouvoir de marché accru pour les producteurs agricoles canadiens. Ce rapport aborde la modification de la politique sur la concurrence. Il y aurait ainsi de la concurrence entre les fournisseurs d'intrants, les détaillants, les manutentionnaires et les autres personnes avec qui les agriculteurs traitent.
En fait, le Canada a adopté deux normes distinctes: l'une pour l'industrie agroalimentaire, l'autre pour les producteurs. Pour l'industrie agroalimentaire, il existe ainsi un outil de marketing inscrit dans les lois, la protection des brevets, qui permet aux industriels de rentrer dans leurs fonds grâce au marché. Vous n'avez qu'à voir qui engrange le plus de profits; les compagnies pharmaceutiques, de machinerie et de semence se portent on ne peut mieux; elles doivent poursuivre leurs opérations. Du côté des producteurs, par contre, les outils de marketing inscrits dans la loi qui sont un reflet exact de la protection des brevets, la gestion de l'offre et la Commission canadienne du blé, par exemple, sont battus en brèche. On dit aux agriculteurs: « Non, vous ne pouvez pas bénéficier de cet outil de marketing inscrit dans la loi, parce que nous estimons que ce n'est pas approprié. ». Il existe donc deux normes, ce qui nuit aux producteurs agricoles.
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Merci, et merci à nos témoins d'avoir bien voulu comparaître aujourd'hui.
On constate souvent qu'un succès a beaucoup de fiers parents mais qu'un échec est orphelin. Cela fait relativement peu de temps que je suis dans les parages mais, en trois ans, je n'ai encore entendu personne se vanter d'être responsable du PCSRA. Je voulais juste le dire au passage.
J'aurais une ou deux questions. Certains d'entre vous ont signalé que certains des programmes existants, le PCSRA et d'autres par le passé, résultent de la croyance que les recettes sont cycliques au fil du temps, qu'elles augmentent et diminuent. Le problème, c'est qu'elles ne sont pas cycliques; elles se contentent de diminuer et de diminuer encore et toujours.
D'où ma question. Le marché change, il se crée une demande pour des produits différents, l'environnement extérieur change. Comment peut-on créer un système qui soutient les agriculteurs quand ils en ont besoin? Les agriculteurs ont beaucoup investi et travaillent fort, j'en conviens, et il semblerait raisonnable qu'ils puissent gagner leur vie ce faisant. Mais comment pouvons-nous concevoir un système assez sensible pour ne pas créer une situation où nous nous obstinons à produire des denrées que le monde produit en abondance, où l'on crée une spirale d'exigences de soutien accrues, où l'on soutient la production de denrées pour lesquelles il ne semble pas exister de marché profitable?
Comment, selon vous, pouvons-nous équilibrer les réalités du marché et les besoins des agriculteurs?
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Lorsqu'on examine de qu'elle manière est appliqué le programme PCSRA, auquel vous faites allusion, on remarque ceci: les producteurs le plus pénalisés au Québec sont les producteurs de céréales ou ceux qui pratiquaient des productions mixtes, comme l'a mentionné monsieur tout à l'heure.
Les producteurs de céréales se retrouvaient dans des séquences de bas prix. On a beau couvrir des variations de marge de profit, mais depuis plusieurs années, on est dans une situation où la marge est très basse. Il n'y a presque plus de variation. La seule variation fait que le producteur recule, à cause de revenus négatifs à la ferme. Cela ne peut pas se dérouler correctement.
De l'autre côté, il y a les autres producteurs qui pratiquaient des productions mixtes où une production venait combler l'écart de l'autre. Donc, il n'y avait pas de grosses variations de marge, sauf qu'à la longue, on était en train d'appauvrir graduellement ce genre d'entreprises. Au Québec, on se disait que les entreprises de ce genre possédaient les meilleures structures, car elles faisaient en sorte qu'on maintenait le plus d'argent possible dans l'entreprise. Quand vous avez une production céréalière et que vous alimentez du bétail, vous faites déjà une première transformation par rapport à la production de céréales ou la production de grains. Vous la transformez en viande ou en lait et en plus, avec les rejets, vous fabriquez des fertilisants qui seront réutilisés à la ferme. C'est cette méthode qui fait en sorte qu'on maintient le plus d'argent dans l'entreprise et qu'on en exporte le moins. Ce genre de structure d'entreprise, normalement, procure plus de revenus à la ferme. Et dans des situations d'intervention du PCSRA, où on travaille avec des écarts de prix, c'est-à-dire qu'une année, une production peut subir une baisse de prix et l'autre production vient un peu combler cette baisse de prix, ce qui arrive, c'est qu'année après année, on baisse globalement la marge de l'entreprise, mais pas suffisamment pour qu'un programme soit mis en place. On appauvrit graduellement ce genre d'entreprises, et graduellement, on les voit décroître. Les producteurs de céréales, eux, sont vraiment dans la misère. On est venu revendiquer ici, à Ottawa, des programmes ad hoc qui viendraient contrer l'effet du Farm Bill qui s'appliquait déjà au début du PCSRA.
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Merci, monsieur Devolin.
Je vais demander à tous de faire quelques devoirs. Le temps est écoulé, mais j'ai une question — en fait j'en ai deux — concernant la gestion des risques de l'entreprise.
Chaque fois que je parle aux agriculteurs — et je suis éleveur de bétail moi-même — ils ne semblent pas très favorables à l'égard de programmes comme le PCSRA ni à l'égard des initiatives fondées sur les marges, donc il va falloir me convaincre. C'est ce que propose la FCA et les organisations provinciales. Il ne fait aucun doute, à la lumière des discussions et des consultations tenues à l'échelle du pays, qu'il est beaucoup question d'un programme fondé sur les marges. Je veux savoir pourquoi on prône cette solution plutôt qu'une autre. Beaucoup de producteurs estiment que le programme n'a pas été efficace, donc j'aimerais que vous me disiez par écrit pourquoi vous préférez un programme fondé sur la marge.
Deuxièmement, on parle beaucoup d'augmenter le nombre de programmes provinciaux, de programmes complémentaires. Nous sommes un pays de commerce. Comment nous assurer que les programmes ne vont pas trop loin et ne risquent pas de se solder par des représailles commerciales?
Je suis éleveur de bétail et j'ai vécu la crise de la vache folle, donc je sais exactement ce qui se passe quand d'autres pays prennent des mesures contre nous: cela touche nos revenus directement. Donc, je vous demande de faire ces devoirs.
Sur ce, je vous remercie d'être venus aujourd'hui.
Nous allons suspendre nos travaux pendant quelques minutes pour permettre à nos prochains témoins de s'installer. Nous allons prolonger la réunion jusqu'à 17 h 45 pour donner suffisamment de temps à tous nos témoins.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup au comité de nous donner l'occasion de témoigner aujourd'hui et d'exprimer les préoccupations de notre secteur.
La Canadian Association of Agri-Retailers est un porte-parole national de détaillants d'intrants de culture de tout le Canada. Nous comptons environ 960 membres partout au pays.
Il y a quatre problèmes essentiels qui nous préoccupent particulièrement. Nous voulons traiter aujourd'hui de celui qui est primordial pour le secteur des détaillants agricoles: le coût du respect des règlements récents et à venir adoptés par le secteur ou le gouvernement, notamment dans deux domaines. Le premier domaine est la mise à niveau physique des emplacements de commerces de détail, afin de respecter les règlements de sécurité et de sûreté pour les intrants de culture. Sont impliqués toute une gamme de secteurs gouvernementaux, dont la protection civile, l'agriculture, l'environnement, le transport et la santé. Le deuxième domaine concerne les modifications que le secteur et le gouvernement envisagent d'apporter aux exigences en matière de sécurité et de gérance pour l'ammoniac anhydre, un produit plus spécifique. Il s'agit de l'engrais que nos membres vendent aux producteurs pour leurs cultures.
En ce qui concerne le respect des règlements de sécurité et de sûreté, le coût du respect de ces règlement est en partie lié aux futures normes du secteur et du gouvernement concernant la mise à niveau physique des emplacements de vente au détail ainsi qu'aux normes de sécurité actuellement appliquées aux intrants de cultures. Nous estimons que le secteur et le gouvernement ont la responsabilité conjointe d'assurer la sécurité des Canadiens.
Les intrants de cultures comme les engrais sont essentiels pour la production agricole moderne, mais ils doivent être protégés contre les terroristes et les criminels. Citons parmi ces produits le nitrate d'ammonium, qui peut servir à fabriquer des bombes, et l'ammoniac anhydre, qui est un catalyseur pouvant servir à produire de la méthamphétamine en cristaux. Qui plus est, les produits de protection des cultures que nous vendons sont susceptibles d'entraîner des lésions corporelles ou des atteintes à l'environnement.
Le coût de la mise à niveau physique pour la sécurité peut s'avérer prohibitif. Il inclut des enclos, des verrous, une surveillance, des gardes de sécurité, etc. Tout ceci peut être obligatoire en vertu du code de pratique du secteur ayant trait à l'ammoniac.
Le coût du respect des règlements gouvernementaux et des règlements de sécurité peut également s'avérer prohibitif. Il s'agit notamment de directives sur le bon usage, de pistage, de formation du personnel, d'entreposage, de règlements pour le transport ainsi que d'assurance et de responsabilités. Nous contribuons déjà aux règlements d'entreposage de l'ANEPA et nous participons aux programmes de recyclage des contenants des fabricants. Les producteurs rendent les conteneurs de vrac, qui sont réutilisés dans le système.
Au bout du compte, un détaillant qui doit assumer de tels coûts peut s'efforcer de les répercuter mais, dans un marché très concurrentiel, c'est parfois difficile. Si le détaillant répercute le coût, c'est le consommateur qui écope en bout de ligne. Un détaillant peut aussi décider de ne plus vendre un produit, ce qui diminue la concurrence et impose des frais supplémentaires au producteur agricole.
Jusqu'à présent, le secteur de la vente de détail satisfait tous les règlements qui s'appliquent, mais il est à la limite de ses ressources. Le soutien du gouvernement est essentiel pour assurer le respect des futurs règlements et éviter l'écroulement économique de certaines exploitations.
En ce qui concerne l'ammoniac, l'ammoniac anhydre est essentiel à la production agricole et il est coûteux de respecter les nouvelles contraintes réglementaires qui s'appliquent à sa manutention et à son entreposage. Parmi les nouveaux règlements que devront respecter les détaillants, mentionnons par exemple que l'on envisage d'effectuer des tests de pression hydrostatique sur tous les réservoirs d'ammoniac anhydre sur le terrain. Au Canada, il y en a environ 12 000 en fonction. Un autre exemple de règlements qui contraint déjà les détaillants à assumer des coûts accrus est la reclassification de l'ammoniac. Cela nécessite un étiquetage spécial et, bien sûr, une nouvelle formation du personnel.
CAAR travaille de concert avec Transports Canada et d'autres intervenants du secteur pour mettre en oeuvre ces règlements importants, mais le coût du respect de cette foison de règlements est devenu prohibitif, en l'absence de toute aide du secteur et du gouvernement
Regrettablement, la conséquence au bout du compte est que les producteurs agricoles seront indirectement frappés, dans la plupart des cas. Il est possible que les finisseurs ou les détaillants en arrivent à décider de s'abstenir de vendre un produit donné, comme l'ammoniac, ce qui contraint un exploitant à chercher plus loin pour se le procurer. Au bout du compte, l'exploitant risque de devoir changer son équipement pour passer à un produit disponible, sous forme sèche, par exemple, comme l'urée ou le phosphate, ou sous forme liquide. Il y a donc des coûts pour le producteur si nos exploitants et nos détaillants cessent de vendre un produit. Et, bien sûr, le détaillant lui-même perd les recettes que lui rapporterait un produit tout à fait légitime.
Nous pensons qu'il existe une solution viable à ces problèmes. CAAR reconnaît l'importance de respecter sans tarder les règlements ayant trait à la sécurité et à la sûreté des Canadiens, mais exhorte le gouvernement à compenser le secteur des détaillants pour les coûts que cela entraîne. CAAR estime qu'il existe déjà un modèle de solutions, avec le programme de contribution pour la sûreté maritime appliqué par le gouvernement dans certains ports canadiens, dans le cadre duquel il consent un rabais équivalent à 75 p. 100 du coût de mise à niveau approuvé.
CAAR recommande l'établissement d'un programme de rabais similaire pour aider les installations des détaillants agricoles à respecter les nouveaux règlements de sécurité et de sûreté. Nous ne demanderions pas mieux que de travailler avec les ministères concernés à la définition des dépenses admissibles.
En conclusion, j'espère avoir cerné clairement le problème le plus pressant auquel les détaillants du secteur agricole doivent actuellement faire face. Les règlements de sûreté et de sécurité sont importants, mais leur respect entraîne hélas des coûts élevés. Les détaillants du secteur agricole implorent le gouvernement d'envisager un programme de partage des coûts qui permettrait un respect rapide des règlements sans contrecoups économiques néfastes.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Au nom des membres de l'Association des banquiers canadiens, nous tenons à remercier le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes d'avoir invité le milieu bancaire à comparaître devant vous aujourd'hui pour discuter de la gestion des risques opérationnels dans le secteur agricole.
Vous m'avez déjà rencontré. Je m'appelle Brian Little. Je suis accompagné de Bob Funk, vice-président, Agriculture, à la Banque Scotia. Bien que nous représentions l'ensemble du secteur bancaire, il se peut que, de temps à autre, nous parlions plus spécifiquement au nom de nos institutions respectives.
Le gouvernement a entrepris un processus de consultation, Vers la nouvelle politique agricole et agroalimentaire auquel les banques ont pris part. Les institutions financières ne forment qu'une petite partie des intervenants qui ont participé à cette consultation. Nous avons donc été heureux de constater que, selon le résumé des observations des intervenants, les participants ont tous souligné que les institutions prêteuses jouent un rôle clé dans l'avenir de leur entreprise.
Ils ont aussi suggéré que les gouvernements maintiennent des relations ouvertes et soutenues avec les institutions financières afin d'assurer une compréhension claire des programmes et de la façon dont leur conception peut les rendre plus transparents et plus prévisibles, et de faciliter les décisions en matière de crédit. Les participants ont aussi exprimé avoir besoin de programmes constituant une valeur sûre. En tant que banquier, nous nous concentrons surtout sur les aspects de ces programmes qui portent sur la gestion du risque.
Le secteur bancaire ne pourrait être plus en accord avec ce point de vue. Tous ces éléments ont de l'importance pour les prêteurs, car les initiatives gouvernementales jouent un rôle énorme dans l'agriculture. Les programmes peuvent être une composante importante des revenus agricoles et, par conséquent, déterminer le risque auquel les prêteurs sont exposés. Une bonne communication entre l'industrie et le gouvernement est donc cruciale.
L'ABC et ses membres rencontrent régulièrement le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Nous l'avons fait le mois dernier et nous le ferons à nouveau plus tard cette année. Nous pensons qu'il est juste d'affirmer qu'un facteur important ayant aidé tous les intervenants liés au secteur bovin à tempérer la tempête de l'USB est le fait que les banques aient maintenu une communication étroite avec le gouvernement, leurs clients et les autres intervenants pendant cette période de stress. Il était extrêmement important que tous les intervenants comprennent bien ce que les banques faisaient et étaient prêtes à faire pendant cette crise. Il est bon de constater que d'autres reconnaissent aussi la valeur de telles relations soutenues. Les banques vont continuer d'adopter cette approche dans l'avenir, en temps normal comme en période de stress.
En ce qui a trait aux rôles des institutions prêteuses dans l'agriculture, nous croyons que les banques et les autres institutions financières sont des composantes importantes pour assurer un secteur agricole prospère et en santé. Les prêteurs sont là pour aider à assurer que cette industrie ait accès à des capitaux financiers pour croître et effectuer des investissements qui améliorent sa productivité. Les prêteurs sont aussi là pour assurer que les producteurs ayant des exploitations viables à long terme puissent résister à des chocs temporaires, même si ces derniers durent longtemps. C'est précisément ce que nous avons fait dans le cas de l'ESB, de la grippe aviaire, de la sécheresse et des inondations.
La relation bancaire avec le secteur agricole ne se limite pas seulement au crédit. Nous fournissons des services de gestion de trésorerie et des comptes d'opérations. Souvent, les producteurs consultent leurs banquiers pour obtenir des conseils. Ceci dit, les activités bancaires dans le secteur agricole sont en général axées sur le crédit. Nous parlerons donc ce cette question.
Les banques du Canada jouent un rôle important de soutien financier à l'égard du milieu agricole et rural canadien. Depuis 2004, le crédit bancaire autorisé au secteur agricole a augmenté de 6 p. 100 et dépassent maintenant 28 milliards de dollars, ce qui représente environ 43 p. 100 du total du crédit autorisé à cette industrie. Les prêts bancaires consentis à ce secteur dépassent actuellement 20 milliards de dollars. De plus en plus, ces fonds sont fournis à des producteurs, d'un bout à l'autre du pays, par de nouveaux moyens, grâce à l'ouverture de succursales stratégiques et à des « banquiers mobiles » qui se servent d'une voiture et d'un ordinateur portable, au lieu d'un bureau en succursale.
Les banques font partie d'un marché financier très concurrentiel, auquel le secteur agricole peut s'adresser. On y trouve le Mouvement Desjardins, surtout concentré au Québec. Dans le reste du pays, un réseau de coopératives de crédit procure un vaste éventail de services. Il y a aussi les fournisseurs de crédit commercial et Financement agricole Canada, société d'État fédérale qui offre du financement. Ensemble, ces institutions fournissent plus de la moitié du financement par emprunt offert au secteur agricole. Au total, y compris les banques, environ 65 milliards de dollars en financement ont été mis à la disposition de cette industrie en 2005, dont 46 milliards de dollars étaient toujours autorisés à la fin de l'année.
Compte tenu du fait qu'un si grand nombre d'institutions différentes offrent du financement et qu'il existe autant de concurrence dans le marché, nous croyons que le financement n'est pas la principale préoccupation des producteurs de ce secteur et nous croyons que la preuve appuie notre point de vue.
Selon une enquête menée par Statistique Canada, les producteurs agricoles et les autres industries primaires ne considèrent pas l'accès au financement comme un obstacle à la croissance. Les véritables enjeux de ce secteur sont la faible rentabilité, la réglementation gouvernementale et la fiscalité, qui constitue chacune une source d'inquiétude chez plus de 50 p. 100 des répondants.
Par ailleurs, l'obtention de financement n'a été citée en tant que préoccupation que par 16 p. 100 des répondants. L'offre de crédit à l'agriculture s'est améliorée grâce à l'utilisation d'un personnel spécialisé, tant dans le marché qu'au cours du processus d'évaluation du risque. Le seul facteur ayant obtenu un résultat inférieur en tant qu'obstacle à la croissance est la capacité de gestion, selon 13 p. 100 des répondants.
L'enquête menée par Statistique Canada auprès des propriétaires d'une petite entreprise prouve à nouveau qu'il existe beaucoup de concurrence et de choix en ce qui a trait à l'accès au financement dans le Canada rural. Les PME en milieu rural, dont font partie les entreprises agricoles, sont plus susceptibles de demander du financement dans une année donnée que ne le sont les PME en milieu urbain (34 p. 100 comparativement à 20 p. 100). De plus, les PME en milieu rural sont plus susceptibles de voir leurs demandes de financement par emprunt approuvées que les PME en milieu urbain (88 p. 100 par rapport à 77 p. 100).
Dans les deux cas, ces statistiques indiquent clairement que les banques et les autres prêteurs sont fortement engagés envers l'agriculture et le Canada rural et comprennent la nature de ce secteur. De nouveau, l'accès au crédit ne semble tout simplement pas être une préoccupation majeure chez les PME en milieu rural.
Lorsque Statistique Canada a demandé à ces entreprises pourquoi elles ne cherchaient pas à obtenir de financement, moins de 5 p. 100 des PME en milieu rural ont répondu qu'elles pensaient que leurs demandes de financement seraient refusées, qu'il serait trop difficile de demander un prêt ou que le coût du financement par emprunt serait trop élevé. Les PME qui n'ont pas demandé de financement ont indiqué que c'est surtout parce qu'elles n'en avaient pas besoin.
D'après les enquêtes et les données gouvernementales, il semble que les principaux enjeux auxquels le secteur fait face soient fondamentalement de nature économique. À cet égard, l'enjeu clé est la rentabilité. Seulement 20 p. 100 du revenu des ménages agricoles provient du « revenu agricole net » et la majeure partie de ce dernier est liée aux paiements provenant de programme.
En outre, une part croissante de la production est exportée, de sorte que l'accès aux marchés mondiaux est un enjeu. Le nombre d'agriculteurs au Canada a diminué et ces derniers prennent de l'âge et exploitent de plus grandes fermes. La planification de la succession et l'entrée dans le secteur d'une nouvelle génération de producteurs constituent des enjeux majeurs, surtout compte tenu des capitaux importants nécessaires pour assurer une exploitation agricole.
De plus, à l'heure où un plus grand nombre de producteurs et de sociétés de traitement emploient de nouveaux modèles d'affaires pour accroître la valeur à ajouter, de nouvelles approches en matière de financement pourraient être nécessaires. Les banques et les autres prêteurs doivent trouver des moyens de soutenir leurs clients agricoles dans ce contexte.
Avant de clore ma présentation, permettez-moi de faire deux observations sur les programmes gouvernementaux destinés à ce secteur. Les banques et les autres institutions de dépôt entretiennent une relation étroite avec leurs clients agricoles. Cette relation est renforcée par les programmes gouvernementaux qui fournissent un soutien du revenu au secteur agricole et qui aide à réduire le risque consenti à ce secteur.
Soulignons, par exemple que le budget récemment déposé fait référence à un nouveau programme de stabilisation du revenu qui serait offert par l'établissement d'un nouveau programme de comptes d'épargne à l'intention des agriculteurs. Des consultations avec les provinces sont à venir et nécessiteront l'établissement de comptes d'épargne. Les banques s'entretiendront très bientôt avec Agriculture et Agroalimentaire Canada pour discuter des critères s'y appliquant.
Comme les dépôts à ces comptes seront effectués à la fois par les agriculteurs et par le gouvernement — les dépôts et les revenus d'intérêt faisant l'objet de règles fiscales différentes selon la source du dépôt —, il est nécessaire d'établir des comptes personnalisés. Il est impératif que l'industrie ait suffisamment de temps pour ce faire. Afin d'éviter des changements de système, inutiles et coûteux, il est également impératif que l'industrie ait la certitude que les spécifications du programme et les exigences en matière de système soient finalisées avant que les institutions commencent à établir leurs comptes.
En second lieu, le gouvernement a décidé de maintenir son programme de la Loi sur les prêts destinés aux améliorations agricoles et à la commercialisation selon la formule coopérative, la LPAACFC, qui vise à accroître la disponibilité des prêts destinés à l'amélioration et à la mise en valeur des exploitations agricoles ainsi que la transformation, la distribution ou la commercialisation des produits agricoles.
Le ministère a récemment proposé des réformes au système. Nous souhaitons simplement souligner que les limites des prêts consentis en vertu du programme n'ont pas suivi les rythmes des progrès du secteur, en particulier l'escalade rapide des besoins en capitaux des exploitations agricoles. Par conséquent, nous observons un déclin du nombre de demandes de financement de la part des producteurs dans le cadre de ce programme.
Nous remercions le Comité de nous avoir fourni cette occasion de présenter le point de vue du secteur bancaire et nous répondrons volontiers aux questions des membres du Comité.
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Merci monsieur le président. Merci messieurs.
Ma première question s'adresse au Canadian Association of Agri-Retailers. Vous avez consacré une bonne partie de votre présentation aux coûts de la conformité, dans plusieurs domaines. Je n'entrerai pas dans les détails, mais j'aimerais vous demander si vous êtes au courant de ce qui se passe aux États-Unis.
Ici, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ainsi que d'autres organismes, imposent des frais d'inspection; aux États-Unis, ces mêmes frais seraient payés par le gouvernement fédéral, et ils sont conformes aux règles du GATT. Dans cette ère de grande sécurité et de protection contre le terrorisme, êtes-vous au courant de la politique américaine, et savez-vous si leur politique est conforme aux règles du GATT?
Vous dites que ces coûts ne sont pas transférés aux agriculteurs, mais d'une façon ou d'une autre, ils le sont — pas directement, mais d'une façon ou d'une autre; peut-être devrions-nous trouver le moyen de les incorporer à un programme qui serait conforme aux règles du GATT.
Je vais vous donner le temps de réfléchir, et je vais poser une question à l'Association des banquiers canadiens. Vous avez dit, je crois, que nos programmes devront être prévisibles et négociables en banque. J'ai l'impression que même si nous ne connaissons pas encore les détails — le gouvernement ne s'empresse pas à nous les fournir — le programme de comptes d'épargne est une bonne idée. Il s'agit probablement d'un programme de type CSRN.
S'il s'agit d'un programme semblable à l'ancien CSRN — nous n'en sommes pas certains, mais je crois que ça sera le cas — avez-vous connu des problèmes au sein de l'industrie bancaire face à l'ancien CSRN, y a-t-il quelque chose dont nous devrions tenir compte avant de mettre en oeuvre ce nouveau programme?
Voilà mes deux questions, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
On constate que l'évolution de l'agriculture est souvent fonction de la confiance du marché, de la confiance des programmes gouvernementaux et de la confiance qu'ont les agriculteurs envers leur banquier.
Quand on considère l'évolution de l'endettement agricole de 1998 à 2005 ou 2006, on constate une très importante progression de cet endettement agricole. On constate aussi que les banques canadiennes ont permis, de façon plus large, cet endettement agricole.
En effet, je connais des personnes de ma circonscription qui ont présenté de gros projets, des projets difficiles à faire approuver et qui ont été refusés par les caisses populaires. Or, les banques ont accepté ces projets et ont même permis à des producteurs agricoles une exemption de remboursement de capital pendant cinq ans. Ces producteurs ne payaient que les intérêts pendant les cinq premières années de remboursement de prêt, ce qui a engendré, au Québec, une énorme inflation sur le plan des quotas, sur le plan des fonds de terre et des bâtiments agricoles. Bien sûr, ils ont obtenu ce qu'il y a de mieux sur le plan de la technologie. J'ai vu des porcheries où il en coûtait 600 $ par porc, alors qu'on sait que le maximum, pour la rentabilité, est de 300 $ par porc.
Les banques ont-elles un peu profité de l'effervescence des années 2000 en agriculture pour augmenter leur part du marché agricole aux dépens de Financement agricole Canada et aux dépens des caisses populaires? En effet, nous avons vraiment senti, chez les agriculteurs de la province de Québec, qu'il y a eu une énorme concurrence entre les banques et les caisses populaires. Cela n'a pas été bénéfique à l'agriculture québécoise et canadienne.
Puis-je avoir votre opinion sur cette situation?
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Merci, messieurs, d'avoir pris le temps de comparaître devant nous.
Nous avons entendu à plusieurs reprises que dans le secteur agricole au Canada, tous les acteurs gagnent des profits, sauf les producteurs primaires, et que ceux qui ont les intrants et les extrants ont des moyens de vivre, de gagner de l'argent, alors que ce n'est pas le cas pour le producteur.
M. McNeill, vous avez qualifié le coût du respect des règlements en matière de sécurité comme étant prohibitif. Il y a trois options qui s'offrent à nous. Soit nous gardons le statu quo, et alors, le coût est absorbé par celui qui achète, c'est-à-dire le producteur; soit le gouvernement prend des mesures, et dans ce cas, selon vous, à quoi une intervention gouvernementale ressemblerait-elle? Et la question philosophique se pose: S'il n'y a pas suffisamment de fonds pour appuyer les producteurs directement, le gouvernement devrait-il intervenir pour épauler l'industrie? Je voudrais connaître vos observation là-dessus. La troisième possibilité serait d'avoir moins de règlements. S'il y a moins de règlements, les coûts sont moins élevés.
J'aimerais, si possible, que tout le monde réponde à cette question.
Monsieur MacKay, vous n'avez rien dit jusqu'ici. Je pensais vous donner une chance.
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Je brille par mon absence.
Je crois qu'il faut une réglementation moins stricte. Je comprends que ces règlements sont importants. Ils sont importants pour la sécurité des Canadiens et sont avantageux pour la population canadienne.
Si nous devions vous proposer une solution, nous croyons que l'esquisse de celle-ci a déjà été citée dans l'exemple que nous vous avons fourni. L'exemple se trouve dans l'annexe intitulé « Programme de contribution en matière de sécurité maritime ». En vertu de ce programme, les détaillants recevraient un remboursement de 75 p. 100 de tous les coûts approuvés et admissibles sur une période annuelle. Il s'agirait d'un programme de 115 millions de dollars. Le programme est identique et conforme à toutes les exigences actuelles.
Ce qu'il nous faut et ce qui sera apporté par les règlements, ce sont des exigences en matière de clôtures, de surveillance et d'éclairage. Les règlements risquent d'être encore plus détaillés, mais pour le moment, je voudrais insister sur le fait que tous les sites des détaillants se conforment aux règlements actuels, qu'ils relèvent de l'industrie ou du gouvernement. Mais dans l'avenir, la réglementation sera beaucoup plus sévère.
Nous sommes d'accord à dire qu'il faut agir de manière exhaustive et rapidement afin de prévenir tout événement pouvant se produire. Je parle de la possibilité que des terroristes ou des criminels utilisent ces produits dangereux.
Nous croyons que le début d'une solution existe déjà. Cette solution, elle est simple. C'est ce qui a été mis de l'avant par le Programme de contribution en matière de sécurité maritime.
Par ailleurs, notre association aimerait être le coordinateur principal ou l'administrateur de programme, parce que nous avons des relations avec les détaillants et nous avons l'habitude de travailler avec eux, de les consulter. Nous pourrions travailler avec eux pour mettre à niveau leurs installations rapidement et en bonne et due forme. Si vous le voulez, nous pourrions être le coordinateur et même effectuer des consultations sur place auprès de nos membres, afin de les amener à se conformer à la nouvelle réglementation. Nous pourrions ainsi travailler en étroite collaboration avec le gouvernement.
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Non, parce que ce que vous suggérez existe déjà. Ce produit est disponible dans toutes les institutions financières qui sont membres de l'ABC.
Les produits offerts sont souples. Généralement, lorsqu'on travaille avec les clients, on établit des calendriers de remboursements échelonnés sur une période de temps précis. Si les agriculteurs connaissent des difficultés, il est toujours possible qu'ils puissent reporter des paiements pendant un certain temps, jusqu'à ce que la situation se règle.
Prenons l'exemple la crise de l'ESB. Certains clients n'ont pas fait de versements au capital des prêts pendant deux ans et demi à cause des circonstances de l'époque.
Notre objectif consiste à faire preuve d'assez de patience pour travailler avec les producteurs, peu importe ce qui arrive, parce que la situation finit toujours par se régler. Nous ne voulons pas fermer des entreprises prématurément. Nous voulons aussi fournir un soutien aux gouvernements pendant qu'ils prennent des mesures pour offrir des programmes.
En tant que prêteurs, il nous incombe aussi de dire à partir de quel moment une entreprise ne sera pas viable même si la situation devait changer. C'est une question de jugement de la part des institutions financières. Évidemment, nous ne voulons pas devenir le propriétaire des fermes. Nous ne voulons pas voir les gens faire faillite. Notre but, c'est de dire à quel moment quelqu'un devrait changer de cap, prendre le capital et l'investir autrement, faire autre chose. Voilà le genre de décisions que nous prenons et les processus que nous utilisons.
Le gouvernement fait ses propres choix. Nous visons à nous assurer que le processus soit le plus allégé, offre le plus de souplesse, et fournit le plus de soutien que possible à nos clients agriculteurs.
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Je vais voir si je peux tenter une réponse à cette question,car j'ai déjà essayé de le faire plusieurs fois. Je voudrais peut-être prendre l'exemple du PCSRA.
À ce moment-ci, nos banques respectives sont aux prises avec des cas où nous attendons toujours des paiements, non seulement pour l'année passée, mais parfois, pour l'année précédente. C'est lié au fait — dont nous avons parlé plus tôt — que le programme a été mis en place très rapidement, à un moment très difficile. Le système a ressenti le choc tout de suite après. La situation a déclenché de nombreux événements. Il est devenu très difficile d'évaluer ces programmes, et le programme comme tel n'a pas pu être aussi efficace qu'il aurait dû l'être.
Alors comment peut-on modifier ce programme pour qu'il constitue une valeur sûre? D'abord, si je suis céréaliculteur dans les Prairies par exemple, je peux acheter une assurance-récolte. J'obtiens une feuille de papier disant que je suis inscrit au programme d'assurance-récolte; voici la superficie en acres qui est couverte, voici la valeur par acre pour laquelle je suis inscrit, donc voici la valeur du paiement de mon assurance-récolte.
Si on pouvait faire pareil avec le PCSRA — ou « le fils du PCSRA » ou peu importe ce que nous aurons dans l'avenir — et obtenir une preuve d'inscription, les clients pourraient venir nous voir en apportant la feuille et en disant « Nous sommes inscrits à ce programme », et ensuite « Voici, clairement, la mesure selon laquelle nos marges de référence seront calculées ». Donc, si nous allons parler en fonction de marges de référence, voici la valeur pour que nous sachions à peu près quels seront les revenus soutenus par ce programme. Ces deux aspects clé pourraient nous aider. Si on avait la documentation, le programme pourrait constituer une valeur sûre. On pourrait ensuite traiter le paiement comme si on attendait une somme à recevoir.
Sans ces preuves, on ne peut pas traiter un paiement de cette façon. Si vous ne savez pas de quoi il s'agit, quand est-ce que ça arrivera, ni le montant concerné, vous ne pouvez pas traiter ce paiement comme étant une somme à recevoir. On préciserait donc le tout.