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Chers collègues, la séance est ouverte.
Bienvenue, monsieur Gladu.
M. André Gladu est l'ancien sous-ministre de Développement économique Canada pour les régions du Québec à l'époque des problèmes relatifs aux locaux de la Place Victoria, sur lesquels nous faisons actuellement enquête. Nous avons déjà tenu une ou deux audiences sur la question. Il a été décidé d'inviter M. Gladu, qui était sous-ministre à l'époque, à comparaître devant le comité.
Cependant, nos projets pour la réunion ont quelque peu changé. Il était prévu au départ qu'elle dure plus longtemps. Je voudrais donc réserver une heure au maximum pour cette partie de la réunion — nous n'aurons peut-être pas besoin de toute l'heure, mais nous l'aurons, s'il le faut — avec M. Gladu. Ensuite, M. Ned Franks fera son exposé. Comme chacun le sait, M. Franks travaille avec nous depuis environ six mois sur la question du protocole. Ce document en est maintenant au stade final, et nous allons donc demander à M. Franks de nous en parler dès 16 h 30.
Je rappelle aux membres du comité que les cloches sonneront à 17 h 15, d'après ce qu'on m'a donné à entendre. Par conséquent, la séance sera levée à ce moment-là, ou peu de temps après.
Monsieur Gladu, j'aimerais vous souhaiter la bienvenue au comité. Nous vous remercions de votre présence parmi nous cet après-midi. Je crois savoir que vous êtes à la retraite et que vous ne travaillez donc pas au ministère à l'heure actuelle.
Avez-vous un exposé liminaire ou des observations à faire avant de répondre aux questions des membres du comité?
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Grosso modo, cela s'est passé de la façon suivante. Développement économique Canada et tous les ministères qui l'ont précédé, mais qui avaient la responsabilité du développement économique pour le gouvernement fédéral, ont toujours été à la Place Victoria, qu'on appelle également Tour de la Bourse. Je pense que les employés sont là depuis plus de 30 ans.
À chaque fois qu'il est question de la fin d'un bail et d'un déménagement, il faut savoir que cela ne fait pas nécessairement plaisir aux employés de penser à la possibilité de déménager. Je pense qu'il faut mettre cet élément en contexte.
En décembre 2000 ou janvier 2001, conformément aux procédures établies, on a amorcé des discussions avec Travaux publics pour voir s'il y avait un espace qui pourrait répondre davantage à nos besoins à la fin de notre bail, qui était prévue le 31 mars 2003. C'est de cette façon que s'est enclenché le processus d'appel d'offres. Comme vous le savez et l'avez entendu dans les témoignages précédents, l'édifice le moins dispendieux pouvant répondre à nos besoins était la Place Bonaventure.
Comme administrateur et sous-ministre de Développement économique Canada, j'étais tout à fait à l'aise avec la possibilité de déménager à la Place Bonaventure, tout en sachant pertinemment que ce serait un dossier difficile à gérer pour la raison que j'ai mentionnée précédemment, à savoir que les employés étaient là depuis plus de 30 ans et ne voulaient pas nécessairement déménager. Cependant, nous croyions à l'époque que la Place Bonaventure pouvait tout à fait répondre à nos besoins, car nous commencions à avoir besoin de plus d'espace.
Dans la foulée de ce processus, nous devions également déterminer si nous devions garder dans les mêmes locaux les employés qui travaillaient au bureau de l'île de Montréal, par exemple ceux qui s'occupaient des PME sur l'île de Montréal. Nous avons donc informé Travaux publics dès septembre 2001 de la possibilité de ne pas déménager les employés de l'île de Montréal au bureau régional de Développement économique Canada.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Gladu, merci infiniment de votre présence aujourd'hui.
Je voudrais en arriver au même résultat que l'intervenant précédent, mais je veux d'abord m'assurer de bien comprendre. Rappelons donc tous les éléments de la situation. Au départ, s'il a été décidé de déménager, c'est surtout parce que les locaux n'étaient pas suffisamment grands pour répondre à vos besoins, et encore moins pour permettre l'expansion du ministère qui était prévue. Au départ, c'est pour cette raison que vous avez voulu déménager.
Mais, dès lors qu'on parle du processus, cela se complique. Je reviens sans cesse aux courriels échangés en juin et en juillet 2001. Dans ces courriels, le personnel responsable de l'appel d'offres est informé par le Cabinet du premier ministre qu'il ne fallait pas mettre à exécution le projet tout de suite; ça, c'était en juin, et la même demande a été faite en juillet, c'est-à-dire qu'il fallait attendre.
D'après ce que j'ai pu comprendre, la situation est celle-ci: l'Agence a déterminé qu'elle avait besoin de locaux et a donc lancé un appel d'offres. Ensuite le cabinet du ministre a informé les employés concernés en juin qu'il s'intéressait à une autre possibilité et que ces derniers devraient attendre parce que le projet ne serait pas nécessairement mis à exécution. Par contre, je n'arrive pas à trouver dans tous les documents administratifs celui où l'on demande aux employés d'aller de l'avant. Malgré cela, le processus repart de nouveau et le projet est mis à exécution, même si le cabinet du ministre l'a mis en suspens une fois.
Donc, le travail reprend et nous apprenons que, deux semaines après la signature du contrat — deux semaines après — quelqu'un… C'est justement cela que Pierre essaie de déterminer: qui a pris cette décision-là? À un moment donné, deux semaines après la signature du contrat, la décision est prise de ne pas aller de l'avant à un coût de 4,5 millions de dollars.
Donc, je ne comprends toujours pas qui s'est intéressé à la question et quand, qui a décidé de mettre le processus en suspens, ni ce que tout cela signifie. En fin de compte, j'essaie de savoir quelle personne — et c'est une question tout à fait normale — a décidé que, même si le gouvernement avait déjà conclu un accord, le ministère ferait autre chose? Qui a pris cette décision deux semaines plus tard, et pourquoi cette personne ou ces personnes se sont-elles ravisées, étant déjà intervenues précédemment pour demander aux employés de mettre le tout en suspens?
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Jusqu'à ce que le secrétaire d'État, M. Claude Drouin, envoie une lettre, j'étais tout à fait d'accord pour déménager à la Place Bonaventure. Je l'avais d'ailleurs confirmé par écrit à mon collègue du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux à Montréal, M. Normand Couture.
La lettre du 15 avril de M. Claude Drouin a été une surprise totale. Je ne savais pas qu'il avait l'intention d'envoyer une lettre de cette nature à son vis-à-vis du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux. Je n'ai été informé que la lettre avait été envoyée que quelques jours plus tard. Honnêtement, je ne me souviens pas qui m'en a informé. Mais de mémoire, je pense que c'est quelqu'un du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux.
Quant à ce qui s'est passé entre le cabinet du ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux et les fonctionnaires à Montréal, je ne peux répondre. Je peux simplement vous dire que j'ai su qu'ils avaient le mandat d'amorcer des discussions avec les gens de la Place Victoria et de voir avec eux s'ils pouvaient diminuer sensiblement le coût qui avait été proposé lors du processus d'appel d'offres.
Après avoir été mis au courant de la lettre de M. Drouin, j'ai rencontré ce dernier dans le cadre d'une réunion régulière. Je lui ai dit que selon moi, c'était une erreur que d'avoir envoyé cette lettre, parce qu'il s'agissait d'un dossier de nature administrative et qu'il n'aurait pas dû s'impliquer dans cela.
Il m'a répondu — et vous allez faire un lien avec mon premier commentaire — que parce que je lui avais dit qu'il s'agirait d'un dossier difficile à gérer — on parle du déménagement —, il avait voulu s'assurer qu'il y avait peut-être une possibilité de rester sur place en minimisant les coûts et en diminuant les impacts sur le personnel.
Vous connaissez le reste de l'histoire. Les gens de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada ont négocié et ils ont décidé à un moment donné que nous pouvions demeurer à la Place Bonaventure. De leur côté, ils croyaient possible de louer l'espace qu'ils louaient à la Place Bonaventure.
Lorsqu'ils m'ont dit que nous pouvions rester à la Place Bonaventure, nous avons révisé nos plans sur une base administrative. À la fin du mois de juillet, j'ai dit à mon vis-à-vis de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada que nous étions d'accord pour rester sur place.
L'histoire, c'est celle-là.
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Oui, monsieur le président, et je vais me contenter de lire pour les fins du compte rendu un document que nous avons déjà examiné. Je veux que cela fasse partie du compte rendu afin que d'autres puissent l'entendre et y réfléchir.
Ce document provient de Mario Arès, qui s'est présenté ici. C'est le directeur régional. C'est lui qui a envoyé ce courriel intéressant à Suzanne Cloutier le 3 mai 2002. Voici ce qu'il dit:
Je n'ai pas l'intention de rédiger une note de service à l'intention du ministre sur cette question. Depuis que nous avons approuvé le bail du local de 5 790 mètres carrés à la Place Victoria le 2 avril 2002, les décisions relatives à ce dossier sont prises au niveau de l'organisation et sont contraires à nos recommandations régionales. Les éléments suivants viennent étayer ma position à cet égard.
Ensuite il y a cinq paragraphes. Je n'ai pas l'intention de les lire, mais je voudrais tout de même lire à haute voix deux phrases en particulier. La première est celle-ci:
Il semble clair que si certains ont insisté pour rester à la Place Victoria, c'est pour des raisons autres que la saine gestion des fonds publics.
Et enfin, un dernier élément. D'ailleurs, nous devrions peut-être obtenir une réponse écrite au sujet de cette affirmation, parce qu'elle me semble bien importante:
Les responsables de la Place Victoria n'ont jamais voulu répondre à nos besoins en ce qui concerne l'accès au bâtiment pour les personnes handicapées et n'ont jamais manifesté le moindre désir de le faire, et cela ne changera pas — ce qui est tout à fait contraire à nos politiques de conformité interne.
J'aimerais donc savoir si cet élément continue à poser problème dans ce bâtiment public, étant donné qu'il en a été question plus tôt et que c'était certainement l'une des raisons pour lesquelles l'Agence souhaitait déménager.
Ce sera tout. Merci, monsieur le président.
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Je voudrais vous faire remarquer quelque chose qui a été mentionné par M. Christopherson, à savoir que dans la lettre du 3 mai de M. Arès, qui était le directeur de projet, ce dernier indique que la décision de rester à la Place Victoria était « difficile à justifier » et qu'il semblait clair qu'elle était fondée sur « des raisons autres que la saine gestion des fonds publics ».
Vous nous avez dit que vous auriez préféré déménager et ne pas rester à la Place Victoria. Vous avez également indiqué qu'il y a eu une ingérence politique inopportune dans cette affaire, par rapport notamment à la lettre de M. Drouin.
Il me semble que tous les bureaucrates étaient du même avis dans ce cas-là et souhaitaient suivre correctement la procédure prévue pour un appel d'offres concurrentielles, protéger les contribuables, et emménager dans des locaux plus abordables, mais quelques jours seulement après les mises en garde de M. Arès, celles que je viens de citer — M. Goodale est intervenu dans ce dossier pour signer un bail pour des locaux plus coûteux, alors que nous savons à présent que la décision de M. Goodale a donné lieu au gaspillage de 4,6 millions de dollars de deniers publics, d'après la vérificatrice générale.
La situation semble encore plus embrouillée lorsqu'on remonte plus loin dans le temps, car j'ai certains documents devant moi qui semblent indiquer que la décision prise au départ consistait à ne pas rester à la Place Victoria. Ça, c'était en 2001. Mais ensuite, la décision a été renversée, de sorte qu'il était de nouveau question de rester à la Place Victoria, avant que l'on change d'avis une troisième fois. C'est justement cela qui a entraîné des coûts additionnels, parce que le gouvernement a décidé de signer un bail pour des locaux à la Place Bonaventure et, après avoir signé ce bail, s'est ravisé, de telle sorte que nous avons fini par payer un loyer pour les locaux à la Place Bonaventure alors qu'on n'en avait pas du tout besoin.
Pourquoi cela s'est-il produit?
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Merci, monsieur le président.
Je dois dire que je ne sais vraiment pas quelles questions je peux vraiment vous poser. J'ai encore des questions, et ce n'est pas ici que je vais obtenir les réponses que je cherche, et par conséquent, je vais demander l'appui du comité pour que nous passions à l'étape suivante. Je ne voudrais pas que cela traîne indéfiniment, monsieur le président, mais nous n'avons toujours pas les réponses que nous souhaitons avoir, alors que nous parlons d'une gaffe de 4,5 millions de dollars au sujet de laquelle quelqu'un doit rendre des comptes.
Je vous remercie, monsieur, du temps que vous nous avez accordé aujourd'hui. Vous avez fourni des réponses complètes à toutes nos questions, mais je n'en ai plus à vous poser.
J'ai fini, monsieur le président. Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur Gladu.
Chers collègues, nous allons passer à autre chose. Si vous me permettez, avant de demander à M. Franks de témoigner, je voudrais traiter un autre petit point, soit le procès-verbal de la réunion du sous-comité qu'on vous a distribué. Ce document ne compte que deux paragraphes, un pour chaque recommandation.
Premièrement, que la Bibliothèque du Parlement examine la possibilité de demander à des experts d'étudier la question des responsabilités confiées aux administrateurs des comptes aux termes de la loi et des pouvoirs délégués ainsi que des marchés qui sont passés en vertu de ces responsabilités. Cette question sera de nouveau soumise à l'examen du comité une fois que nous aurons avancé un peu plus. Pour le moment, nous demandons à la Bibliothèque du Parlement de sonder le marché, après quoi on nous fera part des résultats de cette recherche.
Deuxièmement, nous avons approuvé un nouveau calendrier pour les cinq ou six prochaines semaines. Bien sûr, nous allons recevoir l'Enquêteur correctionnel lundi prochain, et nous nous attaquerons à la question touchant la GRC avant l'intercession de deux semaines.
Monsieur Williams.
Monsieur le président, je tiens à vous dire que je ne suis pas d'accord sur l'idée d'avoir des réunions de trois heures. Parfois il y a des votes après les réunions, et parfois, non, et par conséquent, il n'est pas possible de prévoir une réunion de trois heures. Deux heures sont jugées suffisantes depuis des années. Tous les autres comités se contentent de deux heures en temps normal. Ces réunions qui durent parfois trois heures, et parfois deux heures, sont une source de préoccupations pour les membres et pour moi, personnellement, parce que cela m'empêche de bien planifier ma journée. Par conséquent, je voudrais que nous recommencions à tenir régulièrement des réunions de deux heures. Il peut être justifié de convoquer une réunion de trois heures à l'occasion pour examiner un rapport, même si je ne sais pas quand cela pourrait être nécessaire dans les prochaines semaines.
Monsieur le président, je préfère tout simplement un peu plus de régularité dans ma vie, au lieu d'être à la remorque du calendrier du président.
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Je vais maintenant inviter M. Ned Franks à venir s'installer, et nous allons parler du protocole auquel travaille le comité depuis quatre ou cinq mois.
À titre d'information, j'aimerais vous indiquer, chers collègues, qu'il s'est produit quelque chose récemment que je trouve un peu déconcertant. M. Franks pourra vous l'expliquer mieux que moi, mais quand nous avons commencé ce travail, nous avons essayé d'élaborer un protocole conjoint pour nous et pour le Secrétariat du Conseil du Trésor, étant donné que nos rôles sont très semblables. Au cours des deux ou trois derniers mois, nous avons donc essayé de dialoguer avec les responsables du Secrétariat du Conseil du Trésor. D'ailleurs, vous étiez tous présents quand j'ai interrogé M. Wouters à ce sujet en le suppliant de nous parler.
Nous avons enfin reçu une réponse la semaine dernière, dans laquelle M. Wouters nous indique qu'il n'est pas intéressé à élaborer un protocole conjoint. En fait, ils ont affiché leur propre protocole — c'est-à-dire celui que doivent suivre les cadres — sur leur site Web concernant les responsabilités des administrateurs des comptes qui doivent témoigner.
De fait, leur protocole concerne l'ensemble des comités, et pas seulement celui-ci. D'ailleurs, si je peux me permettre, il ne traduit pas fidèlement la teneur des dispositions de la Loi fédérale sur la responsabilité, telles que je les comprends. Cette question n'a rien de personnel du point de vue des problèmes de responsabilisation qui ont pu toucher d'anciens administrateurs des comptes. En l'occurrence, comme vous le savez fort bien, dans la plupart des cas, nous parlons, en ce qui concerne le comité, de l'ancien administrateur des comptes, étant donné la permutation constante des sous-ministres à Ottawa.
Chers collègues, nous en sommes réduits finalement au combat classique entre l'Exécutif et le Parlement. Selon moi, c'est à nous, en tant que comité parlementaire, d'élaborer notre propre protocole. Cependant, il faut s'assurer ne rien inclure dans notre protocole qui soit contraire à la loi, notamment à la Loi sur la gestion des finances publiques — ni à aucune autre loi, en réalité — si bien que nous avons demandé à notre personnel de faire une étude fort minutieuse au cours des dernières semaines.
M. Franks est évidemment beaucoup mieux placé que moi pour vous en parler, étant donné son expertise considérable en ce qui concerne le protocole pour l'Exécutif, et il pourra également vous parler de son propre protocole, pour lequel je tiens à le remercier, vu tout le temps, l'effort et l'énergie qu'il a investis dans ce travail. Ce document a déjà été distribué aux membres.
N'ayant plus rien à ajouter, je cède tout de suite la parole à M. Franks, que je remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
À ma connaissance, le protocole, qui se trouve à présent sur le site Web du Bureau du Conseil privé, n'y était pas avant vendredi en fin de journée, et je n'ai donc pas eu l'occasion de le commenter avant ce moment. En ce qui concerne l'élaboration du protocole, mon grand regret est le fait que le Conseil du Trésor n'a pas voulu collaborer alors que cette collaboration aurait permis d'en arriver à un meilleur produit. J'ai déployé tous les efforts nécessaires, comme l'a fait d'ailleurs le comité, pour l'inciter à collaborer avec moi, mais manifestement, cette idée ne l'intéressait aucunement. Je dois donc accepter que ce document représente ce que j'ai pu faire de mieux en l'occurrence, car c'est ce que j'ai effectivement fait pour vous.
Je vous avoue que le document du Bureau du Conseil privé intitulé « Administrateurs des comptes: lignes directrices concernant leurs rôles et leurs responsabilités, et leur comparution devant les comités parlementaires, 2007 » — c'est-à-dire le document qu'ils ont affiché sur le site vers la fin de la semaine dernière — a suscité en moi certaines inquiétudes, car pour moi, ce document ne traduit pas une compréhension exacte de ce qu'exigent les lois concernées.
L'approche proposée par le Comité des comptes publics, la Commission Gomery, les universitaires, et le Parti conservateur — est inscrite à présent dans la Loi sur la gestion des finances publiques — en ce qui concerne les administrateurs des comptes consiste, premièrement, à déterminer avec précision la sphère des responsabilités de gestion des sous-ministres et administrateurs généraux — c'est-à-dire les administrateurs des comptes — qui leur sont propres, et, deuxièmement, à entériner le principe selon lequel, en tant qu'administrateurs des comptes, ces hauts fonctionnaires sont responsables devant les comités parlementaires, et notamment le Comité des comptes publics, de la façon dont ils s'acquittent de leurs responsabilités de gestion.
Le document diffusé par le Bureau du Conseil privé présente une interprétation à ce point étroite des dispositions de la Loi sur la gestion des finances publiques relatives aux administrateurs des comptes que les vraies responsabilités de gestion des administrateurs des comptes qui sont en réalité très importantes sont finalement banalisées et ont pour résultat de nier que ces derniers ont des responsabilités qui leur sont propres.
Ce document prévoit également pour les comités parlementaires, du point de vue de la démarche de responsabilisation, un rôle à ce point limité qu'on peut même douter que le Comité des comptes publics, s'il devait s'y en tenir strictement, réussisse à obliger le gouvernement à répondre de sa gestion des deniers publics.
Le document du Bureau du Conseil privé indique à juste titre que les dispositions relatives aux administrateurs des comptes ne créent pas de nouvelles responsabilités de gestion, mais il indique également, à tort, que lorsque les administrateurs des comptes comparaissent devant le Comité des comptes publics, ils sont là uniquement pour aider le ministre à rendre des comptes au Parlement. Or les administrateurs des comptes ne peuvent pas comparaître devant un comité uniquement pour appuyer leur ministre alors que ce sont eux, à titre d'administrateurs des comptes, et non le ministre, qui ont les responsabilités.
Le terme « responsabilité » dénote le pouvoir d'agir. Le terme « responsabilisation » dénote l'obligation de répondre de l'exercice de ce pouvoir. Là où les ministres n'ont pas le pouvoir d'agir, ils ne peuvent être tenus responsables. Là où les administrateurs des comptes ont le pouvoir d'agir, ils sont responsables et doivent répondre de leurs actes. Les administrateurs des comptes ont des responsabilités de gestion considérables qui leur sont propres. Les pouvoirs qui leur sont délégués aux termes de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique et la Loi sur la gestion des finances publiques leur confèrent à eux, et non aux ministres, la grande majorité des responsabilités en ce qui concerne la gestion des ressources humaines.
La Loi sur la gestion des finances publiques confère des pouvoirs, à la fois directement et par délégation, aux administrateurs généraux, soit aux administrateurs des comptes. Ni l'une ni l'autre des deux lois autorise la délégation des pouvoirs aux ministres — seulement aux administrateurs généraux. Le Parlement a conféré ces pouvoirs aux fonctionnaires non partisans afin de maintenir la neutralité de la fonction publique et de protéger les deniers publics contre la possibilité d'abus par les élus.
La Loi sur la gestion des finances publiques confère aux administrateurs généraux, et seulement aux administrateurs généraux, la responsabilité législative de s'assurer que les paiements effectués aux termes des contrats respectent les normes de conformité et d'intégrité.
La politique du Conseil du Trésor sur la sous-traitance exige que les fonctionnaires à qui l'on a délégué le pouvoir de négocier et de conclure des contrats au nom de la Couronne exercent ce pouvoir avec prudence et probité. L'administrateur des comptes doit s'assurer que de telles activités respectent les normes, à moins que le secrétaire du Conseil du Trésor ou le Conseil du Trésor lui-même ait décidé d'ignorer ses conseils. C'est justement en raison du défaut du sous-ministre des Travaux publics de respecter ses obligations législatives et de s'assurer que son ministère se conformait aux normes que les problèmes mis en évidence par l'affaire des commandites ont pu se produire.
Le document du Bureau du Conseil privé relatif aux administrateurs des comptes reconnaît que les ministres peuvent ne pas donner des instructions précises aux administrateurs des comptes si une loi leur confère des responsabilités de gestion ou d'autres pouvoirs. Mais il maintient que l'administrateur des comptes est tout de même comptable envers le ministre de l'exercice de ces pouvoirs. C'est là que j'estime que le BCP n'a pas compris l'essentiel. Le Parlement a conféré les responsabilités aux administrateurs des comptes, et non aux ministres. Ce sont les administrateurs des comptes, et non les ministres, qui sont responsables. Les administrateurs des comptes comparaissent devant les comités parlementaires afin d'expliquer et de défendre l'exercice des pouvoirs qui leur sont propres. Ils ne comparaissent pas devant ces comités afin d'aider leurs ministres à répondre de leurs actes.
Le Bureau du Conseil privé prétend que l'administrateur des comptes n'a pas à répondre devant le comité de sa propre performance. Mais ce n'est pas du tout ce que prévoit les lois. Les lois pertinentes comportent au contraire une disposition qui indique clairement que l'administrateur des comptes est responsable devant le comité de son rendement personnel. Là où les administrateurs des comptes ont des responsabilités qui leur sont propres, ils sont responsables et doivent répondre de leurs actes.
Le Bureau du Conseil privé est d'avis que les ex-titulaires de charges publiques ne devraient pas comparaître devant le Comité des comptes publics étant donné qu'ils ne peuvent pas donner l'impression de s'engager à prendre des mesures. Mais un comité parlementaire ne peut exiger qu'un fonctionnaire, ministre ou administrateur des comptes prenne des mesures. La moitié de l'effectif des sous-ministres occupent leurs postes actuels depuis mars 2006. Donc, si le comité suivait les instructions du Bureau du Conseil privé et ne sollicitait des témoignages que des titulaires actuels d'une charge publique, dans la plupart des cas, il se priverait des témoignages du fonctionnaire ayant pris les décisions qui font l'objet de l'enquête. Le comité ne serait pas à même d'exiger que les fonctionnaires dont il examine la conduite lui rendent des comptes.
Comme tous les comités parlementaires, le Comité des comptes publics n'a pas le pouvoir d'infliger des mesures disciplinaires aux responsables ministériels, qu'il s'agisse de ministres ou de fonctionnaires, et il ne peut non plus leur donner des instructions. Les pouvoirs du comité se limitent à ceux consistant à entendre des témoins, à faire enquête sur diverses questions, et à préparer des rapports. Le travail du comité s'amorce dès lors qu'il y a un problème ayant fait l'objet d'un rapport par le vérificateur général. Le seul vrai pouvoir du comité est celui d'examiner des questions et de présenter des rapports à ce sujet. Son pouvoir correspond à ce rôle essentiel du régime parlementaire de déterminer quels sont les problèmes, de les étaler au grand jour et de faire intervenir les faits de dissuasion de la mauvaise publicité. La plus grande force du régime parlementaire est sa capacité de déterminer clairement qui est responsable et de forcer ces personnes à répondre de leurs actes.
Au cours des siècles, le Parlement, malgré l'opposition de la Couronne et du gouvernement, a insisté pour que lui, et lui seul, ait le droit de déterminer qui est responsable devant lui et de quelle façon ces personnes devraient avoir à répondre de l'exercice des pouvoirs que leur a conférés le Parlement. Et le Parlement a gagné. Il continue à détenir ce droit. Le Bureau du Conseil privé semble avoir oublié ce principe constitutionnel fondamental.
Je vous remercie.
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De plus, cela fait beaucoup plus mal si on réussit. Voilà un premier point. C'est une tendance naturelle.
Deuxièmement, j'ai essayé d'insister sur le fait qu'il existe un cadre législatif qui confère certaines responsabilités aux sous-ministres. À présent nous leur donnons le titre d'administrateurs des comptes à cause de leurs responsabilités en matière de gestion. Ils ont des recours en vertu de la Loi sur la gestion des finances publiques, telle qu'elle a été modifiée par la Loi fédérale sur la responsabilité. Si on leur donne des instructions incorrectes ou inopportunes, ils peuvent en interjeter appel auprès du Secrétariat du Conseil du Trésor, et le Secrétariat du Conseil du Trésor peut émettre une opinion. Si la réponse est: « Non, monsieur le ministre », le ministre lui-même peut en appeler au Conseil du Trésor et ce dernier peut émettre une opinion.
Un sous-ministre a également la possibilité d'en appeler au greffier du Conseil privé et, d'après ce que j'ai pu comprendre, les sous-ministres invoquent ce droit une ou deux fois par an. Évidemment, il peut y avoir, dans certains cas, un profond désaccord qui n'est pas lié aux responsabilités de gestion d'un administrateur des comptes, et on peut supposer que c'est dans ces cas-là qu'un sous-ministre se prévaudrait de ce recours.
J'essaie toujours de comprendre tout cela. Je suis très content de vous revoir, monsieur Franks.
Je crains que, si l'Exécutif et le comité n'arrivent pas à s'entendre sur la définition d'un administrateur des comptes, quand l'Exécutif rencontrera le comité, il ne sera pas possible d'avancer étant donné que personne n'est d'accord sur ce qu'on peut faire dans le contexte d'une telle réunion. Si l'Exécutif fait savoir à l'administrateur des comptes qu'il est là uniquement pour aider son ministre à rendre des comptes, alors que le comité estime que l'administrateur des comptes a sa propre sphère de responsabilités, les attentes du comité ne seront pas remplies, étant donné que les membres n'obtiendront pas les réponses escomptées aux questions qu'ils poseront à l'administrateur des comptes.
En conséquence, j'estime qu'il faut continuer à travailler en vue d'en arriver à un consensus sur ce qu'est un administrateur des comptes pour les fins du comité, car sinon, toute cette entreprise aura été une perte de temps colossale.
Je dois dire, en tant que membre du…
Une voix: Du parti au pouvoir.
M. Pierre Poilievre: Oui, du parti au pouvoir. Je serais ravi qu'on transmette bon nombre des responsabilités au plus haut fonctionnaire de chaque ministère. En fait, cela faciliterait la vie aux ministres. Ils auraient moins d'explications à fournir, et à ce moment-là, ce serait au fonctionnaire de fournir les explications et d'encourir le blâme à sa place.
Permettez-moi donc de dire que nous qui sommes membres du parti politique au pouvoir avons intérêt à appuyer votre interprétation, mais en tant que gouvernement qui souhaite adhérer à de saines pratiques d'administration publique, elle ne nous convient pas. Si vous établissez une sphère de responsabilité distincte pour l'administrateur des comptes, vous sapez d'office la tradition centenaire de la responsabilité ministérielle. Dans le cas de nombreuses questions que nous avons examinées en comité, nous nous sommes rendu compte que le problème n'était pas le manque de responsabilisation de la haute bureaucratie, mais plutôt le manque de responsabilisation du ministre.
À mon avis, votre proposition risque d'aggraver ce problème en transmettant davantage de responsabilité à la bureaucratie en ce qui concerne le bon fonctionnement de l'appareil gouvernemental et en enlevant ces responsabilités au ministre. Cela offre au ministre une excellent tête de Turc chaque fois qu'il se présente devant le comité. Il peut simplement déclarer qu'il n'est plus du tout responsable, étant donné que d'après le protocole, il faut rejeter le blâme sur le bureaucrate.
Je me demande donc comment vous concilier ces deux principes, c'est-à-dire la responsabilité ministérielle et cette nouvelle interprétation du rôle de l'administrateur des comptes.
Premièrement, comme je l'ai souligné dans le protocole et dans mes observations aujourd'hui — et il en va de même pour le Bureau du Conseil privé, étant donné que c'est l'une des rares choses sur lesquelles nous sommes d'accord — les dispositions de la Loi sur la gestion des finances publiques relativement aux administrateurs des comptes n'accordent aucun nouveau pouvoir aux sous-ministres. Ce protocole, qui s'appuie sur les lois actuellement en vigueur, vise à établir un mécanisme qui permettra d'obliger les chefs de ministères et d'organismes gouvernementaux — c'est-à-dire les administrateurs des comptes — à répondre de leurs actes relativement aux responsabilités qui leur sont propres et qui ne relèvent pas des ministres. Et j'insiste bien là-dessus: cela ne sert à rien de prétendre que les ministres ont ces responsabilités, parce qu'ils ne les ont pas, et si cet état de choses a quelque impact sur la période des questions, il faudra alors modifier la période des questions.
Par exemple, la réponse d'un ministre est fort simple si la décision dont il est question relève manifestement de la responsabilité de l'administrateur des comptes. Il peut fournir les renseignements demandés, et ensuite, si la question est soulevée de nouveau — par exemple, si elle fait l'objet d'une enquête par le Comité des comptes publics — le ministre peut répondre: j'ai déjà répondu à cette question et le Comité des comptes publics en est maintenant saisi.
Une réponse au Parlement doit respecter deux critères. Premièrement, elle doit être formulée selon un langage parlementaire et, deuxièmement, elle doit être en rapport avec la question qui a été posée. Or aucune réponse ne répond à ces deux critères, et par le passé, les ministres en ont profité allégrement lorsqu'ils n'étaient pas responsables d'un problème. Il y a toutes sortes de façon de contourner cette difficulté-là.
Deuxièmement, pour reprendre mon analogie de l'omelette, peut-on séparer le blanc du jaune quand on parle des fonctions du ministre et du sous-ministre? La réponse est oui. Je parlais à un avocat de ce que nous faisons ici, et sa réponse a été de dire que ce n'est pas vraiment une omelette, mais plutôt un oeuf à la coque — c'est-à-dire que le jaune est encore liquide mais on peut facilement le distinguer du blanc.
Pour remonter un peu dans l'histoire, le Parlement britannique a mis sur pied un Comité des comptes publics en 1862. En 1865, la Loi sur le contrôleur et le vérificateur général a été adoptée. En 1867, le Comité des comptes publics de la Grande-Bretagne était aux prises avec la question de savoir qui devrait rendre des comptes, les ministres ou les administrateurs permanents — c'est-à-dire les sous-ministres. Il a fini par décider de responsabiliser les sous-ministres, plutôt que les ministres. Et la Grande-Bretagne suit cette ligne de conduite depuis.
Ce que je vous dis, essentiellement, c'est qu'il faut aller un tout petit peu plus loin. L'Acte de l'Amérique du Nord britannique — ou la Loi constitutionnelle de 1867, comme on l'appelle maintenant — prévoit que le Canada se dote d'une Constitution comme celle de la Grande-Bretagne. En 1867, la Constitution de la Grande-Bretagne prévoyait la possibilité — et c'était le début d'une nouvelle réalité — d'une séparation des pouvoirs entre les ministres et les administrateurs des comptes. C'est donc tout à fait légitime de créer quelque chose, dans le cadre de notre Constitution, qui existait déjà dans la Constitution britannique de 1867. Le simple fait qu'il nous ait fallu 140 ans de plus que la Grande-Bretagne pour en arriver là ne veut pas dire qu'il n'en vaut pas la peine. D'ailleurs, les dispositions de la Loi sur la responsabilité vise justement cet objectif.
J'avoue ne pas être très sensible à la plainte ou aux sentiments de certains qui estiment que cette formule pose problème parce qu'elle ne présente qu'un son de cloche. C'est moi qui ait élaboré ce protocole, et je vous assure que j'ai consulté beaucoup de gens. Les personnes que j'aurais voulu consulter, c'est-à-dire les responsables du gouvernement, ont refusé de me parler. Même lorsque j'ai lancé une dernière invitation, après avoir comparu devant le comité en février, le gouvernement n'a aucunement cherché à me consulter. Il s'est contenté d'élaborer son propre document. Pour moi, cela ne peut être considéré comme un effort sérieux pour collaborer avec le comité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci encore une fois, monsieur Franks.
Monsieur le président, cette situation est intenable. Il est impossible de se trouver dans une telle situation.
Rappelez-vous l'origine de tout cela. M. Williams, en tant que président, a beaucoup insisté là-dessus, mais la situation actuelle est le résultat du scandale des commandites. Nous avons ce problème depuis toujours. Je l'ai connu à l'Assemblée législative de l'Ontario, où je cherchais toujours à obtenir des réponses.
Le fait est que lors du scandale des commandites, dont tout le monde est au courant, les sous-ministres et les ministres arrivaient l'un après l'autre, on leur posait des questions, et ils nous disaient: « Je ne peux pas répondre à cette question parce que cela ne relevait pas de mes responsabilités. C'est le sous-ministre qui en était chargé. » C'est cette même réponse qu'on a entendue à maintes reprises, à toutes sortes de questions. Ensuite, on a fait venir le sous-ministre — comme si cela pouvait régler le problème — qui a déclaré: « Je ne peux pas répondre à cette question. C'est le ministre qui dirige le ministère et qui prend toutes ces décisions-là. Je peux vous dire ce que nous avons fait et je peux vous présenter les documents, mais pour ce qui est de savoir pourquoi nous avons fait telle chose et ce qui a pu motiver certaines mesures, il faudra en discuter avec le ministre. Je ne peux vous dire que ce que le ministre m'a dit et confirmer l'information. »
Donc, on tourne en rond, et à ce moment-là, à qui peut-on s'adresser? L'objet de cet exercice était de dire: « Non, monsieur le sous-ministre, c'est vous qui remplissez ce rôle et vous êtes donc responsable de tout ce que vous faites au nom du ministre, du gouvernement, et du ministère. Vous devez personnellement répondre de la décision de faire les choses de cette façon. » À ce moment-là, il n'est plus question de rejeter la responsabilité sur un ministre ou sur quelqu'un d'autre. C'est lui ou elle qui est sur la sellette à ce moment-là.
Je suis tout à fait en désaccord avec M. Poilievre qui craint que nous enlevons trop de responsabilités aux ministres. Pas du tout. J'ai bien aimé son observation de tout à l'heure quand il a dit que cela a bien du sens pour un ministre… Mme Sgro a été ministre, et il y en a peut-être d'autres aussi. Pour ma part, j'ai été ministre provincial. Du point de vue du gouvernement, j'aime bien l'idée de pouvoir arriver comme ça et de pouvoir dire, en réponse à une question sur les raisons pour lesquelles vous avez dépensé telle somme ou adjugé tel contrat, qu'en tant que ministre, vous appliquez la politique du gouvernement qui consiste à faire ceci ou cela, et que vous avez fait ceci ou cela.
Quant à savoir si ces contrats ont posé problème — par exemple, le processus s'est-il mal déroulé ou y a-t-il eu des activités douteuses? Ça n'est pas la responsabilité du ministre; c'est la responsabilité du sous-ministre. En fin de compte, le ministre devient responsable si son sous-ministre est inepte, incompétent, ou ne fait pas son travail.
En tout cas, j'aime cette formule. Je pense que pour les ministres, c'est mieux. À mon avis, ça permet de bien clarifier la situation. Qui plus est — et c'est ça qui est critique — en son absence, le comité et le Parlement ne peuvent faire le travail qu'ils sont censés faire.
Je pense que nous sommes tous ouverts à diverses possibilités en ce qui concerne la ligne de conduite à adopter, mais ce qui me semble bien important dans ce contexte… Je dois dire que la proposition de M. Franks me convient parfaitement du point de vue des principes qui la sous-tendent. J'ai lu le document attentivement à deux reprises; je le trouve tout à fait satisfaisant. Pour ce qui est des répercussions politiques si nous disons au BCP… Je ne vois pas comment on pourrait le dire mieux que M. Franks dans son dernier paragraphe.
Après tout, ce n'est pas comme la bataille qui est menée actuellement aux États-Unis au sujet des privilèges de l'Exécutif; là Bush leur a dit: « Je peux le faire et je suis le seul à pouvoir le faire. » Mais le Congrès lui a répliqué en disant: « Une seconde, nous, aussi, nous avons un rôle à jouer. » Là il s'agit de savoir qui contrôle la situation.
Je ne voudrais pas être injuste parce qu'à mon avis, le comité s'intéresse à ce que pense M. Williams.
Je ne voudrais pas vous mettre sur la sellette. Il est évident que vous n'êtes pas obligé d'intervenir si vous préférez ne pas le faire, mais dans une large mesure, c'est votre leadership qui nous a amenés jusqu'ici. M. Murphy, notre président, fait un excellent travail pour ce qui est de nous permettre de progresser, mais votre opinion sur la question nous serait utile, monsieur Williams. Je vais respecter votre décision si vous décidez de ne pas intervenir, mais il y a en ce moment un grand vide que votre avis permettrait de combler.
Merci, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis au Parlement depuis 14 ans et je me considère, d'abord et avant tout, comme un parlementaire — un démocrate, en réalité, en ce sens que je crois à la démocratie et au pouvoir du Parlement d'obliger le gouvernement à rendre des comptes. Voilà ce qui m'importe le plus. Pour la majeure partie des années pendant lesquelles j'ai occupé votre poste, monsieur le président, j'étais de l'autre côté de la table et il importait que le gouvernement oblige le gouvernement à rendre des comptes. C'est pour moi la clé de voûte de la démocratie.
J'avoue que j'ai été assez surpris de voir la réponse du Conseil du Trésor — ou peut-être ce texte a-t-il plutôt été rédigé par le BCP. Il y a deux exemples qui m'ont vraiment frappé là où il est question de… au paragraphe V.8, sous la rubrique « Anciens administrateurs des comptes », et notamment au paragraphe intitulé « Questions sur des faits précédant l'entrée en fonctions », ce document indique essentiellement que nous devons nous contenter d'interroger l'actuel titulaire de poste au sujet de l'administration du ministère concerné.
Évidemment, tous ceux qui sont assis autour de cette table et bien d'autres encore savent fort bien que nous avons le droit de poser n'importe quelle question qui nous semble appropriée, sans limite aucune, à n'importe quel Canadien; et si l'intéressé ne veut pas se présenter devant nous pour répondre à la question, nous pouvons l'assigner à comparaître, comme nous l'avons d'ailleurs fait; et s'il refuse toujours de répondre à la question devant le comité, nous pouvons déclarer que ce refus constitue un outrage au Parlement. Donc, que le Conseil du Trésor ou le Bureau du Conseil privé nous dise que, malgré le fait que nous sommes censés obliger le gouvernement collectivement à rendre des comptes, nous n'avons pas le droit de parler aux personnes qui sont peut-être à l'origine du problème parce qu'elles ont été promues ou mutées à un autre poste et nous sont donc inaccessibles, me semble constituer une véritable insulte pour cette institution. Il ne devrait pas en être ainsi.
Ensuite, au paragraphe V.9, ils se permettent de dire aux parlementaires comment ils devraient se comporter et indiquent que les parlementaires devraient être gentils avec les témoins qui se présentent devant eux pour essayer d'expliquer les raisons pour lesquelles ils ne se sont pas bien acquittés de leur responsabilité ministérielle. Or c'est à vous, monsieur le président, de maintenir l'ordre en comité. Il n'appartient pas au BCP ou au Conseil du Trésor de nous dire comment nous devons nous comporter autour de cette table. Cette attitude condescendante de la part du gouvernement à l'endroit de l'institution qu'est le Parlement me dérange beaucoup. Je suis sérieux: cela me dérange terriblement.
Comme vous le savez peut-être, je préside un organisme dont le sigle est GOPAC, soit l'Organisation mondiale des parlementaires contre la corruption. Monsieur le président, cet organisme a pour objectif premier d'éduquer les parlementaires afin qu'ils comprennent bien leurs responsabilités constitutionnelles et qu'ils puissent donc obliger le gouvernement à rendre des comptes. S'il est maintenant question de se laisser imposer ce document et d'accepter que le gouvernement ne rende des comptes uniquement dans les conditions qui lui conviennent, j'estime que nous allons très mal servir les citoyens qui nous ont élus.
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Si vous me permettez de répondre, cette situation remonte à plusieurs mois, et je pense qu'il faudrait peut-être se rappeler que ce document continue à évoluer. J'aimerais qu'on l'adopte, quitte à le modifier par la suite, si nous décidons, après mûre réflexion, que certains changements s'imposent.
Nous pouvons toujours les rencontrer, mais vous étiez présents lorsque j'ai parlé à M. Wouters. Je l'ai supplié. Moi-même j'ai demandé des rencontres, mais il refuse de me rencontrer. Nous lui avons fait parvenir des lettres. M. Franks a essayé à maintes reprises de le rencontrer, et la semaine dernière, nous avons fini par obtenir une réponse. Par conséquent, j'estime que nous devrions tout simplement… M. Williams a raison; il appartient au Parlement de définir et d'établir les paramètres de notre devoir de responsabilisation, dans les limites de la Loi fédérale sur la responsabilité et d'autres instruments juridiques.
Je m'en remets donc à la volonté du comité, bien entendu, mais j'aimerais que nous fassions cela maintenant ou que nous réservions 15 minutes à l'une de nos réunions de la semaine prochaine pour mettre aux voix ce document.
J'ai quelques questions à poser à M. Franks, mais je tiens à dire, pour les fins du compte rendu…
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Si nous ne trouvons pas de solution, il est évident que nous allons adopter ce document, ou quelque chose de très semblable, et par la suite, nous inviterons un sous-ministre à comparaître; mais lorsqu'il se présentera devant le comité, ce sous-ministre s'en tiendra aux règles formulées par le BCP, alors que nous allons poser nos questions en fonction de notre protocole, et nous serons alors à couteaux tirés avec lui.
Donc, est-ce que cela va se faire? Deuxièmement, pour éviter ce genre de problème, il conviendrait de sortir ce dossier de la sphère bureaucratique pour le mettre plutôt dans la sphère politique. C'est pour cela que je suis en faveur, même si j'estime que vous avez raison, monsieur le président, en disant que cela ne va peut-être pas nous amener bien loin et que nous allons même éventuellement perdre du temps. Mais si nous en arrivons à une véritable impasse constitutionnelle à cette table, les conséquences seront tout de même assez importantes.
Dans un premier temps, la Chambre voudra savoir quelle procédure nous avons suivie. Avons-nous vraiment déployé tous les efforts possibles pour en arriver à une solution, notamment dans le contexte d'un gouvernement minoritaire? Il nous faut des réponses solides à de telles questions. Et ceci va nous permettre de les obtenir. À aucun moment vous n'avez parlé, en notre nom, aux responsables politiques — en l'occurrence, les ministres concernés.
Deuxièmement, si nous allons nous retrouver dans ce genre de situation, je préférerais que le combat soit entre élus, et non entre élus et bureaucrates. Cela pose toujours problème.
Et c'est une autre bonne raison d'envoyer la lettre. À ce moment-là, nous remettons le dossier entre les mains des responsables politiques, plutôt que des bureaucrates. Cela nous permet de traiter la question à un niveau politique — c'est-à-dire que nous serons super gentils au départ mais, si nous n'obtenons pas la coopération souhaitée, je vous garantis que nous allons jouer les durs jusqu'au bout.
Une voix: Comment traduit-on ça?
M. Christopherson: Je n'en sais rien. J'arrive à peine à le dire en anglais.