:
Merci, monsieur le président.
J'ai le plaisir de vous présenter aujourd'hui mon cinquième rapport, qui a été déposé à la Chambre des communes hier. Je suis heureuse de pouvoir faire part de progrès satisfaisants dans cinq domaines.
Comme vous l'avez fait remarquer, je suis accompagné de quatre vérificateurs généraux adjoints : Richard Flageole, qui s'est chargé de la vérification des services de passeport, Nancy Cheng, qui a effectué les vérifications dans le dossier du numéro d'assurance sociale et du Conseil national de recherche, Andrew Lennox, qui s'est chargé de la vérification de la garde côtière, et Lyse Ricard, qui a fait la vérification dans le dossier du patrimoine bâti.
Les rapports Le point revêtent une importance particulière, car ils font état des mesures prises par les ministères et les organismes du gouvernement fédéral pour donner suite aux recommandations formulées dans quelques-uns de nos rapports précédents. Pour déterminer si les progrès sont satisfaisants ou insatisfaisants, nous tenons compte de la complexité de la question examinée et du temps écoulé depuis notre première vérification.
[Français]
Le rapport Le Point montre ce que les ministères et les organismes ont fait pour régler les problèmes que nous avions soulevés dans sept domaines précis. Nous avons réexaminé la gestion des activités de publicité et de recherche sur l'opinion publique, de la conservation du patrimoine bâti, de la recherche de pointe, de la flotte et des services à la navigation de la Garde côtière, des services de passeport, du numéro d'assurance sociale et de l'impôt international.
[Traduction]
Passons tout d'abord au domaine où les progrès sont satisfaisants.
Je vais commencer par la gestion des activités de publicité et de recherche sur l'opinion publique. Compte tenu des graves lacunes que nous avions décelées lors de notre vérification de 2003, les constatations de cette année sont de bonnes nouvelles.
Nous avons constaté que Travaux publics et Services gouvernementaux a réalisé des progrès satisfaisants pour ce qui est de l'attribution des contrats de publicité et de recherche sur l'opinion publique. Le Ministère a mis en place un processus concurrentiel pour établir un bassin d'entreprises qualifiées pouvant fournir des services de publicité et de recherche sur l'opinion publique. Le processus de sélection de l'agence de coordination a été équitable et transparent.
Les ministères ont réalisé des progrès satisfaisants pour planifier et gérer leurs activités de publicité conformément à la politique de communications du gouvernement du Canada. Je suis heureuse de constater que le gouvernement n'a pas établi de règles et de contrôles supplémentaires pour donner suite à notre rapport précédent. Il s'est plutôt attaché à suivre les règles qui étaient déjà en place.
[Français]
Nous avons aussi constaté des progrès dans le domaine de l'impôt international. La mondialisation et la croissance de l'investissement international ont des répercussions importantes sur les impôts dus au Canada, tant par les résidents canadiens qui font des affaires à l'étranger que par les non-résidents qui tirent des revenus au Canada.
Les paradis fiscaux utilisés par les Canadiens et le non-respect des conventions fiscales conclues avec d'autres pays pourraient entraîner un détournement des impôts dus au Canada. Les montants en jeu pourraient être importants. Selon les estimations de l'Agence du revenu du Canada, les opérations menées à l'étranger par des sociétés canadiennes avec des parties liées ont totalisé 1,5 billion de dollars en 2005. L'an dernier, les non-résidents ont versé plus de 4,9 millions de dollars en impôt sur des revenus gagnés au Canada.
Nous avons constaté que l'agence peut maintenant mieux déceler les cas possibles d'inobservation des règles fiscales applicables aux opérations internationales. Elle a pris des mesures pour détecter les stratagèmes de planification fiscale agressives au plan international. Elle consacre davantage de ressources à la vérification des cas d'évitement fiscal.
Cependant, l'agence n'a toujours pas assez d'expertise en vérification fiscale internationale, dans certains des bureaux des services fiscaux qui traitent les dossiers présentant les plus grands risques. Compte tenu des difficultés qu'elle éprouve à maintenir les compétences dont elle a besoin, l'agence doit adopter une approche uniforme à l'échelle du pays pour vérifier les opérations internationales des contribuables.
[Traduction]
Les services de passeport sont un autre secteur fortement touché par la mondialisation. En 2005, nous avons signalé que le Bureau des passeports, appelé maintenant Passeport Canada, avait du mal à répondre aux attentes plus élevées en matière de sécurité ainsi qu'à la demande accrue de services. Depuis, il a fait face à une demande sans précédent et délivré plus de trois millions de passeports en 2005-2006. Les pressions élevées se maintiendront, en raison des exigences plus strictes des États-Unis à cet égard.
Je suis heureuse des progrès que Passeport Canada a réalisé en relativement peu de temps depuis notre vérification de 2005. Il est clair que les responsables de l'organisme se sont attaqués résolument aux problèmes que nous avions relevés. Par exemple, les examinateurs des demandes de passeport ont maintenant les outils et la formation nécessaire pour déterminer l'authenticité des documents d'identité. De plus, Passeport Canada a considérablement allongé sa liste de surveillance dont il se sert pour refuser des demandes ou pour mener des enquêtes plus poussées.
Mais Passeport Canada a encore d'importants problèmes à régler, particulièrement en ce qui concerne la sécurité et la validation de l'identité. Il fait face à un problème de taille qui nécessitera l'entière collaboration d'autres organisations gouvernementales, tant fédérales que provinciales et territoriales.
[Français]
Nous avons également examiné les progrès réalisés par le Conseil national de recherches du Canada dans sa gestion de la recherche de pointe. Le CNRC est le plus grand organisme de recherche du gouvernement fédéral. Je me réjouis des progrès qu'il a réalisés pour mettre en oeuvre les recommandations de notre vérification de 2004.
Le conseil, qui est nommé par le gouvernement pour régir les activités du CNRC, a renforcé son rôle, et les instituts de recherche du CNRC ont pris des mesures pour améliorer la façon dont ils gèrent les projets de recherche. Nous avons aussi constaté des progrès satisfaisants relativement à plusieurs initiatives de gestion des ressources humaines.
Cependant, le CNRC a retardé la mise en oeuvre de certaines de nos recommandations pour jeter les bases de sa nouvelle stratégie. Il faut maintenant que l'organisation franchisse les étapes clés énoncées dans sa stratégie, afin de mettre en oeuvre l'ensemble de nos recommandations.
[Traduction]
Dans le secteur de la conservation du patrimoine bâti du gouvernement fédéral — notamment les édifices historiques, les champs de bataille et les forts — Parcs Canada a donné suite de façon satisfaisante aux préoccupations que nous avions soulevées en 2003, et je m'en réjouis. L'agence a proposé une politique pour renforcer le cadre de protection juridique du patrimoine bâti fédéral et à améliorer ses outils de gestion.
Cependant, tous les problèmes ne sont pas réglés pour autant. Le sort de lieux et d'édifices patrimoniaux sous la garde d'autres organisations fédérales est encore incertain. La perte d'édifices et de lieux patrimoniaux signifie que les générations à venir n'auront plus accès à des aspects significatifs de notre histoire. Il importe donc que le gouvernement fédéral renforce son régime de conservation du patrimoine bâti. Il doit aussi établir des priorités afin de l'aider à décider des édifices et lieux patrimoniaux qu'il convient de conserver.
[Français]
Je vais maintenant vous parler des deux domaines où nous avons constaté des progrès insatisfaisants et où les problèmes existent depuis longtemps.
Commençons par le numéro d'assurance sociale, qui est utilisé pour verser des milliards de dollars en prestations aux Canadiens. Son utilisation est également fort répandue à l'extérieur du gouvernement fédéral. Même si Ressources humaines et Développement social Canada a apporté des améliorations à la gestion du numéro d'assurance sociale, deux questions importantes que nous avions signalées pour la première fois il y a neuf ans ne sont pas encore réglées.
Premièrement, le ministère ne peut garantir la qualité de l'information du Registre d'assurance sociale. Le registre est la base de données qui renferme les renseignements personnels fournis par chaque personne ayant reçu un numéro d'assurance sociale. Le ministère ne s'est pas fixé d'objectifs quant à la qualité de l'information et il ne l'évalue pas systématiquement.
Deuxièmement, les politiques sur l'utilisation du numéro d'assurance sociale par les organisations fédérales sont encore ambiguës. Elles ont donc été interprétées de diverses façons. Les ministères n'ont donc pas l'assurance qu'ils utilisent le numéro d'assurance sociale de manière adéquate.
C'est la quatrième fois, depuis 1998, que nous faisons rapport sur ces deux problèmes. À l'heure actuelle, le gouvernement devrait les avoir résolus. La bonne gestion du numéro d'assurance sociale, notamment des directives claires quant à son utilisation au gouvernement fédéral, est plus importante que jamais, surtout si on tient compte des préoccupations liées à la sécurité et du nombre croissant de fraudes et de vols d'identité.
[Traduction]
L'autre domaine où les progrès sont insatisfaisants concerne la gestion de la flotte et des services à la navigation maritime de la Garde côtière. Cela me préoccupe que la Garde Côtière n'ait pas encore réglé des problèmes de gestion qui durent depuis longtemps. Elle n'a pas donné suite de façon adéquate aux recommandations formulées il y a plusieurs années, et bien des problèmes mentionnés dans le rapport sont semblables à ceux qui avaient été soulevés lors d'une vérification en 1983.
La Garde côtière fonctionne encore essentiellement à la manière de cinq gardes côtières régionales et elle n'est pas devenue une institution nationale solide, comme le voulait le gouvernement.
De plus, les gens de mer canadiens, comme ceux des autres pays, se fient de plus en plus aux moyens de navigation électroniques. La Garde côtière offre maintenant de nouveaux services de navigation, mais elle a été incapable d'élaborer des stratégies sur les moyens de navigation traditionnels, comme les bouées et les phares, qui coûtent cher à exploiter et qui ne répondent plus au besoin.
La Garde côtière a tendance à ne pas mener ses initiatives à terme, en partie parce qu'elle en entreprend trop à la fois. Elle doit établir les priorités les plus urgentes et s'atteler à la tâche.
[Français]
En conclusion, toute vérification porte, de par sa nature, sur les aspects à améliorer. Je suis très heureuse que nos travaux aient entraîné des changements positifs. Ce rapport Le Point montre que le gouvernement a pris des mesures satisfaisantes dans la majorité des secteurs que nous avons examinés cette année.
[Traduction]
Ces réussites sont avant tout attribuables à l'établissement de priorités, l'engagement ferme de la haute direction à les respecter, l'élaboration de plans d'action clairs et l'appui reçu sous la forme de ressources adéquates pour atteindre les objectifs. Il faut donner le crédit aux nombreux fonctionnaires qui ont travaillé d'arrache-pied pour régler les problèmes.
Et maintenant, monsieur le président, nous serions heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, madame Fraser. Bonjour à toute l'équipe.
Madame Fraser, dans votre déclaration d'ouverture, vous parlez dans le cas du chapitre 1, qui porte sur les activités de publicité et de recherche sur l'opinion publique, de progrès satisfaisants. Vous dites ceci :
Compte tenu des graves lacunes que nous avions décelées lors de notre vérification de 2003, les constatations de cette année sont de bonnes nouvelles.
Mon interprétation n'est pas tout à fait la même. Parce que les choses allaient très mal mais qu'elles se sont améliorées, vous dites maintenant que ça va mieux. Pourtant, à deux endroits dans votre rapport, vous dites clairement que les progrès sont insatisfaisants, notamment sur le plan de la Politique de communication du gouvernement du Canada. En vertu de celle-ci, les ministères doivent remettre à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada la description des projets de recherche et l'aviser à l'avance de la tenue d'activités de recherche.
En 2003, à l'intérieur des ministères ou des projets, 20 p. 100 des gens ne se sont pas conformés à cette politique. Or, selon votre recherche, il n'y a pas eu de progrès sur ce plan. Dans 80 p. 100 des cas, les gens s'y sont conformés, et dans 20 p. 100 des cas, ils ne l'ont pas fait. La situation est donc la même.
Encore selon la Politique de communication du gouvernement du Canada, les ministères doivent soumettre à des représentants de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada une description des travaux à effectuer avant d'entreprendre ceux-ci. Vous avez fait une évaluation selon la valeur des contrats, et il s'avère que dans ce cas, c'est pire encore: pour ce qui est des contrats de plus de 200 000 $, je crois, cette consigne n'a pas été respectée dans 60 p. 100 des cas. Pour ce qui est des petits contrats, elle n'a pas été respectée dans 85 p. 100 des cas. Il me semble que le problème est suffisamment important pour remettre en cause ce que vous considérez comme une amélioration.
Il est possible que des améliorations importantes aient été apportées dans divers domaines, mais de ce côté, il y a encore des trous noirs. Des ministères ou des programmes pourraient faire un sondage, et celui-ci pourrait servir à des fins politiques non justifiées.
Pourriez-vous me dire si, dans le cas de tous ces gens ayant contrevenu à la Politique de communication du gouvernement du Canada, les mêmes activités et les mêmes ministères étaient en cause?
:
Je dois avouer que j'ai été vraiment surpris de voir ça, étant donné que toutes les autres activités — la sécurité, l'armée — ont reçu beaucoup d'attention et d'argent au cours des quelques dernières années, et on traite la Garde côtière presque comme un parent pauvre.
Et pourtant notre littoral est très vaste. Je crois que nous avons le plus long littoral au monde, si l'on compte les côtes des Grands Lacs. Écoutez, cela fait partie de leurs responsabilités.
Je tiens à dire ces choses pour que les gens puissent comprendre, au niveau pratique, ce que cela signifie pour les Canadiens, si l'on en croit certains témoins. David Walsh, le président de la section locale de l'Union canadienne des employés des transports, a déclaré ceci hier :
Notre syndicat est d'avis que si une catastrophe du genre Swiss Air se reproduisait, nous ne pourrions pas répondre à l'appel parce que nous avons moins de navires en ce moment.
J'ignore où en sont les relations de travail de ce côté, et j'ai la certitude qu'on pourrait penser qu'il se passe quelque chose, mais c'est là une évaluation très sévère de la part des personnes mêmes sur lesquelles nous comptons pour intervenir.
Chose certaine, monsieur le président, étant donné qu'il n'y en a que deux sur tous ceux qui sont mal notés, j'imagine que c'est un d'entre eux. En tout cas, j'espère que c'est ce qu'on va comprendre, parce qu'il y a beaucoup à dire ici.
Côté assurance-sociale — et on a déjà discuté de cela à quelques reprises — je veux revenir à ces mesures dont on a fait état par le passé et auxquelles on n'a pas donné suite. Je suis précisément au paragraphe 6.37, où vous dites ce qui suit :
Le ministère a eu accès aux données sur l'immigration à partir de 1996. En 2004, le ministère a annoncé qu'il n'aurait pas accès aux données de citoyenneté jusqu'à ce que Citoyenneté et Immigration Canada ait procédé à une importante mise à jour de ses système, laquelle devait alors être terminée en 2006. Le ministère nous a informés qu'il a commencé à négocier une entente avec Citoyenneté et Immigration Canada en août 2006 —
Je vois mal comment on peut rebâtir tout un système avec un délai qui est la fin de 2006, quand on n'a même pas commencé à parler aux gens qui vont reconfigurer votre système informatique avant août 2006. Vous a-t-on donné une explication satisfaisante?
:
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je suis un peu comme notre président, car je m'intéresse beaucoup aux paradis fiscaux et à un ensemble de domaines que tente de régler l'Agence du revenu du Canada. Je suis tout de même étonnée de voir l'ampleur du problème.
Selon vos estimations, les opérations menées par des sociétés canadiennes avec des parties liées ont totalisé 1,5 billion de dollars en 2005. Cela me semble beaucoup.
L'ancien premier ministre du Canada avait des bateaux enregistrés au Libéria, au départ, puis à la Barbade. La Barbade est-il le seul paradis fiscal? Y a-il d'autres endroits?
Par ailleurs, vous avez dit qu'il y a 72 problèmes de fiducies à la Barbade. Il y a quelques années, la population a regardé avec consternation un reportage télévisé dans lequel on voyait qu'un modeste bureau tenait lieu de siège social d'une compagnie. Il était évident qu'on s'en servait pour faire le transit de l'argent et de l'évasion fiscale.
Ce problème ne peut que s'accentuer, à cause de la mondialisation. Tout d'abord, y a-t-il seulement la Barbade où on fait de l'évasion fiscale ou est-ce possible d'en faire ailleurs? On dit aussi que certaines gens ont des comptes en Suisse et à d'autres endroits dans le monde. J'aimerais savoir comment on peut évaluer l'ampleur de ce problème.
Vous avez dit que l'an dernier, les non-résidents avaient versé plus de 4,9 milliards de dollars en impôt, selon les revenus gagnés. A-t-on fait des progrès? L'année précédente, les non-résidents avaient-ils versé plus ou moins d'argent?
:
Voyez-vous, je sais qu'il y a beaucoup de grogne au sein de la population... et je suis sûr que c'est justifié dans certains cas. C'est ce qui arrive aux États-Unis aussi. Une fois que la droite a tout fait pour réduire les impôts et une fois qu'on a obtenu tout ce qu'on peut obtenir alors qu'on est déjà bien nanti, on s'attaque alors au fisc sous prétexte qu'on est traité de façon « injuste », et on essaie de jeter un froid sur le débat.
Encore une fois, ce ne sont pas les métallos de Hamilton qui s'en plaignent, mais plutôt les riches. Je crains que les domaines auxquels on ne s'attaque pas soient justement les domaines où se trouvent les plus riches. Vous connaissez l'histoire de l'argent et de la politique au Canada. En dépit des changements survenus ces dernières années... n'empêche que du point de vue historique, ces questions sont classiques.
C'est ce qui m'inquiète quelque peu. Ce n'est pas délibéré, mais disons que cela coïncide avec des priorités politiques non avouées, ce qui me fait dire qu'on ne s'attaquera pas vraiment à ce domaine, car si on le fait, on sera échaudé. On s'attaque alors à autres chose.
Voilà donc ce qui m'inquiète. Chaque année, j'entends parler de « paradis fiscaux », et je pense à toutes ces compagnies de transport maritime et à d'autres qui sont canadiennes mais qui profitent de ces paradis. Essentiellement, elles refusent de payer leur juste part de l'impôt. Je ne sais pas comment régler ce problème.
Monsieur le président, j'aimerais notamment parler de la possibilité... et nous ne l'avons jamais fait auparavant, donc si cela ne donne rien, qu'il en soit ainsi alors.
À l'heure actuelle, quand nous étudions un chapitre, nous convoquons le sous-ministre, qui arrive accompagné de ses collaborateurs, puis la vérificatrice générale, accompagnée de ses collaborateurs aussi, et nous passons deux heures à étudier ce chapitre. Supposons maintenant que nous avons des questions à poser mais que les deux heures ne soient pas nécessaires, et dans le même temps, on ne veut pas laisser passer quelque chose. Je me demande s'il existe une méthode ou un moyen quelconque qui nous permette, si le sujet dont nous sommes saisis ne nécessite pas une réunion de deux heures, d'en étudier deux à la fois, en consacrant une heure à chaque sujet, pour pouvoir nous attaquer à d'autres choses. Car quelque chose comme...
Encore une fois, je vous invite à penser à ces Hamiltoniens qui travaillent dur — M. Sweet représente des Hamiltoniens aussi — qui paient leur juste part de l'impôt et qui paient les pots cassés aussi. Pensez aussi à la possibilité que ceux qui baignent dans l'argent ne paient pas leur juste part. Si vous ne sursautez pas pour défendre ces Hamiltoniens qui travaillent dur, qui le fera?
J'invite le comité à y réfléchir. Peut-être existe-t-il une autre façon de faire les choses.
S'il me reste du temps, j'aimerais parler de la publicité et des recherches sur l'opinion publique. Nous ne l'avons pas encore fait.
:
Merci de votre générosité, monsieur le président.
Afin de faire en sorte que le Comité des comptes publics puisse faire toute la lumière sur les allégations criminelles graves découlant des conclusions de la vérificatrice générale au chapitre 9 de son rapport de novembre 2006 « Administration des régimes de retraite et d'assurances — Gendarmerie royale du Canada », je propose que les personnes suivantes viennent témoigner devant notre comité lundi prochain.
Les témoins mentionnés dans ma motion sont les suivants: le premier est le sergent d'état-major Ron Lewis. Le sergent d'état-major Lewis relatera les allégations qu'il a faites de camouflage dans la conduite de l'enquête criminelle interne. Ces allégations portent entre autre sur des retards et de l'obstruction de la part du commissaire Zaccardelli.
Mme Denise Revine, employée de la fonction publique, témoignera de la façon dont elle a découvert que des dirigeants de la Direction des ressources humaines se livraient à des irrégularités dans l'administration du régime de retraite de la GRC. La partie la plus incroyable de son témoignage sera le récit des mesures prises par la GRC pour lui faire perdre son poste afin de faire un exemple pour ceux et celles de ses collègues qui auraient pu envisager de raconter ce qu'ils savaient au sujet de la GRC.
Le surintendant principal Fraser Macaulay dirigeait le service du renouvellement général de l'organisation et de l'efficacité lorsque les allégations ont été faites, en 2003. Denise Revine, dont je viens de parler, relevait directement de lui. Ses supérieurs ont ouvert une enquête interne bidon sur lui après qu'il eut demandé une enquête sur un des principaux sujets de l'enquête.
Le sergent d'état-major Steve Walker était l'un des principaux enquêteurs chargés de l'enquête criminelle sur la caisse de retraite de la GRC. Il racontera comment l'enquête a pris de l'ampleur à cause des nombreuses infractions découvertes, jusqu'à ce que la GRC se charge de l'enquête. Il décrira l'importance des infractions découvertes, l'importance des fonds détournés et il parlera de sujets connexes.
Le sergent d'état-major Mike Frizzell était affecté à l'enquête et est devenu enquêteur principal aux fins de l'enquête sur le régime d'assurances de la GRC. Il décrira l'étendue de l'enquête sur le régime d'assurances, de même que les types d'infractions qui ont été commises et les sommes impliquées. Il décrira aussi les obstacles qu'il a dû surmonter au cours de l'enquête et comment il a soudainement été relevé pour être muté. Quelques jours à peine après cette mutation, l'enquête a pris fin.
Enfin, il y a le commissaire adjoint David Gork de la GRC. Vers le milieu de l'enquête criminelle, pendant sa phase la plus cruciale, le commissaire adjoint Gork a été relevé de ses fonctions et envoyé en affectation à Interpol, à Lyon, en France. Cette mesure a eu des effets importants. Comme les enquêteurs le diront au comité, la cadence de l'enquête a ralenti après l'annonce de l'affectation de M. Gork. Celui-ci devrait pouvoir indiquer au comité qui a décidé de la façon dont l'enquête criminelle serait organisée, financée et contrôlée. Il pourrait aussi révéler pourquoi la GRC n'a pas fait d'enquête interne parallèle et pourquoi il a fallu 15 mois avant qu'une telle enquête soit entreprise. À cause de ce retard, le délai de prescription a expiré et aucun membre de la GRC n'a été accusé.
:
Merci, monsieur le président.
Si j'interviens, c'est parce qu'à mon avis la motion est irrecevable et je vous demande de tenir compte de mon argument.
Monsieur Wrzesnewskyj par cette motion demande que le Comité des comptes publics fasse toute la lumière sur une grave affaire criminelle. Monsieur le président, que je sache, aucune accusation n'a été portée. Il y a peut-être des allégations d'activité criminelle en l'occurrence, mais aucune accusation n'a été portée et je me demande pourquoi nous parlons d'accusations criminelles graves.
Dans ses explications liminaires, M. Wrzesnewskyj prétend qu'il y a eu des enquêtes internes bidon, un détournement de fonds, certaines violations, des enquêtes criminelles, etc., sans l'ombre d'une preuve ou d'un fondement quelconque.
Monsieur le président, comme je l'ai souvent répété, le Comité des comptes publics est une tribune pour la reddition de comptes. Nous ne sommes chargés ni de tâches d'enquête ou de gestion. Nous n'existons pas pour prendre le relais de la GRC ou de la police de la ville d'Ottawa ou de qui que ce soit qui ne se serait pas acquitté de ses responsabilités. Notre tâche est de demander des comptes au gouvernement au nom du Parlement.
Or, c'est peut-être pour de bonnes raisons qu'aucune accusation criminelle n'a été portée. Nous voudrons sans doute découvrir pourquoi il en est ainsi, mais je ne suis absolument pas prêt à approuver une motion portant sur une affaire criminelle grave et à inviter des témoins pour discuter d'enquêtes internes bidon et de détournements de fonds alors qu'aucune accusation n'a été portée et qu'il se peut que ce ne soit jamais le cas.
Si M. Wrzesnewskyj veut procéder ainsi, qu'il le fasse en son nom personnel. On dirait qu'il a parlé à tous les intéressés et qu'il connaît les tenants et les aboutissants de l'affaire si bien que je me demande pourquoi nous interviendrions. Monsieur le président, ce n'est pas notre boulot.
Par conséquent, je vous demande de déclarer cette motion irrecevable. Si vous ne pouvez pas le faire, nous devrions rejeter cette motion telle qu'elle est libellée actuellement.
Contrairement à M. Williams, j'ai sans doute un peu plus de sympathie pour la motion de M. Wrzesnewskyj parce que je pense, tout d'abord, qu'il est tout à fait à propos que nous soyons saisis de cette question. Ensuite, ce n'est pas parce qu'aucune accusation n'a été portée qu'il n'y a pas des aspects qu'il nous faudrait fouiller pour découvrir ce qui se passe.
M. Williams est sans doute bien placé pour se rappeler le scandale des commandites et comment les choses ont commencé et jusqu'où elles sont allées. Au bout du compte, il y a eu des accusations criminelles, mais les choses n'ont pas commencé par là. Nous sommes saisis de la question à bon droit par l'intermédiaire de la vérificatrice générale.
Monsieur le président, je m'adresse à Borys par votre intermédiaire : Nous avons déjà discuté de cette question quand M. Wrzesnewskyj a tenté d'obtenir certains documents appartenant à la police et des rapports d'enquête. Alors, nous en avons conclu que c'était prématuré. Si ma mémoire est bonne, nous étions majoritairement en faveur d'une motion portant que le commissaire de la GRC et le chef de police du Service de police d'Ottawa soient invités à témoigner.
Même si je ne l'ai pas dit à ce moment-là, mon intention était assurément d'envisager d'autres mesures si nous n'étions pas satisfaits des témoignages recueillis, peut-être grâce à la suggestion que vous avez faite plus tôt ou encore autrement — et je pense que cette motion est dans le droit fil d'une telle démarche.
Vous semblez être bien au courant de l'affaire, soit. Vous avez fait votre travail de recherche. Si vous posez des questions auxquelles les deux représentants des forces de l'ordre invités à témoigner ne peuvent pas répondre de façon adéquate et exhaustive, alors nous sommes en droit de nous demander comment il convient d'obtenir ces réponses. Le cas échéant, ce que vous proposez aujourd'hui et ce que vous avez déjà proposé nous donnent dès lors un choix pour toute action future.
Ainsi, ou nous obtenons les réponses souhaitées, à notre satisfaction, et le dossier est clos, ou nous ne sommes pas satisfaits et l'entente tacite est que nous irons davantage au fond des choses — et cela signifie peut-être emprunter cette avenue.
Monsieur le président, pour cette raison, je ne suis pas en mesure d'appuyer cette motion pour l'instant. Je donne toutefois à mon collègue l'assurance que si nous n'obtenons pas les réponses souhaitées de la part des témoins invités, je suis prêt à intervenir par ailleurs pour faire venir les témoins nécessaires pour aller au fond des choses.