D'accord, nous le ferons. Cela semble raisonnable.
Déclaration de M. Brian Glicksman:
LES AGENTS COMPTABLES AU ROYAUME-UNI.
Brian Glicksman, CB,
Treasury Officer of Accounts (2000-2005), HM Treasury
Introduction
Je suis très honoré d'avoir été invité à faire cette communication aujourd'hui. J'ai passé presque six ans comme directeur au Trésor du Royaume-Uni et j'avais le titre de « Treasury Officer of Accounts », un titre ancien dont l'origine remonte au milieu du XIXe siècle. Il établit un lien avec l'époque du premier ministre britannique, William Gladstone, qui a profondément réformé nos comptes publics à l'ère victorienne.
Un aspect de ces réformes qui mérite d'être mentionné est qu'elles sont le fruit d'un partenariat entre le Parlement et le Trésor de l'époque. Un comité mixte du Parlement et du Trésor a mis au point les nouvelles dispositions comptables, qui ont été légalement avalisées par l'Exchequer and Audit Act de 1866. Le comité mixte s'est ainsi mué en notre Comité des comptes publics qui, jusqu'à ce jour, conserve dans ses rangs un ministre du Trésor, le Financial Secretary, comme membre d'office.
Je crois que le comité est le seul de tous les comités restreints du Parlement britannique à avoir un ministre comme membre. Normalement, les membres des comités sont choisis exclusivement parmi les députés d'arrière-banc. La présence d'un ministre du Trésor au CCP souligne la communauté d'intérêt entre le comité et le Trésor à la poursuite d'une bonne gestion financière — et la mise à jour des cas de gestion fautive.
De nos jours, la convention veut que le Financial Secretary ne participe qu'une seule fois aux délibérations du comité — immédiatement après sa nomination, et encore seulement pendant un petit quart d'heure, laissant le Comité des comptes publics mener ses affaires comme tous les autres. Cependant, le Treasury Officer of Accounts siège avec le comité à toutes ses réunions et, à l'occasion, lors de séances à huis clos, afin de l'aider dans ses délibérations, le cas échéant.
En outre, le Trésor cherche à garder le comité informé des mesures que nous prenons pour améliorer la gestion financière dans les ministères, par exemple en invitant le comité à des séances d'information en privé au Trésor ou à des tournées de ministères.
C'était là une petite digression sur la relation entre le Trésor et le Comité des comptes publics sur laquelle je reviendrai brièvement plus loin. Je voulais simplement faire observer à ce stade que nous considérons le processus de reddition de comptes comme inextricablement lié à l'amélioration de la gestion financière. Inévitablement, les relations entre le Parlement et l'Exécutif deviennent parfois un peu tendues, mais tant nous-mêmes que le comité cherchons néanmoins à faire en sorte que le travail des membres soit positif.
Structure de l'exposé
Pour en revenir au sujet de la communication d'aujourd'hui, on m'a demandé de parler du système britannique des agents comptables, de leur rôle et de leur relation avec le Parlement. Je crois savoir que le concept d'agent comptable a récemment été introduit au Canada après un considérable débat. Je souligne que je ne sais virtuellement rien du dispositif canadien et je vais donc me limiter à décrire le mécanisme que nous avons au Royaume-Uni. Je vous laisse le soin de juger des similitudes avec le système canadien. Je dirai seulement qu'il serait manifestement dangereux de supposer que, parce que le titre du poste est le même, tout le reste doit être identique aussi. À l'évidence, beaucoup dépendra du contexte dans lequel travailleront les agents comptables et des pouvoirs qu'ils exerceront. Il pourrait bien exister des différences considérables à cet égard entre nos deux pays. Dans mon exposé, je vais commencer par esquisser le contexte parlementaire dans lequel s'inscrit la fonction d'agent comptable au Royaume-Uni. Je mentionnerai brièvement certains des moyens de contrôle parlementaire qui existent dans le domaine financier. Je décrirai ensuite le rôle de l'agent comptable, notamment ses responsabilités au sein de son ministère, avant de parler des relations de l'agent comptable avec les ministres, le Parlement et le Trésor. Enfin, s'il me reste du temps, et si quelqu'un reste encore éveillé, j'aborderai quelques sujets de controverse qui pourraient vous intéresser.
Contexte parlementaire
J'ai pensé qu'il serait logique de commencer par situer le restant de mon exposé en contexte. Je rappelle une particularité de notre démocratie parlementaire de type Westminster que les Canadiens connaissent très bien aussi, à savoir que la reine invite le chef du parti majoritaire à la Chambre des communes à former le gouvernement.
Ainsi, en réalité, l'autorité des ministres émane du Parlement. Ils sont responsables devant le Parlement et le gouvernement tomberait s'il perdait un vote de confiance à la Chambre des communes.
Cependant, officiellement, le gouvernement est le gouvernement de Sa Majesté et non celui du Parlement, même si dans la pratique les ministres sont députés. Par conséquent, sur le plan constitutionnel, il existe une séparation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Les fonctionnaires sont les serviteurs de la Couronne et doivent leur allégeance au gouvernement et, en particulier, à leur ministre. Hormis quelques exceptions, les fonctionnaires n'ont pas de pouvoir propre. Leurs fonctions consistent simplement à servir leur ministre.
Nous avons donc une situation, qui est probablement similaire chez vous, où les ministres sont responsables de l'administration de leur ministère et comptables envers le Parlement. Les fonctionnaires, en général, n'existent que pour aider les ministres. C'est un point important sur lequel nous reviendrons lorsque nous parlerons de la fonction d'agent comptable.
Le contrôle parlementaire
Au fil des siècles, le Parlement a conquis de nombreux droits face à l'exécutif. Je n'en mentionnerai que quelques-uns qui sont en rapport avec la fonction d'agent comptable. Il existe peut-être au Canada des mécanismes similaires.
Premièrement, à quelques exceptions mineures près, le gouvernement a besoin de l'aval du Parlement pour lever des impôts et il a besoin de l'aval du Parlement pour effectuer des dépenses. Sur le plan des dépenses, le volet qui nous occupe aujourd'hui, le Trésor soit présenter un budget des dépenses chaque année au Parlement, budget qui indique de combien chaque ministère a besoin pour l'année et, en gros, pour faire quoi. Le Parlement alloue alors les crédits budgétaires au gouvernement. Si un ministère a besoin de plus pour l'année, le Trésor doit soumettre à l'aval du Parlement un budget des dépenses révisé.
Notre contrôleur et vérificateur général, qui est un mandataire du Parlement, doit autoriser l'octroi de fonds au gouvernement dans le courant de l'année et veiller à ce que ces octrois soient conformes aux crédits votés. C'est là la fonction de « contrôleur ».
À la fin de l'année, chaque ministère doit dresser une comptabilité qui compare les dépenses effectuées aux prévisions budgétaires, selon un format convenu avec le Parlement. Ces comptes sont vérifiés par le C&VG. C'est là sa fonction de « vérificateur général » et il présente les comptes au Parlement avec son rapport. Le Comité des comptes publics les analyse au nom du Parlement.
À cela s'ajoute quantité d'autres exigences. Par exemple, les ministères doivent notifier le Parlement avant de prendre de nouveaux engagements financiers et donner l'occasion aux députés de s'y opposer. Le gouvernement a également convenu, dans ce que l'on appelle le « Concordat de 1932 », de ne pas dépenser de fonds pour de nouveaux services, au-dessus de certains seuils, sans une loi expresse l'y autorisant, et ce même si le Parlement a alloué au ministère des crédits suffisants dans son budget. Les ministères qui se soustraient à ces exigences et à d'autres risquent qu'un rapport défavorable du C&VG soit déposé au Parlement.
Au fil des ans, les pouvoirs du C&VG ont été graduellement accrus, et il possède en particulier aujourd'hui la faculté généralisée de faire rapport au Parlement sur tout aspect de l'utilisation par un ministère de ses ressources. Ces rapports sont qualifiés de « rapports sur l'optimisation des ressources » et le personnel du C&VG dans le National Audit Office en produit 60 ou 70 par an. Ces rapports représentent l'essentiel du programme de travail annuel du Comité des comptes publics, plutôt que les rapports sur les comptes.
Je mentionne tout cela pour mettre en évidence une réalité toute simple, à savoir que les ministères sont des organisations vastes et complexes qui ont besoin inévitablement de mécanismes internes pour assurer le respect de ces diverses obligations. Quelqu'un doit exercer la responsabilité de veiller à ce que ces systèmes soient en place et fonctionnent correctement. Et c'est là où interviennent nos agents comptables.
Les agents comptables
Au Royaume-Uni, le concept d'agent comptable a été consacré par cette loi de 1866, l'Exchequer and Audit Act, que j'ai mentionnée précédemment. Cette loi impose au Trésor de désigner des agents comptables. Cependant, leur rôle légal aux termes de la loi était très limité. La loi exigeait simplement que l'agent comptable dresse les comptes et les soumette au C&VG pour vérification. En 2000, nous avons remplacé cette partie de la loi de 1866, mais nous avons laissé inchangées les responsabilités légales limitées des agents comptables.
Cependant, sur cette assise très rudimentaire, nous avons peu à peu, au fil de 140 années, construit un édifice plutôt substantiel, en confiant aux agents comptables d'importantes responsabilités non législatives auxquelles nous, le Trésor, et auxquelles le Parlement, par l'intermédiaire du Comité des comptes publics, attachons une grande importance. Ces responsabilités sont énoncées dans un document du Trésor appelé « Le «mémorandum de l'agent comptable ». Il est une partie d'un document beaucoup plus volumineux du Trésor, intitulé « Comptabilité gouvernementale », qui codifie les règles et les conventions applicables à la gestion des ressources dans les ministères.
Quels sont les principaux éléments du Mémorandum de l'agent comptable? Eh bien, premièrement, dès les premiers jours — depuis 1872, précisément — le Trésor a voulu désigner comme agent comptable le fonctionnaire de plus haut rang dans un ministère, que nous appelons habituellement un secrétaire permanent. Cela a été invariablement le cas depuis 1920. Cela reconnaît le fait que le secrétaire permanent, en tant que chef permanent du ministère, est la personne possédant l'autorité pour assurer que tous les systèmes soient en place et fonctionnels pour dresser une bonne comptabilité.
Deuxièmement, étant donné que l'agent comptable se trouve être dans la pratique le chef du ministère, nous avons pu adjoindre à ce rôle d'autres responsabilités. En particulier, il possède la responsabilité d'assurer que le ministère utilise ses ressources conformément aux exigences de la régularité et de l'intégrité, auxquelles je reviendrai dans un instant, ainsi que de l'économie, de l'efficience et de l'efficacité — les trois « e » que nous désignons collectivement par « optimisation des ressources ».
Pour en revenir à l'expression « régularité et intégrité » par « régularité » nous entendons que l'argent est dépensé conformément aux règles, c'est-à-dire uniquement pour les choses pour lesquelles le ministère a pouvoir de dépenser. « Intégrité » est le terme que nous utilisons pour désigner des dépenses conformes aux normes que le Parlement et le public escomptent. Ces normes peuvent changer au fil du temps et requièrent un certain discernement.
En réalité, il n'est pas besoin d'un mémorandum du Trésor pour spécifier que le chef d'un ministère doit assurer la conformité à la régularité, à l'intégrité et à l'optimisation des ressources. Ce sont là les responsabilités standard du chef de toute organisation. Cependant, en les joignant au rôle d'agent comptable et en les énonçant dans le Mémorandum de l'agent comptable, nous les plaçons en exergue. Nous imposons au ministère la charge de leur prêter attention, alors même que ses priorités au jour le jour se situent ailleurs.
Le mémorandum consacre beaucoup de place au rôle de l'agent comptable à titre de gardien des fonds publics. Je ne passerai pas tout en revue ici, mais en substance ce rôle oblige l'agent comptable à mettre en place une bonne Direction des finances et à exercer une bonne gestion financière dans tout le ministère. Il exige un examen attentif des aspects financiers au moment de conseiller des orientations et impose au ministre de donner des instructions écrites à l'agent comptable dans certaines circonstances que je décrirai plus loin.
Les agents comptables considèrent que l'existence de ce mémorandum du Trésor énonçant leurs responsabilités renforce leur position au sein du ministère et donc contribue à une bonne gestion financière.
Relations avec les ministres
Curieusement, il n'y a pas de débat au Royaume-Uni sur la relation entre les agents comptables et les ministres. C'est sans doute dû au fait que le système est en place depuis si longtemps que tout le monde s'y est habitué — mais il semble bien qu'il ait été un sujet de controverse dans les premières années du système. C'est manifestement un aspect qui mérite discussion.
Au Royaume-Uni, comme ici sans aucun doute, les ministres sont responsables de leur ministère et comptables envers le Parlement des actes de leur ministère. Un député peut exprimer des objections aux actes d'un ministère à la Chambre des communes et s'attendre à ce que le ministre concerné réponde. Nous avons veillé dans notre Mémorandum de l'agent comptable à ne pas entamer cette responsabilité. Le mémorandum dit expressément que l'agent comptable est responsable « sous le ministre », et non en remplacement du ministre.
Nous n'avons fait que stipuler explicitement dans le mémorandum que le chef d'un ministère possède la responsabilité personnelle d'assurer que le ministère est doté d'une gestion financière correcte. Par conséquent, le ministre n'a pas besoin de donner des instructions explicites au chef du ministère à cet effet. Les instructions sont là dans un mémorandum permanent du Trésor.
Je pense pouvoir dire que cela est considéré comme une façon parfaitement naturelle de fonctionner, sans que cela n'enlève rien à l'autorité du ministre. Le chef du ministère assume de la même façon la responsabilité d'autres aspects du fonctionnement du ministère, tel que le recrutement, les sanctions disciplinaires et la gestion du rendement, sans attendre à en recevoir l'instruction. De fait, je pense que les ministres seraient surpris si quelqu'un leur disait qu'ils doivent donner instruction à leur secrétaire permanent d'assumer la responsabilité de la gestion de leur ministère.
Bien entendu, cela n'empêche pas un ministre qui s'intéresse à la gestion financière ou s'en soucie de revoir ou même de changer les systèmes ministériels — car le ministre reste le responsable ultime. Mais, en dessous du ministre, l'agent comptable a une responsabilité personnelle et si les deux sont en désaccord sur ce qu'il convient de faire, le mémorandum établit une procédure claire de règlement du différend.
Le mémorandum implique qu'un ministre sache que l'agent comptable doit veiller à ce que le ministère se conforme aux exigences de la régularité, de l'intégrité et de l'optimisation des ressources. Les ministres savent aussi qu'ils peuvent escompter que l'agent comptable les conseille sur tout problème pouvant surgir. Ils n'ont pas besoin de demander de tels avis, ces derniers doivent être donnés automatiquement. Que se passe-t-il donc si le ministre est en désaccord avec les avis qu'il reçoit?
Directives
Le mémorandum énonce précisément ce qui se passe dans un tel cas. En substance, le point de vue du ministre l'emporte, mais le ministre est tenu de donner une instruction écrite à l'agent comptable. Le Trésor et le C&VG doivent être informés. Si l'affaire est portée devant le Comité des comptes publics, ce dernier admettra alors que l'agent comptable ne porte aucune responsabilité personnelle de cette décision.
En moyenne, ces instructions écrites, que nous tendons à appeler des « directives », surviennent peut-être une ou deux fois par an. Certaines peuvent être considérées comme de pure forme. Parfois, la directive peut se rapporter à un sujet faisant déjà l'objet d'un débat public. Cependant, je ne connais aucun cas où la directive soit devenue un problème politique propre — ce qui ne signifie pas qu'il n'en sera jamais ainsi.
Il est peut-être bon de signaler que l'exigence d'une directive touchant l'optimisation des ressources n'a été introduite qu'après ce que l'on a appelé « l'affaire du barrage de Pergau » dans les années 80. Auparavant, des directives n'étaient requises qu'en rapport avec la régularité ou l'intégrité. Ces dernières ont été introduites en 1883 et l'obligation d'informer le Trésor et le C&VG est intervenue en 1920. Les décisions d'optimisation des ressources comportent un élément d'appréciation et il n'est pas surprenant que, de temps à autre, un ministre tire une conclusion différente de celle de l'agent comptable, une fois tous les arguments pesés.
Relations avec le Parlement
Le Comité des comptes publics du Royaume-Uni, et je soupçonne qu'il en va de même ici, a pour tâche principale d'examiner au nom du Parlement la manière dont les ministères ont dépensé l'argent alloué par le Parlement. Je suppose que jadis il épluchait pour cela les comptes ministériels et tenait des audiences à leur sujet. Mais de nos jours, le comité consacre relativement peu de réunions aux comptes. Sur la soixantaine de séances que le comité tient chaque année, l'écrasante majorité — peut-être jusqu'à 90 p. 100 — portent sur des rapports d'optimisation des ressources rédigés par le personnel du C&VG au National Audit Office.
Le comité ne consacre généralement qu'une seule séance à chaque rapport et invite l'agent comptable à venir témoigner au sujet des points soulevés dans le rapport. De nos jours, le comité autorise l'agent comptable à venir accompagné de collaborateurs connaissant particulièrement les dossiers. Néanmoins, l'agent comptable est censé maîtriser les dossiers et répondre à la plupart des questions.
Le comité aura été breffé par le NAO et le ministère aura préparé à fond l'agent comptable à traiter des éléments du rapport. Les agents comptables savent que si le rapport du NAO est défavorable, ils peuvent s'attendre à passer un rude quart d'heure lors de l'audience. Le comité ne mâche pas ses mots.
Par convention, le comité est toujours présidé par un député en vue de l'opposition, souvent un ancien ministre. Cependant, il cherche toujours à agir de manière non partisane. Il ne conteste pas la politique gouvernementale et il ne cite pas à témoigner les ministres. Il limite son examen à la manière dont les ministères ont dépensé leurs fonds. Cependant, comme vous pouvez l'imaginer, il existe une vaste zone grise où se chevauchent la politique et l'utilisation des ressources.
Étant donné la manière dont les agents comptables doivent justifier leurs actes au Comité des comptes publics, on a pris coutume de dire qu'ils sont responsables envers le comité. Je ne pense pas que ce soit tout à fait exact. Ils sont responsables envers le ministre. Le comité peut faire passer un mauvais quart d'heure à l'agent comptable, il peut publier un rapport hautement défavorable, il peut nuire à la réputation d'un agent comptable. Mais il ne peut, en fin de compte, ni le congédier ni le sanctionner. Cela ne peut être le fait que du ministre ou du chef de la fonction publique. Cependant, les agents comptables sont responsables devant le comité si l'on définit ce terme au sens étroit d'être obligé de rendre compte au comité de la façon dont leur ministère a utilisé ses ressources. Encore une fois, cette distinction a été débattue dans les années 1920, et peut-être même avant.
Relations avec le Trésor
Je mentionnerai brièvement les relations entre les agents comptables et le Trésor. Le Trésor désigne les agents comptables mais cela est principalement une formalité une fois qu'un nouveau chef est nommé à la tête d'un ministère. Le Trésor guide les agents comptables, les principaux documents pour ce faire étant le mémorandum de l'agent comptable, notre manuel d'utilisation des fonds publics intitulé « La comptabilité gouvernementale » et, à l'occasion, des instructions ponctuelles sous forme de lettres adressées au « Cher agent comptable ». Il fournit aussi des consignes plus spécifiques, par exemple sur la vérification interne et la gestion du risque, ainsi que des conseils sur la comparution devant le Comité des comptes publics.
Bien entendu, l'on ne s'attend pas à ce que les agents comptables connaissent par coeur, ou même lisent, toutes ces consignes, mais nous nous attendons à ce qu'ils aient une Direction des finances qui les connaisse par coeur. Et l'on s'attend à ce que cette Direction des finances exerce une autorité considérable au sein du ministère et ait le ferme soutien de l'agent comptable — dans la pratique, qu'elle protège la fonction d'agent comptable.
En outre, étant donné que le Treasury Officer of Accounts assiste à toutes les audiences du Comité des comptes publics, je participais toujours à au moins une séance de breffage de l'agent comptable avant l'audience afin de me familiariser avec les enjeux.
Enfin, une fois que le Comité des comptes publics publie son rapport sur une audience, le gouvernement répond au moyen d'une « Minute du Trésor » qui, bien que rédigée par le ministère concerné, sera avalisée et présentée au Parlement par le Trésor.
Quelques enjeux
J'ai dit que je mentionnerais quelques problèmes à la fin. L'un qui survient assez régulièrement est le rôle d'ex-agents comptables qui ont pris leur retraite ou ont été mutés ailleurs. Le gouvernement et le comité conviennent que l'agent comptable du moment est tenu de répondre des actes du ministère, qu'il ait été ou non en poste au moment des faits. Le comité n'acceptera pas une réponse du genre « Je ne sais pas car c'était avant mon arrivée ».
Néanmoins, le comité se réserve aussi le droit de rappeler des ex-agents comptables s'il juge qu'ils peuvent l'aider dans ses enquêtes. Les agents comptables n'aiment guère cela mais, en fin de compte, le comité a pourvoir de citer à comparaître qui il veut. Un modus vivendi a donc été trouvé sur la base de l'assurance donnée par le comité qu'il n'userait de ce pouvoir que dans des circonstances exceptionnelles. De fait, dans les quelques occasions où cela a été fait, tout le monde convenait que c'était la chose raisonnable à faire.
Une deuxième question qui a fait l'objet de discussions est de savoir si nos mécanismes ont pour effet de renforcer l'aversion naturelle au risque des fonctionnaires. Les gouvernements ont des programmes ambitieux et veulent encourager les solutions novatrices. Est-ce que notre système d'agents comptables, leur responsabilité personnelle devant le Comité des comptes publics, le mauvais quart d'heure qu'ils peuvent passer si leur ministère n'a pas des résultats parfaits, les volumineuses consignes du Trésor — est-ce que tout cela alimente une « culture du blâme » que les médias ne sont que trop heureux de propager et découragent la prise de risque et l'innovation?
La troisième question qui mérite peut-être d'être mentionnée est l'accent croissant placé au niveau ministériel sur ce que nous appelons l'exécution. Il y a 20 ans, les ministres s'intéressaient aux grandes orientations, tandis que les fonctionnaires donnaient des avis à leur sujet puis mettaient en oeuvre les décisions du gouvernement. Tout ministre qui s'intéressait à la mise en oeuvre était considéré comme plutôt excentrique. Aujourd'hui, en revanche, le message est que l'exécution des politiques au service des citoyens du pays est prioritaire. De plus en plus, les ministres sont censés se mêler de la mise en oeuvre des politiques.
Jusqu'à présent, cela n'a pas eu d'effet sur les mécanismes que j'ai décrits mais je me demande si cela ne pourrait pas avoir des conséquences ultérieurement. Par exemple, cela conduira-t-il à un plus grand recours aux directives? Est-ce que le Comité des comptes publics se croira obligé de poser des questions aux ministres sur certains projets et non plus aux seuls agents comptables? Ce sera intéressant à voir.
Conclusion
J'espère que cette description assez poussée du fonctionnement du système des agents comptables au Royaume-Uni vous aura intéressés. Merci de m'avoir écouté si patiemment. Je me ferais un plaisir de discuter de tout aspect que vous voudrez aborder.
Le président: Monsieur Glicksman, au nom des membres du comité et du Parlement du Canada, je tiens à vous remercier d'être venu aujourd'hui nous faire bénéficier de vos idées et de votre savoir sur tout le régime des agents comptables.
Merci beaucoup.
:
Je me nomme Pat Casey. J'ai derrière moi plus de 30 ans de carrière réussie dans le secteur de la haute technologie et de l'expertise-conseil. J'ai une grande expérience de l'analyse commerciale, de l'analyse de systèmes, de l'analyse de risque, de la planification de projets et de la rédaction de spécifications. J'ai travaillé comme consultant pour Revenu Canada, DRHC, Industrie Canada, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et, dans le secteur privé, pour Canada Corps., IBM, Nisha et d'autres.
Pendant plus de trois ans, j'ai travaillé avec diligence pour produire des milliers de pages de demandes et documents pour la GRC. J'ai travaillé fort et ai produit ce qui était demandé sous la supervision de la GRC.
Je vais répondre seulement à deux propos tenus par le sergent d'état-major Frizzell lors de son témoignage du 29 mai.
En premier lieu, il y a la question de mon rôle dans le choix de Morneau Sobeco pour administrer les régimes de retraite et d'assurance. L'administration des retraites a fait l'objet d'une soumission publique prenant la forme d'une demande de proposition publiée sur MERX. Morneau Sobeco a obtenu l'adjudication. Je crois savoir que Morneau Sobeco demandait un an pour se préparer à prendre en main l'administration du régime de retraite. Je n'ai participé en rien à l'élaboration de la demande de propositions concernant l'administration des retraites, ni à son évaluation.
Sur une question distincte, bien que quelque peu apparentée, il me semble que la GRC négociait avec Great-West Life aux alentours de 1995 pour la fourniture de certains services administratifs concernant l'assurance. Great-West Life a ensuite été invité par la GRC à envisager la prise en charge complète de l'administration de l'assurance. Je n'étais pas là à l'époque.
Une année après avoir commencé à se préparer à prendre en charge l'administration de l'assurance, Great-West Life a informé la GRC, lors d'une réunion avec mes supérieurs et moi-même, en décembre 2001, que du fait qu'elle venait de racheter London Life Insurance et Prudential Life, elle n'avait plus les ressources pour faire le travail préparatoire pour l'assurance de la GRC dans les délais prévus. Great-West Life a expliqué que ses ressources allaient être accaparées par la fusion des trois compagnies d'assurance. Elle a informé la GRC qu'il lui faudrait environ cinq ans pour mettre en place l'administration de l'assurance requise par la GRC.
Mes supérieurs nous ont chargé de faire deux choses, parmi beaucoup d'autres. L'une était d'annuler les prochaines réunions prévues afin de coordonner une analyse de rentabilité, examiner les coûts et avantages du système tel qu'il existait à l'époque, analyser le système proposé par Great-West Life avec un retard de cinq ans et analyser les coûts et avantages d'une proposition de Morneau Sobeco comportant une échéance d'un an. D'autres sociétés ont été envisagées et rejetées car elles ne pouvaient répondre aux strictes exigences de sécurité des données posées par la GRC.
Cette évaluation a été effectuée et achevée par Liz Valentine, Garry Roy et moi-même, à partir de données recueillies auprès de nombreuses sources.
J'invite le comité à lire tout le document plutôt que les deux ou trois pages que vous a remises le sergent d'état-major Frizzell. Si vous lisez le document complet, vous aurez une meilleure idée de l'ampleur et de la complexité des changements énormes qui se déroulaient.
L'étude comparait les coûts et avantages des diverses solutions décrites ci-dessus à partir de données fournies par la GRC. Cette dernière jugeait avantageux d'utiliser le plan de Morneau Sobeco parce que cette société avait déjà en main une grande partie des données requises pour l'administration de l'assurance étant donné qu'elle se préparait déjà à prendre en main l'administration du régime de pension.
Deuxièmement, on m'a demandé d'effectuer une analyse des options pour sous-traiter l'administration de l'assurance, vu la décision récente de Great-West Life concernant l'échéance. Cette analyse d'options a été effectuée parallèlement au rapport que je viens de mentionner.
Dans l'analyse des options, je soumettais, à partir des renseignements fournis par la GRC, quatre options, dont l'une était l'option recommandée consistant à passer contrat avec Morneau Sobeco après un Préavis d'adjudication de contrat. J'examinais aussi trois autres options: lancer une demande de propositions, modifier le contrat d'administration du régime de retraite avec Morneau Sobeco, et passer contrat directement avec un administrateur par le biais du Comité de l'assurance de la GRC.
La GRC était face à une date limite impérative pour ce qui est de l'administration de son régime d'assurance car celle-ci était liée directement au projet d'administration du régime de retraite qui était transféré à Morneau Sobeco à compter du 1er avril 2003.
Je vous demande encore une fois de lire ce document, dont je suis sûr qu'il vous a été fourni par le sergent d'état-major Frizzell mais qui se perd peut-être dans la grande masse des autres documents. À aucun moment n'ai-je exploré l'option où Morneau Sobeco deviendrait un sous-traitant de Great-West Life et je ne l'ai jamais recommandé.
Je suis inquiet au sujet du contenu de l'analyse de rentabilité, car on nous a communiqué des chiffres de coûts confidentiels. Puis-je vous demander, monsieur le président, de m'ordonner de produire cette analyse de rentabilité, afin de me protéger?