:
Merci, monsieur le président.
Premièrement, comme M. Marshall doit subir une intervention chirurgicale, je crois bien que tous les membres du comité lui souhaitent un prompt rétablissement. J'espère que ce n'est pas grave.
Deuxièmement, une fois qu'il est décidé de tenir une audience pour étudier une question, il revient habituellement au greffier d'établir la date. Je partage l'avis de M. Laforest. Il importe d'entendre le sous-ministre sur une question sérieuse entraînant une dépense de centaines de millions de dollars.
J'aimerais savoir pourquoi nous insistons sur la tenue de réunions lorsque ces personnes ne peuvent pas comparaître. Pourquoi ne demandons-nous pas au greffier de prévoir des réunions où nous pouvons entendre les témoins voulus, pour éviter que tous ces gens et ces députés soient présents alors que les témoins importants ne le sont pas?
Nous devons mettre le processus en marche, monsieur le président. J'aimerais poser des questions à M. Marshall. Il doit fournir des explications au nom de son ministère. Si nous sommes privés de cela parce que le comité, sans consulter les témoins, décide que la réunion doit avoir lieu aujourd'hui, nous sommes aussi fautifs que lui ou quiconque.
Nous devrions peut-être réfléchir à ce que nous comptons faire pour que le comité accomplisse bien son travail.
:
Monsieur Proulx, si vous le permettez.
M. Fitzpatrick a le droit de déposer le document. Je présume qu'il est dans les deux langues officielles. J'accepte son dépôt, rien de plus. Je n'accepterai aucune remarque s'y rapportant. Je présume que le document ne laisse pas de doute.
Quelqu'un souhaite-t-il ajouter quelque chose? D'accord, reprenons.
Avant d'inviter la vérificatrice générale à faire sa déclaration préliminaire, permettez-moi de faire quelques observations. Je souhaite rappeler à tous les membres que les travaux du comité ont pour objet la reddition de comptes et non pas la gestion. Nous sommes réunis pour examiner le fonctionnement de l'administration fédérale dans l'optique de la prudence, de la probité, de l'efficacité et de l'économie, et en vue de déterminer si les fonds publics ont été utilisés judicieusement. Il est question d'acquisition de services et de la politique régissant les marchés publics et, plus précisément, de déterminer si les règles et les principes de transparence et d'équité ont été respectés.
Je crois comprendre que nous entendrons deux représentants de Envoy. Ils ne sont pas ici aujourd'hui, mais ils comparaîtront mardi prochain. Je tiens seulement à rappeler aux membres du comité — et ce sans tarder — que ces entreprises n'ont pas fait l'objet d'une vérification par la vérificatrice générale. Il ne nous appartient pas d'examiner les activités à l'extérieur de l'administration fédérale. Ces témoins peuvent toutefois confirmer ou expliquer les lacunes que présentent certaines pratiques dans le domaine des marchés publics.
Notre comité n'a certes pas pour tâche d'être juge ni arbitre, et j'espère bien qu'il n'en sera pas question. J'incite les membres à ne pas perdre de vue notre rôle.
:
Merci, monsieur le président.
Nous vous remercions de l'occasion qui nous est donnée de présenter les résultats de la vérification dont fait état le chapitre 5 de notre rapport de novembre 2006, lequel chapitre a pour titre « La réinstallation des membres des Forces canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale ».
Je suis accompagnée aujourd'hui de M. Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint, et de M. Bruce Sloan, directeur principal, qui étaient responsables de la vérification.
En 2005, le programme de réinstallation intégré a permis de réinstaller quelque 15 000 membres des Forces canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale, le coût de ces réinstallations ayant atteint environ 272 millions de dollars. Près de 85 p. 100 des réinstallations effectuées chaque année concernent des membres des Forces canadiennes.
[Français]
Notre vérification a permis de soulever d'importantes questions relatives à l'intégrité du processus utilisé pour attribuer deux contrats de réinstallation et au contrôle, par la Défense nationale, des fonds dépensés dans le cadre du programme. La vérification a aussi permis de relever des aspects préoccupants de l'évaluation de l'efficacité du programme. Permettez-mois de vous donner quelques détails.
Les contrats du gouvernement devraient être attribués dans le cadre d'un processus juste, équitable et transparent. Or, nous avons constaté qu'on ne pouvait pas attribuer de tels qualificatifs au processus d'attribution des contrats dont il est question aujourd'hui. Pourtant, divers indices auraient dû constituer des signaux d'alarme. Ainsi, la demande de proposition comportait des inexactitudes importantes quant aux volumes d'activités, ce qui donnait un avantage indu au soumissionnaire qui avait obtenu le contrat précédent.
Dans la demande de proposition, il était indiqué que, pour chaque année du contrant, environ 7 200 membres des Forces canadiennes auraient besoin de services de gestion immobilière. Pourtant, selon les données fournies par le ministère de la Défense nationale relativement à l'utilisation réelle de ces services, seulement 183 membres y ont eu recours entre 1999 et 2005, soit une moyenne approximative de 30 membres par année.
Pour maintenir l'intégrité des activités contractuelles du gouvernement, les principaux documents contractuels, telle la demande de proposition, doivent absolument contenir des données intégrales et exactes. Cette condition est d'autant plus essentielle lorsqu'une des entreprises intéressées à soumissionner fournit déjà le service en vertu d'un contrat toujours en vigueur.
[Traduction]
Le comité souhaitera peut-être demander au ministère de la Défense nationale des explications sur la manière dont il certifie l'exactitude des données fournies à Travaux publics en vue de leur inclusion dans une demande de propositions. Le comité souhaitera peut-être aussi demander à Travaux publics de préciser la façon dont ce dernier vérifie l'information qui lui a été fournie par les ministères clients lorsque des entrepreneurs voulant soumissionner émettent des réserves.
Lors de notre vérification, nous avons constaté que le ministère de la Défense nationale n'a pas mis en place des contrôles financiers adéquats pour le remboursement à l'entrepreneur des sommes payées par ce dernier au nom du gouvernement. Ces sommes correspondent aux fonds que l'entrepreneur avance aux membres des Forces canadiennes et les paiements versés à divers fournisseurs, comme les courtiers en immeubles, les avocats, les évaluateurs et les inspecteurs d'habitations. En 2005, une somme de près de 180 millions de dollars a ainsi été remboursée.
Au cours de la vérification, le ministère de la Défense nationale a dit qu'il avait commencé à mettre au point les systèmes et processus devant permettre de resserrer le contrôle de ces paiements. Le comité souhaitera peut-être demander au ministère de la Défense nationale de lui décrire les mesures qu'il a prises pour renforcer le contrôle de ces dépenses et de lui préciser la date prévue de pleine mise en œuvre de ces mesures.
Lors de notre vérification, nous avons également constaté que des membres des Forces canadiennes ont payé des frais de gestion immobilière à des taux supérieurs aux plafonds prévus dans le contrat. Des membres des Forces canadiennes ont payé entre 800 $ et 8 000 $ pour un service qui, selon le contrat, devait être gratuit. Le comité souhaitera peut-être demander au ministère de la Défense nationale ce qu'il compte faire pour que ces personnes recouvrent les sommes versées pour des services de gestion immobilière.
[Français]
L'un des principaux objectifs de la mise en oeuvre du Programme de réinstallation intégrée est d'offrir aux membres des Forces canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale des indemnités souples pour leur réinstallation, afin d'améliorer leur qualité de vie. Lors de notre vérification, nous n'avons trouvé aucune preuve que le Secrétariat du Conseil du Trésor ou les autres organisations concernées mesuraient de manière officielle le rendement du programme.
Le comité voudra peut-être demander aux organisations ce qu'elles feront pour mesurer le rendement du programme à l'égard des indemnités souples qui visent à améliorer la qualité de vie des personnes réinstallées.
Ceci conclut, monsieur le président, ma déclaration d'ouverture, et nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous présente Mme Liliane Saint-Pierre, directrice exécutive des Opérations d'approvisionnement de Travaux publics et Services gouvernementaux. Je vous présente également Mme Christianne Laizner, avocate principale à Travaux publics et Services gouvernementaux.
[Français]
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités à discuter avec vous du chapitre 5 du rapport de la vérificatrice générale intitulé « La réinstallation des membres des Forces canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale ».
[Traduction]
Le Programme de réinstallation intégré fournit de l'aide sous forme de services administratifs ou de l'aide à la réinstallation aux employés de la fonction publique fédérale à l'intérieur des Forces canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada. C'est un programme obligatoire pour les membres des Forces canadiennes et de la GRC, ainsi que pour les cadres supérieurs de la fonction publique, les sous-ministres, les personnes nommées par le gouverneur en conseil et les employés de la fonction publique représentés par un syndicat. Au cours de l'exercice 2005-2006, le Programme a permis de réaliser plus de 17 000 réinstallations. Les frais de transfert totaux de ce programme sont d'environ 280 millions de dollars par année, monsieur le président.
Autrefois, chaque ministère était responsable de la réinstallation de ses propres employés conformément à la directive du Conseil du Trésor. En 999, un programme pilote de quatre années a été lancé en vue de regrouper tous les services de réinstallation offerts sous un seul fournisseur de services. En avril 1999, au terme d'un processus d'approvisionnement concurrentiel, le contrat de gestion du programme pilote a été attribué à Royal LePage.
[Français]
En raison du succès remporté par ce programme, le Secrétariat du Conseil du Trésor a approuvé la demande visant à le rendre permanent en juin 2002, à la suite d'un processus concurrentiel. Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a attribué un contrat de cinq ans à Royal LePage. Par mesure de simplification, nous appellerons ce contrat le premier contrat de Royal LePage.
[Traduction]
À la suite d'une plainte portée devant le Tribunal canadien du commerce extérieur et d'allégations formulées par un soumissionnaire non retenu relativement à un conflit d'intérêts potentiel, TPSGC a décidé, en août 2003, de lancer un nouveau processus d'approvisionnement au terme duquel deux contrats ont été attribués à Royal LePage en 2004, soit un pour le ministère de la Défense nationale et l'autre pour l'ensemble de la fonction publique du Canada et la GRC.
Il convient de signaler que le premier contrat ainsi que les deux autres contrats attribués à Royal LePage ont apporté d'importants avantages au gouvernement, lui ayant permis d'économiser plus de 25 p. 100 sur le plan des coûts et d'améliorer la qualité des services. En outre, quelque 15 000 petites et moyennes entreprises profitent chaque année de nombreux débouchés d'une valeur d'environ 150 millions de dollars, versés de façon ouverte et transparente dans de petites agglomérations et des villes de toutes les régions du pays.
Monsieur le président, les rôles et les responsabilités qui se rattachent à l'attribution de contrats sont de nature complexe. Il s'agit d'un effort conjoint de la part du ministère demandant le service et de Travaux publics et Services gouvernementaux. Dans le cas présent, le Secrétariat du Conseil du Trésor a agi à titre de responsable du programme.
Lorsque le nouvel appel d'offres a été lancé au terme du premier contrat de réinstallation, l'équipe de sélection a pris plusieurs mesures pour garantir un processus juste et ouvert. La vérificatrice générale a affirmé qu'en raison d'une inexactitude qu'elle a découverte dans une estimation figurant dans la demande de propositions, à savoir le volume d'activités concernant le service de gestion immobilière, le contrat n'a pas été attribué de façon juste et ouverte, de sorte que le fournisseur titulaire a eu un avantage indu par rapport aux autres soumissionnaires. Il importe de souligner que la vérificatrice générale a affirmé qu'à son avis, cette estimation inexacte est liée au processus et qu'il n'y a pas de preuve de méfait.
Même si nous veillons à ce que nos demandes de propositions ne contiennent pas d'inexactitudes, il s'en glisse inévitablement une de temps en temps. Nous essayons de les repérer lorsqu'elles surviennent ou, à tout le moins, d'en réduire les répercussions sur les résultats du processus de sélection. La vérificatrice générale a signalé que TPSGC a suivi ses processus établis pour l'attribution de contrats.
Pour ce qui est de l'élément figurant dans la demande de propositions relativement aux services de gestion immobilière, il est important de noter qu'il ne touche qu'un des six éléments pour lesquels les soumissionnaires ont été invités à proposer des prix. Les autres, dont les évaluations, les frais juridiques, les commissions de courtage, l'inspection des bâtiments et les recherches de locaux à louer, représentaient environ 88 p. 100 de l'estimation financière globale.
[Français]
En outre, la demande de proposition faisait en sorte que la proposition financière ne comptait que pour 25 p. 100 de l'ensemble de l'évaluation, tandis que 75 p. 100 des points ont été accordés pour la qualité des services proposés. Cette structure a été adoptée pour mettre l'accent sur la valeur des services offerts aux employés lorsqu'ils sont réinstallés, ainsi que pour réduire tout avantage que pourrait avoir le fournisseur titulaire relativement à sa proposition financière.
[Traduction]
L'équipe de projet a aussi ajouté de nouveaux éléments en vue de permettre au plus grand nombre possible de nouveaux soumissionnaires de faire une proposition. Un surveillant de l'équité a examiné l'élément « service » de la soumission, lequel représentait 75 p. 100 de l'évaluation, et il a certifié que le processus s'était déroulé correctement. La vérificatrice générale a également affirmé que cette partie de l'évaluation avait été juste.
Dans leurs propositions, les soumissionnaires adoptent souvent différentes stratégies financières. Certains proposent des prix plus élevés que leurs concurrents pour un élément et moins élevés pour un autre. Par conséquent, il est impossible d'isoler un élément donné et d'émettre des hypothèses sur la façon dont un soumissionnaire aurait réagi si cet élément avait été l'unique élément de la soumission.
[Français]
Selon nous, et nous avons fait part de nos observations à la vérificatrice générale, le processus que nous avons suivi compensait suffisamment, dans son ensemble, pour toute inexactitude se trouvant dans un élément du document d'information de la demande de proposition pour que l'appel d'offres soit jugé juste et ouvert.
[Traduction]
Cela étant dit, nous sommes disposés à examiner nos rôles et nos responsabilités en collaboration avec nos clients et le Secrétariat du Conseil du Trésor en vue d'apporter des améliorations.
Nous remercions la vérificatrice générale pour ses recommandations que nous avons l'intention de mettre en œuvre.
Je serai heureux de répondre aux questions, monsieur le président.
[Traduction]
Bon après-midi, monsieur Bennett. Bienvenue.
Monsieur Bennett, à la page 3 de votre déclaration préliminaire, vous dites :
À la suite d'une plainte portée devant le Tribunal canadien du commerce extérieur et d'allégations formulées par un soumissionnaire non retenu relativement à un conflit d'intérêts potentiel, TPSGC a décidé, en août 2003, de lancer un nouveau processus d'approvisionnement.
Cela a donné lieu à l'annulation du deuxième contrat.
Si je comprends bien, le premier contrat a été celui qui s'inscrivait dans le cadre du projet pilote, le deuxième, celui qui a été accordé en 2002, et le troisième, celui qui a suivi le deuxième contrat annulé pour reprendre le processus. Est-ce exact?
:
Merci, monsieur le président.
Comme il est indiqué dans le rapport de la vérificatrice générale, nous avons suivi les règles qui s’appliquent à la demande de propositions. Nous avons fait ce que nous avons dit que nous ferions.
Le fait qu’une des estimations, et je tiens à préciser qu’il s’agissait bien d’une estimation... Il n’y avait aucune façon de déterminer l’importance du recours aux services de gestion immobilière. Bien que le Bureau du vérificateur général ait demandé au ministère de la Défense de fournir cette information, soit 183 réinstallations par année, ces services sont payés par les employés réinstallés, de sorte qu’il est impossible de déterminer avec certitude le volume réel.
Pour établir les estimations, nous avons consulté le comité interministériel et les ministères clients, et avons décidé, en groupe, que c’était ce volume qui servirait pour les besoins de l’évaluation.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à vous tous d’être ici aujourd’hui.
Deux réunions sont prévues pour traiter une multitude de points, et j’ai l’impression qu’à moins de commencer à obtenir des aveux, nous devrons prévoir de nombreuses autres réunions. Compte tenu du fait que la vérificatrice générale fait état de problèmes sérieux, d’écarts considérables, d’absence d’information et de lacunes sur le plan de l’obligation de rendre compte, et que les mea culpa de la part des ministères tardent à venir, ce qui signifie que vous n’êtes pas d’accord, que vous vous sentez à l’aise de défendre...
Avant d’aller plus loin, nous devons déterminer qui nous, les membres du comité, sommes plus portés à croire, parce que si nous ajoutons foi à ce que disent les ministères et estimons que la vérificatrice fait complètement fausse route, nous devrions mettre fin tout de suite à cette séance. Sinon, nous avons encore bien du chemin à parcourir.
Avant de poursuivre, j’aimerais donner à la vérificatrice générale l’occasion d’obtenir une réponse à la deuxième partie de sa question à M. Bennett par votre entremise, monsieur le président. La vérificatrice générale recherchait de l’information. Quiconque peut me corriger à n’importe quel moment si je fais erreur sur une question de fait. N’hésitez pas. Je crois comprendre qu’elle a demandé certains renseignements et qu’on lui a répondu que ceux-ci n’étaient pas disponibles.
Et maintenant, monsieur Bennett, en réponse à la question qui vous est posée, vous dites que l’information va être fournie au comité et qu’il vous fera plaisir de la faire parvenir à la vérificatrice générale, mais la deuxième partie de sa question vise à savoir pourquoi vous ne lui avez pas donnée lorsqu’elle en a fait la demande, si vous l’aviez en main.
:
Le fait que cette documentation n’existe pas représente une partie du problème.
Permettez-moi de revenir à des éléments de base, monsieur le président, car nous disposons d’un peu de temps.
La vérificatrice générale a dit dans son rapport : « Nous avons conclu que les contrats n’avaient pas été attribués de façon juste et équitable, et ce, pour deux raisons. » Aujourd’hui, la vérificatrice générale a de nouveau déclaré : « Les contrats du gouvernement devraient être attribués selon un processus juste, équitable et transparent. Notre vérification a révélé que d’importants contrats n’ont pas satisfait à ces conditions, et cela malgré divers signaux d’alarme. »
Pourtant, monsieur Bennett, dans vos commentaires d’aujourd’hui, que l’on retrouve au deuxième avant-dernier paragraphe de votre exposé, vous dites : « Selon nous, et nous avons fait part de nos observations à la vérificatrice générale, le processus que nous avons suivi compensait suffisamment, dans son ensemble, pour toute inexactitude se trouvant dans un élément du document d’information de la demande de propositions pour que l’appel d’offres soit jugé comme étant juste et ouvert. »
Dès le départ, la vérificatrice générale a conclu à deux reprises que le processus n’avait pas été juste et équitable. Vous, monsieur, dites qu’il l’est. Discutons de ce point.
:
D’accord. Je suis certain qu’à la fin de notre examen, nous déciderons si nous sommes d’accord avec vous ou non, avec tout le respect que je vous dois.
Permettez-moi de revenir sur certains points évidents à mesure que nous avançons progressivement.
De ce que je comprends, une partie du problème cerné par la vérificatrice générale à trait à cette proportion de 60 p. 100 et à l’autre proportion, celle de 40 p. 100, établie uniquement pour obtenir un total de 100 p. 100. Dans la demande de propositions, ils ont dit que des services de gestion immobilière seraient requis pour 60 p. 100 des 7 200 réinstallations. Et pourtant, dans la demande même, il semble qu’il soit indiqué que 60 p. 100 des membres des Forces canadiennes étaient des locataires et 40 p. 100, des propriétaires.
Si les propriétaires sont les seuls qui ont recours aux services de gestion immobilière et que seulement 40 p. 100 des membres des forces armées possèdent un logement, pourquoi est-il indiqué que 60 p. 100 utiliseront ces services, alors que seuls les propriétaires en ont besoin? Dès le départ, la demande de propositions semble comporter des données incohérentes. Pourriez-vous commenter là-dessus, s’il vous plaît?
:
Merci, monsieur le président.
En lisant ce rapport particulier et en écoutant les témoignages, je ne peux m’empêcher d’être d’accord avec M. Christopherson qui a déclaré qu’il faudrait probablement plus de deux séances pour étudier cette question.
En considérant ce qui s’est produit, je pense qu’il faudrait diviser la question en trois parties. Nous avons un processus d’appel d’offres, que nous devons examiner car il pose problème: il n’a été ni juste ni équitable. Le rapport le confirme. Nous avons aussi des services qui sont fournis, mais pour lesquels il n’existe aucun instrument ou mécanisme permettant d’en rendre compte ou d’obtenir vraiment des renseignements exacts. Ces services sont-ils avantageux? Comment sont-ils assurés? Ils ne semblent pas faire l’objet de la surveillance comptable nécessaire.
Finalement, nous dépensons 280 millions de dollars par an en services et nous ne disposons d’aucune analyse qui nous permettrait de montrer si l’impartition est rentable ou si elle comporte des avantages additionnels. De l’appel d’offres à la prestation effective des services en passant par toute la question de ce processus, il nous faut nous préoccuper sérieusement.
Au sujet du processus d’appel d’offres en tant que tel, monsieur Bennett, j’ai été passablement perturbé quand vous avez pratiquement tenté de minimiser les erreurs qu’il comporte en déclarant que 88 p. 00 de l’évaluation financière était exacte. Pour un processus qui porte sur des centaines de millions de dollars, je serais pris de panique devant une marge d’erreur de 12 p. 100 si j’étais à votre place. Vous semblez dire, d’après ce qui est écrit, que vous êtes assez satisfait de ce résultat. Je crois que c’est désastreux.
Quand on y pense, un des soumissionnaires participant à ce processus d’appel d’offres n’a pas seulement l’avantage d’avoir accès à des informations exactes, mais aussi celui de savoir que la DP qui a été lancée contient des erreurs. Il existe également une relation établie au sujet de laquelle nous avions de grandes inquiétudes dans le passé. Je crois que nous recevrons certains des documents qui cernent une partie des problèmes qui se trouvaient dans la relation entre le ministère et l’entrepreneur.
Je vais sauter par-dessus la mise en œuvre réelle et le fait qu’il n’existe pas de mécanisme de mesure en place. Les paragraphes 5.69, 5.75 et 5.59 du rapport de la vérificatrice générale mentionnent simplement qu’il y avait absence de mesure précise. C’est fascinant. Nous aurions pu avoir des mesures précises en ce qui concerne les chiffres, et pourtant, la seule information qu’a divulguée Royal LePage l’a été dans un but intéressé. Elle portait sur la partie « qualité de la vie » des services que la société fournissait. Le paragraphe 5.71 indique que Royal LePage transmettait de l’information aux ministères sur la qualité de la vie, mais nous n’avons pas les autres chiffres qui auraient joué un rôle clé.
Passons aux résultats finaux. Vous semblez très satisfait du coût de 280 millions de dollars pour 17 000 réinstallations, qui équivaut à 16 500 $ par réinstallation. Comment cela se compare-t-il au secteur privé? J’ai déménagé plusieurs fois et jamais je n’ai dépensé un tel montant, et ce n’est même pas un montant exact non plus.
Lorsqu’on se penche sur la question, on se rend compte que certaines des personnes qui ont été réinstallées — en fait, dans dix situations sur dix — ont dépensé entre 800 et 8 000 $. Je ne sais pas quelle a été la moyenne, mais si elle se situe quelque part au milieu, on parle de 4 000 $ additionnels. Bonté divine, on arrive à 20 000 $.
:
En fait, plusieurs points ont été soulevés. En ce qui concerne la comparaison avec le secteur privé, vous devez comprendre qu’il s’agit d’un ensemble complexe de services. Il faudrait donc que nous procédions à une analyse détaillée afin de comparer comment les services sont fournis aux fonctionnaires fédéraux et dans le secteur privé. Je n’ai pas cette information.
En ce qui a trait à la relation, monsieur le président, je veux bien faire comprendre celle-ci et les mesures qui ont été prises dans le processus de 2004 pour veiller à ce que celui-ci soit juste et équitable. Nous avons complètement changé l’équipe; tous ceux qui avaient participé au premier processus ont été remplacés et ils n’ont joué aucun rôle dans le deuxième processus.
Nous avons également pris des dispositions pour nous assurer tout particulièrement qu’il y aurait le maximum de concurrence. Nous avons analysé le volume d’activités et avons essayé par tous les moyens d’attirer le plus grand nombre possible de fournisseurs à participer.
Nous nous sommes penchés sur les capacités futures. Comme je l’ai mentionné, nous avons créé un nouvel élément. Nous avons donc essayé, en tenant compte des enseignements tirés et des mesures prises pour faire en sorte que les deux processus soient distincts, de nous assurer que ce processus est aussi complet que possible.
Je voudrais aborder brièvement un dernier point, monsieur le président, si vous me permettez. Je veux bien préciser qu’en ce qui concerne le 88 p. 100 dont on a parlé, je tentais seulement de mettre ce pourcentage en contexte. Je n’essayais pas de minimiser les conséquences. Nous prenons cette situation très au sérieux.
:
Je veux ravoir l’argent pour les contribuables aussi.
Dans le paragraphe 5.35 de son rapport, la vérificatrice générale déclare : « Bien qu’il ait dûment évalué les soumissions, TPSGC n’a pas accordé assez d’attention à l’ensemble des éléments présentés dans les soumissions reçues en réponse à la demande. » Et cela recommence, monsieur le président. Ils cochent les cases, mais personne ne lie les éléments entre eux ni ne dit qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
Je n’arrive pas à comprendre pourquoi, en considérant les deux propositions — il ne s’agit pas de cent propositions — comment l’un des entrepreneurs peut affirmer qu’il en coûtera 50 millions de dollars pour fournir un service, alors que l’autre soutient qu’il peut le faire gratuitement -- à moins qu’il ne reçoive l’argent sous la table de toute façon. Mais il fournit le service gratuitement, et personne ne se demande s’il y a un problème.
Que répondez-vous, monsieur Bennett?
:
Parlons des meilleurs renseignements d’affaires.
Royal LePage disposaient de tous les renseignements, alors qu’Envoy n’en avait aucun, hormis ceux qui figuraient à la DP. D’abord, vous avez affirmé que 60 p. 100 de tous les déménagements allaient nécessiter des services de gestion immobilière, ce qui n’est pas vrai, car seulement 40 p. 100 des gens concernés sont propriétaires. C’est donc complètement faux. Ensuite, vous revenez et dites que vous avez besoin de 50 millions de dollars pour fournir ce seul service. Vous nous déclarez également dans l’évaluation technique que la gestion immobilière, pour une quelconque raison, ne figure pas dans l’évaluation technique. Elle se trouve seulement dans la partie financière de l’évaluation, selon M. Goodfellow.
Je vais vous demander, monsieur Bennett — et c’est une question sérieuse — « Savez-vous s’il existe une quelconque collusion entre qui que ce soit, du public ou du privé? » En outre, M. Goodfellow a parlé de pression — « Savez-vous si quelqu’un, du public ou du privé, a exercé des pressions pour que les soumissions soient traitées de cette façon? »
:
Vous me dites ce que vous avez dit à la vérificatrice générale. Je trouve scandaleux qu'un ministère comme Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, qui gère des milliards de dollars, n'ait pas de document pour appuyer l'application d'une pondération de 75-25 dans le cadre d'un contrat comme celui-là. De plus, cela a conduit à une analyse financière — c'est bien indiqué dans le rapport de Mme Fraser — qui a été faite par une seule personne.
Encore une fois, je trouve scandaleux que, dans un ministère aussi important, on confie la responsabilité de faire l'analyse financière d'un contrat aussi important — on parle de 280 millions de dollars par année — à une seule personne. Cela laisse place à ce qu'on pourrait appeler de l'arbitraire, comme je l'ai mentionné tout à l'heure. Je cherche mes mots, mais je trouve cela pour le moins plus qu'étonnant. Cela me déçoit beaucoup et c'est inadmissible.
Je ne vois pas comment on peut croire que c'est un processus juste et honnête. Vous dites que ça s'est bien déroulé, mais je ne peux le croire. Comme l'a fait remarquer M. Williams tout à l'heure, cela a conduit à une différence de 48,7 millions de dollars. Personne n'a réagit. Si la soumission avait été de moitié, soit de 24 millions de dollars, tout le monde se serait interrogé sur l'importante différence. Ici, la différente est entre zéro et 48 millions de dollars, et le ministère n'a pas réagi. Donnez-moi votre avis à ce sujet, car je ne comprends pas.
:
D’accord. Je veux simplement qu’il soit clair comme du cristal que nous nous comprenons tous bien.
Si je comprends bien, de nombreux aspects sont au coeur du problème. À cause de l’iniquité inhérente, selon la vérificatrice générale et la personne de l’entreprise qui n’a pas obtenu le contrat, et parce que l’information était incorrecte, le processus d’appel d’offres n’était pas parfaitement équitable. Cette question est d’actualité et se rapporte à ce que le gouvernement fera pour corriger la situation, mais laissons la question de côté pour l’instant.
Premièrement, à votre avis — et j’aimerais que la vérificatrice générale dise ce qu’elle en pense, parce que cette question fait suite à celles des autres membres h une différence de 50 millions de dollars entre deux soumissions ne doit-elle pas faire sourciller? Ou bien une personne très douée en affaires a trouvé une façon de faire de l’argent à partir de rien, ou bien quelque chose ne va pas et il y a un avantage quelque part, ou bien encore quelqu’un n’est pas en mesure de fournir les services promis au coût convenu? Le montant n’est-il pas assez important, eu égard à deux soumissionnaires dignes de foi, pour qu’on sourcille et dise : « Un instant. Voici deux personnes dignes de foi, donc l’écart devrait être de quelques millions, non pas des dizaines de millions. »
:
On ne peut pas en rester là. Malheureusement, cela ne suffit pas. Dire qu’un soumissionnaire propose un prix zéro et que la décision est la sienne, qu’il s’agit d’une décision d’affaires... Si une entreprise soumissionnait pour la construction d’un pont et ne proposait aucun prix pour le ciment, ne diriez-vous pas : « Un instant. Comment diable pouvez-vous faire cela et faire quand même un bon travail? » Si vous le permettez, j’aimerais examiner plus à fond ce sujet.
Et en passant, je comprends qu’il faille consulter des avocats, mais j’aimerais vous demander un autre service, un exposé d’une page sur le conflit d’intérêts apparent, sur les circonstances entourant l’affaire et sur les constatations qui ont été faites. Je ne veux pas des noms, ni des précisions, mais il n’y a rien de mal à nous dire quelles étaient les circonstances. Si vous décidez de ne pas répondre, envoyez-nous une lettre nous indiquant que vous ne répondez pas et nous aviserons. J’aimerais au moins avoir une petite idée de ce qui est arrivé, parce que je ne sais rien.
Deuxièmement, il y a eu des plaintes apparemment. Vous avez dit que vous n’étiez pas au courant de l’existence de ces problèmes énormes avant que la vérificatrice générale ne les découvre, et pourtant les soumissionnaires ont signalé deux choses : l’imprécision des pourcentages 60 p. 100 et 40 p. 100 qui figurent dans l’exemple de DP et le désir de connaître les chiffres réels. La réponse a été que les chiffres n’étaient pas accessibles, mais nous en traiterons.
:
Selon l’information fournie par la vérificatrice générale, TPSGC est l’organisme chargé de veiller à l’intégrité et à l’équité des contrats et d'en rendre compte. Ce sont les principes qui régissent l'approvisionnement et pourtant beaucoup de gens s’inquiètent. Ils ne cessent de répéter que cela n’arrive pas et que le gouvernement attribue les contrats à ses amis. En qualité de législateurs, nous nous efforçons de faire en sorte que le processus soit équitable. J’oserais espérer qu'en tant qu’organisme responsable en vertu de la loi, vous feriez la même chose. Par conséquent, j’ai une question.
Au paragraphe 5.27, la vérificatrice générale dit qu’à l’égard de « la demande de propositions, nous avons constaté qu’un soumissionnaire avait demandé à TPSGC de lui fournir des chiffres montrant l’utilisation réelle des services de gestion immobilière », mais que les chiffres exacts n'étaient pas accessibles. Si vous n’avez pas les chiffres exacts, comment croire à l’intégrité du processus? Comment peut-on penser que les soumissionnaires ont tous été traités de façon égale? D’autres soumissionnaires étaient là avant et ils étaient probablement au courant.
Donc, pour me rassurer, pouvez-vous me dire où je peux obtenir l’information exacte et s'il est conforme à la politique du Conseil du Trésor de confier l’évaluation financière d’une telle soumission à une seule personne? Je sais que vous m’avez dit que vous avez probablement changé la façon de procéder pour la prochaine fois, mais comment l’intégrité et la responsabilité sont-elles assurées? Troisièmement, les soumissions aurait dû être examinées dans leur ensemble, mais la direction semble ne pas avoir eu les bons chiffres totaux, ce qui l'a empêchée de prendre la décision. Comment puis-je me fier au processus?
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais simplement demander, et je peux le faire sous forme d’une motion, si vous l’exigez...
On a fait état plusieurs fois des 289 questions, mais, en ce qui concerne l'aspect qui nous intéresse le plus, une ou deux seulement retiennent notre attention. Premièrement, pourrions-nous avoir une copie de toutes les questions qui ont été posées et des réponses fournies? Deuxièmement, pourrions-nous avoir un énoncé détaillé de la procédure à suivre pour porter plainte au ministère? Si je suis un soumissionnaire et si je souhaite signaler des inquiétudes, il y a un processus à suivre. Comment faut-il procéder? Quelle information me fournit-on?
J’aimerais que ces renseignements soient fournis par écrit et que l'on précise s'il y a eu dérogation quelconque — et j’insiste sur le mot « quelconque » — à ce processus dans ces contrats.