:
Entendu. J'essaie de respecter cette limite de 20 minutes.
[Français]
Le rapport de recherche a été publié sous forme de trousse d’orientation et comporte le guide, soit la brochure la plus épaisse, ainsi que six parties. Ma présentation d'aujourd'hui portera sur le guide principal, plus particulièrement sur les considérations mentionnées aux pages 19 à 33 du guide. Ces propos portent essentiellement sur nos constatations et sur les suggestions visant à renforcer les pouvoirs et les pratiques du comité.
Je vais aborder certaines des principales constatations découlant de ce travail de recherche, mais je souhaite le faire dans le contexte de l’ébauche d’une stratégie dont la FCVI tient à discuter avec vous. Je souhaite aujourd'hui profiter de l'occasion pour initier un dialogue avec les membres de ce comité. La FCVI peut contribuer à renforcer la capacité de votre comité.
[Traduction]
Sans plus attendre, permettez-moi de vous présenter brièvement, à la cinquième diapositive, la stratégie provisoire que nous avons présentée en septembre à la réunion du Conseil canadien des comités des comptes publics.
La stratégie comporte cinq étapes. C'est une stratégie visant à maximiser l'efficacité des comités des comptes publics. Je tiens à souligner qu'il ne s'agit que d'une stratégie, d'une série d'idées pour lancer la discussion au comité. Ce n'est pas la solution, ce n'est pas le modèle, et nous ne nous attendons pas à ce que tous les comités des comptes publics la suivent, mais elle comporte quelques bonnes idées et c'est à partir d'elles que nous espérons lancer une discussion.
Si nous commençons tout en haut de la stratégie, établir la base, je vous en parlerai davantage dans quelques minutes, mais il s'agit vraiment des conditions devant exister pour assurer l'efficacité d'un comité des comptes publics. Un exemple est la présidence assurée par l'opposition, mais j'y reviendrai plus en détail plus tard.
Nous disons que lorsque les conditions assurant l'efficacité d'un comité des comptes publics sont en place, le comité peut commencer à fixer un objectif à ses réunions et à établir un plan d'action. Nous sommes d'avis que les comités donnent les meilleurs résultats quand ils ne sont pas partisans. Je sais que l'on doit tenir compte du contexte politique quand on dit cela; néanmoins, notre étude a conclu que les comités tendent à mieux fonctionner et de la façon la plus efficace quand ils sont non partisans.
Donc, le numéro deux, fixer un objectif et un plan d'action non partisans. Je vous ferai part de certaines conclusions de notre sondage à cet égard.
Le troisième point consiste à tenir une audience efficace. Vous constaterez que nous avons utilisé le terme « députés », et je m'en excuse. Nous aurions dû parler de « législateurs », parce que nous ne voulions pas laisser entendre que cela s'adresse en particulier aux membres de ce comité, mais aux législateurs en général, qui posent des questions pertinentes, les témoins participant à titre de partenaires du processus.
La quatrième étape est la valeur ajoutée, et elle consiste réellement en l'établissement de rapports par les comités des comptes publics, qui émettent leurs recommandations et assurent un suivi pour faire en sorte que le gouvernement applique dans les faits ces recommandations.
Enfin, le cinquième point — et c'est un sujet qui a beaucoup retenu l'attention à Québec quand nous y avons effectué cette présentation — est la question de savoir comment les comités peuvent expliquer la valeur de leur travail aux électeurs et aux médias. Plus tard, je poserai la question, est-ce quelque chose qu'en général vous trouveriez utile?
Permettez-moi de commencer en parlant des conditions qui doivent être en place pour assurer l'efficacité d'un comité des comptes publics. À notre avis, avant d'entreprendre tout plan d'action visant l'amélioration de l'efficacité d'un comité des comptes publics, il faut d'abord que certaines conditions existent pour assurer la réussite du comité. Dans les limites de ses attributions, un comité des comptes publics doit avoir le pouvoir de convoquer des réunions, de tenir des réunions lorsque l'assemblée législative ne siège pas et d'initier des enquêtes.
Selon nos recherches, tous les comités peuvent se réunir lorsque l'assemblée ne siège pas, et environ les deux tiers le peuvent lorsque l'assemblée est prorogée. Plus des trois quarts possèdent le pouvoir d'initier des enquêtes qui ne sont pas spécifiquement commandées par l'assemblée législative ou indiquées dans les documents qui leur sont soumis.
Enfin, la présidence du comité devrait être assurée par un membre de l'opposition. C'est le cas dans toutes les assemblées législatives du Canada et au niveau fédéral, et c'est pratique courante dans les pays du Commonwealth .
Pour être efficaces, les comités doivent aussi tenir fréquemment et régulièrement des réunions et allouer suffisamment de temps aux audiences. Dix comités ont répondu qu'ils se réunissent régulièrement et fréquemment; un comité a répondu qu'il ne le fait pas; et les trois autres n'ont pas répondu à cette question.
En ce qui concerne la capacité des comités d'exercer leurs pouvoirs, nous avons vérifié si les comités possédaient les ressources nécessaires, c'est-à-dire un financement, une équipe de recherche et un soutien technique adéquats. Au sujet du financement, onze comités estiment posséder les ressources financières adéquates, et les trois autres n'ont pas répondu. Je crois que c'était un refus poli de leur part
Quant aux ressources adéquates — et il s'agit du genre de choses qui intéressera les membres du comité — je sais que ce n'est pas le cas ici, mais nous avons demandé aux comités s'ils possédaient une équipe de recherche. Six des quatorze comités, soit plus de 40 p. 100, ne possèdent pas un tel soutien en matière de recherche. Comme les vérificateurs législatifs se fient aux comités des comptes publics, nous avons hâte de parler à certains de ces comités pour arriver à savoir comment ils assument la charge de travail sans soutien de recherche.
Autre condition assurant le succès du comité à exercer ses pouvoirs: les rapports du vérificateur législatif doivent lui être automatiquement transmis pour examen. C'est effectivement le cas dans douze des treize comités qui ont répondu positivement à cette question.
Au chapitre du solide leadership qui doit exister au sein d'un CCP, il était question d'une bonne relation de travail entre le comité des comptes publics et le vérificateur législatif. Toutes les administrations qui ont répondu ont dit que la relation qu'elles entretenaient était solide et, parce que le comité des comptes publics compte sur le vérificateur législatif, de toute évidence il s'agissait là d'une importante condition préalable aux succès du comité.
Voilà donc les conditions essentielles. Ce n'est qu'une fois qu'elles existent qu'un CCP peut se mettre à la tâche pour maximiser l'efficacité de son travail. Le reste de mon exposé porte sur la façon dont un CCP peut s'y prendre pour le faire.
[Français]
Le rôle du comité est d'établir un objectif, c'est-à-dire renforcer l'administration publique de façon non partisane.
Aux fins de discussion, nous avançons que les membres d'un comité des comptes publics doivent être motivés par une mission commune bien précise. Historiquement, cette mission est de renforcer l'administration publique. J'avancerais maintenant qu'un comité fonctionne plus efficacement lorsqu'il exerce ses fonctions sans parti pris.
En ce qui concerne le cadre de travail en matière de pouvoirs et de pratiques, la planification constitue un facteur déterminant dans l'efficacité des réunions du comité. Des activités de planification, comme la distribution de l'ordre du jour et de notes de breffage avant la tenue de réunions, l'établissement d'objectifs et de plans de travail plus précis pour les audiences, la mise sur pied de sous-comités ou de comités directeurs pour examiner des enjeux particuliers et la tenue de séances de breffage avec le vérification législatif avant qu'il ne participe à une réunion ou à une audience, aident le comité à mieux se concentrer sur les dossiers et à produire de meilleurs extrants.
Au moins 10 comités consultés ont confirmé préparer des ordres du jour et des notes de breffage avant la tenue des réunions et établir clairement les objectifs de travail pour les audiences. Toutefois — je crois que vous trouverez cela intéressant —, seule la moitié environ des 14 comités possédaient un comité directeur chargé de planifier les travaux à effectuer.
[Traduction]
Seulement à peu près la moitié des comités comptent sur un sous-comité de planification qui exécute effectivement cette fonction.
Pour faire la suggestion du lien entre la planification et l'impartialité... une des suggestions que j'ai entendues est que les membres du CCP « fassent un caucus » avant la tenue d'une réunion et discutent de la stratégie à employer pour les questions que les différents partis poseront. J'aimerais savoir de la part du comité si cela améliorerait la cohésion des questions lors d'une audience.
[Français]
Maintenant, examinons la question de la composition du comité. La composition influe sur la mesure dans laquelle le comité exerce ses fonctions sans parti pris. Il faut considérer si on permet aux ministres de siéger au comité, si on assure une certaine continuité au sein du comité et si on estime que les membres exercent leurs fonctions sans parti pris.
Dans notre sondage, nous avons demandé si les membres des comités des comptes publics étaient nommés par l’assemblée législative au début de la première session pour un mandat couvrant la durée de la législature. On nous a dit que c’est la pratique dans 9 des 14 juridictions. Il y en a donc cinq où les membres du comité ne sont pas nommés pour toute la durée de la législature.
Lorsque les membres du comité sont nommés pour la durée de la session seulement — après quoi un nouveau comité est constitué —, on nous signale qu’il s’avère plus difficile de coordonner le travail du comité avec les rapports que produit le bureau du vérificateur général. Une juridiction a mentionné que même si le comité est nommé pour la durée de la législature, les substitutions sont si fréquentes qu’elles compromettent la continuité au sein du comité.
En ce qui concerne la présence de ministres en tant que membres du comité, l’opinion de tous est qu’une telle pratique nuit énormément à l’efficacité des audiences du comité. Bien que certaines juridictions n’interdisent pas aux ministres de siéger au comité des comptes publics, il semble que, par convention, les ministres ne siègent au comité que lorsque la taille du caucus du gouvernement l’exige.
Le président du comité joue un rôle primordial au chapitre de l’établissement d’un objectif impartial pour le comité. Compte tenu du rôle unique en son genre que jouent les comités de surveillance parlementaire, je souhaite attirer votre attention sur le fait que seulement huit des quatorze présidents des comités de vérification sont nommés pour un mandat couvrant la durée de la législature, à moins de circonstances imprévues. J’en conclus donc que tout roulement au niveau du président au cours de la durée d'une législature complique forcément le processus de planification.
[Traduction]
Je vais maintenant passer à la diapositive 13. On vient de parler de la phase deux, à savoir la planification et l'impartialité politique. Si nous regardons du côté de la phase trois de notre stratégie provisoire, nous parlons de la façon de tenir une audience efficace. Une des conclusions, une fois de plus, revenait à un solide leadership au sein du comité, le rôle important du président pour ce qui est de gérer le processus — et cette conclusion nous l'avons puisée directement dans une citation d'une des personnes interviewées dans le cadre de l'étude — « à même la dynamique de la politique changeante ». Autrement dit, étant donné que les comités des comptes publics des assemblées législatives ont tendance parfois à naviguer dans des questions d'ordre politique, le rôle de la présidence, selon notre enquête, est de s'assurer que le comité ne dévie pas de sa voie et reste concentré sur un objectif impartial.
Parallèlement, le rôle de la présidence est très important pour ce qui est d'élaborer cet objectif. S'il y a une réunion de planification et qu'on fait une bonne planification pour préparer un aspect impartial, le rôle de la présidence pour ce qui est de le rappeler au comité et d'intervenir au besoin a également été jugé très important.
Finalement, le troisième aspect au chapitre du leadership au sein d'un comité était de mettre les témoins à leur aise pour répondre aux questions, et c'est un aspect que je me ferai un plaisir d'aborder lorsque nous y parviendrons.
Pour ce qui est des pouvoirs et des pratiques du comité dans le contexte de la tenue d'une audience efficace, l'un des principaux privilèges qu'un CCP efficace doit de toute évidence avoir, c'est de pouvoir convoquer tous les témoins qu'il juge nécessaire. Tous les comités des comptes publics au Canada ont répondu qu'ils ont effectivement ce pouvoir. Il va sans dire qu'une information factuelle et impartiale est primordiale pour obliger le gouvernement à rendre des comptes. Nous avons constaté que sur les 14 assemblées législatives, 12 avaient le pouvoir d'exiger la production de documents et dossiers, mais que seulement huit avaient le pouvoir d'accéder aux documents du Cabinet.
Nous avons effectivement demandé dans notre sondage si les CCP ont adopté des pratiques qui permettent de mener des questions productives à leur conclusion logique. Dans le cas du présent comité, je suppose que cela veut dire qu'un membre pourrait emprunter du temps d'un autre de façon à avoir plus que les huit minutes qui lui sont allouées. Je crois comprendre que cette pratique a été mise à l'essai récemment au sein du comité, et je me demande si le fait de recourir à cette pratique plus régulièrement, ici et dans d'autres administrations, pourrait être utile aux comités. Dans notre sondage, onze des comités ont répondu par l'affirmative, c'est-à-dire qu'ils permettent une telle pratique. Cependant, notre enquête ne me permet pas vraiment de conclure à quelle fréquence on a eu recours à cette pratique. C'est un aspect que nous aimerions vraiment approfondir.
J'ai une autre observation à faire sur la question d'une audience efficace. Si je prends la transcription des délibérations du 22 juin de votre comité, au cours de laquelle deux éminents universitaires ont échangé avec le comité sur la façon pour ce dernier de maximiser son efficacité, j'ai relevé plusieurs références au fait que des témoins essayaient de « troubler les eaux », en quelque sorte — et je pense que c'est tiré directement de la transcription. Donc, de toute évidence, la relation entre les témoins du gouvernement et les comités des comptes publics est une préoccupation.
La question que nous avons posée aux membres des CCP à la réunion CCCCP-CCVL était de savoir s'ils estimaient qu'un objectif impartial au plan politique, conjugué à une planification et à la préparation des membres du comité, pourrait faire en sorte que les témoins se sentent plus à leur aise pour répondre aux questions — autrement dit, si un comité qui était à la recherche de solutions pourrait mobiliser les bureaucrates pour les aider à trouver des solutions non partisanes, et si un comité qui faisait précisément cela pourrait donner aux bureaucrates l'impression qu'ils font partie de la solution plutôt que du problème.
Je renvoie ici au rapport annuel de 2000 du vérificateur général, dans lequel le vérificateur général dit:
La reddition de comptes exige que les gens acceptent d'assumer la responsabilité de leurs erreurs — cela va de soi. Par ailleurs, s'attacher trop au blâme peut être contre-productif. Si nous voulons habiliter les employés et les encourager à innover, il faut être prêt à courir le risque qu'ils commettent des erreurs et qu'ils prennent parfois de mauvaises décisions. Quand cela se produit, il faut plutôt chercher à apprendre de l'expérience plutôt qu'à blâmer.
J'aimerais vraiment savoir ce que pense le comité de l'idée d'un questionnaire confidentiel de départ pour les témoins. Un tel questionnaire pourrait aider le comité à déterminer s'il faut en faire davantage pour que les témoins se sentent plus à leur aise dans le processus des audiences, et si cela permettrait d'obtenir des réponses plus efficaces et à moins de confrontation et de frustration de la part des membres du comité. Je constate que le Sénat a un questionnaire de départ pour les témoins — et j'en ai un exemplaire ici — quoique je me rends compte qu'il porte davantage sur la façon dont les témoins ont été traités par le personnel du comité, plutôt que leur interaction avec les membres.
[Français]
La prochaine phase consiste à formuler des recommandations qui ajoutent de la valeur et à en effectuer le suivi.
Le Comité des comptes publics devrait avoir le pouvoir de préparer des rapports de fond à l’intention du corps législatif. Douze comités signalent qu’ils ont ce pouvoir, et deux ont indiqué qu’ils ne l’ont pas. Il va sans dire que le pouvoir de formuler des recommandations et celui d’exiger une réponse du gouvernement sont deux pouvoirs essentiels pour assurer l’efficacité du comité.
Des réunions pour assurer un suivi avec les témoins et un système de fiches de rendement pour évaluer la mise en oeuvre des recommandations par le gouvernement sont deux éléments qui ajoutent de la valeur au processus. Seulement sept comités sur quatorze ont dit avoir un processus de suivi efficace. Seulement six comités se fient aux services du bureau de vérification pour effectuer le travail de suivi des recommandations, et le même nombre de comités reçoivent des mises à jour de la part du vérificateur législatif sur l’état d’avancement des travaux en matière de mise en oeuvre des recommandations. Voilà donc un domaine où beaucoup de travail peut encore être fait.
[Traduction]
Le cinquième, mais non pas le moindre, pilier de notre stratégie, devrait, du moins je l'espère, intéresser les membres. Tout d'abord, uniquement pour vous situer en ce qui concerne le public et les médias, bien que neuf comités publient des communiqués à la suite de leurs audiences, seulement six tiennent des audiences télévisées ou diffusées sur Internet.
Je dirais, qu'en général, il faut réfléchir davantage un peu partout au Canada à la façon de faire participer le grand public, et ce, de façon plus profonde. Une suggestion que je fais — et je tiens à dire que je vais présenter cette suggestion directement à votre comité, s'il y a un intérêt — est qu'un service non partisan des communications rédige un texte à insérer dans les envois collectifs des membres du comité. Ce texte expliquerait le travail souvent très technique que le CCP fait, et ce, dans un langage que les électeurs peuvent comprendre.
Dans le cadre des réunions que nous avons tenues d'un bout à l'autre du pays, nous avons demandé aux membres des CCP si l'incitatif de renforcer la planification et de poser des questions non partisanes serait plus fort s'il était plus facile pour les membres du CCP de faire part de leurs réalisations au sein du comité à leurs électeurs. Après tout, un comité efficace devrait pouvoir expliquer aux électeurs de quelle façon ils accroissent la reddition de comptes à Ottawa et jouent un rôle de premier plan dans la surveillance des deniers publics.
Sur ce, je conclus mes remarques écrites, mais je me ferai un plaisir de répondre aux questions.
Merci.
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Oh, je vois. Il se limite lui-même.
J'ai toujours cru que les députés du gouvernement étaient sympathiques au programme du gouvernement, alors que les députés de l'opposition étaient, disons, moins que sympathiques au programme du gouvernement. Tout part de là, vous savez. On peut appuyer le programme du gouvernement, s'y opposer ou encore appuyer sans aucune réserve, totalement et absolument, le gouvernement ou l'opposition. C'est un continuum, et nous devrions être au bout où la partisanerie est la plus limitée, mais je ne pense pas que nous puissions vraiment parler de non-partisanerie dans un comité parlementaire, même s'il s'agit d'un comité des comptes publics.
Nous sommes le comité de surveillance et non le comité de non-partisanerie. Nous sommes le comité de la responsabilité; nous sommes rétrospectifs, mais il faut voir notre comité de cette perspective. Plus les députés le voient ainsi, plus le comité est actif et productif, selon mon expérience.
Selon moi, le Parlement a quatre responsabilités. Nous faisons quatre choses en tant que parlementaires: nous approuvons les lois ou en jugeons autrement; nous approuvons le budget sur la collecte des revenus dont le gouvernement a besoin pour administrer le pays ou en jugeons autrement; nous approuvons le budget des dépenses attribué et approuvé par le Parlement pour le gouvernement ou en jugeons autrement; enfin, le gouvernement fait rapport au Parlement. C'est la fonction de rapport au Parlement qui est de la responsabilité de notre comité, monsieur le président, parce que c'est là où la responsabilité du gouvernement entre en jeu.
Les comités législatifs s'occupent des lois, entendent des témoins de la société civile, entendent diverses personnes qui ont des opinions sur un projet de loi et par conséquent, le gouvernement peut déterminer s'il reçoit l'assentiment du grand public. C'est la fonction des comités législatifs. Pour notre part, nous sommes uniques parce que nous nous occupons de cette responsabilité. Le gouvernement fait rapport au Parlement, et le Parlement nous délègue ce mandat.
Concernant l'idée que nous devrions peut-être avoir plus de prestige, au Royaume-Uni, par exemple, le CCP est perçu comme le tout premier comité, monsieur le président. En fait, j'y suis allé une fois pendant que la course au leadership de l'un des partis battait son plein. Il y avait deux ou trois candidats; l'un avait été président du CCP et un autre pas. Le fait que cette personne n'ait pas présidé le CCP et qu'elle se présente à la course au leadership de ce parti pour devenir, potentiellement, premier ministre du pays, était considéré comme un obstacle.
Nous avons du travail à faire, et je m'attends à ce que vous fassiez preuve de leadership, monsieur le président, pour que nous devenions le tout premier comité du Parlement du Canada.
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Il y a de l'espoir. Il y a peut-être de l'espoir pour nous.
La responsabilité est donc fondamentale, et j'ai souvent défini la responsabilité comme une force hors de contrôle qui porte quelqu'un à penser ou à agir d'une certaine façon.
Quel type de force devrions-nous être? Nous sommes un organisme politique du Parlement du Canada. Nous sommes une institution politique. Nous avons une responsabilité politique. Le scandale des commandites en a été le meilleur exemple. La commission Gomery a été établie pour faire la lumière sur les faits, et les témoins ont comparu devant le juge Gomery jusqu'à ce que les avocats aient l'impression d'avoir obtenu tous les renseignements qu'ils pouvaient tirer des témoins avant d'en entendre d'autres. Ici, bien sûr, nous avons quatre ou huit minutes, puis nous passons à autre chose, mais nous avons une responsabilité politique.
Les témoins ne sont absolument pas ici pour se sentir bien — et je n'applique pas de stratégie de retrait pour saisir comment ils se sentent lorsqu'ils nous quittent, parce que je ne pense pas que ce soit notre travail —, mais nous sommes ici pour les tenir responsables. Ils peuvent retourner dans leurs ministères et avoir un petit traumatisme ou craindre de prendre l'initiative parce qu'ils sont tenus publiquement responsables, mais cette responsabilisation publique en démocratie est fondamentale. Elle est fondamentale pour le ministre, le ministère et le sous-ministre, ainsi que les autres.
S'il savent qu'ils vont devoir se présenter ici et répondre de manquements relevés par la vérificatrice générale dans un rapport clair, concis et non-partisan, pour nous donner les faits et nous permettre à nous, les membres du comité de la responsabilité politique, de les examiner, ce peut être déconcertant. J'ai déjà entendu une sous-ministre dire à son personnel à son retour de comparution devant le comité des comptes publics: « Ne laissez plus jamais cela m'arriver. » Bien sûr, pour que cela ne se reproduise jamais, il faut obtenir un rapport complémentaire de la vérificatrice générale selon lequel tout est dans l'ordre. C'est un motivateur.
Notre travail consiste à informer le public canadien de ce que notre bureaucratie et notre gouvernement font. S'ils tournent les coins ronds, notre peuple doit le savoir, et nous exigeons des comptes politiques. Ce ne sont pas des comptes judiciaires, parce que cette responsabilité relève des tribunaux, et l'affaire des commandites le montre bien encore une fois, puisqu'il y a des personnes qui se sont retrouvées dans les tribunaux. Nous nous occupons de la responsabilité politique, c'est un concept différent. Dans une société démocratique où les médias sont ouverts et transparents, les gouvernements n'aiment pas être mis dans l'embarras. Cela leur coûte des votes. C'est déjà arrivé: lorsqu'on perd des votes, on perd des sièges, on perd le pouvoir, et c'est considéré comme nuisible. C'est de la responsabilisation, et le comité des comptes publics doit être cette force qui n'est pas sous la direction du gouvernement et qui exige cette responsabilisation. C'est pourquoi il est si important pour nous de nous unir, de ne pas nous camper sur nos positions partisanes, parce que c'est là où le comité devient inefficace.
Je pense que la durée du mandat est toujours importante, non seulement à ce comité, mais à tous les comités. La durée du mandat ou la longévité permet à la personne d'acquérir non seulement des compétences, mais la réputation qu'en tant que députée, elle siège à un comité et est devenue porte-parole et experte dans ce comité. Plus une personne y reste longtemps, plus elle est reconnue pour ses compétences et plus elle se perfectionne. C'est un camp de formation pour les ministres potentiels, si leur parti accède au pouvoir, entre autres. Je pense donc que la durée du mandat à un comité est importante.
Je trouve inacceptable que des ministres siègent à ces comités comme c'est le cas à certains endroits. En fait, à la toute première réunion du Conseil canadien des comités des comptes publics à laquelle j'ai participé, il y a longtemps (et j'étais naïf à l'époque, monsieur le président, mais je ne le suis peut-être plus autant), j'ai vu que dans une législature, le ministre des Finances était vice-président du comité des comptes publics et que c'était lui qui établissait le programme du comité. N'a-t-on jamais vu pareil conflit d'intérêts: le ministre des Finances qui établit le programme du comité des comptes publics. C'est inacceptable.
N'oublions pas que le travail du Parlement est de tenir le gouvernement responsable, le gouvernement étant l'exécutif, c'est-à-dire le premier ministre et le cabinet. C'est le gouvernement, non pas le parti au pouvoir, mais le gouvernement. Notre travail au CCP est de les tenir responsables. Si un membre de l'exécutif nous dit: « Non, vous ne pouvez pas examiner cela, c'est là où tous les scandales et les horreurs se cachent », comment le comité des comptes publics peut-il être efficace? Il faut donc qu'aucun ministre ne siège au comité des comptes publics nulle part.
Nous n'allons pas nous donner de note non plus, mais je pense que nous nous situons entre nos homologues des provinces et certains de nos homologues d'autres pays. Il y a des pays et peut-être même quelques provinces où le comité des comptes publics se réunit à huis clos. J'ai eu le privilège de participer à des réunions de comités des comptes publics dans d'autres législatures, et je me rappelle d'une en particulier où le vérificateur général mentionnait que le gouvernement payait pour la reconstruction d'une route alors qu'elle avait seulement été réasphaltée, en fait. Ce comité siégeait à huis clos, et il y a des membres qui se sont moqués: « Oh, je tremble, n'est-ce pas terrible. Passons au prochain sujet, s'il vous plaît. » Ils ne s'en seraient jamais tirés ainsi si le comité s'était réuni publiquement et si la réunion avait été télédiffusée pour que le public qui nous élit puisse comprendre et nous tenir responsables de notre efficacité au comité.
C'est tout le concept de notre obligation de rendre des comptes à l'électorat et d'exiger des comptes du gouvernement.
Je vois que je pourrais poursuivre sur cette lancée encore longtemps, monsieur le président, mais je vois que le temps file, donc je vais m'arrêter là.
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Merci beaucoup pour vos observations, monsieur Williams.
Je voudrais traiter de certains des éléments que vous avez soulevés. Tout comme M. Laforest, vous avez parlé d'absence de partisanerie, une réalité dont on ne peut jamais vraiment se dissocier dans un système parlementaire. J'ai essayé de faire valoir le même point.
Il n'est pas utopique de proposer que les députés se départissent de leurs allégeances lorsqu'ils viennent participer aux travaux du comité; cependant, nous commençons notamment à constater que les députés ne se retrouvent pas dans une bulle lorsqu'ils se présentent ici.
Monsieur Murphy, lorsque vous avez participé à notre conférence à Charlottetown, vous avez souligné que les travaux des comptes publics suivent directement la période des questions. Avec le genre de système que nous avons, où la vérificatrice générale doit se fier entièrement aux législateurs pour tenir le gouvernement responsable via la formulation de recommandations, il peut se révéler très difficile pour les députés de faire la transition lorsqu'ils sortent d'une période de questions, l'heure la plus partisane de la journée, pour se rendre à une réunion du Comité des comptes publics qui est censée être — comme vous l'avez indiqué, si vous voulez utiliser cet exemple de continuum — beaucoup moins teintée de partisanerie.
Dans les rencontres que nous avons eues avec les parlementaires d'autres instances, nous avons notamment pu constater qu'il arrivait souvent que les membres nouvellement nommés au comité des comptes publics au sein d'une législature récemment élue ne se rendaient pas vraiment compte de la situation. On ne comprend pas très bien en quoi un comité des comptes publics est différent des autres comités.
Pour en revenir par ailleurs à l'observation que nous avons formulée, sans vouloir affirmer de façon catégorique qu'un comité des comptes publics devrait être non partisan, il faut admettre que ces comités fonctionnement mieux et plus efficacement lorsque c'est le cas. Je pourrais vous citer l'exemple d'un gouvernement que j'ai visité récemment et avec lequel nous travaillons; son comité des comptes publics est paralysé par une question partisane. Nous nous efforçons en l'espèce de mettre au programme des questions de gouvernance de portée plus générale de manière à essayer de relancer le dialogue entre les membres du comité sur des dossiers où un consensus est possible.
Pour ce qui est du sondage, je vous comprends très bien lorsque vous dites que ce n'est pas le rôle du Comité des comptes publics d'offrir le thé à ses témoins et de faire en sorte qu'ils soient à l'aise lorsqu'ils se présentent ici. Mais l'une des choses que nous avons notée, tant dans le sondage que nous avons mené que dans un autre rapport intitulé Utilisateurs et utilisations qui porte sur les rapports ministériels sur le rendement, c'est la difficulté qu'ont les bureaucrates et les politiciens à communiquer en se servant du même langage. C'est l'un des thèmes les plus récurrents. Il y a généralement de la frustration de part et d'autre. D'un côté, les politiciens s'offusquent lorsque les bureaucrates commencent à utiliser un langage très technique; leur mandat n'inclut pas la compréhension d'un tel langage. Les politiciens doivent se pencher sur un très grand nombre de dossiers. Pour leur part, les bureaucrates ont tendance à reculer et à se taire lorsqu'ils ont l'impression de se retrouver au coeur d'un piège partisan.
Pour reprendre l'exemple des rapports ministériels sur le rendement, nous avons mené une étude très intéressante à ce sujet qui a révélé que, dans la plupart des cas, les personnes auxquelles ces rapports sont destinés — à savoir les législateurs, les médias et le grand public, mais concentrons-nous sur les législateurs — ne les utilisent pas vraiment. Encore là, c'est parce qu'on ne parle pas la même langue.
En proposant un tel sondage, on voulait simplement savoir si le comité — et je ne parle pas nécessairement de ce comité-ci, mais des comités des comptes publics d'une manière générale — serait intéressé à avoir une meilleure idée des moyens à prendre pour favoriser un plus grand nombre de questions ouvertes et faire en sorte que les témoins se sentent suffisamment à l'aise pour y répondre, plutôt que d'utiliser un jargon qui les rend bien souvent incompréhensibles.
Je m'en tiendrai là pour l'instant et je vous remercie à nouveau pour vos questions, monsieur Williams.