Nous passons donc à l'ordre du jour. Je m'excuse de cet entracte.
Nous accueillons aujourd'hui la vérificatrice générale du Canada, Mme Sheila Fraser, qui est accompagnée du vérificateur général adjoint, Ronnie Campbell, et de Glenn Wheeler.
Nous accueillons aussi Hélène Gosselin et Ian Potter, du ministère de la Santé.
Nous avons également M. Paul LeBlanc et M. Jim Quinn, du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. On avait indiqué que M. Michael Wernick, le sous-ministre, serait présent mais je crois comprendre qu'il n'est pas là.
C'est bien ça, M. LeBlanc?
:
Monsieur le président, j'aimerais d'abord dire aux distingués membres de ce comité qui me voient pour la première fois que je suis le porte-parole du Bloc québécois pour les affaires indiennes et du Nord canadien.
Nous avons aussi eu l'occasion de voir le sous-ministre pour la première fois hier. Il était accompagné du ministre, M. Prentice, et il a répondu à plusieurs questions. Je fais miennes les remarques de M. Christopherson, quoique je ne partage pas entièrement son agressivité. Cependant, j'irais peut-être jusque-là, parce que tout se tient, monsieur le président.
La vérificatrice générale, Mme Fraser, a produit un rapport extraordinairement bien fait, au sujet duquel j'espère qu'elle nous entretiendra au cours des prochaines minutes. Hier, au Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, nous avons eu l'occasion de poser des questions au ministre et à son sous-ministre, et il n'a pas lu le rapport. Nous avons un problème.
J'aurais aimé qu'il soit présent aujourd'hui, car j'aurais plusieurs questions à lui poser. Il est vrai qu'il n'a été nommé que la semaine dernière et qu'il n'est donc pas très au courant de tous les dossiers. Je peux concevoir cela, mais il m'apparaissait important qu'il soit ici ce matin.
Il ne faut pas nécessairement reporter la séance, puisque l'horaire de la vérificatrice générale doit être extrêmement chargé, mais il faudrait peut-être que ce comité se réunisse de nouveau avec le sous-ministre et le ministre pour qu'ils répondent aux questions concernant l'application des conclusions de la vérificatrice générale. Il y a des conclusions extrêmement importantes dans ce rapport, et ils tergiversent depuis plus de quatre ans. On ne parle pas de deux semaines, mais bien de quatre ans. Merci.
Je suis d'accord avec vous, monsieur Lemay, et j'en parlerais au comité directeur.
Je veux revenir sur les remarques de M. Christopherson. Je ne pense pas qu'il faille laisser ce monsieur s'en sortir. Il faut qu'il revienne ici pour répondre aux questions.
Je précise cependant, en toute justice, qu'il vient à peine d'être nommé, mais il ne faut pas oublier que c'était la même excuse de la dernière fois, avec M. Horgan. Il venait d'arriver et il ne connaissait pas vraiment le ministère. C'est cyclique, cette chose-là.
M. Williams a présenté une motion. Je crois deviner qu'il y a consentement unanime à ce sujet. Y a-t-il d'autres commentaires?
Une voix: Pouvez-vous lire la motion?
Le président: Ou la répéter.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de vous présenter les résultats de notre vérification de la gestion des programmes destinés aux Premières nations, plus précisément ceux présentés dans mon rapport d'étape.
Je suis accompagnée aujourd'hui de M. Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint, et de M. Glenn Wheeler, directeur principal, qui sont les auteurs de ce travail.
Une fois l'an, je prépare un rapport au Parlement intitulé Le Point. Ce rapport cible les mesures prises par le gouvernement pour donner suite à nos recommandations découlant de certaines de nos vérifications de gestion antérieures. Il aide ainsi les parlementaires à tenir le gouvernement responsable de l'intendance des fonds publics.
Depuis 2000, j'ai publié plusieurs chapitres sur les programmes et les services destinés aux Premières nations. En effectuant la vérification de suivi dont il est question aujourd'hui, nous voulions faire une évaluation complète des progrès réalisés globalement par le gouvernement à la suite des vérifications précédentes, et aussi chercher à comprendre les raisons pour lesquelles des progrès avaient été réalisés à l'égard de certaines recommandations mais pas d'autres.
Nous avons effectué le suivi de sept vérifications réalisées entre 2000 et 2003, portant sur les logements dans les réserves, les soins de santé, les revendications territoriales globales, le développement économique, le processus d'intervention des tiers administrateurs, le programme Aliments-poste et les rapports exigés des Premières nations. Dans l'ensemble, nous avons constaté que le gouvernement a fait des progrès insatisfaisants.
J'aimerais aujourd'hui vous entretenir de trois questions qui sont importantes pour la santé et le bien-être des Premières nations et qui méritent une attention particulière: les logements contaminés par la moisissure dans les réserves; la surveillance de la consommation de médicaments sur ordonnance; et l'examen des principaux points d'entrée du programme Aliments-poste.
[Français]
La moisissure constitue un problème dans de nombreuses maisons dans les réserves. Ce type de contamination est considéré comme un sérieux problème de santé et de bien-être qui tend à s'aggraver.
Lors de notre vérification initiale de 2003, nous avons constaté que les trois organisations responsables, soit Affaires indiennes et du Nord Canada, la Société canadienne d'hypothèques et de logement et Santé Canada, avaient formé un comité pour étudier le problème. Au cours de notre récente vérification, nous avons constaté qu'aucune organisation fédérale ne s'était chargée d'évaluer l'ampleur de la contamination par la moisissure ni d'élaborer une stratégie ou un plan d'action pour régler le problème et ce, en dépit des activités du comité.
Monsieur le président, vous voudrez peut-être demander au gouvernement de choisir l'organisation qui prendra la direction des activités destinées à régler le problème des logements contaminés par la moisissure dans les réserves. Vous voudrez peut-être lui demander également de soumettre au comité un plan d'action assortit d'un échéancier et, par la suite, des rapports d'étapes.
[Traduction]
La deuxième question concerne les médicaments sur ordonnance. Dans le cadre de son Programme des services de santé non assurés, Santé Canada rembourse les médicaments délivrés sur ordonnance aux membres des Premières nations et aux Inuits. Les Premières nations s'inquiètent de l'usage à mauvais escient des médicaments sur ordonnance. Le problème est d'autant plus aigu qu'il existe des écarts importants au chapitre de la santé entre la population des Premières nations et le reste de la population canadienne.
Par suite de certaines vérifications, dont l'une remonte à 1997, nous avions signalé que le Ministère tardait à intervenir dans les cas où des médicaments sur ordonnance pouvaient être mal utilisés. Lors de notre vérification de 2000, nous avions constaté que Santé Canada avait mis à jour son protocole d'examen de la consommation de médicaments pour mieux relever et suivre les cas laissant supposer une utilisation à mauvais escient de médicaments sur ordonnance. Ce protocole, qui comprenait un suivi auprès des clients, des médecins, des pharmaciens et des organismes professionnels, a eu un certain effet positif.
Toutefois, le Ministère a abandonné ce protocole parce qu'il n'était pas convaincu de pouvoir recueillir de tels renseignements sans avoir un mandat législatif qui permette clairement ce type d'analyse, ou sans le consentement du client concernant l'analyse des renseignements personnels en matière de santé. En 2001, les représentants du Ministère ont informé le Comité des comptes publics qu'ils prévoyaient reprendre cette analyse au cours de l'année pour 70 p. 100 des clients, une fois qu'ils auraient obtenu leur consentement. Cependant, le Ministère n'avait obtenu le consentement que de 25 p. 100 des clients lorsqu'il a mis fin à ce projet en 2004. La même année, nous avions signalé que le nombre de bénéficiaires ayant obtenu au moins 50 ordonnances au cours d'une période de trois mois avait presque triplé par rapport aux données de notre vérification de 2000.
Dans le cadre notre récente vérification, soit cinq ans et demi plus tard, nous avons constaté que Santé Canada a enfin repris son analyse détaillée de la consommation de médicaments sur ordonnance, mais qu'il est incapable de dire si son intervention a permis de réduire l'usage à mauvais escient de ces médicaments. Nous avons aussi constaté que le Ministère n'a pas encore demandé une loi habilitante pour son Programme des services de santé non assurés. Lorsque la situation se présente, le Ministère se limite à demander au bénéficiaire de son programme de donner son consentement, si ce n'est déjà fait, avant d'aviser les professionnels de la santé ou les pharmaciens que cette personne pourrait utiliser à mauvais escient des médicaments sur ordonnance.
Monsieur le Président, vous voudrez peut-être demander au Ministère de fournir au Comité un rapport détaillé décrivant sa présente démarche destinée à régler ce grave problème, ainsi que des rapports d'étape donnant des chiffres à même de prouver que son intervention a permis de réduire l'utilisation à mauvais escient de ces médicaments.
[Français]
Troisièmement, le programme fédéral Aliments-poste subventionne le coût de l'envoi par transport aérien d'aliments frais périssables dans le Nord canadien. Il a pour objectif d'accroître l'apport nutritif dans le régime alimentaire des résidants du Nord. En 2002, nous avions signalé que 140 collectivités du Nord étaient admissibles à ce programme dans les trois territoires et dans certaines parties du Nord du Labrador, du Québec, de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta.
Les utilisateurs du programme dans ces collectivités doivent prendre les arrangements avec les grossistes pour faire expédier les aliments admissibles à des centres de Postes Canada dans l'un des 20 points d'entrée désignés. Postes Canada assume ensuite la responsabilité d'acheminer par transport aérien en 48 heures des denrées périssables aux collectivités.
Lors de notre vérification de 2002, nous avions constaté que les représentants du ministère et de nombreux marchands et consommateurs du Nord avaient suggéré que l'accès à des points d'entrée situés plus au sud aurait des effets positifs sur le choix et la qualité des aliments et réduirait le temps nécessaire pour leur transport. Or, il s'avérait à l'époque que le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien n'avait jamais examiné systématiquement l'emplacement des points d'entrée. Nous avions recommandé que le ministère procède à un tel examen pour déterminer si le fait de les changer pouvait accroître l'efficacité du programme.
Dans le rapport de la présente vérification, nous signalons que le ministère n'a toujours pas entrepris cet examen. Il a plutôt examiné un seul point d'entrée, et il ne prévoit pas examiner les autres à court terme. Monsieur le président, vous voudrez peut-être demander au ministère ce qu'il compte faire à ce sujet.
Monsieur le président, dans le cadre de cette vérification, nous avons cerné sept facteurs qui pourraient avoir favorisé la mise en oeuvre de nos recommandations. Vous avez fait mention de l'un de ces facteurs. Leur absence semble avoir nui à leur mise en oeuvre et entravé l'instauration de changements importants dans la vie des membres des premières nations.
Nous sommes à votre disposition pour répondre à toutes vos questions au sujet de ces facteurs.
[Traduction]
Monsieur le président, ceci met fin à notre déclaration liminaire. Nous répondrons avec plaisir aux questions des membres du comité.
Merci.
:
Je remercie les témoins d'être venus. Merci, madame Fraser. Vous devez subir ça régulièrement, 12 heures ou 24 heures par jour.
Ma question ne s'adresse pas vraiment à vous mais je vais vous la poser puisque le sous-ministre est absent.
Il est inacceptable qu'un gouvernement investisse 8,2 milliards de dollars dans une communauté sans aucun résultat. Comme contribuable, j'estime qu'il est important que nous puissions avoir l'assurance que les choses se font comme elles doivent l'être. En qualité de parlementaires, il nous appartient d'obtenir des informations pour prendre des décisions éclairées, en posant des questions aux sous-ministres, etc.
J'ai trois questions à vous poser.
En ce qui concerne les 8,2 milliards de dollars investis, quels sont les problèmes des collectivités des régions isolées ou des zones d'accès spécial? Je crois comprendre que nous parlons ici de collectivités isolées et nous savons que 60 p. 100 des collectivités autochtones ont moins de cinq cents résidents. D'après vous, quels sont les problèmes les plus cruciaux?
Deuxièmement, vous dites dans votre rapport que le ministère est appelé à jouer des rôles conflictuels, et aussi que le gouvernement fédéral, les provinces et les Premières nations gèrent des programmes qui se chevauchent parfois. Comment pourrait-on améliorer leur efficacité?
Troisièmement, malgré tous les investissements effectués, comment se fait-il que ces problèmes ne soient pas réglés?
Je sais bien que vous ne pourrez pas répondre à certaines de ces questions. Nous négocions des ententes avec les Premières nations, comme le récent Accord de Kelowna. Comment se fait-il que les choses ne soient pas faites correctement?
Ce comité travaille sans partisanerie politique et j'espère que M. Williams n'y changera rien. C'est ma prière.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais tenter de vous donner quelques informations au sujet de vos questions et je pense que le ministère pourra vous en donner plus.
Il faut d'abord convenir qu'il s'agit d'une question très complexe. Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien a des responsabilités importantes et complexes. Je sais que certaines personnes disent que c'est un quasi-gouvernement provincial dans la mesure où il dispense bon nombre des mêmes services aux collectivités autochtones. Quand on parle de 8,2 milliards de dollars, il faut bien comprendre que cela concerne des services d'enseignement, de bien-être social, de santé, de logement, etc.
Il est vrai que les collectivités desservies sont très diverses, sont dispersées dans tout le pays, et que la plupart sont très petites -- comme vous l'avez dit, la plupart ont moins de 500 habitants -- ce qui présente des défis particuliers. Sans compter qu'elles se trouvent dans des régions isolées.
Toutefois, cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas améliorer la situation. De nombreux engagements ont été pris dans le cadre des obligations issues des traités, en réponse à nos vérifications, pour améliorer la situation et prendre des mesures concrètes. Il est décevant, c'est le moins qu'on puisse dire, de constater qu'il n'y a aucun progrès au sujet des problèmes très concrets qui affectent la santé et le bien-être des gens.
Nous avons tenté d'identifier certains des facteurs de succès. Le président a déjà mentionné la nécessité d'une attention soutenue de la haute direction du ministère à l'égard de ces problèmes. Il y a aussi la capacité de prestation des programmes par les Premières nations. Il y a l'absence de capacité institutionnelle. Dans des domaines tels que l'éducation, les collectivités non autochtones ont des conseils scolaires, pas les collectivités autochtones. Quand le Commissaire à l'environnement a effectué une vérification sur la qualité de l'eau -- qui n'est pas mentionnée dans ce rapport -- on a constaté qu'il n'y a pas de normes à ce sujet dans les réserves. Il y a donc absence de choses qui devraient normalement exister dans une société fonctionnant bien, et il faut déployer des efforts pour bâtir ces éléments institutionnels qui sont nécessaires pour améliorer la qualité de vie des Premières nations.
Il faut peut-être mentionner aussi les rôles conflictuels car toute cette relation doit être fondée sur la confiance. Quand il existe ce qu'on peut qualifier au minimum de rôles conflictuels -- puisque le ministère dispense les services, négocie les revendications et fait l'objet de poursuites -- cela peut détruire la relation de confiance qui doit exister entre le gouvernement et les Premières nations. Les ministères auront peut-être des choses à dire à ce sujet.
:
Je ne conteste pas l'exposé des défis que vient de faire la vérificatrice générale. Elle a formulé des recommandations sur beaucoup de ces questions. Le ministère les a acceptées. Des progrès sont réalisés dans bien des domaines mais il y a encore beaucoup à faire.
Prenons le problème de l'eau. Le gouvernement a annoncé récemment une stratégie renforcée pour l'eau. Des normes de qualité ont été communiquées aux Premières nations en mars. Hier le gouvernement a annoncé, en coopération avec l'Assemblée des Premières nations, la nomination d'un comité d'experts à ce sujet -- qui se penchera notamment sur l'absence de cadre législatif au sujet de la qualité de l'eau des Premières nations -- afin de corriger cette absence et d'apporter plus de certitude au droit des Premières nations d'avoir de l'eau potable. Voilà un autre exemple de progrès.
Les problèmes à régler sont considérables et nous nous y attaquons sur tous les fronts. Le gouvernement octroie des fonds aux Premières nations, en grande mesure dans le cadre d'ententes de financement assorties de lignes directrices assez souples, afin de leur permettre d'exercer leurs pouvoirs dans les secteurs de l'éducation, des programmes sociaux, de la distribution d'eau, etc. Les Premières nations jouent donc un rôle important à cet égard, de même que les conseils de bandes et les associations, dans des secteurs tels que l'eau et l'éducation.
Il n'y a pas de système de conseils scolaires pour les Premières nations comme dans la sociétés non autochtones mais il y a 14 ou 15 organisations dans le pays qui dispensent des services au niveau général de l'enseignement secondaire pour aider les collectivités des Premières nations dans leur gestion des écoles : elles fournissent des programmes d'études, des services d'aide aux enseignants, etc. Nous savons que ce réseau doit être amélioré et c'est l'une des priorités du ministère en ce qui concerne l'enseignement.
:
Monsieur le président, les trois ministères travaillent assez étroitement ensemble et ce, de façon coordonnée. Je ne comprends pas pourquoi Mme la vérificatrice générale ne reconnaît pas que cette coordination entre les ministères existe. Il y aurait lieu d'améliorer quelques aspects de ce partenariat, notamment du point de vue stratégique et de l'inventaire. Le défi est de mieux coordonner les efforts des trois ministères.
En ce qui a trait au ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, nous agissons surtout sur le plan des contributions au logement. Cela permet aux premières nations de bâtir de nouveaux logements et d'effectuer le réparations nécessaires, en particulier pour les moisissures.
Il ne faudrait pas oublier de mentionner que la Société canadienne d’hypothèques et de logement, la SCHL, fournit des fonds de la même manière. La SCHL et le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien coordonnent leurs investissements dans le domaine de la construction et de la réparation des logements dans les réserves.
Également, nous travaillons ensemble pour mettre en oeuvre des programmes d'information et de formation qui sont essentiels pour que les occupants de ces logements puissent jouer le rôle qui est le leur et pour que le leadership local puisse prendre les décisions qui lui appartient face au défi que représente la moisissure.
Nous prenons acte des recommandations de Mme Fraser. Nous les acceptons. Nous nous sommes engagés à avoir recours à plus de plans stratégiques dès cette année, afin de nous assurer que nos efforts soient mieux coordonnés.
Il peut difficilement n'y avoir qu'un seul ministère responsable.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme l'a dit Mme Gosselin, nous avons assuré le suivi des recommandations de la vérificatrice générale et de ce comité. Nous avons mis en place un système d'analyse de l'utilisation des médicaments, comprenant trois volets. Il y a un volet prospectif assurant le contrôle de la composition des médicaments que nous payons, et nous avons fait plusieurs choses à cet égard. Nous avons identifié les médicaments présentant des risques et les avons retirés de notre liste pour qu'ils soient entreposés dans un endroit où personne ne peut y avoir accès sans une autorisation spéciale du médecin. Nous avons imposé des limites au nombre de médicaments, comme la benzodiazepine et les opiacés, afin que les gens qui dépassent une certaine limite ne puissent plus en obtenir tant que leur médecin n'a pas pris contact avec nous ou avec leur pharmacien pour donner des explications.
Nous avons également mis en place un nouveau code, le code NE. Quand le pharmacien remplit l'ordonnance, il doit indiquer si le patient a déjà obtenu plusieurs ordonnances de benzodiazepine ou d'opiacés. Le pharmacien recevra alors immédiatement un avis indiquant qu'il y a peut-être un problème.
Nous avons également mis en place un système d'analyse rétrospective, six fois par an. Nous prenons les dossiers et utilisons un système permettant de savoir si les gens ont consulté plusieurs médecins et s'ils reçoivent plusieurs médicaments. Si tel est le cas, nous faisons le suivi des personnes concernées. Nous avons identifié certains médecins posant des problèmes et avons communiqué les données à la Fédération des ordres des médecins du Canada. Nous avons aussi...
:
Merci, monsieur le président.
Il me semble important de préciser plusieurs choses au sujet du suivi que nous attendons du ministère. Mme Gosselin a raison, le ministère a fait beaucoup de choses et a obtenu des progrès satisfaisants dans plusieurs domaines, nous l'admettons.
Il y a cependant plusieurs éléments d'analyse au sujet desquels le comité aurait intérêt à réfléchir. Certains d'entre vous se souviennent que nous avons produit un rapport de vérification en 1997 puis un autre en 2000 contenant une analyse utilisant des critères obtenus des divers régimes provinciaux et concernant le nombre de médicaments différents obtenus par les gens, le nombre de médecins différents consultés, ainsi que le nombre de pharmaciens différents utilisés. Je crois que ce serait un bon système de mesure car le ministère possède ces informations. On peut s'en servir pour déceler les anomalies.
L'analyse que nous avons faite a clairement révélé qu'il y a des problèmes particuliers dans certaines régions. Je pense qu'il est légitime de dire que le ministère devrait prêter une attention spéciale à ces situations car certaines sont vraiment graves.
Nous avons dit en 1997 que le ministère avait effectué des analyses sur au moins une des questions problématiques, à savoir un nombre élevé de décès. Il avait travaillé avec les coroners provinciaux de l'Alberta pour obtenir les informations et, même si la méthodologie n'était peut-être pas parfaite, il avait pu établir des liens. À l'époque, il avait signalé qu'il y avait eu 42 décès causés par des médicaments sur ordonnance entre 1986 et 1988 et, en outre, qu'il y avait une collectivité de 500 personnes où l'on avait enregistré 15 décès en quatre ans.
Je crois qu'il est vraiment important que le ministère suive de près ce genre d'informations car, même si l'on parvient à régler les problèmes systémiques, les problèmes des systèmes d'information, le ministère n'en est pas moins responsable de la santé des membres des Premières nations, et je sais que Mme Gosselin est d'accord avec moi à ce sujet. Je pense que vous devriez suivre ce genre de chose car, si vous ne le faites pas, les problèmes risquent de persister même si vous parvenez à régler certaines des difficultés systémiques.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et je remercie tous les témoins d'aujourd'hui.
Je tiens à dire dès le début que je suis très conscient, comme tous mes collègues, de la complexité de ce ministère. C'est peut-être bien l'un des plus difficiles à gérer, nous le savons tous. Ce qui est frustrant, toutefois, c'est que le ministère prend des engagements et qu'il n'y a pas de suivi. Voilà ce que je trouve totalement inacceptable.
Ça ne veut pas dire que votre travail soit facile ni qu'il ne devrait jamais y avoir de problème. Ça veut dire plutôt que, si des problèmes sont identifiés, surtout concernant la santé des citoyens, vous devez prendre des engagements en tenant compte de la complexité des situations. Vous connaissez les défis que vous avez à relever et, si vous ne parvenez pas à faire ce qu'il faut, dites-le nous et nous interviendrons. Ce que je trouve absolument frustrant et inacceptable, c'est que vous preniez engagement après engagement, peut-être parce que cela vous permet de mettre fin aux investigations du comité, sans que rien ne soit jamais résolu.
Et c'est là-dessus que nous allons vous demander des comptes : pourquoi les choses n'ont-elles pas été faites? Il y a des questions de politiques publiques, et nous pouvons en discuter, mais notre première responsabilité est de vous demander des comptes sur les engagements que vous avez pris et sur ce que vous êtes censés faire.
À ce sujet, j'examine ce que disait la vérificatrice générale dans son rapport, aux paragraphes 5.12 et 5.13 :
Nous nous attendions à ce que les organisations fédérales aient réalisé des progrès importants dans la mise en œuvre des 37 recommandations formulées dans 7 chapitres publiés entre 2000 et 2003.
Dans l'ensemble, nous ne sommes pas satisfaits des progrès réalisés par les 5 organisations fédérales.
Puis :
Nous avons constaté qu'elles avaient fait des progrès insatisfaisants pour ce qui est de la mise en œuvre de 15 recommandations — en règle générale, celles qui pourraient contribuer davantage à améliorer la qualité de vie des membres des Premières nations.
Nous avons donc 37 recommandations et je crois comprendre que 22 ont été mises en oeuvre de manière satisfaisante mais que trois seulement l'avaient été entièrement et que les autres ne l'avaient pas été de manière satisfaisante. Mon problème est que celles au sujet desquelles vous avez agi concernaient des questions administratives. Vous êtes devenus plus efficients à faire circuler votre paperasse mais vous n'avez pas fait de progrès satisfaisants sur les questions touchant la qualité de vie des citoyens des Premières nations.
Si ça avait été le contraire, l'accueil du comité aurait sans doute été plus chaleureux. Voilà le problème et c'est pourquoi je vous tape dessus. Ce n'est pas parce que je pense que vous avez un travail facile à faire, c'est parce que votre ministère prend des engagements vides de sens. C'est ça qui est particulièrement choquant.
Je voudrais passer rapidement au problème de la moisissure en citant à nouveau la vérificatrice générale : « La moisissure est un champignon qui, dans certaines conditions, produit des substances toxiques susceptibles de causer des maux de tête, des étourdissements et des nausées ». On ne parle donc pas ici d'esthétique, on parle de poison.
Une vérification précédente avait révélé que vous n'en aviez pas fait assez à ce sujet. Il se trouve que vous avez tous les trois eu des réunions à ce sujet mais qu'il n'en est rien sorti parce que personne n'était prêt à assumer la responsabilité globale de l'établissement d'un plan de gestion global. Et je dois vous dire que je m'attends aujourd'hui, au minimum, à ce que l'un d'entre vous assume cette responsabilité ou, sinon, à ce qu'on me dise pourquoi c'est quelqu'un d'autre qui devrait l'assumer. Je ne veux pas que nous quittions cette réunion en nous demandant encore laquelle des entités gouvernementales va assumer cette responsabilité car la vérificatrice générale a clairement indiqué que c'est précisément ça la clé du problème : que quelqu'un en assume la responsabilité. Ça ne s'est pas fait jusqu'à présent et, même s'il semble y avoir eu certaines réunions, personne n'en est sorti en disant : « J'assume la responsabilité ultime de ce problème parce qu'il faut le résoudre ». Voilà pourquoi rien ne se fait. Je ne sais pas combien de réunions il y a eu à ce sujet mais elles n'ont certainement pas produit les changements que nous attendons.
Voici donc la question : pourquoi votre ministère n'est-il pas le chef de file à cet égard? Pourquoi ne l'a-t-il pas été dans le passé? Si personne d'autre ne veut intervenir, pourquoi n'êtes-vous pas intervenus vous-mêmes au lieu de laisser pourrir la situation? Nous ne voyons aucune stratégie, aucune solution. Pourquoi? S'il vous plaît.
:
Absolument. Merci beaucoup, monsieur le président, et j'apprécie les remarques des députés.
Je ne veux pas faire dire aux gens des choses qu'ils n,auraient pas dites. Je me fonde simplement sur la réponse donnée par le gouvernement actuel, et c'était ce que je voulais préciser. Comme il y a eu cette réunion des 24 et 25 novembre à Kelowna, nous ne pouvons pas refaire l'histoire. Nous pouvons jouer avec les mots mais la réponse explicite du gouvernement indique clairement qu'il y a eu une prise de décision concertée à Kelowna. C'est tout ce que je voulais mentionner, avec les objectifs dont j'ai parlé.
Pour l'avenir, je voudrais savoir comment les décisions concertées prises à Kelowna influeront sur les changements demandés par la vérificatrice générale, ou sur ses recommandations. Voilà ce que je voulais savoir.
Je reste sur ce sujet parce qu'il me semble pertinent en ce qui concerne les changements recommandés par la vérificatrice générale. Ce processus de décision concerté de Kelowna, des 24 et 25 novembre, constitue une étape importante, à mon avis, pour résoudre certains des problèmes que j'ai mentionnés, et c'était ce que je voulais dire quand j'ai interrogé M. LeBlanc.
Voici donc ce que je demande à M. LeBlanc et à ses collègues : quelle sera l'incidence de la réunion des premiers ministres à Kelowna, et des décisions qui ont été prises à cette occasion, sur les recommandations formulées par la vérificatrice générale?
:
Puisque nous parlons des Premières nations, je voudrais parler des tiers administrateurs. Qu'est-ce que ça veut dire? Quand on examine les rapports, on voit qu'il y a 60 000 rapports qui sont produits chaque année par quelque 600 Premières nations, soit environ un rapport par Première nation tous les trois jours. Ensuite, nous apprenons que la plupart de ces rapports ne sont pas lus.
En ce qui concerne la moisissure des logements, quels sont les résultats de tous ces rapports? Je cite : « Personne n'a encore évalué l'ampleur du problème, ni défini les mesures prioritaires, ni élaboré un plan global destiné à coordonner les efforts des organisations fédérales ou à suivre les progrès réalisés dans l'ensemble ».
Quels résultats avons-nous vraiment atteint à ce sujet? En 2003, il y a trois ans, nous avons mis sur pied un comité. Qu'est-ce qu'il a fait, concrètement? Rien. Les gens vivent encore dans ces logements où il y a de la moisissure.
Dans sa réponse à la vérificatrice générale, le gouvernement dit ceci : « Les progrès à venir seront aussi tributaires d'un intérêt soutenu de la direction ». L'intérêt dont il s'agit consiste à exiger des rapports, des rapports qui ne sont pas lus et qui débouchent sur l'action ou l'inaction. J'ai l'impression que ces rapports sont là pour une raison, pour se défiler, tout comme le sous-ministre semble s'être défilé aujourd'hui.
Au début de cette réunion, M. Leblanc, nous vous avons demandé de vérifier si le sous-ministre pourrait être disponible plus tard. Vous avez une note que vous a remise votre collaboratrice. Pourriez-vous nous la lire?
:
Je voudrais maintenant passer à la page 146 où la vérificatrice générale mentionne des facteurs reliés à l'absence de rendement. Examinons-les brièvement.
Le premier est l'absence de coordination. Dans toutes les choses de la vie, il me semble essentiel d'avoir une bonne coordination et une bonne planification, ce qui fait économiser de l'argent et donne de meilleurs résultats.
Le deuxième est l'absence de continuité dans la gestion. Ceci me semble soulever le problème de la qualité de la gestion. Encore une fois, dans les choses de la vie, bonne gestion égale économies et meilleurs résultats.
Autre facteur, la consultation des gens avant d'agir. Encore une fois, c'est une source d'économies et de meilleurs résultats.
C'est la même chose en ce qui concerne la participation des membres des Premières nations aux consultations et à la prestation des programmes.
Et c'est aussi la même chose, enfin, en ce qui concerne un cadre législatif bien conçu. Un bon plan de départ permet toujours de réaliser des économies et d'améliorer les résultats.
J'ai l'impression que la vérificatrice générale a défini dans ces remarques un système global axé sur la focalisation des efforts et la clarté des objectifs. Il y a manifestement les améliorations possibles à ce chapitre. En outre, ce qu'elle recommande ne me semble pas exiger des budgets énormes. M. Drucker et M. Deming, probablement les meilleurs experts au monde en matière de gestion et d'administration, disaient qu'investir plus d'argent dans un mauvais système ne permet pas d'améliorer les résultats. Il y a beaucoup de choses ici qui ne concernent pas les finances mais dont on doit s'occuper.
Ai-je tort, Mme Fraser? Les questions que vous avez abordées sont-elles des questions d'argent ou simplement des questions de mauvaise gestion?
:
Merci, monsieur le président.
Je reviens sur votre dernière remarque, monsieur Leblanc, pour vous dire que je suis déçu d'apprendre que vous n'êtes là que depuis 18 mois. Pas déçu de vous personnellement mais déçu de ce que ça révèle. Ça veut dire que nous avons maintenant un tout nouveau ministre, avec un sous-ministre qui n'est pas là depuis très longtemps non plus. C'est un problème. Ce serait vraiment bien que l'un d'entre vous, gens de talent, puisse rester assez longtemps pour s'assurer que les choses changent vraiment.
Quoi qu'il en soit, je veux revenir sur la dernière chose que vous m'avez dite tout à l'heure. Je n'ai pas le texte de vos déclarations et on pourra vérifier mais je pense que vous avez pris un engagement très ferme au sujet de la mise en oeuvre du genre de stratégie dont je parlais et dont parlait la vérificatrice générale.
Je vais donc vous demander deux choses. Premièrement, cela veut-il dire que vous assumez la responsabilité d'être le chef de fil au sujet de cette stratégie et que votre ministère accepte d'en rendre compte? Deuxièmement, et c'est tout aussi important, donnez-moi une date butoir. Dites-moi quand je pourrai lire un rapport exhaustif à ce sujet.
:
Puis-je avoir votre attention, s'il vous plaît? La greffière vient de me dire que nous n'avons pas le quorum.
J'aimerais que ces deux questions soient traitées en priorité dès le début de la prochaine réunion. Je suis d'accord avec ces deux demandes, au fait.
L'autre possibilité -- et vous pouvez y réfléchir -- est reliée à la réunion du comité directeur de la semaine prochaine. Nous pourrions inviter le sous-ministre pour une très courte rencontre afin d'obtenir des réponses fermes sur ces questions qui restent pendantes après plus de deux heures de discussions. Pourquoi ne pas mettre ça à l'ordre du jour de la prochaine réunion?
Avant de lever la séance, j'ai des annonces à faire. Premièrement, les avis juridiques que nous attendions sont en cours de distribution. Vous les avez donc en mains.
Lundi après-midi, nous aurons une session d'information informelle sur les deux chapitres dont nous parlerons la semaine prochaine. Le premier concerne l'Agence du revenu du Canada, c'est-à-dire le recouvrement des dettes, et nous en traiterons mardi. Le deuxième sera à l'ordre du jour jeudi. Nous prévoyons une réunion de trois heures dont les deux premières seront consacrées à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, pour parler des baux du gouvernement, et la troisième sera consacrée à Margaret Bloodworth, James Judd et quelqu'un de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Ce sera la période de 13 heures à 14 heures, jeudi prochain.
C'est tout, je n'ai rien d'autre.
Encore une fois, je vous remercie, Mme Fraser, ainsi que vos collaborateurs, Mme Gosselin, M. Leblanc et vos collaborateurs.
Merci beaucoup. La séance est levée.