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Absolument. C'est à notre ordre du jour et c'est très bien; nous allons en parler, je vais nous garder du temps à la fin. Merci.
Comme nous en avons discuté à notre réunion de mardi, le comité a invité M. Kingsley à comparaître aujourd'hui pour discuter de la réponse que nous avons reçue du gouvernement à notre 13e rapport à la fin de la session, en juin dernier. Nous l'avons ici. De plus, ce mardi, le gouvernement a déposé le projet de loi , qui respecte plusieurs recommandations de notre comité. Ce projet de loi va nous être renvoyé après la seconde lecture. J'espère que les députés pourront se concentrer sur le rapport ainsi que la réponse du gouvernement et déterminer si nous voulons répondre à cette réponse plutôt que de se laisser distraire par le projet de loi C-31. J'espère que les députés vont réussir à se concentrer sur la réponse. C'est ce dont j'ai parlé à M. Kingsley, et je suis certain que c'est la bonne chose à faire.
Monsieur Kingsley, si vous êtes d'accord, nous aimerions commencer par votre déclaration préliminaire. Peut-être pouvez-vous nous présenter de nouveau vos collègues. Nous pourrons ensuite vous poser des questions.
Chers collègues, pour que tout le monde soit informé des règles avant que nous ne commencions, nous allons procéder à la ronde habituelle de questions et commencer par un tour de sept minutes selon la formule habituelle.
Monsieur Kingsley, je vous souhaite la bienvenue et vous remercie infiniment d'avoir accepté de revenir nous voir à si court préavis. Je vous suis reconnaissant de votre coopération et de votre diligence envers le comité. Je vous prierais de nous présenter vos collègues, après quoi nous pourrons commencer.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir été invité pour discuter du rapport de votre comité de juin 2006 intitulé « Améliorer l'intégrité du processus électoral : recommandations de modifications législatives » — c'est le titre que vous lui avez donné —, ainsi que de la récente réponse du gouvernement à ce rapport.
Je suis accompagné de Mme Diane Davidson, sous-directrice générale et première conseillère juridique, ainsi que de M. Rennie Molnar, directeur principal des Opérations, du registre et de la géographie.
La première moitié de ma présentation sera en français, et la deuxième, évidemment, en anglais.
Au moment d'élaborer son rapport, le comité a étudié la recommandation de modification à la Loi électorale du Canada que j'ai moi-même formulée dans mon rapport de 2005 au Président de la Chambre, intitulé « Parachever le cycle des réformes électorales ».
Plusieurs de mes recommandations ont été reprises par le comité et incluses dans son rapport, parfois avec des améliorations. Dans sa réponse, le gouvernement a également donné son appui à un grand nombre de propositions du comité et il a déposé un projet de loi pour y donner suite, soit celui dont vous venez de faire mention, monsieur le président: le projet de loi C-31.
Les domaines qui, selon le comité ou le gouvernement, méritent une étude approfondie, c'est-à-dire qui ne font pas partie du projet de loi, sont les suivants: un régime de radiodiffusion et de télédiffusion plus simple et plus juste; un examen général des règles électorales spéciales; des précisions à apporter à une des recommandations, soit l'élargissement du pouvoir de création des bureaux de scrutin itinérants par le directeur général des élections; la distribution de listes électorales annuelles et définitives à tous les partis enregistrés et admissibles; la simplification du processus administratif à suivre lorsqu'on veut proroger le délai de production des rapports financiers; et finalement, le droit de grève des employés d'Élections Canada.
Je crois encore fermement que ces domaines méritent notre attention mutuelle, et si le comité devait décider de poursuivre leur examen, je serais heureux de mettre à sa disposition les ressources de mon bureau, ainsi que de participer moi-même à vos délibérations.
J'aimerais maintenant dire quelques mots sur certains points soulevés par le comité, dans son rapport, ou par le gouvernement, dans sa réponse.
Dans la décision Sauvé, de 2002, la Cour suprême du Canada a restauré le droit de vote des détenus dans les établissements correctionnels fédéraux, les pénitenciers. Or, la Loi électorale du Canada ne prescrit pas de mécanisme permettant l'exercice de ce droit. Le gouvernement a rejeté la recommandation du comité qui consistait à étendre aux établissements fédéraux la procédure prévue actuellement pour les pénitenciers provinciaux. La modification requise à la loi n'ayant pas été acceptée, je propose de continuer d'adapter la loi à chaque élection, conformément aux dispositions prévues à cette fin, pour permettre le vote de ces détenus.
J'aimerais ajouter un commentaire qui n'est pas écrit dans le texte qui vous a été remis : j'apprécierais savoir si ce comité a des objections à ce que j'agisse ainsi.
J'incite également le Parlement à poursuivre sa réflexion sur cette question.
Je vais passer maintenant à la langue de Shakespeare.
[Traduction]
Dans son rapport, le comité a rejeté le libellé de la recommandation de 2005 où je proposais de conférer au directeur général des élections un pouvoir d'examen et d'enquête, au civil, pour vérifier les rapports financiers que la Loi électorale du Canada exige des entités politiques réglementées. Or, je reste convaincu que ce pouvoir devrait être accordé, vu l'importance accordée à la divulgation publique dans la loi et l'ampleur des remboursements versés sur le Trésor aux parties enregistrées qui s'acquittent de cette divulgation. Je suis évidemment tout disposé à réviser avec vous le libellé de cette recommandation.
Par sa réponse aux recommandations du comité, le gouvernement a proposé que les électeurs soient tenus de présenter une pièce d'identité avant de voter.
Cette exigence constituerait un changement de taille, et, si le Parlement décidait d'y donner suite, une grande précision serait de rigueur. En effet, les 65 000 scrutateurs du pays devront porter un jugement uniforme sur les pièces d'identité acceptables: au Canada, il n'y a qu'une définition de Canadien.
D'ailleurs, avant de concrétiser cette idée, il faudra déterminer exactement quelles entités constituent des entités ou des organismes gouvernementaux, quelles catégories de pièces d'identité gouvernementales portent le nom, l'adresse résidentielle et la photographie de la personne et quelle proportion des électeurs possède une carte de ce genre. De plus, je voudrai connaître les différents points de vue du Parlement avant d'autoriser de nouvelles catégories de pièces d'identité, surtout quand on considère que le scrutateur, à son bureau de scrutin, devra s'en tenir strictement aux directives qu'on lui aura données.
En conclusion de ces recommandations, le comité a signalé qu'il attendait un rapport de mon bureau sur les dispositions financières de la Loi électorale du Canada. Il a ajouté qu'une fois ce rapport reçu, il reviendrait sur sept questions précises, dans le cadre d'un examen général du financement électoral. Au nombre de ces questions figurent les cotisations des membres et les crédits fiscaux, ainsi que les reçus aux fins de l'impôt pour les contributions préélectorales.
En réponse à cette demande, je mettrai à la disposition du comité, d'ici 30 jours, un rapport portant expressément sur les sept sujets relevés par le comité. Il ne s'attardera toutefois pas aux autres dispositions de la Loi sur le financement électoral.
Les données d'Élections Canada sur le fonctionnement du régime de financement politique instauré en 2004 ont été mises à la disposition du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles chargé d'étudier le projet de loi — elles portent sur l'exercice de 2005. Si le comité le souhaite, je lui fournirai avec plaisir ces données.
Il faut toutefois noter qu'elles ne rendent pas compte d'un cycle électoral normal, puisque des élections générales ont marqué chacune des années depuis l'entrée en vigueur du nouveau régime. Autrement dit, c'est la raison pour laquelle je ne peux pas vous donner de rapport sur toutes les incidences et les ramifications du projet de loi , comme on le nommait à l'époque.
Enfin, j'ai déjà envoyé au comité, sous pli séparé, une lettre en date du 5 octobre que vous avez reçue pendant les délibérations du comité ce jour-là, sur les moyens que peuvent prendre les candidats pour savoir, le jour d'élection, quels électeurs sont allés voter. Je répondrai avec joie à toute question du comité sur ces renseignements.
J'aimerais également souligner que dans sa réponse, le gouvernement formule deux recommandations auxquelles il demande au directeur général des élections de réagir. La première porte l'avertissement que nous afficherions dans les bureaux de scrutin et qui s'ajouterait aux avis que nous affichons déjà pour préciser qu'il faut être canadien et avoir 18 ans pour voter. On me demande aussi d'ajouter qu'il est contre la loi d'agir autrement, que cela constitue un crime. J'ai l'intention de le faire dès que possible.
La seconde porte sur les instructions à donner aux fonctionnaires électoraux responsables de l'inscription le jour du scrutin. Nous leur en donnons déjà, monsieur le président, donc s'il y a quelque chose que je ne comprends pas, j'apprécierais que vous m'éclairiez.
Je vous remercie, monsieur le président. Cela vient clore mon exposé.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être ici, et je remercie M. Kingsley de sa déclaration.
Permettez-moi de soulever quelques enjeux, et nous pourrons y revenir sous diverses formes par nos diverses questions.
Je suis frappé par l'immobilisme qui suit la décision de la Cour suprême du Canada confirmant le droit des détenus des institutions fédérales de voter et notre apparente lutte à finir concernant leur pouvoir d'exercer ce droit. Vous m'avez donc intrigué par votre commentaire que vous alliez agir en vertu de la loi actuelle afin de leur assurer ce droit autant que vous le pouvez. J'aimerais en savoir un peu plus sur les obstacles qui se dressent et comprendre s'ils sont absolus dans certaines situations ou si vous avez les moyens de leur permettre de voter.
Ensuite, la réponse du gouvernement au rapport de notre comité et l'inquiétude exprimée sur ce qu'on appelle les « répondants en série », un terme de mauvais présage, au mieux, ont piqué ma curiosité. Je pense en particulier aux collectivités autochtones éloignées, où les gens n'ont souvent pas de carte d'identité, et aux incidences de ces dispositions sur leur droit de vote. On parle de l'interdiction d'un électeur pour lequel un autre électeur s'est porté répondant d'agir à titre de répondant. Si quelqu'un répond d'une autre personne, cette dernière ne peut pas répondre d'une autre.
Ma dernière observation dépasse un peu la portée de votre déclaration préliminaire. Comme vous le savez, le congrès à la direction du Parti libéral du Canada s'en vient, et il y a de la confusion, si je peux l'exprimer ainsi, sur la façon dont les frais de participation au congrès seront traités. On ne sait pas s'ils feront l'objet d'un reçu et si du coup, ils procureront un avantage à la personne qui les paie mais aussi, pour la même raison, seront déduits de sa contribution autorisée pour cette année. Je me demandais si vous pouviez nous éclairer. Je sais que vous avez récemment fait des déclarations à ce propos et je me demande si vous avez des déclarations définitives à faire.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, en ce qui concerne les prisonniers dans les pénitenciers fédéraux, à la lumière du jugement de la Cour suprême, j'ai adapté la loi selon mes pouvoirs, c'est-à-dire le pouvoir de l'adapter dans des circonstances imprévues ou des situations d'urgence. J'ai adapté la loi parce que le Parlement n'a pas eu l'occasion de la modifier en fonction du jugement de la Cour suprême.
Ce que je veux dire par là, c'est que comme il n'y a aucune modification proposée à la loi pour l'instant, j'ai l'intention de continuer à le faire, à moins que ce comité m'avise de ne pas le faire. C'est ce que je vous demande, parce que ce serait comme une extension de la définition de « circonstances imprévues » et de situation d'urgence, soit des cas dans lesquels la loi me permet d'intervenir pour l'instant.
Autrement, si je n'adapte pas la loi, les personnes touchées par cette décision devront demander des mesures correctrices aux tribunaux afin de rendre l'application du jugement de la Cour suprême obligatoire pour l'élection. C'est la raison pour laquelle je demande les conseils du comité.
Pour ce qui est des répondants en série, je crois que c'est une préoccupation pour tous les partis représentés à la Chambre. Il s'agit du pouvoir d'une personne de s'inscrire le jour du scrutin grâce à l'appui d'un répondant, puis de répondre de la personne suivante dans la file.
Cette mesure a des effets partout au Canada. Elle n'est pas particulièrement considérée comme un problème qui touche les Autochtones, à ce que je me souvienne. Je pense qu'elle toucherait tout le monde. J'ai l'impression que les parlementaires autour de cette table se doutaient qu'il s'agissait d'un problème et que du coup, ils ont perçu la réponse du gouvernement comme le reflet de la volonté du comité.
En ce qui concerne les frais de participation aux congrès, je n'ai rien à rajouter à ce que j'ai déjà dit sur l'interprétation des règles existantes et je ne veux rien rajouter non plus.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Kingsley, d'entrée de jeu, je voudrais émettre un commentaire. Nous demeurons fortement perplexes quant à l'exactitude des listes. La plus belle preuve en est que dans votre rapport de 2005, vous demandiez que la date butoir du 15 octobre, pour fournir les listes, soit reportée au 15 novembre. Je doute que vous ayez demandé cela simplement pour le plaisir. C'est donc que vous saviez qu'en date du 15 novembre, les listes seraient plus exactes et tiendraient compte du nombre considérable de déménagements au Québec.
Cela explique pourquoi nous proposions un amendement, au projet de loi , visant à changer la date d'élection suggérée dans ledit projet de loi, soit le troisième lundi d'octobre. C'est ce qu'on appelle « pleurer sur du lait renversé ».
Lorsque vous témoignerez à nouveau devant ce comité, après les prochaines élections, nous vous ferons de nouveau part de nos doléances en ce qui a trait à l'inexactitude des listes. Je vous informe à l'avance que si la population me fait encore confiance et que je siège encore à ce comité, je vous dirai : « Je vous l'avais dit! »
Cela étant dit, je veux revenir sur les cartes de bingo. Dans votre lettre du 5 octobre, j'ai le sentiment que vous vouliez rendre les choses plus compliquées qu'elles ne le sont en réalité.
Quelqu'un de votre bureau a-t-il parlé à M. Blanchet ou à un de ses représentants pour qu'il vous explique ce système? Considérez-vous que vous possédez une connaissance pointue du système de cartes de bingo au Québec?
Par exemple, vous avez dit qu'il faudra un photocopieur dans chacun des bureaux de vote. Connaissez-vous les formules qu'on appelle NCR, pour no carbon required? Au Québec, ils ont une feuille NCR. Le premier parti qui se présente reçoit la première copie et le deuxième reçoit la deuxième copie. Pourquoi faire cela compliqué, quand c'est simple?
Deuxièmement, selon vous, il en coûterait entre 10,6 millions de dollars et 23,5 millions de dollars pour engager quelqu'un qui gérerait tout cela. Pourquoi ne pas demander au greffier ou à la greffière présent dans le bureau de vote de rayer les noms sur les listes, tout en ayant près d'elle ou de lui la petite carte de bingo? Ainsi, cette personne pourrait inscrire que l'électeur no 28 a voté au cours des deux dernières heures. On n'aurait pas besoin d'engager du personnel.
Si vous dites que ce sont des dépenses pour des employés, certaines personnes se poseront sûrement la question à savoir s'ils sont devenus fous, en ce qui concerne les cartes de bingo. Je me suis renseigné : au Québec, c'est le greffier qui occupe cette fonction.
Vous dites que la liste est confidentielle. Or, ils ne remettront pas une photocopie de la liste, mais une feuille où il est inscrit 28, 128, 132, etc. Nous possédons les listes, et nous sommes en mesure de voir que l'électeur no 28 se nomme Jean-Pierre Kingsley et qu'il est venu voter entre 9 heures et 11 heures.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, en ce qui a trait à l'exactitude des listes, la lettre que j'ai écrite au comité — en date du 5 octobre, je pense; j'y ai fait référence tout à l'heure — indique très clairement qu'en ayant une date fixe prévue, on pourra entreprendre des mesures spéciales. Cependant, même avec ces mesures spéciales, la liste n'aurait pas tout à fait la même exactitude que la liste qu'on aurait préparée pour le 15 novembre, même sans mesures spéciales. Alors, j'ai fait preuve d'une grande clarté à ce sujet. Le comité en a pris connaissance de cela quand il a voté en faveur du projet de loi tel qu'il existait.
J'ai fait d'autres recommandations et d'autres suggestions au comité, mais il les a laissé tomber; je n'ai pas de problème face à cela. Toutefois, le comité a été informé précisément de l'exactitude de la liste. C'est écrit dans la lettre. Alors, la décision que vous avez prise ne me pose pas de problème, mais je ferai tout mon pouvoir pour avoir une liste aussi exacte que possible.
Aurait-il été mieux d'attendre? Je pense que c'est la suggestion qui était sous-entendue dans ma lettre.
Deuxièmement, en ce qui a trait aux cartes de bingo, il ne faut pas mêler les scénarios. Pour les cartes de bingo, on ne prévoyait pas la nécessité d'avoir des photocopieuses. On comprend le système. D'ailleurs, votre représentant a eu la gentillesse de nous apporter une carte de bingo, lors d'une séance du comité consultatif qui a eu lieu il y a deux semaines. Donc, j'ai une connaissance du système, je l'ai vu. On me l'a expliqué.
Nous avons communiqué avec le Bureau du directeur général des élections du Québec pour comprendre comment fonctionne le système, évidemment, avant de répondre, parce qu'il est important que nous vous fournissions des renseignements aussi exacts que possible.
Troisièmement, si je pouvais l'adapter au système actuel, je le ferais. Si je savais comment faire, je le ferais, parce que je fais toujours tout ce que je peux pour aider les candidats et les candidates, tout comme les électeurs. C'est ma mission dans la vie, dans le poste que j'occupe. Alors, si, en discutant, on trouvait une façon de le faire, même en apportant des modifications, j'aimerais poursuivre dans cette direction.
Mais quand vous vous référez au modèle québécois, sachez que celui-ci prévoit l'ajout de deux personnes rémunérées pour faire cette tâche. Nous avons calculé qu'une personne rémunérée coûte 10,8 millions de dollars. C'est ce que cela représente. Pouvons-nous le faire sans avoir une personne rémunérée?
Je dois aussi tenir compte du fait que le comité veut ajouter les pièces d'identité au processus électoral, ce qui va évidemment imposer plus de travail aux bureaux du scrutateur et du greffier. Mais s'il y avait un moyen de le faire, je vous dis tout de suite que je serais d'accord pour participer, parce que je sais que cela pourrait vous aider.
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Je vous remercie beaucoup et je remercie mon collègue M. Godin de me permettre d'être ici aussi; je ne siège habituellement pas à ce comité.
Certaines des propositions qui ont été faites m'inquiètent beaucoup.
Dans votre mémoire, monsieur Kingsley, vous parlez de la disposition sur les cartes d'identité et dites qu'elle constituera un changement de taille dans le fonctionnement des bureaux de scrutin, je suis tout à fait d'accord. Vous parlez aussi du jugement à faire appliquer et vous vous demandez s'il sera appliqué uniformément — environ 65 000 personnes sont concernées. Il y a toutefois un problème que vous n'avez pas soulevé, un problème qui m'inquiète beaucoup, c'est-à-dire que si nous adoptons ce système, nous risquons de priver de leur droit des milliers de personnes, principalement des personnes à faible revenu ou sans-abri, qui pour une raison ou une autre, n'ont pas de pièce d'identité.
À Vancouver-Est, par exemple, comme vous le savez, nous nous fions à des déclarations obligatoires, et il y a des avocats sur les lieux le jour de l'élection qui viennent de divers organismes — c'est très impartial —, et cette déclaration obligatoire est suffisante pour que le scrutateur accepte que la personne est qui elle est, qu'elle a une adresse, qu'elle n'a pas d'autre pièce d'identité. M. Owen parle des collectivités isolées, des collectivités autochtones, et j'ai très peur que les exigences sur les pièces d'identité, particulièrement si l'on dit qu'il faut une pièce d'identité avec photo ou deux pièces d'identité sinon, aient pour effet de priver de leur droit beaucoup de personnes des collectivités à faible revenu. Je vous demande donc si nous utilisons le bon outil pour régler le problème. Si le problème en est un de votes multiples ou d'électeurs qui répondent de multiples personnes, il faut à coup sûr trouver un moyen de le régler sans pénaliser les personnes qui n'ont légitimement pas de pièce d'identité et qui passent des heures à faire la file pour voter.
Je vous ai fait parvenir de l'information sur divers problèmes électoraux que nous avons eus, et c'est très grave. J'ai très peur qu'en adoptant ce nouveau principe électoral, nous changions non seulement le fonctionnement des élections, mais notre façon de donner le droit de vote aux gens. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Comme je ne suis pas un membre régulier de ce comité, je fais appel à votre indulgence. J'aimerais discuter de quelques sujets qui concernent les élections, mais qui ne sont pas nécessairement à l'ordre du jour de la réunion, car j'ai rarement la chance de pouvoir parler au directeur général des élections.
J'aimerais vous exposer quelques situations qui peuvent se produire lorsque des élections ont lieu. L'une d'elles concerne les pièces d'identité, un sujet que nous avons déjà abordé. Je suis d'accord avec le principe d'exiger des pièces d'identité, mais pour aller dans le sens de l'argument soulevé par M. Owen, je vous souligne que bien des localités des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ne sont même pas accessibles par la route, ce qui fait que la plupart de leurs résidents n'ont pas de permis de conduire. Les jeunes n'ont pas non plus de permis de conduire. Comme ces gens n'ont pas vraiment accès à des pièces d'identité, voilà un problème qu'il faudra résoudre.
Les listes électorales sont également une source de préoccupation dans notre région. Je suis favorable au concept d'une liste électorale permanente. Je crois seulement qu'il nous faut y apporter des améliorations parce que d'une fois à l'autre, vous retrouvez des gens qui ne résident plus au même endroit, qui ont déménagé, qui ont plus d'enfants qu'ils sont censés en avoir, etc.
Les hôpitaux en région rurale posent également un problème sérieux. Il est vrai que toutes les personnes hospitalisées ont la possibilité de voter mais, pour chacune de ces personnes, il faut compter entre cinq et dix visiteurs, selon la gravité de son état. Et on ne sait jamais à l'avance quand on va se retrouver aux urgences. Ces personnes doivent parfois parcourir une centaine de kilomètres parce qu'il y a un seul hôpital dans tout le Yukon, un territoire plus vaste que n'importe quel pays d'Europe. Les visiteurs viennent de toutes les régions du Yukon, ce qui fait qu'ils sont absents de leur circonscription le jour du scrutin et perdent ainsi leur droit de voter. Il est bien évident que ces personnes ne feront pas plus de 100 kilomètres pour retourner voter et il est encore plus évident qu'elles n'abandonneront pas sur son lit de mort un proche qui a le malheur de se retrouver là le jour d'un scrutin.
Je ne sais pas si les cartes d'électeur sont toujours utilisées. En tant que candidat, je ne connais pas trop les rouages du système électoral, mais je sais que ces cartes ont causé des problèmes dans le passé. Elles sont expédiées par la poste et, dans notre région, il y a beaucoup de ces boîtes postales communes où les gens jettent tout le courrier qui ne les intéresse pas et tous les envois qui ne sont pas identifiés à leur nom. Vous vous retrouvez ainsi avec une pile de cartes d'électeur dans laquelle les gens peuvent simplement puiser pour aller voter.
Mon dernier point concerne le projet de loi C-16. En votre qualité de directeur général des élections, je ne doute pas que vous ayez conscience des problèmes qui surviennent lorsque deux élections se déroulent simultanément. Ce n'est pas une situation très pratique au Canada. C'est une grande source de confusion pour les électeurs. Il y a déjà assez de complications avec une seule élection quand on pense au recensement, au vote par anticipation et à tout ce qui s'ensuit.
Malheureusement, le projet de loi C-16 ne comporte pas de dispositions permettant d'éviter de telles situations. La première fois que le cas se produira, on fixera la date à trois jours d'une élection au Yukon. Je suggérerais que l'on modifie ce projet de loi pour permettre de déplacer la date des élections d'un mois, plutôt que de trois jours seulement, de telle sorte que les élections ne se chevauchent pas. Je pense que c'est une solution qui apparaît logique pour tout le monde.
Je ne sais pas si vous avez des commentaires à formuler à cet égard, mais ce sont des situations qui se sont produites à l'occasion d'élections dans ma région.
J'aurais tout d'abord un bref commentaire à formuler. Je ne suis pas vraiment d'accord avec ce qu'avançait Mme Davies. Elle a fait valoir que nous allions utiliser des moyens draconiens pour régler un problème qui n'existe pas nécessairement. Elle ne fait même pas partie de notre comité. Nous sommes parvenus à convenir plus ou moins unanimement qu'il existait bel et bien un problème de fraude électorale. Et voilà qu'elle arrive ici en soutenant que le problème n'en est pas vraiment un et que nous prenons des mesures draconiennes pour le régler.
D'autre part, je veux qu'il soit porté au compte rendu que je conviens avec elle que le droit de vote est un droit fondamental pour les citoyens canadiens. Le droit de suffrage est important et nous ne voulons surtout pas que des gens en soient privés de façon inappropriée. Cependant, la qualité de citoyen canadien est assortie de certaines responsabilités que nous avons tous tendance à oublier trop souvent. L'une de ces responsabilités consiste à être en mesure de prouver son identité. Mais, bonté divine, pouvez-vous me dire jusqu'où cela va nous mener? Allons-nous prétendre que les gens qui ne peuvent prouver leur identité vont tout de même conserver ce droit de vote inaliénable? Voilà, c'était ma petite diatribe en réponse à Mme Davies.
Au cours du dernier congé estival, j'ai participé à un voyage en Afrique du Sud où nous avons eu l'occasion de rencontrer les membres de la commission électorale. J'ai été ébahi par le degré de perfectionnement de leur système. Ils utilisent des cartes d'identité de l'électeur avec photo. Ils sont allés bien au-delà de ce qui est suggéré dans notre rapport, ou même dans le . Ils ne se sont pas contentés d'un permis de conduire ou de deux autres pièces d'identité sans photo. Ils ont rendu obligatoire une carte d'identité avec photo que les gens doivent avoir en main lorsqu'ils se rendent au bureau de scrutin. En outre, pour restreindre encore davantage les risques de fraude, le pouce de chaque électeur est marqué à l'encre. Vous ne pouvez donc pas, à moins de vous faire couper le pouce, voter plus d'une fois.
Je vous demande donc, à la lumière de votre réponse à notre rapport, et par extension au , si vous croyez que ce projet de loi va suffisamment loin. Combien d'autres pays du monde ont emboîté le pas à l'Afrique du Sud et pris les précautions nécessaires pour s'assurer que les électeurs ont bel et bien le droit de voter?
[Français]
Monsieur Kingsley, je comprends bien votre rôle. Un de vos objectifs est l'intégrité du processus. Autrement dit, un de vos objectifs est que tout le monde ait une chance égale et qu'il n'y ait aucune forme de partisanerie. Vous avez également un sous-objectif, qui en découle, la fluidité du vote. Vous ne voulez pas, comme on s'en est plaint au cours d'élections précédentes, qu'il y ait des files d'attentes. Vous voulez que ça roule. Je pense qu'on pourrait intégrer la feuille de bingo sans engager de personnel. Voici comment.
Il y a une scrutatrice et un greffier. Si l'électrice, qui pourrait s'appeler, par exemple, Diane Davidson, se présentait devant eux, ils lui demanderaient une preuve d'identité avec photo. Elle présenterait son permis de conduire du Québec, sur lequel apparaîtraient sa photo, sa date de naissance et son adresse. Pendant qu'elle serait derrière le rideau, dans l'isoloir, personne d'autre ne pourrait se présenter à la table. Vous êtes d'accord avec moi. Les autres électeurs seraient dans la file, à l'entrée du bureau de scrutin. Pendant que Diane Davidson, l'électrice no 28, voterait dans la section de vote 326, par exemple, la greffière, la scrutatrice pourrait faire un « X » à côté du chiffre 28, sans qu'on doive engager de personnel additionnel.
On aurait ainsi préservé la fluidité du vote. On n'aurait pas à remettre de liste confidentielle, on n'aurait pas besoin de photocopier des cartes NCR. Pour les ajouts au bas de la liste, si des numéros étaient donnés — par exemple, de 622 à 630 —, Diane Davidson aurait été ajoutée lors de la révision. On aurait prévu des lignes supplémentaires et on ajouterait le numéro 622 à la main pour indiquer qu'elle est venue voter. On n'embaucherait personne, la confidentialité serait respectée et on assurerait la fluidité du vote.
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Merci, monsieur le président.
Il est dommage que je doive utiliser le temps dont je dispose pour cela, mais je vais commencer par commenter les propos tenus par en ce qui a trait à l'intervention de . Elle ne fait pas partie du comité, mais elle a posé une question. Il faut se rappeler qu'on lui a donné la permission de poser cette question. Il faut se rappeler qu'elle est une députée de la Chambre des communes et que ce n'est pas la première fois qu'un député qui ne fait pas partie d'un comité se présente. Assez souvent, de nouveaux députés conservateurs se présentent, et on ne fait pas de tels commentaires. Je pense qu'elle a fait part de son opinion respectueusement.
Le problème que Mme Davies a soulevé est que dans notre pays, peut-être un des plus beaux pays du monde, il y a beaucoup de sans-abri, dans certaines régions. Cette réalité sévit dans la circonscription de Vancouver-Est.
Moi aussi, je suis allé en Afrique du Sud et j'ai vu ce qui se passe là-bas. On ne prend pas les empreintes digitales, on met de la teinture sur le pouce et elle est visible pendant une semaine. Mais s'ils ne l'utilisent lors des deux semaines précédentes, c'est bien dommage mais le pouce est lavé, ils n'ont pas besoin de le couper. On a le même problème. On parle du problème des gens qui auraient pu voter à l'avance et qui, la journée de l'élection venue, votent de nouveau. Ce pourrait être un des problèmes.
J'aimerais revenir à la question de . Il est vrai qu'on a discuté de certaines choses et qu'on a fait des recommandations. Toutefois, nous faisons rapport aux députés de la Chambre, qui peuvent aussi avoir une opinion différente. Je pense que la question qu'elle vous a posée était claire. Y a-t-il eu un problème relativement aux gens qui votaient? Selon vous, personne n'a formulé de plainte ou aucune plainte n'était fondée. Je pense que la question était légitime. J'aimerais entendre vos commentaires.
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J'ai en fait deux questions.
Monsieur Kingsley, je suis à la recherche d'une solution pratique. Je veux bien croire que l'on ne vous ai pas nécessairement fourni d'éléments de preuve indiquant qu'il y a eu fraude électorale, mais je pourrais vous parler de plusieurs interventions en ce sens par mes collaborateurs. Pour prendre l'avion, ce qui j'en conviens n'est pas tout à fait à la portée des sans-abri, vous devez produire une pièce d'identité avec photo. Je sais qu'en Ontario, les gens qui n'ont pas permis de conduire peuvent tout de même faire des achats à la LCBO. C'est l'une des pièces d'identité avec photo reconnue pour prouver qu'une personne est majeure. Et je me réjouis de voir que vous proposez l'utilisation de ce genre de preuve d'identité pour les élections.
Vous avez parlé d'un milliard de dollars pour mettre en oeuvre le système de carte d'identité avec photo au Mexique, mais il ne faut pas oublier qu'il y a d'autant d'habitants dans la seule ville de Mexico que dans tout le Canada. Alors, l'échelle n'est pas tout à fait la même. Dans ce contexte, je me demande si nous ne pourrions pas envisager l'utilisation des pièces d'identité émises par d'autres instances.
Le phénomène des répondants en série pose un véritable problème. Je ne sais plus si c'est M. Preston ou M. Lukiwski qui a parlé de cette personne qui se présente avec un autobus bondé en soutenant qu'elle connaît tous les occupants et qu'elle se porte garante de chacun d'entre eux. Je viens de la grande agglomération urbaine de Kitchener. Les sans-abri y fréquentent encore les refuges. Il y a des personnes qui interagissent quotidiennement avec eux, que ce soit à la St. John's Kitchen ou dans une autre soupe populaire, et qui sont en mesure de les identifier. Il me semble qu'il y a des façons de contourner le problème, sans oublier les commentaires de Larry concernant les régions éloignées.
Je tiens à souligner — et je regrette que Libby ne soit plus des nôtres — qu'il y a eu des cas au centre-ville de Toronto où des personnes se sont présentées avec un exemplaire du Time ou du Maclean's dont l'étiquette d'adresse a été acceptée comme preuve d'identité: « Je suis l'un des Scott Reid sur votre liste et voici mon adresse ». Je pense qu'il est vraiment important de pouvoir compter sur un moyen plus juste d'établir l'identité de tous les électeurs.
En réponse à une question de M. Owen, vous avez parlé tout à l'heure des détenus sous responsabilité fédérale. Quelle proportion des personnes incarcérées arrivez-vous à rejoindre? En sachant que vous jugez adéquats les moyens mis en oeuvre actuellement à cette fin, pouvez-vous nous dire combien de prisonniers ont maintenant la possibilité de voter?
Est-ce que notre président veut laisser entendre que les photos apparaissant sur les affiches de criminels recherchés peuvent servir de pièces d'identité. Les bonnes idées se font tellement rares de nos jours.
J'aimerais faire un commentaire avant de poser une question au directeur général des élections.
On discute actuellement de la possibilité de tenir des élections à date fixe au Canada. Dans un tel cas, les gens auraient davantage de temps pour se procurer une pièce d'identité avec photo, si cela leur est possible et s'ils n'en ont pas déjà une. Bien que tous les problèmes ne seraient pas ainsi réglés, cela permettrait tout au moins d'offrir cette possibilité aux gens et de nous donner l'occasion de faire le nécessaire pour qu'ils en tirent parti dans toute la mesure du possible. Je pense qu'il s'agit là d'une responsabilité qui nous incombe en tant que parlementaires.
Je veux parler un peu de tout le concept des preuves d'identité des électeurs et des préoccupations qui s'ensuivent pour les gens n'ayant pas d'adresse fixe — les itinérants — étant donné que tous ces dossiers n'évoluent pas en vase clos au Canada. Des mesures ont été prises en ce sens au Québec et j'ai l'impression, comme c'est le cas pour bien des aspects de la loi électorale, que les Québécois font très bien les choses à ce chapitre.
Bien que je ne réside pas moi-même au Québec, j'ai cru comprendre qu'on y avait reconnu le fait que le phénomène de l'itinérance à grande échelle avait généralement tendance à se manifester davantage dans certains secteurs précis. On a ainsi permis l'ouverture de bureaux de scrutin dans certains endroits où on était plus susceptible de retrouver un grand nombre d'itinérants — à l'échelon fédéral, on pourrait parler du secteur représenté par Libby Davies. Il s'agit essentiellement de cibler les gens qui ne possèdent pas les pièces d'identité voulues et qui n'ont pas d'adresse fixe pour les diriger vers des fonctionnaires électoraux ayant reçu une formation spéciale à cet égard.
Dans un secteur comme celui que je représente, il y a un petit nombre d'itinérants, mais ce sont généralement des gens qui dorment là où ils peuvent — des adolescents ne pouvant plus vivre avec des parents qui les maltraitent, et des choses du genre — et c'est un phénomène observable à beaucoup plus petite échelle.
J'estime qu'il y a certains enseignements précieux à tirer de l'expérience du Québec. J'aimerais donc savoir, monsieur Kingsley, s'il serait possible de cerner les secteurs où cette situation est susceptible de se présenter et de s'attaquer au problème de manière à atténuer le plus possible les préoccupations du genre de celles soulevées par Mme Davies.
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C'est fantastique. Merci, monsieur le président.
Vous avez bien fait de comptabiliser mon temps de parole. J'ai maintenant droit à cinq minutes.
[Français]
Bonjour monsieur Kingsley, bonjour madame Davidson, bonjour monsieur Molnar.
Monsieur Kingsley, j'ai cru comprendre qu'on vous avait déjà mentionné que la décision que vous avez rendue en ce qui a trait à ce qu'on appelle communément, dans le jargon électoral, les cartes de bingo nous posait problème. Vous allez me permettre de vous adresser mes doléances en anglais. Ce n'est pas par manque de respect pour les interprètes, mais je pense que nos collègues de langue anglaise ont de la difficulté à bien saisir, quand ils écoutent la traduction simultanée. En effet, je vais utiliser des termes très techniques portant sur les élections.
[Traduction]
Quand nous parlons de cartes de bingo au Québec ou ailleurs, nous parlons du système qui permet de retracer l'électeur. Autrement dit, Mme Tartempion se rend au bureau de scrutin. Elle est l'électeur numéro 33 sur la liste. Quelqu'un coche une petite carte, que nous appelons carte de bingo, parce qu'à l'origine, il s'agissait d'une feuille de papier qui contenait les chiffres 1 à 300, ou le nombre d'électeurs inscrits. Il y avait 300 cases, ce qui fait qu'elle ressemblait à une carte de bingo. Vous ne pouviez rien gagner, sauf peut-être l'élection.
Donc, Mme Tartempion se rend au bureau de scrutin. Elle est l'électeur numéro 33. Elle vote et quelqu'un coche le numéro 33, ainsi de suite. Ensuite, à chaque heure ou deux, les cartes sont acheminées au quartier général par nos représentants et messagers. Une fois rendues au bureau électoral, nous savons que dans tel bureau de scrutin, l'électeur 33, qui est Mme Tartempion, a déjà voté. Par conséquent, nos téléphonistes, notre personnel électoral, notre candidat n'ont pas à demander, à téléphoner, à envoyer quelqu'un chez Mme Tartempion pour l'encourager à aller voter. Ce système nous aide à retracer les personnes qui ont voté. Il nous permet d'additionner les votes au cours de la journée.
Vous avez dit qu'il faudrait installer des photocopieuses dans tous les bureaux de scrutin. Ce n'est pas nécessaire. Vous avez parlé de la liste des électeurs et des renseignements personnels qui pourraient être divulgués. Il n'y a aucun risque. Nous parlons ici de quelque chose de complètement différent, d'une carte qui comprend uniquement des chiffres, de sorte que la personne qui n'a pas déjà en main la liste des électeurs ne sait pas à qui correspond ce numéro. Donc, vous n'avez pas besoin de photocopieuses ou de feuilles NCR. Vous n'avez pas à vous inquiéter de la divulgation de données personnelles. Rien n'est dévoilé. Ce sont uniquement les chiffres qui circulent.
J'ai proposé que le comité invite des fonctionnaires de la ville de Gatineau, qui est située de l'autre côté de la rivière. D'après le système qu'ils utilisent, les candidats n'ont pas à envoyer des représentants dans les bureaux de scrutin le jour de l'élection. Au fur et à mesure que la journée progresse, ils vérifient automatiquement la liste afin de s'assurer que les numéros correspondent aux électeurs. À chaque heure ou deux, ils remettent la liste aux représentants des candidats. Il s'agit d'une façon de faire peu coûteuse. Ils sont de l'autre côté de la rivière. S'ils veulent vous faire payer le taxi, j'irai moi-même les chercher. Ils pourraient venir vous expliquer le système.
Je crois comprendre que le comité va inviter le Québec à envoyer son directeur général des élections... Le comité devra prendre une décision à ce sujet. On pourrait peut-être vous convoquer en même temps, pour que tout le monde soit sur la même longueur d'ondes, et pour voir aussi si vous seriez prêt à instaurer un tel système.
Si cela risque de coûter plusieurs millions de dollars, vous ne voudrez pas le faire, et le gouvernement non plus, et je comprends. Toutefois, si nous adoptons le modèle utilisé par le Québec ou par une municipalité comme Gatineau, nous n'aurons pas à engager des fonds additionnels. Ce système serait utile. Il ne serait pas nécessaire d'avoir tous ces représentants dans les bureaux de scrutin.
Merci.