:
C'est exactement ce que nous ferons, et nous le ferons aujourd'hui.
Cela dit, nous allons nous écarter de notre sujet quelque peu. Une réunion est prévue lundi, et certaines personnes ont demandé de conserver cette réunion et d'entreprendre immédiatement l'étude article par article. Si c'est ce que les membres du comité souhaitent faire, nous sommes prêts. Toutefois, je vous demanderais une chose. Après les témoignages d'aujourd'hui, si l'un d'entre vous a entendu quelque chose qui le mène à formuler un amendement, je pense qu'il serait logique d'envoyer cet amendement à la greffière d'ici 17 heures aujourd'hui.
Je vois des hochements de tête; nous pouvons le faire. Cela nous permettra de déterminer la pertinence de l'amendement, de le faire traduire et de le transmettre à tous les membres du comité avant l'étude article par article, lundi matin.
Tout le monde est satisfait?
Merci beaucoup, chers collègues.
Ce matin, nous poursuivons nos travaux. Je tiens à vous informer qu'un déjeuner sera servi. Si nous avons besoin de ce temps pour poursuivre la séance, nous le ferons; mais si nous avons le temps de conclure, nous pourrons simplement profiter du déjeuner. Bien entendu, nos invités pourront rester. Même s'il se peut que vous soyez sur la sellette lorsque vous répondrez aux questions, n'hésitez pas à vous lever pour vous servir. Nous avons réservé la salle jusqu'à 14 heures, ou aussi tard que possible, et bien entendu, nous terminerons à temps pour la période des questions.
Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 28 mai, le comité reprend maintenant son étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada (responsabilité en matière de prêts).
Je demanderais à nos invités de commencer par se présenter. Nous allons commencer de ce côté-ci avec M. Carroll. J'aimerais que vous vous présentiez, de même que l'organisation que vous représentez, puis je vous guiderai pour la suite.
Monsieur Carroll, je vous prie.
:
Je tiens à remercier le comité de me permettre de présenter une communication aujourd'hui. Je suis accompagné de M. Jack Siegel, avocat-conseil du Parti libéral et militant libéral de longue date.
[Traduction]
Je ne vous offrirai pas une opinion très approfondie du projet de loi, puisque les membres libéraux du comité sont beaucoup mieux placés que moi pour le faire; j'aimerais toutefois vous faire part de certaines réflexions au sujet des conséquences, prévues ou non, de l'adoption du projet de loi.
Selon le libellé actuel de l'article 405.5, il est interdit de consentir un prêt ou de se porter caution pour les partis enregistrés, les associations enregistrées, les candidats, les candidats à la direction d'un parti et les candidats à l'investiture, sauf lorsque le prêteur est une institution financière ou lorsque le prêteur ou la caution est un particulier qualifié, limité à un prêt ou à un cautionnement de 1 000 dollars — c'est-à-dire 1 000 dollars corrigés en fonction de l'inflation. Autrement dit, les seuls prêts de plus de 1 000 dollars permis doivent être consentis par des institutions financières, mais celles-ci ne peuvent pas accepter de cautionnement de plus de 1 000 dollars. Il faut alors se demander comment il faut s'y prendre pour obtenir un tel prêt et ce n'est pas une mince affaire. Selon nous, il serait pratiquement impossible pour un candidat d'obtenir un tel prêt, à moins de pouvoir obtenir plusieurs cautionnements de 1 000 dollars que le prêteur accepterait. M. Siegel a d'ailleurs confirmé cette information auprès des services juridiques de l'une des principales banques.
Selon nous, cette disposition serait tout à fait inapplicable en période électorale. Tous les membres du comité savent que dès qu'un bref électoral est émis, on veut dépenser de l'argent. On veut acheter des panneaux, imprimer des documents et louer un bureau de campagne pour lequel il faudra, à tout le moins, verser un acompte dès le départ. Cela représente plus de 1 000 dollars, et il faut l'obtenir immédiatement. Le projet de loi comporte une exception, de sorte qu'un candidat peut prêter 2 000 dollars à sa propre campagne, mais ce ne sera tout de même pas suffisant.
Pour qu'une banque envisage même de consentir un prêt, il faut réunir des cautionnements de 1 000 dollars. Mais souvenez-vous que chaque caution d'une somme de 1 000 dollars ne peut pas, par la suite, faire une contribution à la campagne, en plus du cautionnement. Vous pouvez vous référer au paragraphe 405.5(4), et en particulier à la partie commençant par le mot « Toutefois ».
Le candidat se tournera ensuite vers son association de circonscription. Après tout, celle-ci peut transférer des fonds à la campagne, pour rembourser ses dépenses. Mais il est également important de lire la Fiche de renseignement 5 d'Élections Canada. On peut y lire ce qui suit, au paragraphe 19 :
Les associations enregistrées peuvent céder des produits, des services et des fonds (à l'exclusion de fonds détenus en fiducie) à un candidat soutenu par le parti auquel elles sont affiliées et dont la nomination a été confirmée par le bureau de scrutin.
Ainsi, l'association de circonscription ne peut transférer des fonds à la campagne d'un candidat qu'une fois que la nomination a été confirmée par le directeur du scrutin. Il est rare qu'un bureau de scrutin soit ouvert le jour où le bref électoral est émis. On peut présenter des documents ce jour-là, mais le directeur du scrutin doit valider les documents de nomination et comparer 100 signatures à une liste d'électeurs. L'association ne dispose donc d'aucun fonds à transférer.
Le paragraphe 405.5(5) proposé permet à une association enregistrée de consentir un prêt à un candidat, mais Élections Canada semble toujours interpréter le terme « candidat » dans son contexte financier, c'est-à-dire comme étant quelqu'un dont les documents de nomination ont été confirmés. Ainsi, il semble qu'il y aura inévitablement des délais.
La seule façon d'obtenir de l'argent dès le début de la campagne serait alors de recueillir des contributions directes faites par des donateurs qualifiés à votre agent officiel. Mais selon la circulaire en matière d'impôt sur le revenu de l'Agence du revenu du Canada,
Les agents officiels peuvent délivrer ces reçus uniquement pour les contributions monétaires reçues entre le jour où le candidat est confirmé par le directeur du scrutin et le 30e jour après le jour du scrutin.
Ainsi, ces contributions ne donneraient pas droit à un reçu aux fins de l'impôt qu'une fois que les documents sont confirmés. Il est très peu probable que la plupart des donateurs fassent ces contributions et renoncent à leur crédit d'impôt.
Toute partisanerie à part, nous croyons que ça ne fonctionne pas. En général, les candidats ne présentent pas leurs documents au tout début d'une période électorale. Après tout, lors d'une campagne d'au moins cinq semaines, ils ont jusqu'au lundi, trois semaines avant les élections, pour le faire. En général, dans notre parti, un très grand nombre de candidats ne présentent leurs documents qu'à la toute dernière minute. Sans prêt, l'argent nécessaire pour mener une campagne au niveau local pourrait tout simplement être impossible à obtenir pendant les deux premières semaines d'une campagne — nous nous posons d'ailleurs la question rhétorique de savoir si l'octroi des crédits constituerait un prêt aux termes du projet de loi.
Ensuite, il est aussi important de tenir compte des partis enregistrés. La question des garanties de prêts n'est pas un problème, puisque les agents principaux de la plupart des grands partis cautionnent des prêts pendant une campagne grâce aux remboursements que les partis finissent par recevoir. Ces remboursements sont versés à l'agent principal du parti, et c'est lui qui distribue l'argent. Trois des quatre partis parlementaires représentés ici ont comme agent principal une société. En vertu du projet de loi, ils ne pourront pas émettre de cautionnements. Mais ces sociétés ont sans doute de bons avocats qui pourront structurer les prêts de titres de façon à ce qu'ils ne constituent pas des cautionnements.
Mais cela ne reviendrait-il pas à faire de façon indirecte ce que l'on ne peut pas faire de façon directe? Si oui, pourrait-il alors s'agir d'une infraction à l'article 405.2 du projet de loi?
Encore une fois, toute partisanerie à part, nous nous demandons s'il s'agissait réellement de l'intention du gouvernement et nous vous incitons donc à examiner cet article du projet de loi en profondeur.
Pour ce qui est de l'article 405.7 proposé, d'un point de vue réaliste, le projet de loi porte sur les prêts bancaires de plus de 1 000 dollars. Nous ne connaissons aucune institution financière qui prête de l'argent sans conclure d'accord prévoyant le remboursement. Ainsi, même si l'article 405.7 ressemble à de nombreuses autres dispositions du projet de loi, il semble que le fait de considérer un prêt comme étant une contribution 18 mois après la date à laquelle il a été consenti ne s'appliquerait jamais à de tels prêts.
Je suis certain que les membres libéraux du comité proposeront d'autres amendements, mais j'aimerais en proposer un pour qu'il soit examiné par les membres du comité. Toutes les limites de contributions figurant actuellement dans la loi électorale sont annuelles, sauf dans le cas des candidats à la direction d'un parti.
[Français]
Le Parti libéral est peut-être le premier de tous les partis représentés ici à avoir comme nous, dans le cadre de ses règles, une campagne réussie pour sa direction, mais on peut présumer que tous les autres partis suivront tôt ou tard.
S'il n'est désormais plus possible aux directions des partis au Canada d'obtenir des prêts, la solution serait alors de modifier les dispositions de la loi concernant les dons faits au Canada à la direction de façon à les harmoniser avec les autres dispositions relatives aux limites des dons. Autrement dit, il faudrait fixer une limite annuelle, au lieu d'une limite pour la durée de la campagne à la direction d'un parti.
[Traduction]
En permettant aux candidats à la direction d'un parti de recueillir de l'argent avant une campagne afin qu'ils n'aient pas à emprunter pour entreprendre leur campagne et pour qu'ils puissent régulariser leurs contribution en vue du remboursement de leurs prêts après la campagne, le cas échéant, la disposition sur les prêts peut s'avérer moins importante.
J'espère que le comité se penchera sur cette suggestion. Je crois comprendre que les amendements nécessaires seront fournis par écrit par les membres libéraux du comité en temps opportun.
[Français]
Merci beaucoup.
:
Merci de cette invitation qui nous permet de vous transmettre notre opinion sur le projet de loi C-54.
Le Bloc québécois appuie le principe du projet de loi, qui vient baliser les règles entourant les prêts. Ce faisant, il assure le respect des règles de financement, qui ont grandement évolué au cours des dernières années au fédéral. Ce projet de loi vise aussi à éviter que des prêts obscurs, voire frauduleux au sens de la loi, soient faits. Cependant, l'application de certains articles — souvent, le diable est dans les détails — cause des problèmes.
Le projet de loi définit trois prêteurs : le citoyen, dans la limite des plafonds de ses contributions; les institutions financières et les partis politiques.
En ce qui concerne les institutions financières, elles ont développé au fil des ans des barèmes, des règles et des méthodes d'évaluation du risque qu'elles peuvent appliquer à ceux qui sollicitent des prêts dans le cadre d'une campagne électorale ou d'une course à la direction.
Le paragraphe 405.7(1) proposé est peut-être la disposition qui nous cause le plus de problèmes. On y dit qu'une créance impayée devient une contribution à l'expiration du délai. D'une part, le délai prévu dans le projet de loi nous apparaît trop court en ce qui a trait à la pratique des remboursements des dépenses électorales par Élections Canada. Bien souvent, ces délais expirent après 18 mois. Donc, quand une personne attend le remboursement du directeur général des élections pour rembourser son prêt, bien souvent, après 18 mois — et il y a bien des cas et ce, indépendamment des partis —, le remboursement n'a pas encore été effectué par Élections Canada.
La deuxième difficulté, c'est que ce prêt devient une contribution. Il n'y a pas tellement de problèmes pour les partis et les citoyens, dans la mesure où cela respecte les limites. Mais cela cause un problème à l'institution financière. Cette dernière est réputée avoir fait une contribution, mais selon la loi, elle ne peut faire de contributions. Donc, un prêt fait de bonne foi, dans le respect de la loi, devient une contribution et l'institution devient fautive au sens de la loi parce qu'elle a fait une contribution après un délai déterminé, sans que sa bonne foi ou son intention initiale soit modifiée. Qui plus est, une contribution illégale doit être remise au directeur général des élections, qui va la remettre au receveur général du Canada.
Est-ce que l'institution financière qui a fait le prêt au début et qui se retrouve dans l'illégalité parce que son prêt devient une contribution après 18 mois, va remettre un montant égal à celui du prêt initial à Élections Canada, qui va le remettre au receveur général, en plus de perdre sa créance? Il me semble qu'il y a là un problème de logique.
Le paragraphe 405.7(5) proposé, à la page 5 du projet de loi , indique que si le candidat est incapable de payer, c'est le parti qui devient responsable du paiement de la créance comme s'il était caution. Ni l'association ni le parti, au moment des négociations entourant ce prêt entre un individu, un emprunteur et le prêteur, qui est l'institution financière, n'est partie prenante de cette entente, mais ils deviendraient caution après l'expiration, si la créance n'est pas payée. C'est comme si mon banquier me demandait ce qui arriverait si je ne payais pas l'argent que je lui ai emprunté et que je lui répondais que c'est le président du comité qui va payer, sans que ce président soit intervenu de quelque façon que ce soit dans l'acte original de prêt.
Pour nous, la solution est de supprimer la fin de l'article 5, qui lie le parti ou l'association à cette contribution. Je rappelle que cette contribution provenant d'une institution financière, même si le parti devient caution, reste toujours illégale.
Merci.
:
Merci beaucoup, encore une fois, de nous avoir invités.
Premièrement, j'aimerais vous dire que le Nouveau Parti démocratique du Canada appuie en grande partie les éléments de ce projet de loi. Nous croyons que c'est une avancée pour égaliser le système électoral et, surtout, le système financier électoral. On est très heureux de voir que vous êtes en train de traiter de cette question.
[Traduction]
J'aimerais commenter quelques amendements susceptibles d'améliorer le projet de loi. Certains ont été recommandés par le Directeur général des élections, de sorte que je n'y attarderai pas, mais je vais certainement souligner une des questions liées à l'accessibilité.
Quelqu'un a dit auparavant que le cautionnement de 1 100 $ est une source d'inquiétude, parce que lorsqu'on souhaite obtenir un prêt, les associations de circonscription obtiennent généralement entre 10 000 $ et 20 000 $ à emprunter, et en fait le nombre de cautions fait qu'il est presque impossible pour une banque d'agir avec diligence raisonnable à l'égard des cautions, entre autres.
J'ai discuté avec la Vancity Credit Union, l'un des témoins que vous auriez pu entendre, et celle-ci semble croire qu'en fait, il ne faudrait pas nécessairement cautionner le prêt total grâce à un certain nombre de cautions. Selon elle, certains éléments n'ont pas à être cautionnés. Elle semble satisfaite des dossiers de nombreuses circonscriptions, en particulier celles qui obtiennent des remboursements. Ainsi, il ne s'agit pas nécessairement d'une source de préoccupation aussi importante que pourraient le laisser croire de nombreux membres du comité.
Mais je souhaite tout de même souligner la possibilité, si on veut, de limiter la caution à trois fois la limite de contributions annuelle. Ainsi, aujourd'hui, par exemple, 3 300 $ pourraient être cautionnés. Si, pour une raison ou pour une autre, il y avait défaut de paiement et que ce prêt devenait une contribution, celle-ci serait alors étalée sur trois ans. Ainsi, la personne ne dépasse pas ses limites de contribution, mais on permet une petite marge de manoeuvre aux cautions. Voilà donc l'une des suggestions que vous pourriez souhaiter examiner. Cela n'élargit pas l'échappatoire, mais en même temps, cela permet une certaine marge de manoeuvre.
[Français]
Le deuxième point a trait à l'équité. Ce n'est pas que je passe beaucoup de temps à examiner tous les rapports des candidats et des associations de comté, mais je vois tout de même des rapports de tous les partis. Souvent, on y constate que les taux d'intérêt varient énormément d'un accord à un autre.
Il est très facile d'établir la juste valeur d'une pancarte, car celle-ci se vend sur le marché et est un produit courant, mais les prêts et les taux d'intérêt varient en fonction de l'individu. Je suggère qu'on établisse clairement un taux d'intérêt minimum.
:
Je résumerai rapidement l'argument selon lequel la juste valeur marchande est relativement simple à calculer pour ce qui est des panneaux, des bureaux et autres choses du genre, mais les taux d'intérêt ont beaucoup à voir avec les individus, les cautions et d'autres éléments. En fait, on peut parfois considérer que l'on obtient la juste valeur marchande pour un taux d'intérêt qui est en fait très bas, relativement parlant.
Pour offrir des chances égales à tous, nous proposons que le taux des banques plus 1 p. 100 soit le taux d'intérêt minimal imposé pour les prêts dans ces circonstances, de sorte qu'il n'y ait pas d'échappatoire et que les gens ne puissent pas faire de contributions justifiées par le fait qu'elles auraient pu avoir accès à un prêt assorti d'un taux d'intérêt extrêmement préférentiel. Selon moi, cet élément est donc relativement équitable.
Le directeur général des élections vous a envoyé une lettre au sujet de la présentation des rapports et de la nécessité de veiller à ce qu'il n'y ait qu'un rapport plutôt que des rapports multiples. Je vous recommande fortement d'adopter cette proposition.
[Français]
En ce qui a trait à la responsabilité des partis politiques, comme M. Gardner l'a dit, un parti devient responsable de cette créance sans même le savoir. À mon avis, nous devrions traiter de cette question de la façon suggérée par M. Gardner, soit simplement enlever cet article ou faire en sorte que l'association ou le parti enregistré soit au courant et accepte la responsabilité de ce prêt au cas où il deviendrait une dette.
Cette option nous donnerait une certaine connaissance à tous les niveaux. D'ailleurs, la dernière fois que j'ai comparu devant ce comité, je vous ai suggéré fortement de proposer des modifications à la Loi électorale afin de permettre le transfert des dettes d'une campagne à un parti ou à une association enregistrée. Ce projet de loi pourrait nous donner la possibilité de transférer sinon une dette commune, du moins une dette de prêt.
Encore une fois, nous appuyons fortement ce projet de loi et nous espérons que vous pourrez l'adopter rapidement.
:
Merci beaucoup d'avoir invité À voix égales à témoigner devant le comité permanent. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas À voix égales, si cela ne vous dérange pas, je vais prendre quelques instants pour vous expliquer ce qu'est notre organisme.
À voix égales est un organisme national, multipartisan, soutenu par des bénévoles dédiés à l'élection de plus de femmes au Canada. Nous offrons, à titre d'exemple, des formations bilingues aux rudiments des campagnes appelées « Osez vous lancer » sur Internet, ainsi qu'un service informel d'écoute. Nous éveillons les consciences lors d'événements publics. Nous compilons le données lors des élections fédérales et provinciales, et nous sommes à mi-chemin d'une campagne de sensibilisation nationale appelée « Changeons le visage de la politique canadienne ». Plus important encore, en ce 25e anniversaire de la Charte des droits et des libertés, tous les partis politiques fédéraux se sont engagés à nommer et à faire élire plus de femmes, en acceptant le défi À voix égales, lors des prochaines élections fédérales.
Nous comptons plus de 1 500 membres et bientôt nous serons présents dans chacune des provinces canadiennes. Bien que les femmes représentent 52 p. 100 de la population, seuls 21 p. 100 des représentants élus sont des femmes. Le Canada se situe au 48e rang mondial pour la représentation féminine au Parlement selon l'Union interparlementaire. Nous n'avons pas à élaborer davantage, les chiffes parlent d'eux-mêmes.
Le sujet des femmes en politique a fait l'objet de plusieurs études à la Chambre des communes, au Sénat, lors de commissions royales et au sein de nombreuses universités. Nous savons tous que les femmes sont véritablement sous-représentées au Canada, et nous devons nous demander ce que nous allons faire pour y remédier.
À voix égales est une organisation relativement jeune, en croissance, composée principalement d'hommes et de femmes donnant leur temps bénévolement pour cette cause. Il nous reste encore beaucoup à accomplir avant d'avoir les ressources nécessaires afin de répondre adéquatement aux enjeux liés au projet de loi C-54. Par conséquent, aujourd'hui, À voix égales abordera l'aspect historique des réformes financières proposées qui avantageraient les femmes qui souhaitent se faire élire.
À ce jour, À voix égales n'a pas encore trouvé de données théoriques appuyant la position selon laquelle il y a eu suffisamment de réformes financières et qu'il y a suffisamment de financement pour les femmes entrant en politique, surtout pour les mises en candidatures. C'est-à-dire, de façon plus directe, que le problème du financement constitue le plus grand obstacle pour les femmes qui veulent faire partie de l'élite politique.
Vous savez qu'il y a eu deux commissions royales, la première en 1970 — connue sous le nom de la commission Bird — puis en 1990, la Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis. En 1990, la Commission a clairement reconnu que les inégalités en matière de financement avaient des répercussions sur la candidature des femmes et a proposé huit recommandations pour rectifier cette situation. Je ne vais pas toutes les mentionner car je suis certaine que vous les connaissez. Néanmoins, je vais citer les trois principales : les dépenses ne devraient pas dépasser 200 000 $ dans les campagnes pour se faire élire chef de parti; les dépenses devraient être limitées à environ 100 000 $ pour les courses à l'investiture dans les circonscriptions; et les contributions pour les courses à l'investiture devraient être déductibles d'impôt. Et il y avait d'autres excellentes propositions.
À voix égales a hâte d'entendre ce que les autres ont à dire aujourd'hui au sujet des modifications proposées. Plus précisément, nous sommes curieuses de connaître les réactions de la communauté bancaire sur les modifications proposées, puisque les banques pourront jouer un rôle déterminant en ce qui concerne l'obtention de prêts par les femmes pour une campagne électorale. Nous sommes également curieuses de savoir ce qu'Élections Canada a à dire à propos des différences entre les sommes recueillies par les candidats et les candidates au cours de campagnes électorales. Voilà quelques-unes des questions qui doivent absolument être réglées avant que ce projet de loi ne soit adopté.
Dans une étude de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante de mai 1995, on peut lire que : « La probabilité qu'une demande de financement faite par une femme soit refusée est de 20 p. 100 supérieure par rapport à celle d'un homme; de plus, le taux d'intérêt qui s'applique aux femmes est généralement plus élevé que pour les hommes ». Il serait intéressant de savoir si cela est également vrai pour les femmes qui essaient d'obtenir des prêts afin d'être candidates aux élections.
Enfin, À voix égales se demande pourquoi on n'a pas prêté plus d'attention aux conclusions des commissions d'enquête de 1970 et de 1990. À voix égales encourage les initiatives qui visent à offrir des chances égales aux femmes en politique, et nous vous donnerons plus de précisions au cours de l'année à venir au fur et à mesure que nous élaborerons nos déclarations de principe sur toute une gamme de questions touchant à la participation politique et à l'élection des femmes.
Nous avons hâte de les partager avec vous, avec tous les Canadiens, et avec les intervenants politiques à l'échelle internationale. À voix égales aide à mieux faire connaître le problème de la sous-représentation des femmes, et continue de construire une organisation nationale, sans but lucratif, donnant aux femmes qui le souhaitent des outils pour se présenter en politique.
Nous vous souhaitons des délibérations couronnées de succès puisque vous aurez à prendre des décisions qui affecteront tous les Canadiens souhaitant se faire élire. Les femmes sont sous-représentées, et vous avez devant vous l'occasion d'aider à alléger le fardeau financier des femmes qui souhaitent être candidates, des femmes qui veulent servir leur pays.
À voix égales vous remercie encore de l'occasion qui nous a été donnée de comparaître devant ce comité.
:
Silence, s'il vous plaît.
Tout d'abord, les renseignements que viennent de nous donner les témoins se retrouveront dans les bleus, mais nous vous transmettrons les mémoires dès que possible. J'avais proposé que tous les amendements soient déposés d'ici 17 heures aujourd'hui, mais la greffière vient de me dire qu'elle pourrait également s'organiser si les amendements étaient reçus demain matin avant 9 heures.
Est-ce que cela satisfait les députés qui voulaient les mémoires écrits? Très bien.
Donc, tout nouvel amendement doit être envoyé à la greffière d'ici demain 9 h. Les amendements que nous avons déjà reçus restent valables.
Bien, je ne vois pas d'objections, donc nous allons passer à notre première ronde de questions.
Chers collègues, nous allons commencer avec un premier tour de sept minutes par question, et c'est M. Owen qui a la parole.
Pourriez-vous poser des questions précises, dans la mesure où nous avons de nombreux témoins et peu de temps, et je demanderais également à mes collègues de s'adresser à un témoin en particulier ou bien de faire savoir aux témoins que vous souhaitez tous les entendre. Cela serait très utile. Merci.
Monsieur Owen.
:
Merci d'avoir accepté de venir à la dernière minute. Nous comprenons que cela ne vous facilite pas la vie et qu'il n'a pas été simple de préparer vos exposés.
Je pense que nous voulons tous nous assurer qu'il n'y ait pas d'avantages indus ou d'échappatoires pour contourner les plafonds et les pratiques en matière de contributions grâce au recours à des prêts. C'est la portée générale de la loi, et je pense que nous appuyons tous cela.
Nous sommes inquiets du fait que, de façon non intentionnelle, ce projet de loi pourrait limiter la capacité d'une personne, par rapport à une autre personne qui aurait peut-être plus de moyens pour l'aider à participer au processus ou encore freiner la participation de tout le monde à ce processus en le rendant trop rigoureux.
Monsieur Hébert-Daly, vous nous avez dit que Vancity vous avait indiqué qu'elle examinerait l'attribution de prêts dans ce genre de situation avec plus de souplesse qu'elle ne le ferait pour une opération de prêt normal. C'est une information qui nous sera très utile. Vous avez indiqué que cette institution serait prête à examiner la possibilité d'un remboursement. Évidemment, pour obtenir ce remboursement, vous devez être candidat et atteindre un certain seuil. Cela n'aide pas quelqu'un qui participe à la course à l'investiture pour devenir candidat ou pour devenir chef de parti.
Dans vos exposés, vous avez soulevé des préoccupations importante concernant l'utilisation abusive des emprunts, mais également les restrictions dues aux conséquences non intentionnelles de cette mesure législative. Étant donné cela, pourriez-vous, ainsi que les autres témoins, me donner une réponse précise à la question suivante : Faut-il selon vous exclure les courses à l'investiture de ce processus? D'une certaine façon, les courses à l'investiture ne coûtent pas si cher que cela, ou en tous les cas ne devraient pas coûter trop cher comparées à une course à la direction d'un parti, par exemple.
Pourriez-vous me dire quelques mots au sujet des conséquences non intentionnelles de ce projet de loi, et je m'adresse tout d'abord à M. Hébert-Daly.
:
Vous souhaitez avant tout la création d'un minimum. Très bien.
Le seul problème avec des taux maximum, d'un point de vue pratique, c'est qu'une institution a toujours la possibilité de refuser un prêt. Cela serait une conséquence encore plus grave.
J'ai une autre série de questions connexes qui s'adressent aux représentants de À voix égales. Je vous remercie de nous avoir remis un mémoire écrit, contrairement aux autres témoins. Cela nous aide beaucoup. Parfois, lorsqu'on essaie de prendre des notes, on n'arrive pas à tout suivre.
Vous avez dans votre exposé une liste de points, et j'aimerais en discuter un peu avec vous.
Au point 3, on peut lire que les contributions pour les courses à l'investiture devraient être déductibles d'impôt. C'est une idée intéressante. Mais d'un point de vue pratique, les déductions tendent à être plus avantageuses pour les personnes avec un revenu moyen élevé. Dans la mesure où il me semble que vous dites — mais je ne suis pas certain — qu'en moyenne les femmes au Canada ont des revenus inférieurs aux hommes, et donc ce qui avantage les revenus plus élevés n'aidera pas forcément les femmes — je me demande si vous ne conviendriez pas qu'un crédit d'impôt remboursable serait plus approprié.
Je regarde la liste de vos recommandations — et je comprends que vous hésitiez à donner beaucoup de détails — et je constate que vous proposez que « les dépenses pour la garderie et l'entretien ménager devraient être incluses dans les dépenses d'une course à l'investiture et des élections générales ».
J'ai pensé — et je comprends très bien votre position — que si on plafonnait les dépenses des candidats dans une course à l'investiture d'un parti à 5 000 $, et ces courses sont parfois assez longues — Je me demande si ce ne serait pas une bonne idée de modifier cette recommandation pour qu'elle dise quelque chose comme : « les dépenses pour la garderie et l'entretien ménager devraient être considérées comme des dépenses additionnelles auxquelles le plafond ne s'appliquerait pas ». C'est ce qu'on fait dans le cas des agents électoraux dont la rémunération ne fait pas partie des dépenses plafonnées. Dans une certaine mesure, c'est également le cas pour les frais de déplacement.
On pourrait permettre aux femmes de déduire leurs dépenses de garderie, mais au bout du compte je pense que cela aurait pour effet de réduire le plafond. Si on prend le montant total, mettons 14 000 $ ou 15 000 $, et qu'on le réduise à 5 000 $, une forte proportion de cette somme serait utilisée pour couvrir ces dépenses-là. Je ne pense pas que cela aurait pour effet d'égaliser les chances comme vous semblez le croire. Je pense que l'idée est bonne; je m'inquiète seulement des répercussions qu'elle pourrait avoir sur le plan pratique.
Je m'excuse, je vous fais dire ce que vous n'avez pas dit, mais je m'interrogeais simplement —
:
Est-ce que cela complète vos commentaires, monsieur Hébert-Daly?
M. Éric Hébert-Daly: Oui.
M. Michel Guimond: En ce qui concerne Mme Dion, tout le monde vise l'objectif que les femmes, qui représentent 52 p. 100 de la population canadienne, siègent à la Chambre dans une proportion de 52 p. 100. Je pense que c'est tout à fait logique.
Je suis responsable du comité des candidatures de mon parti en prévision des prochaines élections. C'est une responsabilité que mon chef m'a donnée. Cela suppose passablement de rencontres et de discussions pour essayer d'intéresser davantage les femmes à la politique.
J'ai deux questions à poser. Premièrement, prétendez-vous que le fait qu'il y ait moins de femmes qui font le saut en politique est uniquement attribuable à des considérations financières? Je sais que le projet de loi peut aider à éliminer ces obstacles financiers. Y aurait-il plus de femmes en politique si ces obstacles étaient éliminés?
Deuxièmement, j'ai regardé la composition de votre comité consultatif. Mise à part la sénatrice Lucie Pépin, l'ancienne présidente du Conseil du statut de la femme du Québec, qui est très crédible en la matière, avez-vous des statistiques pour chaque province démontrant l'évolution de l'élection de femmes, ou si n'avez que des données fédérales?
:
Merci beaucoup de me poser ces deux questions.
En réponse à votre première question, sur les obstacles financiers qui empêchent les femmes de se lancer en politique, ce n'est qu'un obstacle parmi bien d'autres.
Les données universitaires — je vais utiliser seulement des données pour le Canada — mentionnent le processus d'investiture et les facteurs financiers comme étant les deux plus grands obstacles auxquels font face les femmes. Je crois qu'il y a de nombreux problèmes à régler, mais je ne pense pas qu'il suffise de régler un seul problème pour accroître la participation des femmes en politique. Il y a bien des choses qui doivent se produire. Il faut apporter des améliorations sur plusieurs fronts pour avoir l'effet majeur que vous souhaitez.
En réponse à votre deuxième question sur les données sur la participation des femmes en politique provinciale, ces chiffres se trouvent sur notre site Web. Lorsque nous avons créé À voix égales, nous nous intéressions au niveau fédéral. C'est en fait une question de capacité, et au cours des derniers mois, certaines personnes nous ont demandé de fournir des données provinciales, et maintenant on nous demande aussi des données municipales, puisqu'il y a eu des changements à ce niveau.
Nous allons essayer de nous développer et d'en faire autant que possible, mais nous savons que le public canadien commence à voir en nous une bonne source de données sur les femmes en politique. Bref, nous avons des données provinciales.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les témoins d'être venus. Le préavis fut très bref et je reconnais que les autres partis ont probablement plus de moyens qu'À voix égales. Vous êtes un élément très important et je vous remercie d'avoir accepté de venir. Notre formation estimait que c'était très important.
Je sais que c'est une question qui passionne Judy et je crois que la plupart de nos collègues femmes partagent cette passion, tout comme beaucoup de nos collègues hommes. Nous voulons améliorer la représentativité.
J'ai trouvé très intéressant ce que disait Mme Wicks à propos de la garde d'enfants. J'ai eu l'impression que cela coûtait nettement plus cher que les 100 $ par mois mais je ne m'arrêterai pas là-dessus, ne voulant pas faire de partisanerie.
Je voulais en fait demander aux représentants des partis de revenir sur un point sur lequel nous nous sommes déjà penchés, à savoir le transfert de la responsabilité d'un emprunt à l'association. Cela veut-il dire qu'il va me falloir annoncer au comité exécutif de mon association que si je pouvais obtenir un emprunt et que, pour une raison ou une autre, je ne le remboursais pas, ses membres en seraient tenus personnellement responsables? Ou est-ce l'association en tant que personne morale? À quel genre de risque exposons-nous les membres du comité exécutif d'une association, est-ce le président, tous les administrateurs, le trésorier? A-t-on une idée quelconque des ramifications que cela pourrait avoir à ce niveau?
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Je vais tenter quelque chose.
Je suis tout à fait d'accord avec les objectifs que vous avez énoncés. Je suis non seulement membre du Parti libéral, mais je suis également membre de À voix égales. À mon avis, pour en arriver à ce point par la loi, si vous commencez à élargir la portée du projet de loi et à imposer un plafond de 5 000 $ sur les dépenses, vous empêchez tous les candidats de changer les choses. Si, au cours d'une campagne, vous n'avez pas suffisamment de ressources financières — et c'est particulièrement vrai dans les élections municipales, en tout cas d'où je viens, à Toronto — vous pouvez difficilement renverser le statu quo si les limites sur les dépenses sont très faibles. Ou alors, il vous faut une personnalité connue, sans quoi les titulaires vont garder leur place.
Dans le contexte fédéral, il y a le changement des partis. Mais les anciens candidats, à mon avis, seront toujours favorisés, si vous limitez trop les dépenses ou l'accès au financement, car ils sont mieux connus des électeurs.
En outre, j'ai le sentiment que le projet de loi n'est pas sexiste. En diminuant le niveau d'accès au financement, vous coupez les ailes aux femmes bien nanties autant qu'aux hommes. Il peut y avoir une différence dans le nombre de femmes de cette catégorie, mais il y a aussi des femmes qui ont amplement de ressources et qui ne pourront pas les utiliser pour participer aux élections.
J'ai déjà assez de mal en ce moment à recruter des candidates, je n'ai pas besoin qu'on me mette d'autres bâtons dans les roues.
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Monsieur Siegel, on a dit que les banques ne seraient pas forcément enclines à consentir des prêts ou à remplir toute la paperasse dans ce contexte. Si l'on regarde précisément le paragraphe 405.5(4) du projet de loi, qu'il s'agisse d'un prêt, d'une garantie, d'une caution, ou d'une contribution, ces ressources ne peuvent pas dépasser le plafond — Pouvez-vous expliquer au comité quels seraient les problèmes de cette disposition? Comment les banques sauront-elles si elles commettent une infraction, sans avoir les comptes détaillés du garant? Parce que les banques ne peuvent pas savoir si cette personne a déjà fait une contribution
x à cette campagne. Les banques n'ont aucun moyen de savoir que le candidat a déjà un autre garant. J'ai l'impression que si moi-même ou un autre candidat allions à la banque pour demander un prêt de 50 000 $, celle-ci ne serait sans doute pas intéressée à traiter avec 50 garants.
Nous commencerons par vous, monsieur Siegel, et peut-être que vous pourrez répondre pour les autres.
[Français]
Monsieur le président, ma question s'adresse surtout à M. Siegel, mais aussi à M. Gardner et à M. Hébert-Daly.
Selon le paragraphe 405.5(4) proposé, les contributions, les garanties et les endossements doivent respecter les limites pour un individu. Comment une banque ferait-elle pour savoir que l'individu qui va endosser ou garantir un prêt ne le fait pas dans l'illégalité, puisque la banque n'a aucune façon de savoir si cet individu a déjà contribué à la limite ou s'il a déjà endossé ou garanti un autre candidat?
Les banques ne seraient pas intéressées à devoir, dans le cas d'un candidat qui demanderait un prêt de 50 000 $, composer avec la paperasse pour 50 endosseurs différents.
Je vais demander à M. Siegel de commencer, parce que c'est lui qui a le plus l'air d'un banquier, mais ça ne semble pas faire son affaire.
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À cause du projet de loi , les banques, qui sont un peu conservatrices dans leurs pratiques, se sont quelque peu retirées, d'après mon expérience, du processus électoral. Cela s'est fait non seulement parce que leurs contributions politiques étaient très limitées, mais aussi parce qu'actuellement, en l'absence du projet de loi C-54, un prêt est considéré comme une contribution, s'il n'es pas honoré. Les banques ne peuvent pas tout simplement être généreuses et annuler un prêt conformément à leurs pratiques, puisque c'est une des exceptions, car les gens vont s'insurger que l'on permette ce traitement de faveur à la classe politique.
Le projet de loi a créé plusieurs inquiétudes. Les gens craignaient de faire des dons illégaux ou encore, en souscrivant à une caution, de faire en sorte qu'une personne ferait une contribution illégale en convertissant la caution en contribution.
Le problème existe donc déjà. Cette loi... Lorsque le projet de loi a été proposé, j'ai appelé un ami qui travaillait pour une banque. Il m'a répondu qu'il ne recommanderait jamais à un de ses clients de souscrire à un prêt dans ce contexte. Et nous avons justement discuté des garants, du problème logistique de trouver 50 garants, et du fardeau administratif que cela représente, pour souscrire un prêt de 50 000 $ à court terme. Les banques ne font pas beaucoup d'argent avec ce type de prêt, et pourtant, elles doivent investir beaucoup en ressources humaines pour les administrer.
Mais au-delà de ce problème, il y a la question du garant en infraction, parce qu'un garant peut avoir fait un don à un autre candidat dans une autre circonscription à l'insu de tous... Tout le monde est innocent dans ce genre de situation. La personne généreuse mais un peu inconsciente peut ne pas se rendre compte qu'elle est dans l'illégalité. La garantie, qui est illégale selon ce projet de loi, peut-elle quand même être appliquée? La banque n'a aucune façon de pouvoir répondre à cette question. Elle ne veut pas attendre la réponse des tribunaux. Nous, les avocats, coûtons tellement cher que cela leur coûtera beaucoup plus qu'ils ne pourraient toucher en intérêts en consentant ces prêts.
Je ne vous parle que d'une conversation que j'ai eue avec un banquier, mais vous pouvez poser la questions aux banques — et je peux comprendre qu'elles soient réticentes à parler publiquement de ce qu'elles sont prêtes à faire et ce qu'elles ne sont pas prêtes à faire pour la classe politique. Vous pouvez leur demander si ce genre de transactions, selon ces conditions, les inquiètent, et je crois fortement qu'elles vous répondront « pas vraiment ».