:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais vous présenter ma petite équipe composée de membres influents; Marie-Andrée Lajoie est la greffière adjointe des comités. Elle représente une équipe qui travaille au Service des comités, et elle connaît les différentes situations qui sont survenues lors des séances de tous les comités, et je lui ai donc demandé d'être ici pour m'appuyer et pour agir un peu comme un filet de sécurité.
Si vous me le permettez, monsieur le président, j'aimerais commencer par une brève déclaration liminaire, après quoi nous pourrons passer aux questions.
J'aimerais remercier le comité de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui pour parler de ces deux questions de procédure: la publication des transcriptions des séances à huis clos des comités ainsi que le fait pour les comités de continuer à siéger pendant les votes à la Chambre. J'aborderai ces deux sujets l'un après l'autre.
Premièrement, je me pencherai sur la question de la publication des délibérations des comités tenus à huis clos.
Il faut tout d'abord souligner que lorsque les comités décident d'entendre des témoignages à huis clos, c'est habituellement en raison de questions de nature délicate: des questions personnelles, des affaires qui sont entendues devant les tribunaux ou pourraient l'être, des questions touchant la sécurité nationale, des renseignements commerciaux de nature délicate ou, très souvent, simplement la façon dont le comité a l'intention de procéder pour étudier une question en particulier. Ces séances sont souvent tenues à huis clos pour permettre aux gens de s'exprimer tout à fait librement.
[Français]
Par conséquent, il se peut que les comités désirent faire preuve de prudence lorsqu'ils décident, par la suite, de divulguer les renseignements de nature délicate, particulièrement lorsqu'on avait assuré aux témoins que le témoignage qu'ils présenteraient à l'audience ne serait pas rendu public.
[Traduction]
Au cours des années, les témoignages entendus à huis clos par des comités parlementaires ont été rendus publics à de nombreuses reprises. Je peux fournir au comité une liste d'exemples remontant jusqu'à 1978. En général, on publie les délibérations entendues à huis clos pour trois raisons: premièrement, pour corriger des situations où un comité a, par inadvertance, continué de siéger à huis clos alors qu'il devait siéger en public; deuxièmement, lorsqu'un comité croyait qu'il était important de rendre public un débat tenu à huis clos entre les membres; troisièmement, lorsque le comité croyait que les preuves reçues à huis clos devaient être rendues publiques.
[Français]
Toutes les fois, à une exception près, les motions visant à rendre publiques des délibérations tenues à huis clos, proposées en comité, ont été acceptées par un vote majoritaire.
Je vous l'explique plus précisément le cas de 1978. La seule exception est celle où la Chambre a exigé qu'un comité divulgue des preuves reçues à huis clos. C'était en 1978. La Chambre a, par consentement unanime, adopté une motion qui ordonnait au Comité permanent de la justice et des questions juridiques de fournir à une commission d'enquête la transcription de deux réunions tenues à huis clos pendant une session antérieure.
[Traduction]
Selon l'ordre de renvoi, le comité devait définir les conditions de publication de ces documents. Une motion adoptée par un vote majoritaire en comité exigeait que les transcriptions soient examinées par des représentants de la commission à huis clos et qu'elles soient rendues au comité immédiatement après l'examen.
Il existe par ailleurs un exemple plus récent touchant des témoignages recueillis par le Comité des comptes publics en 2004. Le 1er avril 2004, une décision du Président a été rendue au sujet de la décision prise le jour même par le Comité permanent des comptes publics de publier des témoignages entendus à huis clos lors d'une session parlementaire antérieure, soit le 9 juillet 2002. En juin 2002, le comité avait adopté une motion afin que les transcriptions de cette réunion soient rendues publiques trois ans après la date de cette réunion si des accusations criminelles n'avaient pas été portées au sujet des questions à l'étude ou, si des accusations criminelles avaient été portées, après le règlement de toutes les procédures judiciaires, y compris les appels. Toutefois, le témoin en question a accepté de renoncer à la confidentialité de son témoignage rendu en 2002 devant le comité; après un long débat et de nombreuses contestations des décisions du président du comité, le comité a procédé à un vote par appel nominal et adopté une motion visant à rendre ce témoignage public immédiatement.
En réponse à une question de privilège soulevée à la Chambre, le Président a rendu une décision selon laquelle il ne pouvait pas intervenir, conformément à toutes les autres décisions portant sur les affaires internes des comités. Il a également indiqué que si la Chambre était préoccupée par la façon dont un comité menait ses travaux, elle pouvait proposer une motion d'instructions à l'intention du comité, dans le cadre des affaires émanant des députés ou par consentement unanime.
En prévision de ma comparution aujourd'hui, des recherches ont été réalisées au sujet des pratiques dans d'autres instances. Les résultats de ces recherches vous ont été distribués.
[Français]
Je devrais dire que la feuille qui décrit les règles et usages de diverses instances dans les autres juridictions n'est pas complète. On est en train de la réviser; on a lancé un appel à l'ensemble du Commonwealth et au Canada.
[Traduction]
Le document comprend des renseignements sur les principales administrations et sont exacts autant qu'on sache; mais nous recevrons toutefois des renseignements intéressants d'un certain nombre de gouvernements, en Australie par exemple, et nous serons heureux de vous faire parvenir une version révisée du document faisant état de ces renseignements.
[Français]
Cela nous amène aux éléments dont on doit tenir compte en considérant cette question. Lorsque le comité examine la possibilité de rendre publique une preuve entendue à huis clos, il peut tenir compte, il me semble, des six éléments importants suivants.
Pour commencer,
[Traduction]
qui est présent? Faudrait-il distinguer entre une séance à huis clos où seuls les membres du comité sont présents, pour discuter de questions de régie interne dont j'ai parlé plus tôt, et une séance à huis clos où des témoins comparaissent et témoignent?
Vient ensuite la question de la qualité du témoignage. Des témoins refuseront-ils de comparaître ou seront-ils moins ouverts même lors de séances à huis clos, sachant que leur témoignage pourrait être un jour rendu public? Faudrait-il avertir les témoins de cette possibilité avant leur témoignage à huis clos? Ce faisant, les membres du comité se sentiront-ils davantage limités dans leurs observations s'ils savent que celles-ci pourraient ne pas demeurer confidentielles?
Il faut également se demander si les témoins doivent être avisés. Faudrait-il avertir les témoins de cette possibilité avant qu'ils ne témoignent à huis clos? Dans l'exemple que je vous ai donné plus tôt, au sujet du Comité des comptes publics, il semble qu'une entente ait été conclue avec le témoin au sujet des conditions dans lesquelles il devait témoigner.
Il faut également se pencher sur la question des témoignages recueillis lors de sessions parlementaires précédentes. Les témoignages recueillis à huis clos par un comité lors d'une session ou d'une législature précédente doivent-ils être rendus publics? Faudrait-il alors exiger le consentement des députés qui faisaient partie du comité à ce moment-là? Bien entendu, cela soulève d'autres questions. Que se passe-t-il si les membres du comité précédent ne sont plus députés? Je dois d'ailleurs indiquer à ce sujet que des comités ont déjà adopté des motions en vertu desquelles les transcriptions des séances tenues à huis clos devaient être détruites à la fin d'une session, ce qui règle cette difficulté en particulier.
[Français]
Il y a aussi la question de l'instruction de la Chambre. Si la Chambre ordonne à un comité de rendre certaines preuves publiques, devrait-elle préalablement consulter le comité? Il y a encore la question des remplaçants et des témoins.
Finalement, monsieur le président, dans l'une ou l'autre de ces circonstances, faudrait-il obtenir le consentement des membres qui remplacent les membres réguliers du comité ou des témoins présents à la réunion?
[Traduction]
Voilà donc certaines des questions que vous devrez régler au fur et à mesure de vos délibérations sur la façon de procéder dans de tels cas.
Si vous me le permettez, monsieur le président, j'aborderai brièvement la deuxième question qui m'amène ici aujourd'hui, c'est-à-dire la question des comités qui continuent à siéger pendant les votes à la Chambre. Cette question a été soulevée le 1er mars 2007 par le président du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Il voulait savoir si les comités pouvaient continuer à siéger pendant que les députés sont convoqués à la Chambre pour un vote.
Selon la décision de la Présidence, rendue le 22 mars, l'alinéa 108(1)a) et le paragraphe 113(5) du Règlement permettent clairement aux comités permanents et législatifs de se réunir pendant que la Chambre siège.
[Français]
La procédure et les usages de la Chambre des communes, à la page 840, indique que, et je cite:
Les comités ajournent ou suspendent habituellement leurs travaux lorsque la sonnerie d'appel convoque les députés à la Chambre pour un vote, mais ils peuvent continuer de siéger pendant la tenue de celui-ci.
[Traduction]
Enfin, le Président Milliken a indiqué que les décisions de ses prédécesseurs allaient invariablement dans ce sens; les comités sont maîtres de leurs propres procédures. Il a toutefois invité votre comité à examiner cette question pour ensuite faire rapport à la Chambre.
Selon un examen des pratiques récentes des comités, la plupart des réunions sont suspendues ou ajournées lorsque retentit la sonnerie d'appel au vote, bien que certains comités continuent parfois de siéger. Dans ce cas, le comité décide en général sciemment de continuer ses travaux ou, comme dans le cas du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, il rejette une motion d'ajournement. Un président de comité a déjà accepté de suspendre une séance, à condition d'avoir le consentement unanime.
Certains députés se sont demandé si le président d'un comité pouvait suspendre ou ajourner une réunion de façon unilatérale lorsque le timbre d'appel convoquant les députés pour un vote retentit. Rien, dans le Règlement ou selon les autorités en matière de procédure, ne confère un tel pouvoir au président. En fait, les pouvoirs du président à cet égard sont limités aux cas de désordre grave et persistant. Je vous demande de vous reporter à la page 857 de l'ouvrage de Marleau et Montpetit.
[Français]
Alors, il y a au moins deux options que vous pouvez envisager. Premièrement, le comité peut envisager la possibilité présentée par le Président Milliken dans sa décision du 22 mars, c'est-à-dire que chaque comité adopte une motion dite de régie interne au début de chaque session, afin de déterminer comment il réagira si la sonnerie d'appel se fait entendre pendant ses travaux. Je serais heureuse de fournir aux comités un exemple du libellé d'une motion semblable.
Cette motion de régie interne pourrait aussi établir la procédure à suivre pour ajourner une réunion si le quorum n'est pas atteint à la suite du vote par appel nominal à la Chambre.
[Traduction]
En revanche, si le comité décide que les comités ne devraient jamais continuer à siéger pendant les votes, il peut recommander que des changements soient apportés au Règlement afin de limiter les pouvoirs des comités. Encore une fois, je serais heureuse de proposer au comité une formulation pour un tel changement, si nécessaire, mais je dois vous aviser qu'habituellement, la Chambre préfère ne pas limiter la notion selon laquelle les comités sont maîtres de leurs propres procédures ou y faire obstacle.
Merci de votre attention.
[Français]
Il me fera plaisir de répondre à vos questions
[Traduction]
sur ces deux questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais m'en remettre à mes collègues pour débattre de la question de savoir s'il existe une procédure convenable et des sanctions suffisantes pour éviter que soient prématurément rendus publics des rapports de comité ainsi que des témoignages ou des renseignements délicats obtenus à huis clos.
Permettez-moi de vous communiquer la perspective d'un whip sur une question dont vous avez traité, c'est-à-dire celle de savoir si les comités — qu'il s'agisse de comités permanents ou de comités législatifs — devraient être tenus de suspendre leur réunion, s'ils siègent dans les édifices du Parlement, afin que leurs membres puissent se rendre à la Chambre et voter dans le cadre d'un vote par appel nominal. L'exemple qui a été donné venait, comme vous l'avez fait remarquer, du Comité de l'industrie, bien qu'il se soit produit lors d'une législature précédente.
Puisque je suis l'un des quatre whips de la Chambre, je dirais qu'une partie de notre travail de whip consiste à faire tous les efforts possibles pour veiller à ce que nos députés soient présents à la Chambre pour voter. Il est certain que nos chefs respectifs comptent sur nous pour cela.
Je signale que lorsque M. a pris la parole à la Chambre pour soulever cette question en tant que question de privilège, il a parlé du conflit dans lequel serait placé chaque député membre d'un comité si la majorité privait la minorité du droit de suspendre la réunion pour se rendre à la Chambre pour voter, compte tenu de ce que l'une de nos principales responsabilités, sinon la principale responsabilité d'un député, est de représenter ses commettants à la Chambre lors de votes. C'est une responsabilité qui tient à coeur à tous les députés, sans égard à leur parti, d'après moi. Il est certain que nous voulons pouvoir nous rendre à la Chambre pour voter au nom de nos commettants. C'est l'un des principes fondamentaux de notre démocratie.
Par contre, compte tenu du caractère particulier de ce gouvernement minoritaire, dans le cas qui nous occupe, les députés du parti ministériel ne pouvaient pas briser le quorum en se retirant collectivement pour aller voter. Ils se sont trouvés déchirés par un dilemme, entre deux responsabilités contraires: la première étant de représenter leurs commettants au vote à la Chambre des communes, et la seconde, de s'acquitter de leur travail parlementaire en continuant à siéger au comité afin de veiller à ce que leur voix, s'il y avait un vote, y soit enregistrée.
En outre, le comité traitait d'une question délicate à ce moment-là, et si les députés ministériels quittaient la salle, ils n'auraient pas pu savoir ce qui s'était dit pendant leur absence au comité. Dans ce cas-ci, il s'agissait du parti ministériel, mais tout autre parti aurait pu se trouver dans un dilemme semblable. Par exemple, il est déjà arrivé dans certains comités que les députés d'un des petits partis fassent de l'obstruction pour éviter que le comité atteigne un objectif contraire à la position de ce parti.
C'est donc une question extrêmement grave, et pour ma part, tant en ma qualité de whip que de député, j'estime que le Règlement devrait être corrigé, comme cela s'est fait en Grande-Bretagne, je crois. Là-bas, les réunions doivent être suspendues ne serait-ce que temporairement de façon à ce que les membres du comité qui se trouvent dans l'enceinte parlementaire puissent se présenter au vote. C'est là la toile de fond de mon intervention.
Vous avez proposé au comité deux solutions possibles. La première est que chaque comité pourrait, au début de la session, adopter sa propre motion sur la façon de régler ce genre de conflit. À mon avis, c'est une solution un peu boiteuse. Il vaudrait mieux modifier le Règlement lui-même — et c'est la deuxième solution que vous avez proposée — afin que la règle soit la même pour tous les comités, quant à la façon de régler ce conflit éventuel pour leurs membres.
Cela dit, vous avez soulevé cette question et j'ai pris des notes. Vous avez dit que par le passé, la Chambre s'est montrée réticente à limiter le pouvoir des comités d'être complètement maîtres de leurs délibérations. Nous comprenons tous cela, et nous voulons agir avec grande prudence. Je me demande cependant si vous pourriez préciser quelles seraient vos inquiétudes à cet égard, pour quelles raisons nous ne pourrions pas modifier le Règlement pour corriger ce problème.
À mon avis, les comités ne seraient pas privés de beaucoup de pouvoir. Il faut reconnaître que certains députés, surtout ceux d'un gouvernement minoritaire, pourraient être aux prises avec un dilemme véritable, puisque comme l'ont fait remarquer certains collègues, le gouvernement pourrait être renversé s'il s'agissait d'un vote de confiance et que certains comités empêchaient leurs députés d'aller voter. C'est une possibilité, selon la façon dont les membres de ce comité voteraient à la Chambre.
Compte tenu de la gravité de cette question, madame la greffière, pourriez-vous nous en dire davantage sur les raisons pour lesquelles nous devrions respecter les traditions de la Chambre, c'est-à-dire éviter d'imposer des limites aux comités, au lieu d'ajouter au Règlement une disposition prévoyant un ajournement temporaire.
:
Je vais répondre à M. Hill par votre entremise, monsieur le président.
Ce qui m'a amenée à m'écarter de mon texte et à parler de ce que la Chambre hésite à imposer des limites qui auraient pour effet de limiter le pouvoir d'un comité d'être maître de ses délibérations, c'est que je crains constamment la loi des conséquences involontaires. Je suis d'accord avec votre description du problème. J'en ai discuté avec mes collègues, avec mes collègues des comités, en tout cas, qui sont d'ardents défenseurs des comités, on le comprendra, et qui ne cessent de me dire que les comités sont maîtres de leurs travaux. Il en a toujours été ainsi, et cela ne devrait pas changer.
Mon problème, en principe, c'est qu'on ne saurait avoir une créature de la Chambre qui, d'une façon ou d'une autre... À mon avis, le devoir d'un député de voter à la Chambre a préséance sur son devoir en tant que membre d'un comité. Lorsque ces deux responsabilités s'opposent, comme dans l'exemple que M. Rajotte a signalé à la Chambre, cela crée un véritable dilemme.
Pour abréger, je répéterai qu'il pourrait y avoir des cas comme celui que vous avez décrit, si le comité traite d'une question très controversée ou source de discorde, et l'on pourrait déclencher un vote à la Chambre, par exemple, pour retarder les travaux du comité. Ainsi, la direction viendrait d'en bas, car on manipulerait les travaux d'un comité en provoquant un vote à la Chambre. C'est ce genre de déséquilibre qui m'inquiéterait.
Cela dit, nous avons proposé une solution qui consisterait à faire adopter au début de la législature une motion indiquant que le comité suspendra ses audiences lorsque la sonnerie annoncera un vote, avant de reprendre ses travaux. Si nous proposons que cette mesure soit prise au début d'une législature, lorsqu'un comité établit ses règles administratives, c'est que c'est à ce moment qu'il y a le moins de controverse. Le comité planifie ses travaux et c'est peut-être un moment des plus calmes. Mais si, de l'avis des whips, il serait trop chaotique que chaque comité adopte une telle mesure administrative, celle-ci pourrait être inscrite dans le Règlement, et comme vous le dites, les réunions seraient suspendues afin d'éviter ce genre de conséquences involontaires.
C'est en fait ce que je veux vous signaler, car j'ai constaté au fil des ans qu'il faut faire très attention de produire des règles pour régler certains irritants précis, car ce qui résout un problème à gauche peut provoquer un autre problème à droite.
:
Merci, monsieur le président.
À mon tour, mes propos porteront davantage sur la deuxième partie de la question sur laquelle la greffière s'est penchée, à savoir le fait que le comité siège pendant qu'il y a des votes à la Chambre.
Au sujet du huis clos, je vais seulement émettre un court commentaire. N'oublions pas que le huis clos — c'est la même chose en matière judiciaire —, vise avant tout à protéger des témoignages sensibles. Il faut se demander ce qui se produira si on accepte que le huis clos soit levé rétroactivement. Cela aura un impact direct sur la qualité des témoignages devant les comités. On aura beau dire à un témoin qui viendra nous parler de sécurité nationale que c'est à huis clos, qu'il est parfaitement protégé, que ses propos ne seront pas rapportés à l'extérieur de la salle, il va quand même se demander s'il y a possibilité que, au moyen d'une résolution adoptée par une majorité de membres du comité, on décide subitement de lever le huis clos. Cela remet en question tout le fonctionnement des comités et tout le sérieux du travail des comités. J'espère qu'on va y penser sérieusement, nous, comme membres de ce comité.
C'était mon commentaire au sujet du huis clos.
J'aimerais émettre un deuxième commentaire, qui va dans le même sens que le propos de mon collègue Jay Hill. C'est probablement parce que je suis whip de mon parti, comme lui.
Je n'appuie pas l'idée que chacun des comités adopte une motion, je vous le dis tout de suite, parce que je fais davantage confiance à la Chambre, comme entité, qu'à la présidence de chacun des comités. Et je nomme personne; les présidents proviennent de tous les partis. Je pense qu'on devrait se donner des règles et modifier le Règlement en conséquence.
J'illustre mon opinion au moyen d'un exemple. Vous savez que le mardi est la journée où il y a le plus grand nombre de rencontres de comités. Aujourd'hui, 22 comités et sous-comités de la Chambre tiennent une séance. On sait que le mardi, on doit souvent participer à des votes. Si on accepte que les comités puissent continuer à siéger pendant les votes, je suis d'avis que cela modifiera la composition même du gouvernement minoritaire. En effet, les députés de l'opposition étant majoritaires aux comités et se voyant dans l'obligation de poursuivre les travaux — car des motions importantes peuvent aussi être présentées en comité —, ils ne pourraient pas participer aux votes à la Chambre. On ne peut pas être à deux endroits en même temps.
Je partage l'opinion de Jay Hill à l'effet que notre rôle premier est d'aller voter au nom des citoyens que nous représentons. Quand on se lève à la Chambre, c'est la démocratie qui parle, c'est la population qui nous a élus qui s'attend à ce que son représentant vote en faveur ou contre des propositions. Lorsque la population n'est pas contente de la position adoptée par son représentant, elle le chasse de son poste. C'est ça, la démocratie.
On se retrouverait dans une situation où on serait littéralement écartelés, torturés entre l'adoption d'une motion en comité et notre obligation d'aller voter à la Chambre. Au sein de la majorité des 22 comités et sous-comités qui siègent, il y a plus de représentants de l'opposition que de représentants du gouvernement. En conséquence, lors d'un vote, cette situation favoriserait le gouvernement, qui, numériquement, deviendrait majoritaire, alors que le résultat de l'élection fait qu'on a un gouvernement minoritaire.
Pour toutes ces raisons, je suis d'avis qu'on devrait modifier le Règlement afin d'interdire carrément aux comités de siéger pendant un appel au vote. Je suis du même avis que Jay Hill. De plus, il faut s'assurer qu'il ne pourra pas y avoir de résolution qui permettrait à une majorité de membres d'un comité de décider, par vote, de continuer à siéger. Cela doit être très explicite, car on sait que les présidents cherchent parfois de l'avancement.
Il faut qu'il soit écrit dans le Règlement qu'il est interdit de continuer à siéger s'il y a un appel au vote.
:
Merci, monsieur le président.
Au sujet du huis clos, je suis catégorique: lorsqu'on est à huis clos, on ne change pas les règles, on demeure à huis clos. Je ne veux pas faire d'erreur quant au nom de la personne, mais je me rappelle que durant l'enquête sur le programme des commandites — si je ne me trompe pas, c'était durant le témoignage de M. Charles Guité — on voulait lever le huis clos, et je me suis.... Peu importe, même si cela aurait pu nous faire perdre la cause. C'est une question d'honneur. Lorsqu'on invite des gens ici à une séance à huis clos, le huis clos doit être respecté, à moins que toutes les personnes concernées acceptent à l'unanimité, sans hésitation, de lever le huis clos. Dans ce cas, c'est différent.
Cependant, supposons qu'on demande à quelqu'un de témoigner — et je suis d'accord avec Michel à ce sujet —, qu'on lui dit que ce sera à huis clos et qu'ensuite, on lève le huis clos. Personnellement, je n'aurais plus le coeur, par la suite, d'inviter qui que ce soit à se présenter devant nous et à parler librement sous le couvert du huis clos. Je ne serai jamais d'accord là-dessus. Je suis catégorique: le huis clos, c'est le huis clos.
Au sujet des comités, j'aimerais que le Parlement adopte un règlement. Sans vouloir discréditer qui que ce soit, les gens de ma circonscription ne considèrent pas ce que je fais en comité, ils considèrent mon travail à la Chambre des communes, car un vote, c'est important. Il n'y a aucune raison...
Je me souviens du cas de Brian Masse, qui a siégé au Comité de l'industrie. Il voulait vraiment participer à un vote à la Chambre et il on l'a empêché de le faire. Ce n'est pas correct qu'un comité décide pour un député. On fait revenir des députés qui sont en voyage afin qu'ils puissent prendre part à un vote, mais dans ce cas-ci, ils étaient ici, au Parlement, à la porte d'à-côté, et ils ne pouvaient pas aller voter. On leur enlève leur droit de vote. Il s'agit vraiment d'enlever le droit de vote aux députés, peu importe le parti politique. Je ne pense pas qu'on devrait le permettre. Imaginez-vous qu'on laisse à chacun des comités le soin de décider: des comités permettront aux députés de s'absenter pour le vote, d'autres non. Cela constituerait une discrimination à l'endroit des députés. Comment un député pourra-t-il expliquer aux citoyens de sa circonscription qu'il ne peut pas aller voter, alors qu'il se trouve à Ottawa? Pourrait-il dire que c'est parce qu'un groupe en a ainsi décidé à la majorité? C'est plus facile d'expliquer pourquoi, dans le cas d'un vote d'urgence tenu le soir même, un député qui est à Vancouver, par exemple, n'a pas pu voter que d'expliquer pourquoi il n'a pas pu voter alors qu'il se trouvait à Ottawa. Comment pourrait-on expliquer cela à nos concitoyens? De plus, selon le sujet, il y a des votes qui sont plus importants que d'autres aux yeux des citoyens.
Ma question s'adresse à la greffière. Madame O'Brien, vous dites que dans le passé, les députés membres d'un comité étaient maîtres de leurs actes. Y a-t-il quelque chose qui empêcherait le Parlement d'adopter pareil règlement de nouveau?
J'aimerais enchaîner sur les propos de M. Godin. Lorsque des restrictions qui s'appliquent à une séance à huis clos ne sont pas respectées, cela rejaillit sur les membres du comité et pas seulement sur le témoin. Je pense que c'est cela que j'essayais de dire. Je suis tout à fait d'accord avec cela. Ce manque de respect pour la confidentialité est justement l'une des raisons pour lesquelles nous devons pouvoir nous faire confiance mutuellement en comité. Je pense que la plupart, sinon la totalité, des membres seraient d'accord avec moi. C'est pourquoi je pense que lorsqu'une question de privilège est soulevée à la Chambre au sujet de la divulgation prématurée d'un rapport de comité ou quelque chose du genre, la vaste majorité, sinon la totalité, des membres prennent cela très au sérieux.
Bien sûr, dire qu'il y a eu une fuite parce qu'il y a un article dans les quotidiens du jour ce n'est pas du tout la même chose que de prouver qui en est responsable. Il faut alors se demander si on peut prouver qui est responsable et quelles sanctions doivent être appliquées, ce qui est une des questions que M. Guimond a soulevées tout à l'heure.
Je me demande, monsieur le président, si nos témoins auraient des idées quant à la procédure à suivre pour empêcher que cela se produise. Prenons cela à titre d'exemple, car cela se produit assez souvent. Ce n'est pas vraiment une anomalie que le rapport d'un comité soit divulgué prématurément par quelqu'un qui, évidemment, a accès à ce rapport et qui jase avec un journaliste. Cela indique un manque de respect pour l'institution et les collègues du comité. Je me demande si les témoins croient que la procédure existante est suffisante.
Je sais qu'un ou deux comités ont déjà examiné cette question. Suite à la divulgation d'un rapport ou d'une information confidentielle examiné à huis clos à un journaliste qui l'a rapporté dans la presse, dans le domaine public, ils ont demandé à leurs membres de jurer qu'ils n'étaient pas l'auteur de la fuite. Ils ont juré, comme ils l'auraient fait devant un tribunal. Mais bien sûr, cela se fait à huis clos, et si quelqu'un refuse de jurer, son refus ne peut pas être divulgué. C'est simplement un exemple que je vous donne.
Est-ce que les témoins ont des suggestions à faire, pas seulement pour notre comité, mais pour tous les partis et tous les députés et pour la Chambre elle-même? Est-ce qu'il y a moyen de modifier la procédure pour la resserrer, en quelque sorte, afin que tous les députés prennent cette question un peu plus au sérieux? Je pense que la vaste majorité d'entre eux la prennent très au sérieux, mais c'est une question qu'ils se posent de temps en temps. Leur intégrité personnelle les oblige à respecter l'engagement qu'ils ont pris de respecter la confidentialité de ces renseignements. Il est évident que certains ne le font pas, puisque ce problème se pose de temps en temps.
Je ne blâme aucun parti ni aucun député. Cela arrive. Je me demande si nous ne devrions pas avoir des règles plus sévères et peut-être des sanctions pour les cas où on peut prouver qui est l'auteur d'une fuite, ou lorsque quelqu'un refuse de prêter serment, par exemple. Je pense que le fait qu'un député refuse de prêter serment et dise: « Ce n'est pas moi. Je ne sais pas qui l'a fait, mais ce n'est pas moi qui ai parlé au journaliste », laisse planer des soupçons quant à la culpabilité du député.