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Chers collègues, la séance est ouverte.
Je tiens d'abord à remercier chacun et chacune d'entre vous de votre présence parmi nous ce matin.
Aussi, j'aimerais remercier tout particulièrement les membres de notre comité, car je n'en aurai peut-être pas l'occasion plus tard aujourd'hui, du travail soutenu qu'ils ont fourni au cours de l'année qui se termine. Ce matin, j'ai eu l'honneur de déposer notre 56e rapport. À mon avis, notre comité donne vraiment l'exemple aux autres, mais c'est tout ce que j'en dirai. Il se peut aussi que nous ne le donnions pas, mais de toute façon...
Aujourd'hui, chers collègues, avant de nous pencher sur les quelques questions à l'ordre du jour, je précise que nous siégeons de nouveau en public.
Le premier point à l'ordre du jour ce matin, conformément à notre ordre de renvoi du vendredi 1er juin 2007, est l'étude du , Loi modifiant la Loi électorale du Canada et d'un amendement corrélatif à la Loi référendaire.
Nous avons de nouveau le privilège et l'honneur d'accueillir le leader du gouvernement à la Chambre et ministre de la Réforme démocratique, .
Monsieur le ministre, auriez-vous l'amabilité de nous présenter vos collaborateurs, après quoi vous pourrez faire votre déclaration?
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je suis heureux de comparaître devant vous pour parler du projet de loi , aussi appelé « projet de loi sur les possibilités de vote accrues ». L'objet du projet de loi sur les possibilités de vote accrues est de renforcer notre démocratie en facilitant l'exercice du droit de vote.
Comme je l'ai dit lorsque j'ai présenté ce projet de loi : « Le droit de vote est notre droit le plus fondamental et le plus précieux et la participation des citoyens au processus politique, par l'exercice du droit de vote, est la pierre angulaire de notre démocratie. En prenant la décision de voter, les Canadiens et les Canadiennes prennent leur pays en main ».
Ainsi que je l'ai mentionné à l'occasion de ma dernière comparution devant votre comité, le projet de loi sur les possibilités de vote accrues représente un élément de notre programme de responsabilisation par la réforme démocratique. Ce programme comporte trois grands thèmes : premièrement, nous mettons fin à l'influence des intérêts bien nantis dans le processus politique en réglementant le financement des partis politiques. Deuxièmement, nous avons présenté une mesure législative afin de moderniser le Sénat pour le rendre plus démocratique, plus responsable et plus efficace. Enfin, nous prenons des mesures pour renforcer notre système électoral, en particulier le projet de loi sur les possibilités de vote accrues dont nous discutons aujourd'hui.
J'aimerais d'abord discuter de la tendance à la baisse dans la participation des électeurs.
[Français]
Nous avons tous constaté l'inquiétante tendance à la baisse qui caractérise la participation des électeurs aux élections générales. À l'élection générale de 1958, 79,4 p. 100 des Canadiens ont voté. Cependant, en 1993, le taux de participation a chuté à 69,6 p. 100, et en 2004, seulement 60,5 p. 100 des électeurs admissibles se sont rendus aux urnes.
Phénomène encore plus troublant que le taux de participation global, le taux de participation des jeunes aux élections générales est encore plus bas. Une étude réalisée en 2002 par Élections Canada révèle que 25 p. 100 seulement des personnes admissibles âgées de 18 à 24 ans ont voté lors de l'élection générale de 2000.
Nous ne pouvons laisser cette tendance se poursuivre. La santé de nos institutions démocratiques repose sur notre capacité de rétablir la confiance de la jeunesse canadienne à l'égard du processus démocratique.
[Traduction]
Pour ce qui est de faciliter la participation des électeurs, à mon avis, les gouvernements doivent faire tout en leur possible pour encourager les Canadiens et les Canadiennes dans tout le pays, jeunes et moins jeunes, à prendre part au processus démocratique dans l'intérêt d'un gouvernement responsable qui leur rend des comptes. Nous devons veiller à ce que toute personne souhaitant voter puisse exercer son droit. La santé et la vitalité de la démocratie en dépendent.
Malheureusement, malgré les occasions de voter qui existent actuellement, il reste un nombre appréciable d'électeurs qui invoquent le travail et la responsabilité familiale comme principal motif d'abstention.
Selon un sondage réalisé en 2003 pour le compte d'Élections Canada, près de 40 p. 100 de ceux qui se sont abstenus de voter lors du scrutin fédéral de 2000 auraient voté si les scrutins par anticipation avaient été offerts. Parmi les raisons citées pour expliquer leur abstention, mentionnons la surcharge de travail, l'école, les activités familiales, les problèmes de transport et en déplacement le jour du scrutin.
Qui plus est, 43 p. 100 des répondants de 18 à 24 ans ont affirmé que des facteurs tels que le travail, la famille, les responsabilités scolaires et d'autres raisons semblables les avaient empêchés de voter. Une étude effectuée en 2001 par le Centre de recherche et d'information sur le Canada sur la participation au scrutin avait constaté des chiffres semblables.
Nous avons tous entendu parler de gens qui se sont levés le jour du scrutin avec la ferme intention d'aller voter, mais qui, pour diverses raisons (ils ont peut-être dû travailler tard, ou conduire leurs enfants au hockey, ou faire des courses) n'ont pas eu le temps de le faire. Les nombreuses occupations des Canadiens et des Canadiennes sont donc un facteur à ne pas négliger lorsqu'on cherche à expliquer le déclin de la participation des électeurs.
Tout indique que l'établissement de journées de vote par anticipation a un effet positif sur la participation au scrutin. La Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis a formulé plusieurs conclusions pertinentes : À la page 123, on dit que :
Dans le cas précis du vote par anticipation, il faut également souligner que, pour diverses raisons, bon nombre de Canadiens sont à l'extérieur de la maison à un moment ou à un autre, y compris le jour du scrutin. La hausse de l'incidence des déplacements, par affaires ou par plaisir, signifie qu'un grand nombre de gens ne pourront exercer leurs droits, s'ils ne peuvent le faire par anticipation.
À la page 130, il est dit que :
En général, les preuves amassées sur les quatre pays et, en fait, au Canada-même, suggèrent que le vote par anticipation est devenu un soutien principal important dans le répertoire des occasions de voter. Certains croient que, sans le vote par anticipation, le taux de participation serait plus faible et que, à l'inverse, de meilleures possibilités de vote par anticipation feraient croître le taux de participation.
Dans le cadre d'une étude commandée par Élections Canada en 2003 pour analyser l'effet des possibilités de votes accrues sur la participation électorale, l'analyse empirique révèle que la participation augmente d'environ dix points dans les pays où il est possible de voter par anticipation.
[Français]
Depuis 1993, le recours au vote par anticipation a presque doublé au cours des élections canadiennes. En 1993, 5,4 p. 100 des électeurs avaient déposé leur bulletin de vote à un bureau de scrutin anticipé. D'élection en élection, ce taux n'a cessé de croître, pour atteindre 10,5 p. 100 lors de l'élection générale de janvier 2006.
Je crois que cette tendance se poursuivra et que le public accueillerait très favorablement les possibilités de vote accrues et pratiques qu'offrent les jours additionnels de vote par anticipation.
Il semblerait également que les pays qui tiennent des scrutins les fins de semaine enregistrent des taux de participation électorale plus élevés. Une étude réalisée en 2002 par Mark Franklin, de l'Université de Houston, révèle un effet nettement positif du vote le dimanche. Il a constaté que les pays qui tiennent des scrutins le dimanche enregistrent un taux de participation des électeurs d'environ six ou sept points de pourcentage plus élevé que les pays qui n'offrent pas la possibilité de voter le dimanche.
À noter que le taux de participation électorale aux récentes élections présidentielles françaises, qui ont lieu le dimanche, était de 82 p. 100. D'ailleurs, le vote par anticipation le dimanche est déjà instauré en Saskatchewan, au Manitoba et au Québec. Dans son rapport d'avril 2004, le directeur général des élections du Québec recommande de tenir les élections le dimanche, entre autres parce qu'il serait plus facile pour les personnes qui travaillent du lundi au vendredi d'aller voter.
Après avoir pris en considération l'effet positif de la tenue de scrutins le dimanche sur la participation des électeurs et le recours accru au vote par anticipation dans le cadre des élections canadiennes, le nouveau gouvernement du Canada a présenté le projet de loi sur les possibilités de vote accrues le 9 mai 2007.
[Traduction]
Si nous passons maintenant aux détails du projet de loi C-55, précisons d'abord qu'il a pour objet de modifier la Loi électorale du Canada en ajoutant deux jours de vote par anticipation les deux dimanches précédant le jour d'élection.
Les Canadiens disposent actuellement de trois jours pour voter par anticipation, les vendredi, samedi et lundi de la dernière fin de semaine précédant le jour d'élections. Ces jours-là, les gens peuvent voter entre midi et 20 heures, mais certains doivent parcourir de grandes distances pour le faire, parce que seulement une fraction des bureaux de vote sont ouverts. Les modifications prévues dans le projet de loi sur les possibilités de vote accrues ajouteraient deux jours de vote par anticipation, soit l'avant-dernier et le dernier dimanche avant le jour d'élection. Les électeurs auront ainsi quatre jours consécutifs de vote par anticipation l'avant-dernier week-end précédant l'élection. Par contre, le dimanche précédant le jour des élections sera un jour spécial de vote par anticipation. Tous les bureaux de scrutin devant servir le jour du scrutin général seront ouverts la veille, offrant aux électeurs le maximum d'occasions de voter au moment où l'attention des médias et l'intérêt pour l'élection devraient atteindre leur summum.
Les jours de vote par anticipation, les bureaux de scrutin conserveront leur horaire restreint et seront ouverts de midi à 20 heures, par opposition aux périodes de 12 heures de vote décalées en vigueur le jour d'élection.
En conclusion, notre projet de loi sur les possibilités de vote accrues veut dire que tous les Canadiens auront l'occasion de voter à un bureau de vote par anticipation de leur quartier un dimanche, jour qui, pour la plupart, est sans travail ou fréquentations scolaires. Il sera donc plus facile pour les Canadiens de voter.
[Français]
Nous espérons que cette commodité accrue permettra aux familles d'aller voter avec leurs enfants, pour les aider à prendre conscience tout jeunes de ce que représentent l'occasion et le devoir de voter ainsi qu'à comprendre ce que signifie être citoyen dans un pays libre et démocratique. Ces leçons, une fois bien apprises, durent pour la vie et renforcent nos collectivités. Elles seront le gage d'un avenir meilleur pour le Canada. Nous savons qu'il est avantageux pour la démocratie et pour le Canada d'assurer la participation d'un plus grand nombre de Canadiens au processus électoral en favorisant l'exercice du droit de vote.
Merci.
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
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Monsieur le président, si je n'utilise pas au complet mes sept minutes, je vais partager mon temps avec mon collègue Mauril Bélanger.
Merci beaucoup, monsieur le ministre, de nous avoir présenté cet exposé sur le projet de loi . Nous, les politiciens de tous les partis politiques confondus, ne pouvons qu'être favorables à l'intention de ce projet de loi, qui est essentiellement d'accroître la participation des citoyens à ce processus démocratique qu'est le vote. C'est très clair: nous voulons que le taux de participation augmente.
J'ai occupé des fonctions du côté provincial avant de passer au fédéral et je me souviens d'avoir trouvé incroyable, à mon arrivée, la quantité de moyens par lesquels les citoyens pouvaient voter. En effet, non seulement peuvent-ils voter par anticipation, par la poste, mais ils peuvent aussi le faire n'importe quand. Dès que le processus est déclenché, ils peuvent se présenter au bureau du directeur des élections. J'ai découvert qu'on offrait une panoplie de possibilités aux citoyens voulant vraiment voter. Le système possède une flexibilité que nos systèmes provinciaux n'ont généralement pas. Je trouve que c'est très bien.
Vous avez cité plusieurs études antérieures réalisées par diverses personnes. Or, je me demande si vous, monsieur le ministre, le Conseil privé ou le gouvernement, avez fait des études afin de déterminer si le fait d'augmenter le nombre de jours de vote par anticipation, comme vous le suggérez, aura vraiment un effet sur le taux de participation. En outre, j'aimerais savoir qui vous avez consulté avant d'en arriver à nous faire cette proposition.
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Je vais répondre à la dernière question en premier parce que nous avons effectivement comptabiliser tous les coûts qui s'y rattachent. Il y aurait d'abord un coût unique de 6,8 millions de dollars correspondant à la technologie de l'information puis, bien entendu, à chaque scrutin, il y aurait des coûts récurrents de 30,4 millions de dollars liés à la dotation de bureaux de scrutin supplémentaires. Voilà donc pour les coûts.
Pour ce qui est des ouvrages consultés, la plupart sont, bien entendu, le fruit de chercheurs universitaires de très grand calibre, je puis vous l'assurer. J'ai parlé plus tôt de l'étude de Pammett et LeDuc. Il y en a aussi d'autres, dont celle de Louis Lavoie, que nous avons consultée et celles d'André Blais, de Louis Massicotte, d'Agnieszka Dobrzynska... Mais le plus intéressant est peut-être celle réalisée en 2001 par le Centre de recherche et d'information sur le Canada, ouvrage très stimulant, que je vous recommande d'ailleurs de lire, compte tenu de votre intérêt manifeste pour les questions politiques.
On peut aussi évoquer des chercheurs comme André Blais, Marc Chénier, John Courtney, Donna Dasko; Agnieszka Dobrzynska, Fred Fletcher de l'Université York, que la plupart des gens connaissent sans doute; Mark Franklin; Jonathan Malloy de l'Université Carleton, ici à Ottawa; Louis Massicotte, de l'Université de Montréal; Alain Pelletier, d'Élections Canada; Jon Pammett; et Lisa Young, de Calgary, auteure de nombreuses recherches sur la participation électorale et qui arrive sans cesse à de nouvelles conclusions.
Il y a donc abondance de recherches. J'ajouterai qu'il y a aussi beaucoup d'études qui débordent du cadre strictement politique, mais j'y reviendrai peut-être pour répondre à une autre question.
Je dirai quand même que l'une des erreurs les plus fréquentes lorsqu'on se penche sur ce genre de travaux est de se limiter uniquement à l'horizon politique, parce qu'au fond, ce dont il est question ici, c'est d'un recul général de la participation à la vie collective depuis 50 ans, et cela, à tous les genres d'organismes communautaires. Je devais peut-être m'abstenir de généraliser ainsi en parlant de « tous les genres d'organismes communautaires » mais, en règle générale, il est indiscutable que la participation à la collectivité a diminué pour nombre de raisons.
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Eh bien, je ne suis pas sûr d'utiliser tout mon temps de parole.
D'abord, en partie pour répondre aux questions posées par Mme Robillard au sujet du projet de loi C-55, je tiens à préciser, pour mémoire, que, sur ce sujet, je représente les régions rurales du Canada.
J'ai la chance de représenter près d'un quart de la masse terrestre de la Colombie-Britannique, soit plus de 250 000 kilomètres carrés, répartis à peu près également de chaque côté des Rocheuses. À mon avis, cette circonscription serait de beaucoup avantagée par ce genre de loi. Je songe en particulier aux circonscriptions rurales —
Mme Robillard a remarqué fort justement que n'importe quel électeur peut choisir de se rendre quand il le veut au bureau du directeur de scrutin pendant la période couverte par le bref électoral pour exprimer son suffrage. Je pense même que nombre de Canadiens le font si l'on en croit les statistiques. Cela étant dit, dans une circonscription rurale comme la mienne, cela oblige la grande majorité de mes mandants à se déplacer sur des centaines de kilomètres. Ainsi que l'a aussi affirmé le ministre, c'est non seulement peu pratique mais manifestement coûteux. J'ajouterais que, dans le cas où il y aurait un autre scrutin en hiver, c'est quelque peu dangereux pour la conduite automobile, compte tenu de l'état parfois très périlleux des routes.
Par conséquent, la tenue de scrutins par anticipation, pas seulement sous le régime actuel mais aussi, tel que proposé, le dimanche précédant le scrutin et en ouvrant tous les bureaux de scrutin, serait extrêmement avantageux pour mes électeurs de Prince George—Peace River, et, à mon avis, pour la plupart des circonscriptions rurales.
Je tenais simplement à faire cette mise au point pour mémoire.
Aussi, monsieur le président, bien que le ministre ait répondu à la question relative aux consultations, j'aimerais évoquer ce que m'ont souvent proposé mes propres électeurs, que j'ai le privilège et l'honneur de représenter depuis près de 14 ans. Ils m'ont dit qu'ils profiteraient certainement de ces nouvelles possibilités si on les leur offrait. Dans des circonscriptions comme la mienne, où l'économie est en pleine expansion — dans Prince George-Peace River, elle se fonde largement sur le pétrole et le gaz, tout comme sur l'exploitation forestière. On y trouve beaucoup de cols bleus, dont certains qui travaillent dans la forêt. Plus on leur donnera d'occasions de voter, quand ils ne travaillent pas par roulement ou qu'ils ne sont pas dans le bois, loin de tout bureau de scrutin — Ce genre de loi leur donnera certainement davantage d'occasions de voter.
Je tenais à ce que cela soit dit pour mémoire, mais aussi parce qu'au cours des ans, les travailleurs du pétrole et du gaz, travailleurs forestiers et les mineurs m'ont donné leur avis là-dessus. Ils sont dans le bois — c'est l'expression qu'on utilise dans le Nord — peut-être en plein travail le jour du scrutin, et, contrairement aux autres Canadiens, ils ne peuvent pas aussi facilement s'arrêter en passant au bureau de scrutin.
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Pour souligner certains des propos de M. Hill, et ainsi que vous l'avez dit dans votre exposé, la Saskatchewan tient déjà des scrutins par anticipation le dimanche.
Je représente moi aussi une circonscription à 30 p. 100 rurale et à 70 p. 100 urbaine. Une des dispositions du projet de loi qui sera très populaire dans ma circonscription, c'est justement celle permettant la tenue d'un scrutin anticipé le dimanche précédant immédiatement le jour d'élection. En effet, en raison des vastes distances à couvrir pour se rendre aux bureaux de scrutin par anticipation dans la plupart des circonscriptions rurales, bon nombre de mes électeurs m'ont dit qu'ils ne votent que le dimanche, même dans le cas d'un scrutin anticipé, tout simplement parce que c'est beaucoup plus pratique. Et lorsque j'ai l'occasion de leur dire que nous envisageons une loi qui rendra possible de voter dans leur propre collectivité, dans leur bureau de scrutin régulier, le dimanche précédant le jour d'élection, je n'entends que des échos favorables. Très souvent, dans les circonscriptions rurales, selon le moment de l'année et si l'on vit dans une collectivité agricole et que l'on travaille en plein champ, le dimanche est le seul jour où l'on se ménage un peu de temps libre. Les gens vont à l'église, réservant ainsi la journée à la famille. Beaucoup de mes mandants m'ont dit que par le passé, le dimanche, après être allés à l'église, ils se rendaient — du moins ceux de 18 ans et plus — directement au bureau de scrutin par anticipation pour voter afin de ne pas avoir à s'en préoccuper le lendemain.
Si nous obtenons la possibilité de tenir un scrutin le dimanche précédant immédiatement le jour d'élection et que cela puisse avoir lieu dans un bureau situé dans la collectivité même, et ainsi éviter des déplacements aux électeurs — ainsi, dans ma circonscription, je crois qu'un de mes mandants a dû franchir quelque 130 kilomètres, ce qui est assez long si l'on compte l'aller et le retour — je crois que ce sera très populaire et très bien accueilli.
Vous pouvez intervenir si vous le voulez, monsieur le , mais, quoi qu'il en soit, en Saskatchewan, les dimanches sont déjà très populaires. Aller voter ne pose pas d'inconvénients, les gens ne se sentant pas dérangés le jour qu'ils consacrent à leurs pratiques religieuses, je pense donc que le projet de loi sera très bien accueilli.
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Je vous pose cette question car plusieurs projets de loi ont été déposés. D'ailleurs, et je me le rappelle bien, il y a eu la semaine de la réforme démocratique, et ce projet de loi en faisait partie. Il me semble qu'il a été annoncé le mercredi de cette semaine-là.
J'essaie simplement de comprendre quelle est la direction prise par le gouvernement en matière de réforme démocratique. Je dis cela car un certain nombre de mesures législatives ont été présentées. J'essaie de comprendre quelle est la vision du gouvernement. En effet, j'ai l'impression, même si je me trompe peut-être, et je suis certain que c'est ce que vous direz, que le gouvernement présente des mesures de-ci de-là, et le projet de loi en est une, sans vraiment savoir où tout cela va nous mener.
C'est mon avis. Nous sommes en comité. Nous explorons simplement cette question. Nous n'avons pas une image d'ensemble. Je sais que la volonté du gouvernement est de prendre des mesures concrètes, même si cela suppose de le faire à petits pas. Nous avons donc appuyé des élections à date fixe; nous avons également appuyé la mesure visant à empêcher les échappatoires en matière de financement. Ces initiatives se retrouvaient dans le programme de notre parti. Mais ce projet de loi-ci, le projet de loi C-56 et les projets de loi du Sénat semblent contradictoires. D'abord un mandat d'une durée fixe, puis l'élection des sénateurs, sans pour autant reconnaître qu'il est nécessaire de revenir sur la conférence de Québec de 1865 et le débat de l'époque. Même pour les véritables Libéraux, pas du genre qui siègent ici aujourd'hui, mais les réformateurs de l'époque, comme Brown, avaient une idée très précise du rôle que le Sénat avait à jouer d'un point de vue historique. Je crains que nous n'allions droit dans le mur, même si ce n'est pas conscient ou intentionnel. Nous allons nous retrouver dans le pétrin parce que tout cela est mal compris et qu'il n'y a pas de vision d'ensemble.
Je dis cela car le projet de loi — et vous l'avez dans une certaine mesure confirmé — a été déposé parce qu'il fallait prendre des mesures en matière de réforme démocratique. Il fallait que certains de ces projets de loi soient adoptés.
Le projet de loi au Sénat, bien entendu, n'est pas en voie d'aboutir. Le projet de loi augmentant la répartition des sièges à la suite d'un recensement a de toute évidence été retiré — et j'aurai une question à vous poser à ce sujet plus tard.
Vous essayez donc de faire adopter ces petites mesures pour donner l'impression que vous agissez. Voilà ce que je dis.
Je vous demande donc de faire plus que de simplement mentionner des études. Je connais certaines de ces études. Je connais certains de leurs auteurs. Ils n'ont jamais dit que cela accroissait directement les possibilités de vote, comme vous nous l'avez présenté.
Lorsque vous avez étudié les sciences sociales, je suis certain que vous avez pris des cours de statistiques. Il ne s'agit pas ici d'une variable dépendante qui fournirait automatiquement...
Bien, voilà ma question : pensez-vous que ces possibilités de vote accrues auront pour effet direct un taux de participation plus élevé?
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Je vais tout d'abord vous parler de notre objectif général. Cet objectif général est simple, et il se retrouve aussi bien dans notre réforme du Sénat que dans notre réforme du financement des élections, et dans des projets de loi comme celui-ci, il s'agit de renforcer la démocratie. Nous voulons renforcer notre démocratie. Renverser la tendance en matière de participation électorale en fait partie intégrante.
Je pense que cela permettra d'augmenter la participation électorale. Si vous me demandez si cela va renverser la tendance à la baisse du taux de participation, ma réponse sera un peu différente. En effet, même s'il y aura une reprise initiale, ce phénomène sera similaire à l'un de mes préférés, décrit par Putnam, concernant le déclin de la participation communautaire démontrant que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et particulièrement depuis 1950 environ, il y a eu un déclin dans la participation à la vie communautaire, quelle qu'en soit la forme. Cela comprend l'appartenance aux partis politiques, la participation au sein de partis politiques, le fait d'aller voter, la participation à des événements politiques, mais également la participation au sein d'organismes communautaires, les ligues de hockey, etc. C'est une tendance persistante.
Mais le fait intéressant souligné par Putnam, et cela se retrouve dans ces autres études, c'est qu'une personne qui participe à la vie communautaire ne cessera pas d'y participer; le déclin se produit dans des cohortes d'âge successives. Si vous votiez, si vous apparteniez à un club Kinsmen lorsque vous aviez 20 ans, et que vous avez maintenant la soixantaine, il est fort probable que vous votiez encore et que vous participiez à la vie communautaire.
Cela se retrouve dans l'étude de Pammett et LeDuc de 2003 qui examine les habitudes en matière de vote en 2000 selon la cohorte d'âge.
Pour les personnes de plus de 68 ans...
Je voudrais tout d'abord faire part de mon agacement face à certaines demandes. Pourquoi n'y a-t-il pas d'études du gouvernement à ce sujet? Nombre des études présentées portent sur l'incidence qu'a eue cette mesure dans des pays à l'étranger, et bien entendu, le gouvernement canadien ne peut pas mener d'études là-dessus.
Dans le temps, j'étais porte-parole des affaires démocratiques pour l'Alliance canadienne, et on me demandait sans arrêt pourquoi le taux de participation électorale était plus bas au Canada que dans d'autres pays. L'explication la plus simple était que dans les pays européens, pays auxquels on nous compare généralement, on vote les fins de semaine, lorsque les gens ont du temps libre. J'ai déjà participé à trois campagnes électorales, et je dois dire que je ne cesse de constater des situations où cela a été un problème.
J'ai une observation à faire au sujet des scrutins anticipés. J'ai moi-même pu faire l'expérience de cette opposition qui existe entre les milieux ruraux d'un côté et les zones urbaines de l'autre, puisque j'ai représenté une circonscription qui était à moitié urbaine et à moitié rurale avec la ville de Kanata d'un côté et une grande zone rurale de l'autre. Depuis, il y a eu un changement des délimitations, et c'est une circonscription entièrement rurale.
J'ai été frappé par l'écart qui existe entre le nombre de gens qui ont recours au scrutin par anticipation dans ma circonscription par rapport aux circonscriptions avoisinantes qui appartiennent à la ville d'Ottawa et sont donc urbaines. Je pense que l'écart est dû au fait que — c'est la conclusion à laquelle je suis arrivé — il y a moins de bureaux de vote pour les scrutins anticipés que pour les scrutins réguliers, et de ce fait il est plus facile de s'y rendre lorsqu'on vit dans une zone urbaine que lorsqu'on vit dans une région rurale. Je pense que cela explique en grande partie les taux de participation plus élevés aux scrutins anticipés dans les deux circonscriptions à l'est de la mienne. Par conséquent, je pense qu'un scrutin anticipé dans tous les bureaux de vote la veille du jour officiel de l'élection aura une grande incidence dans les zones rurales, et à titre de député d'une circonscription rurale, j'en suis très satisfait.
J'ai une dernière observation concernant les remarques de M. Bélanger au sujet de la possibilité de voter par anticipation au bureau du directeur de scrutin. Il existe déjà une disposition dans la loi permettant l'ouverture de plus d'un bureau de directeur de scrutin. C'est ce que nous avons fait dans ma circonscription. En fait de densité de population, ma circonscription ressemble un peu à des haltères: très peu de gens vivent au milieu et il y a deux concentrations importantes de part et d'autre de la circonscription à environ deux heures...
Une voix: Décrivons-nous le député?
M. Scott Reid: Merci de souligner le fait que je n'étais pas en train de me dépeindre moi-même.
Il y avait un temps de déplacement de deux heures pour se rendre au bureau du directeur de scrutin qui se trouvait à l'autre bout de la circonscription, à seulement dix minutes de la circonscription voisine. Nous avons donc demandé au directeur de scrutin, qui a accédé à notre requête, d'ouvrir un deuxième bureau.
Si on exerce suffisamment de pression à l'échelle locale — et cela a fonctionné dans notre cas —, on peut obtenir l'ouverture d'un second bureau du directeur de scrutin. C'est possible en vertu des lois telles qu'elles existent actuellement. Je ne pense pas qu'une modification législative soit nécessaire — il faut simplement une attitude plus volontariste de la part des députés afin de cerner ce problème et de le faire connaître aux directeurs de scrutin.
J'avais plutôt quelques observations à faire que des questions à poser. Merci.
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Je veux bien prendre une minute.
Monsieur le ministre, je sais que vous avez devant vous nombre d'études, mais je vais vous donner des exemples qui proviennent directement de ce qui s'est passé dans le milieu des affaires pour les dimanches, et ce, au cours des 10 à 20 dernières années.
D'un point de vue purement économique, le dimanche était le septième jour de volume, c'est-à-dire le jour le plus lent de la semaine pour la plupart des restaurants.
Une voix: Pas pour Boston Pizza.
M. Joe Preston: Quelle est la situation aujourd'hui? Dans la plupart des cas, le dimanche est passé du jour le moins occupé au deuxième ou troisième jour le plus occupé de la semaine.
Cela montre simplement que les gens aujourd'hui considèrent le dimanche comme un jour plus normal, qu'il s'agisse du travail — et bien entendu les commerçants travaillent le dimanche, de faire ses achats, d'aller à la banque, ou quoi que ce soit d'autres de possible. Je vous félicite donc d'avoir inclus le dimanche. Il était ridicule de proposer des scrutins anticipés le vendredi, le samedi et le lundi tout en excluant le dimanche. Je pense que cela fonctionnera mieux en permettant aux gens de voter le dimanche précédant le jour officiel de l'élection, cela devient une activité communautaire.
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Nous y aurons accès. Il sera utile au comité de prendre connaissance des résultats car on y retrouve certaines des questions que vous avez mentionnées au sujet des organismes bénévoles et communautaires.
Je dois dire que je ne suis pas tout à fait convaincu de ce point de vue-là. Comme je l'ai dit dans le cadre de mes observations et de mes questions — imaginez-vous que je vienne du Missouri — je veux des preuves, et pas seulement des résultats provenant d'autres pays. Pour ce qui est des pays que vous avez mentionnés, je pourrais très bien vous citer l'étude menée au Canada par la Commission du droit sur la réforme démocratique. D'après le tour d'horizon le plus important fait au Canada sur la réforme démocratique, ce n'est pas un jour de vote supplémentaire qui va permettre de faire augmenter la participation électorale. Les Canadiens veulent qu'on s'assure que chaque voix compte dans ce pays. Ils voudraient qu'il y ait un élément de proportionnelle.
D'ailleurs, pour ce qui est des autres pays — vous citez ceux de l'OCDE — le taux de participation est peut-être plus élevé parce qu'ils ont des systèmes électoraux plus justes, et non pas parce qu'ils votent le dimanche. Je pense que la plupart des politicologues vous diront que ce qui est important ici, c'est le produit qui est proposé, non pas la date à laquelle on l'achète.
Je vous dis cela car si l'on veut tenir un débat sérieux sur l'augmentation du taux de participation aux élections, il faut regarder l'image dans son ensemble. Je suis un peu préoccupé par les réponses que vous m'avez données au sujet de votre vision de la réforme démocratique. Ce sont des interventions à la petite semaine — Je ne pense pas que ce soit intentionnel. Vraiment pas. Mais quand on regarde les projets de loi sur le Sénat, le projet de loi C-56, qui a fait trois petits tours puis s'en est allé — Bon, il ne s'en est pas allé. Il a juste disparu du Feuilleton, juste quelque temps, histoire de pouvoir discuter avec M. Tory.
Plus sérieusement, je suis inquiet du fait qu'il n'y ait pas de vision. Quand je parle de vision en matière de réforme démocratique, notamment pour ce qui est d'une institution telle que le Sénat — Posez la question. C'est l'évidence-même. Il est peut-être temps d'éliminer le Sénat et de le remplacer par une institution qui est plus représentative. Il ne s'agit pas de faire des réformettes. Ou voulons-nous être dans 10 ans? En 1865, ils avaient 1841 en tête. Ils examinaient le rapport Durham. Il est temps que nous réexaminions nos institutions et que nous nous demandions si elles sont véritablement nécessaires.
Enfin, ma question concerne le dimanche. Je vais à l'église. J'y ai déjà fait référence. Certaines personnes pensent que ce n'est pas un problème mais d'autres son fâchées, je dois vous le dire. Je pense que le manque de consultation au sujet de ce projet de loi pourrait se révéler être un problème non seulement pour vous, mais pour nous également si nous décidons de l'appuyer. Je propose d'inclure des groupes confessionnels dans notre liste de témoins. Il faut qu'on les entende. Si ce n'est pas le cas, on en entendra parler. Je pense que ce serait une bonne idée.
Je pense que pour certaines personnes c'est une occasion de plus pour aller voter. Pour d'autres, il s'agira de supporter les politiciens un jour de plus. C'est le revers de la médaille.
J'ai une autre question pour vous. Saviez-vous qu'il y a récemment eu des élections au Manitoba et que la participation électorale était à la hausse? Cela ne s'est pas fait grâce à un jour de vote additionnel, mais grâce à d'autres mesures novatrices. Est-ce que quelqu'un dans votre entourage s'est penché là-dessus, peut-être vous y êtes-vous intéressé vous-même?
Je vais vous expliquer brièvement ce qu'ils ont fait. Ils ont installé des bureaux de vote, des bureaux pour le scrutin anticipé, non pas dans les églises ou les écoles, comme c'est généralement le cas, et d'ailleurs vous aurez peut-être des problèmes avec les églises à ce sujet car tous les services n'ont pas lieu avant midi, mais dans les centres commerciaux. C'est le troisième gouvernement majoritaire consécutif pour le gouvernement de M. Doer, et la participation électorale a augmenté. C'est très inhabituel. Ils ont permis aux gens de voter dans des endroits qui pour nous sont inhabituels, comme des centres commerciaux. Les jeunes ne vont peut-être plus aussi souvent à l'église que dans le temps, mais ils passent beaucoup de temps dans les centres commerciaux. Avez-vous réfléchi à cette possibilité?
Merci, monsieur le président.
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J'ai déjà oublié la moitié de sa question.
Quant à la possibilité d'établir les bureaux de scrutin dans des endroits plus commerciaux, je faisais une blague en disant que le citoyen allait se transformer en consommateur. Et c'est précisément une chose parmi d'autres qu'on voit ici. En lisant les études et certaines observations, on craint cette transformation, c'est-à-dire que les gens deviennent de plus en plus des consommateurs et de moins en moins des citoyens avec un sens du devoir. Le sens du devoir et celui de l'obligation constituent des aspects importants du vote.
Certains préconisent une meilleure éducation pour inciter les gens à voter. D'autres signalent que l'efficacité politique explique pourquoi les gens ne veulent pas aller voter. Ils ont l'impression que leur vote ne compte pas pour grand-chose, etc. Et il existe des études, comme l'a dit, qui montrent que le taux de participation au vote serait plus important si on changeait le système. Il y en a d'autres qui disent que la participation serait meilleure s'il y avait une certaine concurrence pendant les élections. Certains ne votent pas s'ils ont l'impression que le vote est déjà décidé d'avance. Il y a également le cynisme. Voilà donc des facteurs différents que nous pourrions étudier.
En toute honnêteté, je ne crois pas qu'on puisse régler tous ces problèmes en même temps, et il y a toutes sortes de bons arguments expliquant pourquoi on devrait ou on ne devrait pas faire ceci ou cela, mais la réalité c'est que, peu importe si on décide d'adopter un système proportionnel ou de retenir notre système majoritaire, qu'il s'agisse d'élections très serrées ou non, il n'en demeure pas moins je crois que ce changement que nous voulons effectuer aura un impact positif peu importent les autres changements que vous faites.
À mon avis, je ne crois pas que c'est nécessairement mauvais de l'examiner en vase clos. Je crois que c'est très bien de l'examiner, et je ne crois pas que c'est un péché que de donner à quelqu'un l'occasion de voter le dimanche, pourvu que vous n'obligiez pas les gens à voter le dimanche.
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Ainsi, nous avons la réponse quant au coût de ces jours supplémentaires.
Monsieur le président, je ne voudrais pas ici m'imposer en soutenant votre décision d'inviter le ministre à comparaître au sujet de ce projet de loi mais je me rappelle parfaitement qu'à la dernière réunion, hier précisément — j'ai la mémoire courte mais nous avons tenu une séance spéciale hier qui portait sur le projet de loi . À la fin de nos délibérations, je me souviens que vous avez dit que le lendemain, nous tiendrions notre réunion habituelle du mardi, à 11 heures, et que le ministre comparaîtrait pour discuter du projet de loi. Vous avez demandé s'il y avait des objections, et il n'y en avait pas. C'est ainsi que je me rappelle la conversation d'hier, et je dis cela pour la gouverne de M. Proulx. Des avis de convocation ont été envoyés pour la réunion d'aujourd'hui.
Pour ma part, j'essaie d'adopter une attitude positive plutôt que de laisser entendre que le gouvernement ou le ministre tente de souffler le chaud et le froid — plutôt que de voir sans cesse le mauvais côté des projets de loi présentés par le gouvernement. La maxime que j'adopte est différente, car je dis qu'avec ce projet de loi, les Canadiens gagnent sur les deux tableaux.
Comme M. Proulx l'a dit très justement, tenir un scrutin un dimanche pourrait peut-être aller à l'encontre des convictions religieuses de certaines personnes. Ces gens peuvent quand même aller voter le jour prévu pour l'élection, le lundi, dans un des autres bureaux de scrutin anticipés ou encore du lundi au samedi, au bureau du directeur de scrutin. Ils ont donc un vaste choix. Nous n'essayons pas d'être restrictifs ici. Je pense que ce projet de loi offre un plus grand choix.
J'ai toujours été convaincu que la politique était l'art du possible. Il faut parfois faire ce qui est faisable. Je suppose qu'ici je songe aux propos de M. Dewar sur le manque de vision. Tout au cours des 14 années pendant lesquelles j'ai eu le privilège de siéger au Parlement, j'ai entendu des gens s'opposer à toute réforme à nos institutions démocratiques sous prétexte que ce serait des réformes en damiers. L'ex-premier ministre Paul Martin ne cessait de dire cela. Chaque fois que nous souhaitions des modifications à la Chambre des communes ou au Sénat du Canada, il répondait qu'il ne voulait pas de mesures ponctuelles. C'était un prétexte à l'inaction.
Alors que nous essayons d'apporter des modifications progressivement, on nous accuse de manquer de vision, de procéder par à-coups ce qui pourrait nous amener à la pagaille. Pour changer les choses, il faut commencer quelque part. Voilà pourquoi je répète ce que je disais tout à l'heure, la politique est l'art du possible. Nous voulons du changement et je pense que les Canadiens s'attendent à ce que nous changions les choses. Cela n'empêche pas que nous apportions des modifications plus spectaculaires plus tard, et je pense que c'était l'argument de M. Dewar. Ce projet de loi n'est pas la fin des fins. Personne ne prétend cela, mais c'est un pas franchi.
Je voudrais mettre le reste de mon temps à la disposition du ministre pour qu'il réponde, et ne pas accaparer toutes les cinq minutes.
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Merci, monsieur le président, et je tiens à remercier encore une fois le ministre.
Pour répondre à la question de mon ami M. Hill, je dirai que ma question qui portait sur la réforme à la pièce, c'est-à-dire lorsqu'on met toutes les pièces ensemble, personne n'est contre — j'étais prudent lorsque j'ai fait part de mes observations. Tout comme mon prédécesseur, M. Broadbent, j'ai appuyé la réforme électorale. Nous avons appuyé la mesure pour abolir l'échappatoire relative aux prêts d'argent. En effet, nous avons tenu compte de cette mesure dans le projet de loi . Je ne veux pas donner une impression erronée aux gens.
Mais il faut se poser la question suivante : C'est quoi la vue d'ensemble? C'est ce que je voulais savoir. Nous, nous sommes surtout préoccupés, pas nécessairement par ce projet de loi en particulier, mais lorsqu'on ajoute tous ces éléments, dans quelle direction se dirigent nos institutions canadiennes? Suite aux débats qui ont eu lieu autour de cette table, nous avons élaboré un processus pour consulter les Canadiens, et ensuite le gouvernement a dit que nous étions contre cette idée, alors il a présenté cette consultation publique. Je n'ai pas l'intention d'ouvrir cette porte-là.
Mais il faut se demander où on s'en va? Je dirais que ma plus grande préoccupation, c'est la consultation des Canadiens.
Lorsque je vous entends parler, monsieur le ministre, et je dois dire qu'il s'agissait de votre idée — et cela ne veut pas dire que vous n'êtes pas capable d'avoir une bonne idée — mais ce que je vous demande, c'est de peut-être ouvrir un peu plus grand le filet et de consulter les Canadiens sur toutes ces questions.
Prenons ce projet de loi, par exemple. Je crois que certains groupes religieux — et nous devrions les entendre — vont avoir quelques problèmes avec cette question. Pour certaines familles, bien que rien les oblige à voter, elles vont considérer que cette mesure constitue une ingérence dans leur vie de tous les jours, dans la collectivité. Je n'en sais rien, parce que nous n'avons pas encore consulté.
Monsieur le ministre, je vous demande si vous avez envisagé la possibilité — s'il ne s'agit pas d'une consultation plus vaste qui va au-delà de ce que peut faire notre comité, parce que nous avions l'espoir de nous déplacer partout au pays pour entamer un processus en parallèle sur la réforme démocratique mais, malheureusement, cela n'a pas été possible — d'établir des groupes de sondage ou de consultation pour savoir ce que pensent les gens de ce projet de loi.
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Merci, monsieur le ministre.
Chers collègues, je veux remercier le ministre. S'il y a d'autres questions, nous nous arrangerons pour faire revenir le ministre.
Toutefois, il faut dire que j'ai remarqué que lors des dernières occasions que les députés avaient de s'exprimer, on avait plutôt tendance à s'engager dans un débat, ce qui semble vouloir dire, d'après moi, que nous avons fini de poser des questions, tout au mois au ministre.
Je veux remercier le ministre d'avoir été présent ce matin avec ses proches collaborateurs. Je vous remercie d'être venu pour aider le comité à comprendre ce projet de loi. Nous vous remercions surtout de la demi-heure additionnelle que vous avez pu nous accorder ce matin. Maintenant, nous vous laissons disposer.
Chers collègues, j'aurais simplement une ou deux choses à signaler. Il ne s'agit pas du tout de demander une liste finale. Néanmoins, il me semble que toutes ces choses sont présentes à notre esprit en ce moment. Le groupe a proposé de bonnes idées au sujet des rapports que nous avons suivis et que les députés aimeraient voir, des rapports que nous voudrions peut-être résumer, et nous allons certainement le faire. Mais à présent, pendant que les députés y pensent, si vous voulez soumettre au greffier le nom de témoins auxquels vous songez, nous y reviendrons une autre fois. Je ne vous propose pas de dresser une liste finale, mais plutôt que d'oublier —
Voici la deuxième question au sujet de laquelle je demande les conseils et l'aide du comité. Je ne suis pas certain d'être capable de convoquer des témoins d'ici jeudi. Probablement, nous pourrons faire venir quelques documents de recherche pour continuer le débat. Mais je laisserai le comité décider si c'est la seule chose que nous ferons jeudi. Je demeure à la disposition du comité. D'une part, nous pourrions prévoir une réunion pour jeudi pour examiner les documents de recherche ou entendre les témoins que nous pourrions faire venir,ou d'autre part, nous pourrions annuler la réunion du jeudi et tout finir maintenant.
Est-ce quelqu'un voudrait faire une petite intervention?
Passons la parole à M. Preston.
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Voulez-vous qu'Élections Canada vienne témoigner jeudi?
Un député: Non.
Le président: Tout d'abord, le comité me donne l'impression que nous ne nous réunirons pas jeudi.
Un député: Je viendrai, mais il n'y aura pas le quorum.
Le président: À l'ordre, s'il vous plaît. Je sais que nous sommes tous de bonne humeur aujourd'hui et que nous nous amusons bien mais j'ai du travail à faire.
Alors, il n'y aura pas de réunion jeudi.
Des députés: D'accord.
Le président: Chers collègues il ne reste plus rien à faire aujourd'hui si ce n'est de vous rappeler encore une fois de faire parvenir les listes de témoins ou les propositions d'études sur le projet de loi à notre greffière aussitôt que possible.
Je souhaite presque à tout le monde le meilleur été possible. J'espère donc que vous passerez des moments très agréables et en toute sécurité. Je ne savais pas que l'été était déjà arrivé. Je suis prêt à rester ici la semaine prochaine, mais au cas où tout le monde s'en irait en vacances , je vous offre à tous, sincèrement, mes meilleurs souhaits.
Et vraiment, en toute sincérité, je vous remercie tous pour cette session. Je crois que notre comité donne l'exemple aux autres comités. Je dois vous dire que je n'ai jamais vu des députés travailler aussi fort que certains d'entre vous et des députés aussi bien préparés que vous. Je vous en suis reconnaissant. Nos greffiers également et les Canadiens aussi. Passez un merveilleux été.
La séance est levée.