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Monsieur Guimond est reconnu pour sa bonne humeur. Toutefois, je crains que son approche, soit celle qu'aucun document ne soit distribué s'il n'est pas dans les deux langues officielles, nous empêche de nous acquitter de nos fonctions, conformément aux documents que nous sommes tenus de respecter, c'est-à-dire la Constitution et la Charte canadienne des droits et libertés.
J'attire votre attention sur le paragraphe 17(1) de la Charte canadienne des droits et libertés selon lequel «chacun a le droit d'employer le français ou l'anglais dans les débats et travaux du Parlement».
Il ne mentionne pas chaque député ni chaque sénateur, il précise chacun. Chaque personne qui comparaît devant notre comité peut se prévaloir de ce droit. Le droit d'employer l'une ou l'autre de ces langues s'applique, je suppose, autant aux présentations écrites qu'orales. Nous avons eu recours à des interprètes pour les exposés oraux, mais pour ce qui est des documents écrits, c'est un peu plus compliqué. À mon avis, ce que M. Guimond veut dire, c'est que
nous avons aussi le droit d'utiliser la langue de notre choix.
Selon moi, pour régler le conflit entre ces deux droits, il ne faut pas se contenter de jouer un rôle passif à l'égard des témoins; il faut prendre les devants. En effet, dans ce comité, comme dans tous les autres auxquels j'ai siégé, on tient pour acquis que les témoins sont au courant. Lorsque nous assignons des témoins à comparaître, nous devrions d'abord les informer des règles à suivre, notamment du fait que nous ne distribuerons pas les documents non traduits. Ensuite, nous devrions offrir aux personnes convoquées à titre de témoin, provenant de partout au pays, mis à part les ministres qui bénéficient déjà de services de traduction, de traduire leurs documents, d'une longueur raisonnable, si les délais le permettent.
C'est une possibilité qui existe, mais les témoins n'en sont pas informés. Lorsque j'ai comparu devant un comité il y a environ six ans, j'ignorais que j'avais ce droit. Je suis arrivé avec un document auquel les membres pouvaient se reporter pour suivre mon exposé. Si j'avais su que je pouvais le faire traduire, je l'aurais fait. Lorsqu'une personne a traversé le pays pour venir comparaître ici, ce serait très mal utiliser l'argent des contribuables et perdre du temps que de ne pas distribuer son exposé aux membres.
Je propose donc que nous avisions tous les témoins à l'avance, au moyen d'une lettre standard qu'aura rédigée la greffière. Cette lettre les informera de leur droit de faire traduire leurs documents, d'une longueur raisonnable, de façon à ce que la situation évoquée par M. Guimond ne se présente pas.