:
Chers collègues, je déclare la séance ouverte.
Merci à tous d'être ici.
Comme les membres du comité le savent, la Chambre a renvoyé le projet de loi C-54 à notre comité le lundi 28 mai, et nous en commençons aujourd'hui l'examen.
Je rappelle aux membres du comité qu'il s'agit d'une séance.
Nous recevons ce matin de 11 h à midi le ministre, l'honorable Peter Van Loan, leader du gouvernement à la Chambre. La deuxième heure sera consacrée à un autre témoin, le directeur général des élections, M. Mayrand.
Si vous êtes prêts, chers collègues, nous allons commencer. Vous avez reçu des documents, y compris une copie des notes du ministre.
Monsieur le ministre, je vous souhaite la bienvenue devant notre comité. Nous sommes privilégiés de vous recevoir aujourd'hui pour parler de ce projet de loi. Je vous cède la parole. Je vous demanderais de bien vouloir nous présenter votre équipe, puis votre allocution.
Merci.
:
Et je suis Peter Van Loan.
Je suis heureux de comparaître aujourd'hui pour aider le comité dans son examen du projet de loi C-54, sur la responsabilité en matière de prêts. Ce projet de loi représente un autre élément important de notre programme de responsabilisation pour la réforme démocratique.
Notre programme à cet égard est à la fois vaste et ambitieux. Il comporte trois principaux volets: renforcer notre système électoral afin de mieux l'adapter aux besoins et de le rendre plus équitable et efficace; moderniser le Sénat; et réformer le financement des partis politiques afin d'éliminer l'influence des intérêts puissants et bien nantis.
[Français]
Premièrement, nous renforçons notre système électoral en veillant d'abord à ce que notre démocratie demeure équitable pour les Canadiens dans tout le pays grâce au projet de loi , qui tente de réduire la fraude électorale, et au projet de loi , qui assure une représentation équitable à la Chambre des communes en rétablissant le principe de la représentation selon la population.
Deuxièmement, nous prenons des mesures en vue d'améliorer la participation électorale au moyen du projet de loi , qui ajoute deux jours supplémentaires de vote par anticipation, soit les deux dimanches précédant le jour du scrutin.
Enfin, nous apportons plus de certitude et de transparence au public en établissant des élections à date fixe. En vertu d'une mesure législative qui a été promulguée récemment, la date des prochaines élections générales sera le 19 octobre 2009.
[Traduction]
Par le biais d'un autre texte législatif actuellement devant le Parlement, nous espérons faire du 19 octobre 2009 la date du premier processus national de consultations sur le choix des sénateurs.
Pour la première fois, le projet de loi C-43 permet aux Canadiens et Canadiennes d'avoir leur mot à dire sur leurs représentants au Sénat. Cette mesure législative, qui représente un moyen réaliste et pratique de moderniser le Sénat, fait partie de notre plan en ce sens. L'autre partie de ce plan est un projet de loi visant à limiter la durée du mandat des sénateurs à huit ans plutôt qu'à un maximum de 45 ans comme à l'heure actuelle.
Le dernier grand volet de notre programme de responsabilisation par la réforme démocratique concerne le financement des partis politiques, des candidats et des associations afin de mettre fin à l'influence exercée sur le processus politique par des intérêts puissants et bien nantis.
[Français]
Nous nous sommes engagés à le faire pendant la dernière campagne en présentant, comme toute première mesure législative, la Loi fédérale sur la responsabilité. Le 11 avril 2006, nous avons rempli cet engagement, et le 12 décembre de la même année, la Loi fédérale sur la responsabilité entrait en vigueur.
La loi interdit les contributions des entreprises et des syndicats, resserre les règles applicables aux cadeaux et aux fonds en fidéicommis et limite les dons annuels à un parti politique à 1 100 $ en 2007.
Le projet de loi qu'étudie le comité aujourd'hui s'appuie sur la Loi fédérale sur la responsabilité et sur notre engagement à éliminer l'influence injuste des riches et des puissants sur notre système politique.
[Traduction]
Le projet de loi aurait pour effet de modifier la Loi électorale du Canada en imposant des règles plus strictes et une plus grande transparence relativement aux prêts consentis aux partis, aux candidats et aux associations. En ce qui concerne l'utilisation des prêts comme instruments de financement politique, ces modifications augmenteraient la responsabilité et la transparence, qui sont vitales pour entretenir la confiance des Canadiens et des Canadiennes dans l'intégrité du système politique.
[Français]
Parallèlement à la Loi fédérale sur la responsabilité, les changements mis de l'avant dans le projet de loi permettront de s'assurer que le financement des partis, des candidats et des associations politiques est parfaitement transparent et que les règles d'application sont faciles à faire respecter.
Les modifications relatives au traitement des prêts proposées dans le projet de loi entraîneraient les mêmes normes de transparence que celles qui s'appliquent aux contributions. En supprimant le chapitre 3, qui permet de recourir aux prêts pour contourner les restrictions visant la source ou la limite des contributions, les modifications garantiront que les réformes instaurées par le projet de loi ne pourront être sapées par le mauvais emploi des prêts.
[Traduction]
En particulier, les modifications apporteraient les changements suivants au traitement des prêts.
Premièrement, le projet de loi établirait un régime de déclaration uniforme et transparent pour tous les prêts consentis à des entités politiques, y compris la divulgation obligatoire des modalités de ces prêts ainsi que de l’identité des prêteurs et des cautions. Il instaurerait une plus grande transparence et garantirait que les partis, les candidats et les associations politiques seraient traités de façon uniforme, ce qui n'est pas le cas actuellement, croyez-le ou non.
Deuxièmement, les prêts, garanties d’emprunt et contributions provenant d’un particulier ne sauraient excéder la limite prescrite dans la Loi fédérale sur la responsabilité, soit 1 100 $ pour 2007. Comme les prêts de particuliers seraient traités comme des contributions dès l'instant où ils seraient effectués, on ne pourrait les utiliser pour contourner la limite établie pour les contributions de particuliers.
Troisièmement, seules les institutions financières et d’autres entités politiques seraient habilitées à consentir un prêt d’un montant supérieur à 1 100 $. Puisqu'ils ne pourraient plus verser de contributions, les syndicats et les personnes morales ne pourraient plus consentir de prêts. Ils ne pourraient donc pas faire passer des contributions pour des prêts. Comme les institutions financières devraient exiger un taux d'intérêt commercial, ni les emprunteurs ni les prêteurs ne pourraient échanger des taux favorables pour un traitement de faveur.
Enfin, les règles applicables aux prêts non remboursés seraient renforcées de façon que les candidats ne puissent se soustraire à leurs obligations. Les associations de circonscription seront tenues responsables des prêts non remboursés par leurs candidats. Voilà qui aidera les associations.
Je voudrais maintenant féliciter Pat Martin — je ne veux pas dire que je suis déçu de voir M. Godin ici, mais je suis déçu de ne pas voir M. Martin — parce qu'il faut reconnaître les efforts qu'il a déployés pour que cette question demeure une priorité et pour nous inciter à veiller à ce que le projet de loi suive son cours. Je tenais à reconnaître ses efforts.
[Français]
En janvier 2007, le directeur général des élections a présenté au Parlement des recommandations concernant la modification des règles régissant les prêts. Il s'agissait du premier examen effectué depuis 2000.
[Traduction]
Le DGE a recommandé que le Parlement impose de nouvelles restrictions, de rendre ces prêts plus transparents et d’en uniformiser le traitement pour toutes les catégories d’entité politique. En particulier, il a recommandé des changements comme ceux qui figurent dans le projet de loi : les amendements au projet de loi appliquent les recommandations du directeur général des élections au sujet des prêts.
À l'étape de la deuxième lecture, plusieurs députés ont dit souhaiter que le projet de loi entre en vigueur moins de six mois après la sanction royale, ce que prévoit actuellement le projet de loi. Le gouvernement aimerait que les modifications entrent en vigueur le plus tôt possible. Le comité voudra peut-être examiner avec le DGE, M. Mayrand, lorsqu'il sera ici aujourd'hui quand elles pourraient être mises en oeuvre, et lui demander de le faire aussi rapidement que possible.
Pour conclure, la responsabilité en matière de prêts est un élément important du programme du nouveau gouvernement, qui préconise la responsabilisation par la réforme démocratique. En adoptant ce projet de loi, qui mettrait à jour les règles régissant les prêts et augmenterait la transparence, le Parlement montrerait qu'il est toujours sérieusement résolu à assainir tous les aspects du financement politique au niveau fédéral.
[Français]
Cela montrera que nous ne permettrons pas à des intérêts riches et puissants d'exercer une influence excessive sur la sphère politique. Cela montrera aussi que nous allons continuer de faire fructifier les réformes opérées grâce à la mesure historique qu'est la Loi fédérale sur la responsabilité.
[Traduction]
Aujourd'hui, je sollicite votre appui à ces mesures, et c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et monsieur Van Loan.
Nous résisterons tous à la tentation de faire des jeux de mots aux dépens du ministre Van Loan.
Merci d'être ici et d'avoir déposé ce projet de loi, de concert avec votre autre série d'approches pour la réforme démocratique.
Nous avons eu l'occasion de discuter d'un grand nombre d'entre elles auparavant et nous le ferons aussi à l'avenir, lorsque nous nous attaquerons à cette possibilité d'améliorer notre système politique, notamment le financement des partis politiques.
Je voudrais tout d'abord mentionner que le projet de loi C-26, déposé en janvier 2004 par le gouvernement libéral précédent, constituait peut-être le changement le plus draconien au financement politique de l'histoire du Canada; il créait l'un des systèmes de financement politique les plus rigoureux des pays démocratiques. Nous allons maintenant un peu plus loin, comme dans le cas du projet de loi C-2, relativement aux limites.
J'ai d'ailleurs une question à ce sujet. Lorsque le gouvernement a déposé le projet de loi C-24, qui n'allait pas aussi loin que le projet de loi C-2 — puisqu'il permettait aux syndicats et aux entreprises de consentir des prêts de 1 000 $, un montant assez restreint, mais laissait aux particuliers le droit démocratique fondamental de consentir des prêts de 5 000 $ — il souhaitait ne pas enfreindre les droits démocratiques et politiques des particuliers en vertu de la Charte, à savoir de s'exprimer et de participer au processus politique de façon significative.
Vous vous souviendrez peut-être qu'il s'agissait, bien entendu, de l'une des préoccupations du Parti libéral au sujet du projet de loi C-2. Elle ne portait pas nécessairement sur les personnes morales ou les syndicats, puisque leur contribution passait de 1 000 $ à zéro — et d'ailleurs cette contribution était déjà pratiquement nulle, puisqu'elle était de 1 000 $ — mais plutôt sur les particuliers, parce que le projet de loi était susceptible de restreindre excessivement l'exercice des droits démocratiques des gens.
En examinant le projet de loi, je suis préoccupé pour ceux qui s'engagent dans une course à la direction d'un parti national, par exemple, que ce soit pour l'Alliance canadienne en 2002, le Parti conservateur en 2004 ou le Parti libéral en 2006. Une telle course dure plusieurs mois. Il faut tenir compte du fait que cette personne peut ne pas recevoir l'appui d'une association politique. Il peut également s'agir de quelqu'un, dans une moindre mesure, qui se porte candidat à l'investiture dans une circonscription mais qui n'est pas député et qui n'est pas membre d'une association de circonscription. Si on pense aux coûts possibles liés, par exemple, à une campagne à la direction pancanadienne qui dure 11 mois, et à tout l'argent qui doit être dépensé et qui a été dépensé lors de ces courses par tous les partis et à ceux qui pourraient être en mesure d'obtenir un prêt d'une institution financière... Ce qui me préoccupe, c'est que pour les personnes qui n'ont pas les ressources financières nécessaires pour obtenir du crédit afin d'avoir l'argent nécessaire pour mener ce type de course ou ceux dont les amis ne sont pas en mesure de garantir un prêt, le projet de loi pourrait nuire à la capacité de cette personne de faire partie de cette course à la direction ou à l'investiture.
Par ailleurs, on donne en fait aux institutions financières le pouvoir de décider qui peut ou ne peut pas se porter candidat, en raison de leurs besoins — c'est d'ailleurs compréhensible, étant donné leurs responsabilités et la formulation du projet de loi — de trouver une caution ou quelqu'un qui est solvable.
Il est facile de conclure que de très nombreuses personnes sont incapables de se porter candidates à de tels courses.
Monsieur le ministre, dans votre allocution, vous avez mentionné à six reprises, je pense, que l'une des intentions du projet de loi est de limiter l'influence des intérêts puissants et bien nantis. Je m'inquiète au sujet des gens qui ne sont ni riches, ni bien nantis et qui pourraient se heurter à des obstacles pour se porter candidats lorsqu'ils ne disposent pas des moyens nécessaires.
J'aimerais entendre vos observations à ce sujet.
:
Voilà un des aspects les plus intéressants du projet de loi. Pour tout parti enregistré, la dette résultant de la campagne revient finalement à l'association de circonscription, si elle n'est pas remboursée. C'est une pratique appliquée en Ontario, par exemple, en vertu de la loi électorale provinciale. C'est ainsi que ça fonctionne, et ça semble aller très bien.
On n'a pas nécessairement besoin d'une pénalité. Cela créerait en fait un problème, puisque la dette s'alourdirait. À la fin d'une campagne, les associations de circonscription ne cessent pas d'exister, comme un candidat cesse d'être candidat. Les associations n'ont pas ce délai de quatre mois, 18 mois, ou autre, après la fin de la campagne pour rembourser les dettes. Elles conservent ces dettes. Elles doivent les reporter chaque année et faire rapport de l'état de leur remboursement à la banque si la dette n'est pas remboursée. Les intérêts continuent de s'accumuler, conformément aux conditions normales du marché. Ces obligations finissent donc par survivre, et c'est le parti politique qui en hérite si l'association de circonscription cesse d'exister.
Avec ce type de cascade de cautions, les gens ne peuvent pas consentir des prêts en s'attendant à ce qu'ils finissent par être convertis en contributions. Ça signifie que ces prêts devront finir par être remboursés par une organisation liée au parti.
Certaines personnes croient que c'est un peu difficile pour une association de circonscription, mais j'ai examiné le fonctionnement de cette règle en Ontario au niveau provincial. D'une façon ou d'une autre, il y aura des sanctions; tous ceux d'entre nous qui font partie d'un parti politique le savent. Lorsque quelqu'un remporte une mise en candidature ou est nommé candidat et que l'association de circonscription n'aime pas cette personne et ne veut pas lui verser d'argent, il y a un problème. Il y a parfois un autre type de problème: un candidat peut dépenser trop et contracter une dette. Mais ces tensions sont inhérentes au fait, pour certaines personnes, d'endosser des responsabilités, et nous croyons que les gens doivent accepter la responsabilité de leurs dettes.
:
Je n'ai pas de chiffres à vous donner. J'ai examiné les statistiques, et elles varient dans la seule province de l'Ontario. Je n'ai aucune idée de ce que serait le prêt typique consenti à un candidat du Bloc québécois, parce qu'il n'y en a pas encore en Ontario.
Toutefois, au Parti libéral et au Parti conservateur, c'est assez uniforme. Il semble qu'environ 28 ou 30 p. 100 des candidats avaient contracté des emprunts et que ceux-ci variaient grandement. Certains candidats avaient des emprunts très importants; d'autres en avaient de plus modestes. Certains les avaient obtenus d'institutions financières; de nombreux candidats avaient de prêts consentis par eux-mêmes ou des membres de leur famille, et les montants étaient considérables. Le NPD ne semble pas avoir contracté de nombreux prêts. Il y avait très peu de prêts contractés par le NPD, du moins en Ontario.
Je ne pourrais donc pas vous donner une statistique exacte. Je peux toutefois vous dire qu'environ 30 p. 100 des conservateurs et des libéraux ont contracté des emprunts d'une forme quelconque, du moins en Ontario. Je dois par contre vous dire que la plupart de ces prêts étaient probablement de moins de 10 000 $.
Laissez-moi formuler un autre commentaire, pendant que je le peux, au sujet des prêts bancaires.
[Français]
La pratique au niveau provincial veut que les banques accordent des prêts avec une garantie de remboursement que le candidat recevra après la campagne. C'est le niveau du prêt.
[Traduction]
Ça signifie que c'est assez facile pour un candidat, s'il croit pouvoir obtenir 10 p. 100 des voix, d'obtenir un prêt d'une banque d'un montant au moins équivalent à celui du remboursement consenti après la campagne, pour ce qui est des dépenses. Au niveau provincial, où c'est le cas actuellement, c'est souvent le candidat qui cautionne le prêt en promettant d'y verser le remboursement qu'il obtient d'Élections Canada. Ainsi, les banques ont trouvé une approche assez pratique.
Je vous souhaite à mon tour la bienvenue, monsieur le ministre, et je voudrais vous demander de préparer votre stylo parce que, contrairement à mon collègue, j'ai toute une série de questions à vous poser. Je pense que je vais commencer par vous les poser toutes, après quoi je vous laisserai le soin d'y répondre.
Je suis certaine que cela ne vous a pas échappé, mais je suis une femme qui fait de la politique. Il faut que je vous dise qu'il est intéressant que vous n'êtes pas de ceux qui pensent que les femmes qui font de la politique ont du mal à se faire financer, parce que je suis précisément ici pour vous dire, après 10 années passées en politique, que c'est effectivement le cas. C'est parfois dû au fait qu'elles n'ont pas de biens propres ou une cote de solvabilité suffisante semblable à leurs collègues de l'autre sexe. J'aimerais savoir si le comité ou vous-même, lorsque vous avez formulé ceci, avez consulté de véritables experts, des banquiers, par exemple, afin de savoir si, effectivement, cela représenterait un problème.
J'aimerais également vous demander en quoi ce projet de loi va avoir une incidence sur le rôle de certains fonds comme le Fonds Judy LaMarsh — un fonds établi il y a de nombreuses années déjà par le Parti libéral en raison précisément des obstacles qui empêchent les femmes de se faire financer — qui sont justement là pour alimenter les caisses des candidates, et aussi À voix égales, un organisme qui lui aussi finance les candidates en politique, là aussi pour la réalité historique qui veut qu'il est impossible pour une femme de se faire financer.
Vous avez commencé par parler de certains de ces changements et même si je suis sûre que vous ne vouliez induire personne en erreur, il n'en reste pas moins que d'après le texte du projet de loi et ce que vous nous avez dit, on pourrait presque penser qu'il est très facile de ne pas rembourser ces prêts et que tout cela peut se faire en secret. J'imagine que je veux simplement ici dire pour mémoire qu'en vertu de la loi actuelle les éléments de détails des prêts, et soit dit en passant tous les prêts portent le nom du prêteur et du garant, doivent être rendus publics et le sont d'ailleurs. J'aimerais simplement répéter cela donc pour mémoire. C'est ce qui se passe actuellement, c'est la réalité.
Au tout début, vous avez énuméré certaines des actions entreprises par le gouvernement dont vous faites partie pour améliorer la transparence et la reddition de comptes dans la vie publique. Mais voilà qui est intéressant. Y a-t-il parmi ces initiatives des actions qui vont finir par régler le problème de la publicité et des dépenses attribuables à des tierces parties? Si je vois ce qui se passe aux États-Unis dans ce domaine, nous avons tous pu constater l'influence des comités d'action politique aux États-Unis. Ici, il y a la National Citizens Coalition et je me demande ce que fait le gouvernement, si tant est qu'il fasse quelque chose, pour apporter précisément une solution à ce genre d'interventions financières, des interventions, je dois bien vous le dire, qui ont une influence sur le résultat des élections.
Un autre problème dont je ne vois pas mention ici, et qui serait à mon avis intéressant d'examiner un peu... Je pourrais vous citer toutes sortes de cas de députés qui ont changé d'allégeance, mais je préférerais citer celui de , parce que c'est probablement l'un des cas les plus récents. Sous ce régime, de quelle façon les libéraux — qui étaient tellement en colère de voir ce député changer de parti deux semaines après une élection — pourraient-ils récupérer leur argent s'ils avaient dû contracter un emprunt? Quel recours auraient-ils pour récupérer leurs fonds parce qu'il me semble qu'ils auraient légitimement le droit d'être irrités? J'aimerais donc vous entendre dire ce que vous feriez dans des cas comme celui-là, sous couvert de ce projet de loi.
Et en ce qui concerne ma dernière question, avons-nous l'assurance que le projet de loi est conforme la Charte? En avez-vous saisi un expert et, le cas échéant, que vous a-t-il répondu?
:
Si vous me le permettez, monsieur le président, j'ai déjà parlé du cas des gens puissants ou fortunés.
Pour ce qui est des femmes et de la question des biens propres et de la solvabilité, je pense également déjà en avoir parlé. Le projet de loi égalise les chances pour tout le monde. En particulier, lorsqu'on songe aux femmes qui se portent candidates, comme je l'ai déjà dit, là où cela avait été le cas en Ontario, les banques sont enclines à leur prêter de l'argent à hauteur du remboursement qu'elles obtiendront après le scrutin. Dans votre cas, ce serait le remboursement accordé par Élections Canada. Cela donne donc ainsi une assez bonne marge de manoeuvre financière. C'est ainsi que les banques ont tendance à procéder, au lieu de compter sur la solvabilité du candidat, parce qu'elles connaissent bien les contraintes en matière de financement que connaissent tous les candidats. C'est précisément en cela que le projet de loi égalise les chances, et surtout les chances de ceux et celles qui n'ont guère de moyens financiers, qui n'ont pas les ressources financières et les réseaux de soutien, les femmes, par exemple. En réalité, donc, ce projet de loi améliore leurs chances et leur situation.
Je vois que Mme Redman prend note de quelque chose au sujet de ma réponse, mais en ce qui concerne le Fonds Ellen Fairclough, l'équivalent conservateur du Fonds Judy LaMarsh et de l'organisation À voix égales par exemple, cette sorte de contribution aux campagnes de mise en candidature est devenue illégale après l'adoption de la loi libérale. C'est donc cela qui a été à l'origine du problème. Dans ce projet de loi-ci, on ne trouve rien de nouveau qui fasse pencher la balance dans un sens ou dans un autre.
La question suivante concerne les détails des emprunts. Effectivement, la loi exige leur divulgation, vous avez tout à fait raison, mais il y a des variables d'une personne à l'autre. En effet, les conditions en matière de divulgation ne sont pas les mêmes pour le candidat d'une circonscription ou d'un parti ou un candidat à l'investiture. Et nous essayons ici d'harmoniser les règles pour qu'elles soient les mêmes dans tous les cas?
En ce qui concerne maintenant les dépenses et la publicité attribuables à des tierces parties, il y a déjà une loi qui couvre cela. Cette loi demeure en vigueur et, effectivement, elle a ses limites. Nous savons qu'au plan national, la limite est de 150 000 $ pour une campagne menée par une tierce partie.
Ensuite il y a la question des députés qui changent d'allégeance. Je sais, c'est une question intéressante. Je suis sûr que le député de Mississauga—Streetsville, qui a lui-même prêté de l'argent à son association de circonscription, sera heureux de savoir comment ce problème pourra être réglé et s'il y aura remboursement par le parti. Mais c'est une tout autre question.
Notre projet de loi certes, ne vise que l'avenir car nous n'essayons nullement de le faire appliquer à titre rétroactif car, à mon avis, ce ne serait ni juste, ni équitable. Il n'y aura donc pas de rétroactivité, que ce soit dans des cas comme celui-là ou pour la campagne d'investiture du Parti libéral. Notre projet de loi ne s'appliquera pas aux prêts déjà accordés.
D'aucuns, notamment au sein des autres partis, ont soutenu que nous devrions accorder à cette loi une portée rétrospective. Personnellement, j'ai toujours pensé que les principes de la justice naturelle devraient interdire toute législation rétroactive. Il ne faudrait pas qu'une loi puisse pénaliser des gens qui, lorsqu'ils ont agi comme ils l'ont fait, se fiaient à un régime légal qui existait alors. Il faudrait que ces gens puissent continuer à se prévaloir de la loi telle qu'elle existait au moment de leur décision.
Pour terminer, pour ce qui est de l'épreuve de la charte, nous sommes intimement convaincus que ce texte de loi est effectivement conforme. Comme je l'ai déjà dit, c'est un régime qui existe déjà à plusieurs autres paliers. Il y a déjà des régimes beaucoup plus restrictifs, au Manitoba, par exemple, où le régime en place continue à fort bien fonctionner, malgré les plaintes. Nous avons ici un système qui égalise les chances pour tout le monde, qui offre par ailleurs des possibilités tout à fait suffisantes en ce qui concerne le financement public, et qui donne la garantie d'un processus fonctionnel. Je pense qu'on serait bien en peine de soutenir que ce régime est de quelque façon que ce soit une atteinte grave à la Charte ou une violation de toute autre loi antérieure relative au financement des partis politiques.
:
Vous pouvez emprunter tout ce que la banque est disposée à vous prêter. Les seules limites sont celles qui sont imposées sur les prêts venant de particuliers qui sont considérés comme des contributions.
Ce système, et je le répète, c'est à peu près le même que celui qui existe en Alberta, au Manitoba et en Ontario, qui veut que tout emprunt soit un emprunt bancaire, comme le disait M. Martin, parce qu'il s'agit là de quelque chose de différent. Les emprunts personnels auprès de particuliers sont totalement différents de ceux que l'on contracte auprès d'une institution financière régie par une loi qui...
Une voix: Et les concessionnaires automobiles?
L'hon. Peter Van Loan: Aussi; c'est la même chose. Quiconque n'est pas dans le secteur... Mais, je suppose que les concessionnaires automobiles accordent parfois des prêts aux...
L'idée est de limiter cela aux institutions financières. Ils accordent leurs prêts aux taux d'intérêts commerciaux ordinaires, sachant parfaitement... N'oubliez pas qu'elles sont toutes visées par la réglementation fédérale et conscientes de leurs obligations civiques mais elles savent également qu'elles vont être surveillées étant donné que tout cela doit être entièrement divulgué. Elles feront donc en sorte que tout le monde est traité de la même façon.
Je répète que la pratique a été — en tout cas pour les candidats aux élections législatives — de relier l'emprunt au remboursement.
:
Votre question comporte quelques éléments.
Premièrement, vous avez dit que la loi libérale précédente limitait ce que les entreprises et les personnes pouvaient donner aux partis politiques. En fait, la loi interdisait, bien entendu, les contributions des entreprises aux partis politiques. Les contributions ne pouvaient être versées qu'aux circonscriptions. Voilà qui doit être clair.
Pour ce qui est de votre préoccupation selon laquelle le projet de loi ne parle pas du financement public, il faut dire que le financement public existe. Il est très généreux. Le projet de loi ne porte que sur les prêts, pas sur les contributions. Nous ne parlons pas de financer les partis de cette façon. Nous ne parlons que des prêts.
Si nous éliminions complètement les contributions individuelles, ou si nous les limitions à 100 $, je pense que votre argument pourrait être valable. Mais nous ne parlons ici que des prêts. Selon moi, réglementer les prêts, leur imposer une limite ou exiger qu'ils soient consentis par les banques ne demande pas de contributions supplémentaires, et il ne faut donc pas toucher à l'argent des contribuables. Je crois que ce n'est pas logique du tout. À l'heure actuelle, je ne crois pas qu'il faille modifier le système de financement public.
Vous avez indiqué qu'on obtient le remboursement que si on a déjà été élu. Ce n'est pas le cas. On a besoin que de 10 p. 100 des voix.
:
Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je suis accompagné de Mme Diane Davidson, sous-directrice générale des élections et première conseillère juridique, de Janice Vézina, directrice principale du financement des élections et des services intégrés, et de Stéphane Perrault, avocat général principal à Élections Canada.
Merci.
[Français]
Comme vient de le mentionner le président, ce n'est que mardi que nous avons été invités à comparaître devant votre comité au sujet de ce projet de loi très important pour le système de financement politique. Nous étions à ce moment-là en pleine préparation pour une comparution devant le Sénat sur le projet de loi , ce qui a grandement réduit notre capacité de préparer une analyse détaillée et suffisante du présent projet de loi.
Cependant, je pensais qu'il était important de vous faire part aujourd'hui de certaines observations. Je n'ai pas eu l'occasion de préparer de notes dactylographiées. Toutefois, j'aimerais vous parler de certaines questions qui sont soulevées dans le cadre du projet de loi. Je veux d'abord préciser que celui-ci donne suite à une recommandation de mon prédécesseur et qu'il reflète grandement les orientations suggérées. Je dois signaler toutefois que nous n'avons pas été consultés sur la rédaction du texte de loi. Nous n'en avons donc pris connaissance qu'à l'occasion du dépôt à la Chambre.
[Traduction]
Le projet de loi ajoute un élément important au cadre financier relatif aux entrées de fonds des entités réglementées par la Loi électorale du Canada. Le projet de loi donne suite à certaines recommandations formulées par Élections Canada en janvier dernier, mais n'aborde qu'un aspect, soit celui des prêts.
Après avoir examiné la mesure législative, je remarque que les règles concernant les prêts ne doivent pas être vues isolément des autres règles concernant l'accès aux fonds, telles que celle resserrant les limites de contributions, l'absence de limites de dépenses pour diverses entités régies par la loi — surtout pour les courses à la direction —, les règles régissant les transferts d'argent entre diverses entités et les crédits d'impôt pour certaines entités avant, pendant ou après la période électorale ainsi que d'autres subventions, telles que l'allocation offerte aux partis. L'interaction de ces règles évolutives pourrait avoir d'importantes conséquences pour les candidats, les prêteurs et les partis dont les besoins financiers et les capacités d'emprunter sont différents.
Avec les restrictions qu'on propose d'imposer aux prêts et la limite des contributions annoncée récemment, les entités devront compter davantage sur les institutions financières pour financer leurs activités. C'est là un des résultats du projet de loi .
Il y a donc lieu de se demander si les institutions financières seront disposées à jouer ce rôle et, dans l'affirmative, dans quelle mesure, et si elles modifieront leurs pratiques de prêt pour se conformer aux règles prévues au projet de loi . Par exemple, une caution ne peut garantir un prêt de plus de 1 100 $, sauf à un parti ou à une association de circonscription. Étant donné que les partis sont les seuls à pouvoir se porter garants pour des prêts importants, cela pourrait influer sur la relation entre les partis et les candidats ou entre les candidats indépendants et ceux qui jouissent de l'appui d'un parti politique. Les candidats et les petits partis seront-ils en mesure de trouver assez de fonds pour mener leurs campagnes?
Ce sont là quelques questions qui sont ressorties de notre examen exhaustif du cadre financier des entités financières. Je dois reconnaître que je n'ai pas encore de réponses à ces questions. Il nous faudra faire une analyse beaucoup plus approfondie.
[Français]
À la suite d'un examen qui, je le répète, a tout de même été préliminaire, je peux dire que le projet de loi semble poser certaines difficultés en termes d'application. Je vais vous en signaler quelques-unes. Par exemple, le régime proposé prévoit que les prêts aux candidats devront être remboursés 18 mois suivant la date où ils ont été encourus plutôt que suivant la date du jour du scrutin. Cela pourrait faire en sorte qu'un prêt doive être remboursé avant même la tenue de l'élection. C'est une des questions opérationnelles qui se posent, à notre avis.
Deuxièmement, bien que le projet de loi permette en principe à un candidat d'emprunter auprès d'une institution financière, il ne pourrait utiliser pour une valeur excédant 1 100 $ ses ressources personnelles ou ses biens, par exemple sa maison, pour garantir son prêt. La question est de savoir si pour les candidats, une exception à ces restrictions sur les prêts ou les cautionnements pourrait être considérée, tout en respectant l'esprit du projet de loi.
Un troisième exemple, qui touche de plus près les activités d'Élections Canada, concerne une situation où un candidat nous informerait qu'un prêt est considéré par la banque, conformément à ses pratiques comptables habituelles, comme irrécouvrable ou radié de ses comptes. En vertu du projet de loi, le directeur général des élections doit déterminer si le prêt a bel et bien été radié conformément aux pratiques commerciales habituelles de l'institution financière. Pourtant, aucune disposition dans le projet de loi ne prévoit que le directeur général des élections aura accès aux documents des institutions financières et qu'il pourra vérifier leurs pratiques à cet égard.
Par ailleurs, lorsqu'un prêt sera radié, l'association de circonscription deviendra responsable de la créance comme si elle était caution. C'est en quelque sorte un effet automatique — c'est du moins la façon dont nous interprétons le texte du projet de loi — qui découle directement de la radiation du prêt. Dans un tel cas, l'association n'aurait pas nécessairement consenti au départ à se porter garante. C'est peut-être une conséquence voulue, mais je la porte à votre attention. Évidemment, il s'agit là simplement d'exemples. Un examen plus approfondi permettrait probablement d'en relever d'autres.
[Traduction]
En conclusion, monsieur le président...
Merci, monsieur Mayrand, et merci à vos collègues.
Je voudrais d'abord vous poser deux ou trois questions rapides.
Êtes-vous d'avis que la Loi électorale du Canada prévoit actuellement la transformation de prêts en contributions après 18 mois, selon le libellé actuel? Est-ce que des doutes ont été exprimés à ce sujet, la loi n'étant pas aussi explicite que ce texte-ci? Est-ce le but de la mesure à l'étude, ou bien croyez-vous que ce but sera atteint? Je croyais que de tels prêts seraient toujours transformés en contributions après 18 mois, aux termes de la loi actuelle. Je comprends que c'est peut-être plus explicite maintenant, mais je me demande si j'ai raison de croire cela.
Je m'intéresse aux exceptions prévues au paragraphe proposé 405.7(2). Il s'agit des exceptions aux dispositions relativement aux prêts réputés être des contributions. Pour vous faciliter la tâche, on y énumère un certain nombre de situations, notamment un montant non payé qui est assujetti à un accord de remboursement ayant force de loi. D'autres exceptions sont assujetties à des procédures en instance devant les tribunaux, en cas de litige. Je ne sais pas trop ce que l'on veut dire par là, quand il est question d'une créance qui fait l'objet d'un accord prévoyant son paiement. Peut-être Mme Davidson peut-elle me donner une explication. Il me semble que cela veut dire un accord visant à reporter à une date ultérieure l'obligation de payer. Si tel est le cas, je suis perplexe, parce que cela semble contrevenir à l'intention qui est de transformer la créance dans les 18 mois.
Ma dernière question est de portée plus générale. En fait, je pense que vous avez abordé cet aspect dans votre exposé. Ce que l'on craint exactement, c'est que le faible montant des contributions prévu dans le projet de loi , aujourd'hui 1 100 $ par personne, conjugué aux restrictions quant à l'identité des prêteurs — les institutions financières — et par conséquent quant aux obligations imposées à la personne qui contracte l'emprunt, à savoir des garanties ou une caution quelconque, tout cela peut créer un obstacle irréaliste empêchant des gens de pouvoir se lancer, par exemple, à la course à la direction d'un parti à l'échelle nationale ou même de se porter candidat au niveau d'une circonscription, et il n'y aurait aucune association politique susceptible d'intervenir en cas de défaut. Par conséquent, au départ, l'institution financière peut être fortement dissuadée d'accorder un prêt à cette personne.
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Monsieur Mayrand, je vous remercie d'être ici et de nous avoir envoyé votre documentation à la suite des questions spécifiques que nous vous avions posées lors de votre dernière comparution.
D'ailleurs, monsieur Guimond, M. Mayrand nous a fait parvenir la liste de tous les directeurs du scrutin, qu'ils soient nouveaux ou non.
Nous avons aussi le portrait des employés, suite aux questions que j'avais posées. Nous avons aussi reçu cela. Je veux en remercier votre équipe. Je constate donc que vous tâchez de répondre aux demandes des membres de ce comité. Je voudrais donc vous en faire une seconde aujourd'hui.
Vous nous avez parlé des limites de votre analyse de ce projet de loi. Vous ne l'aviez pas vu avant qu'il soit déposé et vous étiez occupé à travailler à un autre projet de loi au Sénat. Pourriez-vous poursuivre votre analyse de ce projet de loi? Vous ne seriez pas obligé de revenir avec votre équipe, mais au moins, vous pourriez nous en faire part afin de répondre à nos questions portant sur des sujets plus pointus. Je pense que cela nous aiderait drôlement. Nous apprécions beaucoup l'offre d'avoir des experts ici quand on étudiera le projet de loi article par article. Je pense que d'ici là, une analyse plus pointue du projet de loi pourrait drôlement nous aider à adopter les bonnes règles.
De façon particulière, je dois vous dire que mes collègues M. Owen et Mme Redman ont soulevé des questions sur l'accès à un prêt pour certaines personnes qui voudraient se présenter à une investiture. Notre inquiétude porte sur les personnes d'un parti indépendant ou celles qui ont de la difficulté à obtenir des prêts des institutions financières de façon régulière dans leur vie privée. Nous, les femmes, connaissons très bien cela. Je connais beaucoup de femmes entrepreneures qui ont connu ce problème au cours de leur vie. On ne parle pas de prêts de 100 000 $, mais de prêts minimes pour lancer une petite entreprise. Certaines n'ont jamais réussi à obtenir un prêt d'une banque. Imaginez celles qui ne se sont jamais présentées en politique et qui doivent demander un prêt à institution financière, par exemple de 15 000 $. Ce ne sera pas aussi facile que le pensent certains collègues masculins réunis autour de cette table.
J'aimerais que vous portiez attention à cela. L'objectif de la loi est de faire en sorte que tous ceux qui veulent se présenter en politique aient des chances égales, afin que celui ou celle qui veut le faire, peu importe ses moyens, puisse le faire. Il faut que les institutions financières comprennent cela aussi, sinon on n'atteindra pas l'objectif de la loi.
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Monsieur le président, je voudrais faire trois commentaires.
Premièrement, je suis surpris de l'aveu candide que vous nous avez fait plus tôt, à savoir que pour la rédaction du projet de loi, on n'avait nullement demandé votre avis ou celui de votre personnel. Selon moi, ça ne doit pas se produire souvent. Pourtant, je pense qu'il y a un lien normal.
Mes deux autres commentaires ne sont pas pertinents au projet de loi C-54. Si j'étais président, je ne les accepterais pas. Les traducteurs vont mettre un certain temps à me rattraper.
Premièrement, le Comité consultatif des partis ne s'est pas réuni depuis le mois d'octobre dernier. Dans la lettre que vous m'avez envoyée, vous vous étiez engagé à ce qu'il tienne une réunion d'ici la fin juin. On espère que vous avez pris cet engagement avec la main sur le coeur et que cette réunion aura lieu.
Deuxièmement, pour ce qui est de la liste des pièces d'identification présentées dans les bureaux de scrutin, nous allons l'étudier entre nous, dans le cadre du comité. Certaines personnes se présentaient avec un exemplaire de la revue Châtelaine sur lequel leur adresse apparaissait. Le magazine Chasse et Pêche ou une carte de membre d'un club de pêche n'est pas une identification suffisante. Il faudrait nous en tenir à des preuves plus tangibles. Enfin, la liste d'épicerie que vous nous avez envoyée ne fait pas très sérieux.
Mes deux derniers commentaires n'étaient pas pertinents, monsieur le président.
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Bien sûr. Merci, monsieur le président.
Je ferai une petite observation avant de vous poser ma question. Pour revenir à ce qu'a dit M. Godin en réponse à M. Guimond au sujet du fait que vous n'avez pas été consulté, le Bureau du directeur général des élections a certainement été consulté de façon exhaustive puisque votre prédécesseur a écrit un rapport à la demande de Mme Robillard en janvier 2007.
Le ministre et le gouvernement se sont grandement inspirés de ce rapport pour élaborer le projet de loi; votre bureau a donc été longuement consulté, et je tenais à le préciser aux fins du compte rendu.
J'aimerais maintenant attirer votre attention sur une situation qu'a soulevée mon collègue dans ses questions au ministre. Le ministre ne savait pas trop ce qui se ferait dans une telle situation et j'aimerais savoir ce que vous en pensez. Voici de quoi il s'agit: si vous vous portez caution pour un prêt bancaire, vous serez limité à 1 100 $, soit la limite imposée aux contributions.
Disons que je me porte garant pour un prêt de 1 100 $ pour un autre candidat, pour mon bon ami Joe, parce que Joe, bien sûr, n'a pas un sou. Puis, l'association de sa circonscription se lance dans une grande campagne de collecte de fonds. Elle réussit alors à rembourser le prêt. Autrement dit, ma caution est radiée puisque le prêt a été remboursé.
Me serait-il alors interdit de faire une autre contribution de 1 100 $ à ma campagne ou à celle de quelqu'un d'autre la même année?
Je sais que nous discutons à bâtons rompus et je ne me sens pas trop seul, mais j'aimerais bien que vous vous adressiez au président, car ainsi, toutes les excellentes interventions que j'entends à peine pourront être consignées au compte rendu.
C'est très bien. Merci beaucoup. Il semble que vous n'ayez plus de questions. Puisqu'il n'y a personne d'autre sur ma liste, j'en profite pour poser une question complémentaire.
En ce qui concerne le remboursement des contributions et la possibilité de faire ensuite une contribution à un autre candidat ou même, peut-être, au même candidat en une seule année, je sais que vous allez analyser la question et nous faire parvenir votre réponse, mais j'aimerais bien que vous examiniez aussi les ramifications fiscales de cette règle, que vous nous disiez si ce montant serait déductible aux fins de l'impôt. Peut-être pourriez-vous éclairer nos lanternes à ce sujet aussi.
Puisqu'il n'y a plus de questionneurs, je remercie les témoins qui se sont engagés à nous transmettre de plus amples informations.
Je tiens encore une fois à vous remercier de tout votre travail. Tous les membres du comité, comme vous le savez, ont reçu hier, également, des notes d'information. J'ai regardé hier une partie de hockey terrible dont l'issue n'a pas été celle que j'espérais et je me suis consolé en lisant ces documents, une lecture agréable et instructive. Les membres du comité ont eu peu de temps pour lire le projet de loi et se préparer à la séance d'aujourd'hui. J'en remercie tous les députés et je remercie particulièrement les témoins.
Vous serait-il possible de nous faire parvenir les résultats de votre analyse, par l'entremise de la greffière, d'ici mercredi prochain? Ainsi, les membres du comité auraient votre rapport pour la réunion de jeudi.