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Bonjour tout le monde et merci de votre présence ce matin.
Je rappelle aux membres du comité que cette réunion est publique.
Nous commençons aujourd'hui notre examen du project de loi . Nous avons un programme chargé et je vais vous demander à tous de faire preuve de diligence. Nous avons invité le leader du gouvernement à la Chambre des communes avec ses collaborateurs, ainsi que le directeur général des élections qui prendra la parole après le ministre.
Je vous rappelle aussi que nous avions décidé lors de notre dernière réunion de limiter les tours de questions à cinq minutes. Je surveillerai pour vous aider à garder vos questions brèves et succinctes de façon à laisser le maximum de temps de parole aux témoins pour leurs réponses. Comme d'habitude, nous commencerons avec les Libéraux qui seront suivis du Parti conservateur puis du Bloc et du NPD, avec cinq minutes chacun. Nous essaierons de prendre note des députés qui lèvent la main pour intervenir. Veuillez garder la main levée jusqu'à ce que la greffière ait pris note de votre nom. De cette manière, nous n'oublierons personne.
La dernière chose que je veux mentionner est que nous avons réparti la séance en deux périodes. Le ministre aura la première heure, si nécessaire, et le reste de la séance sera consacré à M. Kingsley.
Finalement, nous réserverons cinq minutes à la fin de la séance pour discuter des travaux futurs du comité.
Voilà, vous avez maintenant une idée de la manière dont se tiendra la séance d'aujourd'hui.
Sans autre forme de procès, je souhaite la bienvenue à l'honorable Rob Nicholson, que je remercie d'être venu à si court préavis.
Comme vous le savez, monsieur Nicholson est le leader du gouvernement en Chambre et l. C'est lui qui a déposé le projet de loi . Monsieur le ministre, je vous remercie beaucoup d'avoir pris le temps de venir devant le comité pour discuter de ce projet de loi, malgré votre horaire très chargé. Je vous demande de présenter les membres de votre équipe puis de faire votre déclaration, après quoi nous passerons aux questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis accompagné de Warren Newman, avocat général, Droit constitutionnel et administratif, de Kathy O'Hara, sous-secrétaire du Cabinet, Appareil gouvernemental, et de Dan McDougall, directeur des opérations, Législation et planification parlementaire.
[Français]
Bonjour, chers collègues. Je suis très heureux de comparaître devant ce comité pour discuter du projet de loi , qui propose la tenue d'élections à date fixe. Je vais d'abord décrire le processus actuel de déclenchement des élections générales et aborder certaines des difficultés qu'il pose.
[Traduction]
Je voudrais expliquer pourquoi le gouvernement a choisi de rédiger le projet de loi comme il l'a fait, et pourquoi la méthode que nous avons choisie était nécessaire et sera efficace.
Finalement, je serai très heureux de répondre à vos questions.
Aujourd'hui, comme vous le savez, un premier ministre dont le gouvernement n'a pas perdu la confiance de la Chambre des communes a la prérogative de choisir le moment qu'il juge le plus favorable pour déclencher des élections afin de renouveler le mandat de son gouvernement. À ce moment-là, il demande au gouverneur général de dissoudre la Chambre et celui-ci, s'il est d'accord, proclame la date des élections.
Autrement dit, le premier ministre peut choisir la date des élections générales -- pas nécessairement dans l'intérêt du pays mais, probablement, dans l'intérêt de son parti. Le projet de loi est destiné à changer cette situation, et il en résultera en outre un certain nombre d'autres avantages.
Comme l'indiquait le gouvernement dans son programme électoral, le projet de loi s'inspire des lois provinciales actuelles instaurant une date fixe pour la tenue des élections. L'approche est similaire à celle de la Colombie-Britannique, de l'Ontario et de Terre-Neuve-et-Labrador. La Colombie-Britannique a tenu ses premières élections à date fixe le 17 mai 2005; l'Ontario et Terre-Neuve-et-Labrador tiendront leurs prochaines élections à date fixe les 4 et 9 octobre 2007, respectivement.
En Colombie-Britannique, le gouvernement n'a certainement pas été un canard boiteux, comme certains critiques l'avaient annoncé, et nous n'avons eu aucune preuve que la législation ait été une illusion ou ait été inefficace.
Le projet de loi de notre gouvernement fixe la date des prochaines élections générales au lundi 19 octobre 2009. Évidemment, cette date ne vaudra que si le gouvernement peut conserver la confiance de la Chambre jusqu'à ce moment-là. Le projet de loi ne touche en rien le pouvoir du gouverneur général de déclencher des élections plus tôt si le gouvernement perd la confiance de la Chambre. Par exemple, si le gouvernement était battu demain, des élections générales se tiendraient conformément à la pratique habituelle. Par contre, les élections suivantes se tiendraient le troisième lundi d'octobre de la quatrième année civile après ces élections. Voilà le principe général qui serait instauré par ce projet de loi. Les élections générales se tiendraient le troisième lundi d'octobre de la quatrième année civile suivant les dernières élections générales.
Nous avons choisi le troisième lundi d'octobre parce que c'est la date la plus susceptible de produire la plus forte participation électorale et la moins susceptible d'entrer en conflit avec des congés culturels ou religieux ou avec des élections à d'autres paliers. Cela m'amène à souligner une autre caractéristique du projet de loi qui me semble importante : la possibilité de fixer une autre date électorale en cas de conflit avec un événement religieux ou culturel important ou avec une élection à un autre palier.
À l'heure actuelle, la date des élections générales est choisie par le gouvernement et il est donc rare qu'elle entre en conflit avec un événement culturel ou religieux important ou avec des élections ailleurs au Canada. Par contre, si nous adoptons des élections à date fixe, cela pourrait arriver.
En Ontario, le législateur a envisagé cette possibilité en disposant que le directeur général des élections pourra recommander au lieutenant gouverneur en conseil une autre date pouvant se situer dans les sept jours suivant la date originelle.
Dans notre projet de loi, nous proposons une variante de la solution ontarienne en donnant au directeur général des élections le pouvoir de recommander une autre date au gouverneur en conseil si la date fixe ne convient pas. Cette autre date pourrait être le mardi, ou alors le lundi suivant la date originelle. Permettre que les élections se tiennent le mardi ou le lundi suivant concorderait avec la pratique fédérale actuelle qui consiste à tenir les élections un lundi ou un mardi.
Des élections à date fixe offriraient de nombreux avantages pour notre système politique. Tout d'abord, elles permettraient à tout le monde de savoir quand les élections se tiendront, ce qui garantira plus d'équité. Au lieu de donner au parti de gouvernement l'avantage de choisir la date des prochaines élections et d'être le seul parti à la connaître à l'avance, éventuellement plusieurs mois à l'avance, tous les partis seront sur un pied d'égalité.
Un autre avantage important est qu'il y aurait plus de transparence quant à la date des élections générales. Les décisions concernant la date des élections ne seraient plus prises à huis clos puisque tout le monde connaîtrait la date à l'avance. Je pense que cela favoriserait une meilleure gouvernance. Par exemple, cela permettrait de mieux organiser les travaux parlementaires. Les membres des comités parlementaires seraient à même d'arrêter leurs calendriers à l'avance, ce qui leur permettrait d'être plus efficients.
Une autre justification des élections à date fixe en octobre est que cela rehausserait probablement la participation électorale, sauf si le gouvernement perdait la confiance de la Chambre. À cette époque de l'année, le climat est généralement favorable dans tout le pays et il y a moins de personnes en transition d'une région à une autre. Par exemple, la plupart des étudiants ne seraient plus en transition entre le foyer familial et l'université et ils pourraient donc voter. Les personnes âgées ne seraient pas dissuadées de voter comme elles peuvent l'être quand il fait très froid.
Il convient de souligner que la fin de semaine précédant le troisième lundi d'octobre est celle de l'Action de grâces. Ce serait la période du scrutin par anticipation étant donné que, selon la Loi électorale du Canada, ce scrutin doit se tenir les dixième, neuvième et septième jours avant le jour du scrutin général. Il s'agirait donc du vendredi, du samedi et du lundi précédant la date des élections. Je pense que le fait que les Canadiens discutent des élections générales pendant la fin de semaine de l'Action de grâces ne serait pas mauvais. Et si certains voulaient consacrer quelques minutes à aller voter par anticipation, tant mieux.
À titre d'information, seulement 10,5 p. 100 des personnes ayant voté en 2006 ont voté par anticipation, alors que 2,8 p. 100 ont voté dans un bureau de directeur de scrutin ou par la poste. La grande majorité des électeurs, 86,7 p. 100 en 2006, ont voté le jour du scrutin. Les personnes devant travailler dans les bureaux de vote par anticipation, qui sont ouverts de midi à 20 heures dans moins de 3 000 emplacements, sauraient à quoi elles s'engagent avant d'accepter leur poste.
Certains députés soutiennent que le changement instauré par le projet de loi serait illusoire puisque le premier ministre pourrait encore déclencher les élections à n'importe quel moment jusqu'à la date fixe. Tout ce que je peux répondre à cela, c'est que cette opinion ne reflète pas la manière dont fonctionne notre régime de gouvernement responsable. Il importe que le premier ministre garde la prérogative de conseiller la dissolution si le gouvernement perdait la confiance de la Chambre. C'est un principe fondamental de notre régime de gouvernement responsable.
On a dit aussi que le gouvernement devrait ajouter au projet de loi un article limitant à certaines circonstances la possibilité pour le premier ministre de demander la dissolution du Parlement. Permettez-moi d'être clair. Inclure un article tentant de limiter la possibilité pour le premier ministre de demander la dissolution du Parlement nous exposerait au risque -- qu'il ne faut pas négliger -- que la loi soit déclarée anticonstitutionnelle par les tribunaux. Pourquoi? En vertu des règles et conventions de notre régime de gouvernement responsable, le pouvoir du gouverneur général de dissoudre le Parlement doit être exercé sur le conseil du premier ministre. Le pouvoir légal du gouverneur général au titre de la Constitution et l'exercice de ce pouvoir sur le conseil du premier ministre sont des éléments fondamentalement et inséparablement reliés. Limiter la possibilité pour le premier ministre de conseiller le gouverneur général risque de limiter les pouvoirs de ce dernier d'une manière qui pourrait être jugée anticonstitutionnelle.
Un amendement concernant les pouvoirs du gouverneur général exigerait évidemment le consentement des deux Chambres ainsi que des assemblées législatives de toutes les provinces, ce qui me semble inutile et injustifié pour ce projet de loi.
On a dit aussi que le gouvernement devrait inclure une disposition définissant très précisément ce qu'est un vote de confiance. Les partisans de cette idée affirment que cela empêcherait le gouvernement d'organiser sa propre défaite en situation minoritaire. Encore une fois, limiter le pouvoir du premier ministre de recommander la dissolution du parlement sauf dans certaines circonstances pourrait être considéré comme une mesure anticonstitutionnelle limitant les pouvoirs du gouverneur général. De plus, si l'on s'efforçait de définir le vote de confiance, ou de fixer des critères à ce sujet, la notion même de confiance risquerait d'être portée devant les tribunaux, ce qui irait à l'encontre du principe constitutionnel fondamental de séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, et ne serait pas conforme au rôle légitime des tribunaux dans notre régime de démocratie parlementaire.
Le gouvernement a suivi l'approche générale de la Colombie-Britannique, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l'Ontario, qui a fait ses preuves. Si l'on cherche d'autres exemples d'élections à date fixe dans des régimes parlementaires de style britannique, comme en Nouvelle-Zélande, en Écosse et au Pays-de-Galles, on constate qu'il n'y a dans aucun de ces cas de dispositions semblables à celles qui ont été proposées par certains députés en seconde lecture.
Le gouvernement s'est engagé à apporter ce changement modeste mais important pour améliorer les institutions et pratiques démocratiques du Canada, étant bien entendu que ce changement doit se faire dans le respect de la Constitution, de nos traditions et du principe de gouvernement responsable.
En conclusion, je tiens à signaler que la troisième semaine d'octobre est au Canada la Semaine nationale de la citoyenneté, durant laquelle nous célébrons ce qu'est le fait d'être citoyen du Canada. Il est donc parfaitement cohérent que la date des élections générales soit fixée au troisième lundi d'octobre -- puisque les élections sont l'expression la plus haute et la plus concrète de notre citoyenneté.
Des élections à date fixe assureront plus d'équité, rehausseront la transparence et la prévisibilité, amélioreront l'organisation des travaux parlementaires et, je pense, favoriseront une plus grande participation électorale. En juin de l'an dernier, Ipsos Reid a publié les résultats d'un sondage montrant que 78 p. 100 des Canadiens sont favorables au projet gouvernemental d'élections à date fixe. J'espère que vous vous joindrez à moi en votant en faveur de cette mesure importante et largement appuyée par la population.
Merci, monsieur le président.
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Je ne pense pas qu'il y aura de conflit entre l'Action de grâces et la date des élections fédérales puisque l'Action de grâces tombe toujours le deuxième lundi d'octobre.
Pour ce qui est de la première partie de votre question, nous nous sommes penchés sur les différentes saisons et les différents mois où l'on pourrait tenir les élections. Nous avons procédé par élimination. Il y avait de très bonnes raisons de ne pas vouloir tenir des élections au creux de l'hiver ou de l'été, ce qui laissait le printemps et l'automne. Il y a le processus de dépôt des prévisions budgétaires devant la Chambre des communes, et il y a les études et le processus budgétaire du gouvernement du Canada. Il nous a semblé que l'automne serait préférable.
Cela dit, le ministère a envisagé tous les cas où cette date pourrait ne pas être satisfaisante pour des raisons d'ordre religieux ou culturel, à cause de congés ou à cause de jours de reconnaissance. Il me semble que le jour retenu ne pose pas de problème. En outre, je vous ai indiqué qu'il y a une certaine flexibilité. Si l'on constate que ce jour ne convient pas, à l'avenir, le directeur général des élections pourra recommander que les élections se tiennent le mardi ou alors le lundi de la semaine suivante.
Cela dit, à cause des dispositions de la Loi, le vote par anticipation se tiendrait environ une semaine avant cette date, c'est-à-dire pendant l'Action de grâces et, très franchement, je ne vois pas de meilleure période pour que les Canadiens se trouvent chez eux s'ils doivent voter par anticipation. S'ils doivent être absents de chez eux le jour du scrutin, il y a de très fortes chances qu'ils seront chez eux la fin de semaine précédente. Notre rôle est de faciliter le vote des Canadiens, qui est leur droit, et de rendre la procédure aussi accessible et facile que possible.
Nous voulons pas aller plus tard dans l'année, et je dis ça au cas où quelqu'un en ferait la proposition. Une semaine plus tard, il pourrait y avoir le même conflit que l'an dernier avec Halloween. Nous ne souhaitons pas retrouver le chaos qui pourrait résulter dans les rues du Canada, avec des millions de gens prenant leur voiture, des enfants faisant du porte-à-porte, etc.. Cette date semble fonctionner et j'espère que le Parlement l'acceptera.
Monsieur le ministre, on sait que ce projet de loi vise, dans une certaine mesure, à empêcher que se répète ce que les libéraux nous ont fait subir lors des trois élections précédant celle du 23 janvier 2006. On se rappelle, par exemple, qu'en 1997, Jean Chrétien avait déclenché des élections générales en juin, soit deux mois et demi après l'élection de Gilles Duceppe à la tête du Bloc québécois. En 2000, M. Chrétien a répété le même stratagème, il a déclenché des élections générales en novembre, cinq mois après l'élection de Stockwell Day à la tête de l'opposition officielle. En 2004, Paul Martin a imité son prédécesseur en déclenchant des élections en juin 2004, trois mois après que Stephen Harper ait accédé à la tête du Parti conservateur.
Les libéraux ont donc profité délibérément du changement de chef, peut-être en raison de certaines divisions à l'intérieur du parti, pour arriver à « en passer une p'tite vite », comme on dit en français. Par ce projet de loi, vous voulez démocratiser l'exercice. Vous présentez un projet de loi alors que les sondages indiquent que 76 p. 100 des Canadiens et Québécois sont favorables à ce que les élections soient tenues à date fixe. Je vous poserai donc une question directe.
Si le projet de loi était adopté, le premier ministre conserverait-il le pouvoir de recommander la dissolution du Parlement à tout moment, avant la date prescrite?
Je donne un exemple. Oublions le fait que le gouvernement est minoritaire et imaginons que les conservateurs sont majoritaires. Si ce projet de loi était adopté, le premier ministre Harper pourrait-il déclencher des élections avant le 19 octobre 2009? Pourrait-il le faire? D'après moi, on peut répondre à cette question par oui ou par non.
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Merci, monsieur le président, et merci à nos invités.
Je dois dire tout de suite que notre parti appuie ce projet de loi. En fait, cela faisait partie du programme d'éthique de mon prédécesseur, M. Broadbent. Il manque encore plusieurs choses, comme le changement d'allégeance politique et toute la question de la réforme démocratique et de la représentation proportionnelle mais nous verrons ça une autre fois.
Parlons du projet de loi . On trouve dans la documentation qui nous a été remise par la Bibliothèque du parlement des informations sur les projets de loi d'initiative privée concernant les dates électorales fixes. Il y a là quelques idées intéressantes, l'une d'entre elles émanant d'ailleurs de notre premier ministre. Je suppose que le gros problème est de savoir si l'on va aborder la grande question : un amendement constitutionnel. La plupart des gens conviendront probablement qu'il ne serait pas utile de modifier la Constitution pour instaurer des dates fixes mais, si vous examinez le projet de loi proposé par M. Rowland en 1970, certaines de nos préoccupations actuelles y sont prises en considération.
Je suis favorable à l'adoption du projet de loi mais croyez-vous qu'il faudra bien un jour ou l'autre parler de réforme de la Constitution? Faudra-t-il en passer par là un jour? Si nous adoptons le projet de loi, pourrons-nous envisager cette possibilité à un certain moment? Je pose simplement la question.
En outre, quel sera l'effet de cette modification sur les plans du gouvernement concernant la réforme du Sénat?
Troisièmement, pouvez-vous nous expliquer... Parce que je ne pense pas qu'il faille parler ici de date électorale fixe mais plutôt de date électorale fixe variable, comme disait M. Milner. Je pense qu'il est important de le dire pour ne pas susciter de confusion dans l'électorat. Les gens se diront qu'il y aura de toutes façons des dates fixes. Cela minerait l'idée de gouvernement minoritaire.
Ma dernière remarque est que le citoyen doit comprendre qu'il n'y aura pas de campagne pendant quatre ans et qu'il y aura des limites au sujet de la période de campagne. Peut-être pourriez-vous nous donner des précisions à ce sujet car je crois que beaucoup de gens craignent, à juste titre, de se retrouver en campagne permanente -- ce que personne ne souhaite, même pas nous.
Merci, monsieur le ministre, d'être présent aujourd'hui avec vos collaborateurs.
Je commencerai par dire en réponse à que, s'il cherche encore une vraie réforme démocratique, il l'a sous les yeux. J'ai eu la malchance de siéger au parlement et d'être obligé d'entendre pendant 13 ans des choses qui m'ont profondément hérissé au sujet de la réforme démocratique. Je me souviens de l'ex-premier ministre, le très honorable Paul Martin, disant qu'il refusait d'entreprendre certaines réformes parce qu'elles seraient fragmentaires. À mon avis, toute réforme en vaut la peine, et celle-ci constitue un progrès important. Je vous félicite donc de faire cette proposition, et le premier ministre d'entreprendre cette réforme -- il tente ainsi d'abandonner une partie de son pouvoir, volontairement.
Comme l'a souligné M. Dewar, nous avons entrepris la réforme du Sénat en voulant limiter le mandat des sénateurs.
Je veux revenir à ce que disait car je crois -- et je pense que vous l'avez très bien expliqué lors du débat à la Chambre des communes et à nouveau ce matin, monsieur le ministre, dans votre déclaration liminaire -- que, même si nous ne pouvons pas définir les motions de confiance, pour des raisons d'ordre constitutionnel, ou en limiter la portée, une fois que ce projet sera entré en vigueur, gare au premier ministre ou à l'opposition qui forcerait une élection prématurée, à moins de pouvoir se justifier devant la population. Donc, je crois que c'est un progrès important.
Pendant le temps qu'il me reste, qui est très court, je vous demande de revenir sur cette question de définition d'une motion de confiance et de limitation de sa portée. À mon avis, bien au contraire, une fois que la date est annoncée, il serait très difficile à un premier ministre de ne pas la respecter, à moins d'avoir envie de se justifier devant un public en colère.
Bon après-midi, mesdames et messieurs. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Diane Davidson, sous-directrice générale des élections et première conseillère juridique, et de M. Rennie Molnar, directeur principal des opérations, du registre et de la géographie.
Vous vous souviendrez peut-être que j'ai exprimé mon accord avec le principe d'élections à date fixe lorsque j'ai comparu devant votre comité le 13 juin. Le projet de loi facilitera à bien des égards les activités de planification et d'organisation d'Élections Canada. Le 13 juin, je vous ai remis un résumé des avantages de cette réforme, et je vous ai apporté aujourd'hui d'autres exemplaires de ce document. Je crois comprendre qu'il a été distribué.
Je ferai quelques commentaires sur certains aspects du projet de loi concernant l'organisation des élections. À l'heure actuelle, mon bureau se prépare aux élections générales de manière progressive en fixant des dates régulières de préparation pendant le cycle électoral. Évidemment, la fréquence de ces dates est plus élevée quand le gouvernement est minoritaire. Dès qu'un gouvernement majoritaire prend le pouvoir, des élections à date fixe permettront à Élections Canada de s'organiser plus facilement en fonction de cycles quadriennaux tout en conservant des plans d'urgence aux cas où les élections se tiendraient à une autre date que la date fixe.
La tenue d'élections à date fixe offre plusieurs avantages sur le plan opérationnel. Par exemple, les bureaux de scrutin pourraient être ouverts dès l'émission du bref avec toute la technologie de communication requise et un personnel déjà formé. Ce n'est pas un avantage minime. Cela nous permettrait de dispenser un meilleur service aux électeurs et mon bureau aurait la possibilité de repérer et de louer à l'avance les lieux de scrutin. Nous pourrions ainsi avoir un accès garanti aux édifices, ce qui nous permettrait d'obtenir de meilleurs emplacements pour assurer un accès plus facile à l'électorat.
Connaître la date des élections à l'avance nous permettrait également de cibler les mises à jour du registre national des électeurs en collaboration étroite avec les députés, les partis politiques et les associations de circonscriptions pendant le mois précédent la date d'émission du bref d'élections. Cet avantage ne serait pas nécessairement automatique mais il est possible. Cela nous permettrait de remettre aux candidats, dès le déclenchement des élections, une liste préliminaire d'électeurs à jour en ayant moins besoin de la réviser pendant la période électorale.
[Français]
Le fait de tenir les élections à date fixe serait aussi avantageux pour nos activités de rayonnement, d'éducation des électeurs et de publicité que nous pourrions mettre en oeuvre plus efficacement tout de suite avant l'élection et pendant l'élection. Sur le plan opérationnel, l'automne — et particulièrement le mois d'octobre — est en effet un bon moment pour tenir une élection générale. C'est peut-être le meilleur.
Notons toutefois que si le jour de l'élection devait être le troisième lundi du mois d'octobre, comme on le propose, les jours du vote par anticipation coïncideraient avec le long week-end de l'Action de grâces.
De 2000 à 2006, la participation au vote par anticipation a plus que doublé, passant de 775 000 électeurs à 1 600 000 électeurs en 2006. Cela veut dire que cette décision aurait probablement une influence réelle.
Le paragraphe 56.2(1) du projet de loi prévoit que, s'il est d'avis que le jour du scrutin ne convient pas, notamment parce qu'il coïncide avec un jour revêtant une importance culturelle ou religieuse ou avec la tenue d'une élection provinciale ou municipale, le directeur général des élections peut choisir un autre jour qu'il recommande au gouverneur en conseil. Ce dernier, s'il acceptait la recommandation, prendrait un décret y donnant effet avant le 1er août de l'année pendant laquelle l'élection générale doit être tenue. Les choses dont on parle sont déjà connues de tous.
À l'heure actuelle, le directeur général des élections ne possède pas ce pouvoir. L'autorité de recommander une autre date d'élection pourrait plutôt être accordée au Parlement. De toute façon, s'il fallait déplacer la date d'élection après le mardi, il serait préférable, selon moi, de la remettre au lendemain plutôt que de la déplacer au lundi suivant, comme on le propose actuellement.
Enfin, je voudrais dire quelques mots sur les dispositions relatives à la publicité. Le Conseil du Trésor interdit déjà certaines catégories de publicité gouvernementale pendant l'élection. En effet, on peut lire dans la Politique de communication du gouvernement du Canada, et je cite :
La publicité est autorisée uniquement lorsqu'une institution est obligée en vertu d'une loi ou d'un règlement d'émettre un avis public pour des motifs juridiques; lorsqu'une institution doit informer le public d'un danger pour la santé, la sécurité ou l'environnement; ou lorsqu'une institution doit afficher un avis d'emploi ou de dotation.
Le comité pourrait envisager d'appliquer cette interdiction à compter de quatre semaines avant la délivrance des brefs. Il pourrait aussi envisager d'y soumettre tous les partis politiques.
En conclusion, ce projet de loi améliorerait nos services aux électeurs, aux candidats, aux partis politiques et aux autres intervenants.
Mes collègues et moi-même sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.