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Honorables députés, mesdames et messieurs, je m'appelle Nazim Gillani. Je suis né le 18 mars 1967 à Londres, en Angleterre. J'ai émigré au Canada en 1974 et je suis aujourd'hui PDG d'une société qui s'appelle International Strategic Investments, ou ISI.
Je tiens d'abord à vous remercier de m'offrir la possibilité de présenter ma vision des choses et de répondre à vos questions.
Jusqu'au 8 avril, j'étais un capitaliste et bailleur de capital-risque au profil bas et ce, depuis 23 ans.
J'aimerais dire que je suis membre d'une minorité visible. Je n'ai perçu aucun signe de préjugé ou de racisme de la part de votre comité ou de quiconque en ce qui concerne l'affaire dont vous êtes saisis.
Le jeudi 8 avril 2010, le Toronto Star a publié un article de Kevin Donovan truffé d'affirmations erronées et d'insinuations infondées attaquant mon intégrité. Cet article parlait de M. Jaffer et de M. Glémaud d'une manière qui déformait nos relations commerciales et personnelles.
À la suite de cet article du 8 avril, d'autres journalistes sont montés dans le train et ont diffusé encore plus d'erreurs et d'insinuations. Le samedi 10 avril 2010, on disait dans un autre article infondé du Toronto Star que je m'étais vanté d'être le banquier d'un gang de motards. Je n'ai jamais rien dit de tel.
J'ai remis au comité un calendrier des événements pour vous aider à suivre ce qui s'est passé, de mon point de vue. Le dimanche 11 avril 2010, j'ai publié sur Canada NewsWire une déclaration disant ceci: « J'implore tous les journalistes intéressés par mon histoire à examiner attentivement les articles, les sources et les attributions, et à vérifier les faits rapportés dans les articles de M. Donovan au lieu de se contenter de les copier et de les prendre comme paroles d'évangile ».
L'article du 8 avril du Toronto Star a provoqué une tempête médiatique, une tornade irrésistible d'accusations qui a complètement chamboulé ma vie.
Je me présente aujourd'hui devant vous pour répondre à vos questions concernant mes relations avec Rahim Jaffer, Patrick Glémaud et Green Power Generation, ou GPG.
M. Jaffer et moi-même nous sommes rencontrés en août 2009 et je l'ai rencontré à six reprises depuis lors. Je vous ai envoyé à l'avance les documents pertinents. Les services offerts par GPG, exposés à la fois sur le site de GPG et sur le site personnel de M. Jaffer, étaient ce qui intéressait ISI, ma société.
GPG a officialisé la prestation de ses services dans un contrat passé avec ma société. À la page 2 de ce contrat, qui avait été revu par M. Glémaud et signé par lui et qui est daté du 21 septembre 2009, il est dit que le « consultant », GPG:
déclare et affirme qu'il est en dialogue continu et a des liens utiles avec le gouvernement du Canada et différents ministères, services et entités en propriété complète ou partielle de ces derniers, dans le but de fournir des fonds gouvernementaux participatifs ou non participatifs (et d'autres incitatifs) ainsi qu'un soutien continu à divers projets et initiatives potentiels du secteur privé...
J'attire votre attention sur cette date, le 21 septembre 2009. C'est après ma première réunion avec M. Jaffer au restaurant La Castile, c'est après mon souper au Harbour Sixty Steakhouse, c'est après l'arrestation de M. Jaffer par la PPO, et c'est après le souper social avec M. Jaffer et son épouse, l'ex-ministre . Il convient de comparer cette date aux témoignages que vous avez reçus la semaine dernière, lorsque les dirigeants de GPG ont affirmé qu'il n'y avait pas de synergies avec ISI et qu'ils avaient mis fin à leur relation avec moi.
Bien des gens ont souligné qu'essayer d'avoir accès à des fonds et à des services gouvernementaux à Ottawa est un processus labyrinthique. J'avais l'impression que M. Jaffer et M. Glémaud savaient ce qu'ils faisaient en matière d'accès à des fonds gouvernementaux. Il n'y a jamais eu de projet obscur ou de projet fondé sur l'exercice d'une influence indue. Tout simplement, ils ont affirmé savoir comment naviguer dans le labyrinthe gouvernemental.
Cela dit, ils n'ont jamais obtenu de subventions ou d'argent pour une société quelconque reliée à ISI. ISI ne leur a jamais payé d'argent ni versé de rémunération, à eux ou à leur société.
En outre, M. Jaffer et moi-même devions nous rendre en Chine ensemble le 13 avril 2010, mais M. Jaffer semble avoir déclaré la semaine dernière devant ce comité qu'il avait mis fin à notre relation des mois auparavant. C'était faux.
Ma première rencontre avec M. Jaffer remonte au 25 août 2009, au restaurant La Castile. Ce jour-là, j'ai envoyé le courriel faisant référence à M. Jaffer comme point d'accès à l'argent du gouvernement canadien, sur la base de ce que j'avais compris sur ce que lui-même et M. Glémaud faisaient pour gagner leur vie. Lors de cette réunion, M. Jaffer a donné sa carte d'affaires de député à quelqu'un devant moi en disant qu'il n'avait pas ses cartes d'affaires de GPG sur lui et qu'il avait un classeur avec ses vieilles cartes. Il a dit qu'il n'était pas député et il a d'ailleurs rayé la mention « député » sur l'une des cartes et a inscrit un autre numéro de téléphone. C'est ce que je l'ai vu faire quand il a rencontré une personne lors de ce déjeuner.
Parlons maintenant des autres allégations me concernant. Au sujet du souper du 10 septembre 2009 au Harbour Sixty Steakhouse, la réalité est que nous étions quatre: moi-même, Mike Mihelic, Rahim Jaffer et le Dr Chen. Plus tard dans la soirée, nous avons été rejoints par Ryan Driscoll et Frank Campanile. Plus tard encore, nous avons été rejoints par mon amie et deux de ses propres amies. Ces femmes, qui occupent toutes des emplois respectables, ont été catastrophées de se faire qualifier de « prostituées plantureuses » par Kevin Donovan dans le Toronto Star. « Prostituées plantureuses » est maintenant devenu la plaisanterie de mauvais goût que répètent à l'envi les médias canadiens au mépris des conséquences sur la vie de ces trois femmes.
Finalement, le matin du vendredi 11 septembre 2009, j'ai envoyé le désormais célèbre courriel disant que « M. Jaffer nous a ouvert le bureau du premier ministre ». Je suis l'auteur, le seul auteur, de cette phrase. C'était manifestement une exagération et je regrette sincèrement mon excès d'enthousiasme. Je n'ai jamais indiqué ni suggéré un accès direct ou indirect au cabinet du premier ministre de la part de M. Jaffer ou de M. Glémaud. Ce courriel n'avait pas été envoyé à M. Jaffer.
Il y a eu ensuite le souper au restaurant Sassafraz de Yorkville, à Toronto, le samedi 12 septembre 2009, durant le Festival international du film de Toronto. Il s'agissait d'un souper social et c'est la seule fois que j'ai rencontré l'ex-ministre Guerguis.
Je n'ai jamais vu M. Jaffer consommer de la cocaïne, être en possession de cocaïne ou ne serait-ce que parler de cocaïne. Je ne consomme pas de cocaïne et je n'ai jamais été trafiquant de drogue.
Selon une autre allégation, j'aurais en ma possession sur mon téléphone cellulaire des photos compromettantes de l'ex-ministre Guerguis et de M. Jaffer « s'amusant » avec de la cocaïne et des prostituées. Je ne possède pas de telles photos. Je n'ai jamais pris de telles photos. Ces allégations outrageantes et mensongères ont été publiées pour la première fois par le Toronto Star et semblent avoir été communiquées au premier ministre lui-même.
Je ne fais l'objet d'aucune enquête pour évasion fiscale. Veuillez voir la lettre de l'Agence du revenu du Canada dans votre documentation. Cette allégation infondée a été publiée pour la première fois par le Toronto Star.
Je ne fais pas de blanchiment d'argent. Je n'ai aucun lien avec le crime organisé ou non organisé. Cette allégation infondée a été publiée pour la première fois par le Toronto Star et s'est répandue comme une traînée de poudre dans le pays.
Je n'ai jamais rien eu à voir avec l'ouverture de comptes à l'étranger pour Helena Guerguis ou Rahim Jaffer. Je ne possède pas de compte à l'étranger.
Les informations infondées et inexactes acquièrent une vie autonome. Nous vivons dans un monde où, parfois, la responsabilité personnelle de choses dites sans preuve puis imprimées est remarquablement absente. J'espère que vous constaterez, durant la brève période que je passerai avec vous aujourd'hui, que je suis une personne qui croit fermement, très fermement, à la responsabilité personnelle envers ses propres déclarations.
Monsieur le président, mes affaires sont fondées sur ma réputation, mon intégrité personnelle et la confiance que l'on m'accorde. Les répercussions de ces allégations sur mes affaires ont été absolument dévastatrices. Depuis le 8 avril, quatre contrats sur lesquels je travaillais depuis plusieurs années sont tombés à l'eau.
Si vous me le permettez, je reviens brièvement au courriel du 11 septembre 2009 dans lequel j'annonçais à mes collègues que j'allais pour la première fois passer quatre heures dans la famille de mon amie, ce qui était une étape importante. Je leur disais: « Souhaitez-moi bonne chance ». Je veux parler de la femme dont j'espérais faire ma fiancée. Malheureusement, ce projet a déraillé à cause de ce fiasco.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions et je vous remercie beaucoup de votre attention.
Je pense qu'il est très important que M. Gourde ait fait référence au vol de 39 millions de dollars car c'est dans le contexte... C'est la raison d'être de la Loi sur la responsabilité fédérale: en réponse à ça. Je pense qu'il y a une attitude de tolérance zéro de la part de ce premier ministre et de ce gouvernement à l'égard du lobbying, à l'égard des lobbyistes qui ne sont pas correctement enregistrés. C'est pourquoi nous posons des questions pour savoir si cela avait été exprimé, si cela avait été demandé, si M. Jaffer était un lobbyiste enregistré.
À ce sujet, Mme Coady a fait référence à des commissions d'intermédiaire. Je voudrais poursuivre là-dessus et vous demander si vous saviez qu'elles sont interdites au titre de la Loi sur le lobbying. D'ailleurs, c'est notre gouvernement qui a créé la Loi sur le lobbying, avec un budget de 4,6 millions de dollars. Des gens peuvent se retrouver en prison ou se voir infliger de lourdes amendes s'ils enfreignent cette loi. Cela vous dit à quel point ce sont des lois sacrées.
J'aimerais savoir si des commissions d'intermédiaire ont fait l'objet de discussions. C'est très pertinent maintenant, je pense, puisque le gouvernement récupère dans un cas, l'affaire Dingwall — je pense que c'est officiellement l'affaire Wallding —, une commission d'intermédiaire de 350 000 $ versée à quelqu'un qui avait fait du lobbying de manière inappropriée.
Avez-vous parlé de commissions d'intermédiaire et êtes-vous conscient de la gravité de ces allégations?
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Eh bien, je suis maintenant conscient de la gravité des allégations. Je ne l'étais pas alors.
Pour ce qui est des commissions d'intermédiaire, il faut comprendre le genre de relations... Voyez-vous, je suis de même confession religieuse que M. Jaffer, ce qui veut dire que nous avons un lien communautaire. L'existence d'un lien communautaire se traduit par une confiance inhérente. Si je rencontre une personne de même religion que moi, je suppose immédiatement que c'est une personne de confiance, qui mérite ma confiance. Par conséquent...
J'ai donné comme exemple Green Rite, et aussi RLP comme autre exemple, de sociétés au sujet desquelles nous avons travaillé ensemble, d'une certaine manière, mais je vous défie de trouver le moindre bout de papier disant que je recevrai quoi que ce soit d'une intervention quelconque auprès de RLP avec M. Jaffer ou GPG. Il y a un certain niveau de confiance inhérent.
Chacun s'attend à ce qu'il faille forger une relation avec un individu et établir un minimum de relations pour arriver au point où l'on peut bâtir une société et la mener au point souhaité. Très honnêtement, je dis que ce type partage ma religion, qu'il est dans ma communauté. Il y a un niveau de confiance inhérent qui résulte de ça et qui fait que je n'ai pas besoin d'avoir une signature au bas d'un document pour savoir qu'il va payer si je lui fais faire une bonne affaire ou si je lui fais réaliser une affaire.
Cela dit, il n'y avait pas de commissions d'intermédiaire, comme vous les appelez, mais il y avait une entente, que vous avez sous les yeux, indiquant très clairement que, si un projet portait fruit, un accord devrait être mis en place par écrit.
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Merci, monsieur le président.
Je reviens à ce que vous avez dit au sujet de la Loi sur la responsabilité fédérale et que vous ne connaissiez pas ou ne compreniez pas les lois s'appliquant aux gens d'affaires du Canada et à la manière dont ils peuvent avoir des relations avec des représentants du gouvernement, des députés, des ministres, etc.
Vous avez dit que vous ne saviez pas grand-chose à ce sujet. Je suis entré en politique en partie à cause de certaines des choses qui se sont passées ces dernières années en matière de lobbying, et de certaines des conséquences regrettables qui en ont résulté. Vous ne semblez pas être au courant de certains des détails mais, ces dernières années, c'est-à-dire au début de la dernière décennie, il y a eu un certain nombre d'individus qui ont malheureusement fait du lobbying très illégal.
Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ces deux individus: Jacques Corriveau et Chuck Guité. Ils occupaient des postes qui leur permettaient de recevoir des sommes illégales pour divers projets auxquels participait le gouvernement.
Au gouvernement, nous avons fait adopter la loi sur la responsabilité pour tenter d'éviter cela parce qu'il est tellement important pour cette institution de préserver l'intégrité du gouvernement et la manière dont les Canadiens perçoivent l'action de leur gouvernement, et je sais que tout le monde en convient de ce côté-ci de la table.
Je crois pouvoir dire que, s'il vous était arrivé d'avoir des relations avec des personnes ayant accès à ce type de dollars illicites, vous en seriez sorti avec des dollars pour votre société, mais vous n'avez pas obtenu d'argent de M. Jaffer.