:
Nous convenons donc, un, de reporter l'examen de cette question à la fin de la séance, deux, de prévoir au moins dix minutes pour le débat et, trois, de tenir un vote avant la fin de la séance.
Pouvons-nous convenir de cela, mesdames et messieurs?
Des voix: D'accord.
Le président: D'accord. Je vous remercie.
Une voix: Pas d'accord.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Quelqu'un a ajouté le mot « pas ».
Mesdames et messieurs, je vous remercie de vos conseils.
Au nom du comité, j'ai l'honneur de souhaiter la bienvenue à M. Shugart et à ses collègues, qu'il nous présentera, j'en suis sûr. Je sais que M. Shugart connaît bien les procédures parlementaires. Il commencera par faire un exposé préliminaire.
La parole est à vous, monsieur Shugart. Comme je le disais, je vous laisse le soin de présenter vous-même vos collègues.
:
Je vous remercie infiniment, monsieur le président.
Je suis accompagné aujourd'hui de la sous-ministre adjointe des Services de ressources humaines, Mme Gina Rallis, de la sous-ministre adjointe principale de la Gestion des services de Service Canada, Mme Carolina Giliberti, et de l'agent principal des finances, M. Alfred Tsang.
[Français]
Je suis très heureux d'avoir l'occasion de vous parler de l'approche que le ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences a adoptée en vue d'atteindre la cible du gel du budget de fonctionnement fixée par le gouvernement.
[Traduction]
Nous sommes en période de restrictions financières, et les gens du ministère savent que nous devrons nous y faire pour un certain temps. Le plan d'activités intégré du ministère tient compte de la situation.
Le plan d'activités intégré harmonise les ressources humaines et la gestion des finances afin que les principales activités et initiatives du ministère soutiennent ses grands objectifs et ses priorités. À titre d'exemple, on a déterminé dans le plan de 2010-2013 que l'amélioration judicieuse des technologies et la rationalisation des processus constituaient des éléments clés qui contribueraient au maintien des normes de service du ministère dans un contexte de compressions budgétaires.
[Français]
Le défi que mon ministère doit maintenant relever est de taille. Il nous faut parvenir à maintenir les niveaux de service et à respecter la volonté de nos ministres et du Parlement, tout en observant les niveaux de référence qui nous ont été fournis. Comment allons-nous nous y prendre? En guise de réponse, permettez que je mette les choses en contexte.
[Traduction]
En 2009, afin de faire face à l'augmentation du nombre de demandes d'assurance-emploi causée par la récession, le ministère a dû notamment embaucher et former des employés temporaires, redistribuer la charge de travail d'un bout à l'autre du pays, rappeler au travail de nouveaux retraités, augmenter le nombre d'heures supplémentaires, ouvrir certains centres d'appels le samedi et accélérer l'informatisation du traitement des demandes. Comme nous savions que les besoins ne seraient que temporaires, nous avions également déterminé que la réduction des ressources humaines se ferait graduellement, au fur et à mesure que l'économie reprendrait de la vigueur. C'est déjà commencé, car le nombre d'employés temporaires diminue constamment.
Les niveaux de référence font l'objet d'un vote au Parlement. Je dois faire en sorte que le ministère embauche le nombre nécessaire d'employés pour que le large éventail de programmes et de prestations qui relèvent du ministère soient offerts dans ce contexte. L'harmonisation de la main-d'oeuvre et des besoins opérationnels ne constitue qu'un élément de notre approche. À mesure que les choses progressent, il faudra tenir compte des besoins de notre personnel et élaborer nos plans en fonction des restrictions budgétaires en vigueur.
Voilà pourquoi nous avons mis en oeuvre une stratégie de gestion du personnel, dont la gestion des postes à pourvoir est un élément important. Dans l'ensemble du ministère, on prévoit, au cours de l'exercice de 2011-2012, que quelques 950 employés prendront leur retraite et que 750 employés changeront de ministère ou laisseront leur poste. Par conséquent, l'érosion des effectifs sera un facteur de réduction du personnel, qui nous donnera une certaine marge de manoeuvre. Les décisions concernant les postes à pourvoir seront prises en fonction des besoins.
[Français]
Dans un contexte de restrictions financières, il est clair que nous devrons nous concentrer sur nos tâches de base, et ce, tout en modernisant la prestation de nos services, en rationalisant nos opérations, en améliorant nos habilités et en fonctionnant de manière plus efficiente. Certes, la technologie nous aide à faire plus avec moins. Elle nous permet de servir plus de Canadiens, plus rapidement et plus efficacement que jamais auparavant. C'est l'un des principaux moyens de maintenir nos normes de service.
[Traduction]
L'informatisation de processus simples et d'opérations internes et la normalisation des procédés administratifs nous aident également à optimiser nos ressources financières. Pensons seulement aux frais de déplacement et d'hébergement que nous avons économisés en organisant plutôt des vidéoconférences. Dans notre ministère, les fonds prévus pour les déplacements, l'hébergement et les conférences sont plafonnés à 59 millions de dollars. Or, grâce à l'utilisation efficace des nouvelles technologies, nous prévoyons dépenser seulement 54 millions de dollars.
Nous avons élaboré une méthode systématique de gestion du rendement qui permet d'offrir efficacement des services aux Canadiens. Nous avons mis en oeuvre un système national de gestion de la charge de travail relative à l'assurance-emploi pour assurer la qualité et l'uniformité des services offerts d'un bout à l'autre du pays. Nous continuerons d'informatiser et de moderniser le système de prestation des services afin d'en tirer d'autres avantages.
Toutefois, l'amélioration de notre efficacité ne nous aidera à atteindre nos objectifs que si nous réussissons à établir et à conserver des effectifs dévoués, dynamiques et prêts à agir sur le terrain. Pour offrir de meilleurs services aux Canadiens, il faut attirer des fonctionnaires talentueux, réussir à les garder et maximiser leur potentiel; il faut créer un milieu de travail sain qui leur permet de travailler efficacement; il faut favoriser l'esprit d'initiative et l'innovation; il faut investir dans le perfectionnement professionnel.
[Français]
Nous venons de terminer un examen global des frais généraux et administratifs afin d'être plus efficace et d'améliorer les services aux Canadiens, car nous pensons à l'avenir.
[Traduction]
Nous avons également mis en oeuvre une stratégie de communication interne pour que les employés comprennent mieux la gestion des ressources humaines et financières, et qu'ils appuient les décisions qui sont prises.
Je tiens à affirmer aux membres que nous cherchons à atteindre l'excellence dans tout ce que nous faisons et à répondre aux besoins des Canadiens. Nous sommes au service des Canadiens, et notre engagement envers le Parlement, c'est d'offrir aux citoyens les services dont ils ont besoin en respectant les niveaux de référence. J'aurai donc le plaisir d'écouter vos commentaires et de répondre à vos questions.
Je vous remercie infiniment, monsieur le président.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Shugart, je vous remercie, vos collègues et vous, de vous être déplacés aujourd'hui. Merci d'avoir abordé dans votre exposé les vraies questions dont nous discutons au comité, car il est important que le Parlement comprenne la façon dont les ministères administreront les restrictions budgétaires que nous vous avons imposées, dans un contexte déjà difficile, et que, de notre côté, nous en tenions compte au moment de décider si nous devons approuver les dépenses du gouvernement.
Je dois vous dire que j'ai le plus grand respect pour la fonction publique du Canada. Il me semble que le gouvernement conservateur vous mène la vie dure en dépensant comme il le fait depuis son arrivée au pouvoir.
Sous le gouvernement actuel, les dépenses fédérales sont passées de 175 milliards de dollars en 2005-2006 à 245 milliards en 2009-2010. C'est une hausse considérable. Nous avons connu au cours des deux dernières années des déficits records de 45 et de 56 milliards de dollars, ce qui n'aide en rien les ministères comme le vôtre.
Le FMI ainsi que le directeur parlementaire du budget affirment que le Canada a un déficit structurel, ce qui va bien sûr à l'encontre de ce que le ministre des Finances cherche à faire croire aux Canadiens. Le président du Conseil du Trésor suggère de compenser la manière pitoyable dont il gère les finances du Canada en comptant sur des taux d'attrition de plus de 11 000 personnes par année, mais les propres rapports sur les plans et les priorités des ministères n'indiquent qu'une réduction de 1 133 postes.
On nous dit qu'il existe un plan visant à sortir le pays du gouffre où l'ont jeté les conservateurs, mais tout ce que le président du Conseil du Trésor a à proposer tient sur une seule feuille. J'ai avec moi une copie du papier qu'il a présenté l'autre jour au comité. Je n'arrive pas à mettre rapidement la main dessus, mais je peux vous dire qu'il a présenté un plan qui tenait sur deux feuilles. On pouvait lire sur la première la traduction du document en français et, sur la deuxième, la description de la spirale de déficits qu'envisage le gouvernement pour les cinq prochaines années. Rien d'étonnant, bref, puisque tous les ministères se retrouvent dans une situation très difficile.
Pour commencer, permettez-moi de vous poser une autre question. Un ministre a-t-il déjà modifié ou trafiqué un document provenant des hauts fonctionnaires de votre ministère pour qu'on puisse y lire que vous avez approuvé ou recommandé quelque chose, alors que vous avez recommandé le contraire?
:
Merci, monsieur le président. Je veux simplement préciser que je vais partager mon temps avec mon collègue, M. Vincent.
Monsieur Shugart, mesdames, monsieur, bonjour et bienvenue parmi nous.
Tout d'abord, je tiens à vous féliciter. Cela n'arrive pas souvent, mais je crois qu'il est important de souligner que sur les 10 ministères, vous êtes l'un des seuls à avoir remis au directeur parlementaire du budget une sorte de planification, d'approche intégrée, qui décrit ce que vous allez faire. C'est tout en votre honneur. Cela nous permet, en tant que parlementaires, de constater le sérieux avec lequel vous considérez le gel des enveloppes budgétaires. Du coup, ça nous pousse à choisir nos questions avec soin. Maintenant que votre planification est déposée, il faut que nous la comprenions. Je vais sans doute poser le même genre de questions que mon collègue. Il ne faut pas m'en vouloir. Nous avons un peu de difficulté à nous y retrouver en matière de gestion du gel des budgets.
Notre recherchiste a mis en parallèle le Budget des dépenses de 2010-2011 et celui de 2009-2010. Or je me rends compte qu'il y a une augmentation des dépenses nettes. Dans le contexte d'un gel, comment se fait-il qu'il y ait de telles augmentations? Pouvez-vous me l'expliquer? Il y a des augmentations en millions de dollars du côté du personnel, une augmentation au niveau des transports et communications, des services professionnels et spéciaux et des paiements de transfert. J'ai de la difficulté à comprendre.
:
Merci. Je vais continuer dans la même veine.
Chez nous, trois employés à temps plein font le travail des ministères, qu'il s'agisse de passeports, d'assurance-emploi ou du Supplément de revenu garanti. Trois personnes à mon bureau sont affectées à ces tâches, ce qui n'a aucun sens. Ce sont les employés de chaque député, dans leur bureau de comté, qui font le travail des ministères dont vous avez réduit les budgets et où il y a eu des réductions de personnel.
À cet égard, vous parliez pour 2011-2012 de 250 employés et de 750 autres. À un moment donné, je ne pourrai plus payer ces gens. Vous dites devoir appliquer une réduction de 4,1 millions de dollars. Or j'ai vu dans votre budget que, simplement du côté des frais de voyage, la réduction prévue était de 5 millions de dollars. Je ne vois donc pas la nécessité de congédier ou de mettre à pied des employés si vous récupérez déjà 5 millions de dollars. J'aimerais qu'il soit possible de garder un peu plus de personnel dans les bureaux de l'assurance-emploi et quelques autres. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos invités de leur présence ce matin.
J'ai écouté très attentivement vos explications sur la façon dont vous procédez. J'ai écouté votre exposé. Vous avez dit avoir la situation bien en main et savoir comment vous y prendre pour régler les problèmes auxquels, à vrai dire, tous les Canadiens sont confrontés. En fait, les Canadiens demandent au gouvernement fédéral et, à mon avis, à tous les pouvoirs publics de mieux dépenser l'argent, selon leurs moyens. Nous avons abondamment parlé de la fragilité de la reprise économique. À mon avis, l'avenir nous réserve d'excellentes nouvelles, mais il est évident que l'économie reste fragile. Il faut selon moi en tenir compte. C'est pourquoi j'admire la façon de faire de votre ministère.
Ce que j'ai appris ces dernières semaines, lors des réunions au cours desquelles nous avons discuté du gel du budget des ministères, c'est qu'il ne semble pas y avoir de plan. Or, j'ai l'impression que, vous, vous avez un plan. Ce que nous avez présenté et les réponses que vous avez données nous l'indiquent clairement.
J'ai deux questions pour vous.
Premièrement, quelles est votre réaction lorsqu'on dit que vous avez un plan de mise en oeuvre du gel des dépenses? Deuxièmement, la question qui est probablement la plus importante pour les Canadiens et pour les habitants de London: quelles sont les incidences des décisions que votre ministère a dû prendre sur les niveaux de service auxquels peuvent s'attendre les citoyens?
:
D'abord, en ce qui concerne les niveaux de service, nous faisons de notre mieux. Nous ne pouvons dépenser que ce que le Parlement nous a conféré par vote. Les programmes qui sont prévus par la loi et qui concernent les montants alloués et l'admissibilité s'imposent d'eux-mêmes, d'une certaine façon. Nous sommes chargés d'administrer le budget de fonctionnement et de mettre en oeuvre, le plus efficacement possible, les programmes prévus par la loi ainsi que les autres programmes plus spécialisés, entre autres les subventions et les contributions. La philosophie de RHDCC, c'est de servir les Canadiens le plus efficacement possible. Nous avons donc des normes de service. En ce qui concerne l'assurance-emploi, les demandeurs doivent obtenir une réponse en 28 jours dans 80 p. 100 des cas. Actuellement, nous dépassons cette norme. La même chose s'applique aux autres programmes. En outre, un système mesure chaque semaine le rendement. Chaque semaine, les cadres supérieurs reçoivent un rapport de rendement. Les dirigeants de Service Canada en reçoivent même plus souvent.
Il y a certes des erreurs. Le système est énorme. Tous les Canadiens reçoivent un jour ou l'autre des services du ministère. Nous ne sommes pas parfaits. Nous faisons parfois des erreurs, mais nous sommes fiers d'appliquer des normes de service. Nous le savons lorsque nous ne les respectons pas. Les systèmes de suivi de la charge de travail nous indiquent pourquoi nous ne respectons pas la norme de service. Nous pouvons donc prendre les mesures nécessaires.
Le système repose sur les gens et il se fonde sur une plateforme informatique. Voilà essentiellement les principaux objets des dépenses de fonctionnement lorsqu'il est question des prestations offertes aux Canadiens. Il faut utiliser du mieux qu'on peut le budget de fonctionnement dont on dispose pour prévoir les investissements en matière de technologie de l'information. Nous avons indiqué dans le rapport sur les plans et les priorités du ministère que l'entretien de la plateforme informatique, de la technologie de l'information, est l'un des risques qu'il faut gérer dans l'organisation. Nous disposons d'un plan d'investissement visant à moderniser constamment cette plateforme.
Dans tout cela, l'élément le plus variable, c'est le déplacement des employés, qui ont le choix de travailler au ministère ou ailleurs. En tant qu'employeurs, nous devons faire du ministère le meilleur endroit possible où travailler. Par contre, il y a plusieurs facteurs en jeu: le nombre d'employés dont nous avons besoin, le niveau des postes à pourvoir, la formation nécessaire et la façon dont les efforts des employés sont déployés pour offrir les services aux Canadiens.
:
Je vous remercie de vos observations.
Je suis absolument d'accord avec M. Regan quant à la qualité de la fonction publique et du travail qu'accomplit son ministère. On est impressionné quand on se rend compte que tous les Canadiens, c'est-à-dire 33 millions de personnes, auront un jour ou l'autre affaire avec son ministère. C'est une énorme responsabilité.
Vous faites certes des erreurs, mais, à vrai dire, qui n'en fait pas? À mon avis, vous respectez vos normes de service, et votre engagement à cet égard est très éloquent.
Vous avez dit que quelque 950 employés qui ont été embauchés pour une période indéterminée s'en iront au cours de l'exercice de 2011-2012, et que 750 autres personnes laisseront leur emploi ou s'en iront dans un autre ministère. À vrai dire, il ne s'agit pas d'une perte nette de 1 700 employés, mais de 1 700 personnes qui quitteront votre ministère. Vous avez dit également qu'il y aura 3 000 employés de moins en raison de l'abolition du plan de développement de l'infrastructure. Ce nombre est trois fois plus élevé que ce que le directeur parlementaire du budget avait prévu, ce qui est intéressant.
Je souligne ce fait, car il nous permet d'aborder la façon dont les différents ministères vont réaliser des économies. Il ne fait pas de doute que le plan de développement de l'infrastructure accentue la situation budgétaire. Selon moi, nous sommes dans le cercle vicieux de la réduction du déficit. Dans le prochain budget, on cherchera clairement à réduire le déficit et à atteindre l'équilibre budgétaire d'ici l'année 2015-2016. À mon avis, c'est très important.
En tout, 1 700 employés prendront leur retraite ou s'en iront dans un autre ministère ou ailleurs, et il y aura 3 000 employés de moins en raison du plan de développement de l'infrastructure. Avez-vous une idée de la façon dont vous allez remplacer ces personnes? Combien de personnes pourraient être remplacées?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Merci également à vous, monsieur le sous-ministre.
Si nous avons entrepris l’étude en cours, c’est pour déterminer comment le gouvernement entend, concrètement, rembourser le déficit colossal qu’il a contracté. Pour bien vous situer, je dois vous préciser que nous en avons quelque peu assez d’entendre le gouvernement clamer sur tous les toits que c’est grâce à ses dépenses que nous nous sommes tirés de la récession. Chose certaine, il a tout fait pour que ses dépenses soient connues de toute la population. Or, quand on lui demande aujourd’hui comment il entend rembourser le déficit, il refuse tout net de répondre, prétextant qu’il s’agit de renseignements confidentiels du Cabinet.
J’ai l’impression que vous en savez plus que ce que vous en dites dans votre document, qui est très bien écrit, soit dit en passant. Qui a rédigé l’allocution que vous avez faite aujourd’hui?
:
C’est très bien écrit, je dirais même que c’est très soigneusement écrit, mais ça ne nous apprend pas grand-chose, avec tout le respect que je vous dois. L’énorme portefeuille qu'est le vôtre — je me rappelle d’ailleurs quand Lloyd Axworthy l’a créé en regroupant plusieurs ministères; certains le trouvaient un peu trop gros à leur goût — a toujours constitué une cible de choix pour les gouvernements en quête d’endroits où faire des compressions.
Quand il a dû trouver le moyen d’équilibrer le budget, Marcel Massé a amputé le régime de pension de la fonction publique de 30 milliards de dollars, sans négocier avec qui que ce soit. Il s’est servi. Le gouvernement actuel a fait la même chose quand il a eu besoin de l’excédent de 54 milliards qui se trouvait dans la caisse de l’assurance-emploi.
C’est vous qui avez rendu la chose possible, légale, en créant un nouveau fonds.
De tout temps, les gouvernements se sont tournés vers RHDCC pour équilibrer leurs budgets, parce que c’est là qu’il se brasse le plus d’argent: 44 milliards de dollars, selon le Budget principal des dépenses de 2010-2011. Vous employez 27 000 employés. Vous gérez des milliards et des milliards de dollars. J’imagine donc que cette fois-ci ne fait pas exception et que le gouvernement compte encore sur RHDCC pour se sortir du très profond bourbier dans lequel il s’est enfoncé lui-même.
Comment s’appelle le comité auquel vous siégez avec les autres sous-ministres?
:
Mais est-ce que vous nous dites vraiment tout ce que vous savez? En savez-vous plus long à propos de ce plan? Vous pouvez simplement répondre par « oui » ou par « non », parce que tout est tellement filtré, ces jours-ci, que plus rien n’a de sens. C’est la base, tout ça. En fait, j’en ai plus appris en consultant la documentation fournie par nos attachés de recherche…
Personnellement, je crois qu’il n’y a plus de gras à couper dans le budget de fonctionnement de votre ministère. En fait, je crois au contraire qu’en période de ralentissement économique, votre ministère devrait prendre de l’expansion, parce que les besoins que les services de votre ministère cherchent à combler sont encore plus criants. Je serais franchement étonné que vous puissiez dire au président du Conseil du Trésor, à propos de votre ministère, que vous pouvez encore couper dans le gras. Les compressions qu’il fallait faire ont été faites dans les années 1990. Pour tout vous dire, j’ai peur qu’on ne coupe dans la viande et les os si on vous demande de couper encore plus.
Comme nous n’avons rien vu qui ressemble le moindrement à un plan, nous devons conclure qu’il n’y a pas de plan de retour à l’équilibre budgétaire, puisque l’attrition est la seule chose dont parlent tous les sous-ministres qui témoignent devant le comité: « Nous allons pouvoir économiser pas mal d’argent grâce à l’attrition prévue. » C’est ce qu’ils nous disent, sauf qu’on parle seulement de 750 personnes sur 27 000 au grand total.
Je ne voudrais surtout pas que vous sabriez dans la fonction publique, mais c’est à croire que personne n’a jamais réussi à proposer quoi que ce soit d’autre. Quel manque de créativité de la part du gouvernement. En fait, soit il a déjà un plan, mais qu’il refuse de le rendre public parce qu’il ne veut surtout pas se lancer dans une campagne électorale en admettant à la population qu’il devra se montrer sans-coeur, soit il n’a aucune idée de la manière dont il va se sortir de son déficit de 57 milliards de dollars autrement qu’en croisant les doigts et en attendant que les choses se tassent.
:
Merci, monsieur le président.
Merci également à nos témoins.
J’aimerais revenir sur ce que certains de mes collègues ont dit. J’aime les chiffres. J’aime les statistiques. Si je comprends bien, le gel du budget de fonctionnement se chiffrera à 4,1 millions de dollars en 2011-2012 et à 5,2 millions en 2012-2013 et n’a rien à voir avec le départ de 3 000 employés.
J’aimerais que vous fournissiez au comité les chiffres exacts sur les 950 départs à la retraite et les 750 autres départs volontaires, sur l’état des lieux en matière de technologie ainsi que sur les économies qui seront réalisées dans le domaine des déplacements et des conférences. J’aimerais bien voir les chiffres exacts et savoir précisément d’où viennent ces économies.
J’aimerais également que vous nous fournissiez au comité le taux d’attrition des cinq dernières années à RHDCC. J’aimerais en outre savoir combien de vacances laissées par ces départs ont été comblées.
J’aimerais enfin que vous nous disiez si vous attendez volontairement avant de remplacer les postes qui deviennent vacants par attrition.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Merci à vous de vous être déplacés. C’est très intéressant. En fait, c’est choquant d’apprendre aujourd’hui que les libéraux et les néo-démocrates n’appuient pas le train de mesures de relance que nous avons proposées. Je me rappelle pourtant qu’elles correspondent en tous points à ce que proposait le ministre pressenti des Finances de la fameuse coalition, Jack Layton. Il disait de ces mesures de relance, qui prévoyaient l’injection de milliards de dollars dans l’économie, qu’elles arrivaient à point nommé et qu’elles étaient rapides, prudentes, judicieuses et, surtout, efficaces. C’est ce que le ministre pressenti de la fameuse coalition a déclaré au moment où cette dernière a pris vie.
Je me rappelle également que c’est à l’époque où les libéraux étaient au pouvoir que RHDCC s’est malheureusement retrouvé aux prises avec son dilemme à un milliard de dollars et que le vérificateur général de l’époque avait déclaré que 459 projets étaient douteux et que les rapports laissaient à désirer. J’imagine que, si nous pouvions retrouver une partie de cet argent, nous pourrions régler une bonne partie de vos soucis. Même chose si nous pouvions récupérer une partie des 40 millions de dollars qui demeurent introuvables après le scandale des commandites. Nous nous en accommoderions certainement, de notre côté.
Dites-moi une chose: pouvez-vous faire ce que le gouvernement vous demande et trouver, à l’intérieur de votre budget actuel, les économies qui nous permettront de rééquilibrer le budget de l’État au grand complet? Votre ministère peut-il y arriver tout en respectant les limites et les contraintes que nous vous avons imposées?
:
Cela ne tient pas debout. Ça n'a vraiment pas de bon sens. Je le répète: le public a le droit de savoir, et on est en train de compromettre ce droit.
Notre crainte, c'est que le gouvernement équilibre le budget après les prochaines élections fédérales en s'appuyant sur des motifs purement idéologiques, c'est-à-dire en coupant, sabrant et supprimant le financement d'organismes tels que KAIROS et d'autres initiatives auxquelles il s'oppose idéologiquement, au lieu de se fonder sur la raison ou la logique. Le public a le droit de savoir, avant les prochaines élections fédérales, si c'est bien ce que planifie le gouvernement. Demander aux fonctionnaires de nous fournir l'information la plus élémentaire, c'est presque leur demander l'impossible.
Il ne s'agit pas d'un plan visant à réduire des sommes importantes... on s'attend à ce que vous fassiez preuve de ce genre de prudence et de probité tous les ans. Ce n'est pas une stratégie d'économie de coûts particulièrement musclée. C'est juste une question de bonne gestion, c'est-à-dire qu'on cherche à réaliser des gains d'efficience et à assurer une meilleure prestation de services. On s'attend à une telle amélioration continue, année après année, de la part de chaque ministère. Reste à savoir comment le gouvernement envisage d'éponger le déficit. Il est résolu à ne rien nous dire jusqu'aux prochaines élections.
En fait, le gouvernement ne fait que répandre une série de faussetés, en disant qu'il va rétablir l'équilibre budgétaire à condition qu'on l'élise majoritairement. Personne ne le croit, ni même le FMI. Il n'y a même pas moyen d'amener nos hauts fonctionnaires à nous dire quoi que ce soit sur le vrai plan du gouvernement. Voilà pourquoi nous sommes frustrés, malgré tout le respect que je vous dois.
Nous vous remercions de votre comparution, mais nous ne sommes pas plus avancés.
:
Cela ressemble à un point de discussion. Ce n'est pas un rappel au Règlement.
Au nom du comité, je tiens à remercier les témoins d'avoir été des nôtres. Je vous suis reconnaissant de vous être accommodés à nos contraintes de temps.
Je vais suspendre la séance pendant une minute ou deux pour permettre à nos prochains témoins de prendre place.
Le président: Chers collègues, pouvons-nous reprendre la séance?
Je suis désolé pour le peu de temps dont nous disposons, mais nous créons nos propres dilemmes, pour ainsi dire.
J'invite les autres témoins à prendre place, s'il vous plaît...
[Français]
Monsieur Mallette, je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
Messieurs Lévesque et Stewart, soyez les bienvenus.
Tout d'abord, au nom du comité, je vous présente toutes nos excuses. Nous avons dû consacrer un peu de temps à quelques questions relatives aux travaux du comité. Malheureusement, nous avons jusqu'à 13 heures. Nous avons dû réserver les 10 ou 15 dernières minutes aux travaux du comité. Je regrette de devoir écourter le temps qui vous est alloué pour faire votre déclaration.
Sans plus tarder, j'invite M. Mallette à livrer son discours et à nous présenter ses collègues.
:
Bonjour, mon nom est Pierre Mallette. Je suis le président national du Syndicat des agents correctionnels du Canada, qui regroupe plus de 7 000 membres au pays.
Le rôle de notre syndicat est bien connu, mais rappelons qu'il a à coeur la sécurité, la formation et les conditions de travail de ses membres. Nous vous remercions de nous donner l'occasion de vous faire part de notre point de vue sur l'impact du gel des enveloppes budgétaires sur les agents correctionnels et sur le système carcéral en général.
D'entrée de jeu, nous devons vous dire que nous avons des craintes et des doutes. Peut-on se permettre un gel dans les circonstances? Le gouvernement a-t-il suffisamment prévu d'argent pour faire face aux défis qu'il nous impose? Le gel des enveloppes budgétaires signifie que le Service correctionnel du Canada devra composer avec l'argent disponible pour assumer, notamment, une augmentation des salaires. L'augmentation de salaire prévue en 2010-2011 est de 1,5 p. 100. L'argent disponible doit aussi servir à assurer la formation et la sécurité du personnel et à faire face au renouvellement de la convention collective échue depuis le 31 mai 2010.
D'autre part, les projets de loi et imposent de nouveaux défis, car ils ont pour conséquence une augmentation du nombre de détenus de 4 478 d'ici 2014 et une augmentation de 4 419 postes, dont la majorité est composée de postes CX au cours des trois prochaines années. En bref, c'est un défi de recrutement, de formation, de gestion de programmes des détenus et, conséquemment, une augmentation des risques.
Quels sont ces risques? Premièrement, il faut se mettre dans le contexte du milieu carcéral. Dans ce milieu, nous devons faire face quotidiennement à des événements difficilement prévisibles. Nous ne sommes pas à l'abri de la décision des détenus qui, une journée, en ont assez et veulent tout briser.
Les nouveaux projets de loi que le gouvernement veut adopter, comme les projets de loi et , vont amener une augmentation de la population carcérale. Celle-ci devra être logée dans les établissements qui devront leur faire de la place et, par le fait même, nous allons avoir un taux de double occupation pouvant aller jusqu'à 30 p. 100.
Une double occupation signifie des risques élevés, un meilleur contrôle de la population carcérale et une meilleure évaluation des risques liés à la population. À l'intérieur, nous devons gérer la population. Nous devons trouver une façon de faire cohabiter plusieurs types de détenus. Nous avons des détenus provenant du crime organisé, des gangs de rues, des gangs de motards, des gangs asiatiques ou des gangs provenant de la Russie. Dans le cas de la gestion d'une population carcérale, plus on augmente la population et plus il faut s'équiper pour la gestion simple de la population. Il faut surtout éviter de le faire au détriment des détenus, si on n'est plus capable d'offrir des programmes pour leur permettre de se réhabiliter.
Il ne faut jamais oublier que le Service correctionnel du Canada a deux rôles à jouer. Son premier rôle est d'assurer la sécurité du public en limitant l'accès et en empêchant les détenus à haut risque de s'évader des prisons. Le premier risque est de gérer ces populations, mais son deuxième mandat est le suivant: nous devons nous assurer de retourner les détenus dans la collectivité et de faire en sorte qu'ils ne constituent plus un danger pour la société.
De nouvelles annonces sont faites dans le cadre du projet de loi . En effet, on entend dire qu'il y aura de nouvelles constructions et une augmentation du nombre d'agents correctionnels et de personnel. Nous entendons dire que le nombre de détenus va augmenter et qu'on nous donnera plus de places et plus d'agents. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous aurons plus d'argent pour les programmes pour contrôler ces populations et pour faire face à des situations incontrôlables au quotidien.
Nous savons que M. Head est venu faire une présentation et qu'il a proposé trois façons de gérer le gel des enveloppes.
La première solution proposée par M. Head est la suivante. Il croit qu'un meilleur contrôle des horaires de travail et de nouvelles normes de déploiement vont aider à gérer le budget alloué au temps supplémentaire. C'est vrai. Nous croyons aussi que ces deux aspects vont aider à mieux contrôler l'aspect financier du temps supplémentaire.
Par contre, on est plus silencieux — tant dans les annonces du gouvernement relatives à la construction qu'au sein du Service correctionnel du Canada — au sujet de la gestion des populations et des programmes que nous allons offrir.
Il est vrai qu'une partie de l'enveloppe de temps supplémentaire peut être gérée avec les horaires et le déploiement. On peut avoir une meilleure prise à cet égard, mais le niveau de risques est toujours difficile à calculer.
Le directeur d'un établissement carcéral reçoit une enveloppe de temps supplémentaire qu'il doit répartir sur 12 mois, afin de s'assurer de contrôler le temps supplémentaire et de remplir les mandats.
Si des détenus décident d'en poignarder un autre et qu'un d'entre eux est hospitalisé, il n'y a pas nécessairement de ressources prévues à même la dotation. Cela crée un surplus de l'enveloppe budgétaire. Si un détenu décide d'attaquer des agents correctionnels, trois agents correctionnels peuvent être en congé dû à un accident de travail. Il y a aussi les émeutes et les incidents majeurs. Par un beau soir d'été, les détenus peuvent décider de rester trois heures de plus à l'extérieur. Ce type d'événements est difficilement contrôlable et difficile à prévoir. C'est pourquoi nous croyons que l'enveloppe budgétaire du temps supplémentaire doit être planifiée et mieux placée. Il est difficile de dire qu'on sera capable de contrôler l'enveloppe de temps supplémentaire à 100 p. 100. On ne peut pas affirmer ça.
D'autre part, comme vous le savez, on entend beaucoup parler d'être tough on crime. Selon nous, il est important de comprendre qu'il y a deux façons d'être tough on crime.
Il faut bien sûr être capable de gérer et de resserrer les lois. Toutefois, tout cela ne se résume pas simplement à épingler un criminel, l'incarcérer, fermer la porte et l'oublier là pendant quatre ou cinq ans sans lui donner la chance de suivre un programme adapté. Présentement, c'est ce qui nous inquiète.
Le projet de loi C-10 qui a été adopté en 2009 porte sur le gel des augmentations de salaires. On a donné une augmentation de salaire de 1,5 p. 100. De plus, lors des négociations, le gouvernement a décidé de ne pas donner d'argent au Conseil du Trésor pour faire la négociation. C'est plutôt le ministère qui allait en assumer les augmentations.
Le syndicat et les agents correctionnels doivent pouvoir s'asseoir avec l'employeur et lui dire qu'il est maintenant temps de négocier les augmentations de salaire. À même son budget, il doit trouver les sommes d'argent qui compenseront pour les augmentations de salaire. Est-ce que l'enveloppe de temps supplémentaire relié à la question d'être tough on crime et les négociations risquent de se mêler? Oui. Je ne voudrais pas être dans la position de devoir brader une condition de travail contre une augmentation de salaire. C'est inacceptable.
Aujourd'hui, notre présentation visait à vous faire part de nos inquiétudes. En plus, dernièrement, on a appris qu'il y aurait un écart de 4 milliards de dollars. Nous allons poser des questions aux bonnes personnes afin qu'elles nous expliquent d'où vient ce problème. Oui, nous avons des inquiétudes à propos de la façon de contrôler et de gérer notre milieu de travail.
Merci.
:
Nous avons huit rencontres patronales-syndicales nationales par année où nous pouvons partager nos doutes et nos craintes avec M. Head.
Je crois que le défi pour nous, en tant que syndicat et agents correctionnels, c'est qu'il faut être capables de se faire entendre sur nos conditions de travail. C'est un milieu difficile où les événements ne sont pas toujours prévisibles. Il ne faut jamais oublier que toutes les lois qui sont adoptées, tous les règlements qui changent pour améliorer la situation et pour être davantage tough on crime auront aussi un impact sur les détenus.
Les programmes qui existaient auparavant offraient aux détenus une raison d'être de suivre le programme. Ils pouvaient y voir une lueur d'espoir de s'en sortir. Aujourd'hui, où le détenu trouvera-t-il sa lueur d'espoir? Le détenu va-t-il nous dire que même s'il participe ou non au programme, on lui fera faire 10 ans de détention? Va-t-on augmenter la pression sur nous, les agents correctionnels? En fait, c'est ce que le gel des enveloppes ne prévoit pas.
On prévoit de l'argent pour de nouvelles constructions, pour du nouveau personnel, mais où est l'argent pour prévoir l'impact des nouvelles lois sur notre clientèle que sont les détenus?
:
Premièrement, il ne faut jamais oublier qu'il y a quelque part un agent correctionnel qui ouvre une porte de cellule. C'est-à-dire que, quand il fait sa tournée dans la rangée, il y a deux détenus dans la cellule. Il y a des détenus qui sont sous sécurité maximum, médium et minimum. Donc, le risque peut être plus élevé.
Par ailleurs, il y a aussi le risque pour le détenu. En fait, double bunking veut dire qu'il y a deux détenus dans une cellule. Ce qui veut dire qu'il faut évaluer si les deux détenus peuvent cohabiter. Dans la dernière année, il y a eu des situations assez déplorables où les deux détenus d'une même cellule s'agressaient mutuellement. Un matin, par exemple, l'un des détenus s'est levé en disant, l'air de rien, qu'il avait poignardé l'autre détenu. Les agents découvrent tout ça en faisant leur ronde. Cela n'a pas de bon sens.
L'évaluation de la gestion des populations est importante. La décision quant au partage de la même cellule a un impact sur nous. C'est flagrant dans certains établissements qui doivent gérer huit populations différentes, huit catégories de détenus qui ne peuvent pas être en contact. Par exemple, si un détenu qui se trouve à l'autre bout du pénitencier doit se rendre à l'infirmerie, il ne devra pas y avoir de contact avec les autres détenus. On isole tous les détenus dans leur pavillon pour que le détenu en question puisse se rendre à l'hôpital.
Tous ces défis liés à la gestion de population et au double bunking ont un effet sur le personnel. Ils ont aussi un effet sur nos conditions de travail. On se retrouve avec une rangée de 60 à 70 détenus à gérer, alors qu'on n'est que trois sur l'étage pour le faire.
Il y a donc un impact sur nous et un impact sur la qualité de ce que peut obtenir le détenu. Je ne parle pas de la qualité de vie du détenu, parce qu'en prison c'est assez difficile. L'impact se fait sentir sur la qualité des programmes et sur la réinsertion.
:
Les gangs de rue, les gangs criminalisés et les gangs qui essaient de prendre le contrôle des établissements avec d'autres détenus.
Cette réalité crée des problèmes de gestion au niveau de la population. Comment fait-on cohabiter dans le même établissement les gangs de rue qu'on appelle les rouges, les bleus, les Hells Angels, les Rock Machine, la mafia? Comment réussit-on à gérer ces gangs?
C'est un défi important sur lequel il faut se pencher. J'irai même plus loin. Présentement, en raison du problème de gangs, il devient de plus en plus difficile au SCC de faire des changements d'établissements.
Dans les années 1980, s'il y avait deux détenus qui avaient des problèmes de comportement à Donnacona, je pouvais les transférer à Archambault. Maintenant, avec la gestion des populations, ce n'est pas aussi évident.
:
Je comprends cela. Je sais qu'il existe d'importants plans de réadaptation pour aider les gens qui ont besoin de ces services à l'intérieur du système carcéral. Mais je crois que si les délinquants vont en prison, c'est parce qu'ils représentent un risque pour les Canadiens, la population générale et, par conséquent, pour les gardiens de prison tout au long du processus de réadaptation. J'apprécie les éclaircissements que vous avez donnés au comité sur le fait que les détenus présentent une menace non seulement pour vos membres, mais aussi pour les Canadiens à l'extérieur du système carcéral, une fois qu'ils sont remis en liberté.
Lors de notre dernière réunion, des témoins nous ont dit que, de nos jours, la plupart des détenus ne sont pas violents. À mon avis, vous et vos membres êtes les mieux placés pour évaluer le risque que posent aujourd'hui les détenus au Canada.
Vous avez parlé de votre désir d'avoir des augmentations salariales et de la façon dont la situation évolue.
Par ailleurs, vous avez des doutes quant à la possibilité de réduire les heures supplémentaires. Il importe de noter que les représentants du ministère et M. Head ont expliqué que les mesures prises ont donné lieu à des économies réelles et importantes. Ce n'est pas une simple hypothèse. Il y a bel et bien une possibilité de réaliser des économies. En fait, M. Head nous a parlé d'importantes économies. Plusieurs millions de dollars ont déjà été économisés grâce à une meilleure gestion des horaires du personnel. Il est important que vos membres en soient conscients, et que les Canadiens sachent que le gouvernement fait des efforts pour mieux gérer les ressources. Je suis convaincu que vos membres seront en faveur de cette mesure parce qu'elle touche leur vie au quotidien. Quand on parle des économies qui pourraient découler au chapitre des heures supplémentaires, on ne s'en tient pas à des hypothèses. C'est quelque chose qui se fait déjà, et il y a des données tangibles qui le prouvent.
:
Merci, monsieur le président. J'essaierai d'être bref.
À bien des égards, vous avez l'un des emplois les plus dangereux dans la fonction publique, mais aussi l'un des plus sûrs. En effet, votre organisation est maintenant le chouchou du régime conservateur.
Vous représentez la gloire de l'empire d'Harper. Vous êtes le seul ministère dans lequel le gouvernement est prêt à investir, ma foi, des milliards et des milliards de dollars. Partout ailleurs, il coupe, sabre, saccage et détruit tout sur son passage. Mais, avec vous, la construction de prisons bat son plein.
Êtes-vous en pleine négociation?