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Mesdames et messieurs, je vois que nous avons le quorum. La séance est donc ouverte.
Aujourd'hui marque la 35e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.
Nous accueillons ce matin le chef William Blair du Service de police de Toronto. Pendant que le chef Blair est en train de s'installer à la table, je tiens à le saluer à titre personnel et au nom de tous les membres du comité. Jusqu'à tout récemment, le chef était électeur dans la circonscription de Scarborough—Guildwood.
Donc, bienvenue, chef. Vous avez comparu devant de nombreux comités parlementaires. Je suppose que, par moments, vous êtes même plus populaire que vous ne souhaiteriez l'être.
Nous vous cédons maintenant la parole pour votre exposé liminaire, et par la suite, mes collègues voudront vous poser des questions.
Bienvenue, chef Blair; vous avez la parole.
Mon exposé liminaire sera très bref. Comme vous le savez tous, je suis le chef du Service de police de Toronto. Le Service de police de Toronto a fait partie de l'unité de sécurité intégrée qui a assuré les services de sécurité et de maintien de l'ordre lors des sommets du G8 et du G20.
Je me présente devant vous aujourd'hui avec l'objectif de répondre à vos questions au mieux de mes connaissances. Je suis généralement au courant des questions posées à mes collègues de la GRC et de la PPO. J'ai essayé de recueillir certains renseignements pour être en mesure de présenter des faits et des chiffres ce matin. Si je ne suis pas en mesure de vous fournir les chiffres que vous souhaitez, je m'engage à les obtenir le plus rapidement possible et de vous les faire suivre. Nous ferons de notre mieux pour répondre à toutes vos questions concernant les coûts liés au dispositif de sécurité pour la tenue des sommets.
Je crois que vous êtes tous conscients des défis que nous avions à relever en matière de sécurité. Il va sans dire que certains des problèmes auxquels nous avons été confrontés à Toronto pendant le sommet du G20 ont été assez fortement négatifs, et je ferai de mon mieux pour répondre à vos questions.
Malheureusement, en raison du préavis très tardif que j'ai reçu pour cette réunion, je n'ai pas pu me faire accompagner par ni le directeur financier, ni le directeur administratif, mais je les ai fait travailler très tard hier soir pour recueillir les faits et les chiffres, et je vais donc vous répondre au mieux de mes connaissances.
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J'ai énormément de respect pour nos forces armées et pour le rôle de ces dernières, mais ce rôle ne comprend pas le maintien de l'ordre dans nos municipalités. Ce travail est du ressort de la police.
Je peux également vous dire que nous avons, selon moi, un excellent bilan pour ce qui est de gérer des manifestations et des activités de grand ampleur. Je crois que nous avons une bonne réputation en ce qui concerne notre capacité de gérer de très grandes manifestations dans le calme, afin de faciliter les mouvements de protestation légitime et pacifique. Je pourrais vous citer ce qui s'est produit l'année dernière, alors que des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour participer aux manifestations en faveur des Tamouls. Bien que ces manifestations aient présenté des défis particuliers, nous avons réussi à faciliter leur déroulement dans le calme, sans qu'il y ait ni blessure ni dommage matériel.
Tout au cours de la semaine — c'était une période de 10 jours — nous avons pu faciliter le déroulement de manifestations légitimes et pacifiques auxquelles participaient un très grand nombre de personnes. Même le samedi du sommet, des dizaines de milliers de personnes étaient dans nos rues pour exercer leur droit démocratique — droit que nous respectons, que nous appuyons et que nous facilitons — de manifester paisiblement. Nous marchions avec eux; nous collaborions avec eux pour que le tout se déroule dans le calme.
Malheureusement, un groupe de personnes ayant une autre motivation — soit celle de commettre des actes criminels et violents dans nos rues, plutôt que de manifester — s'est infiltré dans la foule des manifestants et a sévi dans les zones plus vulnérables de la ville, de telle sorte qu'il devenait très difficile de continuer à faciliter le déroulement de ces manifestations légitimes et paisibles alors qu'on essayait en même temps de contrôler la foule.
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D'abord, je suis d'accord pour dire que nos processus budgétaires sont beaucoup plus transparents qu'à d'autres endroits que je connais. Je peux également vous affirmer que nos relations de travail sont axées sur la coopération et que l'intégration des opérations de l'ensemble des forces policières du Canada, surtout sous la direction de la GRC, mais également de concert avec les services de police provinciaux et municipaux, est excellente. Nous travaillons bien ensemble depuis des années, et nous planifions des activités de grande envergure depuis des années. Nous venons de collaborer à la planification des services de sécurité pour les Jeux olympiques, par exemple, et nous avions donc un bon modèle de base sur lequel nous appuyer.
J'ai affecté certains de mes meilleurs collaborateurs à l'équipe intégrée de planification. Nous avons travaillé en étroite collaboration, et j'avais l'impression que les préoccupations de la police de Toronto étaient prises en compte et que notre point de vue était jugé important. Nous nous sommes assurés de bien travailler ensemble afin de nous assurer que les responsabilités des uns et des autres seraient bien définies et qu'il n'y aurait pas de recoupements au niveau de la gestion de nos dépenses.
La période de planification était comprimée. J'aurais aimé disposer de plus de temps. Mais, rétrospectivement, je ne suis pas convaincu que cela aurait changé grand-chose. À mon avis, nous étions prêts à affronter les situations qui se sont présentées. Le fait est que la sécurité du lieu où se déroulait le sommet n'a jamais été compromise, et en ce qui concerne les services de sécurité fournis pour une manifestation de cette ampleur — car c'était essentiellement pour cela que nous étions tous rassemblés — je dois dire que nos efforts ont vraiment été couronnés de succès.
Nous savions également — et il est raisonnable, me semble-t-il, de s'attendre à cela — qu'il y aurait des manifestations et peut-être même des actes de violence, mais nous étions prêts. Il est impossible de prévenir tous les crimes, mais quand la situation a commencé à se détériorer, nous avons réussi, selon moi, à maintenir l'ordre et à protéger la population de Toronto. Donc, nous avions effectivement les ressources nécessaires pour nous acquitter de nos responsabilités.
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Chef, merci de votre présence. Je sais que vous avez été obligé de comparaître devant plusieurs comités différents et de donner des interviews ces derniers temps, et même maintenant, ce n'est pas fini.
Contrairement à ce que dit Paul, selon moi, personne n'a jamais cru que les forces policières régionales, ou la vôtre, cherchaient à gonfler leurs dépenses pour en tirer profit; par contre, nous avons des préoccupations légitimes — et je trouve normal que les personnes qui représentent les contribuables aient de telles préoccupations — au sujet du 1,3 milliard de dollars déboursés pour une conférence de trois jours. Nous sommes estomaqués et nous cherchons donc à comprendre comment on a pu dépenser une telle somme d'argent. S'agissant des chiffres que vous nous avez présentés aujourd'hui, nous étions déjà au courant du montant global de 124,8 millions de dollars.
Les responsables de la GRC nous ont fait savoir qu'ils ont dépensé 546 millions de dollars au cours de la même période. J'ai fait des calculs, et j'ai déterminé que cette somme d'argent permettrait de payer les services de 500 000 membres de la GRC pour trois jours à leur tarif horaire normal de 40 $, ou quelque chose du genre. Or nous savons qu'il n'y avait pas 500 000 membres de la GRC sur place; il y en avait peut-être 4 000 ou 5 000. Donc, pour des profanes comme nous qui n'avons pas l'habitude des coûts liés à la sécurité… au nom des contribuables, nous cherchons simplement à comprendre comment il est possible qu'on ait dépensé une telle somme.
Pourriez-vous m'indiquer le nombre total de policiers municipaux qui ont été de service au cours de la semaine ou des 10 jours qu'ont duré vos activités? Ces 124 millions de dollars correspondent à combien de policiers?
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Oui, j'en suis conscient.
Nous avons une règle au Service de police de Toronto; c'est moi qui l'ai établie suivant l'adoption d'une politique par la Commission des services policiers. Cette règle exige que les agents de police portent des insignes nominatifs permettant de les identifier.
Je peux vous le montrer, si vous le voulez. Il est fait avec une bande de Velcro que l'on appose sur une autre bande de Velcro se trouvant sur l'uniforme. Il est assez visible de loin. On y indique l'initiale du prénom et le nom de famille.
Cette politique est en vigueur au sein de notre force policière depuis trois ans. La très grande majorité des policiers s'y conforment, et c'est une pratique qui me semble vraiment utile pour notre interaction avec le public. À mon avis, cela renforce la confiance du public. Les citoyens savent qui est le policier devant eux. Ils constatent qu'il y a une volonté de responsabilisation. Il s'agit donc d'une règle importante pour notre service.
Je prends très au sérieux toute violation des règles. C'est à moi de faire régner la discipline et de m'assurer de la bonne conduite de tous les agents.
Nous avons reçu un certain nombre de plaintes du public — 13 en tout, pour être précis — concernant des policiers qui ne portaient pas leur insigne nominatif. Au lieu de nous contenter de faire enquête… nous avons effectivement fait enquête, mais nous sommes allés encore plus loin. Nous avons revu un certain nombre de vidéos qui nous étaient disponibles — et je précise que nous en avons examiné toute une série — pour être en mesure de savoir quels policiers ne portaient pas leurs insignes.
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Nous nous sommes fondés sur ce qui s'était produit à d'autres sommets du G20 ailleurs dans le monde et à d'autres grandes manifestations publiques qui avaient présenté des problèmes en matière de sécurité et, vu ce que nous savions du passé, nous étions d'avis qu'il était fort probable qu'il y ait des manifestations et même des actes de violence. Nous avons fait notre planification de façon à créer un environnement sûr où il serait possible de maintenir l'ordre. L'équipe de planification a déterminé l'ampleur de l'effectif et de l'équipement qui seraient nécessaires pour y arriver.
Je peux vous dire qu'après les incidents de samedi, quand il y a eu des affrontements assez violents — un certain nombre de nos véhicules ont été incendiés et bon nombre des vitres ont été cassées — nous avons obtenu énormément de renseignements. Nous suivions les sites Web des médias sociaux et d'autres communications. Un certain nombre de personnes travaillaient avec nous et nous renseignaient au sujet des projets de différents groupes anarchistes qui allaient se rendre à Toronto, ou étaient déjà sur place, et qui avaient l'intention de commettre des actes criminels.
En fait, samedi soir ils ébruitaient leurs projets de saccage de la ville de Toronto. Ils appelaient cela « La fièvre du samedi soir ». Donc, nous avions des appréhensions raisonnables qui justifiaient que nous demandions qu'on nous prête main-forte.
Heureusement, étant donné que le sommet du G8 était arrivé à son terme à Huntsville, la PPO a envoyé une bonne partie de son effectif à Toronto pour nous aider, et pour qu'on ait un plus grand nombre de policiers dans les rues. Nous voulions nous assurer d'avoir suffisamment de personnel sur place pour ramener le calme aussi efficacement que possible, en garantissant la sécurité de tous. En ce qui me concerne, cela supposait un effectif policier suffisant sur place.
Merci, monsieur Calkins.
Notre temps est écoulé. Je constate que nos collègues du Bloc voudraient continuer à poser des questions. Si je me fonde sur l'expérience de la semaine dernière, cela n'a pas donné de très bons résultats. Donc, à moins que tous les membres du comité ne soient d'accord pour continuer à interroger le chef Blair, je devrai mettre fin à cette partie de la réunion.
Une voix: Je suis bien d'accord.
Le président: Vous êtes d'accord?
Je veux respecter l'emploi du temps du chef Blair. Je sais que vous êtes attendu ailleurs, et je ne voudrais pas trop vous incommoder. Par contre, je suis bien d'accord pour qu'on prolonge de quelques minutes — combien? Dix minutes? Cinq minutes?
Une voix: Dix minutes, c'est bien.
Une voix: Dix minutes ou le temps qu'il faudra.
Le président: Dans ce cas…
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Merci, monsieur le président.
Les discours ne changent aucunement la réalité, et quoi qu'on dise, pour nous, ce qui compte, c'est l'ampleur du dispositif de sécurité qui a été déployé. Le fait est que les résultats sont très impressionnants — un point c'est tout. Selon moi, s'il y avait eu de graves blessures, les réactions des gens autour de cette table, et même de l'ensemble des Canadiens, auraient été fort différentes. Encore une fois, je n'ai pas d'excuses à présenter à quiconque d'avoir transmis mes sincères félicitations à l'ensemble des forces policières qui ont participé à ce dispositif, y compris celles de ma propre région, soit London.
Je voudrais vous poser une question. Je voudrais m'en tenir aux divers éléments du budget, si possible. Il est essentiel de distinguer entre les bons et les méchants dans tout cela, et en ce qui concerne les actes commis par les vandales et les personnes qui ont incendié les véhicules de police, fracassé les vitres et gravement nui à la situation des commerçants et d'autres, nous avons tous été horrifiés et dégoûtés par cette extrême violence. Il y a eu peu de violence, et elle nous a tout de même dégoûtés.
Le président vous a demandé si votre budget couvrira les 2 millions de dollars de dommages qui ont été commis. Les commerçants touchés par ce vandalisme ont-ils la possibilité d'intenter des poursuites civiles contre les vandales déclarés coupables d'avoir endommagé leurs commerces? Êtes-vous au courant?
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Merci, monsieur le président et membres du comité. Nous vous remercions de l'occasion qui nous est donnée aujourd'hui de prendre la parole devant vous.
Justin Taylor et moi-même représentons le secteur des services alimentaires qui comprend un million d'employés et dont le chiffre d'affaires se monte à 60 milliards de dollars. Aujourd'hui, nous souhaitons vous parler du secteur de la restauration de Toronto, dont le chiffre d'affaires est de 5,8 milliards de dollars et de l'incidence du sommet du G20 sur les membres de notre industrie.
La ville de Toronto compte plus de 8 000 établissements de restauration et 85 000 employés. Dans les quartiers les plus touchés par le sommet du G20, notre industrie représente 8 p. 100 de tous les emplois. Or cette industrie a subi des pertes importantes par suite du sommet du G20. Nos marges bénéficiaires sont généralement très faibles, soit 3,2 p. 100 en moyenne. Donc, quand notre industrie subit des pertes très importantes pendant l'un des week-end qui est normalement l'un des plus occupés de l'année, c'est une véritable catastrophe pour nos membres. Quatre mois et demi se sont déroulés depuis le sommet du G20, et nos membres n'ont toujours pas touché d'indemnisation.
Nous nous présentons donc devant le comité pour lui demander de nous aider à obtenir rapidement une indemnisation juste pour les exploitants d'établissements de restauration qui ont subi des pertes.
Je voudrais demander maintenant à Justin Taylor de passer en revue avec vous le sondage mené par l'ACRSA auprès de ses membres afin d'évaluer l'incidence des pertes sur notre secteur d'activité.
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Je crois que tout le monde a reçu une copie de notre texte. Je vais vous présenter les chiffres qui y figurent.
À la suite du sommet du G20, nous avons mené un sondage en ligne en vue d'évaluer l'ampleur des effets du sommet sur les exploitants d'établissements de restauration à Toronto. Ce sondage a été envoyé par courrier électronique aux exploitants d'établissements de restauration à Toronto dont les noms figurent dans notre base de données, c'est-à-dire à la fois des membres et des non-membres de l'Association.
À la page 2, vous avez certains renseignements concernant notre taux de réponse, qui permettent de conclure que les opinions que nous avons recueillies et dont je vais vous parler aujourd'hui représentent celles de 234 établissements de Toronto. Nous allons également comparer les chiffres pour les établissements du centre-ville et d'autres quartiers. Les acétates expliquent un peu comment nous avons défini les différentes zones.
Je voudrais mentionner en passant que nous sommes dans l'impossibilité de vous indiquer la signification statistique de nos chiffres. Nous avons préparé ce sondage immédiatement après le sommet du G20, et comme certains répondants exploitent de multiples établissements, il nous était difficile d'évaluer la signification statistique de nos résultats. Il reste que les résultats du sondage vous donneront une bonne indication de l'impact sur les restaurants et des vues des exploitants à ce sujet.
À la page 3 de notre document, vous verrez que la première question que nous avons posée était celle-ci: « Pour la période du lundi 21 juin au mercredi 30 juin, quel a été l'impact du G20 sur vos ventes comparativement à la même période en 2009? » Ce premier diagramme à secteurs vous indique que, en moyenne, 73 p. 100 des répondants à Toronto ont témoigné d'une diminution importante de leur chiffre d'affaires.
Je voulais également vous signaler que notre évaluation a également porté sur la période précédant l'ouverture du G20, de même que le week-end du sommet, étant donné que bon nombre de routes étaient fermées pour des raisons de sécurité. C'est au cours de cette période que le périmètre de sécurité était en voie de construction, et de nombreuses entreprises au centre-ville de Toronto, y compris bon nombre des plus importants employeurs, ont demandé à leurs employés de rester à la maison et de travailler à domicile. L'impact de cela était nécessairement très considérable. Les restaurants qui servent normalement du café et des muffins le matin aux employés de bureau ou qui leur servent des bières après le travail ont tous été touchés par cette décision de demander aux employés de rester chez eux.
À la page 4, je présente une ventilation selon qu'il s'agit d'établissements au centre-ville ou en dehors du centre-ville, qui indique que 93 p. 100 des répondants ont fait état d'une diminution importante de leur chiffre d'affaires au centre-ville. Nous parlons donc d'un impact très majeur pour les établissements et les restaurants du centre-ville qui, comme vous le disait Joyce il y a quelques minutes, n'ont déjà que de très faibles marges bénéficiaires.
Ce qui nous a vraiment surpris, c'était l'incidence sur les établissements situés en dehors du centre-ville. À l'extérieur du centre, 54 p. 100 des répondants ont témoigné d'une baisse importante de leur chiffre d'affaires, par rapport à 18 p. 100 dont le chiffre d'affaires a diminué de façon modeste. C'est un résultat très surprenant pour nous, étant donné ce à quoi nous nous attendions. En d'autres termes l'impact était beaucoup plus important et allait bien au-delà du centre-ville de Toronto.
À la page 5 de mon texte, vous verrez que nous avons demandé à ceux dont le chiffre d'affaires a diminué de nous indiquer l'importance de cette baisse. Au centre-ville, les établissements ont connu en moyenne une diminution de leur chiffre d'affaires de 55 p. 100 pour toute la semaine, c'est-à-dire la période comprenant le week-end et la semaine précédant le sommet. À l'extérieur du centre-ville, les établissements ont connu en moyenne une diminution de leur chiffre d'affaires de 28 p. 100.
Encore une fois, comme ma collègue l'a déjà mentionné, le week-end du sommet est normalement l'un des plus occupés pour les restaurants du centre-ville de Toronto. Vous pouvez facilement imaginer qu'il n'y avait personne sur les terrasses en train de siroter une bière, alors que c'est là qu'auraient été les gens en temps normal, notamment pendant ce week-end-là.
Il convient également de vous signaler une autre caractéristique importante du secteur de la restauration: il est différent d'autres secteurs — par exemple, celui de la vente au détail — , en ce sens qu'une personne qui a peut-être reporté l'achat d'une veste ou d'une paire de chaussures serait revenue une semaine plus tard. Mais, dans notre secteur, quand vous perdez une vente, elle est perdue à tout jamais. Les clients que vous avez perdus ont nécessairement décidé de prendre leurs repas ailleurs, et cette perte n'est pas récupérée par la suite.
À la page 6 de mon texte, vous verrez une question concernant les autres effets du G20 sur les établissements. Ici, 81 p. 100 des restaurants du centre-ville ont signalé qu'ils ont servi moins de clients, par rapport à 65 p. 100 des restaurants situés en dehors du centre-ville. Il est évident qu'il y a également eu une importante incidence sur le tourisme, puisque 60 p. 100 des restaurants du centre-ville ont fait état d'une baisse très considérable du nombre de touristes ayant fréquenté leurs établissements.
S'agissant de vandalisme, seulement 8 p. 100 des répondants ont été directement touchés par des actes de vandalisme, mais il faut se rappeler que lorsqu'un restaurant est vandalisé, les gens sont réticents à fréquenter d'autres restaurants du quartier, étant donné qu'ils ne se sentent pas en sécurité.
Voilà qui m'amène à l'élément suivant. Nous avons posé une question au sujet du nombre de restaurants qui ont fermé en raison de préoccupations liées à la sécurité, soit de leurs employés, soit de leurs clients. Trente-deux pour cent des restaurants situés à l'extérieur du centre-ville, et 51 p. 100 des restaurants au centre, ont fermé en raison d'inquiétudes liées à la sécurité de leur personnel ou de leurs clients.
Voilà qui m'amène maintenant à aborder une question qui saura certainement intéresser le comité, c'est-à-dire l'indemnisation. Nous avons sondé les personnes figurant dans notre base de données afin de savoir qui parmi elles seraient au courant des indemnités qui devaient être versées aux exploitants des restaurants touchés par le gouvernement. Soixante-sept pour cent des répondants du centre-ville étaient au courant du fait qu'une forme ou une autre d'indemnisation devait être versée à certains exploitants dont le chiffre d'affaires a diminué, et 58 p. 100 des exploitants de restaurants du centre-ville ont indiqué qu'ils avaient l'intention de demander cette indemnisation. Mais le fait est que, même si plus de la moitié des répondants du centre-ville avaient l'intention de demander une indemnisation, il y en a très peu qui l'ont fait, en raison du fardeau administratif que cela suppose, le caractère très limité de l'indemnisation qui est offerte et le fait que bon nombre de restaurants ont été obligés de fermer leurs portes à cause de préoccupations liées à la sécurité.
J'ai également rappelé un certain nombre de membres qui avaient indiqué leur désir de suivre les progrès réalisés en matière d'indemnisation. La grande majorité d'entre eux m'ont dit qu'ils ont décidé de ne pas demander cette indemnisation, étant donné qu'ils seraient obligés de payer un comptable et un avocat pour remplir l'ensemble des formulaires qui sont exigés. D'après les lignes directrices, le gouvernement n'est aucunement obligé de verser quelque indemnisation que ce soit, et ne garantit que les exploitants des restaurants recevront des indemnités. De plus, les quartiers du centre-ville qui ont le droit de les demander sont très peu nombreux, comparativement aux secteurs de la ville où les exploitants ont connu une diminution importante de leur chiffre d'affaires. Ainsi bon nombre d'exploitants se sentent déçus et ne sont pas du tout convaincus qu'ils recevront des indemnités, même s'ils en font la demande.
À la page 8, j'ai évoqué les autres raisons pour lesquelles les exploitants de restaurants situés à une certaine distance du périmètre de sécurité ont néanmoins connu une baisse importante de leur chiffre d'affaires. Moi-même j'habite le centre-ville de Toronto et j'ai eu beaucoup de mal à me déplacer en raison du périmètre de sécurité et de la fermeture des bouches de métro.
L'acétate numéro 9 présente l'image d'un café au centre-ville dont la vitrine a été fracassée par une chaise qui est restée en travers. Aux termes des lignes directrices qui visent l'indemnisation, si un exploitant a décidé de fermer son établissement pendant le sommet du G20, il ne peut demander d'être indemnisé, mais je me demande vraiment comment un restaurant pourrait rester ouvert après avoir subi ce genre de dommages.
On me demande d'accélérer un peu, et je vais donc passer directement…
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Merci, monsieur le président, je vais partager le temps qui m'est alloué avec mon collègue.
Madame, monsieur, bonjour.
Tout comme ma collègue du Parti libéral, il me semble épouvantable qu'on n'ait pas mesuré les impacts de la tenue du Sommet du G20 à Toronto et dans la région avoisinante. Je suis un peu étonnée de constater, à la page 6 de votre document, quels ont été les impacts de cet événement. Je me dis, moi aussi, qu'on a dépensé des millions de dollars pour montrer à la face du monde qu'on est capables d'accueillir d'autres pays, or on devrait être capables de dépenser aussi quelques millions pour indemniser nos restaurateurs qui ont dû souffrir de ces idées de grandeur, à mon avis.
Cela étant dit, à la page 7, vous dites qu'il y a un programme d'indemnisation du gouvernement. Il semble que vos gens, les restaurateurs, n'aient pas été au courant de l'existence de ce programme d'indemnisation.
Aviez-vous eu des rencontres préalables avec les organisateurs du G20 afin de vous informer de ce qui pouvait se passer? Vous parlez de mesures de sécurité, entre autres, et vous parlez aussi de mesures compensatoires.
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Il s'agit des restaurants qui ont été touchés.
À ce moment-là, je vous suggère fortement de vérifier — vous dites que c'est difficile en matière de comptabilité — auprès des restaurateurs. Il n'est pas difficile de déterminer quel a été leur chiffre d'affaires au mois de mai. Si on le compare avec leur chiffre d'affaires au mois de juin, durant deux semaines, il doit être possible de déterminer cela assez rapidement.
J'ai travaillé dans ce domaine et c'est un calcul qui se fait facilement. Il suffit d'appeler son comptable et de lui demander quels ont été les profits pour telle et telle semaines, quels ont été les profits ou quel a été le volume de ventes. C'est facile de le savoir. Il me semble que ces gens devraient pouvoir fournir cette information dès maintenant.
Au départ, on savait déjà à quelles dates se tiendrait le G20. Donc, ces chiffres devraient être déjà connus afin que vous puissiez faire une réclamation tout de suite. Je pense qu'il y aura des délais. Un jour, le gouvernement va dire que c'est la faute des restaurateurs qui n'ont pas produit de chiffres.
Donc, il aurait fallu que tous les restaurateurs de cette agglomération fournissent le nom des restaurants, les chiffres, les montants, en demandant à être indemnisés. L'autre facture serait pour les dommages matériels causés aux restaurants. Cela aurait été beaucoup plus simple.
Cela va être beaucoup plus long, car ils vont vous demander de fournir des chiffres. Ils vous diront qu'ils voudraient bien payer, mais qu'ils n'ont pas de chiffres. Donc, ce seraient les premières choses à faire rapidement.