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Je vous remercie, monsieur le président, de m'offrir aujourd'hui l'occasion de me présenter devant le comité pour discuter de la réhabilitation des édifices du Parlement. Je m'appelle Pierre-Marc Mongeau et je suis sous-ministre adjoint de la Direction générale de la Cité parlementaire. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Rob Wright, directeur général des Grands projets de l'État de la cité parlementaire, et également de M. Tom Ring, sous-ministre adjoint de la Direction générale des approvisionnements, qui est accompagné de Jacques Leclerc.
Nous sommes tous deux présents, Tom et moi, en raison de la séparation évidente de nos responsabilités au chapitre de la passation, de l'attribution et de la gestion des contrats portant sur la restauration des édifices du Parlement. Je suis responsable de l'établissement des exigences techniques, tandis que M. Ring est responsable de la gestion des processus d'approvisionnement. Cette séparation des responsabilités assure des mécanismes de contrôle appropriés dans le système.
Mon court exposé d'ouverture porte sur les trois éléments suivants: d'une part, je vous décrirai brièvement le mandat de Travaux publics sur la Colline; d'autre part, je parlerai du contexte dans lequel le contrat de restauration de l'édifice de l'Ouest a été attribué à LM Sauvé. Enfin, je vous présenterai les grandes lignes du processus d'approvisionnement utilisé par Travaux publics pour le contrat lié au projet ainsi que le processus de gestion du projet.
En premier lieu, j'aimerais souligner le mandat général de Travaux publics en ce qui a trait à la Colline du Parlement, mandat dont nous nous acquittons avec nos partenaires parlementaires, le Sénat, la Chambre des communes et la Bibliothèque du Parlement. Travaux publics et Services gouvernementaux Canada assure la garde officielle des édifices historiques et des terrains de la Colline du Parlement. En fait, notre travail est de veiller à ce que les édifices du Parlement soient gérés de la bonne façon, bien entretenus et adéquatement restaurés. Cela signifie que nous assurons la gestion des activités quotidiennes, de l'entretien et de la rénovation d'environ 143 000 mètres carrés d'espace patrimonial, ici même sur la Colline du Parlement, ainsi que des édifices du côté nord de la rue Sparks, entre les rues Elgin et Bank.
Pour que Travaux publics puisse concentrer ses efforts à l'exécution de cet important mandat, en 2007, le sous-ministre a créé une direction générale indépendante à Travaux publics, dirigée par un sous-ministre adjoint. Comme vous le savez, Travaux publics entreprend à l'heure actuelle un plan de réaménagement à long terme de la Colline du Parlement en plusieurs étapes. Approuvé en 2007, ce plan d'aménagement urbain a été primé.
Toutefois, un bon plan n'est qu'un bon départ. Le réaliser dans les délais impartis et le respect du budget exige une gestion judicieuse. Voilà six mois à peine, dans son rapport du printemps 2010, la vérificatrice générale du Canada évaluait les approches en matière de gestion de projet auxquelles avait eu recours Travaux publics pour administrer les projets de réhabilitation des édifices du Parlement. On y évaluait également les méthodes de Travaux publics pour ce qui est de l'établissement des coûts, de la manière de tirer profit des leçons apprises, de la durabilité et de la restauration des édifices patrimoniaux.
La vérificatrice générale a accordé à Travaux publics des notes élevées et n'a formulé aucune recommandation relative à des améliorations quelconques de la gestion de ses grands projets. Soulignons ici le fait que cette vérification a passé en revue la gestion du projet de rénovation de l'édifice de l'Ouest en particulier. Nous sommes fiers de cette reconnaissance et nous continuerons de miser sur ces forces.
Essentielle à ce cadre de gestion orientant les projets de réhabilitation est une stratégie de mise en oeuvre élaborée à partir du plan quinquennal, qui prévoit une reddition des comptes plus rigoureuse à l'égard des calendriers et des budgets. Ce cadre de travail souligne également l'importance de gérer chaque plan quinquennal en tant que programme interdépendant de travail, et non comme une série de projets individuels. Nous avons élaboré une méthode solide qui nous permettra de gérer activement les coûts et les calendriers du projet. Par exemple, chaque mois, nous travaillons avec des experts des secteurs public et privé pour établir de nouvelles estimations de coûts et de nouveaux calendriers pour l'ensemble du programme.
Vous avez devant vous un graphique qui illustre bien l'interdépendance des projets. Les efforts déployés au cours des trois dernières années ciblaient les projets visant à déménager les bureaux des députés et des sénateurs et les bureaux utilisés pour diverses fonctions parlementaires en dehors de la Colline, de manière à permettre le début des travaux de restauration des principaux édifices du Parlement. Ces projets sont réalisés dans les délais impartis et selon le budget.
En fait, 15 importants projets du genre ont été réalisés au cours de cette période, y compris l'aménagement d'une nouvelle salle pour les réunions du comité située au 1, rue Wellington. Par ailleurs, nous terminons l'aménagement de locaux à l'édifice La Promenade, où les députés emménageront à partir de l'édifice de l'Ouest.
Le projet de restauration de la Bibliothèque du Parlement, que nous avons terminé en 2006, illustre une de nos réalisations récentes.
Dans quelques instants, mon collègue, M. Ring, décrira la manière dont Travaux publics administre ses processus d'achat. Toutefois, j'aimerais d'abord décrire le contexte dans lequel a été accordé le contrat de restauration des tours Nord de l'édifice de l'Ouest à la firme LM Sauvé.
[Français]
La maçonnerie de l'édifice de l'Ouest est extrêmement détériorée, et il risque d'y avoir des défaillances majeures au cours des prochaines années. Cela a été confirmé par plusieurs experts indépendants. Il faut donc absolument restaurer l'édifice le plus rapidement possible.
Le projet de la tour Sud-Est a servi de modèle à celui des tours Nord. Ce projet a été achevé en 2008 et a obtenu tout récemment un prix important de l'Association canadienne des restaurateurs professionnels. Les critères d'évaluation élaborés en 2005 pour l'appel d'offres concernant les tours Sud-Est ont été les mêmes que ceux utilisés en 2007 pour le projet des tours Nord.
Ces deux projets-pilotes avaient pour objectif d'accroître les connaissances de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada sur l'état des pierres et de la structure de l'édifice, ainsi que d'établir des pratiques exemplaires en matière de restauration.
Comme vous pouvez le constater, nous portons une très grande attention à ces projets et nous appliquons une méthodologie rigoureuse. Nous adoptons la même approche rigoureuse lorsque nous sommes à la recherche de services spécialisés offerts par des firmes d'architecture ou d'ingénierie ainsi que par des entreprises de construction.
J'ai devant moi les documents d'appel d'offres du projet des tours Nord. Comme vous pouvez le constater, ces documents sont volumineux. Ces documents détaillés ont pour objectif de décrire, d'une manière aussi claire que possible, nos exigences particulières auprès de l'industrie et du grand public. Ces documents font office de guide et nous aident à obtenir les propositions techniques.
Mon collègue va vous expliquer plus tard les processus concurrentiels à deux volets adoptés pour le projet des tours Nord. De cette façon, vous allez pouvoir mieux comprendre l'approche que nous utilisons, approche qui a aussi été utilisée dans le cadre du projet de la tour Sud-Est.
Le contrat des tours Nord a été accordé à la suite d'un processus ouvert, juste, transparent. Le projet lui-même a été géré et continue d'être géré équitablement, selon les modalités du contrat. Le contrat a été attribué à LM Sauvé le 30 mai 2008, et les résultats ont été affichés publiquement. Des fonctionnaires travaillant dans des secteurs distincts ont géré ce processus du début à la fin.
TPSGC a attribué le contrat pour la restauration des tours Nord à LM Sauvé parce que cette entreprise avait présenté la soumission recevable la plus basse. Comme dans tous les projets qu'il entreprend, TPSGC a tout mis en oeuvre pour garantir le succès du projet dont l'entrepreneur était à ce moment-là LM Sauvé. Cependant, des problèmes continus et non résolus de rendement de même que des retards dans le calendrier ont obligé TPSGC à prendre les mesures nécessaires pour retirer les travaux des mains de la firme LM Sauvé, le 20 avril 2009, de façon à respecter les modalités contractuelles et à optimiser les ressources.
Dans le cadre du processus initial d'appel d'offres, nous avions demandé que le projet soit cautionné afin d'avoir une assurance au cas où surviendrait une des rares situations où les obligations contractuelles ne sont pas respectées. Nous disposions donc des assurances nécessaires et nous étions en mesure de transférer la responsabilité de l'achèvement du projet, conformément aux modalités d'origine, à l'entreprise cautionnée, en l'occurrence L'UNIQUE assurances générales.
La société de cautionnement est maintenant responsable de terminer le projet selon les modalités initiales. TPSGC n'a pas de liens contractuels avec les sous-traitants. La société de cautionnement, et non Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, est chargée de gérer les relations avec les sous-traitants et de régler les différends qui pourraient survenir.
[Traduction]
Pour terminer, j'aimerais souligner que ce projet et d'autres projets en cours réalisés pour vous et pour tous les Canadiens sont gérés par un groupe de professionnels fiers de participer aux travaux de restauration des magnifiques édifices de la Colline du Parlement, dans le cadre duquel les normes éthiques les plus élevées sont respectées.
Je cède maintenant la parole à mon collègue, M. Ring, qui vous expliquera les processus d'achat.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président. J'avais l'intention d'être bref étant donné que nous avons déjà bien commencé, et je vais tenter de ne parler que quelques minutes.
L'acquisition de services immobiliers, comme la construction, est réalisée en respectant les pratiques de l'industrie, les précédents jurisprudentiels, les accords commerciaux, les lois et les politiques du gouvernement. Le personnel qui s'occupe de l'attribution des contrats immobiliers possède une vaste expérience de l'attribution de contrats de construction et de services d'architecture et de génie.
Au cours des cinq dernières années, nous avons attribué plus de 100 contrats de construction et de consultation d'une valeur supérieure à 195 millions de dollars au nom de la Direction générale de la cité parlementaire. Les contrats importants touchant la Cité parlementaire sont attribués de manière concurrentielle, à quelques exceptions près, comme en ce qui concerne la pierre de remplacement pour l'édifice de l'Ouest.
Les grands projets de construction sur la Colline du Parlement sont souvent attribués au moyen d'un processus concurrentiel en deux étapes, qui est utilisé couramment dans l'industrie de la construction pour les projets complexes sur le plan technique, comme les projets de rénovation d'édifices du patrimoine.
La première étape est la présélection, qui est ouverte à toute l'industrie. C'est affiché publiquement dans le Service électronique d'appels d'offres du gouvernement, aussi connu sous le nom de MERX. Cette étape vise à faire en sorte que les entreprises qui sont invitées à soumissionner à la deuxième étape possèdent l'expérience et le savoir-faire requis pour ce type de travail spécialisé. Pendant la deuxième étape, soit l'étape de l'invitation à soumissionner, les entreprises qui ont été présélectionnées pendant la première étape sont invitées à soumissionner, ce qui garantit que le contrat est attribué à un soumissionnaire qualifié. Cette invitation est également affichée publiquement dans MERX. Le processus entier d'attribution de contrat est géré par des fonctionnaires, et ce sont des cadres supérieurs de la fonction publique qui l'examinent et l'approuvent.
Le processus d'approvisionnement en question, la réhabilitation des tours Nord de l'édifice de l'Ouest a suivi ce processus concurrentiel en deux étapes. Pendant la première étape, sept entreprises ont présenté des demandes de présélection. L'un des critères d'évaluation était que les soumissionnaires présentent de l'information sur des projets antérieurs afin de démontrer qu'ils possèdent l'expérience et le savoir-faire requis pour réaliser les travaux touchant les tours Nord de l'édifice de l'Ouest. Par exemple, les soumissionnaires devaient avoir réalisé des projets qui comprenaient à la fois des travaux de restauration de maçonnerie historique et de remplacement de toiture de cuivre, et ces projets devaient avoir une certaine valeur. Il a été déterminé que cinq des sept soumissions, y compris celle de LM Sauvé, satisfaisaient aux exigences relatives à l'expérience et au savoir-faire requis pour mener ce type de travaux spécialisés de rénovation d'édifices du patrimoine. Ces cinq entreprises ont ensuite été invitées à soumissionner les travaux à la deuxième étape. L'invitation à soumissionner a pris fin le 3 avril 2008, et les soumissions ont été ouvertes publiquement. Le contrat a été attribué à LM Sauvé.
Je dois expliquer que quatre modifications ont été publiées pendant l'invitation à soumissionner, ce qui est assez courant et qui survient généralement lorsque l'industrie pose des questions et formule des commentaires. Toutefois, la décision de modifier le document de l'invitation n'est pas prise à la légère. Pour ce faire, on doit évaluer la demande en fonction des critères suivants: le caractère raisonnable, l'ouverture et la concurrence. Je suis sûr que j'aurai l'occasion d'expliquer davantage ces éléments durant notre discussion. En outre, nous devons déterminer si elle pourrait résister à une contestation judiciaire. Lorsque les demandes sont sensées et qu'elles satisfont à ces critères, nous les acceptons généralement.
Toutes les étapes du processus de diligence raisonnable ont été suivies pendant le processus en deux étapes. Par exemple, le mérite technique de la soumission a été évalué, les références des projets antérieurs ont été vérifiées, la conformité de la soumission a été vérifiée, le prix de la soumission a été analysé, confirmé, et reconfirmé auprès du soumissionnaire, et les attestations de sécurité ont été obtenues. Au moment où le contrat a été attribué, LM Sauvé était une entreprise en règle qui réalisait des projets à l'échelle du Canada: à Vancouver, à Toronto et à Montréal. En fait, LM Sauvé a terminé avec succès certains des plus grands projets de restauration de maçonnerie historique parmi le groupe de soumissionnaires, et possédait l'expérience et le savoir-faire requis.
Monsieur le président, je crois que je vais m'arrêter ici pour respecter votre temps et permettre aux membres du comité de poser des questions.
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Merci, monsieur le président.
D'abord et avant tout, disons que le premier changement apporté a en fait été l'annulation de la séance d'information à l'intention des soumissionnaires éventuels, alors même que vous recommandez fortement à tous les intéressés d'y assister pour se faire une idée de la teneur du projet. Trois jours avant la date prévue, la séance d'information a été annulée. Il s'agit pour nous de la première modification. C'est mon premier exemple des efforts extraordinaires que vous semblez avoir déployés pour favoriser l'entreprise Sauvé.
La deuxième modification a été la prolongation d'une semaine. La période de soumission devait prendre fin le 21 septembre. Le 18 septembre, vous l'avez prolongée d'une semaine, et le jour même où elle devait se terminer, soit le 21, vous avez proposé votre troisième modification, celle qui a vraiment changé la donne en faveur de Sauvé en supprimant les articles 5 à 10 de toutes les exigences de présélection pour la ferronnerie de restauration, les travaux de sculpture de maçonnerie, la protection contre la foudre, la toiture de cuivre — toutes ces compétences techniques qu'aucun entrepreneur général ne possède, à l'exception de Sauvé.
J'ai travaillé pour PCL. L'entreprise n'a pas de division de protection contre la foudre. Elle n'a pas non plus de division de ferronnerie de restauration. EllisDon n'en a pas davantage. Alors, les meilleurs entrepreneurs au monde ont été pour ainsi dire écartés de ce concours lorsqu'on a donné un net avantage à un individu qui avait versé 140 000 $ à un lobbyiste.
Vous nous dites tous que vous n'avez rien à voir avec cette situation. Mais il y a certainement quelqu'un qui a établi ces exigences sur mesure de telle sorte qu'un seul et unique entrepreneur puisse sortir gagnant. Si ce n'est pas vous, c'est à un niveau plus élevé. Je crois revoir Chuck Guité assis dans le même fauteuil qui refusait d'admettre quelque ingérence politique que ce soit dans l'allocation des contrats de Travaux publics. Mais on a bien vu que c'était un mensonge éhonté.
Il y a quelqu'un ici qui se moque de nous, au détriment non seulement des contribuables canadiens qui devront encore une fois payer la note pour éponger ces dégâts, mais aussi à l'encontre de ce qui est peut-être le projet de restauration architectural le plus prestigieux en Amérique du Nord, que l'on est en train de bousiller de manière monumentale juste sous notre nez. Peut-être que le fait que vous vous retrouviez tous les quatre devant nous illustre une partie du problème. Il est possible que le ministère des Travaux publics soit devenu gigantesque à ce point que l'on ne puisse raisonnablement s'attendre à ce que quelqu'un puisse contrôler la restauration de la Cité parlementaire. C'est une question sur laquelle il faudra se pencher à un autre moment.
Pour en revenir à la prolongation de la période de soumission au bénéfice de Sauvé, qu'est-ce qui pourrait empêcher n'importe quel observateur indépendant de faire les rapprochements nécessaires pour conclure que ce contrat a été fait sur mesure pour favoriser le type qui a payé son dû afin de se retrouver sur la liste des soumissionnaires présélectionnés?