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Merci, madame la présidente.
Je tiens à répondre sans plus tarder à vos observations préliminaires. Je suis désolé de n'avoir pas pu comparaître hier devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Comme je l'ai expliqué au greffier du comité, je ne voulais surtout pas manquer de respect au comité ou à son processus.
Helena et moi essayons d'avoir un enfant depuis un bon moment déjà, et elle vient tout juste de terminer le premier trimestre d'une grossesse à risque. Le stress considérable résultant de la façon dont elle a été traitée par le premier ministre, et par d'autres également, n'est certes pas pour améliorer sa situation. Malgré que son médecin lui ait prescrit un arrêt de travail, Helena a insisté pour continuer à s'acquitter de bon nombre de ses fonctions de députée élue. Hier, j'étais donc comme il se doit aux côtés de mon épouse lorsque des tests ont été effectués pour déterminer si notre bébé est en santé. Je suis heureux de pouvoir vous dire que les résultats sont positifs et que nous n'avons pas d'inquiétudes à nous faire de ce côté-là. Il va de soi que c'est une nouvelle qu'Helena et moi avons bien accueillie.
Je sais qu'il y avait d'autres rendez-vous à mon agenda hier, mais je suis fermement convaincu que ma place était auprès de ma femme alors qu'elle subissait ces tests et lorsqu'on lui a communiqué les résultats. Je suis persuadé que les collègues de ma femme à la Chambre et les membres de ce comité auraient fait la même chose à ma place.
Cela étant dit, je sais que mon avocat a discuté avec votre greffier de différentes possibilités de dates lorsque nous nous sommes rendu compte que je ne pouvais pas comparaître le 16. Je tiens à remercier le comité de la compréhension dont il a fait montre en acceptant de tenir une séance spéciale pour m'accueillir aujourd'hui.
J'aimerais apporter quelques précisions à la suite de ma comparution du 21 avril dernier. Avant que j'accepte l'invitation du comité de venir répondre à des questions, mon avocat m'avait conseillé de prendre le temps nécessaire pour passer en revue les courriels, les documents et les dossiers de Green Power Generation au sujet desquels j'étais convoqué. Il m'a encouragé à le faire pour que je puisse vous transmettre l'information la plus complète et la plus exacte possible.
Je n'ai pas tenu compte de son conseil. J'étais si offusqué par la façon dont le premier ministre et d'autres leaders d'opinion avaient traité mon épouse que j'avais l'impression qu'il me fallait rectifier les choses le plus rapidement possible. J'étais convaincu que je n'avais qu'à me présenter ici et à répondre à vos questions pour réfuter les allégations injustes à l'encontre de ma femme.
Je sais maintenant que je faisais erreur. Je me suis ainsi retrouvé sans le vouloir à vous fournir des renseignements incomplets au sujet de quelques questions importantes et je le regrette sincèrement. J'en suis vraiment désolé et je vous prie de bien vouloir m'en excuser.
Je savais bien sûr qu'il y aurait une trace documentaire, notamment par courriel, de toutes mes activités à GPG. Mon avocat m'avait recommandé de prendre quelques semaines pour retracer ces documents et les relire avant ma comparution. Mais j'étais pressé de me présenter devant le comité pour aider mon épouse en expliquant que nous ne faisons rien de répréhensible. Malheureusement, le message s'est complètement embrouillé parce que je n'avais pas vérifié les faits relativement à différentes questions.
Par exemple, je ne me souvenais plus de ce qui se retrouvait sur mon site Web personnel, car je ne l'utilisais pas pour les affaires de GPG. C'est ainsi que j'en suis venu à d'abord nier la présence de certains éléments qui étaient sur le site, puis à ensuite l'admettre. Si je m'étais préparé un peu mieux pour cette comparution, je n'aurais pas fait d'erreurs semblables.
J'ai aussi été désarçonné par le ton agressif et désobligeant de quelques-une des questions posées par le comité. Je n'ai détourné aucun fonds, pas plus du gouvernement que d'autres sources. Je n'ai fait aucun trafic d'influence. Je ne me suis pas rendu coupable d'abus de confiance. J'ai été abasourdi qu'on puisse m'accuser de toutes ces choses sans la moindre preuve. Je ne croyais pas que de pareils comportements étaient possibles au sein d'un comité.
Je crois que mes réponses ont été le reflet de ma confusion et de mon bouleversement découlant de la teneur des questions posées. J'ai commis des erreurs dans ma vie, mais j'en ai toujours assumé la responsabilité. Je suis choqué de voir que l'on puisse s'attaquer avec autant de désinvolture à mon intégrité.
Lors de ma dernière comparution, on m'a demandé pour quelle raison mon épouse avait écrit une lettre de présentation pour Jim Wright. J'ai reconnu qu'elle n'aurait pas dû faire personnellement la promotion de l'entreprise de Jim Wright si GPG faisait toujours des affaires avec lui. Comme vous le savez, Jim Wright est l'un des commettants de mon épouse. Il a communiqué avec son bureau pour lui demander son assistance.
Elle m'a alors interrogé au sujet de nos relations d'affaires avec lui. Je lui ai répondu que nous ne traitions d'aucune manière avec lui et que nous n'avions pas l'intention de le faire à l'avenir. J'étais tout à fait conscient des problèmes que cela pouvait causer pour elle si il y avait risque de conflit d'intérêts. Je ne lui aurais pas dit qu'elle pouvait envoyer une simple lettre de recommandation si j'avais cru un instant que cela pouvait entraîner des difficultés à qui que ce soit.
Je ne savais pas à ce moment-là que Patrick essayait toujours de lancer une initiative qui allait mettre à contribution la technologie proposée par l'entreprise de M. Wright.
C'était en septembre. Comme la plupart des gens le savent, j'ai eu un automne particulièrement éprouvant sur le plan personnel. Pendant plusieurs mois, je n'ai pas pu participer aux activités de mon entreprise comme j'aurais dû le faire. Mon partenaire, Patrick, s'est chargé du plus gros de la tâche pendant cette période. Lorsque j'ai pu à nouveau m'occuper davantage des affaires de l'entreprise, il ne s'était rien produit du côté de Jim Wright. En tout cas rien qui aurait pu m'inciter à revenir sur la question avec mon épouse. Ce n'est qu'en avril dernier, lorsque le Toronto Star a publié sa série d'articles, que je me suis rappelé qu'elle avait écrit une lettre concernant Jim Wright.
J'aurais dû me tenir au fait des activités de Patrick et savoir, en l'espèce, qu'il y avait eu échange de courriels concernant l'entreprise de Jim Wright en septembre. J'aurais dû mieux vérifier avant de répondre à Helena et avant de l'assurer que rien ne l'empêchait d'écrire cette lettre de présentation au nom de Jim Wright. Je regrette de ne pas l'avoir fait, mais ce n'est qu'une malencontreuse erreur. Il va de soi que mon but n'était pas d'engager Helena dans des manoeuvres répréhensibles, car j'étais tout à fait conscient que mes relations d'affaires et sa correspondance pouvaient se retrouver sur la scène publique.
Je veux également répondre aux questions concernant l'utilisation d'un BlackBerry du gouvernement après les élections de 2008, bien que je ne comprenne pas vraiment les raisons pour lesquelles cela suscite l'intérêt du comité. Je n'apprends rien aux membres du comité en leur disant que tous les députés reçoivent quatre dispositifs de communication sans fil qu'ils peuvent distribuer comme bon leur semble. D'après mon expérience, bon nombre de députés remettent un de ces appareils à leur conjoint ou conjointe. Helena a décidé que je pouvais conserver mon ancien BlackBerry de député en le transférant à son propre compte, en l'activant à partir de son système et en l'inscrivant comme l'un des quatre dispositifs prévus dans son budget de fonctionnement. Elle l'a fait pour me permettre de suivre son emploi du temps et de communiquer régulièrement avec les membres de son personnel. Dans son rôle de ministre, elle était très occupée et son horaire changeait constamment. Grâce à ce BlackBerry connecté au réseau de son bureau, j'avais toujours accès à son agenda mis à jour automatiquement. Il y a des dizaines de conjoints de députés et de ministres qui utilisent ainsi aux mêmes fins des dispositifs de communication sans fil fournis par le gouvernement.
En outre, durant les 14 mois où j'ai eu en ma possession cet appareil prévu dans l'allocation d'Helena, j'ai envoyé des milliers de courriels à partir de mon compte d'entreprise et de mon compte personnel à la maison, mais je reconnais qu'il y ait pu avoir quelques rares occasions où j'ai transféré des courriels ou répondu à d'autres au moyen de ce BlackBerry fourni par le gouvernement. Je l'ai alors fait par mégarde.
Lors de ma dernière comparution, on m'a également posé des questions concernant l'utilisation du bureau d'Helena aux fins de mon entreprise. Je dois réfuter ces allégations. J'ai effectivement utilisé son bureau brièvement après les élections lorsque j'ai dû sortir mes dossiers et différents autres articles de mon bureau de la Colline. J'ai eu très peu de temps pour ce faire après l'élection et je n'ai pas pu vider mon bureau avant la date où il devait être libéré. Quoi qu'il en soit, une fois mon bureau vidé, soit environ un mois plus tard, j'ai utilisé le sien comme point de rencontre avec certaines personnes à quelques occasions. J'ai rencontré ces gens avant d'aller manger avec eux; nous ne faisions que nous rencontrer là-bas et nous sortions immédiatement. Nous n'avons eu aucune discussion d'affaires sur place.
J'ai rencontré M. Wenger à une occasion relativement à une question personnelle dont il souhaitait discuter avec moi. Je crois que toutes les autres personnes que j'ai pu rencontrer au bureau de mon épouse ont dû s'inscrire dans le registre des visiteurs tenu par les services de sécurité, et je suis persuadé que tout le monde peut consulter ce registre. J'avais mon propre bureau pour mes activités d'affaires à ce moment-là et je n'avais aucunement besoin d'utiliser celui de ma femme, et je ne l'ai d'ailleurs pas fait.
Madame la présidente, voilà tous les éclaircissements que je voulais apporter pour l'instant. J'aimerais qu'on puisse passer maintenant directement aux questions de manière à tirer le meilleur parti possible de cette occasion.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci de comparaître aujourd'hui. Je suppose que des félicitations sont de mise pour la naissance prochaine de votre enfant.
Je pourrais sans doute passer la journée à relever les inexactitudes dans votre témoignage du mois d'avril, mais je vais plutôt y aller directement de quelques questions et j'apprécierais, monsieur Jaffer, que vos réponses soient complètes et conformes aux faits. Nous ne voudrions pas avoir à nous réunir de nouveau, mais nous pourrions le faire au cours de l'été, si besoin est.
Manifestement, vous aviez accès au gouvernement, et notamment à plusieurs ministres influents de ce gouvernement. Lorsque vous êtes venu nous rencontrer en avril, vous avez dit être ami avec bon nombre de vos anciens collègues. Je suppose que c'est en raison du rôle de président du caucus que vous occupiez à l'époque. Vous avez parlé de ces amitiés et nous avons discuté un moment de cet aspect, mais croyez-vous que vous aviez accès à ces ministres en raison de ces liens d'amitié ou dû au fait que votre épouse est elle-même ministre au sein du Cabinet?
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Mais des fonctionnaires haut placés.
Je vais passer à un autre point. Comme vous le savez, nous n'avons que huit minutes.
Votre entreprise a signé un contrat avec Nazim Gillani. Nous le savons. Nous l'avons vu. On y indique que vous avez « des liens utiles avec le gouvernement du Canada et différents ministères dans le but de fournir des fonds gouvernementaux participatifs et non participatifs ».
Le même contrat stipulait que vous seriez rémunéré au moyen d'une commission d'intermédiaire ou de consultant et, si vous vous rappelez bien, M. Glémaud a indiqué que, si le gouvernement avait exprimé de l'intérêt dans l'une ou l'autre de ces propositions, vous seriez allé revoir vos clients pour discuter des prochaines étapes. C'est ce qu'il a déclaré dans son témoignage devant notre comité.
Nous savons qu'un contrat a été signé avec M. Gillani prévoyant une commission d'intermédiaire ou de consultant. Comment vous attendiez-vous à être payé par vos clients? Nous avons établi qu'il y avait une commission d'intermédiaire. Alors si le gouvernement avait trouvé une proposition intéressante et entamé des négociations, comment les choses se seraient-elles passées? Pourriez-vous nous décrire le modèle de fonctionnement que vous aviez planifié?
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Jaffer, ce qui nous complique la tâche aujourd'hui, c'est que presque tous les témoins que nous avons entendus après vous nous ont dit au moins une chose qui venait contredire votre témoignage.
Dans tous les cas, ou dans bien des cas, le témoin avait une version des choses tout à fait différente de la vôtre ou qui différait quelque peu de ce que vous aviez dit au comité. Quand on apprend qu'un témoignage est parsemé d'inexactitudes, il devient difficile pour nous de croire tout ce que nous raconte ce témoin. Je pense que c'est la difficulté qu'éprouvent les membres du comité.
Je ne veux pas m'emporter en ce moment, car je crois que nous devons clarifier certaines choses. Nous devons revoir le témoignage que vous nous avez donné et ceux des témoins que nous avons entendus après vous. Je ne sais pas si vous êtes en mesure d'éclairer le comité avant que nous ne mettions fin aux audiences.
Nous savons que le gouvernement ne vous a pas versé d'argent, ni à vous ni à un de vos partenaires. Nous n'avons aucune preuve du contraire. C'est la première chose à préciser, et je pense que c'est clair.
Mais des questions se posent concernant le témoignage que vous avez livré à notre comité. Vous avez le devoir de nous dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Par les propos que vous avez tenus jusqu'à maintenant, vous avez selon moi perdu la confiance de vos anciens collègues et de vos anciens électeurs. J'ai aussi l'impression que vous avez perdu la confiance des Canadiens avec le témoignage que vous nous avez donné.
Il y a eu la question des cartes professionnelles, à propos de laquelle vous avez affirmé sans équivoque... Vous avez fustigé M. Martin pour avoir posé la question; vous avez prétendu qu'il ne s'agissait de rien de plus qu'une histoire parue dans le Toronto Star. Quelqu'un a ensuite remis au comité la carte en question, votre carte de député, sur laquelle rien n'avait été écrit ni biffé. C'est une première incohérence mise au jour.
Nous avons entendu M. Gillani. En fait, alors que vous nous aviez dit que votre relation d'affaires n'était pas allée plus loin que quelques rencontres, M. Gillani nous a quant à lui affirmé que vous aviez conclu un contrat et que vous n'aviez jamais mis un terme à votre collaboration. Il nous a même informés que vous prévoyiez vous rendre ensemble en Chine par affaire.
Et nous entendons encore ce genre de choses.
La dernière fois que nous nous sommes vus, monsieur Jaffer, je vous ai posé une question qui pouvait sembler insignifiante, mais c'était important pour moi de bien comprendre. Selon les journaux, vous aviez indiqué sur votre site Web personnel que vous pouviez aider les entreprises à obtenir du financement du gouvernement. Vous avez nié cette information pendant presque toute la durée de la séance. Mais lorsque j'ai pu avoir une copie de votre site Web, la version en cache, j'ai tout de suite vu que vous aviez bel et bien fait de telles promesses.
Dès que la nouvelle est sortie, j'ai essayé de trouver votre site Web, mais j'en ai été incapable. Il avait été retiré.
Monsieur Jaffer, dans la lettre que vous nous avez lue aujourd'hui, et que nous avons reçue il y a quelques jours, vous affirmez que vous aviez fait ce commentaire par inadvertance, que vous ne connaissiez pas ce site Web. Vous avez tout simplement invoqué un trou de mémoire.
J'imagine que la question qui s'impose est la suivante: qui a retiré le site Web le jour où cet article a été publié?
Cela étant dit, lorsque vous avez téléphoné à M. Paradis, en août dernier, comme il est indiqué dans le journal Le Quotidien — on est en juin 2010, c'est quand même récent dans l'histoire de l'humanité —, c'était pour discuter d'un projet d'installation de panneaux solaires sur les édifices du gouvernement fédéral. Vous avez fait plus que socialiser. Je comprends que vous soyez copains, amis de longue date, etc. Toutefois, vous avez parlé, avec le ministre, de quelque chose qui touche directement Green Power Generation Corporation. À la demande du ministre, ou du moins à la suite d'une entente cordiale, vous avez communiqué directement avec lui.
Comprenez-vous pourquoi on ne peut pas croire tout ce que vous dites? Vous dites que vous avez des liens avec ces gens-là seulement parce qu'ils étaient vos collègues alors que vous travailliez dans le domaine politique comme député. Vous dites que vous avez discuté d'installation de panneaux solaires avec M. Paradis. Vous êtes entrés dans un domaine qui touche la compagnie en question, que vous représentez. Pour ce qui est d'obtenir de l'information, vous êtes un homme intelligent, vous pouvez trouver les informations de base sur le site Internet du gouvernement. Or, vous avez dépassé les limites en demandant de l'information à un ministre qui peut approuver ou non les projets.
Lorsque vous parlez au ministre, plutôt que de vous informer tout simplement de la chose comme n'importe quel citoyen le ferait, vous dépassez le niveau de la camaraderie. Vous faites affaire avec une personne qui décide. Comment pouvez-vous dire que vous n'étiez pas en train de faire du démarchage avec une personne en position d'autorité?
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Oui. Tout d’abord, GPG ne m’a jamais payé pour faire du lobbying, étant donné que c’est ma propre société.
Ensuite, lorsque nous nous sommes adressés au bureau du ministre et que nous avons approché son assistant pour savoir comment procéder pour… Il s’agit d’un tout nouveau domaine. Aucun renseignement n’est disponible quant à la manière de payer le gouvernement pour installer des panneaux solaires sur des toits. Nous ne demandions pas d'argent; nous voulions louer des toits au gouvernement.
L’assistant que nous avons consulté pour nous diriger au bon endroit nous a dit qu’il allait se renseigner, mais que le ministre Paradis voulait me parler, simplement pour prendre de mes nouvelles. C’est pour cette raison que je lui ai téléphoné pour prendre de nos nouvelles, et il m’a demandé comment j’allais. Nous avons parlé de nos familles. Je connaissais très bien sa famille parce que j’ai été le président du caucus.
Par la suite, il m’a demandé ce que je faisais maintenant. J’ai répondu: « Voici ce que nous essayons de faire dans ma société, GPG. Nous voulons… il pourrait y avoir des occasions de louer des toits au gouvernement fédéral pour lancer des projets énergétiques. Votre assistant m'a dit qu'il allait se renseigner, et je lui en suis reconnaissant. C'est ce que je fais actuellement. C’est gentil de me le demander. »
C'est tout.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je tiens également à vous féliciter, vous et votre femme, pour votre enfant à venir. J’en ai moi-même deux, et je peux vous dire que cela change une vie — pour le mieux, je crois.
Je vais aborder une question différente, si vous me le permettez. Vous n’êtes sûrement pas sans savoir qu'il existe différentes sortes de passeports, dont les passeports diplomatiques, des passeports spéciaux pour les titulaires d’une charge gouvernementale, les députés, les sénateurs, les ministres provinciaux, les personnes embauchées par le gouvernement du Canada dans un cadre non diplomatique et les conjoints des ministres qui voyagent pour les affaires du gouvernement.
Je présume que vous connaissez ce genre de passeports.
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Je vous remercie de la question, monsieur Lauzon. Nous en avons discuté, Patrick et moi. Une chose était claire: en vertu de la loi, si nous devions accepter un contrat en échange d'une rémunération pour parler avec un représentant du gouvernement, nous serions alors tenus de nous enregistrer.
Nous ne connaissions pas encore la nature de notre entreprise. Nous avons entamé un processus qui a duré au moins six mois afin de déterminer le type d'activités que nous voulions mener et la façon dont nous allions développer l'entreprise; par conséquent, nous ne voulions accepter aucun contrat parce que nous n'étions pas prêts à promettre quoi que ce soit. Nous ne voulions rien promettre.
Une fois que nous aurions mené à bien le processus, si nous allions accepter des contrats afin de faire du lobbying pour le compte d'un client, nous nous serions enregistrés comme il se doit. Or, ce scénario ne s'est jamais produit.
Comme je l'ai indiqué lors de ma dernière comparution, quand j'ai rencontré le premier ministre peu de temps après les élections, il a voulu savoir, entre autres, quels étaient mes projets futurs. Je n'avais pas encore pris de décision à ce moment-là, mais je lui ai dit qu'étant donné les responsabilités de mon épouse au sein du gouvernement et mon réseau de contacts, je ne voulais pas entrer dans le domaine du lobbying et que j'allais faire de mon mieux pour éviter de le faire.
Et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous n'avons accepté aucun contrat durant tout ce processus. Des gens nous offraient de l'argent pour que nous les représentions, mais nous n'accédions pas à leur demande.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Jaffer, c’est encore moi.
J’ai vraiment une impression de déjà vu. Auparavant, je vous ai posé des questions à propos du site Web. On a l’impression d’assister à une rediffusion de la dernière séance du comité. Je vous ai demandé précisément la raison pour laquelle vous aviez mis le site Web hors service. Vous deviez savoir ce qui était affiché sur le site. Vous avez dit: « J’ai mis le site Web hors service parce que le Parti conservateur m’a demandé de retirer le logo conservateur. » Vous avez dit que cela avait été fait en une seule étape, que vous aviez supprimé le logo en mettant le site Web hors service.
Monsieur Jaffer, j’ai maintenant en ma possession des copies antémémorisées des pages de votre site Web qui datent du 8 avril. Plus tôt ce jour-là, votre nom était suivi d’un « C » — le « C » du Parti conservateur.
M. Rahim Jaffer: Exact.
M. Chris Warkentin: Plus tard ce même jour, le « C » avait disparu. Le logo avait été supprimé, mais le site Web était toujours en service.
Cela prouve que vous n’êtes pas encore disposé à nous dire la vérité. Si nous ne pouvons pas nous fier à ce que vous dites à propos des petits détails, comment pouvons-nous vous faire confiance à propos des questions importantes?
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À ce propos, j’ai prié les Canadiens de me pardonner de ne pas m’être préparé adéquatement la première fois et j’ai présenté des excuses au comité.
M. Chris Warkentin: Eh bien....
M. Rahim Jaffer: J’ai également expliqué que c’était une question d’ordre sémantique. Vous pouvez vous moquer de moi si vous voulez et tourner l’affaire en plaisanterie, mais je pense qu’étant donné le stress que nous avons vécu quand nous avons fait l’objet d’une surveillance étroite, les Canadiens comprendront que j’aie commis certaines erreurs.
Comme je l’ai dit, on m’a ordonné de mettre le site Web hors service. Le « C » a été supprimé en premier, mais c’est une question d’ordre sémantique…
M. Chris Warkentin: Mais ce n’est pas ce que vous avez dit.
Mr. Rahim Jaffer: …le même jour; le site Web a été mis hors service. Que cela ait eu lieu quelques heures plus tard ou à la fin de la journée — puisque vous insistez là-dessus —, je peux vous assurer que le site Web a été mis hors service. Il n’était plus là, et j’ai pensé que cela nous causerait moins d’ennuis. Je pense qu’au départ, le fournisseur de services d’hébergement m’a indiqué qu’il avait également reçu un appel téléphonique au cours duquel on lui avait demandé de retirer le « C », ce qu’il avait fait. Mais, quand j’ai communiqué avec lui pour assurer le suivi et que je l’ai prié de mettre le site Web hors service, il l’a fait.
Je m’excuse si je me suis trompé de quelques heures, mais il a été mis hors service ce jour-là.
Je ne sais pas pourquoi vous en faites un tel cas.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Jaffer, c'est matière à réflexion. Vous aviez probablement des amis avant d'entrer ici, mais vous en avez probablement un peu moins aujourd'hui, en raison de ce que vous avez déclaré sur le Parti conservateur.
Des documents révèlent que vous avez communiqué avec divers ministères. On a dit que M. Christian Paradis, ex-ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, avait admis plus tôt cette semaine-là que M. Jaffer l'avait appelé en août pour discuter d'un projet d'installation de panneaux solaires au sommet d'édifices gouvernementaux. Ça va bien, c'est un ami, etc., mais c'est aussi un ministre. , l'actuelle ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, a écrit qu'à la suite d'une demande de Rahim Jaffer en août 2009, une rencontre avait été organisée par le ministère pour discuter d'une proposition. La rencontre a finalement eu lieu avec M. Glémaud en octobre.
Il a aussi été question de , et de , deux ex-collègues de Rahim Jaffer. Dans La Presse, on lit ceci: « Ces documents révèlent l'existence de plusieurs communications avec des membres des bureaux de ministres ou des fonctionnaires de ministères ou d'organismes fédéraux qui avaient jusqu'ici été épargnés dans cette controverse, dont le bureau de la ministre des Travaux publics, celui de la ministre d'État responsable des Aînés et l'agence de la Diversification de l'économie de l'Ouest Canada. »
Il est donc question de liens directs avec des ex-collègues. Je ne suis pas sûr que vous pourriez obtenir cela, aujourd'hui, en raison de ce que vous avez déclaré.
Quant à , il a dû admettre à la Chambre des communes que ses employés avaient rencontré Rahim Jaffer il y a un an. , a fait une admission après celle du ministre de l'Environnement. Plus tôt, cette semaine-là, John Baird avait dû concéder que son ministère avait étudié trois projets pilotés par la compagnie de Rahim Jaffer.
M. Jaffer a reconnu avoir approché , à propos de trois projets. Quant à , il a affirmé que l'ancien député conservateur avait envoyé un courriel à un membre de son personnel. Il est aussi question de .
Ces informations proviennent de coupures de presse ou des médias télévisés.
On dit que les et , respectivement Jim Prentice et John Baird, et le , Gary Goodyear, ont également remis des documents au comité et à la commissaire au lobbying. Ces documents portent sur des communications de M. Jaffer et de son partenaire d'affaires, M. Glémaud.
Toutes ces situations nous brossent un portrait de gens qui ont fait du lobbying auprès de gens qu'ils connaissaient bien. D'après ce que l'on peut comprendre de cette façon d'agir, on peut dire que le Parti conservateur a ouvert les portes à un ancien collègue, à un des siens, en lui facilitant beaucoup l'accessibilité en ce qui a trait à des demandes de projets concernant Green Power Corporation.
La présidente: Monsieur Nadeau, concluez vos observations, s'il vous plaît.
M. Richard Nadeau: C'est tout, merci.
Ce que je voulais dire, c'est que pour la période de temps qui a été déterminée après que je me sois retrouvé dans les manchettes en septembre dernier, je m'étais retiré de nombreux dossiers de mon entreprise — presque tous — pour une période d'environ un mois et demi à deux mois.
À compter de cette période, j'ai cru comprendre que nous n'allions pas de l'avant... même si un contrat — auquel je n'avais pas participé — avait été signé avec M. Gillani. Les relations d'affaires avec lui étaient sur le point de se terminer. Cela a été confirmé en novembre dans un document que vous verrez lorsqu'il sera traduit. Nous avons présenté un contrat à M. Gillani, à titre de compensation. Il a refusé de le signer. C'est alors que nous nous sommes rendu compte que la relation d'affaires était terminée, comme je l'avais indiqué.
J'ai confondu les dates, manifestement en raison de ce qui m'était arrivé. Mais cela ne veut pas dire que nous avions coupé toute communication avec M. Gillani. Nous n'avons pas eu de liens d'affaires par la suite. Il y a eu beaucoup d'offres de la part de M. Gillani, et elles sont passées bien près de se réaliser, y compris le voyage en Chine pour lequel il a dit qu'il avait participé. Il n'a rien fait de ce qu'on attendait de lui, et je me suis organisé par mes propres moyens pour y aller avec le Dr Chen.
M. Gillani a discuté de beaucoup de choses, mais notre relation d'affaires était terminée. Je pense qu'au début, j'ai porté le comité à croire que c'était en septembre. J'avais tort. C'était un peu plus tard. C'était en novembre.
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Manifestement, ce sont là des questions personnelles au sujet de mes finances, mais je vais y répondre parce que je n'ai rien à cacher.
Mme Siobhan Coady: Merci.
M. Rahim Jaffer: Pour 2009, la majorité de mes revenus proviennent de l'indemnité de départ que j'ai reçue après ma défaite aux élections. Avec cela — j'ai aussi vendu la maison que j'avais à Ottawa — j'avais prévu dans mon budget un investissement dans mon entreprise et un montant qui me permettrait de ne pas avoir de soucis financiers pour la plus grande partie de 2009 et même jusqu'en 2010.
Tout a été, pour ainsi dire, dilapidé, évidemment, en raison de tout le travail que nous avons fait et des autres questions dont j'ai dû m'occuper et qui m'ont obligé à puiser dans mes économies.
Actuellement, je n'ai aucun revenu. Si vous examiniez mon T4 de 2009, vous y verriez mon indemnité de départ et un peu d'autres revenus qui proviennent de propriétés que je possède à Edmonton.