Bienvenue aujourd'hui à la séance du Comité permanent des anciens combattants. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous étudions la prestation de services aux anciens combattants.
Nous accueillons le brigadier-général Nicolas Eldaoud, chef d'état-major, Commandement du personnel militaire; Marie-France Langlois, directrice, gestion du soutien aux blessés, UISP; Bruce Phillips, coordonnateur du soutien par les pairs pour les familles; et Vanessa Pok Shin, coordonnatrice de soutien aux familles, du ministère de la Défense nationale.
En outre, nous accueillons Elizabeth Douglas, directrice générale, Gestion des programmes et de la prestation des services; Robert Cormier, directeur de district, Opérations en régions; et Anne-Marie Pellerin, directrice, Gestion des cas et services de soutien, du ministère des Anciens Combattants.
Nous allons commencer par des interventions de 10 minutes de chaque groupe. Nous passerons ensuite aux questions. Nous demanderons au groupe d'adresser ses questions à une organisation et à un témoin particulier.
Nous allons commencer par le ministère de la Défense nationale.
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Bonjour, monsieur le président, et merci aux membres du Comité.
Je suis le brigadier-général Nicolas Eldaoud, chef d'état-major et chef du personnel militaire des Forces armées canadiennes. Je suis très heureux de me présenter ici, ce matin, en compagnie de mon équipe.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au sujet de l'Unité interarmées de soutien du personnel — ou l'UISP — et du processus de soutien en cas de blessure de stress opérationnel.
Mon rôle consiste à aider le commandant du Commandement du personnel militaire, la lieutenante-générale Christine Whitecross, dans ses fonctions de responsable de la gestion des militaires des Forces armées canadiennes dès leur enrôlement, ce qui comprend leur instruction et leur éducation, leurs prestations, leurs soins de santé, leurs services spirituels, la gestion de leur carrière, leurs distinctions honorifiques ainsi que leur histoire.
[Français]
Le commandant du Commandement du personnel militaire est également responsable de fournir du soutien et des programmes, d'offrir des programmes aux militaires malades ou blessés ainsi que de soutenir les familles des militaires décédés. La prestation de ces services est assurée par l'Unité interarmées de soutien du personnel, ou l'UISP, qui comprend 8 quartiers généraux régionaux, 24 centres intégrés de soutien du personnel, ou CISP, et 7 emplacements satellites un peu partout au pays. Le tout est soutenu par un quartier général situé ici même, à Ottawa.
[Traduction]
Aujourd’hui, je suis accompagné par de vrais experts. Il y a d’abord la capitaine de vaisseau Marie-France Langlois. Elle est la directrice de la gestion du soutien aux blessés et commandante de l'UISP.
Je suis également accompagné de Mme Vanessa Pok Shin, coordonnatrice du soutien par les pairs pour les familles, ici même, dans la région de la capitale nationale, et de M. Bruce Philipps, coordonnateur du soutien par les pairs du SSBSO.
[Français]
Nous travaillons pour un certain nombre de groupes distincts, qui comptent tous des membres de la Force régulière et de la Force de réserve, ainsi que les membres de leur famille.
Il y a quatre groupes en tout.
[Traduction]
Le premier groupe est celui des militaires malades ou blessés qui devraient être en mesure de reprendre du service sans restriction et qui participent au programme de retour au travail. Ce programme vise à aider les militaires tout au long de leur rétablissement et de leur réadaptation en vue de leur reprise de service, qui peut se faire de façon graduelle, conformément à I'ordonnance de reprise des fonctions émise par le médecin militaire.
Le deuxième groupe est celui des militaires malades ou blessés au point où ils seront vraisemblablement inaptes à reprendre le service sans restriction, qui sont soutenus par nos Services de transition. Environ 10 000 membres de la Force régulière et de la Force de réserve quittent chaque année les Forces armées canadiennes. De ce nombre, environ 16 % sont libérés pour des raisons médicales, et nous les soutenons dans le cadre de cette transition vers la vie civile.
[Français]
Le troisième groupe est constitué des militaires qui ne sont ni malades ni blessés, mais qui ont droit au soutien des services de transition, car nous sommes bien conscients des défis que comporte le passage de la vie militaire à la vie civile. Les services de transition s'adressent à ceux qui ont été libérés ou qui ont mis fin à leur carrière et qui cherchent un emploi civil ou qui souhaitent une retraite agréable et bien planifiée.
Finalement, nous offrons du soutien et de l'aide aux familles des militaires décédés en veillant à ce qu'un accompagnateur désigné soit affecté à ces familles afin qu'elles obtiennent les services de soutien administratif dont elles ont tellement besoin.
[Traduction]
L'Unité interarmées de soutien du personnel — l'UISP — et ses sous-unités, les centres intégrés de soutien du personnel — CISP —, ont été pensés en tant que « guichet unique » où les militaires malades ou blessés obtiendraient des conseils, du soutien et de l'aide non seulement de la part du personnel militaire qui offre les programmes et qui supervise les militaires malades ou blessés affectés aux CISP, mais aussi d'autres partenaires.
Anciens Combattants Canada (ACC) chapeaute l'ensemble de ces partenaires. Les membres du personnel d'ACC partagent les locaux du personnel des FAC au CISP. ACC est un partenaire clé du programme d'aide à la transition offert aux militaires libérés ou en transition. ACC et les FAC sont interreliés dans de nombreux aspects de la prestation des services. Par exemple, si vous consultez leur site Web, vous constaterez qu'ACC invite les militaires et les anciens combattants à se rendre dans les CISP pour obtenir des renseignements et des services.
Les CISP offrent les services suivants : la coordination de la reprise du service; l'aide à la mobilité; des programmes de conditionnement physique adaptés à chaque personne; le programme Sans limites, dont vous avez peut-être déjà entendu parler; des services de réadaptation professionnelle; du soutien par les pairs, y compris le soutien social en cas de blessures de stress opérationnel — ou SSBSO —, et le programme Empathie, Soutien par les pairs offrant une invitation au réconfort — ou ESPOIR —; du soutien pour accéder à la rémunération et aux avantages sociaux des FAC, du RARM et d'Anciens Combattants; des services de transition pour les personnes libérées des FAC; la facilitation d'un emploi civil, y compris l'embauche en priorité dans la fonction publique fédérale pour les personnes admissibles; et, enfin, du soutien administratif offert aux familles des soldats tombés au champ d'honneur.
[Français]
Le Programme de soutien social aux blessés de stress opérationnel, ou SSBSO, dont j'ai fait mention, est un bon exemple de la collaboration entre le ministère des Anciens Combattants et les Forces canadiennes. Financé et exploité conjointement, il permet d'offrir un soutien important par les pairs aux militaires, aux anciens combattants et aux membres de leur famille.
[Traduction]
Fondé en 2001, le programme de SSBSO visait à compléter les soins cliniques offerts par les professionnels en soins de santé mentale des Forces canadiennes. Un groupe de militaires et des anciens combattants qui avaient servi dans des théâtres d'opérations ont reconnu les avantages que peut procurer le fait de raconter leur expérience et ont mis sur pied un réseau de soutien mutuel.
Depuis ces origines, le SSBSO est maintenant devenu un programme bien établi, géré en partenariat avec le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada. Chaque membre du réseau possède une expérience directe et une connaissance pratique de ce que représente le fait d'être aux prises avec des problèmes de stress opérationnel ou de vivre avec une personne qui en souffre.
[Français]
Les problèmes de stress opérationnel ont des conséquences graves sur le personnel ou les anciens combattants des Forces canadiennes, mais ils en ont aussi sur les membres de leur famille. Grâce au programme de SSBSO, un service de soutien mutuel est également offert aux membres des familles de militaires ou d'anciens combattants souffrant d'un problème de stress opérationnel. Les membres de la famille immédiate peuvent déployer beaucoup d'efforts à tenter de comprendre le problème, à les soutenir durant la phase de récupération et à maintenir la stabilité familiale.
Au fil du temps, cette situation peut devenir un facteur de stress important pour les membres de la famille qui essaient de s'adapter aux conséquences à long terme de la blessure. Étant donné ces facteurs de stress, il est important que les membres de la famille demandent également de l'aide ou du soutien afin qu'ils puissent s'occuper de leur propre bien-être, de celui de leurs enfants et de celui de la personne blessée.
[Traduction]
Le programme de SSBSO est appuyé par des bénévoles qualifiés qui y ont déjà participé et qui ont choisi de faire du bénévolat pour soutenir d'autres personnes. Le fait d'aider les autres peut constituer une partie importante du processus de guérison, et un grand nombre de nos bénévoles sont assez actifs à ce chapitre. Ils sont un élément clé du succès du programme.
Nous travaillons activement avec Anciens Combattants Canada pour améliorer les services qu'offrent nos organisations aux anciens combattants. En guise d'exemple, les FAC et ACC travaillent conjointement à une stratégie nationale de transition de carrière et d'emploi qui intègre des renseignements sur l'emploi, la planification financière et l'investissement, ainsi que les programmes gouvernementaux offerts aux anciens combattants. En outre, d'autres groupes de travail de la force opérationnelle interarmées des FAC et d'ACC mènent actuellement des activités. Ils visent tous à assurer la transition harmonieuse des anciens combattants vers la vie civile.
Cette stratégie repose sur une approche pangouvernementale et compte élargir sa portée de façon à inclure d'autres organismes gouvernementaux, notamment Emploi et Développement social Canada, Service Canada et la Commission de la fonction publique, dans le but de miser sur les ressources et les programmes existants pour appuyer les militaires en transition et les anciens combattants.
[Français]
Je vous remercie encore une fois, monsieur le président, de m'avoir offert l'occasion de m'adresser à vous. Les gens qui m'accompagnent et moi-même répondrons avec plaisir à vos questions.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'être parmi vous aujourd'hui.
[Traduction]
Je m'appelle Elizabeth Douglas, et je suis la directrice générale de la Gestion des programmes et de la prestation des services à Anciens Combattants Canada.
Aujourd'hui, je suis accompagnée par mes collègues, Anne-Marie Pellerin, directrice, Gestion des cas et services de soutien, et Robert Cormier, directeur général des Opérations en régions, de Montréal. Nous sommes ravis et heureux de nous présenter pour répondre à toute question portant sur l'étude concernant la prestation des services.
Les soins et le soutien offerts aux anciens combattants et aux membres des Forces armées canadiennes ainsi qu'à leur famille sont la priorité absolue d'Anciens Combattants Canada.
ACC mène des études et des recherches concernant les anciens combattants et les enjeux qui les touchent. L'Étude sur la vie après le service militaire de 2013 a révélé qu'il n'y a pas de ce qu'on pourrait appeler un ancien combattant moyen. De fait, près de 27 % des membres libérés des Forces armées canadiennes ont indiqué avoir éprouvé des difficultés à s'adapter à la vie civile, alors que 17 % ont déclaré que leur transition n'avait été ni facile ni difficile.
Les membres qui sont libérés pour des raisons médicales n'ont pas tous besoin du même degré d'aide à la transition, et bon nombre de ceux qui sont libérés pour des raisons autres que médicales n'ont pas besoin d'un soutien important à la transition. Ainsi, l'élaboration des politiques et des programmes d'ACC et la prestation de services de soutien aux membres, aux anciens combattants et à leur famille en transition vers la vie civile revêtent la plus haute importance pour Anciens Combattants Canada.
Les données probantes présentées dans l'étude sur la vie après le service militaire font ressortir le fait qu'une transition réussie de la vie militaire à la vie civile dépend de certains facteurs liés à sept domaines clés du bien-être. Ces domaines sont l'emploi, les finances, la santé, l'intégration sociale, le logement, les aptitudes à la vie quotidienne et la culture, qui comprend l'identité.
La période de transition est une occasion pour Anciens Combattants Canada et pour les Forces armées canadiennes d'aider les anciens combattants dans ces sept domaines, au moment de leur passage à la vie civile.
Pour ce faire, dans le cadre d'un partenariat avec les Forces armées canadiennes, ACC dispose de plus de 100 employés travaillant côte à côte dans 24 centres intégrés de soutien du personnel, qu'on appelle CISP, partout au Canada. Cet important partenariat vise à offrir une approche coordonnée en matière de prestation de soins et de soutien aux membres des Forces armées canadiennes, aux anciens combattants et à leur famille durant la transition entre la vie militaire et la vie civile.
Les CISP fournissent un accès aux prestations, aux programmes et aux services à la famille offerts afin de permettre aux anciens combattants, aux familles et aux membres de se concentrer sur leur rétablissement dans le cadre de leur préparation à la prochaine étape de leur vie.
De plus, l'entrevue de transition d'ACC est un processus d'examen préalable utilisé par le personnel pour aider tous les militaires en voie d'être libérés et leur famille à cerner les risques potentiels ou les obstacles à la réussite de leur réinsertion dans la vie civile.
Durant cette entrevue, le personnel d'ACC cernera tout risque potentiel ou obstacle; déterminera le degré de soutien ou d'intervention requis, adoptera une approche collaborative afin de déterminer les prestations et les services nécessaires; travaillera à l'établissement d'une relation de confiance; acquerra une meilleure compréhension des besoins liés à la transition; habilitera les militaires et leur famille à devenir des participants actifs à ce processus de transition; fournira l'accès à une gamme complète de prestations et de services offerts par Anciens Combattants Canada ou à des renseignements à ce sujet; et aiguillera les membres, les anciens combattants et les familles vers les ressources appropriées au besoin.
Les Services de transition améliorés sont une initiative conjointe d'ACC et des Forces armées canadiennes mise en place afin de donner suite au rapport publié par le Comité en juin 2014. Désormais, Anciens Combattants Canada intervient plus rapidement auprès des militaires des Forces armées canadiennes libérés pour des raisons médicales et de leur famille. Cette initiative a été mise en oeuvre à l'échelle internationale en septembre 2015 dans le but d'obtenir les meilleurs résultats possible durant la transition entre la vie militaire et la vie civile.
Une intervention précoce est essentielle à la réussite du processus de transition. Il est impératif qu'ACC prenne part à la libération des membres pour des raisons médicales durant l'étape de la transition précédant la libération. En intervenant tôt auprès des militaires libérés pour des raisons médicales, ACC s'engage à : établir des relations plus solides avec les militaires qui seront libérés pour des raisons médicales; renforcer les activités conjointes de gestion de cas menées par les Forces armées canadiennes et Anciens Combattants Canada; attribuer aux militaires un gestionnaire de cas ou un agent des services aux vétérans d'ACC avant leur libération, selon leurs besoins; aider les militaires à remplir des demandes d'inscription aux programmes d'ACC; si possible, prendre les décisions liées à l'admissibilité au programme de la Nouvelle Charte des anciens combattants avant la libération des militaires afin que les services et les prestations auxquels ils ont droit leur soient offerts immédiatement après leur libération; aider les militaires à s'inscrire à Mon dossier à ACC et à naviguer dans ce dossier; fournir aux militaires un exemplaire de Mon cahier ACC; et fournir de l'information sur les façons de chercher et de trouver un emploi dans la fonction publique fédérale.
Anciens Combattants Canada et les Forces armées canadiennes collaborent dans le but d'établir des plans conjoints de gestion de cas qui élimineront les obstacles, assureront l'accès en temps opportun aux prestations et aux services offerts par le programme et prévoiront une approche coordonnée globale pour la tenue des activités de gestion de cas. Un continuum de services sera ainsi assuré à la suite de la libération et tant que ces services seront requis.
Un processus de suivi élargi après la libération a été mis en œuvre en octobre 2015. Avant cette date, ACC effectuait un suivi auprès des anciens combattants qui, selon une évaluation, présentaient un degré de risque désigné comme étant de modéré à élevé. Grâce à cette nouvelle initiative, le suivi après la libération est étendu pour inclure les anciens combattants libérés pour des raisons médicales désignés comme présentant un risque minimal. Ce processus offre une occasion de plus à ACC de joindre un plus grand nombre d'anciens combattants pour s'assurer que leurs besoins en matière de transition sont comblés et pour dissiper toute préoccupation ou répondre à toute question que pourrait avoir ce groupe présentant un risque minimal.
Le 1er octobre 2015, ACC et les FAC ont lancé un projet pilote visant à fournir aux anciens combattants libérés pour des raisons médicales et à leur famille l'accès au Programme de services aux familles des militaires — le PSFM — pour une période de deux ans après la libération afin de les appuyer dans le cadre de leur transition vers la vie civile. Le projet pilote comprend l'accès à sept centres de ressources pour les familles des militaires situés à Victoria, à Edmonton, À Shilo, à Valcartier, à Trenton, à North Bay et à Halifax; l'accès à la ligne d'information pour les familles du Programme de services aux familles des militaires; et l'accès au site Web amélioré familyforce.ca pour faciliter la transition.
En mars 2016, les résultats indiquaient que les services étaient accueillis favorablement par le milieu des anciens combattants. L'utilisation des services augmente chaque mois. En mars, plus de 2 400 anciens combattants et membres de leur famille avaient reçu des services à des endroits où le projet pilote est mis en oeuvre et à des endroits où il ne l'est pas.
En conclusion, dans le cadre du plan stratégique quinquennal d'ACC, le ministère harmonise plus étroitement ses activités avec celles des Forces armées canadiennes afin de combler les lacunes liées aux services et de surmonter le plus grand nombre d'obstacles possible avant la libération d'un membre des Forces armées canadiennes.
Toutes ces mesures contribuent à l'obtention de meilleurs résultats pour tous nos militaires, tout en garantissant qu'ils bénéficient du soutien dont ils ont besoin, avant et après leur libération du service militaire.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être parmi nous ce matin. C'est un honneur de vous recevoir ici, au Comité permanent des anciens combattants, d'autant plus que, si je ne m'abuse, c'est la première fois que nous recevons des membres des Forces armées canadiennes ainsi que plusieurs représentants d'Anciens Combattants Canada.
Nous avons tant de questions à vous poser qu'il est difficile de décider par laquelle commencer. J'aimerais m'adresser plus particulièrement à Mmes Douglas et Pellerin ainsi qu'à M. Cormier.
Vous savez sûrement que plusieurs vétérans sont venus ici au cours des derniers mois et qu'ils se sont beaucoup plaints des programmes et des services offerts par votre ministère. Il a été question des prestations, de la paperasserie et d'autres problèmes.
Depuis deux ans, il y a des entrevues de transition. J'ai moi-même été libéré des Forces armées canadiennes il y a quelques mois et j'ai passé mon entrevue de transition au téléphone avant-hier. C'était une expérience fort intéressante. J'ai trouvé que c'était très bien fait.
J'ai constaté que la plupart des vétérans qui venaient nous faire part de leurs préoccupations et de leurs plaintes relativement aux traitements reçus avaient obtenu leur libération il y a plus de deux ans.
Pouvez-vous nous faire part de vos constats, s'il y en a, sur les vétérans qui ont été libérés au cours des deux dernières années et qui ont eu accès aux entrevues de transition? Ces dernières changent-elles la donne? Ont-elles amélioré le sort des vétérans?
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Je vais commencer, et je vais aussi laisser la capitaine Langlois étoffer la réponse.
Simplement pour que vous le sachiez : de mon point de vue — et la capitaine Langlois abordera plus en détail le niveau technique où cela se passe —, je vous dirai que, si je ne reçois pas un appel téléphonique des intervenants d'Anciens Combattants deux ou trois fois par semaine — et nous avons un agent de liaison, là-bas — c'est parce que je suis en congé. En réalité, nous nous parlons tout le temps, et je les appelle. Nous entendons tout le temps parler des problèmes.
Je peux vous assurer que, du chef d'état-major de la défense, qui reçoit les lettres, à mon patron, et en passant par tous les échelons du haut commandement des Forces armées canadiennes, tout le monde vient me voir pour me dire la même chose. Nick, réglez le problème. C'est à ce moment-là que les changements commencent à se produire.
Je parle aux responsables de l'UISP, mais aussi à notre agent de liaison d'ACC. En quelques heures, ces choses font l'objet de discussions. Évidemment, ensuite, nous disons : « Assurons-nous que cela ne se reproduise plus », alors nous ne refaisons pas la même erreur lorsque la situation se reproduit.
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Oui, monsieur, absolument, et je vous remercie pour votre question à ce sujet.
La question de la santé mentale, et certainement la stigmatisation au sein des Forces armées canadiennes est tout à fait reconnue, et depuis le sommet. Évidemment, je fais allusion au général Jonathan Vance, notre chef d'état-major de la défense.
La façon dont nous nous en occupons... La première entreprise, c'est que la chaîne de commandement en parle. Notre médecin-général participe beaucoup et est déterminé à s'assurer que la santé mentale au sein des FAC est une question reconnue et que la chaîne de commandement la considère comme un problème qui existe dans les rangs et dont nous devons parler. Voilà pourquoi nous sommes très impliqués.
La campagne Cause pour la cause, de Bell, par exemple, est une initiative que nous appuyons. Nous la menons avec Bell, et, depuis quelques années, nous y contribuons énormément. Chaque année, cette campagne se poursuit et s'améliore, au point où... Le général Vance réunit habituellement tous ses officiers généraux deux fois par année. La dernière fois qu'il l'a fait, quand il nous a réunis, le sujet de cette conférence de deux jours a été la santé mentale, et il l'a tenue directement au milieu de l'événement Cause pour la cause de Bell, simplement pour vous montrer combien c'est important.
Il s'agit que la chaîne de commandement en parle, qu'elle reconnaisse le problème, qu'elle comprenne sa nature et qu'elle encourage les gens à le dire, tout simplement, et à ne pas se préoccuper des répercussions qui pourraient suivre. Il ne devrait pas y avoir de répercussions. La plupart des problèmes de santé mentale s'inscrivent dans l'universalité du service. Nous gardons les gens. Cette histoire de « si vous avez un problème de santé mentale, nous allons vous libérer » est un mythe que nous tentons de détruire.
D'accord. Cinquante pour cent des membres libérés ne sont pas convoqués à une entrevue de transition, ce qui fait qu'ils ne sont pas nécessairement au courant des services qui leur sont offerts et que vous ne savez pas s'ils auront besoin d'aide. L'approche utilisée est plus réactive que proactive, pour la moitié des membres en transition, si j'ai bien compris.
Je vais changer de sujet, maintenant, général. Nous avons parlé rapidement de l'universalité du service et de la santé mentale. Vous avez dit que votre CEMD avait très à coeur de s'assurer que la question de la santé mentale au sein des forces armées n'est pas occultée et que les gens n'hésitent pas à demander du soutien. Je sais de source sûre que cela ne se passe pas comme ça; mon fils vient de perdre deux camarades, qui n'avaient même pas encore participé à une opération. Les préjugés existent toujours, on craint toujours de lever la main et de dire : « J'ai besoin d'aide, aujourd'hui. »
Je sais que, pour entrer dans les Forces armées canadiennes, il faut respecter certaines exigences sur le plan de la santé physique et mentale. Nous parlons ici des quelques cas qui, sans avoir de problème de santé mentale, sont retenus, et pourtant, il y a quand même encore beaucoup de suicides.
Je me demande s'il se fait quelque chose aux niveaux inférieurs, au niveau des élèves de nos collèges militaires, s'ils peuvent demander de l'aide. J'aimerais savoir quelles mesures concrètes ont été mises en place — autres que l'initiative Bell Cause pour la cause, des conversations qui ont lieu deux fois par année — pour nous assurer que les élèves ne souffrent pas en silence, que les membres actifs ne souffrent pas en silence. Pourriez-vous en dire un peu plus sur le sujet, s'il vous plaît?
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Vous êtes la mère de deux soldats. Merci.
Je n'ai pas dit que nous ne nous occupions plus de la santé mentale, pas du tout. Nous nous en occupons, tout à fait, et nous savons que nous n'avons pas terminé. Ce dont vous parlez, la situation au collège militaire, c'est quelque chose qui m'a beaucoup occupé, personnellement, ces derniers mois. Une commission d'enquête a été lancée, au Collège militaire royal, et elle cherche à l'heure même où l'on se parle à comprendre ce qui se passe, à savoir non seulement ce que les étudiants savent et ce qu'on leur dit, mais aussi quel est le climat au CMR. Y a-t-il quelque chose que l'on puisse faire? Le problème tient-il au commandement? C'est une question très complexe.
Je ne croyais pas devoir parler ici de la préparation mentale, et je n'ai aucune donnée statistique à vous présenter, mais permettez-moi de dire une chose : je puis vous assurer, tous autant que vous êtes, et tous les Canadiens, en fait, que la priorité du commandement des Forces armées canadiennes — la priorité absolue —, c'est le bien-être et la santé des troupes. Tout ce qui pourrait menacer leur santé et leur bien-être, et les problèmes de santé mentale peuvent les menacer, tout cela, c'est notre priorité.
Mais cela prendra du temps. C'est un problème sociétal, nous savons cela. Nous devons y faire face. Nous ne cesserons jamais de nous en occuper. En fait, il faut que vous sachiez que la mission dans laquelle le général Vance s'est engagé à l'égard de la santé mentale — il va même plus loin, il s'attaque au suicide — vise à réduire à zéro le nombre des suicides au sein des FAC, et c'est le but auquel nous travaillons. Il ne s'agit pas de réduire ce nombre, il s'agit de le ramener à zéro. Quand on lui dit que c'est impossible, il répond, et je peux, je crois, le citer : « Que le diable m'emporte si je n'essaie pas. » Nous ne cesserons jamais de nous en occuper, tant que nous n'aurons pas atteint notre but. Je ne sais pas si nous allons jamais l'atteindre, mais nous allons toujours essayer de l'atteindre.
Je suis désolé de ne pas avoir de statistiques à vous présenter.
Merci encore.