:
Mesdames, messieurs, la séance est ouverte.
Conformément à l'article 108(2), nous menons une étude de la santé mentale et de la prévention du suicide chez les anciens combattants. Aujourd'hui, nous entendrons trois groupes de témoins. Tout d'abord, nous accueillerons des représentants du ministère de la Défense nationale, soit le brigadier-général Hugh MacKay, médecin général et commandant du Groupe des Services de santé des Forces canadiennes, et le lieutenant-colonel Andrew Currie, chef de section du Programme de contrôle des maladies transmissibles et directeur, Protection de la santé des Forces. Un représentant du ministère de la Santé est également parmi nous, le Dr John Patrick Stewart, directeur général, Produits de santé commercialisés de la Direction générale des produits de santé et des aliments. Enfin, de l'Agence de la santé publique du Canada, nous recevrons la Dre Barbara Raymond, directrice générale intérimaire de l'Intégration de la sécurité sanitaire à la Direction générale de l'infrastructure de sécurité sanitaire.
Je vous remercie de vous joindre à nous aujourd'hui. Nous entendrons les témoins à tour de rôle. Chaque groupe aura 10 minutes pour nous présenter un exposé, puis les membres du Comité leur poseront des questions.
Nous débuterons avec le ministère de la Défense.
Bonjour.
:
Monsieur le président, je vous remercie, ainsi que les membres du Comité permanent des anciens combattants, de m'offrir l'occasion de m'adresser à vous au sujet de l'utilisation de médicaments pour la prévention du paludisme au sein des Forces armées canadiennes.
Le personnel des Forces armées canadiennes peut être déployé dans des régions où le paludisme pose un risque considérable pour la santé des militaires et le succès de la mission. Le paludisme est une maladie infectieuse majeure, qui est transmise par un moustique porteur agressif et qui nous oblige à employer plusieurs approches pour prévenir la maladie.
L'Organisation mondiale de la Santé estime qu'il y a eu 214 millions de cas de paludisme dans le monde en 2015, et qu'environ 438 000 personnes en sont décédées. En plus des mesures de protection individuelle, qui ne sont pas infaillibles et qui sont difficiles à appliquer en contexte opérationnel, il est indispensable de pouvoir compter sur la protection supplémentaire d'une chimioprophylaxie, ou médication, antipaludique. Utilisée adéquatement, la prophylaxie médicamenteuse peut réduire le risque de paludisme de plus de 90 %.
[Français]
Pour définir notre stratégie de prévention et de traitement du paludisme, en plus de nos propres analyses, nous avons demandé l'avis et les conseils d'experts de ce domaine, dont le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages. Ce comité a mis au point des lignes directrices de pratique clinique qui sont fondées sur des preuves scientifiques.
Ces pratiques médicales exemplaires tiennent compte de l'innocuité et de l'efficacité des médicaments employés pour faire face à la menace bien réelle que représente le paludisme. Le Comité consultatif, à l'instar des autorités similaires comme les Centers for Disease Control and Prevention aux États-Unis, Public Health England et l'Organisation mondiale de la Santé, recommande différents médicaments, dont la méfloquine, pour la prévention du paludisme, en fonction de la sensibilité des souches locales et de l'évaluation du patient.
[Traduction]
Depuis plusieurs décennies, conformément aux recommandations du Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages et d'autres groupes d'experts, les Forces armées canadiennes ont inclus la méfloquine parmi les options qui sont offertes aux patients pour la prévention du paludisme. Nos deux autres principales options, à l'heure actuelle, sont la doxycycline et l'association atovaquone-proguanil, qui est commercialisée sous le nom Malarone. Ces médicaments ont tous des avantages et des inconvénients qui leur sont propres, ainsi que des effets secondaires potentiels.
Les médicaments antipaludiques qui peuvent être utilisés au cours d'une mission sont choisis en fonction de l'évaluation de notre Direction de la protection de la santé de la Force. Cette évaluation vise à établir le risque de paludisme et l'existence d'une résistance aux médicaments dans la région. Les cliniciens discutent ensuite avec les patients des risques associés au paludisme, ainsi que des avantages, des inconvénients, des effets secondaires possibles et des précautions à prendre pour chacun des médicaments offerts. Les cliniciens procèdent également à une évaluation des contre-indications potentielles pour chaque patient. Les patients peuvent alors choisir en toute connaissance de cause le médicament qui convient le mieux, suivant leurs préférences et la situation.
La survenue d'effets secondaires peut avoir une incidence sur le patient et sur son état de préparation opérationnelle, et c'est pourquoi il est si important que nous informions adéquatement le personnel des Forces armées canadiennes et que nous procédions à une évaluation médicale. Nous voulons que chaque militaire prenne une décision éclairée et justifiée sur le plan médical lorsqu'il choisit un médicament qui le protégera du paludisme.
[Français]
Dans les Forces armées canadiennes, le recours à la méfloquine est en baisse depuis 10 ans. Au début des années 2000, la méfloquine était le médicament antipaludique le plus utilisé. Cette situation a commencé à changer au milieu des années 2000 et, désormais, la méfloquine est le médicament le moins souvent choisi. Elle représente environ 5 % de nos ordonnances d'antipaludiques actuelles, tandis que l'association atovaquone-proguanil, qui a été homologuée en 2002, représente environ 80 % des ordonnances. Les autres ordonnances concernent la doxycycline.
[Traduction]
Plus de 17 000 employés des Forces armées canadiennes et des dizaines de millions de personnes dans le monde ont pris de la méfloquine depuis son homologation pour prévenir et traiter le paludisme. Nous connaissons les effets secondaires que la méfloquine peut engendrer à court terme. Cependant, malgré l'ampleur de son utilisation, elle n'a été que rarement associée à des effets neuropsychiatriques graves.
Nous savons aussi que certaines personnes soutiennent que la méfloquine pourrait causer des troubles de santé mentale et des séquelles neurologiques persistantes, une théorie qui, de l'avis même de ces personnes, doit encore être étayée par des recherches. Selon notre évaluation, pour le moment, ces allégations ne sont pas soutenues par des preuves scientifiques directes qui justifieraient que nous retirions la méfloquine des médicaments offerts aux patients pour se protéger contre le paludisme, en particulier s'ils en ont déjà utilisé auparavant.
Cette évaluation respecte les recommandations relatives à la chimioprophylaxie antipaludique du Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis, de Public Health England et de l'Organisation mondiale de la Santé.
Comme vous le savez probablement, un grand nombre de forces armées étrangères continuent d'offrir la méfloquine parmi les options de prévention du paludisme. Nous restons toutefois vigilants et prêts à étudier tout nouveau renseignement concernant la méfloquine et les autres médicaments antipaludiques.
Nous sommes également persuadés que les responsables de la réglementation pharmaceutique et le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages mettront à jour leurs recommandations de manière rapide et opportune si de nouvelles données scientifiques et médicales crédibles sont portées à leur attention.
Nous adapterons nos mesures de prévention du paludisme en conséquence, en privilégiant la rigueur scientifique et l'évaluation critique des données.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole devant le Comité aujourd'hui.
[Français]
Bonjour à tous.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui. Je suis heureux d'être ici pour vous parler de l'historique de la réglementation de la méfloquine.
[Traduction]
Le paludisme est une maladie grave qui peut être mortelle. Même avec des traitements modernes et efficaces ainsi que des soins intensifs, jusqu'à 20 % des patients meurent lorsqu'ils sont infectés par la forme la plus grave du paludisme. Au cours des trois dernières années, 65 cas de paludisme grave par année ont été enregistrés au Canada. La prévention de l'infection est une stratégie importante visant à réduire l'incidence de cette maladie pour les voyageurs.
La méfloquine, un médicament d'ordonnance, fait partie des quelques options recommandées pour prévenir le paludisme par le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, le CCMTMV, de l'Agence de la santé publique du Canada, et par la plupart des organismes compétents en matière de santé publique et de médecine du voyage du monde entier. La méfloquine se présente sous forme de comprimé à ingérer une fois par semaine seulement. Cette posologie peut s'avérer plus facile à respecter que celle d'autres médicaments qui doivent être pris tous les jours. Les autres options, qui comprennent le Malarone, la doxycycline et la primaquine, sont généralement tout aussi efficaces pour prévenir le paludisme, mais les effets indésirables peuvent être aussi graves. Le professionnel prescripteur doit évaluer les avantages et les risques de chaque option et, en fin de compte, la décision liée au médicament à prescrire revient au médecin, après en avoir discuté avec le patient.
J'aimerais maintenant aborder la démarche qu'a suivie Santé Canada pour assurer la surveillance du profil d'innocuité de la méfloquine depuis sa mise en marché en 1993, et prendre des mesures au besoin pour mettre à jour ce profil d'innocuité dans la monographie canadienne du produit, c'est-à-dire le document d'information sur l'utilisation, la posologie et les effets secondaires du médicament.
Les données de la monographie concernant les effets secondaires sont tirées d'essais cliniques du médicament et d'observations empiriques du marché. Les rares événements indésirables graves sont habituellement détectés seulement après la mise en marché d'un médicament, parce qu'un plus grand nombre de patients y sont exposés. Santé Canada se fonde sur plusieurs sources d'information, dont Canada Vigilance, sa base de données sur les effets indésirables des médicaments, les ouvrages publiés et les communiqués d'autres autorités réglementaires pour surveiller l'innocuité des médicaments commercialisés.
Tout au long du cycle de vie de la méfloquine, Santé Canada a continuellement surveillé l'information sur son innocuité. Ainsi, le médicament a fait l'objet d'évaluations périodiques afin de déterminer si l'étiquetage actuel rend fidèlement compte du profil d'innocuité. La monographie originale, présentée en 1993, comprenait un avertissement selon lequel la méfloquine ne devait pas être prescrite comme médicament antipaludique aux patients ayant des antécédents de troubles psychiatriques et de convulsions. En janvier 1997, à la suite de rapports sur les effets indésirables observés après la commercialisation, cet avertissement a été intégré à la section des contre-indications de la monographie.
En 1998, un article publié dans le Bulletin canadien des effets indésirables de Santé Canada faisait état de quatre signalements d'effets neuropsychiatriques associés à l'utilisation de la méfloquine.
Cette mesure a été suivie en 1999 par un examen de l'innocuité fondé sur l'analyse de tous les effets indésirables associés à la méfloquine déclarés au Canada. À la suite de cet examen, les pensées suicidaires ont été ajoutées aux effets secondaires dans la monographie. Santé Canada a aussi décidé à l'époque d'évaluer tous les six mois l'ensemble des événements indésirables liés à la méfloquine.
Des renseignements complémentaires sur les effets neurologiques et psychiatriques indésirables associés à la méfloquine, y compris la possibilité de leur persistance longtemps après l'arrêt du traitement, ont été ajoutés à la monographie en 2003. Une section d'information sur le patient a été ajoutée et une carte à glisser dans le portefeuille a été produite pour décrire les effets neurologiques et psychiatriques, et aviser les patients de consulter un médecin si ces effets se manifestent. Ces changements ont découlé d'une mise à jour semblable de la Food and Drug Administration des États-Unis.
En 2005, les fabricants de méfloquine, en collaboration avec Santé Canada, ont publié deux avis, une Lettre aux professionnels de la santé et une Lettre aux pharmaciens sur le même sujet.
[Français]
Le profil d'innocuité et l'étiquetage du produit ont été officiellement évalués de nouveau en 2006. Cet examen a conclu qu'aucune autre mesure d'atténuation du risque ne s'avérait nécessaire. Le ministère continue depuis de surveiller l'innocuité de la méfloquine de façon uniforme.
[Traduction]
Comme je l'ai déjà mentionné, Santé Canada surveille et évalue les mesures prises par d'autres autorités réglementaires. En 2013, la Food and Drug Administration des États-Unis a publié un communiqué sur le risque mettant en évidence un avertissement encadré sur les effets neurologiques et psychiatriques indésirables dans les renseignements posologiques de la méfloquine aux États-Unis. Santé Canada a alors revu les données sur l'innocuité et déterminé que les questions entourant l'innocuité étaient adéquatement signalées dans la monographie du produit.
En 2014, Santé Canada a présenté son initiative d'étiquetage en langage simple, qui établissait un nouveau format pour la monographie canadienne du produit. Santé Canada a ensuite demandé au promoteur de mettre à jour la monographie de la méfloquine pour refléter le nouveau format. La mise à jour, terminée en août 2016, a permis de clarifier la présentation de l'information. Par exemple, la nouvelle monographie du produit et la carte-portefeuille comprennent maintenant un avertissement encadré plus visible, où il est indiqué que la méfloquine peut causer des effets neurologiques et psychiatriques indésirables qui peuvent persister après la fin du traitement. Cet avertissement précise également qu'en cas de symptômes psychiatriques et neurologiques, le traitement à la méfloquine doit être interrompu et remplacé par un autre.
Pour terminer, j'insiste sur la gravité de cette maladie. L'infection palustre peut conduire au décès dans 20 % des cas graves. La méfloquine est un médicament antipaludéen très efficace lorsqu'il est toléré par les voyageurs, et lorsqu'il est prescrit et utilisé selon les indications de la monographie du produit. Santé Canada continuera à surveiller ses risques et à prendre rapidement des mesures pour corriger les problèmes d'innocuité. Le profil avantages-risques de la méfloquine pour prévenir le paludisme, selon l'information actuelle, est considéré positif.
[Français]
Je tiens à remercier le Comité de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
[Traduction]
Je cède maintenant la parole à Barbara Raymond, de l'Agence de la santé publique du Canada.
:
Bonjour. Je vous remercie de me donner l'occasion de parler du Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, de son rôle et du processus d'élaboration de conseils médicaux, scientifiques et de santé publique concernant les maladies tropicales et les risques de santé associés aux déplacements à l'étranger.
Le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, plus communément appelé le CCMTMV, est un organe consultatif d'experts de l'Agence de la santé publique du Canada. Il regroupe des professionnels de la santé, tous bénévoles, des domaines de la médecine tropicale et des voyages, des maladies infectieuses et de l'épidémiologie. Il inclut aussi des membres qui assurent la liaison avec des associations diverses telles l'Association pour la microbiologie médicale et l'infectiologie Canada et la Société canadienne de pédiatrie. De plus, des représentants de Santé Canada et du ministère de la Défense nationale participent d'office aux activités du comité.
Aux fins de l'élaboration de lignes directrices, le CCMTMV procède à une recension exhaustive de la documentation scientifique, de même que des recherches récentes et des données épidémiologiques internationales et nationales avant d'adapter ses recommandations au contexte canadien. Les facteurs déterminants à la base des recommandations comprennent les traitements médicamenteux disponibles au Canada, les habitudes de déplacement propres au Canada et l'épidémiologie, ou le schéma, des maladies connexes.
Le CCMTMV met en balance la nécessité d'une protection avec les risques d'effets indésirables des traitements et des mesures de prévention, ainsi les valeurs et les préférences des voyageurs canadiens et des fournisseurs de soins de santé. Il révise et met à jour régulièrement ses lignes directrices lorsque de nouvelles données sont publiées afin que les fournisseurs de soins de santé au Canada disposent de toute l'information voulue pour conseiller adéquatement les voyageurs.
Les plus récentes Recommandations canadiennes pour la prévention et le traitement du paludisme ont été mises à jour et publiées par le CCMTMV en 2014. Le CCMTMV inclut la méfloquine, la doxycycline et l'atovaquone-proguanil comme médicaments de choix pour la prévention du paludisme chez les voyageurs qui se rendent dans les régions où des souches du parasite du paludisme sont résistantes à la chloroquine, un autre médicament utilisé contre certaines souches du parasite.
Selon les lignes directrices actuelles du CCMTMV, que la méfloquine est généralement bien tolérée et les réactions graves sont rares. Elles stipulent également que l'évaluation du risque pour une personne est nécessaire avant l'utilisation, et l'Agence de la santé publique du Canada recommande aux voyageurs qui vont visiter des régions touchées par le paludisme de discuter des avantages d'un traitement antipaludique avec un professionnel de la santé, de préférence six semaines avant leur départ.
Dans le cadre de son programme d'examen régulier, le CCMTMV se penche actuellement sur les lignes directrices relatives aux médicaments antipaludiques, y compris la méfloquine. Il est prévu que la révision des lignes directrices du CCMTMV concernant le paludisme sera achevée en 2017 et, par la suite, l'Agence de la santé publique du Canada examinera ses conseils aux voyageurs canadiens en fonction des recommandations mises à jour du CCMTMV.
Merci pour votre attention.
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Merci, monsieur le président. Merci également à vous tous qui vous êtes déplacés aujourd'hui. J'ai trouvé vos exposés très intéressants.
Je viens d'une famille de militaires. Mon père a occupé des fonctions d'attaché militaire au Pakistan, en Afghanistan et en Iran, où il travaillait au haut-commissariat. Quand ma famille a déménagé là-bas, j'étais un adolescent. Tout ce qu'on nous a dit, c'est que si vous allez dans ces régions, vous devez prendre des médicaments contre le paludisme.
Mes deux fils ont voyagé en Afrique. L'un d'eux avait un médecin sud-africain qui connaissait bien le paludisme et qui lui a suggéré de prendre de la doxycycline. Mon autre fils a reçu une ordonnance de méfloquine. Ce sont des choses qui arrivent — les médecins prescrivent le médicament qu'ils préfèrent.
Cela étant dit, j'aimerais vous poser une question sur le consentement éclairé. Général, pouvez-vous nous expliquer le processus suivi pour obtenir le consentement éclairé des soldats qui se rendent sur un théâtre d'opérations?
:
Le processus dépend de l'ampleur et de la nature du déploiement.
Par exemple, si un petit groupe de militaires est dépêché pour une mission d'observation de l'ONU, un technicien en médecine préventive leur donne une séance d'information sur les risques propres à leur destination, y compris le risque d'infection paludique s'il y a lieu. Ensuite, chacun aura une rencontre avec un médecin ou un pharmacien pour discuter des traitements antipaludiques possibles pour une région donnée.
La discussion peut porter sur les médicaments disponibles, leurs avantages, le schéma posologique pour chaque type de médicaments, les risques d'effets indésirables et la nature des effets associés aux médicaments envisagés. Ensuite, le militaire peut être invité à préciser ses préférences, qui seront examinées en fonction des avantages et des inconvénients, ainsi que des effets indésirables possibles, et un médicament est choisi.
Si un groupe est plus nombreux, une séance d'information plus globale peut être présentée à chaque compagnie ou peloton par un professionnel de la santé, souvent un pharmacien. Les militaires n'ont pas de rencontre individuelle, mais ils remplissent un questionnaire dans lequel ils doivent indiquer les facteurs de risque qui doivent être pris en compte pour chaque médicament. Les facteurs de risque déclarés sur le formulaire sont alors examinés en vue du choix d'un traitement antipaludique. Les militaires rencontrent ensuite un professionnel de la santé pour recevoir leurs médicaments.
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Le Comité a entendu des témoignages troublants concernant les effets subis par nos anciens combattants, dont le Comité se préoccupe au premier chef, de toute évidence.
En passant, j'ai trouvé très intéressant d'entendre un militaire en uniforme raconter, à l'occasion d'un événement militaire, qu'il avait voyagé dans des régions touchées par le paludisme et qu'il avait pris de la méfloquine, mais qu'il avait conclu après trois ou quatre fois que les mauvais rêves n'étaient vraiment pas son truc, ou quelque chose comme ça.
Général MacKay, existe-t-il des rapports cohérents sur les réactions de différentes personnes qui ont pris des médicaments, la méfloquine en occurrence? Avez-vous constaté que des militaires qui sont allés dans des régions où le paludisme est endémique au cours de leur carrière ont pris des médicaments et n'ont pas été infectés, mais que certains ont subi de terribles effets secondaires, qui apparemment ont persisté, selon les témoignages entendus ici, et que ce n'est pas le cas de tous? Est-ce que ces témoignages correspondent à ce que vous savez de la situation?
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Chaque traitement préventif du paludisme comporte ses avantages et ses inconvénients. Comparativement à d'autres traitements, chez les personnes qui ont des problèmes rénaux, de photosensibilité, des allergies ou des maladies cardiaques, la méfloquine peut s'avérer un meilleur choix. Il faut en discuter avec le patient.
De plus, chaque traitement a son propre profil d'effets secondaires. Dans la monographie, Santé Canada donne les indications d'un médicament, la posologie, les mises en garde, les précautions, les contre-indications, etc. Le médecin et le patient doivent faire considérer les options et déterminer celle qui convient le mieux.
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Tous les médicaments ont des effets secondaires, sans exception. Il faut analyser les facteurs pour chaque patient, c'est-à-dire sa situation, la durée du séjour, etc.
:
Merci, monsieur le président.
Je constate avec satisfaction que ce sujet est maintenant vu comme étant d'intérêt national, parce que nous recevons de plus en plus de témoignages comme quoi un nombre croissant de nos anciens combattants et de militaires en service en ont été victimes.
Brigadier-général MacKay, j'essaie d'établir la chronologie des événements. Dans votre témoignage, vous avez notamment affirmé que la méfloquine est de moins en moins choisie depuis une dizaine d'années. Au début des années 2000, la méfloquine était l'antipaludique le plus souvent utilisé. Les choses ont commencé à changer au milieu des années 2000. Vers 2005, je pense. Vous avez dit aussi, dans votre réponse sur les raisons de ce tournant, que c'était probablement une conséquence de la publicité.
Le problème a commencé à susciter de plus plus d'attention autour de 2013, et nous sommes maintenant en 2016. En 2013, le problème des suicides a commencé à faire surface. C'est M. Dowe qui a lancé l'alarme, et il était ici la semaine dernière pour nous en parler. Pourquoi le recours à la méfloquine a-t-il connu un tel recul dans les Forces durant cette période? Avec tout votre respect, je ne crois pas que la publicité soit en cause. Je crois que c'est parce que les effets du médicament commençaient à être mieux connus.
J'aimerais vous entendre un peu plus sur le sujet précis de ce recul.
:
La monographie du produit est un document qui donne de l'information sur les indications, l'utilisation, les contre-indications, les mises en garde, les précautions et les effets secondaires. Elle contient une deuxième partie, qui donne de l'information aux patients, et elle comporte un volet primordial où figurent les données probantes à l'appui de l'autorisation de commercialisation.
Comme je l'ai dit dans mon exposé, il s'agit d'un document dynamique, qui évolue au fur des découvertes, puisque l'exposition accrue d'une population élargie à la méfloquine permet de mieux comprendre les effets secondaires. Le document a été mis à jour et des éléments de la version originale ont été modifiés.
Les antécédents de troubles psychiatriques ou neurologiques, qui faisaient partie des mises en garde, ont été inscrits dans les contre-indications. Le risque d'apparition d'idées suicidaires a également été ajouté. La persistance possible des effets secondaires après l'arrêt du traitement a aussi été incluse.
Si vous comparez la chronologie des modifications apportées à la monographie du produit aux États-Unis et au Canada, vous constaterez qu'elle est très similaire.
Nous nous adressons aux professionnels prescripteurs uniquement pour leur annoncer que la monographie a été mise à jour ou, comme je l'ai évoqué dans mon exposé et comme nous l'avons fait en 2005, nous pouvons diffuser un avis, de concert avec les fabricants, pour nous assurer que les professionnels de la santé sont informés du changement. Il appartient aux prescripteurs de rester à l'affût des changements, de s'intéresser au débat sur l'innocuité des médicaments et d'adapter leurs pratiques de prescription en conséquence.
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De nouveau, je vous réfère à ma déclaration préliminaire. Nous examinons les effets indésirables qui nous sont signalés, ce qui est rapporté dans la documentation et par les autorités réglementaires étrangères, et l'information que le fabricant nous fournit. Dans les rapports en provenance d'autres pays aussi bien que du Canada, nous commencions à voir des descriptions de réactions graves, de même que des remarques sur leur persistance après l'arrêt du médicament. Il est extrêmement complexe de départager les données et de déterminer s'il existe un lien de causalité ou une association directe entre l'utilisation d'un produit et les symptômes décrits par les patients, car les facteurs en jeu sont multiples.
Par exemple, le diagnostic de dépression n'est pas réservé aux sujets qui prennent le médicament. Si l'état dépressif coïncide avec la prise du médicament et perdure après, celui-ci peut jouer un rôle. Cependant, d'autres facteurs psychosociaux et génétiques peuvent être en cause. Nous savons que la maladie mentale touche aussi la population qui ne prend pas le médicament, de sorte qu'il est difficile d'établir, à partir d'un rapport, qu'il y a un lien causal avec le médicament. Par contre, si les signalements se multiplient, nous ferons une analyse pour établir si l'information doit figurer sur l'étiquette et s'il y a lieu d'avertir les médecins qu'il pourrait y avoir un lien de cause à effet.
Certains signalements d'effets indésirables tels des symptômes neuropsychiatriques font état de la persistance des symptômes. Il n'est pas clair si le médicament est en cause, mais l'observation a été faite et la monographie avertit les cliniciens qu'ils doivent en tenir compte lorsqu'ils prescrivent un médicament.
:
Habituellement, lorsqu'un médicament est prescrit et qu'il est pris par les membres des Forces armées canadiennes alors qu'ils se trouvent sur le théâtre des opérations, ils sont avertis que s'ils ressentent des effets qui pourraient être liés au médicament, ils doivent nous en parler. Nous pouvons déterminer ainsi s'il y a un lien ou si les effets sont plutôt dus à un autre facteur parasite attribuable au déploiement.
Nous ne faisons pas de suivis systématiques auprès des personnes à qui de la méfloquine a été administrée. Ce n'est pas prévu.
Pour ce qui concerne la santé mentale, tout dépend de la taille du contingent déployé. En Afghanistan, notre hôpital de rôle 3 comptait un psychiatre, un travailleur social et une infirmière en santé mentale qui étaient au service des personnes aux prises avec des symptômes de santé mentale.
Par contre, souvent dans le cas de missions de moindre envergure, des auxiliaires médicaux ou des médecins peuvent venir en aide aux personnes qui éprouvent des problèmes de santé mentale, du moins au début, et décider si elles ont besoin de soins plus spécialisés.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de venir nous donner leurs opinions scientifiques.
Docteur Stewart, on dit ici qu'en 1993, le médicament ne devait pas être prescrit aux patients ayant des antécédents de troubles psychiatriques et de convulsions. Par la suite, il y a eu quatre rapports d'effets indésirables neuropsychiatriques. Après des examens, on a constaté qu'il provoquait des pensées suicidaires et que ces effets pouvaient persister bien après l'arrêt du traitement.
La semaine dernière, nous avons reçu des gens, et ce fut très émouvant. Des médecins nous ont dit qu'on avait déterminé qu'ils souffraient du trouble de stress post-traumatique, mais que le diagnostic était bien différent, à savoir que c'était attribuable directement à la prise du médicament.
Compte tenu de la situation, faudrait-il faire davantage de recherche? D'après ce qu'on nous a dit la semaine dernière, il semble y avoir une ouverture aux États-Unis en ce sens.
:
Je vous remercie de la question.
[Traduction]
Il est important de souligner que pour tout médicament, une fois que la commercialisation est autorisée, l'exposition au médicament augmente à cause du nombre accru d'utilisateurs. Pendant les essais cliniques du traitement, il peut y avoir eu de petits signaux d'alerte. Toutefois, la plus grande exposition au médicament et son utilisation continue nous ont permis d'en apprendre davantage, et les effets secondaires neuropsychiatriques associés à la méfloquine se sont précisés et ils ont été mieux définis.
De nombreux pays ont ajouté un avertissement de ne pas prescrire le médicament aux personnes qui ont des antécédents de troubles neuropsychiatriques sur l'étiquette. Nous avons commencé à entendre parler d'un petit nombre de personnes qui ont développé des troubles neuropsychiatriques alors qu'elles ne semblaient pas en avoir eu avant de commencer à prendre le médicament. Cela suggérait que non seulement le médicament ne devait pas être donné à des personnes présentant des antécédents de troubles neuropsychiatriques mais que, selon les signalements reçus, le médicament pouvait induire des troubles, graves dans certains cas, chez un petit nombre de personnes sans antécédents. De là les mentions sans cesse plus restrictives sur l'étiquette.
Je suis d'accord pour qu'on poursuive les recherches dans ce domaine, c'est crucial. La question est toutefois de savoir qui devrait mener ces recherches. Le rôle de Santé Canada est de surveiller chaque médicament et l'information que nous avons à son sujet, et de s'assurer qu'elle figure sur l'étiquette. Si jamais le profil avantages-risques bascule du mauvais côté, Santé Canada prendra les mesures qui s'imposent. Actuellement, étant donné que la méfloquine fait encore partie des médicaments offerts pour traiter le paludisme à P. falciparum dans les régions où il résiste à la chloroquine, il semble que le profil ne soit pas trop défavorable. Toutefois, il est clair que nous appuierons et encouragerons la poursuite des recherches dans ce domaine.
:
Merci, monsieur le président.
C'est un grand honneur d'être ici aujourd'hui.
Bonjour à vous tous.
Monsieur le brigadier-général, ma première question sera pour vous. J'imagine que le groupe des Services de santé des Forces canadiennes comprend des psychologues et des psychiatres. Est-ce bien le cas?
Oui, parfait.
Les officiers de vos troupes qui sont psychologues et psychiatres font des diagnostics, rencontrent des militaires et produisent des rapports, qui sont confidentiels, bien entendu. En tant que commandant, recevez-vous des comptes rendus statistiques? Par exemple, un rapport qui dirait que 31 % des membres qui sont venus dans la dernière année souffriraient de syndrome de stress post-traumatique ou bien que 15 % des membres seraient déprimés. Recevez-vous de tels comptes rendus statistiques provenant du corps médical que vous commandez?
J'aimerais vous rappeler, chers témoins, que si vous avez quoi que ce soit à ajouter à votre témoignage, vous pouvez transmettre un document par courriel au greffier, qui se chargera de le distribuer aux membres du Comité.
Au nom de mes collègues, je vous remercie tous de ce que vous avez fait pour les femmes et les hommes qui ont servi notre pays, et d'être venus nous rencontrer aujourd'hui.
Je veux souligner par ailleurs que nous avons lancé aujourd'hui, à la Chambre du Sénat, la 21e Semaine des anciens combattants. Tous les députés ici présents se rendront dans leur circonscription la semaine prochaine pour remercier les femmes et les hommes qui ont contribué à la grandeur de notre merveilleux pays. Au nom du Comité, je voudrais dire merci à ces femmes et à ces hommes qui ont servi notre pays.
Nous allons faire une pause de cinq minutes, puis nous continuerons la séance à huis clos.
[La séance se poursuit à huis clos.]