Bonjour à tous. Conformément au paragraphe 81(4) du Règlement, nous étudions aujourd’hui le Budget principal des dépenses de 2016-2017, notamment le crédit 1 sous la rubrique Anciens combattants, le crédit 1 sous la rubrique Tribunal des anciens combattants (révision et appel) et le crédit 5 sous la rubrique Anciens combattants. Ces questions ont été renvoyées au Comité le mardi 23 février 2016.
Parallèlement, nous discuterons du mandat du ministre et, s’il nous reste du temps, nous passerons à huis clos pour discuter d’autres travaux.
J’aimerais maintenant accueillir l’honorable Kent Hehr, ministre des Anciens Combattants.
C’est la première fois que vous comparaissez devant le Comité, monsieur le ministre. Au nom du Comité, je vous félicite de votre nomination et vous souhaite la bienvenue.
Monsieur le ministre, vous avez la parole pendant 10 minutes, après quoi nous passerons aux questions.
:
Merci de votre accueil et félicitations à mes collègues parlementaires qui ont été nommés au Comité. Le travail que nous allons accomplir ensemble est très important et particulièrement significatif pour bon nombre d’entre vous.
M. Clarke mérite tous nos remerciements pour son service dans l’armée, et son frère également. Mme Romanado a actuellement deux fils qui sont dans l’armée. Le père et le frère de M. Kitchen ont également servi dans l’armée et le fils de M. Bratina sera bientôt membre de la Gendarmerie royale du Canada. Quant à Mme Mathyssen, elle milite depuis longtemps pour les anciens combattants.
C’est pour moi un honneur et un privilège que d’avoir été nommé ministre des Anciens Combattants et ministre associé de la Défense nationale, et d’oeuvrer de concert avec des membres des Forces armées canadiennes, de la GRC, des anciens combattants et de leur famille. Je comprends les difficultés que l’on doit surmonter lorsque surviennent une tragédie, une maladie ou des blessures. Moi-même, je ne serais pas ici aujourd’hui sans l’appui que m’ont apporté des gens et divers niveaux de gouvernement. La paix, la tranquillité et la liberté dont je jouis chaque jour sont le fruit des sacrifices qu’ont consentis les anciens combattants et j’espère changer les choses dans leur vie. Ma mission est de réduire les complexités auxquelles ils font face, de combler les écarts entre Anciens Combattants Canada et la Défense nationale, et de rationaliser les avantages offerts aux anciens combattants et à leur famille. Nous allons améliorer le soutien et les services qu’on leur apporte en maintenant l’accent sur la bienveillance, l’empathie et le respect.
Le premier ministre m’a donné pour mandat ambitieux d’assurer aux anciens combattants du Canada sécurité financière et indépendance, ainsi que des possibilités d’apprentissage et d’emploi, et d’améliorer les services de réadaptation physique et mentaux qu’on leur offre.
Avec la coopération du ministre de la Défense nationale, nous comblerons les écarts entre les Forces armées canadiennes et Anciens Combattants. Nous chercherons à atteindre l’excellence dans tous les services que nous offrons, en ayant le bien-être des vétérans comme objectif de toute notre action. Ma lettre de mandat propose d'ailleurs une bonne feuille de route, et nous écoutons les associations d’anciens combattants et les divers intervenants qui nous aideront à répondre aux besoins. Nous prenons au sérieux la consultation des anciens combattants et des divers intervenants. Nous ne leur disons pas ce dont ils ont besoin. Nous leur demandons ce dont ils ont besoin. À cette fin, six groupes consultatifs d’intervenants sont actuellement mis sur pied et des rencontres de divers groupes auront lieu prochainement. Ces groupes consultatifs sont l’un des mécanismes auxquels les intervenants auront recours pour m’offrir conseils et suggestions. Pour mieux appuyer les vétérans là où ils vivent, nous proposons, aux termes du budget de 2016, de rouvrir des bureaux à Charlottetown, Sydney, Corner Brook, Windsor, Thunder Bay, Saskatoon, Brandon, Prince George et Kelowna, ainsi qu’un bureau supplémentaire à Surrey. Nous élargirons les services offerts aux anciens combattants qui habitent dans le Nord en collaborant avec des partenaires locaux.
On propose aussi dans ce budget d’embaucher des gestionnaires de cas additionnels pour réduire en moyenne le ratio gestionnaire de cas-vétérans à 25 pour 1. Les gestionnaires de cas sont les premiers intervenants à contribuer au processus de réadaptation et à coordonner les aiguillages vers des fournisseurs de soins de santé. La réduction de ce ratio aidera les anciens combattants à réussir leur transition à la vie civile. Pour mettre en oeuvre ces mesures, le budget de 2016 propose d’offrir 78,1 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2016-2017.
Si ces rencontres en personne sont opportunes, il est clair que les vétérans veulent traiter avec nous comme ils l’entendent. Ainsi, nous avons vu une augmentation rapide des inscriptions en ligne à notre site sécurisé, Mon ACC. Il y a désormais 32 000 personnes inscrites, soit 10 fois plus qu’en 2012. Nous faisons des investissements considérables pour faire en sorte d’assurer la sécurité financière et l’indépendance des anciens combattants atteints d’invalidité et de leur famille pendant la transition à la vie civile. La somme de 1,6 milliard de dollars a été mise de côté pour aider les vétérans atteints d’invalidité et leur famille au cours des cinq prochaines années. Cela nous permettra entre autres d’accroître la valeur de la prime pour invalidité ou maladie liée au service à un maximum de 360 000 $. Cette indemnité sera indexée à l’inflation et versée rétroactivement à tous les anciens combattants qui en bénéficient depuis 2006. L’allocation pour perte de revenus sera majorée pour remplacer 90 % de la solde militaire des vétérans admissibles. On élargira l’accès à l’allocation pour déficience permanente pour mieux soutenir les vétérans ayant des blessures qui freinent leur avancement professionnel. Enfin, cette allocation portera un nouveau nom, soit celui de « allocation pour incidence sur la carrière », une appellation plus fidèle à l’objectif du programme.
Nous mènerons un examen des avantages financiers pour les vétérans afin de simplifier les prestations, de cerner les lacunes qui subsistent, d’établir quels programmes sont moins efficaces pour répondre aux besoins des vétérans et de leur famille.
Cet examen est essentiel à la détermination du contexte de la prochaine phase des avantages financiers, dont l’option d’une pension à vie. Les associations de vétérans, lors du dernier sommet des intervenants, nous ont dit de prendre notre temps et de bien faire les choses, et c’est exactement ce que nous avons l’intention de faire.
De la même façon, nous devons prendre des mesures qui vont au-delà des avantages financiers. Il s’agit, entre autres, de l’éducation des vétérans, des initiatives de transition de carrière, de la formation des conjoints, de la santé mentale et de la prévention du suicide. Toutes ces initiatives sont importantes pour aider les vétérans à retrouver une vie normale.
L’itinérance est devenue par ailleurs un enjeu de taille au Canada, qui touche également la population de vétérans. Nous avons créé un secrétariat qui examinera les trois secteurs prioritaires, dont l’aide à apporter aux sans-abri et aux personnes à risque. Par l’entremise du secrétariat, Anciens Combattants élabore une stratégie nationale en collaboration avec des partenaires et intervenants qui détermineront des moyens d’améliorer les politiques et programmes en vigueur. Nous lierons nos efforts à l’approche pro-gouvernementale pour faire en sorte que tous les Canadiens, y compris les vétérans, aient plus facilement accès au logement à prix abordable. Aux termes du budget de 2016, on propose d’investir à cette fin 111,8 millions de dollars de plus sur deux ans.
La santé mentale a toujours été une question épineuse et a longtemps été passée sous silence dans la culture militaire. La mission de combat en Afghanistan a eu de lourdes conséquences pour les soldats. Plus d’un quart de ceux qui avaient été déployés reçoivent maintenant une aide sous une forme ou sous une autre d’Anciens Combattants Canada. Le débat public sur la santé mentale a incité un plus grand nombre de vétérans de diverses missions du maintien de la paix à s’adresser à nous. Il y a même des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale qui demandent maintenant de l’aide. Grâce à la recherche médicale, nous pouvons maintenant faire quelque chose. Nous allons ainsi créer de nouveaux centres d’excellence, dont l’un se spécialisera dans la santé mentale.
La commémoration du service et des sacrifices des vétérans canadiens et de ceux qui ont donné leur vie est un pilier du mandat d’Anciens Combattants Canada. Nous nous souviendrons du service et des sacrifices de ceux qui ont servi en facilitant davantage l’accès au Programme de funérailles et d’inhumation. Pendant toute l’année, nous allons étendre l’accessibilité au Programme à un plus grand nombre de familles de vétérans à faible revenu. À cette fin, nous augmenterons l’exemption des avoirs de succession en les faisant passer d’environ 12 000 $ à environ 35 000 $ et un ajustement annuel sera appliqué par la suite à cette exemption, en fonction du coût de la vie.
Le programme d’aide à l’édification de monuments commémoratifs dans les collectivités sera maintenu et intégré au programme de partenariat pour la commémoration, afin de rendre le processus plus facile.
Le 1er juillet, nous commémorerons, en France et à St. John's, à Terre-Neuve, le 100e anniversaire de la bataille de Beaumont-Hamel, qui a été une journée tragique pour les Terre-Neuviens. L’année prochaine, nous marquerons le centenaire de la bataille de la crête de Vimy.
Alors que nous commémorons ces importants anniversaires et que nous rendons hommage à nos soldats et à nos anciens combattants, je compte sur votre collaboration et votre appui pour prendre des mesures réalistes et rapides aux termes de notre mandat. Il est impératif de répondre aux besoins de nos vétérans de la façon la plus efficace possible, tout en faisant preuve de bienveillance, d’empathie et de respect.
Finalement, je tiens à remercier, non seulement les éminents fonctionnaires qui m’accompagnent aujourd’hui, mais tous ceux qui dans les endroits les plus isolés du pays travaillent inlassablement pour offrir un service de première qualité à nos anciens combattants.
:
Je reviens tout juste d’une visite du personnel de première ligne et de notre équipe de Hamilton, qui sont ravis que nous réembauchions. Ils se réjouissent à la perspective du dialogue que je compte avoir avec le ministre de la Défense nationale sur les écarts à combler entre les deux ministères. Ils m’ont proposé d’excellentes idées de collaboration entre ACC et le ministère de la Défense nationale. Je peux donc témoigner de l’excellent travail qui se fait à Hamilton.
S’agissant de l’allocation pour perte de revenus, les changements à y apporter étaient demandés par la communauté des vétérans depuis l’adoption de la Nouvelle Charte des anciens combattants en 2005. Ces changements allaient combler les écarts constatés par les anciens combattants. En faisant passer l’allocation de 75 à 90 % du salaire avant la libération, nous assurons une certaine sécurité financière aux anciens combattants de toutes catégories, qu’il s’agisse d’un soldat, d’un caporal ou autre. Ils pourront de la sorte faire leur vie. Cette mesure s’aligne sur d’autres programmes de prestation de services comme l’indemnisation des accidents du travail.
Nous nous sommes demandés en effet pourquoi quelqu’un, femme ou homme, qui a servi dans l’armée et a subi une blessure invalidante, serait pénalisé de la sorte? Même si l'allocation passe à 90 % du salaire, les vétérans pourront toujours se prévaloir des autres programmes éducatifs, d’appui aux familles ou de recyclage qu’offre Anciens Combattants Canada. Nous avons le sentiment que cette mesure va dans le sens de la sécurité financière et s’applique à tous ceux qui ont recours au programme, quel que soit le grade qu’ils occupaient. Ils auront plus d’argent pour appuyer leur famille et retrouver une vie normale.
Le général Natynczyk pourra peut-être vous donner d’autres détails sur les chiffres exacts.
:
Je dirais que le point commun que nous recherchons chez les candidats, c’est l’empathie et de vraies aptitudes en relations humaines. Comme l’a indiqué le ministre, tout leur travail consiste à faire preuve de bienveillance, d’empathie et de respect envers les anciens combattants.
Pour les gestionnaires de cas, nous recherchons des travailleurs sociaux, des infirmières et des psychologues qui ont une certaine expérience dans la gestion des cas. Je suis ravi de voir que nous avons des candidatures du pays tout entier. Nous avons même parmi les candidats des gens qui envisageaient de prendre leur retraite des Forces armées canadiennes. Nous utilisons la réglementation de la fonction publique qui peut être stricte, mais pour pouvoir combler les postes, nous avons déjà engagé, comme l’a indiqué le ministre, plus de 183 personnes.
Nous leur offrons une formation officielle, qui est excellente. Nous avons réinstauré un programme de formation officielle et regroupé les candidats dans des centres. Nous nous assurons qu’ils comprennent bien les diverses réglementations. D’ailleurs, je viens de rentrer de Québec où j’ai rencontré d’excellents candidats auxquels on a confié quelques dossiers d’anciens combattants. Nous leur en confierons davantage, au fur et à mesure qu’ils prennent confiance en eux, et nous pourrons ainsi soulager les gestionnaires qui sont débordés.
J’aimerais également souligner que ce ne sont pas seulement les gestionnaires de cas qui sont des éléments essentiels. Il y a aussi les agents des services aux vétérans qui s’occupent d’un plus grand nombre de dossiers portant sur des questions plus simples, des besoins et des maladies ordinaires, par exemple. Les gestionnaires de cas s’occupent globalement d’environ 9 400 dossiers. La grande majorité des dossiers restants sont gérés par les agents des services aux vétérans. Nous engageons des gestionnaires et des agents, et nous leur faisons suivre un programme de formation.
Je conclurai en disant que la qualité essentielle pour tous ces gens est de pouvoir faire preuve d’empathie, de façon à ce que les vétérans et leur famille aient l’appui dont ils ont besoin.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre. C'est un honneur de vous accueillir ici et j'aimerais vous remercier d'être présent parmi nous aujourd'hui.
Comme je suis le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'anciens combattants, j'ai fait mes devoirs et j'ai communiqué avec plusieurs groupes d'anciens combattants. Je suis aussi allé déjeuner avec une centaine d'anciens combattants à Québec, la semaine dernière. D'emblée, j'aimerais vous préciser que, tout comme ces derniers, je reconnais votre contribution et vous félicite pour les efforts que vous et votre gouvernement avez faits pour améliorer la situation des anciens combattants. Ce faisant, je vous félicite également puisque vous poursuivez dans la voie du précédent gouvernement, qui est celle d'une approche d'amélioration constante de la situation en vertu de la Nouvelle Charte des anciens combattant qui a vu le jour en 2005.
Cependant, monsieur le ministre, j'aimerais vous poser des questions sur deux points principaux. Je parle de deux préoccupations et de deux déceptions dont m'ont parlé des anciens combattants que j'ai rencontrés au cours des deux dernières semaines et avec qui j'ai eu des conversations téléphoniques. Je fais référence aux prestations financières qui couvrent trois augmentations particulières.
Les anciens combattants m'ont dit être assez déçus de constater ce qu'il était advenu de leurs recommandations relativement à l'allocation pour perte de revenus. Ces recommandations, qui étaient soutenues par l'ombudsman des vétérans, étaient de faire passer cette allocation de 75 % à 90 %.
Les anciens combattants se sentent un peu trompés. En effet, bien qu'il s'agisse d'une augmentation, le pourcentage de 90 % repose sur une base salariale moindre que le pourcentage de 75 %. Quand on fait les calculs — ce que j'ai fait dans mon bureau —, on constate que l'augmentation est plutôt de 3,7 % et non de 15 %, étant donné que l'échelle salariale est moindre. On parle plutôt d'une augmentation de 75 % à 78,7 %. Au lieu d'avoir 8 600 $ de plus par année, un ancien combattant qui a droit à l'allocation pour perte de revenus reçoit donc une allocation de 2 000 $ de plus par année.
Vous n'êtes pas sans savoir, monsieur le ministre, que cette revendication des anciens combattants, qui demandaient une augmentation de 15 %, sous-entendait en elle-même que la base de l'échelle salariale ne soit pas réduite.
J'aimerais que vous nous expliquiez brièvement la raison pour laquelle le ministère a procédé de cette façon.
:
Votre expérience vous est fort utile en posant cette question, puisqu'elle est en médecine et dans un domaine semblable. C'est formidable de bénéficier de votre expertise à cet égard au sein du Comité.
Je pense que la décision du premier ministre de me nommer ministre associé de la Défense nationale nous permet d'utiliser ces renseignements dans le cadre du travail que je fais avec le afin de voir comment nous pouvons mieux intervenir. D'autres gouvernements se sont intéressés au modèle de collaboration ministérielle que nous proposons afin de permettre aux anciens combattants libérés de l'armée d'obtenir l'aide dont ils ont besoin, qu'il s'agisse de soutien financier ou d'autres allocations, pour retourner au travail ou suivre une formation. Je trouve que c'est une excellente suggestion pour exploiter une partie de ces connaissances.
Je pense qu'il faut aussi se rappeler que, bien souvent, les membres qui quittent l'armée pensent qu'ils sont en pleine forme, pour découvrir 15 ans plus tard qu'après avoir sauté 400 fois d'un avion, ils ont des problèmes de genoux. Il importe de voir comment nous comprenons cela, comment nous intégrons ces connaissances dans nos modèles afin de tenter de mieux faire les choses au MDN et comment nous tenons compte de ces facteurs à Anciens Combattants Canada.
Il serait négligent de ma part de ne pas préciser que nous accordons le bénéfice du doute aux anciens combattants. Ils obtiendront les services dont ils ont besoin quand la situation se présentera. Il se peut qu'un solide gaillard ait sauté en parachute, mais n'ait pas vraiment de note à son dossier indiquant qu'il a mal aux genoux. Quand il fait appel à Anciens Combattants, nous voulons utiliser une partie de cette analyse pour dire que même si l'information ne figure pas à son dossier médical, nous pouvons comprendre pourquoi il est là et a besoin de notre aide.
Tout le ministère effectue la transition pour tenter d'adopter cette attitude afin d'offrir aux anciens combattants l'aide dont ils ont besoin quand ils en ont besoin.
:
La réponse est oui, certainement. Je pense qu'il est juste de dire qu'un grand nombre de problèmes qui touchent les programmes destinés aux anciens combattants sont tellement complexes qu'ils exigent vraiment la participation d'un large éventail de partenaires, de ministères et d'intervenants.
Si j'utilise l'exemple de l'itinérance, dont le ministre a parlé ce matin, il ne fait aucun doute qu'Anciens Combattants ne peut résoudre tous les problèmes à lui seul, mais il peut jouer un rôle actif en s'associant à d'autres ministères, comme EDSC, la SCHL, la Légion royale canadienne et VETS Canada, pour contribuer à détecter, à comprendre et à résoudre les questions dans l'intérêt des anciens combattants.
Pour ce qui est des méthodes novatrices pour traiter ou soutenir les anciens combattants, la réponse est certainement oui. Par exemple, nous nous intéressons à la thérapie équine et canine. Nous croyons comprendre que de nombreuses organisations remportent énormément de succès à cet égard.
Anciens Combattants Canada étudie ces stratégies et ce qui se fait dans le domaine, et s'associe à des partenaires. Par exemple, nous appuyons actuellement un certain nombre d'initiatives de recherche pour tenter de comprendre ce qui se fait et ce que ces genres de thérapies peuvent offrir. Fort de ces recherches, nous élaborerons et adopterons ensuite des politiques et des pratiques fondées sur des données probantes qui, croyons-nous, serviront les intérêts des anciens combattants au bout du compte.
Nous faisons donc certainement appel à des tiers dans un large spectre et une vaste gamme d'activités pour tenter de comprendre où se trouvent les idées novatrices et où il pourrait y avoir des occasions d'essayer de les valider, pour ensuite élaborer des programmes et des politiques intégrant ces idées dans la voie que nous adopterons dans l'avenir.
:
Nous avons bien accueilli les observations que le BVG a formulées en novembre 2014, il me semble, et qui nous ont incités à agir sur plusieurs fronts.
Sur le plan de l'invalidité — sujet que nous avons à peine effleuré lors de ma dernière comparution, il me semble —, nous avons accéléré la manière dont nous prenons des décisions quant à ce que j'appellerai « les blessures » des hommes et des femmes en service ou des anciens combattants. Essentiellement, nous n'étudions pas les 500 pages de leur dossier médical — je pense que quelqu'un d'autre a posé une question à ce sujet au ministre plus tôt. Nous examinons maintenant les tâches ou le travail qu'ils accomplissaient dans les forces armées et cherchons à déterminer si leurs blessures ressemblent à celles pouvant découler de ces activités, et nous avons accéléré la méthode de prise de décision.
Je dis « blessure » et non « maladie ». Le processus relatif aux maladies est encore très complexe. Si une personne éprouve un problème cardiaque causé par les particules aéroportées venant des zones de brûlage en Afghanistan, il faut probablement qu'un médecin évalue le problème et détermine si c'est possible. Cependant, si la personne a des problèmes de genoux et qu'elle a sauté d'un avion un millier de fois, alors je ne pense pas que nous ayons besoin qu'un médecin nous donne son avis, tant qu'il y a un diagnostic.
Nous avons également accéléré la manière dont nous prenons des décisions dans le domaine de la santé mentale. Si une personne a un diagnostic de problème de santé mentale et qu'elle était affectée à une zone de service spécial, alors en ce sens, elle est admissible. C'est bien plus rapide.
:
C'est ce que nous essayons de faire en éliminant les écueils dans le processus de transition. Depuis septembre 2015, nous avons ce qui s'appelle le processus de transition amélioré, dans le cadre duquel les gestionnaires de cas ou le personnel d'Anciens Combattants, selon la complexité du dossier, commencent à travailler avec l'ancien combattant immédiatement pour éliminer le plus d'obstacles possible.
Je conviens avec vous que pour certaines personnes, il n'y aura jamais d'atterrissage en douceur. Nous ne pouvons que faire notre possible pour les aider à atterrir et, au bout du compte, travailler avec eux. Voilà pourquoi nous avons lancé les services de transition améliorés afin de commencer à travailler en aval. Cette démarche découle d'une recommandation que le Comité a formulée à la fin de 2014, il me semble, et que nous avons mise en oeuvre. Nous pourrions devoir apporter des modifications au processus. Il est nouveau, et comme c'est le cas pour tout nouveau processus, on découvre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas à mesure que le temps passe.
Nous avons encore besoin de diagnostics. Soyons honnêtes: la personne part à la retraite ou est contrainte de quitter l'armée, peu importe quel est le bon terme pour décrire la raison. Nous avons besoin d'un diagnostic médical avec lequel travailler et pour travailler avec le client. Nous tentons de simplifier les formulaires et de faciliter le processus, comprenant que bien des gens interviennent dans le processus.
Par exemple, la personne a-t-elle été blessée pendant son service ou est-ce que le problème n'a aucun lien avec le service, s'il s'agit de diabète ou de quelque chose de semblable? Il existe une panoplie de raisons pour lesquelles l'universalité du service pourrait ne pas s'appliquer. Le sous-ministre et moi-même utilisons souvent le terme « orienteur ». Comment s'oriente-t-on dans cet ensemble complexe de règles et de processus? La lettre de mandat prévoit notamment que nous examinions les prestations financières et le processus afin de simplifier les choses le plus possible. Nous faisons vraiment avancer ce processus.
:
C'est une question excellente, mais difficile.
Je pense que cela revient à la question, abordée par un membre du Comité, des soins de santé et à ce genre de choses. Si tous peuvent aider — et ce n'est peut-être pas si simple —, c'est en donnant des soins à l'endroit choisi par nos anciens combattants pour leur retraite.
Beaucoup d'initiatives d'emploi, fédérales ou privées, ont été lancées pour l'embauche de vétérans, et nous faisons beaucoup de travail sur le sans-abrisme. Beaucoup de groupes s'intéressent au phénomène et veulent aider. Comment coordonner tout cela?
En ce qui concerne les soins médicaux, je ne parle pas de spécialistes ni de chirurgiens, mais des soins quotidiens. Nous pouvons collaborer avec les vétérans, mais ils ont souvent besoin d'un médecin de famille pour leur donner accès à des soins très élémentaires. Dans certaines régions, c'est parfois très difficile. Les médecins du ministère ne délivrent pas d'ordonnances, mais ils reçoivent les patients qui leur sont dirigés. Leur rôle est de valider nos décisions. Une amélioration à laquelle nous pourrions travailler, collectivement, est de nous assurer que nos anciens combattants trouvent un médecin, qu'ils ne seront pas inscrits sur de longues listes d'attente. Je m'arrête, parce que je risque, là-dessus, d'enfourcher mon cheval de bataille. Mais je pense que c'est une amélioration possible.
:
Je peux vous fournir beaucoup de renseignements à ce sujet. Sur le travail des gestionnaires de cas, le milieu, rural ou urbain, n'a pas d'importance. Ils se rendront sur place pour donner le service. Dans le Nord, c'est peut-être un peu plus problématique, mais nous prenons les mesures nécessaires. Ils se rendront au domicile. Ils peuvent guider le bénéficiaire dans toutes les étapes au téléphone. Nos infirmières font de même.
Plus de 4 000 personnes travaillent pour nous à la prestation de services spécialisés, en divers endroits au pays. Nous avons pris beaucoup de mesures pour assurer la prestation de ces services, qu'ils soient psychologiques, médicaux ou d'aide professionnelle, là où vit l'ancien combattant. Certaines régions rurales sont d'un accès plus difficile que les autres, mais les gestionnaires de cas s'y rendent et donnent le service.
Quand le gestionnaire de cas avait 40 cas à gérer, il pouvait difficilement consacrer de son temps à l'ancien combattant. Maintenant qu'il ne s'occupe de pas plus de 25 cas, il peut accorder plus de temps à chacun des cas. Cela améliorera considérablement le service. Quoi qu'il en soit, sachez qu'il se rend sur place, si l'ancien combattant le souhaite.
Selon leur lieu de résidence, certains anciens combattants sont ravis d'aller à un bureau, par exemple parce qu'ils se rendent au centre-ville cette semaine-là. Sinon, nous envoyons des ergothérapeutes pour évaluer la maison. Est-elle sécuritaire pour l'ancien combattant? Que faut-il? Faut-il une rampe? Nous rendons des visites.
:
C'est une question très importante, car nous y sommes très attentifs. Ce que je vais vous dire, c'est qu'au cours des deux dernières années environ, nous avons conçu, à la demande de notre sous-ministre et avec l'appui de notre ministre, un plan stratégique qui exige clairement trois choses. Une est le redressement de la situation et une autre est l'excellence du service. Trois principes sous-tendent l'approche adoptée pour résoudre ces problèmes: faire preuve d'attention, de compassion et de respect envers les anciens combattants.
Je pense que tout cela fait partie d'un changement de culture au sein du ministère. Nous tentons de trouver des façons et des moyens de comprendre les besoins des anciens combattants et de toujours leur donner la priorité. Autrement dit, c'est une approche centrée sur l'ancien combattant en ce qui touche non seulement tous nos services, mais aussi la façon dont nous concevons nos politiques, nos processus opérationnels et même nos programmes.
Nos piliers pour l'avenir sont l'excellence du service, le redressement de la situation et l'approche centrée sur l'ancien combattant; ces piliers reposent sur les principes de l'attention, de la compassion et du respect. Nous pensons que cela mènera à l'établissement d'une relation beaucoup plus positive avec les anciens combattants. En mobilisant les anciens combattants et les parties intéressées, nous croyons avoir une occasion en or d'améliorer la relation pour l'avenir.
Je peux vous dire que nous entendons beaucoup cela maintenant. C'est vrai. Il y aura toujours d'anciens combattants qui, pour une raison ou pour une autre, ne seront pas satisfaits du niveau de service qu'ils reçoivent. Notre mandat est de tenter de réduire ce nombre à zéro, si possible. D'ici là, le ministre, le sous-ministre et le personnel se sont engagés, en gros, à atteindre ces résultats.