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Bonjour à tous. La séance est ouverte.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 29 septembre, le Comité reprend son étude de la santé mentale et de la prévention du suicide chez les vétérans.
Pour la première partie, nous accueillons la Dre Elizabeth Rolland-Harris, épidémiologiste principale, Groupe des Services de santé des Forces canadiennes, du ministère de la Défense nationale, ainsi que la Dre Alexandra Heber, chef de la psychiatrie, Division des professionnels de la santé.
Nous allons commencer par vos déclarations de 10 minutes avant de passer aux questions.
La parole est à vous. Merci.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité des anciens combattants de la Chambre, je vous remercie de me donner l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui. Depuis dix ans, je suis épidémiologiste principale pour la Direction de la protection de la santé de la Force, plus communément appelée la DPSF, laquelle fait partie du Groupe des Services de santé des Forces. Je suis titulaire d'une maîtrise ès sciences en épidémiologie de l'Université de Toronto ainsi que d'un doctorat en épidémiologie de l'École d'hygiène et de médecine tropicale de Londres, au Royaume-Uni. Avant de me joindre à la DPSF, j'ai travaillé à titre d'épidémiologiste aux échelons provincial et régional ainsi que dans le secteur universitaire.
En tant qu'épidémiologiste, mon premier rôle, — en réalité —, c'est de répondre aux besoins des décideurs des services de santé des FC et de l'ensemble des Forces armées canadiennes — aussi appelées les FAC, et je suis certaine que vous le savez déjà — en matière de statistiques et de données. Les cliniciens et les décideurs qui élaborent les politiques, mettent en oeuvre la pratique clinique ou travaillent dans le but de garder les FAC en santé ont vraiment besoin de savoir qui est leur population et quels sont ses besoins, et c'est là que j'interviens. Je suis en coulisse, à fournir aux « faiseurs » les renseignements statistiques dont ils ont besoin pour agir en se fondant sur des données probantes. Je le fais dans le cadre d'une grande direction, celle de la protection de la santé de la Force.
La DPSF fonctionne de la même manière qu'une autorité provinciale de santé publique, mais elle ne sert que les FAC. Les principaux piliers de la santé publique sont la surveillance et l'évaluation de la santé de la population, la protection de la santé, la promotion de la santé et la prévention de la maladie.
En ce qui concerne la surveillance de la santé publique, une partie importante de ce que nous faisons consiste à suivre la santé des membres des FAC, principalement au moyen de sondages comme celui du Système d'information sur la santé et les habitudes de vie et grâce à d'autres fonctions de surveillance de la santé. Ces fonctions peuvent avoir une portée plus large, comme c'est le cas du Système de surveillance des maladies et les blessures dans les FC, qui surveille les cas de maladie et de blessures durant les déploiements, en particulier, ainsi que du système de suivi nommé évaluations de la santé et signalement des résultats de santé des Forces canadiennes, qu'il est possible d'adapter afin d'observer un certain nombre d'états et de problèmes de santé. Ces systèmes peuvent également être un peu plus précis, comme c'est le cas de la base de données sur la mortalité ou du système de surveillance du suicide, lequel est la source d'information à partir de laquelle est produit le rapport annuel sur le suicide dans les FAC. Les décideurs et les responsables des politiques utilisent ensuite les tendances et les modèles que nous dégageons dans le cadre de notre travail à l'aide de ces diverses sources de renseignements pour élaborer et mettre en oeuvre des politiques et des programmes fondés sur des données probantes et relatifs à la santé à l'échelle des FAC.
Comme je l'ai mentionné, le « Rapport de 2016 sur la mortalité par suicide dans les Forces armées canadiennes » est un de nos rapports que vous connaissez fort probablement; il porte sur les cas de suicide entre 1995 et 2015. Je l'appellerai à partir de maintenant le rapport de 2016 sur le suicide.
Au sein des FAC, nous — les civils et les militaires — considérons tous les suicides comme des tragédies. Le suicide est fermement reconnu comme un problème de santé publique important. Ainsi, ce rapport est produit depuis 1995, et des versions annuelles sont publiées depuis 2008 afin que l'on apprenne à mieux connaître le phénomène du suicide dans les FAC. La surveillance et l'analyse des événements de suicide de membres des FAC fournissent des renseignements précieux qui orientent et perfectionnent les efforts déployés de façon continue afin de prévenir le suicide.
[Français]
Bien que nous recueillions et suivions les données sur tous les suicides, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes, de membres de la Force régulière ou de la Force de réserve, les rapports annuels ne portent que sur les militaires de sexe masculin membres de la Force régulière. C'est ainsi parce que le nombre de suicides de femmes et de réservistes est trop modeste pour que nous puissions divulguer des détails sur ces cas sans risquer d'identifier des personnes et de compromettre leur droit à la confidentialité. Par conséquent, même si l'expérience de ces gens est versée dans les preuves qui servent à orienter les politiques en matière de santé mentale et les efforts de prévention du suicide au sein des Forces armées canadiennes, les renseignements qui les concernent ne figurent pas dans les rapports annuels.
Tous les suicides sont confirmés par le coroner de la province dans laquelle ils ont eu lieu. Ce renseignement est fourni à la Direction de la santé mentale, qui en assure le suivi et le recoupe avec les renseignements recueillis par le Centre de soutien pour les enquêtes administratives, qui fait partie de la Direction des enquêtes et examens spéciaux.
Chaque fois qu'un décès est jugé constituer un suicide, le médecin-chef adjoint ordonne la production d'un rapport d'examen technique du suicide par des professionnels de la santé, ou ETSPS; en anglais, c'est MPTSR. Cette enquête est menée par une équipe formée d'un professionnel de la santé mentale et d'un médecin militaire généraliste. Ensemble, ils examinent tous les dossiers de santé pertinents et réalisent des entrevues avec le personnel médical, les membres de l'unité, les membres de la famille et d'autres personnes pouvant avoir des connaissances sur les circonstances du suicide en question. Pris de concert, ces renseignements servent à la formulation des constatations que l'on trouve dans le rapport annuel sur le suicide.
Le visage du suicide dans les Forces armées canadiennes a changé au fil du temps. Bien que les taux puissent varier quelque peu d'une année à l'autre, une image claire et constante a fini par émerger au cours de la dernière décennie. Les militaires rattachés à l'Armée canadienne, plus précisément ceux qui appartiennent aux groupes professionnels des armées de combat, courent un risque plus marqué de suicide que les membres de la Marine royale canadienne ou de l'Aviation royale canadienne.
Certaines preuves commencent à se faire jour quant au rôle possiblement joué par les déploiements. Nous devons néanmoins user de prudence en ce qui a trait à cette vaste désignation, car elle peut englober plusieurs types de déploiement, par exemple les déploiements humanitaires, de maintien de la paix ou de combat actif, et plusieurs expériences différentes, tant bénéfiques que nuisibles. Il faudra procéder à davantage de recherche et d'analyse avant de déterminer si, en soi, le déploiement est, de quelque manière que se soit, vraiment lié au risque de suicide.
[Traduction]
Nous commençons à acquérir une bien meilleure compréhension, grâce au travail effectué par mes collègues de la Direction de la santé mentale et au sein de la DPSF, au sujet des facteurs de risque qui sous-tendent le suicide. Par exemple, plus de 70 % des hommes de la Force régulière qui se sont enlevé la vie en 2015 avaient des preuves documentées de rupture conjugale ou de détresse avant leur décès. L'endettement, la maladie de membres de la famille et d'amis et la toxicomanie ont été désignés comme des facteurs de risque.
On les observe aussi souvent au sein de la population en général. La plupart de ces hommes avaient plus d'un facteur de risque non lié à la santé mentale au moment de leur décès. Même si cette situation est troublante, elle correspond à celle qui est observée par d'autres forces militaires, et je pense qu'elle fait ressortir la direction dans laquelle nos efforts de recherche et de surveillance devraient être de plus en plus concentrés dans l'avenir.
Dans cette optique, le MDN — en tant que ministère faisant partie de l'Agence de la santé publique du Canada — a dirigé un groupe de travail interministériel sur les données de surveillance relatives au suicide, qui fait partie des résultats attendus du Cadre fédéral de prévention du suicide. L'appartenance à ce groupe de travail constitue une excellente fenêtre pour observer le travail que font les autres organismes fédéraux en matière de surveillance et de prévention du suicide et pour échanger des renseignements sur la façon de rendre nos approches de collaboration plus efficaces et cohérentes.
Nous entretenons également une relation de longue date avec Anciens Combattants Canada. Nous collaborons avec ce ministère depuis des années dans le cadre de l'Étude sur la mortalité et l'incidence du cancer au sein des FC, qui porte sur le risque de suicide au cours de la vie d'une personne, durant et après le service. Nous collaborons actuellement avec ce ministère et Statistique Canada relativement à une deuxième édition de l'étude. Nous prévoyons nous pencher sur le cancer et sur les causes de décès — y compris le suicide — chez les membres du personnel actifs et libérés de la Force régulière et du service en classe C de la Réserve qui se sont enrôlés dans les FAC entre 1976 et 2015.
Nous siégeons également au comité directeur de l'Étude sur la mortalité par suicide chez les anciens combattants, qui étudiera les risques de suicide chez tous les anciens combattants de la Force régulière et les anciens réservistes en service de classe C libérés des Forces armées canadiennes, aussi entre 1972 et 2015.
En résumé, la surveillance est un élément important et fait partie intégrante de la compréhension des facteurs de risque et des tendances associés au suicide chez les membres du personnel actifs et libérés. La collaboration entre les ministères et les chercheurs se poursuit, comme en témoigne la deuxième édition de l'Étude du cancer et de la mortalité chez les membres des FC et d'autres initiatives de recherche, et elle s'avérera extrêmement utile pour ce qui est de comprendre ce problème complexe.
Merci.
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Puis-je ajouter quelque chose à cela, du point de vue d'Anciens Combattants?
Tout d'abord, je veux me présenter. Même si je ne fais pas de déclaration, je pense que vous devriez avoir une petite idée de mes antécédents. Je travaille dans le domaine de la santé mentale depuis plus de 30 ans. En 2003, j'ai commencé à travailler pour l'armée canadienne, à Ottawa, en tant que psychiatre, et, trois ans plus tard, j'ai revêtu l'uniforme. Alors, j'ai servi, y compris en Afghanistan. J'ai été libérée en 2015, et j'ai commencé à occuper le poste de chef de la psychiatrie d'Anciens Combattants en septembre 2016.
Même si je ne suis pas là pour représenter les Forces canadiennes, je possède certaines compétences à ce sujet. Concernant votre question au sujet de l'identité, je vous dirai que c'est une chose à quoi nous nous intéressons beaucoup, à Anciens Combattants. Nous examinons la période de transition de la personne du statut de militaire à celui d'ancien combattant et ce qui arrive aux gens durant cette période. Nous voulons connaître leurs vulnérabilités et savoir ce que nous pouvons faire pour eux, en tant qu'organisation. Il est beaucoup question de combler les lacunes, surtout pour nos populations vulnérables, les gens qui, nous le savons, ont reçu des diagnostics en santé mentale ou qui ont des problèmes physiques nuisant à leur qualité de vie. Ce sont les gens que nous voulons aider — nous le savons — tout au long de cette période de transition.
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Oui, un équilibre s'établit. Nous sommes très transparents à l'égard du fait que nous étudions chaque couleur d'uniforme séparément. Nous ne tentons pas d'occulter ce qui se passe en nous contentant d'étudier une tendance générale. Le fait que des choses différentes se produisent dans les diverses branches des Forces armées canadiennes, c'est quelque chose que les dirigeants prennent très au sérieux.
Pour revenir à la question que vous posiez, essentiellement, ces deux tendances prévalent depuis un certain temps. Oui, évidemment, les taux changent un peu d'année en année, mais le discours est le même. Pour l'avenir — et c'est ce que nous faisons au sein de la DPSF et de la DSM —, nous continuons à surveiller ces tendances.
Ne vous méprenez pas; nous n'allons pas arrêter. Au lieu de dépenser beaucoup d'énergie et de toujours nous concentrer seulement sur la situation après coup, nous essayons également d'utiliser quelques-unes de ces ressources pour découvrir quels sont certains des facteurs de risque préalables, de sorte que les personnes qui établissent les programmes, celles qui rédigent les politiques, puissent cibler les choses qui comptent. Peut-être que, plus tard, grâce à ce travail, nous verrons ces tendances diminuer. Voilà ce que je pense.
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C'est une très bonne question. Merci de la poser.
Encore une fois, je suis psychiatre. Je travaille dans le monde de la santé mentale. Certes, de mon point de vue, depuis le moment où j'ai commencé à travailler pour les Forces armées canadiennes, le grand changement a été notre participation à la guerre en Afghanistan. Les personnes qui sont revenues de ces déploiements présentaient des troubles liés à un traumatisme et d'autres troubles de santé mentale. Les personnes déployées ne souffrent pas toutes nécessairement d'un TSPT; elles peuvent aussi présenter d'autres problèmes de santé mentale, parfois plusieurs à la fois.
À mesure que ces militaires ont été libérés de l'armée, au fil du temps, Anciens Combattants Canada a observé une augmentation semblable des jeunes anciens combattant qui entraient dans son système, souffraient de problèmes de santé mentale et avaient besoin de soins. Selon mes souvenirs de l'époque où j'étais encore dans l'armée, Anciens Combattants Canada a été très prévoyant. Durant la première moitié des années 2000, le ministère a commencé à établir ce qu'on appelle des cliniques de traitement des blessures de stress opérationnel dans l'ensemble du pays. Nous en avons maintenant 11 réparties dans tout le Canada. En outre, nous sommes maintenant dotés de cliniques satellites découlant de ces cliniques. Il s'agit d'endroits où nous affectons des équipes multidisciplinaires spécialement qualifiées et possédant beaucoup d'expérience liée au traitement des troubles de stress post-traumatique et des blessures de stress opérationnel.
Les gens reconnaissaient qu'il se passait quelque chose. Grâce à notre très bonne relation avec nos collègues des FC, nous avons été en mesure de voir ce qui arrivait et d'observer la croissance du nombre de militaires atteints de TSPT au retour de leur déploiement. Nous avons été en mesure d'affirmer qu'il valait mieux que nous organisions la prestation de certains services, car ces hommes et ces femmes allaient entrer dans notre système.
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Merci, monsieur le président.
Et merci beaucoup de cette information. La situation semble très complexe, et on dirait que ce casse-tête compte clairement un grand nombre de morceaux, alors veuillez m'excuser si j'essaie de démêler tout cela.
Concernant les gens qui entrent dans les FAC, je me demande si un dépistage préalable est possible en ce qui a trait à leur santé émotionnelle, car il me semble que tout est interrelié.
Madame Rolland-Harris, vous avez affirmé que, dans 70 % des cas, il y avait des preuves documentées de rupture conjugale, de détresse, d'endettement, de maladie de membres de la famille ou d'amis, de toxicomanie, ce qui semblerait indiquer une susceptibilité au suicide plutôt que l'inverse. Affirmez-vous, dans ce cas — si vous le pouvez —, que telle personne pourrait être prédisposée, pourrait avoir des antécédents qui font en sorte qu'il vaudrait mieux que nous fassions très attention en surveillant et en observant les possibilités de suicide?
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Lorsque nous regardons la population d'anciens combattants, cela devient compliqué, car, des 700 000 anciens combattants du Canada — et je suis certaine que vous le savez —, 120 000 sont des clients d'Anciens Combattants Canada.
Lorsqu'il est question d'anciens combattants, bien d'autres gens ont pris leur retraite, et nous ne savons rien d'eux. S'ils ne se sont pas présentés pour demander des services, nous ne connaissons pas leur situation. Voilà le premier problème.
Comme nous ne fournissons pas les soins de santé directement, nous avons toujours beaucoup de difficulté à obtenir l'accès à l'information, quoique, si une personne quitte les forces, un gestionnaire de cas lui est attribué. Ce gestionnaire de cas découvrira ce qui se passe du point de vue des soins que reçoit l'ancien combattant en question, car il va l'aider à organiser la prestation d'autres soins.
Nous ne disposons pas de renseignements parfaits sur tout le monde, alors il est beaucoup plus difficile pour nous de faire cela.
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Il y a quelques réponses à cette question.
Tout d'abord, en ce qui concerne les personnes qui, nous le savons, quittent l'armée en étant atteintes d'un problème de santé mentale connu, pour lequel elles reçoivent un traitement, nous sommes déjà assez bons pour ce qui est de nous assurer que nous effectuons un transfert avec accompagnement d'une organisation à l'autre. Quand j'étais dans l'armée, j'étais la chef du centre de soins pour trauma et stress opérationnels, à Ottawa. Nous disposons dans cette ville d'une clinique de traitement des BSO dirigée par Anciens Combattants Canada. Il y avait un certain nombre de mes patients que j'avais transférés à la clinique d'Anciens Combattants avant leur départ de l'armée. Nous effectuons beaucoup de ces transferts dans le cas des personnes qui ont déjà été désignées.
Bien entendu, l'une de nos préoccupations, ce sont les gens qui n'ont pas été désignés, ceux qui ne se rendent peut-être même pas compte du fait qu'ils ont des problèmes de santé mentale avant leur départ et qui font face à des situations de stress supplémentaires liées au fait d'avoir quitté l'armée. L'un des éléments que nous avons mis en place, c'est une entrevue de sortie pour tous les membres qui partent. Il s'agit d'une entrevue de transition, où ils rencontrent un représentant d'Anciens Combattants Canada. Même s'ils n'ont jamais eu de problèmes et qu'ils ne se considèrent pas comme une personne ayant besoin de notre aide, nous les avons rencontrés en personne et leur avons dit: « Voici qui nous sommes. Voici où nous en sommes. Voici notre numéro; appelez-nous si vous avez besoin de nous. »
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Laissez-moi répondre à la question. Nous faisons énormément de choses.
Nous sommes très actifs à Anciens Combattants Canada. En ce qui a trait à la question du suicide, même si, comme je l'ai déjà dit, il nous est difficile de savoir ce qui en est pour le suicide chez les vétérans, depuis 2000, nous avons travaillé pour mettre en place de nombreuses mesures, pour prévenir le suicide et aussi pour permettre aux gens d'avoir accès à des soins de santé mentale.
Encore une fois, comme je l'ai dit, nous savons que cela mène à... C'est l'une des choses les plus importantes que nous devons faire pour aider à prévenir les suicides. Tous nos gestionnaires de cas reçoivent une formation sur la prévention du suicide, et cette formation est mise à jour chaque année. De plus, tous les travailleurs de première ligne d'Anciens Combattants Canada suivent maintenant une formation sur la prévention du suicide. Ils ont reçu une formation pour répondre à ceux qui téléphonent. Ils savent quoi faire s'ils sont inquiets au sujet de la personne au bout du fil.
En plus de pouvoir compter sur des gestionnaires de cas et des travailleurs de première ligne qui, je le répète, peuvent coordonner des soins, quiconque se présente avec un problème de santé mentale lié au service peut être aiguillé vers une clinique pour TSO. Si cette personne se trouve dans une région où il n'y a pas de clinique de TSO, nous disposons de 4 000 fournisseurs de services de santé mentale au Canada auxquels nous pouvons faire appel par l'entremise d'Anciens Combattants Canada pour servir notre population.
Madame Rolland-Harris, quelques questions posées jusqu'à maintenant ont effleuré le sujet. Nous avons discuté du suivi des suicides chez les femmes.
Je suis médecin. J'ai dû suivre des cours de statistique et je sais à quel point il est difficile d'analyser des données lorsque les chiffres sont peu importants. Je pense que nous sommes tous les deux d'accord pour dire que c'est une bonne chose que les chiffres soient bas, mais cela représente tout de même un défi.
De façon générale, nous observons un problème depuis des années en médecine. Une très grande proportion des recherches sont sexospécifiques — elles concernent habituellement les hommes — , qu'il s'agisse de recherche fondamentale ou d'un tout autre ordre. J'étais un chercheur en médecine avant d'être médecin. Nous nous servions toujours de rats de sexe masculin, parce que si on utilisait les deux sexes, la variation était trop importante. Par conséquent, on met au point des médicaments qui ne sont peut-être pas adaptés aux femmes. Même si je comprends que c'est une chose d'en faire part dans un rapport, parce que comme je l'ai dit, les chiffres sont si bas que vous pourriez relever...
Cherchez-vous des méthodes qui permettraient de mieux analyser la population féminine et peut-être d'obtenir plus de conclusions à son sujet, parce qu'il est si difficile d'en obtenir?
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Je vous remercie, monsieur le président, de me céder la parole.
Je vous souhaite la bienvenue, mesdames Heber et Rolland-Harris. Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
La première question que je vais vous poser m'a été fournie par la personne que je remplace ici aujourd'hui, soit Mme Cathy Wagantall, une femme très honorable.
Bon nombre de vétérans nous disent, de façon répétée, que plusieurs de leurs frères d'armes se sont suicidés après avoir pris un médicament antipaludique, soit la méfloquine. Un des vétérans, qui a écrit à ma collègue Mme Wagantall, nous a dit qu'il connaissait personnellement 11 vétérans qui s'étaient suicidés et que, selon lui, les 11 avaient pris de la méfloquine.
Sur la période de 21 ans que vous avez couverte et les 239 suicides que vous avez répertoriés, dans combien de cas ces valeureux militaires s'étaient-ils trouvés dans des zones où il y avait de la malaria?
Disposez-vous de cette information?
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Parfait. Merci de cette perspective sur la Défense nationale.
Il y a un an, lorsque je siégeais au Comité à titre de porte-parole en matière d'Anciens Combattants, j'ai déposé, le 9 mai 2016, une question à inscrire au feuilleton. Pour la région de Québec, j'ai demandé quel pourcentage de gens touchaient des prestations pour chaque maladie physique et mentale, touchant par exemple pour des problèmes de genoux, d'audition, et ainsi de suite.
Fait intéressant, pour une année, soit 2015-2016, dans la région de Québec, 8 % des demandes de prestation étaient liées au syndrome de stress post-traumatique, 2 % à la dépression profonde, 1 % à l'anxiété, 1 % au manque de sommeil et 1 % à l'alcoolisme et à la toxicomanie. Dans l'ensemble, près de 13 % des demandes de prestation ont été présentées par des personnes souffrant de troubles de santé mentale que nous pourrions probablement parfois associer au suicide.
Des 15 membres, ou excusez-moi, je pense que c'est 14, qui se sont suicidés en 2015, combien d'entre eux étaient en processus de demande?
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Bonsoir à tous. Je m'appelle Johanne Isabel et je travaille à Anciens Combattants Canada depuis 2001. Mon conjoint, pour sa part, est un retraité des Forces armées canadiennes.
Monsieur le président, membres du Comité, c'est pour nous un plaisir de faire une présentation sur le Service d'aide d'Anciens Combattants Canada. Il s'agit d'un service de consultation et d'aiguillage qui est offert 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, à nos vétérans, à nos membres retraités de la GRC ainsi qu'aux membres de la famille de ces personnes. Ce service est confidentiel. Si un vétérans n'est pas inscrit à un service ou à un programme d'Anciens Combattants Canada, il peut tout de même recourir à ce programme.
Voici un bref historique du programme.
En 2000, Anciens Combattants Canada a travaillé en collaboration avec Santé Canada dans le but d'offrir un service similaire au Programme d'aide aux membres des Forces armées canadiennes. Nous voulions nous assurer que les vétérans et leur famille pourraient passer de la vie militaire à la vie civile de façon plus fluide. C'est pour bien servir notre clientèle lors de la transition que nous voulions offrir ce même service.
Le 1er décembre 2014, votre comité a recommandé que le programme d'aide destiné aux anciens combattants soit bonifié. Entre 2000 et 2014, les anciens combattants pouvaient recevoir jusqu'à huit séances individuelles de counselling avec un professionnel de la santé. Comme je l'ai mentionné déjà, à la suite de vos recommandations et depuis le 1er avril 2014, le programme offre 20 séances individuelles de consultation à tous nos vétérans, aux membres de leur famille et aux membres retraités de la GRC.
Je vais maintenant céder la parole à Mme Malette.
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Bonjour. Je m'appelle Chantale Malette.
[Traduction]
Les services qui sont offerts par le truchement du Service d'aide d'ACC sont principalement confidentiels, bilingues et accessibles en tout temps à partir d'un numéro 1-800 et sur la ligne téléphonique de Santé Canada. Des professionnels en santé mentale répondent à chaque appel. Tous les conseillers ont à tout le moins une maîtrise ou un doctorat. Le vétéran peut donc accéder automatiquement et sur-le-champ à un professionnel en santé mentale.
Les services téléphoniques sont aussi offerts aux personnes malentendantes. Une personne peut obtenir un soutien immédiat en cas de crise et du counseling de la part d'un professionnel en santé mentale qui détient au moins une maîtrise. Si la personne qui appelle est en crise, le professionnel en santé mentale prendra tout le temps nécessaire pour la calmer avant de l'aiguiller vers un service de counseling en personne.
Nous faisons appel à notre réseau national de praticiens spécialisés du secteur privé selon nos besoins, partout au Canada. Nous offrons du counseling en personne et par téléphone, particulièrement lorsque des services sont requis dans une zone éloignée ou que le client en fait la demande. Nous offrons aussi du counseling en ligne au besoin.
Nous avons recours à des ressources externes ou à ACC si le temps nécessaire pour résoudre le problème excède la période couverte par le programme. Nous utilisons les séances et les heures offertes dans le cadre du programme pour assurer la transition de la personne, pour soutenir le vétéran jusqu'à ce que des soins de longue durée soient disponibles.
En ce qui concerne la prévention du suicide, on vérifie l'état du client pour chaque appel. Nous vérifions le niveau de stress et s'il y a des pensées suicidaires ou meurtrières. Si le conseiller considère que l'appelant a des pensées suicidaires, il lui demandera son autorisation pour communiquer avec son gestionnaire de cas à ACC et l'informer de la situation.
En ce qui a trait aux conseillers, nous avons accès à plus de 900 professionnels en santé mentale à l'échelle du Canada. Ils ont tous au moins une maîtrise dans un domaine psychosocial et cinq années d'expérience en pratique privée. Ils ont fait l'objet d'un contrôle de sécurité par le gouvernement, ont une assurance contre la faute professionnelle et sont membres d'une association professionnelle reconnue. Les références professionnelles sont également vérifiées.
Au sujet de l'assurance qualité, chaque fois qu'un vétéran consulte un professionnel en santé mentale, nous invitons la personne à répondre à un sondage sur la satisfaction afin d'obtenir plus de renseignements quant à sa satisfaction à l'égard du programme. Nous procédons aussi à des visites annuelles des bureaux des conseillers. Nous en visitons au moins 5 % chaque année. Nous sommes également accrédités par l'EASNA, la Employee assistance society of North America, et le COA, le Council on Accreditation. Nous respectons les normes les plus élevées de l'industrie.
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Je vais répondre à cette question, si vous me le permettez.
Vous savez que le suicide n'est pas un problème simple. Il y a un grand nombre de facteurs sous-jacents. Je sais que les gens en ont parfois assez d'entendre parler d'études, mais les études sont très importantes, puisqu'elles nous fournissent une très grande partie de l'information dont nous avons besoin pour élaborer les programmes, les services et les stratégies que nous utilisons pour affronter ce problème.
La stratégie comprend plusieurs aspects. Il y a la prévention, les interventions ainsi que ce qu'on pourrait appeler la « postvention ». Essentiellement, c'est une façon élaborée de dire qu'on délimite et qu'on organise nos activités.
Je dirais que tout ce que vous avez entendu à propos de la ligne d'aide téléphonique d'ACC et même tous les programmes offerts par ACC aux anciens combattants s'inscrivent dans les stratégies ou mesures de prévention.
D'après les études, nous savons que les membres libérés des Forces armées sont particulièrement vulnérables pendant la période de transition; c'est pourquoi nous voulons axer des efforts dessus. Pouvons-nous faire autre chose que leur faire subir une entrevue de fin de service, leur assigner un gestionnaire de cas, les aider à s'y retrouver dans le système et s'assurer qu'ils ont accès aux avantages et aux traitements dont ils ont besoin? Tout cela, c'est déjà fait. Nous allons améliorer tout ce que je viens de mentionner dans le cadre de la stratégie que nous élaborons avec nos collègues des Forces canadiennes.
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Merci, monsieur le président.
Rapidement, j'aimerais approfondir la question de M. Fraser à propos du soutien des pairs.
Pouvez-vous nous fournir un peu plus de précisions à ce sujet? Je voulais savoir si c'est quelque chose que vous aviez examiné ou même seulement si vous y aviez réfléchi. Les vétérans en parlent souvent, entre autres choses. Ils disent: « Est-ce qu'il y a quelqu'un qui écoute? » Nous ne demandons pas à nos vétérans d'aider réellement nos autres vétérans. Nous avons l'occasion de faire en sorte que les gens qui appellent pourraient parler, par téléconférence, 24 h sur 24, 7 jours sur 7, à quelqu'un qui les comprend, parce que la plupart du temps, les gens ne les comprennent pas. Je connais un grand nombre de psychologues et d'étudiants à la maîtrise et au doctorat qui ne comprennent pas ce que les vétérans disent.
À mon avis, cela ajouterait de la valeur à vos services si les vétérans pouvaient avoir ce genre d'accès facile lorsqu'ils sont en état de crise. Je voulais savoir, premièrement, si vous y aviez réfléchi, et deuxièmement, si ce n'est pas le cas et que c'est la première fois qu'on vous présente l'idée, si vous croyez qu'elle a une certaine valeur.