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Monsieur le président et membres du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre, en tant que médecin général, je suis responsable de la prestation des services de santé, des services de santé en déploiement à l'appui des opérations et de la des conseils en matière de santé aux Forces armées canadiennes.
Je suis très heureux d'être de retour devant vous et d'avoir la possibilité de vous parler de la façon dont nous nous occupons des membres des Forces canadiennes qui souffrent d'une maladie mentale ainsi que de la manière dont nous collaborons avec Anciens Combattants Canada afin de faciliter la transition pour ceux qui quittent les Forces armées canadiennes.
Les membres de la force régulière ne sont pas couverts par les régimes provinciaux de soins de santé. Par conséquent, les Forces armées canadiennes ont leur propre système de soins de santé pour répondre aux besoins des militaires en matière de santé, peu importe où ils sont basés au Canada ou à l'étranger. Les services de santé sont principalement offerts dans nos 37 centres et détachements des Services de santé à l'échelle du pays et en Europe. En plus des soins fournis dans les centres de services de santé, nous passons des marchés auprès du secteur civil, particulièrement pour des services de spécialistes et des traitements offerts en milieu hospitalier que nous ne pouvons pas offrir à l'interne.
Lors des opérations, les Services de santé des Forces armées canadiennes déploient souvent des éléments pour fournir des services de soutien à la santé. Toutefois, dans certaines situations, nous collaborons avec nos alliés ou le pays hôte afin d'offrir des services de santé.
[Français]
Dans l'ensemble du système, nous comptons plus de 450 postes permanents en santé mentale, y compris des infirmières, des travailleurs sociaux, des psychiatres et des psychologues, au sein des secteurs de santé mentale dans nos cliniques.
En juillet 2016, 93 % de ces postes étaient occupés. La dotation de ces postes est un processus dynamique qui est influencé par le roulement normal du personnel, la concurrence avec le secteur privé pour le personnel de santé mentale et les défis dans le recrutement de personnel pour certains endroits.
Pour assurer un accès rapide aux soins, il existe également un large réseau de plus de 5 000 professionnels civils de santé mentale inscrits en tant que fournisseurs de services externes auxquels les patients peuvent être référés.
[Traduction]
Tout comme c'est le cas dans le secteur civil des soins de santé, nos cliniciens de soins primaires offrent de façon compétente des soins à de nombreux patients ayant des maladies mentales, et 31 de nos 37 centres de services de santé proposent un certain niveau de services spécialisés en santé mentale afin de soutenir les cliniciens de soins primaires et de fournir des soins directs aux patients en fournissant un accès rapide pour des besoins urgents en matière de soins, le cas échéant.
Les sept cliniques les plus importantes ont des Centres de soutien pour trauma et stress opérationnels, des CSTSO, qui se spécialisent dans le traitement des blessures de stress opérationnel, les BSO. Les BSO constituent des problèmes psychologiques qui surviennent à la suite d'un traumatisme psychologique éprouvé pendant les opérations, qui entraîne divers diagnostics, dont la dépression, l'ESPT et les troubles liés à la toxicomanie.
En cas d'urgence après les heures de bureau, les membres des Forces armées canadiennes peuvent communiquer avec le Programme d'aide aux membres des FC, le PAMFC, ou une ligne d'écoute civile. Ils peuvent également se rendre directement à un service d'urgence civil ou composer le 911. Les sept CSTSO font partie du réseau conjoint pour traumatismes liés au stress opérationnel, qui comprend également les 11 cliniques pour BSO d'ACC.
En vertu d'un accord tripartite, ce réseau permet d'offrir des soins aux militaires, aux anciens combattants et aux membres ou aux anciens membres de la GRC dans les installations militaires ou d'ACC, le cas échéant.
Les progrès technologiques ont eu un impact positif sur la prestation de services de santé mentale. Afin d'augmenter l'accessibilité aux services de santé mentale, nous avons installé des systèmes de téléconférence vidéo haute définition et sécurisés dans nos cliniques qui sont utilisés pour fournir des services de télésanté mentale. Ces systèmes nous aident à gérer la demande en soins de santé à court terme dans un endroit donné et aident à réduire la nécessité pour certains patients de voyager afin de recevoir des soins spécialisés. Nous pouvons ainsi offrir des soins dans la langue que préfèrent les militaires, peu importe où ils se trouvent.
Nous avons également acquis un système de réalité virtuelle utilisé dans nos plus grands centres. Ce système simule le milieu opérationnel et est utilisé dans le cadre de la thérapie d'exposition.
[Français]
Les Forces armées canadiennes se sont engagées à faire en sorte que le personnel souffrant de problèmes de santé mentale ait accès en temps opportun aux soins médicaux et aux services de soutien nécessaires, que ce soit pour faciliter la reprise du service ou la transition vers la vie civile. Nous reconnaissons que la transition de nos membres libérés des FAC peut être difficile et stressante, en particulier pour ceux qui sont libérés pour des raisons médicales.
[Traduction]
Les membres des Forces armées canadiennes ayant des besoins médicaux plus complexes bénéficient du programme de gestion de cas. Ce programme a été établi il y a plus de 10 ans et offre des services dans toutes les cliniques des FC situées au Canada. Les gestionnaires de cas sont des membres du personnel infirmier spécialisé qui font partie intégrante de l'équipe de prestation de soins et qui facilitent la prestation continue des soins lors de périodes complexes de soins médicaux. Le programme de gestion des cas vise à aider les membres des FC à naviguer le système médical et administratif. Même si son objectif principal consiste à aider le militaire à reprendre son service, dans la mesure du possible, après une maladie ou une blessure complexe, dans le cas des militaires dont les problèmes de santé chroniques ont mené à des restrictions permanentes à l'emploi, et qui ne satisfont plus aux critères relatifs à l'universalité du service, les gestionnaires de cas les aident à faire la transition à la vie civile.
Les responsables de notre programme de gestion de cas travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues d'ACC. De plus, une analyse et des travaux sont actuellement en cours afin d'optimiser la transition du membre en voie d'être libéré du programme du MDN au programme d'Anciens Combattants Canada. Le Comité directeur d'ACC et des FAC a créé un groupe de travail afin d'aligner les programmes et d'analyser les éléments liés au continuum des soins pour les militaires et leurs familles au cours de la transition. La période de transition associée à la libération d'un militaire est un stade crucial pour ce qui est de garantir la continuité des soins destinés aux militaires en cours de libération.
[Français]
Une évaluation normalisée de tous les membres des Forces armées canadiennes qui sont en transition est effectuée pour déterminer le niveau de complexité nécessaire lors de leur transition de la Défense nationale à la vie civile et, dans le cas de ceux qui ont des besoins en cours, afin de faire ou de permettre la transmission des soins vers le secteur privé.
Lorsqu'un membre est considéré comme ayant des besoins complexes quant à la transition, une équipe multidisciplinaire travaille à réduire proactivement ou à éliminer ce qui pourrait faire obstacle à une transition en douceur, qu'il s'agisse de la santé ou de la situation financière, professionnelle, universitaire ou psychosociale. Dans certaines circonstances, une période de transition supplémentaire sera demandée par l'équipe pour assurer une transition sécuritaire. Chaque cas est traité individuellement, selon son propre mérite.
[Traduction]
En plus des soins cliniques, nous avons également un programme d'éducation en matière de santé mentale et de résilience, En route vers la préparation mentale, qui est reconnu à l'échelle nationale et internationale. Il comprend maintenant plus de 30 modules qui sont offerts à différents stades de la carrière d'un militaire dès l'instruction de base. Nous avons récemment élargi le programme pour y inclure un entraînement axé sur la profession, comme celles de technicien en recherche et sauvetage et de policier militaire.
Le groupe des services de santé des Forces armées canadiennes offre également le Programme de promotion de la santé Énergiser les Forces. Cet important programme comprend des modules d'éducation et de développement des compétences dans des domaines comme la sensibilisation au suicide, la gestion de la colère et du stress, les relations saines, la violence familiale et la toxicomanie.
[Français]
Nous continuons à travailler avec l'appui solide du leadership, à tous les niveaux, pour réduire la stigmatisation qui entoure la maladie mentale et d'autres obstacles à la recherche de soins. Dans le cadre des Forces armées canadiennes, cela se traduit par des courriels, des articles de journaux, des discussions dans les unités et par la participation à des programmes tels que Bell Cause pour la cause. Nous avons également produit cinq vidéos qui traitent de thèmes variés tels que la stigmatisation, la transition et le suicide.
[Traduction]
Un autre élément clé de notre programme en santé mentale est la recherche. Nous avons mené de nombreuses études épidémiologiques importantes afin de mieux comprendre l'impact de la maladie mentale sur les membres des FC. Cela inclut l'Enquête transversale de 2013 sur la santé mentale dans les FC et l'Étude sur les traumatismes liés au stress opérationnel et sur ses répercussions.
Les FC souhaitent véritablement mieux comprendre les causes biologiques de la maladie mentale et explorer de nouveaux traitements pour l'ESPT et autres maladies.
Une grande partie de ce travail est accompli par le Centre d’excellence en matière de santé mentale chez les militaires et les vétérans grâce à sa collaboration avec les experts scientifiques, le monde universitaire, les gouvernements, le secteur privé et des consortiums de recherche, ainsi qu'avec l'OTAN et nos alliés. Les connaissances acquises au moyen de la recherche clinique de renommée sont par la suite traduites en soins cliniques.
Mes commentaires finaux porteront sur le suicide au sein des Forces armées canadiennes.
Vous vous souviendrez qu'en novembre 2015, nous avons signalé une tendance à l'augmentation des taux de suicide au cours des cinq années précédentes. Cette augmentation concernait ceux servant au sein du commandement de l'armée dans le cadre de groupes professionnels des armes de combat, comme l'infanterie, par opposition aux autres commandements. Nous avons également déclaré que le déploiement apparaît comme facteur de risque pour le suicide, mais il est important de souligner que ce n'est pas simplement le déploiement en lui-même, mais ce que les militaires vivent durant le déploiement qui peut avoir un impact.
Nous effectuons un examen médical de chaque suicide pour essayer de mieux comprendre les facteurs impliqués dans chaque cas et nous cherchons des possibilités d'améliorer nos programmes actuels. Nous constatons qu'environ 50 % des personnes qui meurent par suicide ont été diagnostiquées avec un ou plusieurs troubles mentaux, le trouble dépressif majeur étant la condition la plus répandue. Typiquement, les gens éprouvent également un ou plusieurs facteurs de stress, des problèmes de couple étant le facteur le plus courant. D'autres facteurs souvent constatés comprennent les problèmes professionnels, les dettes, les difficultés juridiques et les problèmes de santé physique.
Le programme de prévention du suicide des Forces armées canadiennes, guidé par le groupe d'experts sur la prévention du suicide de 2009, identifie trois piliers de la prévention du suicide, notamment l'excellence en matière de soins de santé, le leadership efficace et la sensibilisation et l'engagement des membres. Nous avons un programme solide qui tient compte de ces piliers et nous continuons d'y apporter des améliorations.
En octobre 2016, nous avons organisé un autre comité d'experts sur la prévention du suicide afin d'aider à orienter les efforts futurs. Les résultats seront publiés une fois le rapport finalisé. Mon équipe examinera soigneusement toutes les recommandations de ce groupe et veillera à ce que les FC aient en place tous les éléments d'un programme robuste en matière de prévention du suicide.
Je vous remercie de votre attention. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup. Cela me fait plaisir de vous avoir tous les deux ici.
Monsieur le brigadier-général, je n'étais pas ici la semaine dernière, alors j'ai simplement lu les notes de vos déclarations de la semaine dernière.
Voici ce que vous avez déclaré :
Comme vous le savez probablement, la méfloquine demeure une option pour la prévention de la malaria auprès de nombreux militaires dans le monde. Nous demeurons toutefois vigilants et ouverts à l'évaluation de tout nouvel élément de preuve en lien avec la méfloquine et d'autres médicaments antipaludéens.
Puis, vous poursuivez :
Par conséquent, nous mettrons à jour notre approche de la prévention de la malaria selon des méthodes scientifiques éprouvées, tout en mettant l'accent sur une analyse critique de la preuve.
J'ai fait quelques recherches et, bien sûr, elles ont été réalisées en relation avec nos alliés. Nous avons donc examiné ce qui est fait ailleurs dans le monde à cet égard.
J'ai une déclaration ici que le ministre des Anciens combattants de l'Australie a prononcée le 15 septembre de cette année à propos des craintes que suscite la méfloquine :
Le ministère des Anciens combattants a mis en place une équipe de soutien [et] d'autres formes de soutien pour les militaires en service actif ou à la retraite à qui l'on a prescrit de la méfloquine.
Le gouvernement entend prendre les mesures suivantes :
établir un mécanisme de consultation communautaire officiel qui permettra un dialogue ouvert entre le Comité de la défense et les militaires en service actif ou à la retraite sur des questions touchant la méfloquine;
mettre en place une ressource en ligne plus complète qui fournira des renseignements sur les médicaments antipaludéens;
créer une équipe de soutien... qui se consacrera à l'analyse de la méfloquine... avec... les réclamations connexes, qui permettra d'avoir un point de contact... et
demander au comité interministériel d'examiner les problèmes soulevés, de tenir compte des données médicales pertinentes et de donner des conseils...
Tous les anciens membres à qui l'on a prescrit de la méfloquine... et qui ont des inquiétudes au sujet des effets secondaires de ce médicament... peuvent faire une réclamation s'ils souffrent de symptômes qui seraient selon eux causés par la méfloquine...
Le personnel actuel et les anciens membres... peuvent également avoir accès à des traitements gratuits en santé mentale...
Une liste des différents secteurs de la santé mentale qui exigent un traitement est établie, ainsi que les services offerts.
En Bretagne également — c'était en juillet 2016 — l'ancien chef de l'armée a admis qu'il ne prendrait pas le médicament antipaludique controversé, car son fils à qui l'on a prescrit du Lariam souffrait d'une grave dépression. Lord Dannatt a dit que les effets secondaires du médicament pouvaient être « assez catastrophiques » et il s'est excusé auprès des troupes qui en avaient pris alors qu'il était chef d'état-major général.
Il a insisté auprès du ministre de la Défense pour qu'il fasse preuve de générosité au moment de l'adoption de règlements d'indemnisation à l'égard des centaines de membres du personnel qui ont souffert de problèmes de santé mentale après qu'on leur eut administré le médicament lors de déploiements dans des zones où la malaria est endémique.
Il déclare dans ce document :
Nous n'avons aucune raison de mettre en doute le très solide témoignage anecdotique selon lequel ces risques ont été ignorés, lorsque l'on a prescrit le médicament à de nombreux soldats au moment de leur déploiement... Enfin, nous sommes convaincus qu'il n'est ni nécessaire ni justifié de continuer à prescrire ce médicament aux militaires, sauf lorsque les trois conditions énumérées précédemment sont réunies.
Ces conditions étaient des mesures de dernier recours, lorsqu'aucune solution de rechange ne pouvait être envisagée.
Puis, bien sûr, il y a eu un représentant des États-Unis, le Dr Nevin, qui a dit que ce médicament avait été prohibé aux États-Unis.
Avec ce témoignage de nos solides alliés, ne serait-il pas temps pour le Canada d'admettre que nous avons un problème de santé mentale que nous pourrions résoudre immédiatement, d'autant plus que Santé Canada vient de publier de nouvelles définitions des effets secondaires de ce médicament? Des personnes pensent être atteintes du TSPT parce que c'est ce qu'on leur a dit, alors qu'il pourrait très bien s'agir de lésions cérébrales. Ne serait-il pas temps de leur offrir les mêmes services, ce qui nous permettrait d'obtenir ces renseignements de nos anciens combattants directement?