:
La séance est ouverte. Je remercie tout le monde d'être ici aujourd'hui et je souhaite la bienvenue à notre auditoire.
Aujourd'hui, le Comité entreprend une étude sur la prestation de services aux anciens combattants par le ministère des Anciens Combattants. Le Comité examinera également le Budget supplémentaire des dépenses. Durant la première heure, nous entendrons notre premier témoin, l'ombudsman des vétérans, M. Guy Parent.
Pendant la deuxième heure, nous recevrons la sous-ministre adjointe du Secteur des ressources humaines et des services ministériels d'Anciens Combattants, Elizabeth Stuart, accompagnée de la directrice générale des finances au sein du même secteur.
Comme nous en avons convenu lors de la première réunion sur la procédure et conformément à la motion de régie interne adoptée, les témoins disposent de 10 minutes pour faire une déclaration préliminaire. Les députés les interrogeront ensuite à tour de rôle, et nous préciserons l'ordre des interventions au fur et à mesure. Au premier tour, si vous n'avez pas l'information sous les yeux, les premières questions seront posées par les conservateurs, après quoi nous passerons aux libéraux, suivis des néo-démocrates, puis nous reviendrons aux libéraux, et chaque intervention durera six minutes.
Nous allons donc commencer par entendre l'ombudsman.
Bonjour, monsieur. Vous disposez de 10 minutes. Vous avez dit que vous n'auriez besoin que de 9 minutes, mais nous pourrions vous accorder jusqu'à 11 minutes. Vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de nous avoir invités à prendre la parole devant vous dans le cadre de votre étude sur la prestation des services à Anciens Combattants Canada.
[Traduction]
Offrir en temps opportun des services de haute qualité aux anciens combattants et à leur famille est un élément clé de la responsabilité d'Anciens Combattants Canada. Le fait que vous ayez choisi en début de mandat de réaliser une étude sur la prestation des services montre que vous accordez une grande importance à cette question.
Vous avez maintenant la chance non seulement d'exercer une influence sur le modèle de prestation et la norme d'aujourd'hui pour les anciens combattants malades ou blessés du Canada et leur famille, mais aussi de façonner le modèle et les normes de demain. Mais pour bien faire les choses, je vous encourage à ne pas perdre de vue les résultats dans leur ensemble ainsi que les relations avec les autres éléments qui appuient l'arsenal du ministère.
Vous vous demanderez peut-être pourquoi j'insiste encore sur les résultats. Il y a deux semaines seulement, j'ai prononcé devant le Sous-comité sénatorial des anciens combattants une allocution sur l'importance de bien maintenir le cap sur les résultats. Pourquoi? Parce que comprendre les résultats que nous voulons obtenir devrait être notre point de départ et non notre point d'arrivée. Si nous utilisons cette approche, nous parviendrons à trouver la source des problèmes et nous serons donc plus à même de les régler.
Tout d'abord, demandons-nous pourquoi certains anciens combattants et leur famille sont encore en difficulté aujourd'hui. En termes simples, les avantages sont trop complexes, pas seulement pour les anciens combattants, mais aussi pour le personnel du ministère. Après des décennies à empiler couches après couches de règlements et de politiques sans trop nous préoccuper des effets que cela aurait sur les anciens combattants, nous avons créé un système difficile à administrer dans les meilleures conditions.
[Français]
Toutes les personnes impliquées dans les questions qui touchent les vétérans reconnaissent qu'il y a des problèmes, mais le fait de savoir qu'il y a des problèmes ne fait pas disparaître ces derniers. Ces problèmes doivent être réglés le plus rapidement possible, parce qu'ils causent de la frustration, au quotidien, aux vétérans et aux membres de leur famille.
Pour remédier à la situation et offrir aux vétérans les services qu'ils méritent, nous devons dès maintenant commencer à nous concentrer sur les résultats à obtenir pour les vétérans et non pour les programmes.
[Traduction]
Les programmes pour les anciens combattants mesurent habituellement les résultats du programme uniquement. Ils ne mesurent pas les effets du programme sur les anciens combattants. Par exemple, comment une prestation de 500 $ par mois permet-elle à un ancien combattant d'améliorer sa situation? Cet ancien combattant a certes un peu plus d'argent dans ses poches, mais est-ce que cet argent peut réellement faire une différence dans sa vie?
Quand nous examinons les résultats pour nos programmes actuels, nous devons nous poser les vraies questions. Que signifie assurer une stabilité financière? Que signifie répondre aux besoins de base des anciens combattants? Que signifie améliorer le bien-être des anciens combattants? Comment mesure-t-on notre succès par rapport aux résultats obtenus? Quelle impression les anciens combattants ont-ils de la prestation des services? Nous avons de la difficulté à répondre à ces questions. Si nous ne pouvons pas y répondre, comment savoir si nous faisons bien les choses? Comment savoir ce qu'il nous reste encore à faire?
J'aimerais pousser cette réflexion un peu plus loin. Savez-vous qu'il n'y a aucun repère général définissant ce qu'est un niveau d'indemnisation financière convenable pour le remplacement du revenu ou, encore, pour la douleur et la souffrance des anciens combattants? Il y a des repères pour des programmes en particulier, mais nous ne comprenons pas les résultats globaux que nous voulons atteindre avec ces repères. Au Bureau de l'ombudsman des vétérans, nous appliquons à ces programmes et services une optique d'équité que nous mesurons en termes de pertinence, d'accessibilité et de suffisance. Comment savoir si nos efforts valent la peine si nous n'avons pas de point de comparaison établi?
Quelle est donc la valeur ajoutée quand on applique une approche axée sur les résultats pour la prestation des services aux anciens combattants? Je vais vous donner un exemple de la façon dont cette approche pourrait façonner l'avenir. Et si le résultat voulu pour la prestation des services du ministère était une approche à guichet unique axée sur les anciens combattants? Au début du processus de libération, le ministère passerait le dossier en revue et déterminerait tous les avantages auxquels l'ancien combattant aurait droit. On donnerait ensuite le résultat de ce travail à l'ancien combattant, évitant ainsi à ce dernier de devoir présenter une demande pour l'un ou l'autre des avantages.
La question importante qu'on doit se poser est la suivante : si ce travail était fait en temps opportun, est-ce qu'il préparerait davantage l'ancien combattant à la transition? Est-ce qu'il réduirait la charge de travail des employés du ministère? Est-ce qu'il augmenterait la confiance dans le système? Je crois que la réponse est oui. Je crois aussi que le ministère devrait adopter une approche proactive pour que les anciens combattants n'aient pas à être experts en la matière pour pouvoir naviguer à travers ce système complexe.
Et qu'en est-il des anciens combattants qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et se plaignent d'être sans cesse traumatisés parce qu'ils doivent raconter leur histoire encore et encore pour expliquer pourquoi ils devraient recevoir des avantages? Avec un modèle de prestation à guichet unique axé sur les anciens combattants, les anciens combattants n'auraient à raconter leur histoire qu'une seule fois à un professionnel des soins de santé. Par ailleurs, nous savons que le service militaire contribue à certains troubles, alors pourquoi insistons-nous pour imposer aux anciens combattants le fardeau de prouver le lien avec le service, quand il est logique de présumer qu'il y en a un?
Par exemple, serait-il déraisonnable de supposer qu'un soldat qui travaille dans un environnement où des armes de gros calibres sont utilisées puisse souffrir de problèmes auditifs, ou qu'un technicien en recherche et sauvetage de l'aviation qui a effectué des centaines de sauts en parachute puisse être blessé aux genoux, ou encore qu'un sous-marinier qui travaille dans des espaces restreints puisse avoir des douleurs au dos?
[Français]
Il y a des gens qui rechignent à ces idées, parce qu'elles ne correspondent pas à notre façon de fonctionner. Or je peux vous dire que notre façon de fonctionner ne donne pas toujours les résultats voulus. Si c'était le cas, il n'y aurait pas autant de vétérans malades, blessés et frustrés.
[Traduction]
Regardons au-delà de ces idées. Regardons les résultats finaux que nous visons, et établissons les étapes que nous devons franchir pour atteindre ces résultats optimaux pour les anciens combattants et leur famille. Il est logique de penser qu'intervenir tôt avec une approche à guichet unique donne de meilleurs résultats pour les anciens combattants. Du point de vue de la sécurité nationale, une telle approche appuierait mieux le recrutement et le maintien en poste que la couverture régulière de mauvaises nouvelles touchant les anciens combattants. Du point de vue de la prestation des services du ministère, déterminer l'admissibilité au début du processus éliminerait toute la bureaucratie liée à la détermination au moment où le besoin survient. Du point de vue des anciens combattants, le ministère répondrait rapidement et efficacement à leurs besoins.
Si j'avais une baguette magique, qu'est-ce que je ferais pour transformer les choses? Je commencerais par faire la liste de tous les résultats que nous voulons obtenir pour les anciens combattants et leur famille, par exemple la sécurité financière à vie, les meilleurs soins de santé possible, une indemnisation juste pour la douleur et la souffrance, une transition réussie à la vie civile et une prestation des services axée sur les anciens combattants, le tout assorti de décisions prises en temps opportun.
Je mettrais ensuite sur pied tous les avantages et les processus administratifs dont nous avons besoin pour atteindre ces résultats, parce que si nous ne comprenons pas clairement les résultats pour les anciens combattants et que nous raccommodons les avantages actuels, nous risquons fort de rendre la situation de plus en plus compliquée et décevante.
J'aimerais maintenant prendre quelques minutes pour vous présenter notre analyse de la situation actuelle quant aux recommandations du Comité permanent des anciens combattants. Certaines recommandations ont été appliquées, et vous trouverez en annexe un tableau à jour des progrès réalisés. Toutefois, certaines des recommandations principales n'ont toujours pas été mises en oeuvre. Comme mes collègues l'ont déjà mentionné, il faut effectivement augmenter l'allocation pour la perte de revenus, améliorer la détermination de la catégorie de l'allocation pour déficience permanente et rajuster l'indemnisation pour les aidants familiaux, car ces recommandations amélioreront beaucoup les résultats pour les anciens combattants et leur famille.
En conclusion, si vous voyagez au pays, prenez le temps de rencontrer les anciens combattants et leur famille, de même que les employés de première ligne du ministère, de les écouter et de comprendre les difficultés qu'ils doivent surmonter. Si vous combinez les expériences de ces gens, les analyses axées sur les éléments probants et une solide volonté de ne jamais perdre de vue les résultats, vous pourriez réussir là où d'autres ont échoué depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur les pensions, il y a près de 100 ans.
[Français]
En tant que vétéran ayant consacré plus de 50 ans au service du Canada, je peux vous dire cependant que si vous y arrivez je serai le premier à vous en féliciter.
[Traduction]
Entretemps, mon équipe et moi-même sommes prêts à vous aider à atteindre vos objectifs.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur Parent, de vos observations réfléchies et de votre dévouement au travail que vous faites.
Au début de votre déclaration, vous avez dit qu'on a beau donner de l'argent à quelqu'un, mais où cela le mènera-t-il? Selon vous, l'argent n'est pas forcément la solution. J'aimerais m'attarder sur ce dernier point, si vous me le permettez. Je trouve que vos propos sont très sensés.
Quand nous nous penchons sur la question de l'argent, nous commençons à examiner la façon dont nous offrons des services aux anciens combattants. Le problème se pose — et je crois que vous en avez parlé un peu dans votre déclaration — au moment de la libération, car les anciens combattants devraient savoir dès le départ quels sont les services mis à leur disposition, au lieu d'essayer de les dénicher par eux-mêmes.
Je me demande si vous pourriez nous donner plus de détails là-dessus en vous appuyant sur votre expérience. C'est du nouveau pour moi, et peut-être aussi pour beaucoup de mes collègues. Comment se déroule le processus lorsqu'un militaire est démobilisé? Quels renseignements lui fournit-on? Est-ce qu'on lui dit : « D'accord, vous êtes maintenant un ancien combattant; tournons la page »? Ou est-ce qu'on lui explique les mécanismes mis à sa disposition, selon sa situation et les questions en cause? Prenons le cas d'un militaire qui a été artilleur tout au long de sa carrière au sein de l'artillerie. Il n'est pas atteint de troubles auditifs sur le coup, mais il y a de bonnes chances que cette personne subisse une perte auditive plus tard dans sa vie.
Je me demande simplement si ce genre de questions se présentent. Pourriez-vous nous en dire plus long à ce sujet?
Merci beaucoup. C'est une bonne observation.
Je dirais d'emblée que le plus gros défi constitue, bien sûr, la transition d'un militaire à la vie civile. Certains parlent de réintégration, mais ce terme ne décrit pas la réalité d'un professionnel qui a passé 35 ans dans le milieu militaire. Il ne s'agit pas de réintégration, mais bien d'intégration. Tout est nouveau, d'autant plus qu'il y a un manque de communication durant le processus de transition, et ce, des deux côtés : le militaire, d'une part, et Anciens Combattants Canada, d'autre part. Au fond, il faut une preuve des états de service et le diagnostic d'une blessure — et la corrélation entre les deux — pour qu'une personne soit admissible aux services d'Anciens Combattants Canada.
Cela dit, il s'agit d'un processus en plusieurs étapes. Pour avoir droit à, disons, une indemnité d'invalidité, il faut d'abord que tous ces éléments entrent en jeu. Ensuite, il faut une détermination, c'est-à-dire une décision quant au montant de l'indemnité d'invalidité. Par la suite, si la personne veut accéder à un programme de réadaptation professionnelle, là encore, il faut présenter une demande. Le ministère, pour sa part, doit suivre un processus d'acceptation.
Ce que nous disons, c'est qu'il faut établir un guichet unique où tous ces éléments sont déterminés à l'avance. Ainsi, lorsqu'un besoin se présente, on aura déjà déterminé l'admissibilité de la personne. Il ne reste qu'à décider du montant.
Sachez que nous menons actuellement, en collaboration avec l'ombudsman militaire, une étude sur le processus de transition. Les problèmes que nous observons — problèmes que nous avons déjà cernés — tiennent aux nombreux chevauchements d'efforts, à la très grande complexité du processus et à l'abondance de renseignements erronés. Je vais vous donner un exemple rapide. Un gestionnaire de cas dans le contexte militaire est un professionnel de la santé. Or, dans le contexte d'Anciens Combattants Canada, un gestionnaire de cas est un professionnel des services sociaux. Pour un ancien combattant blessé, surtout s'il s'agit d'une blessure non visible, c'est très mêlant lorsqu'on lui demande de passer d'un gestionnaire de cas à un autre, parce que ces derniers ne font pas la même chose.
Tous ces facteurs contribuent à la complexité. C'est là une réponse assez longue, mais...
Si je puis me permettre d'ajouter quelques mots à ce sujet, nous savons ce qui se passe bien souvent lorsque des militaires prennent leur retraite : ils ont tendance à se rassembler dans la région de leur dernière affectation, là où ils se sentent le plus à l'aise. Ainsi, on trouve généralement beaucoup plus d'anciens combattants dans certaines régions. Par exemple, dans les environs de Trenton, beaucoup de gens de la base aérienne ont tendance à se réunir dans cette région. C'est la même chose pour Kingston, etc.
Je viens de la Saskatchewan. De nombreux anciens combattants sont dispersés un peu partout dans cette immense collectivité. Ils sont bien conscients qu'un endroit comme, disons, White Bear, en Saskatchewan, est à deux heures de tout centre et qu'ils doivent fort probablement aller... Ils comprennent cela. Ils ne s'attendent pas à ce que les services viennent à eux. Ils sont disposés à se déplacer. Toutefois, si vous avez déjà parcouru les routes de la Saskatchewan, vous savez sans doute que les conditions météorologiques là-bas changent en un clin d'oeil; soudain, on se retrouve coincé quelque part à cause d'une tempête de neige ou d'autres intempéries. Souvent, selon le processus en place, les anciens combattants sont censés obtenir une approbation préalable pour l'autorisation d'un service, ce qui est difficile.
Avez-vous observé ce genre de cas, et pouvez-vous nous parler peut-être de ce que vous avez constaté, d'après vos entretiens avec les anciens combattants, lors de vos déplacements partout au pays?
:
Pour répondre à la première partie de votre question, oui, les niveaux de service sont évidemment différents. Dans les grandes villes, il y a de grands bureaux de services. Mais je crois que nous devons faire la distinction entre l'accès aux services et l'accès aux soins de santé, par exemple, et aux traitements. Une indemnisation est accordée aux anciens combattants et à leur famille s'ils doivent accéder à des soins médicaux, qu'il s'agisse de consultations ou de services médicaux.
En ce qui concerne l'information et la communication, je crois qu'il est important de prendre conscience du profil démographique des anciens combattants au Canada. En effet, il y a encore beaucoup d'anciens combattants de la vieille génération, c'est-à-dire ceux ayant participé à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre de Corée. Les anciens combattants âgés ont besoin d'un niveau de service différent de celui de la nouvelle vague d'anciens combattants, et les moyens de communication diffèrent aussi.
Relativement au niveau de service, bien entendu, les attentes ne sont pas les mêmes de nos jours. Les anciens combattants des temps modernes ont accès à l'information et ils ont des attentes à cet égard. Aujourd'hui, le défi que doit relever le ministère, c'est de s'assurer qu'il peut répondre aux besoins de toutes les générations d'anciens combattants. Ce n'est pas une tâche facile, surtout lorsqu'il y a des divergences régionales.
Dans le domaine des soins de santé, par exemple, Anciens Combattants Canada complète les services offerts par les provinces. Cela vient régler le problème de l'incohérence régionale sur le plan du niveau des soins. Il existe différents niveaux. Anciens Combattants Canada doit non seulement répondre aux besoins, mais aussi satisfaire aux besoins changeants de sa clientèle, et c'est là tout un défi.
:
Merci, monsieur Parent.
En plus de vous remercier d'être parmi nous, j'aimerais vous remercier de servir notre pays. En tant que mère de deux militaires actifs, c'est un plaisir pour moi d'être ici aujourd'hui.
[Traduction]
Je veux traiter brièvement de votre rapport. Nous parlons beaucoup des résultats, et je suis enchantée que nous nous attaquions aux questions de sécurité financière et de soins de santé.
Je veux simplement préparer le terrain pour ma question, qui porte sur un sujet que vous avez abordé. Quand une personne décide de servir son pays, c'est avec une immense fierté qu'elle porte l'uniforme. La décision de quitter le service actif, que ce soit volontairement ou non, change le cours de son existence, comme ce serait le cas pour toute personne qui perd son emploi. J'aime le concept de guichet unique destiné aux membres et aux anciens combattants des Forces canadiennes.
Nous avons parlé un peu du manque d'échange de documents entre les services et d'autres problèmes. Nous savons tous que dans l'armée, il faut rédiger une note d'information pour chaque note d'information. Il est un peu troublant de penser que l'information ne circule pas.
Ce qui ne ressort pas clairement de votre document et votre exposé d'aujourd'hui, c'est le « comment ».
Je vais préciser ma pensée. Maya Angelou a prononcé des paroles célèbres, selon lesquelles les gens vont oublier ce que vous avez dit, les gens vont oublier ce que vous avez fait, mais les gens n'oublieront jamais la manière dont vous les avez fait se sentir. Nous avons entendu des d'histoires d'horreur sur les médias sociaux et de la bouche d'anciens combattants, qui nous ont expliqué comment ils se sont sentis quand ils devaient se battre pour prouver leur handicap. Quand quelqu'un a perdu des jambes, elles ne repousseront pas.
Je n'ai vu aucune recommandation à propos de la formation sur la prestation de services pour les travailleurs de première ligne ou les employés. J'aimerais savoir si vous pouviez nous en dire un peu plus à ce sujet.
C'est un bon point. Je dois commencer en disant que les travailleurs de première ligne ont à coeur le bien-être des anciens combattants et de leur famille, mais ils sont parfois eux-mêmes embourbés dans des processus, des lois et des règlements complexes. Je pense que c'est important. Les soins, la compassion et le respect doivent être offerts dès le début, du moment où l'ancien combattant demande des prestations à celui où il reçoit des services.
Pour ce qui est du « comment », j'ai proposé quelques idées sur la manière de façonner l'avenir et les points dont nous devons nous occuper. Je pense que le « comment » devrait ressortir des témoignages que vous entendrez et des différentes idées que proposeront les divers témoins. Chose certaine, il faut que la solution soit axée sur l'ancien combattant. Je pense que c'est là le morceau important du puzzle.
Les gens ont des besoins différents. Certains ont une famille et d'autres pas. Certains sont âgés et d'autres plus jeunes. Certains vont avoir 65 ans et ne touchent aucune prestation. Un grand nombre de ces questions doivent être résolues. On ne peut traiter tous les anciens combattants de la même manière. Il faut adapter les services à chaque ancien combattant, à ses besoins évolutifs et à sa famille. Je pense que c'est ainsi que nous devons procéder.
Dans l'avenir, le ministère des Anciens Combattants devra se montrer proactif à cet égard pour que les anciens combattants n'aient pas à l'être et ne soient pas obligés de se démêler dans un système complexe si tout est là, expliqué en termes clairs, quand ils quittent les forces.
Je suis d'accord avec vous : c'est toute une transition. C'est un changement de vie. La carrière militaire est une profession et non un emploi. La situation est la même que pour un médecin ou un dentiste qui ne peut plus pratiquer son métier en raison d'une blessure. C'est un changement de mode de vie.
:
Merci beaucoup. Je suis vraiment contente de prendre la parole.
C'est très nouveau pour moi de siéger au Comité. C'est un dossier très important avec de nombreux enjeux. J'ai un ami qui oeuvre au sein de l'Église catholique qui dit qu'un dinosaure ne fait pas demi-tour en un claquement de doigts. De toute évidence, il y a de nombreux enjeux dans ce dossier, et c'est en partie à cause de tous les changements qui sont survenus au sein de nos forces et de ces besoins que nous essayons de satisfaire.
Il a été intéressant de voir que dans la conversation, nous avons très rapidement porté notre attention sur les programmes et sur leur efficacité. L'idée d'examiner la situation en tenant compte des résultats pour les anciens combattants est une façon différente de voir les choses qui serait constructive, à mon avis.
Je ne suis pas certaine de vous avoir bien compris, alors je vais simplement dire ce que je crois avoir compris, puis vous pourrez me dire si je suis sur la bonne voie. Un modèle de guichet unique permettrait d'alléger sensiblement les pressions que subissent nos anciens combattants. Je pense que c'est une excellente orientation à prendre. C'est également le genre de modèle que l'on examine... Comment en faites-vous l'essai, ou bien changez-vous fondamentalement votre idéologie et votre façon d'aborder la question?
Est-ce que l'on examinerait les changements à apporter, ou est-ce que l'on essaierait de changer les processus qui sont déjà en place pour un si grand nombre d'anciens combattants? Comprenez-vous ce que je veux dire?
:
Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les vice-présidents et membres du Comité. C'est un plaisir d'être ici aujourd'hui pour discuter du Budget supplémentaire des dépenses (C) 2015-2016 d'Anciens Combattants Canada.
Je m'appelle Elizabeth Stuart. J'ai été récemment nommée sous-ministre adjointe du Secteur des ressources humaines et des services ministériels à Anciens Combattants Canada. Je suis accompagnée aujourd'hui de Maureen Sinnott, directrice générale de la division financière et aussi agente principale des finances intérimaire à Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard.
Mesdames et messieurs, comme vous le savez, le ministère est chargé d'offrir des prestations et des programmes aux Anciens Combattants, au personnel des Forces armées canadiennes et à leur famille en reconnaissance des services rendus au Canada, et il doit organiser des activités commémoratives pour s'assurer qu'on se souvienne de leurs accomplissements et de leurs sacrifices et qu'on les honore. Le ministère est fier de son double mandat, tout comme il est fier de continuer à faire tout son possible pour améliorer les programmes et les services qui sont importants pour les anciens combattants du Canada et leur famille.
Comme vous l'avez vu dans notre Budget supplémentaire des dépenses (C) 2015-2016, les dépenses d'ACC prévues pour cette année totalisent environ 3,67 milliards de dollars. Cela représente une augmentation de près de 150 millions de dollars ou de 4,2 % par rapport à notre Budget principal des dépenses de 2015-2016, qui s'élevait à 3,52 milliards de dollars.
Comme le montre ce Budget supplémentaire des dépenses, notre priorité est de veiller à ce que les anciens combattants et leur famille obtiennent l'appui dont ils ont besoin, au moment voulu et aussi longtemps qu'il le faudra. Pour les anciens combattants plus jeunes, cela signifie souvent veiller à ce qu'ils soient en mesure de réussir leur transition du milieu militaire à la vie civile. C'est pourquoi la plus grande partie de ce nouveau financement, soit 81,3 millions de dollars, servira à favoriser l'accès des anciens combattants des Forces armées canadiennes à nos programmes et à nos services dans le cadre de la Nouvelle Charte des anciens combattants. Une somme supplémentaire de 25,5 millions de dollars vise à améliorer la prestation de services et d'avantages aux anciens combattants en augmentant les effectifs de première ligne et de gestion de cas voués au soutien des anciens combattants et de leur famille. Ces fonds permettront également à ACC de rendre plus rapidement ses décisions relatives aux prestations d'invalidité.
Un montant supplémentaire de 2,7 millions de dollars en nouveaux fonds sera consacré à la mise en oeuvre de trois nouveaux programmes de subvention : l'allocation de sécurité du revenu de retraite, l'indemnité pour blessure grave et l'allocation pour relève d'un aidant familial, qui ont été initialement approuvées dans le cadre du Budget supplémentaire des dépenses (A) 2015-2016. Cependant, ce budget comprend 400 000 $ pour l'allocation pour relève d'un aidant familial. Il prévoit également des fonds pour embaucher du personnel qui sera chargé de mettre en oeuvre ces trois programmes, d'offrir de la formation en ligne aux principaux fournisseurs de soins et de renforcer l'interopérabilité entre les systèmes d'Anciens Combattants Canada et de la Défense nationale. Grâce à ce financement supplémentaire, nous continuerons d'appuyer les anciens combattants de notre pays, qui étaient là lorsque le Canada avait besoin d'eux et qui méritent que nous soyons là pour eux et leur famille une fois leur service terminé.
Notre Budget supplémentaire des dépenses prévoit également 1 million de dollars pour l'édification de monuments commémoratifs dans les collectivités. Cela permettra au programme d'être reconduit pour un an. Ce programme avait été approuvé pour cinq ans en 2010 et a été prolongé d'un an pour couvrir le coût final des contributions afin d'appuyer la construction des nouveaux monuments déjà approuvés par le ministère.
Il y a également un transfert de 200 000 $ à Patrimoine canadien pour des fonds qui avaient été octroyés précédemment à ACC dans le cadre d'une initiative de commémoration; toutefois, comme cet argent n'a pas été nécessaire, nous le rendons.
En dernier lieu, il convient de mentionner une augmentation de 3,8 millions de dollars pour la contribution gouvernementale au régime d’avantages sociaux des employés, attribuable à une hausse des coûts relatifs au personnel.
Il est important de comprendre que le budget du ministère fluctue d'un exercice à l'autre en raison de la nature de ses programmes et de ses services, qui sont axés sur la demande. ACC revoit chaque année ses prévisions relatives à ses clients et à ses dépenses afin de s'assurer que tous les anciens combattants puissent recevoir les prestations auxquelles ils ont droit. Les dépenses, toutefois, ne sont engagées que pour les anciens combattants qui font une demande pour se prévaloir du programme ou du service.
Puisque les budgets des programmes d'ACC ne peuvent être utilisés que pour les fins auxquelles ils sont destinés, les fonds excédentaires ne peuvent être réaffectés ailleurs sans le consentement explicite du Conseil du Trésor. Ces fonds non utilisés ont souvent fait l'objet de critiques dans les médias ces dernières années; on nous a reproché de ne pas dépenser tout notre budget. Cette situation est principalement attribuable à la diminution de notre clientèle.
Par exemple, nous prévoyons une diminution nette d'environ 11 000 anciens combattants ayant servi en temps de guerre et survivants recevant des prestations d'Anciens Combattants Canada cette année. C'est ce qui explique principalement les fonds périmés.
Le Rapport sur les plans et priorités d'ACC 2016-2017 définit nos objectifs pour l'année à venir. Ces plans reposent sur trois principes fondamentaux : la bienveillance, la compassion et le respect.
Notre principale priorité est de fournir aux anciens combattants un service exceptionnel dès leur première prise de contact avec le ministère. Les anciens combattants seront au coeur de tout ce que nous faisons, de notre philosophie, de nos idées et de nos activités. Cela signifie que nous devons être proactifs et répondre aux besoins changeants des anciens combattants avec bienveillance, compassion et respect.
Ensuite, nous fournirons aux anciens combattants les services dont ils ont besoin, au moment et de la manière qui leur convient. Enfin, nous travaillerons en étroite collaboration avec le ministère de la Défense nationale pour faciliter la transition à la vie civile des membres des Forces armées canadiennes et veiller à leur bien-être.
En terminant, j'aimerais souligner que cette année, comme par les années passées, 90 % du budget d'ACC, ou 3,3 milliards de dollars, seront consacrés directement aux anciens combattants, à leur famille et aux autres Canadiens qui reçoivent des services d'ACC.
Merci, monsieur le président. Maureen et moi-même serons heureuses de répondre à vos questions au sujet du Budget supplémentaire des dépenses (C).
:
Toutefois, si je puis me permettre, nous offrons une indemnité d'invalidité. Nous avons une allocation pour perte de revenus, parce que si une personne est blessée et ne peut plus travailler, elle n'a plus de salaire.
Lorsque vous avez parlé d'une multiplication de programmes, sachez qu'un nouveau programme a été mis en oeuvre en mai dernier et avait été inscrit comme subvention dans le cadre du Budget supplémentaire des dépenses (A). Il s'agit de l'allocation de sécurité du revenu de retraite. Étant donné que ces prestations prenaient fin lorsque la personne atteignait 65 ans, on s'est demandé ce que ces gens allaient faire après l'âge de 65 ans et, après avoir examiné la question, on a déterminé qu'il devait y avoir une prestation au-delà de cet âge.
L'autre nouvelle prestation que vous avez probablement vue est l'indemnité pour blessure grave. L'an dernier, une personne a été blessée lors d'une explosion à l'étranger. Il arrive que des gens soient grièvement blessés et vivent une période extrêmement difficile. Ils peuvent être hospitalisés à l'étranger très longtemps et ensuite être rapatriés au Canada où ils ne sont toujours pas capables de fonctionner comme auparavant. Normalement, nos indemnités d'invalidité prennent fin lorsque l'état de la personne s'est stabilisé. Grâce aux miracles de la médecine moderne, la personne, qui était gravement blessée, va très bien aujourd'hui et est même retournée au travail. Toutefois, durant toute cette période d'hospitalisation et de souffrances, il n'y avait rien de prévu en guise de compensation pour cette personne et sa famille. L'indemnité pour blessure grave est donc un montant forfaitaire non imposable versé à cette fin.
Vous avez l'impression qu'il y a une multitude de prestations interreliées, et cela peut sembler être le cas à certains égards, mais il n'y avait aucune prestation pour remédier à cette situation particulière. Les prestations d'invalidité sont versées à la suite d'un événement. Une décision est prise, l'état s'est stabilisé, puis la prestation est fondée sur certaines... Par exemple, l'allocation pour perte de revenus est calculée en fonction des pertes de revenu de la personne et de sa capacité à gagner sa vie à l'avenir.
:
Je vous présente les choses ainsi. Oui, nous nous attendons à un déclin du nombre de 11 000 anciens combattants ayant servi en temps de guerre. Afin de faire une distinction quelconque, nous les appelons parfois nos vétérans de guerre traditionnels, par rapport à nos nouveaux ou plus récents anciens combattants. Il y a une différence d'âge entre les deux, c'est clair, et il y aura un déclin. Tristement, nous n'y pouvons rien.
En ce qui concerne notre capacité de répondre aux besoins à l'avenir, nous effectuons des prévisions. Nos prévisions sont plutôt généreuses afin de nous assurer que nous avons les crédits suffisants pour offrir des services à toutes les personnes admissibles qui en présentent la demande au ministère.
Lorsque nous parlons de fonds inutilisés, cela peut arriver, parce que nous n'avons pas le droit ou la capacité de changer les postes de dépenses prévus par le Parlement pour notre ministère.
Aurons-nous des crédits dans l'avenir? Revenons à notre budget principal des dépenses. Une fois que nous établissons nos prévisions, notre budget principal fixe, à compter de décembre de l'année précédente, ce que le gouvernement entend dépenser.
Bien évidemment, on ne peut tenir compte de tous les facteurs, et il faut donc rajuster le tir dans nos prévisions chaque année. Les Budgets supplémentaires (A), (B) et (C) sont les trois occasions dont nous disposons pour dire au gouvernement : « Vous avez pris de nouvelles décisions après décembre dernier, ou vous avez pris une décision dans le budget, ou vous avez pris une décision selon laquelle vous voulez que nous allions dans cette direction et que nous ajoutions un nouveau programme, ce qui fait que nous vous revenons pour demander les crédits supplémentaires dont nous avons besoin. » Nous avons la possibilité de revenir à la charge régulièrement, et nos prévisions indiquent les domaines dans lesquels nous nous attendons à une demande supplémentaire.
La nature de notre financement découle du fait que nos programmes sont quasi-obligatoires. Cela ne veut pas dire qu'ils sont obligatoires aux termes de la loi, mais plutôt que le budget est prévu et doit être versé. Nous devons nous adresser au Parlement en indiquant : « Voici le montant dont nous avons besoin ou qui est nécessaire aux fins de ces programmes. »
C'est tout de même formidable d'avoir un statut quasi-obligatoire, dans un sens. Nous sommes donc sensibles aux besoins, à la demande et aux acquis. Le gouvernement ne peut pas dire : « D'accord, mais nous n'allons pas vous donner les fonds nécessaires. » Les fonds sont quasi-obligatoires. Dès que nous avons besoin de fonds supplémentaires et qu'une personne admissible présente une demande, la personne a droit à ces services.
Nous avons l'habitude de dire que ce soit 10 ou 10 000 personnes qui présentent une demande, nous demandons les fonds nécessaires pour offrir les services. À l'avenir, si les gens nous arrivent avec un stress post-traumatique ou d'autres blessures qui ne se sont pas manifestées auparavant, ou s'ils ne voulaient pas se présenter lorsqu'ils ont quitté la vie militaire et ont attendu deux, trois, quatre ou dix ans avant de le faire, nous avons toujours la possibilité d'indiquer que nos besoins sont plus grands que prévus au début de l'exercice.