:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter avec vous de nos travaux d'audit relatifs à l'étude du Comité portant sur la prestation de services aux anciens combattants.
Je suis accompagné du directeur principal, Joe Martire, et de la directrice, Dawn Campbell, responsables des audits d'Anciens Combattants Canada, de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes.
À titre d'information pour les nouveaux membres, je vais expliquer brièvement le type d'audit que nous vous présentons aujourd'hui, c'est-à-dire l'audit de performance.
Lors d'un audit de performance, nous déterminons si les programmes gouvernementaux sont gérés de manière à accorder toute l'importance voulue à l'économie, à l'efficience et aux effets sur l'environnement. Nous examinons également si des moyens sont mis en place pour mesurer l'efficacité des programmes. Or, même si nous formulons des commentaires sur la mise en oeuvre d'une politique précise, nous ne faisons pas de commentaires sur le bien-fondé de la politique elle-même.
Depuis 2012, nous avons réalisé deux audits de performance portant sur certains services et avantages offerts aux vétérans. Anciens Combattants Canada a aussi fait partie d'un troisième audit qui examinait la prestation de services offerts en ligne par des organisations fédérales.
[Français]
À l'automne 2012, nous avons présenté un rapport sur la façon dont la Défense nationale et Anciens Combattants Canada géraient certains programmes, services et avantages pour aider les membres des Forces canadiennes et les vétérans malades ou blessés admissibles à faire la transition vers la vie civile. Nous n'avons pas vérifié si les membres des Forces canadiennes et les vétérans avaient bénéficié de tous les services et prestations auxquels ils avaient droit. Nous n'avons pas non plus examiné le caractère équitable des services et des avantages offerts par les ministères ou la qualité des traitements et des soins médicaux prodigués.
Il existe de nombreux programmes, avantages et services visant à aider les militaires malades ou blessés à faire la transition vers la vie civile. Toutefois, nous avons constaté que le processus pour comprendre le fonctionnement des programmes et la façon d'y accéder étaient souvent complexes, lents et difficiles.
Le manque d'information claire sur les programmes et les services offerts, la complexité des critères d'admissibilité et la dépendance à l'égard d'un système fondé sur les dossiers papier faisaient partie des difficultés exprimées par les clients et le personnel.
[Traduction]
Nous avons aussi constaté qu'il y avait des incohérences dans la façon dont les cas étaient gérés ainsi que des problèmes de partage de l'information entre les deux ministères. Cela veut dire que les membres des Forces canadiennes et les vétérans ne recevaient pas toujours, en temps opportun, des services et des avantages et parfois même qu'ils n'en recevaient pas du tout.
Nous avons constaté qu'il était nécessaire de renforcer le cadre interministériel de gouvernance mis en place pour coordonner, harmoniser et faire connaître les divers programmes, services et avantages offerts aux membres des Forces canadiennes et aux vétérans malades ou blessés.
La Défense nationale et Anciens Combattants Canada ont accepté nos 15 recommandations, y compris celle proposant de simplifier leurs processus pour améliorer l'accès aux programmes pour les membres des Forces canadiennes et les vétérans malades ou blessés.
Dans notre rapport de l'automne 2014, nous avons examiné les services de santé mentale offerts aux vétérans. En mars 2014, environ 15 000 vétérans étaient admissibles aux services de soutien en santé mentale d'Anciens Combattants Canada par l'entremise du Programme de prestations d'invalidité. La proportion de la clientèle du ministère ayant un trouble de santé mentale et recevant des prestations est passée de moins de 2 % en 2002 à près de 12 % en 2014.
[Français]
Notre audit avait pour objectif de déterminer si Anciens Combattants Canada avait facilité l'accès en temps opportun aux services et aux prestations auxquels ont droit les vétérans aux prises avec une maladie mentale. Nous avons vérifié si les décisions relatives à l'admissibilité avaient été prises par le ministère en temps opportun. Nous n'avons évalué ni le caractère approprié des décisions rendues ni la qualité des soins reçus.
Pour les vétérans admissibles, le ministère assume le coût de divers services en santé mentale que le régime provincial de soins de santé ne couvre pas. Ces services comprennent les soins psychologiques spécialisés, les traitements en établissement et certains médicaments d'ordonnance.
Nous avons constaté qu'Anciens Combattants Canada avait mis en place d'importants services de soutien en santé mentale. Il s'agit notamment de cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel, d'un service téléphonique 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, et du programme Soutien social; blessures de stress opérationnel. Cependant, le ministère n'en faisait pas assez pour faciliter aux vétérans l'accès, en temps opportun, aux prestations et aux services en santé mentale.
Le programme de réadaptation donne accès à des services de soutien en santé mentale aux vétérans qui éprouvent des difficultés à se réinsérer dans la vie civile. Les conditions d'admissibilité à ce programme sont moins contraignantes que celles du programme de prestations d'invalidité. Toutefois, les traitements et les prestations prennent fin lorsque le vétéran termine le programme. Nous avons constaté qu'Anciens Combattants Canada respectait ces normes de services régissant l'accès, en temps opportun, aux services de santé mentale offerts dans le cadre du programme de réadaptation.
[Traduction]
Le Programme de prestations d'invalidité donne accès à des prestations à vie. Pour y être admissibles, les vétérans doivent fournir la preuve qu'ils sont aux prises avec un trouble de santé mentale chronique qui a été causé ou aggravé par le service militaire.
Nous avons constaté que, selon la perspective des vétérans, environ 20 % d'entre eux avaient dû attendre plus de huit mois, à partir du premier contact, pour que le ministère confirme leur admissibilité à des services spécialisés en santé mentale payés par le ministère.
En 2012, nous avons constaté que la complexité du processus de demande, les retards pour obtenir des dossiers médicaux de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes, et les longs temps d'attente avant de pouvoir consulter un professionnel en soins de santé mentale dans les cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel continuaient de faire partie des facteurs qui ralentissaient la prise de décisions relatives à l'admissibilité au soutien offert par le Programme de prestations d'invalidité.
En outre, nous avons remarqué que 65 % des vétérans qui ont contesté la décision relative à leur admissibilité aux prestations d'invalidité avaient obtenu une décision favorable. Anciens Combattants Canada savait que la plupart des révisions et des appels favorables étaient fondés sur de nouveaux renseignements ou témoignages. Or, le ministère n'a pas analysé comment le processus pourrait être amélioré afin d'obtenir ces renseignements avant de rendre sa décision à la suite de la première demande.
Monsieur le président, Anciens Combattants Canada a accepté nos recommandations et, après le dépôt de notre rapport, a dressé un plan d'action assorti d'échéances pour la mise en oeuvre, allant de décembre 2014 à mars 2016.
[Français]
Enfin, à l'automne 2013, nous avons déterminé si les services offerts en ligne par certaines organisations fédérales, notamment Anciens Combattants Canada, étaient axés sur les clients et ancrés dans des stratégies de prestation de services qui présentent des avantages définis et mesurés. Nous n'avons pas audité les normes de service.
Nous avons constaté que le gouvernement avait mis en place des services qui permettaient aux Canadiens d'accéder de façon sécuritaire aux services en ligne offerts par les ministères. Toutefois, il fallait plusieurs étapes pour d'abord créer un compte sécurisé, puis pour s'inscrire à des programmes. Par exemple, un vétéran à la retraite qui veut consulter ses prestations et déclarer ses impôts en ligne doit d'abord créer un compte sécurisé, puis accomplir différentes démarches pour s'inscrire auprès de Ressources humaines et Développement des compétences Canada, d'Anciens Combattants Canada et de l'Agence du revenu du Canada.
Même si cette personne peut accéder immédiatement à son compte d'Anciens Combattants Canada, elle doit compter de 5 à 10 jours avant de recevoir par la poste les codes de sécurité de Service Canada et de l'ARC.
[Traduction]
Monsieur le président, nous espérons que les constatations contenues dans ces rapports d'audit seront utiles à l'étude menée par le Comité. Je dois toutefois préciser que nous n'avons pas effectué d'autres travaux d'audit depuis le dépôt de nos rapports au Parlement. Nous ne pouvons donc pas formuler de commentaires sur les progrès accomplis par les ministères depuis. Nous encourageons votre comité à demander aux responsables des ministères de l'information sur l'état d'avancement de la mise en oeuvre de nos recommandations.
En dernier lieu, le Comité serait peut-être intéressé d'apprendre que le 3 mai, nous déposerons un rapport au Parlement sur le programme de prestations pharmaceutiques offert par Anciens Combattants Canada.
Voilà qui conclut ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le vérificateur général, madame Campbell et monsieur Martire, bienvenue au Comité. Je suis content de vous voir ici aujourd'hui.
Je vais faire un préambule à ma première question.
J'aimerais revenir sur ce que mon collègue M. Eyolfson a souligné plus tôt. Il avait le sentiment qu'on considérait d'emblée que les individus qui soumettaient des demandes faisaient un peu semblant, puisqu'ils devaient prouver leur histoire s'ils voulaient recevoir des services, des prestations ou des allocations particulières d'Anciens Combattants Canada.
Monsieur le vérificateur général, les membres des forces armées subissent une pression extrême tous les jours. C'est un milieu où l'on doit constamment faire ses preuves auprès de ses pairs et de ses supérieurs. En un sens, c'est tout à fait normal, puisque le gouvernement demande aux Forces armées canadiennes d'accomplir des missions malgré des ressources parfois défaillantes. De plus, les officiers supérieurs de l'armée doivent demander à leurs membres de répondre à cette demande.
Voici ce que, à mon avis, les militaires trouvent difficile. La culture selon laquelle les militaires doivent continuellement faire leurs preuves se perpétue, en quelque sorte, lorsqu'ils font affaire avec le ministère des Anciens Combattants. Ils doivent notamment faire des recherches pour avoir accès à leurs documents afin de prouver qu'ils ont bel et bien une blessure liée à leur service. Je ne sais pas si c'est vrai, mais d'après ce qu'on m'a dit, aux États-Unis, le fardeau de la preuve relève du ministère des anciens combattants, et non de l'ancien combattant lui-même. M. Eyolfson en a d'ailleurs parlé plus tôt.
Ma question est simple. Dans votre audit, avez-vous pris connaissance du système du fardeau de la preuve aux États-Unis? Si c'est le cas, qu'est-ce que vous avez découvert? Si vous n'en avez pas pris connaissance, que pensez-vous, dans l'immédiat, du fardeau de la preuve?
Je vous remercie infiniment d'être ici aujourd'hui.
Lorsque j'examine votre rapport de 2014 de même que le 12e point de votre mémoire, je constate que vous mettez l'accent sur l'accès en temps opportun ainsi que la prise de décisions en temps opportun. Vous dites que vous n'avez pas évalué le caractère approprié des décisions rendues ni la qualité des soins reçus. C'est sur une page de vos remarques de ce matin.
La grande question qui se pose consiste à savoir s'il serait bien, d'après vous, que notre Comité recommande que les éléments que vous n'aviez pas examinés fassent l'objet d'une vérification.
Étant donné qu'aucun membre de ma famille n'est dans l'armée, je commence à comprendre la culture et la réalité du milieu lorsque je regarde le mandat, qui vise à améliorer la continuité des services entre le MDN et ACC. La situation ressemble beaucoup à celle des athlètes professionnels, d'une certaine façon, qui doivent représenter l'équipe et travailler en équipe malgré les circonstances.
Je pense que c'est bien souvent pour cette raison que certains attendent autant avant de demander de l'aide pour leur trouble mental, ou bien qu'ils prennent aussi longtemps avant de reconnaître leur besoin d'aide.
On se demande constamment s'il faudrait faire davantage de prévention et de sensibilisation afin de préparer nos militaires à composer avec les troubles de santé mentale qui peuvent survenir lorsqu'ils sont en situation de combat direct.
Il y a des années, alors que je faisais de la plongée sous-marine, je me suis trouvée en très mauvaise posture dans les profondeurs, et j'ai survécu. J'y pense encore aujourd'hui. Pourtant, ce n'était rien comparativement à ce qu'ont vécu nos anciens combattants sur le champ de bataille. Nous savons que les parachutistes auront des problèmes aux genoux. Ne pourrions-nous pas tenir pour acquis que ceux qui tombent sur une mine, qui voient leurs amis mourir ou qui sont grièvement blessés ont besoin d'aide? Existe-t-il une aide préventive? À mes yeux, il s'agit là d'un des plus grands obstacles à la réussite de la transition à la vie civile.
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Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui pour vous parler du réseau de cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel, ou TSO.
Je suis la Dre Cyd Courchesne, directrice générale des professionnels de la santé et agente médicale du ministère des Anciens Combattants, ou ACC. J'occupe ces fonctions depuis octobre 2014, après avoir passé 30 années aux Services de santé des Forces canadiennes.
Je suis accompagnée aujourd'hui de M. Michel Doiron — que vous connaissez —, sous-ministre adjoint de la Prestation des services, qui est aussi mon patron. Nous sommes en compagnie de M. Joel Fillion, notre nouveau directeur de la santé mentale. Il est assis à l'arrière. Il est arrivé à l'organisation il y a quelques mois seulement, et il est encore en train de s'orienter au sein du ministère. Nous voulions que vous le rencontriez, mais nous avons cru bon lui éviter... Et comme il a été mentionné, nous sommes aussi accompagnés du Dr David Ross, gestionnaire et coordonnateur clinique national du réseau des cliniques TSO.
Le réseau des cliniques TSO que nous vous présentons aujourd'hui est le fruit de 15 années de création et de collaboration avec nos partenaires. Il est entièrement financé par le ministère, mais pleinement exploité par nos partenaires provinciaux. Je suis d'avis qu'il s'agit d'un modèle exemplaire de partenariat fédéral-provincial.
[Français]
Avec nos partenaires de la Défense nationale, nous avons cumulé 20 ans d'expérience dans l'évaluation et le traitement des blessures liées au stress opérationnel. Nous nous sommes penchés plus précisément sur le syndrome de stress post-traumatique chez les militaires, les vétérans et les premiers répondants, tels les membres de la Gendarmerie royale du Canada. Je vous dis avec confiance qu'aucun autre organisme au Canada n'a plus d'expérience que nous dans ce domaine. Quand je dis « nous », je renvoie à nos partenaires militaires et provinciaux, et à nous, au fédéral, au ministère des Anciens Combattants. Nous avons travaillé avec acharnement et dévouement durant toutes ces années afin de perfectionner nos connaissances et nos modalités de traitement, de faire de la recherche, d'innover et de mesurer nos résultats.
[Traduction]
Par contre, le travail n'est jamais terminé. Il y a toujours des choses à améliorer et à apprendre, et nous continuons à améliorer et accroître notre capacité.
La semaine dernière seulement, M. Fillion et moi avons eu le privilège d'être invités à l'Université de Waterloo à l'occasion du lancement d'un nouveau service de TSO au centre de recherche en santé mentale de la faculté de psychologie. En collaboration avec la Clinique TSO Parkwood de London, en Ontario, le service forme des candidats au doctorat et des résidents en psychologie clinique dans l'évaluation des TSO.
C'est une occasion importante, car même si nous avons été très présents dans le domaine de la santé au Canada, nous commençons désormais à toucher le milieu de l'éducation, de sorte que les cliniciens de demain nous arriveront déjà formés sur les troubles de santé mentale des militaires et des anciens combattants, et plus particulièrement dans l'évaluation des TSO.
Je dirais que la grande force de notre réseau, ce sont les partenariats. On dit qu'une chaîne n’est jamais plus solide que son maillon le plus faible, mais nous avons travaillé au fil des ans à maintenir et à renforcer nos partenariats, au point où un observateur pourrait penser à tort que nous possédons ces cliniques, alors que ce n'est pas le cas. De l'extérieur, cela semble être un tout très solide et performant, et c'est le cas.
[Français]
Les partenariats complémentaires que nous avons développés au cours des années constituent une autre force de notre réseau. Notre stratégie en santé mentale est guidée et formulée à partir de l'information que la Direction de la recherche d'Anciens Combattants Canada nous fournit, particulièrement les informations et les données révélées par l'étude sur la vie après le service, qui sont d'une utilité et d'une richesse inégalables. Toutes les informations issues de la recherche qui nous parvient de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, qui comprend un réseau de plus de 40 instituts d'enseignement, sont inestimables pour la croissance de notre réseau, tout autant que notre étroite collaboration avec nos collègues des Forces canadiennes. Soulignons particulièrement le Centre d’excellence national en matière de santé mentale chez les militaires et les vétérans ainsi que la Chaire de recherche en santé mentale chez les militaires, qui ont été mis sur pied en collaboration avec l'Hôpital Royal Ottawa.
[Traduction]
Je vais m'arrêter ici.
Je tiens à souligner que nous avons lancé tout récemment, soit en janvier, une nouvelle direction des services de santé mentale, qui englobe toutes nos ressources en matière de santé mentale. Désormais, elles relèvent toutes directement de moi, sous la supervision de M. Fillion. Plus tard cette année, nous accueillerons notre propre chef psychiatre, un ancien psychiatre militaire doté d'une grande expérience des TSO et de l'état de stress post-traumatique, ou ESPT.
Merci.
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Je vais commencer, et si mes collègues veulent ajouter quelque chose, ils pourront le faire.
En ce qui a trait aux expertises médicales, pour notre part, nous faisons les évaluations, nous posons les diagnostics et nous dispensons des traitements. Ceux qui se présentent au Tribunal sont des gens qui ne sont pas nécessairement d'accord sur l'évaluation ou sur le diagnostic qui a été posé soit par des médecins des Forces canadiennes, soit par les médecins d'Anciens Combattants Canada qui font les évaluations ou encore par ceux qui pratiquent dans nos cliniques TSO.
Si nous fournissions en plus une expertise médicale, nous serions en conflit d'intérêts, en ce sens que nous serions en opposition avec le vétéran. Dans de tels cas, les gens doivent obtenir une expertise à l'extérieur des Forces canadiennes et d'Anciens Combattants Canada. Ils se fient alors aux expertises fournies par le système de santé canadien.
Le ministère fournit de l'aide juridique aux vétérans, mais ne leur offre pas d'aide médicale, parce qu'il s'agirait alors des mêmes médecins, et que ces derniers se retrouveraient en conflit d'intérêts du fait qu'ils auraient posé des diagnostics, mais qu'ils devraient aussi témoigner en faveur de leurs clients.
Il y a probablement un manque de ressources pour ce qui est des expertises. Personne ne peut obliger un psychiatre, un spécialiste, à fournir une expertise. Cette situation problématique est connue et elle est difficile.
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C'est une excellente question.
C'est intéressant. Je vous remercie de poser la question, car il arrive trop souvent dans le domaine de la santé mentale de tenir compte du rendement, mais pas des résultats. Nous calculons le nombre de hamburgers que nous vendons, mais nous ne nous demandons pas s'ils sont comestibles.
Nous avons concentré nos efforts sur la création d'un outil pour faire le suivi des résultats signalés par les anciens combattants. Nous avons en place un système national hébergé sur un serveur, qui permet aux anciens combattants de répondre à quelques brefs questionnaires avant de se rendre à une séance. Les données se retrouvent sur un serveur protégé, elles sont notées, les résultats sont analysés, un rapport est produit et ce rapport est prêt à être consulté au moment où l'ancien combattant arrive à la clinique. Ce système s'appelle le SSRSC. Il se sert de mesures courantes de l'industrie pour faire le suivi du bien-être général des anciens combattants, mais il peut également faire le suivi de résultats précis liés à des problèmes de santé primaires ayant été diagnostiqués, comme le trouble de stress post-traumatique ou la dépression majeure.
Pour ce qui est des résultats, c'est une de nos principales mesures, mais ce n'est pas la seule. Bien entendu, nous examinons les autres aspects concernés : la satisfaction sociale et professionnelle ainsi que le bien-être sur le plan médical. C'est la raison pour laquelle le personnel des cliniques est divisé en équipes interdisciplinaires, pour que tout le monde fasse l'évaluation. Les membres de l'équipe se réunissent et examinent le patient de la manière la plus équilibrée possible. À mesure que nous intervenons, nous nous efforçons d'évaluer les résultats de façon itérative, pour que nous puissions prendre des décisions en temps réel et adapter les traitements afin qu'ils soient véritablement personnalisés.
C'est très important, car les gens ont tendance à parler beaucoup des pratiques exemplaires, mais les données à cet égard s'appuient toutes sur des résultats de groupe. En réalité, il faut toujours adapter les pratiques exemplaires aux besoins particuliers du patient. La meilleure façon de s'y prendre est d'examiner ses signes vitaux, comme on le fait en médecine, par exemple en prenant la tension artérielle ou la température corporelle.
Nous sommes le seul réseau qui procède ainsi. Je crois que le ministère de la Défense nationale se prépare à en faire autant à sa façon. En fait, nous faisons un suivi précis en temps réel et nous communiquons les résultats de concert avec les anciens combattants.
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Je vais commencer pour ensuite donner la parole à M. Courchesne.
Je pense que cela s'explique d'abord par les 32 semaines dont le Bureau du vérificateur général a parlé. Nous devons reconnaître que, au cours des 16 premières semaines, beaucoup de choses dépendent du temps nécessaire. Cette période de 16 semaines fait l'objet d'une certaine interprétation. Il va sans dire qu'il s'écoule un laps de temps avant que nous recevions une demande dûment remplie et avant qu'elle soit saisie dans le système. Nous avons eu de nombreuses discussions avec le Bureau du vérificateur général au sujet de la période de 16 semaines. Certaines des données étaient recueillies tout au début, lors du premier appel téléphonique. Il est difficile de créer une demande à la suite d'un seul appel téléphonique.
Nous reconnaissons toutefois que c'est long, que nous devons simplifier les choses. Depuis le dépôt du rapport du vérificateur général, nous avons accéléré le traitement des demandes de prestations d'invalidité, notamment en santé mentale — comme nous parlons de santé mentale, je vais m'en tenir précisément à cela.
S'ils ont reçu un diagnostic, qu'ils s'adressent à nous et qu'ils ont servi dans l'armée, surtout dans des zones de service spécial, ils appartiennent alors au club. Pour vraiment diminuer... Qu'il s'agisse de 32 ou de 16 semaines, ce n'est pas important pour moi à ce stade-ci. Ce qui importe, c'est d'en réduire le nombre. Ils ont des recours pendant cette période d'attente. N'oublions pas que nous avons un numéro 1-800. Nous donnons aux anciens combattants 20 séances avec un psychiatre ou un psychologue, la première dans les 24 à 72 heures. Nous payons ces séances. Aucun processus d'évaluation n'est engagé.
Tant qu'il s'agit d'anciens combattants ou de membres de leurs familles, nous assumons les frais. Il n'y a aucune période d'attente. Il s'agit de composer le numéro. Quelqu'un a fait allusion plus tôt à la ligne d'urgence. Si vous avez besoin d'aide, nous allons vous en donner. Nous vous prodiguerons des soins de santé mentale. Je conviens que ce n'est pas la clinique de traitement des TSO, mais ils peuvent au moins recevoir un soutien immédiat, en attendant que beaucoup de ces questions soient réglées. Nous payons. Il n'y a aucun frais. Le service est offert par Santé Canada. Ma direction générale reçoit directement la facture et s'en occupe.
Je vais donner la parole à M. Courchesne ou à M. Ross.
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Je peux probablement répondre à toutes ces questions.
Tout d'abord, pour ce qui est des premières demandes, le taux d'approbation n'est plus de 63 %, mais de 83,3 %. C'est une hausse de 20 points de pourcentage.
Je dois revenir en arrière pour répondre à certains aspects de la question.
Dans l'armée — et je pense que beaucoup de monde ici en a parlé, notamment M. Clarke —, lorsqu'on sert avec un groupe de soldats, il y a une convention qui consiste à ne pas remplir le fameux formulaire — quelque chose 98 —, qui dit que l'on est blessé. Ce formulaire ne se trouve donc pas dans le dossier médical parce que le militaire veut être un membre utile de son équipe et soutenir ses partenaires et ses collègues. Je pense que M. Clarke en a parlé beaucoup plus tôt.
Conformément au libellé de nos textes législatifs, il y a deux ou trois ans, nous aurions essayé de prouver qu'un militaire est blessé, ce qui nécessitait de passer en revue plus de 500, 600 ou 700 pages de dossiers médicaux pour tenter d'établir à quel moment il s'est blessé au genou et de déterminer s'il a rempli un formulaire qui en témoigne.
Les cas de blessures graves ne posent plus de problème, car ces blessures figurent dans un dossier médical. Le problème concerne plutôt les blessures qui sont subies au fil du temps, et nous avons donc entrepris un examen. À vrai dire, nous avons commencé avant le dépôt du rapport du vérificateur général, mais nous avons déployé beaucoup d'efforts par la suite pour que... Un employé du Bureau du vérificateur général a parlé du fardeau de la preuve, de le faire porter par le ministère plutôt que par l'ancien combattant, en ce sens que, pour une blessure... Je ne parle pas de maladie, comme je crois l'avoir fait la dernière fois. Je parle bien de blessures. C'est un peu plus complexe pour ce qui est des maladies.
Un technicien en recherche et sauvetage qui saute d'hélicoptères et d'avions depuis 30 ans a un nombre incalculable de sauts à son actif. Il a forcément les genoux mal en point, mal au dos ou un autre problème. Nous avons donc beaucoup travaillé avec l'institut de recherche qui se trouve à l'établissement militaire pour pouvoir dire à quoi les blessures sont attribuables. Est-ce inévitable? Ceux qui se présentent doivent avoir reçu un diagnostic. C'est encore nécessaire. Un médecin doit dire que les genoux du technicien sont mal en point.
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Il y en a un à Edmonton, à Calgary et à Vancouver.
J’aime la Saskatchewan. Mon conjoint est originaire d’Humboldt, en Saskatchewan. Je connais la province.
Les cliniques ont été installées près des grandes bases, comme Valcartier et Edmonton, près des cliniques des Forces canadiennes, de façon à accueillir les militaires qui quittent les forces. C’est ce qui a guidé le choix des emplacements à l’époque. Il y a une base d’entraînement, à Moose Jaw, où l’on trouve des militaires plutôt jeunes qui désirent devenir pilotes de chasse, mais ils ne représentent pas une masse critique. Ce n’est pas parce que nous n’aimons pas la Saskatchewan ou que nous l’avons oubliée. À l’époque, les décisions ont été prises en fonction de la masse critique.
Dans le cadre de nos recherches, nous tentons de déterminer où sont les vétérans et quels sont les besoins. Je ne veux pas vous donner l’impression que j’aimerais qu’il y ait plus de cliniques de santé mentale. À mon avis, sauf en Saskatchewan, et nous étudierons cette possibilité…
Des voix: Oh, oh!
Dre Cyd Courchesne: Nous devons élargir les installations que nous avons déjà, car elles servent déjà une masse critique et l’expertise nécessaire s’y trouve déjà. Elles fonctionnent bien. C’est ce que… le but serait d’élargir les cliniques actuelles, pas d’en ajouter.
Mme Cathay Watantall: D'accord.