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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je suis ravie d'être ici aujourd'hui.
L'Institut Vanier de la famille est un organisme de bienfaisance national indépendant qui s'emploie à favoriser une meilleure compréhension de la diversité et de la complexité des familles canadiennes ainsi que de leur réalité quotidienne.
Nous sommes une ressource nationale accessible à quiconque s'intéresse aux familles canadiennes ou a un rôle à jouer auprès d'elles.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas bien notre institut, disons qu'il a été fondé il y a 50 ans par le général et très honorable Georges P. Vanier et son épouse Pauline. Leurs Excellences ont mis sur pied cet institut pour étudier la situation de tous les types de familles au Canada. Comme M. Vanier était un époux et un père de famille en même temps qu'un officier et un commandant en chef blessé au combat, nous honorons sa mémoire au moyen de notre Initiative pour les familles des militaires et des vétérans.
Notre institut cherche à mieux comprendre les familles de telle sorte que tous les Canadiens aient une meilleure idée de la manière dont elles interagissent avec les forces sociales, économiques, environnementales et culturelles, et influent sur ces différentes forces.
Pour accomplir cette mission, nous misons sur la recherche, les publications, les projets, les conférences, les partenariats et la collaboration ainsi que, bien évidemment dans le monde d'aujourd'hui, les réseaux et les médias sociaux.
Je suis ici aujourd'hui pour vous parler de l'Initiative pour les familles des militaires et des vétérans. Je veux vous faire part de ce que nous avons pu entendre lors de nos discussions avec des anciens combattants, des organisations qui les représentent, des familles et des organismes de soutien aux familles. Je veux également inciter tous ceux qui étudient les familles ou leur offrent des services et du soutien à intégrer un volet pour les familles des militaires et des anciens combattants à tous leurs programmes et services.
Voici d'abord quelques précisions au sujet de l'Initiative pour les familles des militaires et des vétérans. Elle a été lancée il y a environ cinq ans, soit à la suite d'une table ronde que j'ai eu l'honneur d'organiser avec le gouverneur général, le très honorable David Johnston et son épouse Sharon, et qui réunissait différents experts des questions familiales d'un peu partout au pays, dont un représentant du milieu militaire. Parmi tous les distingués participants à cette table ronde, chacun en connaissait un peu sur les différents aspects touchant la famille. Chacun savait un peu à quoi s'en tenir au sujet des familles de réfugiés, des familles autochtones, des familles de nouveaux arrivants au Canada, etc. Aucun participant ne savait toutefois vraiment à quoi pouvait ressembler la vie des familles des militaires ou des anciens combattants. Nous avions convoqué l'élite des experts canadiens et personne n'était conscient de ce que doivent vivre ces familles. Cette initiative s'est ensuite concrétisée avec une série de discussions en table ronde qui ont abouti à une conférence sur les familles des militaires et des anciens combattants.
L'Initiative vise à mieux comprendre les familles des militaires et des anciens combattants, leur réalité unique, leurs perspectives et leur apport particulier. Nous avons voulu concerter les efforts de ceux qui offrent des services exclusivement, ou principalement, aux familles de militaires et d'anciens combattants, et des organismes qui desservent peut-être ces mêmes familles sans le savoir.
L'Initiative vise quatre grands objectifs, à savoir sensibiliser les gens, accroître les compétences en la matière, bâtir une capacité organisationnelle et créer une communauté d'intérêts. Peu importe l'endroit où elles vivent — et nous savons qu'on peut en trouver dans toutes les collectivités, d'un océan à l'autre — les familles de militaires et d'anciens combattants qui s'adresseront à un organisme pour obtenir un service, qu'il s'agisse d'éducation, de santé, de santé mentale ou de loisirs, pourront parler à quelqu'un qui possède tout au moins une connaissance de base de leur vécu et de leurs perspectives.
Ces familles bénéficieront ainsi d'un accès équitable aux services, sans égard à leur lieu de résidence, ce qui est le grand objectif visé.
Au cours des cinq dernières années, nous nous sommes employés tout particulièrement à sensibiliser les intervenants en les aidant à mieux comprendre la réalité militaire. Nous voulons que chaque fournisseur de services communautaires, chaque enseignant, chaque directeur d'école, chaque conseiller en orientation et chaque intervenant en santé mentale ait tout au moins une idée de ce qu'est la vie des familles des militaires et des anciens combattants — ne serait-ce que pour le jargon — afin de mieux comprendre le vécu de ces familles.
Nous avons aussi aidé les différents organismes à se doter des capacités voulues pour pouvoir cerner les besoins des familles des militaires et des anciens combattants et leur offrir le soutien nécessaire.
Nous avons en outre veillé à favoriser l'acquisition des compétences professionnelles requises que ce soit pour l'éducation de la petite enfance, l'enseignement ou les services de santé mentale.
Nous nous apprêtons à lancer un tout nouveau programme qui vise expressément à sensibiliser les médecins de famille dans tout le pays. Le lancement se fera en novembre en Colombie-Britannique.
Nous cherchons de plus à instaurer un esprit de communauté. Nous voulons que tous les professionnels et toutes les organisations sachent bien qu'ils font partie d'une communauté de pairs où ils pourront trouver de l'aide au besoin. Ainsi, une famille, un ancien combattant ou une famille de militaires en quête de services ou de soutien peut obtenir une réponse et de l'aide sans tarder, plutôt que de devoir attendre ou d'être aiguillé vers une autre ressource et avoir à patienter encore plus longtemps. Tous les intervenants pourront répondre aux besoins de ces familles.
La création du Cercle canadien du leadership pour les familles des militaires et des vétérans est l'une des grandes réalisations dans le cadre de cette initiative. Mis sur pied il y a environ deux ans, ce cercle regroupe maintenant 35 organisations membres des secteurs privé, public et sans but lucratif. Comme vous pouvez vous l'imaginer, nous comptons parmi ces membres certaines organisations représentant les militaires et les anciens combattants, comme la Légion et les organismes offrant des services aux anciens combattants.
Le Cercle du leadership se distingue notamment du fait qu'il inclut des organisations comme la Fédération canadienne des services de garde à l'enfance. Comme toutes les autres familles canadiennes, celle d'un militaire qui accueille un nouvel enfant va vouloir se prévaloir des services de garde offerts dans la communauté. Nous collaborons avec des organisations comme celles-là pour veiller à ce qu'elles aient tout au moins une petite idée du vécu des familles des militaires et des anciens combattants.
Le Cercle du leadership s'est réuni pour la toute première fois en 2015, ce qui nous a permis de commencer à lier des relations de collaboration, de coopération et de partenariat entre les différentes organisations. L'initiative a notamment contribué à réduire le dédoublement des efforts et à établir une meilleure collaboration de telle sorte qu'une famille puisse passer facilement d'un programme à un autre. Nous avons ainsi vu certains organismes mettre en commun leurs ressources pour travailler plus efficacement ensemble que séparément.
Le chef du personnel militaire a été le cofondateur et le coprésident du Cercle du leadership. Par la suite, le commandant du Commandement du personnel militaire, le sous-ministre d'ACC et le président de l'Institut Vanier ont pris la relève.
Le Cercle du leadership a pour objectif de renforcer le soutien offert collectivement aux familles de militaires et d'anciens combattants grâce à la mobilisation des connaissances, à l'établissement de relations, et à la coordination des services existants, des projets émergents et des programmes. Nous voulons nous assurer que l'on s'appuie sur des éléments probants pour guider l'évolution et l'élaboration des programmes. Nous mettons en parallèle les résultats des recherches universitaires et des évaluations de programme pour veiller à ce que tous aient accès à des services de grande qualité conçus sur la base de données probantes.
En misant ainsi sur les compétences, les talents et l'expertise des principaux chefs de file communautaires, nous poursuivons nos efforts pour sensibiliser les gens, accroître les capacités et les compétences, et instaurer un esprit de communauté.
À l'amorce de cette collaboration, nous voulons que tous comprennent bien les expériences vécues par les familles d'anciens combattants et les réalités avec lesquelles elles ont dû composer dans leur passé militaire et pendant la transition. Nous souhaitons que les professionnels de tout le pays puissent comprendre ce qu'ont vécu les familles de militaires exposées à la mobilité, aux séparations et au risque, et ce qui attend les anciens combattants qui doivent réussir leur transition.
Nous estimons être en mesure d'en accomplir davantage et d'élargir la portée de nos interventions si nous conjuguons nos efforts. Anciens Combattants Canada et le gouvernement n'ont pas à tout faire seuls. Nous nous efforçons d'abattre les barrières entre les organisations, d'adopter une perspective plus générale et de mobiliser le soutien communautaire dans l'ensemble du pays.
Nos membres sont aussi passionnés que diversifiés. Nous découvrons sans cesse de nouveaux liens et de nouvelles interdépendances entre intervenants, fournisseurs de services et membres des familles. Ce sont les relations qui importent d'abord et avant tout, et nous espérons bien pouvoir les consolider encore davantage.
En plus de nos relations avec des organisations comme VETS, nous avons été en mesure de nouer des liens de plus en plus étroits avec différents intervenants dont les conseillers en orientation, les professionnels en réadaptation et réinsertion, les ergothérapeutes et les physiothérapeutes un peu partout au pays.
Le Cercle du leadership a notamment permis de produire un recueil sous la forme d'un document numérique perpétuel. Nous alimentons sans cesse ce recueil qui résume les différents partenariats déjà établis au Canada. La prochaine rencontre aura lieu en janvier, et il faut prévoir de nouveaux ajouts.
Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour vous appuyer dans la poursuite de votre travail. Nous continuerons à collaborer avec différentes organisations qui partagent les mêmes intérêts et les mêmes mandats, y compris celles qui oeuvrent aux États-Unis, en Australie et au Royaume-Uni.
Tant pour vous que pour les autres organisations au Canada, nous sommes une ressource accessible. Nous vous invitons à nous accompagner dans nos efforts constants pour veiller à ce que les familles des militaires et des anciens combattants aient accès aux services dont elles ont besoin.
Merci.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui.
Je suis ravie de pouvoir vous parler de la prestation des services, un sujet de toute première importance.
Je m'appelle Debbie Lowther et je suis présidente et cofondatrice de VETS Canada, Veterans Emergency Transitions Services. Je suis également l'épouse d'un ancien combattant qui a été libéré pour des raisons médicales en 2005 après 15 années de service militaire. Mon mari et moi avons fondé VETS Canada en 2010.
VETS Canada a pour objectif de fournir de l'aide aux anciens combattants qui vivent une période de crise, sont sans-abri ou risquent de le devenir.
À la différence des autres organismes, nous n'attendons pas que les anciens combattants viennent à nous pour nous demander de l'aide. Nous partons plutôt à leur recherche pour leur offrir de l'assistance. Notre organisme mise sur le bénévolat. Dans chaque province et chaque grande ville du pays, nous avons des équipes de bénévoles qui parcourent les rues. Ils visitent les refuges, les centres d'accueil et tous ces endroits que peuvent fréquenter les anciens combattants pouvant avoir besoin d'aide.
Nous répondons également aux signalements faits par des refuges, des proches inquiets et d'autres organisations, dont Anciens Combattants Canada. En 2014, le gouvernement fédéral nous a octroyé un contrat à titre de fournisseurs de services à Anciens Combattants Canada pour nos activités de rayonnement à l'intention des anciens combattants en période de crise ou sans-abri. Nous avons actuellement le privilège d'offrir des services à plus de 1 200 anciens combattants au Canada.
Dès que nous entrons en contact avec un ancien combattant pouvant avoir besoin d'aide, nous le mettons en relation avec Anciens Combattants Canada, car nous voulons nous assurer qu'il obtient tous les services et toutes les prestations auxquels il peut avoir droit.
Vous pouvez donc en déduire que nous avons des communications très fréquentes avec le ministère, que ce soit au nom des anciens combattants ou à leur côté, car certains peuvent trouver le processus très intimidant. Nos bénévoles agissent alors comme médiateurs ou accompagnateurs, selon la situation.
Que pouvons-nous constater dans le contexte de ces interactions fréquentes avec le ministère? Nous constatons qu'il y a eu beaucoup d'améliorations apportées au sein du ministère au cours des dernières années. Nous pouvons voir aussi qu'il y a encore des choses à améliorer.
Au cours des dernières années, le ministère a réduit le nombre de formulaires à remplir pour qu'un ancien combattant puisse obtenir des prestations et des services, et nous sommes ravis de ce changement. Le ministère s'emploie en outre à raccourcir les délais de traitement des demandes pour les prestations d'invalidité. L'objectif est fixé à 16 semaines. D'après ce que nous avons pu observer, la majorité des anciens combattants auxquels nous venons en aide peuvent recevoir leurs prestations dans les limites de ce délai. Pour une raison ou une autre, les dossiers que nous traitons sont devenus de plus en plus complexes au cours de la dernière année, ce qui fait que le temps de réponse s'est accru en conséquence.
Au cours des six derniers mois, nous avons pu travailler avec quelques-uns des nouveaux gestionnaires de cas embauchés par Anciens Combattants Canada. Nous avons ainsi noté que nos anciens combattants peuvent recevoir une réponse plus facilement de leurs gestionnaires de cas qui ont maintenant une charge de travail moins lourde. Alors qu'ils devaient attendre auparavant de 48 à 72 heures avant d'avoir des nouvelles d'un gestionnaire de cas, nous notons maintenant qu'on les rappelle en moins de 48 heures, voire dans les 24 heures dans certains cas. Nous estimons donc que l'embauche de gestionnaires de cas supplémentaires a été une très bonne chose.
On peut constater un manque d'uniformité quant aux informations au sujet des prestations qui sont communiquées aux anciens combattants. La plupart du temps, les gestionnaires de cas offrent une aide précieuse en transmettant d'emblée toutes les informations nécessaires au sujet des prestations et des services. Il arrive toutefois que des anciens combattants n'obtiennent pas ces informations et ignorent ainsi les avantages auxquels ils ont droit du simple fait qu'ils ne savent pas quelles questions poser. Imaginez à quel point il peut être complexe pour un ancien combattant aux prises avec des troubles de stress post-traumatique et arrivant à peine à quitter la maison pour aller à l'épicerie, de s'y retrouver dans le processus des demandes de prestations. Nous préconisons un effort concerté en vue d'uniformiser les interactions entre le gestionnaire de cas et l'ancien combattant, au moyen par exemple d'une liste de contrôle.
Nous savons que le ministère déploie des efforts pour faciliter la transition des anciens militaires en consolidant ses partenariats avec le ministère de la Défense nationale, et nous nous réjouissons de cette initiative. Il y a un problème qui se pose fréquemment lors de cette transition, et c'est sans doute l'une des grandes sources de frustration pour les anciens combattants. Même s'il a dû être examiné par un médecin militaire pendant qu'il était encore en service pour déterminer si sa blessure ou sa maladie était liée au service, il n'est pas rare qu'un ancien combattant doive de nouveau être examiné par les médecins d'Anciens Combattants Canada à l'égard de la même maladie ou de la même blessure.
Dans certains cas, des militaires suivis par des médecins de l'armée ont reçu la confirmation que leur problème de santé était attribuable à leur service, mais à leur libération, lorsque ces militaires sont examinés par les médecins d'Anciens Combattants Canada, leurs prestations sont refusées, car on affirme que leur problème de santé n'est pas lié au service. Nous croyons que c'est l'une des frustrations qui nuisent à une transition réussie.
En terminant, j'aimerais répéter ce que j'ai dit au début, c'est-à-dire que nous avons vu de nombreuses améliorations dernièrement, mais qu'il reste encore beaucoup de travail à faire. Nous croyons qu'il faut poursuivre les consultations avec les groupes communautaires et les anciens combattants. Comme Nora l'a dit, nous devons miser sur la collaboration plutôt que sur la multiplication des services. Selon nous, de nombreux organismes pourraient collaborer en vue d'améliorer le sort des hommes et des femmes qui ont servi notre pays. Je crois qu'il est important que les intervenants du ministère poursuivent les consultations avec les organismes communautaires et les anciens combattants, afin d'obtenir les renseignements dont ils ont besoin.
Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Le temps est venu de poser les questions difficiles. En fait, Mme Mathyssen a fait allusion à cela déjà. Mardi soir, nous avons eu le plaisir d'assister à la pièce Contact! Unload, une pièce marquante créée par des soldats qui ont ce vécu. C'est vraiment marquant.
Pour quelqu'un comme moi, qui viens d'un univers tumultueux, c'est immensément frappant. Je vous encourage à voir cette pièce, si vous en avez l'occasion. L'Institut Vanier pourrait même envisager de l'utiliser dans leurs exposés, pour montrer aux Canadiens ce que cela signifie. C'est très marquant.
Cela soulève la question de la façon de traiter les familles militaires et d'aborder les expériences qu'elles ont vécues, de la façon dont elles vivent leurs expériences au retour du théâtre, de la façon dont chacun vit les choses complètement différemment, et ce que chacun vit personnellement.
Madame Lowther, vous vous préparez à essayer de vous occuper d'un grand nombre de soldats qui n'ont pas nécessairement reconnu — ou qui ne veulent pas nécessairement reconnaître — en ce moment dans leur vie qu'ils doivent faire face à des problèmes de santé mentale. Vous vous penchez sur les façons de résoudre cela.
Je suis moi aussi de la Saskatchewan. Je vis tout près de la frontière américaine. Des anciens combattants me disent qu'en Saskatchewan, nous n'avons pas de psychologues pour nos anciens combattants. Ils n'ont pas accès à des psychologues, mais à deux heures au sud de nous se trouve la base aérienne de Minot, dans le Dakota du Nord, et le service offert à cet endroit est incroyable. Ce qu'ils demandent, c'est : « Devrions-nous aller là pour avoir de tels services? »
Je comprends que vous ne pouvez peut-être pas répondre à cela, mais comment ces gens peuvent-ils avoir accès à des services en santé mentale?