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Bonjour, je vous souhaite à tous la bienvenue à cette réunion.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 28 avril 2018, le Comité entreprend aujourd'hui son étude sur les défis en santé mentale auxquels sont confrontés les agriculteurs, les éleveurs et les producteurs canadiens. Nous aurons l'occasion d'entendre deux témoins aujourd'hui.
D'abord, par vidéoconférence en provenance de Regina, en Saskatchewan, nous allons entendre M. Michael Hoffort, le président-directeur général de Financement agricole Canada.
Bonjour, monsieur Hoffort.
Nous accueillons également M. Tom Rosser, le sous-ministre adjoint de la Direction générale des politiques stratégiques du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.
Bonjour, monsieur Rosser.
Ce sera un plaisir de vous entendre. Vous aurez chacun l'occasion de nous présenter une courte présentation, qui pourra durer jusqu'à sept minutes. Nous allons commencer par M. Hoffort, de Regina.
Monsieur Hoffort, vous disposez de sept minutes.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je suis heureux de comparaître devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire au nom de Financement agricole Canada — ou FAC, comme je l'appellerai aujourd'hui.
Je m'appelle Michael Hoffort et je suis président-directeur général de FAC.
Pour ceux et celles qui ne le savent pas déjà, FAC est une société d'État commerciale autonome qui compte plus de 100 000 clients — qui sont en grande partie des petites et moyennes entreprises de production primaire. Nous comptons également un nombre diversifié et croissant de clients qui oeuvrent dans les secteurs de l'agroentreprise et de l'agroalimentaire.
FAC a un portefeuille de première qualité de plus de 33 milliards de dollars, et nous assurons environ 30 % du financement total en agriculture au Canada. Nous nous distinguons par le fait que nous sommes la seule institution financière qui se consacre entièrement à l'agriculture et au secteur de l'agroalimentaire au Canada.
Nous comprenons la volatilité et les difficultés liées à l'agriculture et nous prenons très au sérieux notre responsabilité de partenaire de l'industrie et d'entreprise socialement responsable. Je peux affirmer sans réserve que FAC, ainsi que nos 1 800 employés, font preuve d'une énergie et d'un engagement incommensurables à l'égard de la réussite et, en définitive, du bien-être de nos clients et de leurs familles d'agriculteurs.
Nous savons que l’agriculture peut être imprévisible. La différence entre un profit et une perte financière pour les producteurs repose souvent sur plusieurs facteurs, dont certains sont bien au-delà de leur contrôle, qu’il s’agisse des conditions météorologiques, des conditions du marché ou du prix des produits de base ou des intrants. La réalité, c’est que les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu, ce qui peut avoir de graves répercussions sur l’exploitation d'un agriculteur, et peut-être même sur son bien-être émotionnel et mental. FAC soutient ses clients grâce à des produits de prêt uniques qui sont spécialement conçus pour l’agriculture, comme notre produit flexi-prêt.
Nous sommes aussi présents lorsque les imprévus surviennent. Par exemple, nous avons annoncé récemment un nouveau programme de soutien à la clientèle à l’intention des acériculteurs du Québec et du Nouveau-Brunswick. En effet, ils ont été touchés par des conditions météorologiques défavorables qui ont diminué les rendements au printemps dernier.
Nous nous préoccupons de la sécurité de nos clients, car l’agriculture peut être un métier dangereux. FAC est un partenaire de longue date de l’Association canadienne de sécurité agricole. Nous appuyons également STARS, un service aérien d'ambulance qui fournit des soins intensifs et du transport aux habitants des régions rurales dans les trois provinces des Prairies.
Dans les périodes de crise, nous venons en aide à nos clients grâce au fonds AgriUrgences de FAC, qui les aide à passer au travers de catastrophes comme des inondations ou des tornades, des incendies d'étable ou de maison, le décès d'un client ou d'un membre de la famille, des accidents agricoles ou des maladies graves. Au cours de notre dernier exercice financier, nous avons aidé 287 clients ayant vécu une crise.
Nous déployons beaucoup d'efforts pour assurer la santé financière et physique de nos clients. Pouvons-nous en faire plus pour favoriser leur santé mentale et leur bien-être? Très certainement, et c'est ce que nous faisons.
Cela dit, je ne veux pas vous donner l’impression que FAC a toute l’expertise nécessaire dans le domaine de la santé mentale. Nous pouvons cependant offrir nos observations tirées de nombreuses conversations que nous avons quotidiennement avec nos clients, des conversations qui sont fondées sur les relations solides que nous avons établies avec eux au fil des ans et sur notre compréhension des circonstances uniques auxquelles ils font face.
Parfois, nous sommes confrontés à des situations ou les gens souffrent de stress, d'anxiété, de dépression et d'épuisement émotionnel et professionnel qui sont liés soit à l’exploitation de leur entreprise, soit à d'autres situations de leur vie. J’ai débuté ma carrière il y a 30 ans, au plus fort de la crise de l'endettement agricole, et jusqu'à ce jour, j'ai appris que les problèmes de santé mentale peuvent surgir aussi bien dans des périodes de prospérité économique que dans des périodes difficiles.
Le travail acharné, la résilience, la force et un sentiment d'appartenance à la communauté ont toujours été des caractéristiques de la vie sur la ferme, mais il y a aussi des moments où les producteurs peuvent vivre un sentiment de frustration et d'anxiété. Si on ajoute à cela des sentiments de désespoir et d'isolement, la santé mentale d'une personne peut dégénérer en une dépression, et c'est compréhensible. Nous avons déjà vu ce scénario se produire et malheureusement, cela donne parfois lieu au suicide d'un client, une situation qui, à son tour, a une incidence sur la vie de nombreuses autres personnes.
Nous constatons directement la nécessité d'un soutien accru dans ce domaine, car un plus grand nombre de demandes de notre fonds AgriUrgences semble être lié à des incidents où le suicide a été un facteur. Ainsi, au lieu d'espérer que les symptômes de la détresse mentale vont tout simplement disparaître, nous voulons faire partie de la solution.
Nous fournissons à nos employés l'information dont ils ont besoin pour percevoir les problèmes de santé mentale et fournir aux clients soutien et conseils, notamment des ressources qu'ils peuvent contacter pour obtenir une aide professionnelle. En même temps, FAC est en voie de former un partenariat avec la Do More Agriculture Foundation dans le but de commencer à créer un réseau d'intervenants en santé mentale qui peuvent identifier et soutenir les producteurs qui pourraient avoir besoin d'aide au cours d'une période difficile.
Dans le cadre de ce projet, le financement de FAC permettra de donner une formation de premiers soins en santé mentale aux producteurs et aux représentants de l'industrie dans des collectivités sélectionnées partout au Canada. Nous sommes également en discussion avec l'organisme des 4-H du Canada, afin de fournir un programme destiné aux animateurs et aux membres des 4-H qui viserait à les aider à mieux comprendre la santé mentale.
C'est ainsi que FAC travaille également à mettre fin à la stigmatisation liée à la santé mentale, notamment en favorisant la conscientisation, en encourageant le dialogue avec les clients et tous les intervenants de l'industrie et en dirigeant activement ces gens vers des ressources. Nous prévoyons en faire beaucoup plus avec certaines initiatives qui en sont au tout premier stade de leur création.
Peu importe les changements qui seront apportés, FAC continuera d'être au service de ses clients et de l'agriculture canadienne à titre de partenaire solide et stable dans tous les cycles économiques. Plus important encore, et comme je l'ai mentionné plus tôt, nous nous consacrons entièrement à l'agriculture. Nous sommes là pour cette industrie et pour nos clients. Et tout comme FAC célèbre leurs réussites, l'organisme sera aussi présent pour eux dans les moments difficiles.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui. J'ai hâte de répondre aux questions des membres de votre comité.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de comparaître de nouveau devant le Comité pour parler d'un sujet aussi important que la santé mentale.
[Traduction]
Comme vous l'avez dit au début, monsieur le président, je m'appelle Tom Rosser. Je suis sous-ministre adjoint de la Direction générale des politiques stratégiques à Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour vous parler des préoccupations croissantes concernant les problèmes de santé mentale auxquels sont confrontés les agriculteurs, les éleveurs et les producteurs canadiens. Je vous promets de livrer un bref exposé.
La santé mentale est manifestement un problème de société qui nous touche tous. Comme Mike l'a souligné dans son exposé, la situation du secteur agricole est unique, car les producteurs font face à de nombreux risques qui échappent complètement à leur contrôle, qu'il s'agisse du prix des produits de base, des problèmes de santé chez les animaux, de la main-d'oeuvre, du commerce ou d'autres défis. Dans ce secteur, la santé mentale est devenue un sujet très important soulevé par des intervenants tels la Fédération canadienne de l'agriculture, et c'est un sujet de plus en plus reconnu par l'industrie comme étant une préoccupation majeure.
Un sondage mené par l'Université de Guelph en 2016 a révélé que les agriculteurs faisaient partie des groupes les plus vulnérables aux problèmes de santé mentale. En effet, sur les 1 000 agriculteurs canadiens qui ont répondu au sondage, 45 % éprouvaient un stress élevé, 58 % ont déclaré avoir des symptômes d'anxiété et 35 % souffraient de dépression. Toutes ces données sont beaucoup plus élevées que la moyenne dans la population générale. De même, une étude publiée en 2010 dans la Revue canadienne de psychiatrie laisse croire que l'agriculture est l'une des professions où le risque de décès par suicide est le plus élevé au Canada.
[Français]
Il est essentiel de promouvoir le dialogue sur les problèmes de santé mentale auxquels font face les agriculteurs, les éleveurs et les producteurs pour créer un environnement où ces questions peuvent être discutées ouvertement et avec compassion. À cet égard, je tiens à remercier le pour le courage dont il a fait preuve en parlant publiquement de son expérience personnelle au cours de la Semaine nationale de la prévention du suicide, en février 2018.
Bien que la santé soit de compétence provinciale, le gouvernement fédéral est résolu à travailler avec les provinces ainsi qu'avec les partenaires de l'industrie pour soutenir la santé mentale des agriculteurs, des éleveurs et des producteurs. À titre d'exemple, dans le budget de 2017, le gouvernement a prévu une attribution de 5 milliards de dollars sur 10 ans aux provinces et territoires afin d'améliorer l'accès à des services en santé mentale et en matière de toxicomanie.
Dans le cadre des programmes fédéraux et provinciaux à frais partagés du Partenariat canadien pour l'agriculture, Agriculture et Agroalimentaire Canada, ou AAC, appuie des mesures auxquelles les provinces peuvent recourir pour s'attaquer aux problèmes qui créent des obstacles et du stress pour les producteurs. Les provinces peuvent également utiliser l'aide financière de ces programmes pour appuyer directement des initiatives en matière de santé mentale dans le secteur, notamment les lignes d'aide aux victimes de stress en agriculture et le counselling en cas de crise pour les personnes, les jeunes et les familles qui vivent à la ferme.
En outre, les programmes de gestion de risques de l'entreprise aident les producteurs à gérer les risques importants qui menacent la viabilité de leur exploitation et qu'ils n'ont pas la capacité de gérer.
Le ministère continue également d'explorer des façons dont ses politiques, ses programmes et ses services peuvent appuyer davantage les initiatives visant à résoudre les problèmes de santé mentale auxquels font face les intervenants du secteur. AAC est résolu à travailler avec ses partenaires fédéraux, provinciaux et industriels pour soutenir la santé mentale des intervenants du secteur agricole et agroalimentaire.
D'autres ressources nationales sont à la disposition des agriculteurs, des éleveurs et des producteurs canadiens, notamment par l'entremise des Services de crises du Canada, une série de centres d'aide et d'écoute sans but lucratif de partout au Canada qui offrent des services à quiconque pense au suicide ou est touché par le suicide.
[Traduction]
Comme Mike vient de vous le dire, Financement agricole Canada s'efforce activement d'éliminer la stigmatisation des problèmes de santé mentale en sensibilisant ses intervenants aux ressources offertes.
Mike a également souligné que l'industrie est un chef de file dans ce domaine. Par exemple, la Do More Agriculture Foundation a officiellement été créée en janvier 2018 dans le but de sensibiliser les gens aux problèmes de santé mentale dans le secteur agricole, de bâtir une communauté d'appartenance et de pousser les recherches dans ce domaine.
De plus, des organismes comme la Fédération canadienne de l'agriculture et la Canadian Canola Growers Association travaillent activement pour sensibiliser les gens aux problèmes de santé mentale dans le cadre de leurs conférences et de leurs assemblées générales annuelles.
Les agriculteurs, les éleveurs et les producteurs représentent l'épine dorsale du secteur agricole et agroalimentaire canadien, car ils assurent sa croissance continue, sa prospérité et sa durabilité.
Nous devons travailler ensemble pour prendre d'autres mesures dans ce dossier important. En augmentant la sensibilisation, en réduisant les facteurs de risques, en améliorant l'accès à des services de santé mentale de qualité et en éliminant la stigmatisation souvent associée à la maladie mentale, nous pouvons appuyer une approche compatissante du bien-être mental dans ce secteur.
J'aimerais remercier les membres du Comité de faire de la santé mentale une priorité dans leurs travaux, et j'ai hâte de lire leur rapport sur ce dossier. J'aimerais vous remercier, monsieur le président et membres du Comité, de nous avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos témoins d'être ici et de participer à ce processus qui, selon moi, sera très intéressant. Avant de commencer, j'aimerais remercier mes collègues, M. Dreeshen et M. Poissant, d'avoir proposé ce sujet d'étude. Je crois que c'est un enjeu très important qui est maintenant à l'avant-plan, certainement ces derniers mois. Je sais que nous pouvons collaborer pour produire une étude très utile sur ce sujet.
Je crois qu'un grand nombre d'entre nous ont étudié cet enjeu bien avant les derniers mois. En effet, cela me concerne particulièrement. Lorsque j'étais enfant, je suis allé à plusieurs funérailles, et on ne nous permettait jamais de dire que le décès était attribuable à un suicide. Cela se produisait sur la ferme et le sujet n'était jamais abordé en présence d'autres personnes. Nous étions censés garder cela pour nous. C'était une affaire de famille. Nous ne voulions pas que les autres sachent ce qui s'était produit. Je crois que nous pouvons tous comprendre l'expression « faire un homme ou une femme de soi ». C'est très frustrant de penser qu'il a fallu autant de temps pour que nous puissions parler de cet enjeu.
Monsieur Hoffort, pouvez-vous me donner un peu plus de détails sur le fonds AgriUrgences? Vous l'avez mentionné, et vous avez dit qu'il pouvait être utile en cas de funérailles, de décès accidentels, etc. Comment ce fonds est-il alimenté? Quel montant est réservé pour ce fonds? Les gens sont-ils au courant de ce fonds? Nous commençons à parler de cet enjeu. Les gens savent-ils que ce fonds existe? Peuvent-ils y avoir accès en cas de problèmes de santé mentale ou lorsqu'ils pensent qu'un membre de leur famille a besoin d'aide?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Rosser, je m'adresserai d'abord à vous.
On entend dire que les gens du milieu agricole sont des personnes assez dures, qu'il y a de la stigmatisation quand on aborde ces sujets, mais il y a d'autres professions qui ont le même genre de réputation: on en dit autant des militaires, par exemple, et des premiers répondants. Aujourd'hui, la culture dans l'armée est telle qu'on y parle ouvertement du TSPT et de la santé mentale, que les gens sont même encouragés à aller chercher de l'aide. C'est la même chose chez les premiers répondants, les ambulanciers, les pompiers et les policiers.
L'une des principales différences, c'est que dans ces autres milieux, les professionnels dépendent de leur équipe et que les collègues doivent pouvoir pleinement compter l'un sur l'autre, alors que les agriculteurs sont souvent seuls, qu'ils travaillent de longues heures et n'ont personne avec qui parler vraiment. Nous ne pouvons pas changer les variables qui induisent le stress. Y a-t-il des leçons que votre ministère pourrait tirer de l'expérience du ministère de la Défense nationale ou de Sécurité publique Canada? Ces ministères ont-ils des pratiques exemplaires pour s'attaquer au problème dans leur domaine qui pourraient s'appliquer à l'agriculture?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Hoffort et monsieur Rosser. Je suis bien content de vous revoir. Je souhaite faire écho aux observations de mes collègues en rappelant que c'est une étude très importante, et je souhaite aussi remercier M. Dreeshen de son engagement et de sa détermination.
Je ne sais pas lequel des deux, entre M. Barlow et M. MacGregor, parlait des autres secteurs de la société dont nous pourrions tirer des leçons. À Vancouver, il y a de la stigmatisation dans certaines communautés ethniques à l'égard de la dépression et du suicide, et je pense qu'il y en a aussi dans le milieu agricole. Les agriculteurs sont réputés être solides, donc personne ne souhaite avoir l'air faible. Comment pouvons-nous quantifier le problème? Je ne crois pas que nous saisissions pleinement l'étendue de la situation, et avant de régler un problème, il faut comprendre exactement ce qui en est.
J'aimerais vous demander à tous les deux, du point de vue de Financement agricole et du ministère, ce que nous pouvons faire pour quantifier le problème le plus vite et le plus exactement possible.
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Merci infiniment, monsieur le président. Je remercie aussi infiniment nos témoins d'aujourd'hui.
La première fois où j'ai participé à une séance du Comité, c'était à la fin janvier, le jour de Bell Cause pour la cause. Il me semblait extrêmement important d'avoir cette discussion et de reconnaître ce qui se passe dans le milieu agricole. Or, il y a une chose que nous n'avons pas encore entendue jusqu'à maintenant et que je souhaite mentionner. Nous pourrons peut-être tous articuler nos réflexions et nos discussions autour de cela, et c'est qu'il nous faut reconnaître qu'il n'y a pas de distinction entre le travail et la maison pour les agriculteurs.
C'est un élément central. On ne fuit jamais vraiment tout à fait le stress de la ferme, et ce stress touche tous les membres de la famille. C'est l'élément essentiel qu'il faut reconnaître.
Je constate de visu le travail formidable de certaines personnes, notamment d'épouses d'agriculteurs, qui s'efforcent de porter cette discussion à l'avant-scène. Il y a de formidables jeunes producteurs de la Saskatchewan qui font un travail remarquable à cet égard, et je les en félicite.
Les événements internationaux, comme la chute des prix du porc, les éclosions d'ESB ou les feux de grange font tous partie de la vie à la maison; ils sont présents dans tout ce qu'on fait. Nous regardons tout cela, et je sais que nous avons parlé des problèmes qui existent dans les autres secteurs. Il y a aussi une étude réalisée aux États-Unis, il n'y a pas si longtemps, qui montre que le taux de suicide chez les agriculteurs est trois fois plus élevé que la moyenne nationale. J'ai entendu dire ici qu'il serait presque deux fois plus élevé que la moyenne nationale chez nous.
Ce sont là des faits qui attestent de la relation qui existe entre les deux. Comme M. Barlow l'a indiqué un peu plus tôt, on n'en parlait pas quand nous étions petits. Nous allions à des funérailles, par exemple, mais cette discussion ne faisait pas partie de notre quotidien.
C'est l'élément clé. L'agriculteur est responsable du travail. Il est responsable de la commercialisation des produits. Il doit composer avec les humeurs du gouvernement, avec la météo et tout le reste. Ces choses sont présentes tous les jours, et c'est vraiment l'un des éléments clés de ce que nous essayons de faire ici.
Qu'est-ce qu'on peut faire, concrètement? En tant qu'ancien membre des 4-H, je sais que c'est l'une des clés. On parle à la fois de la tête, du coeur et des mains dans les 4-H.
C'est fondamental. Il faut pouvoir en parler lors des foires et des expositions, comme certains de mes collègues l'ont mentionné, mais il faut aussi nous doter d'une stratégie qui reconnaisse le caractère unique de la situation et en quoi elle se distingue de ce que vit le grand public. Oui, chacun ramène chez lui le stress de son emploi, mais il n'est pas présent partout autour de lui.
Monsieur Hoffort, vous avez dit réfléchir à une stratégie, en ces temps difficiles, avoir des plans. Pouvez-vous nous parler un peu de ces stratégies et nous dire si vous travaillez non seulement avec des psychologues cliniciens en mesure d'aborder ces enjeux, mais aussi avec les agriculteurs eux-mêmes, pour que nous puissions élaborer des lignes directrices qui émaneraient des personnes mêmes qui vivent la situation au quotidien dans leur communauté?
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Notre première stratégie consiste à collaborer avec la Do More Agriculture Foundation. On parle de gens qui sont des agriculteurs. Ils sont conscients de certains des défis et jouent vraiment un rôle de premier plan. Il s'agirait du financement de FAC destiné aux programmes de premiers soins, avec la présence dans la salle de professionnels qui connaissent l'agriculture, qui fourniront cette formation.
La deuxième stratégie porte sur les jeunes et l'organisme des 4-H, l'investissement dans ses programmes. Il s'agit de faire en sorte qu'ils répondent aux besoins des membres et des leaders, de sorte qu'il puisse travailler avec les membres pour s'assurer qu'ils comprennent l'importance de la santé mentale et pour faire tomber les préjugés, et il s'agit également de faire en sorte qu'ils connaissent les ressources offertes.
Une autre initiative que nous envisageons de prendre, c'est la présentation d'une trousse d'aide en santé mentale, un document préparé avec des professionnels du domaine qui connaissent l'agriculture, qu'il s'agisse du Dr Sabongui, de l'Université de Guelph, ou de représentants de la Do More Agriculture Foundation, pour nous assurer que nous avons un document que les gens voudront utiliser comme outil de référence et dont ils pourront parler avec leur famille.
À partir de là, il y a des possibilités sur le plan des conférences et de la sensibilisation que nous pouvons financer. Nous savons qu'en tant qu'organisme, notre expertise est quelque peu limitée, mais avoir l'effet que nous pouvons avoir et amener d'autres gens à contribuer, favoriser des partenariats avec l'industrie pour donner plus d'envergure à ces initiatives qu'elles en auraient autrement constituent assurément l'une de nos stratégies.