Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre rapport du printemps 2017 sur les droits de douane. Je suis accompagné de M. Richard Domingue, directeur principal chargé de l'audit.
Notre audit visait à déterminer si le ministère des Finances du Canada, Affaires mondiales Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada avaient rempli leur rôle de gestion des droits de douane imposés sur les nombreuses marchandises importées au Canada chaque année.
Je tiens à attirer l'attention des membres du Comité sur deux observations au sujet de marchandises dont l'importation peut avoir une incidence sur le secteur agricole et l'industrie agroalimentaire.
[Traduction]
J’aimerais d’abord vous parler de la question des marchandises contingentées. Comme vous le savez, le Canada applique des contingents tarifaires pour contrôler la quantité de certains produits importés, comme les produits laitiers, le poulet, le dindon et les produits d’œufs. Les contingents tarifaires limitent la quantité de produits qui peuvent être importés au Canada avec un traitement tarifaire moins élevé. Une fois la limite atteinte, ces importations sont soumises à des droits plus importants.
[Français]
Lors de l'audit, nous avons remarqué un écart entre les volumes autorisés par Affaires mondiales Canada et les volumes déclarés à l'Agence des services frontaliers du Canada comme admissibles à un taux de droits moins élevé. Nous avons comparé les quantités consenties à des importateurs particuliers par Affaires mondiales Canada en 2015 aux données d'importation de Statistique Canada, d'après l'information de l'Agence des services frontaliers du Canada. Nous avons noté qu'une quantité importante de marchandises contrôlées avait été importée au Canada sans licence. Cela signifie que certains importateurs n'avaient pas payé les droits de douane appropriés. Nous avons estimé qu'en 2015, des importations de produits laitiers, de poulet, de dindon, de boeuf et d'oeufs d'une valeur de 131 millions de dollars étaient entrées au pays sans les licences requises. Si les droits sur les marchandises dépassant les quotas avaient été évalués comme il faut, le gouvernement aurait perçu 168 millions de dollars en droits de douane.
[Traduction]
Ma seconde observation porte sur le Programme d’exonération des droits. Ce programme, géré par l’Agence des services frontaliers du Canada, permet aux importateurs de faire entrer des marchandises en franchise de droits si celles-ci sont par la suite transformées au Canada, puis exportées. Par exemple, du poulet peut être importé en franchise de droits s’il est utilisé pour garnir des pizzas congelées qui seront par la suite exportées.
Nous avons constaté que le Programme d’exonération des droits avait peu de mécanismes pour éviter l’écoulement des marchandises dans l’économie canadienne, surtout de celles soumises à des droits élevés. Nous avons constaté qu’il y avait peu de mesures pour inciter les importateurs à respecter les règlements, parce qu’en vertu du programme, les licences d’importation n’expirent jamais et que l’Agence n’exige pas des importateurs qu’ils fassent un dépôt.
En 2016, l’Agence des services frontaliers du Canada a réalisé six vérifications de la conformité auprès de participants au Programme d’exonération des droits, et elle a constaté qu’aucun des six importateurs d’un produit soumis à la gestion de l’offre n’avait respecté les exigences du programme, et que tous écoulaient des marchandises sur le marché canadien sans cotisation ni perception appropriées des droits. Par la suite, l’Agence a suspendu les licences de ces importateurs.
Voilà donc deux exemples d'activités du gouvernement qui diffèrent sur papier et en pratique. Notre audit a révélé que les principes de la gestion de l'offre ne s'appliquaient pas comme prévu, car l'Agence ne faisait pas respecter les quotas sur certaines importations, des importations agricoles destinées à l'exportation étaient écoulées sur le marché canadien, et les droits applicables n'étaient pas toujours cotisés ni perçus. Par conséquent, les producteurs canadiens peuvent se trouver en concurrence inattendue avec certains importateurs.
[Français]
L'Agence des services frontaliers du Canada, Affaires mondiales Canada et le ministères des Finances du Canada ont accepté nos recommandations.
Voilà qui conclut ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Cette question est manifestement particulièrement complexe. On commence par le produit, quel qu'il soit, l'un des 7 000 articles divers qui sont visés par les tarifs des douanes qui doivent être appliqués. Des codes à 10 chiffres doivent être appliqués à tout. Il faut s'attacher aux plus petits détails. Ensuite, il y a des droits dont l'application est difficile. Ce n'est pas qu'une question d'un droit imposé à l'égard du produit x et d'un autre droit imposé à l'égard du produit y. Quand on a affaire à quelque chose comme le lait diafiltré, par exemple, c'est la teneur en protéines du produit qui détermine le taux des droits. Ainsi, il s'agit d'appliquer les droits, en sachant quel est le produit qui traverse la frontière, puis d'être en mesure de faire appliquer toutes ces règles.
Encore une fois, nous avons déterminé que, dans le cas d'un certain nombre de marchandises qui traversent la frontière, les importateurs disposent d'une période de 4 ans pour changer la classification du produit qu'ils ont fait entrer. Après cette période, les marchandises sont parties depuis longtemps dans l'économie. Si l'importateur revient quatre ans plus tard en disant: « Vous savez quoi? Je n'ai pas fait venir le produit x; j'ai fait venir le produit y », il est difficile de savoir si c'était le bon produit.
Le problème ne va pas être simple à régler, mais je pense qu'il n'est avantageux pour personne que le système établi ne puisse pas être appliqué. Selon moi, ce que les responsables doivent faire, c'est revenir en arrière et trouver la solution. Les règles sont-elles applicables? Comment pouvons-nous les faire appliquer? Quelles sont les diverses mesures que nous devrions prendre dans le but de les faire appliquer? Comment pouvons-nous savoir si les gens s'y conforment? Je pense qu'il va falloir étudier sérieusement tout le système. Quelles sont les marchandises auxquelles les droits doivent être appliqués, et comment pouvons-nous ensuite nous assurer que ces droits sont effectivement appliqués?
Pour nous, la façon dont nous envisageons cette situation, c'est que, encore une fois, il ne nous incombe pas de dire ce que devrait être le système tarifaire ni sur quels produits des droits devraient être appliqués, mais, une fois que cette décision aura été prise, il faudra qu'il y ait un système qui permet de faire appliquer les règles. Encore une fois, les producteurs canadiens, les entreprises canadiennes, doivent savoir que les règles sont appliquées de la façon dont ils s'attendent à ce qu'elles le soient, afin qu'ils puissent connaître la nature du marché dans lequel ils travaillent.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs, au nom de l'Association canadienne du commerce des semences, l'ACCS, j'aimerais remercier le Comité de m'avoir invité à parler de notre point de vue au sujet des barrières non tarifaires à la vente de produits visés par des accords de libre-échange.
Avant de formuler des commentaires, j'aimerais fournir rapidement un peu de contexte en vous donnant un aperçu général de l'ACCS et de nos membres. L'ACCS est une association commerciale sans but lucratif et impartiale et la voix de l'industrie des semences à l'échelle nationale. Nous rassemblons plus de 130 entreprises qui s'occupent de tous les aspects des semences, que ce soit la recherche, le développement, la sélection végétale, la production, la transformation, la commercialisation, la distribution et les ventes, à l'échelle tant nationale qu'internationale.
Les membres de l'ACCS répondent aux besoins de leurs clients agriculteurs en produisant des semences à l'aide de diverses méthodes. Il s'agit notamment de méthodes biologiques, conventionnelles et biotechnologiques, et nos clients vont des petites entreprises familiales aux grandes sociétés multinationales. Nos membres travaillent avec plus de 50 différentes variétés de cultures qui vont du maïs aux semences potagères et horticoles en passant par les fèves de soya, le canola, le blé, le fourrage et les graminées.
La semence est le commencement, le premier maillon de la chaîne de valeur agricole, une industrie vitale pour le bien-être économique des Canadiens. L'industrie des semences génère près de 6 milliards de dollars pour l'économie du Canada, emploie plus de 57 000 Canadiens et exporte pour près d'un demi-milliard de dollars par année.
Nos membres sont unis et soutiennent notre mandat et notre énoncé de mission, soit de favoriser l'innovation et le commerce au sein de l'industrie des semences. En raison de notre mandat, l'ACCS appuie fermement les efforts continus que déploie le gouvernement canadien pour accroître les possibilités commerciales en concluant des accords de libre-échange tout en abordant la question des barrières tarifaires et non tarifaires à la vente. Notre priorité stratégique est la vente sans restriction de semences dans le monde entier.
Le commerce des semences est généralement assujetti à des tarifs nuls ou très bas, et de nombreux pays n'appliquent ou n'associent même pas de tarif aux graines de semence. Même s'il s'agit d'un avantage pour notre type de produit, nous connaissons un certain nombre de problèmes liés à des barrières non tarifaires à la vente.
Je vais utiliser le reste du temps qui m'est alloué pour parler de certaines barrières tarifaires auxquelles nous faisons face et proposer notre point de vue au sujet des accords de libre-échange actuels et futurs. Toutefois, avant de commencer, j'aimerais dire que l'industrie canadienne est extrêmement bien servie par les négociateurs et le Secrétariat de l'accès aux marchés d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Des intervenants reconnus dans le monde entier travaillent pour ce ministère jour et nuit afin de faire croître les marchés pour l'industrie.
Le Canada est également bien servi par ses organismes de réglementation. Les deux qui ont la plus grande incidence sur nos membres sont l'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'ACIA, et l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, l'ARLA. L'ACIA joue un rôle prépondérant quant à la Convention internationale pour la protection des végétaux, la CIPV, et l'ARLA, en ce qui concerne le Codex.
J'ai eu le plaisir de constater personnellement le leadership de l'ACIA lorsque j'ai assisté aux récentes rencontres liées à la CIPV à Incheon, en Corée, où, après de nombreuses années et une multitude de différentes versions, les 183 pays membres parties à la CIPV ont adopté une norme internationale à l'égard de la prise de mesures phytosanitaires pour les semences qui vise à harmoniser l'importation, l'exportation et la réexportation des semences. C'est l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture qui assure la surveillance de la CIPV. On vise maintenant une période de mise en oeuvre de 18 mois.
L'un des plus grands obstacles non tarifaires à la vente auxquels fait face notre industrie sont les mesures sanitaires et phytosanitaires, ou SPS. Nos membres, comme je l'ai mentionné, travaillent avec plus de 50 différentes espèces et exportent leurs produits dans plus de 70 pays chaque année. Ce peut être très compliqué pour les membres de composer avec la multitude de règles commerciales, et ils sont souvent confrontés à des problèmes dans les cas où les règles relatives aux SPS font de l'exportation un vrai défi. Je vais vous donner quelques exemples.
En ce qui a trait au traitement, des pays importateurs peuvent exiger que les cargaisons de semences soient traitées d'une certaine manière, à l'aide de la fumigation par exemple, mais la méthode de traitement prescrite n'est pas approuvée au Canada. Certains pays peuvent aussi exiger que les semences soient traitées à l'aide de certains insecticides ou fongicides qui ne sont peut-être pas non plus enregistrés au Canada, pour de bonnes raisons dans la majorité des cas. La récente notification qu'a faite le Mexique à l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, en est un exemple concret.
En ce qui concerne les parasites, les pays n'accordent pas tous le même niveau de menace à certains d'entre eux. Des documents, des certificats phytosanitaires, des traitements et des inspections sur le terrain sont parfois nécessaires à l'égard de parasites qui ne sont pas présents au Canada, comme les insectes tropicaux. C'est très difficile pour nos organismes de réglementation de traiter une question lorsque nous n'avons pas de protocole en place pour effectuer une inspection parce que le parasite n'est pas présent au Canada.
La semence comme voie d'accès est la dernière SPS dont je parlerai. La plupart des pays voient les semences comme présentant un faible risque phytosanitaire en raison des procédures de conditionnement et de contrôle rigoureuses en place et, par conséquent, nos entreprises ne sont pas assujetties à des exigences trop contraignantes en matière d'importation. Toutefois, certains pays considèrent que les semences présentent un risque élevé et peuvent exiger que des tests soient effectués à l'aide de protocoles qui ne sont pas utilisés au Canada ou dont la légitimité n'est pas reconnue ici. Le Mexique est également un exemple de pays où les semences sont vues comme présentant un risque élevé, contrairement aux États-Unis et à la plupart de nos autres partenaires commerciaux.
Je sais que la biotechnologie est un autre aspect dont vous avez entendu parler. Les approbations asynchrones et la tolérance zéro à l'égard des produits issus de la biotechnologie continuent d'être un problème. Les agriculteurs canadiens sont des adopteurs précoces des nouvelles technologies qui améliorent la productivité, offrent des solutions sanitaires et environnementales et améliorent la compétitivité. Ils ont adopté la biotechnologie moderne dans leurs systèmes de culture, et, par conséquent, la majeure partie du maïs, du canola et du soya semés au Canada sont des produits de la biotechnologie. Ils contiennent des améliorations biotechnologiques qu'on appelle souvent les « caractères ».
Ces produits ont reçu l'entière approbation en ce qui concerne la consommation humaine et animale et les rejets dans l'environnement au terme des processus réglementaires canadiens d'évaluation très détaillés et stricts fondés sur les données probantes et le risque mis en place par Santé Canada et l'ACIA. Même si les phytogénéticiens canadiens s'engagent à faire approuver leurs innovations dans d'importants marchés d'exportation dans le cadre de leurs plans de commercialisation, certains pays n'ont tout simplement pas de processus réglementaire fonctionnel et efficace en place, et certains ont établi une politique de tolérance zéro pour tout produit génétiquement modifié que leur propre système de réglementation n'a pas approuvé. Les graines de semence aux États-Unis en sont un bon exemple.
L'incidence sur l'industrie des semences a été considérable, puisque des pays exigent des déclarations officielles attestant qu'il n'y a aucune présence de produits génétiquement modifiés dans les cargaisons de semences. L'objectif zéro est impossible à atteindre, et cela a des répercussions sur nos membres. L'ACCS croit que des processus d'approbation des produits issus de la biotechnologie moderne, la reconnaissance mutuelle des évaluations et des approbations et une politique fondée sur des données probantes relative à la présence en faible concentration à l'égard des semences devraient faire partie de la position de négociation du Canada pour tous les accords commerciaux.
Enfin, je vais parler brièvement de certains accords de libre-échange. L'ACCS a défendu et continue de défendre ardemment le Partenariat transpacifique, le PTP, et a témoigné en sa faveur en juin 2016. Cela aurait pu permettre un accès préférentiel à près de 80 % de nos marchés d'exportation de semences. Nous exhortons vivement le gouvernement canadien à continuer de tenir des discussions multilatérales avec les partenaires restants du PTP et aussi d'envisager l'utilisation du libellé et des dispositions convenus qui figurent dans le PTP dans le cadre de futurs accords commerciaux.
L'ACCS appuie fermement le processus décisionnel fondé sur les données probantes et est en faveur de l'inclusion de dispositions dans les accords de libre-échange qui feraient en sorte que les pays signataires s'engagent à respecter les données scientifiques et la transparence et à intégrer le concept d'équivalence.
Le PTP contient aussi des dispositions exigeant que les pays rendent plus transparents leurs processus d'approbation fondés sur les données probantes à l'égard des nouveaux caractères biotechnologiques, ce qui donnera une meilleure prévisibilité et encouragera les investissements dans l'innovation ici au Canada. Nous serions également favorables à des dispositions concernant la présence en faible concentration que l'on pourrait inclure dans tous les prochains accords. Le PTP a été le tout premier accord commercial à contenir une telle disposition. Essentiellement, les dispositions établissent un processus visant à aborder les cas où il y a une présence en faible concentration, ce qui permettra de réduire les perturbations des échanges et, encore une fois, d'accroître la transparence.
L'ACCS était heureuse de voir l'Accord économique et commercial global, l'AECG, recevoir la sanction royale, mais nous nourrissons tout de même des préoccupations quant au système d'évaluation fondé sur le danger de l'Union européenne, de même qu'à l'égard du processus d'approbation très lent et imprévisible des produits issus de la biotechnologie. On corrige le danger plutôt que le risque.
L'ACCS voudrait aussi encourager le gouvernement à continuer de consulter la Chine, puis à négocier un accord commercial avec elle. Comme d'autres témoins l'ont déjà déclaré dans le cadre de la présente étude, il y a eu et il continuera d'y avoir d'importants problèmes commerciaux avec la Chine en ce qui a trait aux SPS et aux approbations des produits issus de la biotechnologie.
Enfin, nous espérons que le Conseil de coopération Canada-États-Unis en matière de réglementation, le CCR, continuera d'être une entité active sans égard à la renégociation de l'ALENA. Notre industrie a vu la valeur réelle de pouvoir prendre part aux réunions du CCR, particulièrement aux rencontres entre l'ARLA et l'EPA et celles entre l'ACIA et l'APHIS.
Pour terminer, le Canada est un pays commerçant, et l'agriculture est une industrie mondiale. Ainsi, les accords bilatéraux ou multilatéraux qui visent à établir une réglementation du commerce entre les principaux marchés d'exportation sont extrêmement importants pour l'industrie canadienne des semences. Le marché mondial des semences génère environ 45 milliards de dollars américains par année, selon les chiffres de 2013. C'est un marché mondial où le Canada peut prendre davantage d'expansion et augmenter ses parts de marché. Les accords de libre-échange sont aussi indispensables pour l'exportation non conventionnelle en pleine expansion des semences du Canada, comme les accords d'échange de variétés et de germoplasmes, les activités de recherche et de développement multinationales, la production sous contrat de semences destinées à l'exportation et à l'importation, la commercialisation de nouvelles variétés importées au Canada et la commercialisation de nouvelles variétés à l'étranger.
Les membres de l'ACCS, ses clients agriculteurs et les Canadiens bénéficieront de réductions des obstacles tarifaires et non tarifaires à l'exportation des semences et constateront les nombreux avantages liés à l'accès à de nouveaux marchés et à de nouvelles innovations agricoles.
J'aimerais remercier le Comité d'avoir entrepris cette importante étude, et nous sommes ouverts à toutes les questions que vous aurez aujourd'hui.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, bon après-midi.
Merci de m'avoir donné la possibilité de venir ici aujourd'hui pour discuter de certaines des barrières non tarifaires à la vente qui ont une incidence sur les membres du Conseil canadien de l'horticulture, le CCH.
Établi à Ottawa, le CCH est une association à adhésion volontaire et sans but lucratif qui représente les producteurs de fruits et légumes frais à l'échelle du Canada. Nos membres assurent la production de plus de 120 types de cultures différentes dans plus de 27 500 exploitations agricoles, dont les recettes monétaires agricoles totalisaient 5,5 milliards de dollars en 2015. Depuis 1922, en collaboration avec les membres et le gouvernement, le CCH a fait valoir des questions ayant des répercussions durables sur le secteur horticole, en faisant la promotion d'aliments sains, salubres et durables et en assurant le succès permanent de notre industrie.
La compétitivité mondiale est hautement prioritaire pour les membres du CCH, et nous sommes toujours prêts à collaborer avec le gouvernement du Canada afin d'accorder la priorité à l'agriculture comme secteur clé pour l'économie canadienne et d'atteindre l'objectif d'accroître les revenus découlant de l'exportation de produits agroalimentaires à 75 milliards de dollars d'ici 2025. Même si nous cherchons à conquérir de nouveaux marchés à l'aide d'accords de libre-échange, il faut examiner un certain nombre d'obstacles non tarifaires à la vente au moment de négocier les accords de libre-échange du Canada.
Les limites maximales de résidus, ou LMR, du Canada sont établies par Santé Canada par l'entremise de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire. Santé Canada établit des LMR fondées sur des données scientifiques pour assurer la salubrité des aliments que mangent les Canadiens. Les LMR fixées pour chaque combinaison pesticide/culture se situent bien en deçà de la quantité qui pourrait soulever des préoccupations pour la santé.
Lorsque le Canada et un autre pays commerçant sont en désaccord à l'égard de ces LMR, cela veut dire que les évaluations du risque effectuées dans chaque pays diffèrent du point de vue de la quantité jugée acceptable de pesticides qui peut demeurer sur un certain produit lorsqu'il entre sur le marché. Cela constitue un immense obstacle technique pour les importations et les exportations.
Par exemple, la Nouvelle-Écosse exportait des pommes vers l'Union européenne, mais la province a cessé de le faire lorsque l'Union européenne a baissé ses LMR pour la diphénylamine — un produit couramment utilisé pour l'entreposage des pommes — à 0,01 ppm. Au Canada, la limite maximale de résidus pour ce produit est établie à 5 ppm. Aux États-Unis, elle est de 10 ppm.
Sans des LMR harmonisées, le risque est souvent trop élevé pour permettre aux producteurs de s'aventurer dans de nouveaux marchés. Un producteur qui respecte pleinement le système canadien d'étiquetage des pesticides peut voir sa culture rejetée par le pays de destination, car elle ne respecte pas la LMR de ce pays, laquelle est inférieure à celle du Canada.
La semaine dernière, le CCH a envoyé un mémoire sur le possible accord de libre-échange avec la Chine. Nombre de nos membres ont exprimé leur préoccupation à l'égard du manque d'harmonisation en ce qui concerne les limites de résidus, ce qui crée un obstacle considérable pour les gens du secteur horticole. Des organismes internationaux comme l'OMC et le Codex ont déployé des efforts afin d'établir une norme mondiale, mais à ce jour, aucune n'est reconnue par tous les pays. La majorité des pays établissent leurs propres niveaux de tolérance, ce qui se traduit par des LMR non uniformes chez les partenaires commerciaux.
La priorité accordée à l'amélioration du commerce des produits agricoles ne sera peut-être pas tout à fait concluante si l'ARLA ne crée pas de LMR pour les nouvelles inscriptions et qu'elle n'en assure pas l'harmonisation dans le monde entier. Les rôles joués par l'ARLA à l'égard du Codex sont essentiels. Toutefois, l'ARLA a dû cesser ses travaux à ce moment crucial en raison de graves contraintes budgétaires. Les producteurs horticoles canadiens appuient le financement adéquat de l'ARLA, afin qu'elle puisse continuer d'effectuer convenablement et en temps opportun ses travaux d'inscription et de réévaluation, en plus de fournir son expertise afin d'amener le Canada à jouer un plus grand rôle dans le domaine des sciences à l'échelle internationale, y compris dans l'harmonisation des LMR.
Les négociateurs commerciaux devraient continuer d'exercer des pressions pour que les LMR fondées sur des données scientifiques soient harmonisées entre les pays commerçants afin d'éliminer cet obstacle technique.
En ce qui concerne les exigences phytosanitaires en matière d'importation, particulièrement en ce qui a trait aux produits frais, il est important que nos produits traversent rapidement les frontières de nos partenaires commerciaux, sans retard, de sorte qu'ils arrivent sur le marché étranger avec le même niveau de qualité supérieure qu'au moment où ils ont quitté le Canada.
Les exigences phytosanitaires en matière d'importation peuvent constituer d'importants obstacles pour l'accès au marché des produits frais canadiens, puisque d'autres pays peuvent imposer des restrictions qui ne sont pas toujours étayées par une évaluation du risque fondée sur des données scientifiques. Parmi ces restrictions, mentionnons des exigences déraisonnables en matière de tests en laboratoire, des inspections de prédédouanement coûteuses, la non-reconnaissance des tests de laboratoire accrédités par l'ACIA et des règlements incohérents et non transparents, comme des exigences phytosanitaires qui changent sans préavis suffisant.
À l'occasion d'une récente consultation des membres du CCH concernant un potentiel accord de libre-échange avec la Chine, les restrictions phytosanitaires strictes et incohérentes figuraient parmi les principaux obstacles auxquels font face nos producteurs au moment d'entrer sur le marché chinois.
Pour réduire cet obstacle commercial, nous appuyons l'inclusion d'exigences phytosanitaires améliorées et justifiées sur le plan technique qui s'harmonisent entre les pays. Cela permettrait de renforcer le besoin des pays importateurs d'effectuer des évaluations du risque fondées sur des données scientifiques et favoriserait des possibilités d'accès équitables au marché fondées sur des conditions phytosanitaires valides.
Je vais maintenant aborder la question des décisions réglementaires fondées sur une politique du tout ou rien en ce qui concerne les dangers.
Faisant fond sur notre promotion d'une approche fondée sur des données scientifiques... Je dirais qu'un autre obstacle non tarifaire réside dans le fait que des gouvernements adoptent des approches fondamentalement différentes pour prendre des décisions réglementaires. C'est actuellement le cas au sein de l'Union européenne, et il se pourrait que cela devienne un obstacle commercial pour d'autres pays également.
Par exemple, le Canada se penche sur des cas réels et utilise une approche fondée sur des données scientifiques pour voir de quelle façon il est possible d'atténuer le risque tout en continuant d'utiliser un produit phytosanitaire. En revanche, l'Union européenne prend des décisions fondées sur la simple existence d'un danger, sans chercher à trouver une solution au risque. Prenons l'exemple de la limite arbitraire de 0,1 microgramme par litre fixée par l'Union européenne pour les pesticides contenus dans l'eau potable, laquelle n'est pas fondée sur le risque. Il s'agit d'une approche différente, et cela n'est pas sans conséquence pour les producteurs canadiens qui souhaitent rester sur ce marché et qui doivent se conformer aux décisions réglementaires étrangères.
Le CCH est en faveur d'une approche selon laquelle les négociations commerciales prévoient que l'atténuation du risque phytosanitaire, selon des données scientifiques, est reconnue au moment de l'inscription des produits phytosanitaires.
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Je vais poursuivre sur l'accès au marché. Pour garder les produits frais canadiens concurrentiels ici, nous devons continuer d'avoir le soutien des règles antidumping grâce au maintien des exemptions ministérielles.
Les fruits et les légumes sont des denrées périssables qui doivent être entreposées dans des conditions coûteuses et hautement contrôlées de la récolte jusqu'à leur utilisation. Dans le cas de nombreuses cultures — pommes, pommes de terre et légumes racines —, les producteurs et les emballeurs gèrent l'approvisionnement disponible pendant l'hiver, le printemps et l'été afin d'offrir des produits de qualité supérieure jusqu'à ce que la prochaine culture soit récoltée. La prévisibilité du marché permet d'assurer que, par exemple, les producteurs canadiens de pommes de terre offrent un approvisionnement constant et de haute qualité de pommes de terre fraîches aux consommateurs et à l'industrie de la transformation.
L'importation selon les règles et le commerce interprovincial des pommes de terre sont favorisés soit par la libre importation des pommes de terre qui satisfont aux exigences du Règlement sur les fruits et les légumes frais de la Loi sur les produits agricoles au Canada, soit par les dispositions d'exemption ministérielle prévues par cette réglementation.
Les exemptions ministérielles s'appliquent à certaines exigences de la réglementation, notamment la taille des conteneurs et les normes des grades. Sans les dispositions relatives aux exemptions ministérielles, des produits comme les pommes et les pommes de terre ne pourraient être transportés en vrac ou dans des réservoirs portatifs et ne pourraient être transportés sans être classifiés.
Par ailleurs, les exemptions ministérielles éliminent les possibilités de dumping de grandes quantités de pommes de terre au Canada ou dans une province, ce qui pourrait découler d'expéditions sans restriction de pommes de terre en vrac. En l'absence d'une commercialisation ordonnée, les producteurs canadiens continueraient de subir les coûts et les risques élevés associés à l'entreposage de pommes de terre, tout en étant exposés à des expéditions en vrac imprévisibles au sein de leur province ainsi qu'à l'incertitude économique qui s'y rattache.
Dans le même ordre d'idées, le besoin d'une exemption ministérielle à l'égard des grades limite le dumping de produits de qualité moindre sur le marché canadien. Ce genre de dumping pourrait avoir une incidence considérable sur le prix des produits canadiens de qualité supérieure.
Alors que nous approchons des consultations concernant l'ALENA, tout cela est bien présent à l'esprit de la plupart de nos producteurs, qui considèrent qu'il est essentiel que les exemptions ministérielles prévues par le Règlement sur les fruits et les légumes frais soient maintenues et qu'elles ne soient pas écartées dans le cadre de la renégociation de l'ALENA.
Je vais maintenant aborder la question des coûts liés à la concurrence pour les producteurs canadiens.
Comme les producteurs canadiens respectent des normes strictes en matière de qualité des produits alimentaires et des lois du travail rigoureuses, en plus de se conformer à des normes environnementales, comme la tarification du carbone, leurs coûts de production sont souvent beaucoup plus élevés que ceux des producteurs dans d'autres pays. En raison de ces coûts de production, d'autres pays sont souvent en mesure d'entrer sur notre marché à un moindre coût, ce qui force les producteurs à absorber les coûts liés aux marges de plus en plus faibles.
Même si notre secteur favorise la concurrence et le libre-échange, nous valorisons la possibilité d'offrir des produits frais et salubres aux Canadiens, sans devoir dépendre de l'importation, particulièrement durant les mois d'été. Il faudra peut-être que le gouvernement du Canada aide les producteurs canadiens en régularisant l'importation pour faire en sorte que les produits étrangers répondent aux normes élevées du Canada, y compris en ce qui a trait à la main-d'oeuvre, à l'environnement et, bien sûr, à la qualité et à la salubrité du produit.
En conclusion, le secteur des produits frais veut être plus concurrentiel et conquérir de nouveaux marchés. Toutefois, d'importants obstacles non tarifaires à la vente empêchent et découragent les producteurs canadiens d'exporter leurs produits. Le renforcement du système de réglementation et l'offre d'un soutien stratégique approprié au Canada, ainsi que l'harmonisation de la réglementation avec les partenaires commerciaux, contribueront à la création des conditions propices au succès.
En ce qui concerne l'exportation canadienne, il est très important que nos ambassades établissent de bonnes relations avec nos partenaires commerciaux pour favoriser l'ouverture de nouveaux marchés pour les producteurs canadiens. Pour amener les exportateurs à faire confiance aux nouveaux marchés, il sera indispensable de mettre en place un mécanisme de règlement des différends complet dans les pays avec lesquels le Canada négocie. Les travaux réalisés au Canada par la Corporation de règlement des différends dans les fruits et légumes au chapitre des retards de paiement et du non-paiement pourraient être utilisés comme modèles.
De plus, nous devons régler le cas de la Perishable Agricultural Commodities Act, la loi sur les denrées agricoles périssables, avec notre plus grand partenaire commercial. Il s'agit d'une loi américaine. On parle de fiducie en vertu de la PACA. Le Conseil canadien de l'horticulture essaie depuis des décennies de mettre en place un système de réciprocité au Canada pour les Américains, de sorte que nous puissions l'utiliser ici également, entre les provinces et entre les acheteurs.
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Comme vous le savez, nous discutons de cette question depuis plus de 10 ans. Cette fois, on en a saisi le CCR, et on a ensuite fait marche arrière. Nous avons cru que nous avions réussi lorsqu'on a annoncé en 2011 que le président et le premier ministre allaient de l'avant à cet égard.
C'est très simple: nous voulons que nos agriculteurs soient payés. Certains d'entre nous, il y a environ 10 ans, ont entamé ce processus, bien avant le CCR, parce qu'on éprouvait des problèmes au Canada avec des individus sans scrupules qui ne payaient pas. Ils vous payaient pendant un certain temps et cessaient ensuite complètement. Nous voulions une loi en place qui corrigerait cette situation.
En outre, les Américains nous harcèlent depuis toujours en nous disant qu'ils ont besoin d'un système de réciprocité parce que nous avons été traités comme des agriculteurs américains depuis la mise en place aux États-Unis d'une fiducie au sens de la PACA. Les Américains sont devenus un peu irritables à ce sujet parce que nous sommes allés de l'avant en adoptant une position et puis nous l'avons changée.
Comme vous le savez, il y a quelques années, on nous a retiré notre traitement préférentiel aux États-Unis. Afin de maintenant respecter la PACA, nous sommes comme n'importe quel autre pays dans le monde; nous devons offrir des cautions non grevées. Vous pouvez vous plaindre au titre de la PACA, mais pour mettre en oeuvre l'ensemble de cette loi aux États-Unis, vous devez avancer de grosses sommes d'argent. La plupart du temps, vous devez donner en garantie des biens immobiliers ou des actifs non grevés.
Lorsqu'on pense à n'importe quelle entreprise, aucune n'est parfaitement libre de dettes; il y a toujours une banque ou une personne derrière l'entreprise. Elle ne peut le faire, alors elle ne peut utiliser actuellement aux États-Unis la fiducie relative à la PACA; la plupart des personnes ne peuvent pas le faire en réalité. La majorité des gens ne vont pas aussi loin parce qu'ils ne peuvent pas y arriver.
La raison pour laquelle le processus a cessé me dépasse. C'est simple. Nous ne demandons pas d'argent du gouvernement fédéral. Nous ne l'avons jamais fait.