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Je souhaite à tous la bienvenue à cette réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons l'étude sur une politique alimentaire pour le Canada.
Nos invités d'aujourd'hui vont certainement nous aider dans notre étude.
Nous accueillons M. Shawn Pegg, qui est directeur de la politique et de la recherche au sein de l'organisme Banques alimentaires Canada.
Bienvenue, monsieur Pegg.
Nous recevons également Mme Diana Bronson, qui est directrice générale du Réseau pour une alimentation durable, ainsi que Mme Amanda Wilson, qui est analyste politique et coordonnatrice à l'engagement communautaire au sein du même organisme.
Bienvenue, mesdames.
Nous recevons aussi le président de l'Union des producteurs agricoles, M. Marcel Groleau.
Bienvenue, monsieur Groleau.
Enfin, nous accueillons Mme Annie Tessier, qui est coordonnatrice de la Coalition pour la souveraineté alimentaire.
Vous disposerez tous de sept minutes pour livrer votre présentation. Nous passerons ensuite à la période de questions et réponses.
Nous allons commencer par M. Pegg, de Banques alimentaires Canada.
[Traduction]
Vous avez sept minutes.
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Merci beaucoup de m’avoir invité à parler devant vous aujourd’hui.
J’aimerais commencer par dire que les banques alimentaires de partout au pays se réjouissent que le gouvernement fédéral élabore une nouvelle politique alimentaire pour le Canada. Les banques alimentaires ont changé au fil du temps. Elles privilégient une nouvelle approche à l’égard de la nourriture, y compris en ce qui concerne les types et la diversité des denrées alimentaires qu’elles sont en mesure de fournir, et elles veulent aussi voir évoluer le gouvernement fédéral au fil du temps.
Nous louons le gouvernement fédéral pour la structure inclusive du nouveau cadre stratégique de la politique alimentaire nationale et nous louons aussi le fait que la politique s’attachera principalement à la sécurité alimentaire du ménage. Dans un pays où les aliments sont relativement abordables, mais où les agriculteurs ont du mal à joindre les deux bouts, où les travailleurs agricoles représentent certains de nos résidents les plus vulnérables, où quatre millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, et où plus de 860 000 personnes font appel à des banques alimentaires chaque mois, il est clair que nous devons trouver de nouvelles idées.
J’aimerais aborder deux points importants cet après-midi. J’aimerais d’abord parler du coût abordable des aliments et, ensuite, de l’insécurité alimentaire des populations autochtones et du Nord.
Commençons par le caractère abordable des aliments. Les Canadiens du Sud consacrent environ 10 % de leurs dépenses à l’achat de nourriture, 14 % si on compte les sorties au restaurant. C’est un des endroits au monde où on consacre le moins d’argent à la nourriture. Lorsqu’on voit que le document de consultations sur la politique alimentaire fédérale parle de rendre les aliments plus abordables qu’ils le sont actuellement, cela nous rend un peu nerveux, car ce serait difficile de le faire pour le consommateur moyen. Si vous essayez de faire baisser le prix des aliments, il est probable que ce soit au détriment des agriculteurs et des travailleurs de l’alimentation au Canada et dans le monde entier.
De bien des façons, l’insécurité alimentaire ne concerne pas du tout les aliments. La principale façon d’accroître l’accès, en particulier, des Canadiens à faible revenu à des aliments nutritifs et salubres est de hausser les revenus, qui est une responsabilité qui relève clairement de la prochaine stratégie de réduction de la pauvreté.
Nous étions très heureux de voir qu’il existe des liens étroits entre l’élaboration de la politique alimentaire nationale et la stratégie de réduction de la pauvreté. C’est une très bonne nouvelle.
Banques alimentaires Canada a publié aujourd’hui un nouveau rapport concernant la réduction de la pauvreté intitulé « Personne sur qui compter ». Ce rapport examine le cas des 1,3 million d’adultes seuls vivant dans la pauvreté qui ont de la difficulté à se payer à manger au Canada et il formule des recommandations pour leur faire rejoindre le courant économique général. C’est une des choses dont Banques alimentaires Canada tient compte dans ses efforts de défense et ses relations gouvernementales.
Parce qu’on ne saurait trop insister, je le répète: seule la hausse des revenus améliorera l’accès à des aliments nutritifs et salubres à grande échelle. Lorsqu’un adulte célibataire bénéficiaire de l’aide sociale vit avec 8 000 $ par année — comme c’est le cas de centaines de milliers de personnes au Canada — nous sommes très loin, en effet, des aliments abordables.
Bien sûr, la situation dans le Nord est assez différente. Les coûts des aliments dans cette région sont plus de deux fois supérieurs à ceux du Sud et les niveaux d’insécurité alimentaire sont aussi beaucoup plus élevés. Dans les territoires, une personne sur cinq souffre d’insécurité alimentaire, et les chiffres sont plus élevés parmi les populations indigènes. Le Nunavut compte le niveau le plus élevé d’insécurité alimentaire indigène de tous les pays à revenu élevé dans le monde.
Les discussions concernant l’insécurité alimentaire dans le Nord ont tendance à porter sur Nutrition Nord Canada, et nous sommes ravis de voir que le gouvernement fédéral projette d’apporter des changements à ce programme. Nous avons hâte de voir à quoi cela ressemblera. Cependant, Nutrition Nord Canada est une initiative modeste et limitée d’environ 120 millions de dollars, montant qui est vraiment écrasé par l’ampleur du problème. Pour répondre réellement à l’insécurité alimentaire dans le Nord, nous devons aller au-delà de cette initiative.
Il est évident qu’il faut rehausser les revenus — cela constitue une partie essentielle de la solution, mais ce n’est pas la seule. J’encouragerais le Comité à étudier de près les façons dont nombre de collectivités du Nord traitent leurs problèmes alimentaires en faisant appel à leurs pratiques traditionnelles, dont la chasse, le piégeage et la pêche, ainsi que les façons dont le gouvernement fédéral pourrait appuyer ces initiatives.
Dans les travaux de recherche que Banques alimentaires Canada a menés, nous avons observé que les programmes communautaires dans le Nord ont énormément de difficulté à se maintenir à flot d’une saison à l’autre. Il y a un besoin pressant de nouvelles sources de financement pour des projets qui offrent des avantages démontrables et considérables aux collectivités.
Merci beaucoup. Je me réjouis à la perspective de répondre à vos questions.
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Bonjour. Je vous remercie beaucoup de nous avoir invitées à comparaître devant votre comité aujourd'hui.
Je représente le Réseau pour une alimentation durable, un réseau pancanadien d'organisations et d'individus qui travaillent à l'atteinte de trois objectifs: la faim zéro; une alimentation saine et salubre; et un système alimentaire durable pour l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens. Nous voyons ces objectifs comme étant interreliés.
Au cours de la dernière décennie, nous avons abordé avec plusieurs milliers de citoyens la question d'une éventuelle politique alimentaire. Or il est ressorti de façon évidente de ces consultations que nous avions besoin d'une approche pangouvernementale.
Nous devons travailler de concert avec l'ensemble des partenaires pour bâtir une vision commune, des objectifs communs et des priorités communes. Nous félicitons le ministère de l'Agriculture d'avoir inclus 16 agences gouvernementales et ministères dans le dossier du développement d'une politique alimentaire.
Pourquoi cette approche pangouvernementale est-elle si importante?
Dans le domaine de l'alimentation, nous sommes l'un des plus grands exportateurs. Pourtant, comme vient de le préciser M. Pegg, quatre millions de personnes au Canada souffrent d'insécurité alimentaire. Les maladies chroniques liées à une mauvaise alimentation représentent, en coûts directs et indirects, environ 26 milliards de dollars par année. Parmi 41 pays affichant des revenus élevés, nous occupons le 37e rang pour ce qui est de l'accès à une alimentation saine pour les enfants. Je pourrais continuer à vous citer des statistiques, mais je préfère passer à nos recommandations. Nous allons déposer d'ici la fin de la semaine un mémoire complet comportant de nombreuses recommandations détaillées à l'intention du gouvernement fédéral. Je pense néanmoins qu'il est plus pertinent de parler aujourd'hui de grandes orientations.
[Traduction]
La première chose que nous aimerions voir dans la politique alimentaire nationale est la reconnaissance officielle du droit à l’alimentation. C’est en 1976 que le Canada a signé le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et pourtant, nous n’avons toujours pas atteint ses objectifs ou mis à jour les recommandations que le Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation a formulées lorsqu’il est venu au Canada en 2012.
C’est la première orientation: reconnaissons officiellement le droit à l’alimentation.
Deuxièmement, ce n’est pas seulement une question d'opinion, mais bien un fait historique que, dans le passé colonial du Canada, la nourriture a servi d’arme contre les peuples autochtones. Il suffit de prendre le rapport de la Commission de vérité et de réconciliation et de lire les témoignages pour constater que la privation de nourriture, la suppression des cultures autochtones et le travail forcé ont tous fait partie de cette histoire.
La nourriture rassemble aussi les gens et a le grand potentiel de rétablir cette relation en s’assurant que les peuples autochtones au Canada ont plus de pouvoir sur les décisions qui influent sur leur sécurité alimentaire.
Troisièmement, nous pensons aussi que la politique alimentaire du Canada doit prioriser les enfants et la jeunesse. J’ai mentionné le rapport de l’UNICEF, qui nous a placés au 37e rang sur une liste de 41 pays à revenu élevé. Nous n’offrons toujours pas une saine alimentation en milieu scolaire aux petits Canadiens, même dans les réserves, qui relèvent clairement de la compétence fédérale. De concert avec la Coalition pour une saine alimentation scolaire, nous demandons la création d'un programme universel de saine alimentation scolaire à frais partagés qui appuierait le droit de tous les enfants à un bon apprentissage grâce à une alimentation saine dans les écoles.
Quatrièmement, nous pensons que le Canada doit mieux appuyer la prochaine génération d’agriculteurs et promouvoir plus clairement la diversité des pratiques agricoles. Nous avons actuellement un nombre plus élevé d’agriculteurs de plus de 70 ans que nous en avons de moins de 35 ans, et 92 % d’entre eux n’ont pas de plan de relève. Les jeunes ou les nouveaux immigrants qui souhaitent se lancer dans le domaine de l’agriculture ou travailler dans l’industrie des pêches ont des défis de taille à relever pour accéder aux terres, aux capitaux et à la formation dont ils ont besoin. Ce devrait être une orientation fondamentale de notre nouvelle politique alimentaire.
Cinquièmement, nous demandons la mise en place d’une nouvelle institution — un nouveau conseil de la politique alimentaire nationale.
Il y a fort à dire à ce sujet, et vous en entendrez beaucoup plus parler au cours des mois qui viennent, car nous sommes nombreux à avoir parlé à des hauts fonctionnaires du gouvernement, mais aussi à des intervenants de réseaux de l’industrie et de la société civile. Nous n’allons pas tout régler dans cette nouvelle politique alimentaire nationale. On s’attend à ce qu’elle soit prête d’ici à mai prochain. Il y aura une foule de questions que nous n’aurons pas le temps de traiter, mais pour diverses raisons, certains d’entre nous estiment que tous les intervenants ont besoin de s’asseoir à la même table, pas seulement avec les fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, mais aussi avec ceux du ministère de la Santé, du Développement social, des Affaires autochtones, et des Pêches et des Océans. Tous ces joueurs gouvernementaux doivent se joindre aux discussions, tout comme les intervenants de l’industrie et de la société civile, les meilleurs chercheurs universitaires et les bailleurs de fonds.
Nous avons collaboré avec nos partenaires, Maple Leaf Foods, la Fédération canadienne de l’agriculture, l’Institut canadien des politiques agroalimentaires, l'Arrell Food Institute à l’Université de Guelph ainsi qu’un certain nombre d’autres intervenants, à formuler des recommandations claires à cet égard, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions à ce sujet.
Sixièmement, je sais que l’innovation est un thème qui importe vraiment à ce gouvernement, lequel a, en notre nom, accordé des ressources considérables à l’innovation de l’industrie agroalimentaire. Nous nous en réjouissons. L’innovation ne se fait pas qu’au plan technologique, mais aussi au plan social. Nous croyons que, en plus d’avoir investi 65 millions de dollars dans l’industrie agroalimentaire, nous devrions en faire autant pour appuyer l’innovation sociale dans notre système alimentaire. Parmi les membres de mon réseau, il y a des personnes qui transforment les banques alimentaires, qui mettent à l’essai de nouvelles techniques agricoles, qui trouvent de nouvelles façons de donner aux gens la nourriture dont ils ont besoin, et qui gèrent des programmes novateurs dans les écoles, les universités et les hôpitaux. Je pense que c’est le type de travail qui a besoin de votre soutien.
Merci beaucoup.
Je suis président de l'Union des producteurs agricoles, mais je suis aussi coprésident de la Coalition pour la souveraineté alimentaire.
Cette coalition existe au Québec depuis neuf ans et compte aussi des membres ailleurs au Canada. Actuellement, 62 organisations sont membres de notre coalition. Plusieurs de nos membres représentent aussi des secteurs qui viennent de s'exprimer ici. Notre coalition est très soucieuse de tous les aspects d'une future politique alimentaire au Canada.
Selon nous, cette politique alimentaire canadienne doit se faire en collaboration et conjointement avec les gouvernements des provinces, parce que l'agriculture et l'alimentation sont des compétences partagées. Le commerce interprovincial agricole est de compétence fédérale, mais tout ce qui concerne l'agriculture relève des provinces.
Lorsqu'on parle d'une politique nationale alimentaire, une question vient tout de suite à l'esprit. J'aimerais qu'on nous explique de quelle façon le Canada, de concert avec les provinces, pourra remplir ses engagements et réaliser cette politique alimentaire dans le contexte de la fédération canadienne. C'est quand même une question importante.
Par ailleurs, il y a aussi la régulation des marchés. Nous sommes une coalition pour l'exception agricole et alimentaire. Les gouvernements ont deux façons d'intervenir, soit par la réglementation, puisqu'ils sont des législateurs, soit financièrement. En effet, le gouvernement peut offrir du soutien, de l'investissement et de l'accompagnement. Ce sont les deux façons dont un gouvernement peut intervenir.
Nous pensons qu'en matière de réglementation, le gouvernement doit mieux réguler les marchés agricoles pour veiller, comme cela a été mentionné un peu plus tôt, à ce que les prix soient justes et équitables pour l'ensemble des citoyens, peu importe où ils vivent et leur situation. L'accès aux aliments en soi n'est pas suffisant, encore faut-il qu'ils soient abordables pour l'ensemble des citoyens canadiens.
On a parlé du droit à l'alimentation et je n'y reviendrai pas. Je vais plutôt parler de l'aspect multisectoriel de cette politique.
C'est vrai qu'elle est chapeautée par le ministère de l'Agriculture, mais il faut vraiment qu'elle devienne une politique gouvernementale, c'est-à-dire que chaque ministère et organisme de l'État devra en tenir compte au moment de prendre toute décision pouvant avoir un impact sur l'alimentation et l'agriculture au Canada.
Je vais souvent mentionner les mots « agriculture » et « alimentation », parce que nous considérons qu'ils sont indissociables dans notre réflexion sur une politique alimentaire.
Je vais maintenant aborder le volet producteurs. Les citoyens sont aussi des consommateurs. Les sondages faits auprès des citoyens révèlent qu'ils sont très exigeants: ils veulent vivre dans un environnement sain, que les pratiques agricoles soient les plus propres possible, qu'on protège l'eau, les nappes phréatiques et les rivières, qu'il y ait une diversité d'agriculture, et ainsi de suite.
Or, quand on analyse les comportements du consommateur, on voit qu'ils ne sont pas toujours conformes à ce que le citoyen demande. Ce sont souvent les prix qui déterminent le comportement du citoyen. Les gouvernements interviennent auprès des producteurs selon la volonté du citoyen, mais nous, comme producteurs, avons parfois de la difficulté à répondre à l'objectif premier du consommateur: payer le prix le plus bas possible pour ses aliments.
Or vous devez prendre en compte ce dilemme. Au Canada, on impose des pratiques exigeantes en matière d'agriculture, mais on permet l'importation de produits pour lesquels ces pratiques ou exigences n'ont pas à être respectées. Cela met l'agriculture canadienne dans une situation difficile par rapport à ses concurrents.
Je vais maintenant aborder la question du cadre stratégique. C'est cette année que va prendre fin l'actuel cadre stratégique en matière d'agriculture. En 2018, nous aurons une nouvelle politique agricole. Une entente fédérale-provinciale a été conclue en juillet dernier à cet égard. Or le gouvernement canadien a déjà déterminé que les sommes dont bénéficiera le futur cadre agricole seront les mêmes que celles dont dispose le cadre actuel, qui date de 2013. En outre, par rapport au cadre stratégique adopté en 2008, celui de 2013 avait été réduit de 260 millions de dollars par année. On se targue de mettre en oeuvre une nouvelle politique alimentaire alors que notre principale politique agricole, le cadre stratégique, va bénéficier d'un soutien inférieur à ce qu'il était en 2008. Par conséquent, je m'inquiète quant à la capacité des producteurs agricoles de faire face aux exigences des consommateurs dans le cadre de cette future politique alimentaire.
L'étiquetage des aliments est aussi un élément important de cette politique. Je crois que l'étiquetage doit être national, de façon à permettre aux consommateurs de s'y retrouver. Actuellement, Il y a beaucoup de pressions concernant l'étiquetage des OGM au Québec. Or l'Union des producteurs agricoles et la Coalition pour la souveraineté alimentaire sont d'accord pour que l'étiquetage des OGM soit appliqué, pourvu qu'il soit national. On ne peut pas se permettre des étiquetages très différents d'une province à l'autre.
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Merci, monsieur le président.
Je pourrais facilement passer une demi-heure avec vous, particulièrement avec M. Groleau, qui est le président de l'Union des producteurs agricoles, bien sûr, mais qui est aussi un résidant de ma circonscription. C'est également le cas du ministre provincial de l'Agriculture. Le centre de l'agriculture, au Canada, c'est Mégantic—L'Érable.
Des voix: Ah, ah!
M. Luc Berthold: Enfin, je tiens simplement à le souligner à mes collègues.
J'ai retenu un bon nombre de vos commentaires. D'abord, il est en effet inacceptable que les Canadiens n'aient pas accès à de la nourriture de qualité, quel que soit leur rang social ou l'endroit où ils se trouvent. J'ai travaillé beaucoup auprès des banques alimentaires dans ma circonscription et je trouve vraiment horrible de voir à quel point ces banques doivent répondre à un besoin primaire dans la population. C'est un réel problème.
Vous avez souvent soulevé le problème de l'accès à la nourriture. J'ai apprécié que l'on souligne le fait que le prix n'est pas la seule question à considérer et que celle des revenus doit aussi être prise en compte. Dans le cadre de cette future politique alimentaire, on entend beaucoup parler des exigences, des nombreuses normes qu'on veut imposer aux agriculteurs. Le fait est que tout cela a un prix. Plus on ajoute de normes liées à la nourriture, plus on doit augmenter le prix de cette dernière. Il s'agit là d'un effet pervers. Je pense que cela demande beaucoup de réflexion.
Je sais qu'à l'heure actuelle, le ministère fait une étude exhaustive sur la politique alimentaire. Nous effectuons la même étude, en même temps, et j'espère que nous allons nous croiser un jour. J'aimerais bien obtenir une copie de votre rapport et de vos recommandations.
En outre, j'aimerais bien que vous nous fassiez parvenir votre documentation, madame Bronson.
À mon avis, nous sommes en quelque sorte en train de mettre la charrue avant les boeufs, ici au Comité. Nous aurions dû attendre de recevoir le résultat de l'analyse du ministère et étudier ensuite l'ensemble de ses recommandations. Nous aurions pu ainsi bénéficier de toute la consultation qu'il a menée.
Permettez-moi maintenant d'aborder un sujet d'actualité avec M. Groleau.
Nous avons parlé d'accès à la nourriture. Or une autre question préoccupe beaucoup les agriculteurs en ce moment, et c'est la survie des fermes familiales. Cette question est liée aux propositions de changements fiscaux qu'a présentées le . La période de consultation a été très courte et on a manqué de temps. Les producteurs ne sont pas encore sensibilisés à la situation. Je sais, pour avoir assisté à des assemblées de l'UPA, que la majorité des gens ne sont vraiment pas au courant de ce qui est en train de se passer.
Monsieur Groleau, pour que la nourriture soit abordable, il faut effectivement jouer sur les coûts. Or les taxes représentent un coût important pour les producteurs.
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L'intervention la plus importante qu'il pourrait faire serait d'inciter les institutions publiques à s'approvisionner localement. Un nombre incalculable d'expériences d'approvisionnement local sont menées dans les hôpitaux et sur les campus universitaires. On pourrait même faire de telles expériences dans les édifices gouvernementaux, et pourquoi pas au Parlement.
Il faut privilégier l'achat local. M. Groleau pourra peut-être vous en dire davantage là-dessus, mais un des défis auxquels font face les petits producteurs est trouver un marché régulier où vendre leurs produits.
Je ne parle pas de n'importe quel produit local non plus, mais d'aliments produits de manière écologique et d'aliments sains. Au Canada, on ne produit pas suffisamment de fruits et de légumes. Quand la devise américaine monte et qu'en conséquence, le prix des fruits et légumes monte en flèche au Canada, cela nous rend très vulnérables. On voit que cela préoccupe énormément les consommateurs et les citoyens.
La plus importante intervention à faire serait que la mette en place des incitatifs, que ce soit en établissant des prix ou en faisant des règlements, à l'intention du secteur de la santé pour qu'il s'approvisionne localement. C'est d'ailleurs ce qui se fait à l'Institut de cardiologie de Montréal.
Différentes expériences sont menées actuellement en ce sens. Par exemple, il y a le programme Nourrir la santé , qui est une collaboration de la Fondation McConnell, du Réseau pour une alimentation durable et d'autres organismes. Vingt-cinq expériences sont en cours.
Il y a aussi Meal Exchange, un regroupement d'étudiants universitaires qui mettent de la pression sur leurs universités respectives pour qu'il y ait une meilleure offre alimentaire. Cela se fait à l'Université de Toronto, à l'Université Concordia, à l'Université Ryerson et sur de nombreux autres campus d'un bout à l'autre du Canada.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poursuivre sur le même sujet, l'achat local.
Au cours de la 41e législature, ma collègue de a déposé un projet de loi visant à demander que les institutions gouvernementales s'approvisionnent en aliments locaux. Je pense qu'elle va bientôt déposer un projet de loi similaire. Je ne peux pas parler de tous les détails parce qu'il n'a pas encore été déposé à la Chambre, mais il serait intéressant d'étudier un tel projet de loi.
[Traduction]
J’aimerais revenir au rapport du Rapporteur spécial qui est venu en 2012, l’année où j’ai commencé à siéger au comité de l’agriculture, à l’époque où le gouvernement conservateur était au pouvoir. Lorsque le Rapporteur spécial est venu au Canada et qu’il a présenté son rapport de 19 pages avec recommandations, peu de mesures ont été prises pour y donner suite. Maintenant, nous avons un nouveau gouvernement qui a promis d’instaurer une stratégie alimentaire, ce qui est très bien, et notre comité procède à la présente étude.
Pouvons-nous revenir à ce qui a été dit en 2012? Avons-nous réalisé des progrès? Parmi les quatre priorités annoncées par le ministre de l’Agriculture, il n’est pas précisément question du droit à l’alimentation. Je pense que ce devrait être mentionné et qu’il n’est pas trop tard pour le souligner davantage.
Pourriez-vous formuler des commentaires à cet égard, je vous prie, madame Bronson?
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Je pense que la visite d’Olivier De Schutter au Canada en 2012 a été une occasion très stimulante. Il a traversé le pays et rencontré de nombreuses personnes. Il a terminé par un rapport contenant une série de recommandations qui a, sauf votre respect, été présenté à plusieurs reprises aux hauts fonctionnaires qui travaillent à la politique alimentaire du Canada.
Il en a été question au Sommet de l’alimentation, et il en sera question encore et encore au cours des mois qui viennent. Nous avons présenté nos cinq grandes idées au début de ce processus, et notre premier argument était que nous devrions reconnaître le droit des personnes à l’alimentation. Pourquoi? Parce que cela ne fait pas de l’alimentation une oeuvre de charité, mais bien une question de dignité humaine. Si nous ne reconnaissons pas l’alimentation comme un droit de la personne, nous opterons toujours pour la solution des programmes alimentaires de bienfaisance offerts par les banques d’alimentation à ceux qui n’ont pas les moyens de se nourrir.
Lorsque nous avons signé le Pacte, nous n’avons pas dit que plus personne ne souffrirait de la faim du jour au lendemain. Nous avons dit que le Canada s’engageait à accorder progressivement le droit à l’alimentation. Cela voudrait dire que, d’une année à l’autre, le nombre de personnes affamées diminue. Malheureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé.
La première recommandation d’Olivier De Schutter a été d’instaurer une stratégie relative au droit à l’alimentation. Le gouvernement au pouvoir a annoncé une politique alimentaire, alors nous pensons que nous avons besoin d’y inclure le principe du droit à l’alimentation. Énonçons-le clairement, comme nous l’avons fait dans le cas des soins de santé. Nous avons affirmé au pays que les soins de santé sont universels, gratuits, accessibles, transférables — et je ne suis pas une spécialiste de la Loi canadienne sur la santé.
Si nous énonçons clairement que l’alimentation est un droit fondamental de la personne et que le gouvernement et ceux qui lui succéderont ont l’intention d’assurer le respect de ce droit pour tous les Canadiens, sans discrimination, je pense que nous romprions vraiment avec le passé, ce qui nous permettrait de souscrire à cette vision et de travailler à la concrétiser.
Il a aussi recommandé l’examen de l’initiative Nutrition Nord, programme alimentaire universel dans les écoles, et un meilleur appui gouvernemental à l’égard de la diversité des pratiques agricoles. Il vaut certainement la peine de retourner lire ce rapport. Il n’est pas bien long; il fait peut-être 15 pages, dont une page et demie de recommandations, et je pense qu’elles sont toujours valides.
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Nous sommes très heureux de voir le gouvernement fédéral prendre des mesures à divers égards dans le cadre d’une politique alimentaire, d’une stratégie de réduction de la pauvreté et d’une stratégie nationale pour le logement. Bien que ces initiatives soient toutes prometteuses, il est difficile de prévoir ce qui se passera avec la stratégie lorsque vous n'en connaissez pas exactement le contenu. Le contenu sera très important.
Un secteur dans lequel le droit à l’alimentation au Canada laisse, à mon avis, le plus à désirer est parmi les populations autochtones. Puisqu’il s’agit d’une réunion fédérale, je pense qu’il convient le plus de parler des peuples autochtones qui vivent dans des réserves étant donné que le gouvernement fédéral est responsable de nombre de ces collectivités.
Vous avez dit que bien des gens qui font appel aux banques alimentaires sont des travailleurs, des aînés et des enfants, ce qui est tout à fait vrai. J’ajouterais que nombre de personnes qui s’en remettent aux banques alimentaires sont des bénéficiaires d’aide sociale ou d’aide à l’emploi — le nom varie d’une province à l’autre, selon l’endroit où vous êtes — et le gouvernement fédéral a l’habitude d’offrir dans les réserves les mêmes taux d’aide sociale que dans les provinces et les territoires.
Si vous êtes célibataire au Canada et que vous traversez une période difficile — vous perdez votre emploi en raison d’une blessure, et peut-être que vous avez du travail à temps partiel ou temporaire depuis deux ou trois ans — vous pouvez toucher de l’assurance-emploi pendant cinq ou six mois, et ensuite, que pouvez-vous faire si vous n’allez pas assez bien pour retourner au travail? Vous devez vous en remettre à l’aide sociale, ce qui n’est pas une situation idéale, car si vous vivez seul, vous devez trouver une façon de vivre avec 8 000 $ par année.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins ici présents.
Je vais poursuivre dans la même veine que certains de mes collègues. Je veux commencer par la question de l’innovation. L’innovation retient toujours mon attention.
Je vais revenir à la campagne. Je pense que nous avons eu 11 débats de candidats. Le premier a été organisé par Sécurité alimentaire Canada à Innovation Guelph. C’est un centre dont je suis le cofondateur. Il faisait chaud cet après-midi-là. Nous avions six candidats, et Sécurité alimentaire Canada voulait s’assurer qu’ils parlent d’alimentation. Et nous voici maintenant —à une différente réunion, dans une pièce où il ne fait pas aussi chaud bien que la température soit probablement la même à l’extérieur.
Le sixième point que vous avez soulevé, madame Bronson, concernait l’innovation.
La Children’s Foundation à Guelph gère un programme appelé Food and Friends. Celui-ci fait la collecte des sapins de Noël, soit environ 4 000 par année. L’an dernier, il a recueilli environ 50 000 $. Il sert des repas à 16 000 étudiants, soit 1,9 million de repas par année. Il s’agit d’une innovation au plan social. Ce programme a été lancé parce que la ville a dit qu’elle ne ferait plus la collecte des sapins de Noël, alors la Children's Foundation a pris le relais et décidé de trouver des bénévoles pour faire la collecte des sapins. On a demandé aux gens de payer cinq ou 10 $ par arbre pour recueillir des fonds afin d’aider les enfants.
C’est un exemple d’innovation sociale qui n'émane ni du gouvernement ni des grands programmes. Il existe probablement d’autres programmes communautaires. Coopération agroalimentaire Nouveau-Brunswick en est un autre exemple.
Votre organisme fait-il le suivi des exemples d’efforts déployés à l’échelle communautaire pour faire en sorte que les enfants reçoivent de bons repas dans leurs écoles? Est-ce quelque chose que nous pouvons intégrer à notre étude sur la politique alimentaire? Si le gouvernement pouvait aider en coulisses, car les programmes sont gérés à l’échelon communautaire, y a-t-il un rôle que le financement de l’innovation sociale ou la mise en commun des idées pourrait jouer?
C’est une longue question.
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J'ai également rencontré M. Poissant par la même occasion, et le fait d'être parmi vous ici aujourd'hui... J'aime à penser que c'est grâce à l'inclusion de la politique alimentaire dans la lettre de mandat. Je suis très satisfaite de la mobilisation qui a eu lieu durant la période électorale. Merci de cette observation.
Il n'existe aucune évaluation exhaustive, entre autres, des programmes de repas gratuits à l'école dans l'ensemble du pays. Il n'y a aucune feuille de route. Ce que nous avons actuellement, c'est un ensemble disparate de programmes. Certains enfants reçoivent des boissons gazeuses et des beignes, alors que d'autres se font servir des légumes frais et du houmous. Il y a toutes sortes de programmes partout au pays.
Il s'agit, pour la plupart, de programmes très innovateurs, très près des gens, et les intervenants font de leur mieux avec ce qu'ils ont à leur disposition. Je crois que c'est exactement le modèle qui est visé, comme vous le dites, par la Coalition pour une alimentation scolaire. Il s'agit d'un modèle ascendant. Ce n'est pas un nouveau programme fédéral unique de grande envergure, assorti de toutes sortes de règles complexes que tout le monde doit respecter.
La Coalition affirme, par exemple, que tous les enfants devraient avoir le droit à une saine alimentation. Nous travaillons à créer un fonds d'innovation sociale, dans le cadre duquel les conseils scolaires, les organismes sans but lucratif et les municipalités peuvent présenter une demande en vue de miser sur ce qu'il y a de mieux dans leur collectivité. Il existe des programmes extraordinaires à cet égard. Certains d'entre eux permettent d'obtenir des résultats tout simplement incroyables, selon une approche de la ferme à l'assiette.
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Comme je l'ai mentionné au sujet des programmes de gestion des risques, moins ceux-ci interviennent, plus c'est difficile pour les petits producteurs. Nous avons deux programmes forts au Canada: le programme Agri-stabilité et le programme Agri-investissement.
Le programme Agri-stabilité est devenu un programme catastrophe, au bout du compte. Il n'intervient plus suffisamment pour protéger les producteurs contre les variations des prix du marché. Actuellement, le Canada soutient moins son agriculture, par dollar produit, que les États-Unis le font, alors que nous avons une agriculture plus petite et plus nordique.
Il est entendu que nous avons été chanceux puisque, jusqu'à maintenant, les prix ont été relativement bons. Nous n'avons pas eu de crises importantes à gérer autres que celles provoquées par le climat ou les intempéries. Nous avons donc été chanceux depuis l'année 2013.
Toutefois, nous sommes vraiment à risque au Canada: s'il y avait une chute importante des prix des céréales, nous vivrions une crise grave dans le secteur agricole.
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Nous nous retrouvons pour la deuxième heure de notre réunion sur l'étude de notre politique alimentaire.
Nous avons avons nous Mme Annie Bérubé, directrice des relations gouvernementales chez Équiterre.
Bienvenue, madame Bérubé.
De chez Moisson Outaouais, nous recevons Mme Sonia Latulippe.
Bienvenue, madame Latulippe.
Nous accueillons aussi Mme Shannon Benner, qui est directrice générale de 4-H Canada.
Soyez la bienvenue, madame Benner.
Nous allons commencer en accordant à chacun une période de temps allant jusqu'à sept minutes pour une présentation initiale.
Madame Bérubé, vous pouvez commencer.
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Bonjour et merci d'avoir invité Équiterre à témoigner dans le cadre de votre étude sur la politique alimentaire pour le Canada.
Nous avons, pour la première fois au Canada, une réflexion nationale sur la qualité de notre alimentation et la provenance de nos aliments. Aujourd'hui, nous voulons vous parler d'une menace à la pérennité et la durabilité de l'agriculture au Canada, une menace à l'abondance et à la qualité des aliments que nous produisons.
C'est une menace trop souvent négligée dans nos conversations, qui peut et doit être abordée dans le contexte de la politique alimentaire au Canada. Cette menace, c'est la dépendance aux pesticides synthétiques en agriculture.
[Traduction]
On ne saurait trop insister sur l'importance de la politique alimentaire nationale. Nous reconnaissons enfin que la sécurité alimentaire des Canadiens est liée à la viabilité des exploitations agricoles canadiennes ainsi qu'à la conservation des fondements écologiques à la base de notre production alimentaire, comme la santé des sols, la salubrité de l'eau, la biodiversité et la présence de populations de pollinisateurs en santé.
Malheureusement, notre dépendance grandissante envers les pesticides en agriculture menace tout cela. Même si les ventes de pesticides continuent d'augmenter au Canada, le dernier recensement de l'agriculture révèle que les profits des exploitations agricoles ne sont pas à la hausse. Notre approvisionnement alimentaire dépend de la viabilité des entreprises canadiennes, et nous devrions tous être préoccupés par la montée des coûts des intrants agricoles, sans oublier le coût d'une dépendance excessive à l'égard des pesticides synthétiques.
Ce que nous vous recommandons aujourd'hui, c'est que le Comité propose une stratégie nationale complète de réduction de l'utilisation des pesticides dans le cadre de la politique alimentaire nationale. Permettez-moi de vous expliquer brièvement pourquoi une telle stratégie s'impose et comment nous pouvons y arriver.
Tout d'abord, le mythe selon lequel les pesticides sont essentiels pour nourrir une population mondiale grandissante n'est plus appuyé par des éléments de preuve. C'est plutôt le contraire. Le rapport important découlant de l'évaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies agricoles pour le développement, menée en 2008 par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et la Banque mondiale, a permis de conclure, d'après l'expérience de 80 pays, que l'agriculture industrielle, malgré sa forte dépendance à l'égard des pesticides, ne parviendrait pas à nourrir notre population croissante. Ce qui améliorera la santé humaine et assurera la sécurité alimentaire pour la population mondiale grandissante, ce sont plutôt les pratiques agricoles qui sont adoptées à l'échelle locale et qui tiennent compte des écosystèmes. Depuis, plusieurs autres études de grande envergure ont été publiées à l'échelle internationale, et elles révèlent que le rendement des cultures diminue, et chute parfois même, lorsque la santé des sols et les fonctions naturelles des écosystèmes atteignent un point critique après des années d'utilisation excessive de pesticides synthétiques.
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur le droit à l'alimentation, Mme Elver, a publié un rapport plus tôt cette année afin de dénoncer le mythe selon lequel les pesticides sont nécessaires pour nourrir la population mondiale. Elle blâme l'industrie des pesticides pour le déni systématique des dommages causés, en affirmant que « les pratiques commerciales agressives et contraires à l'éthique, ainsi que les pressions énormes exercées auprès du gouvernement pour empêcher l'application de restrictions nationales et internationales concernant l'utilisation des pesticides, créent une menace pour la sécurité alimentaire nationale. » Ce sont les paroles de la rapporteuse spéciale, et non les miennes.
Elle propose plusieurs recommandations que votre comité devrait prendre en considération, notamment le besoin urgent d'adopter des stratégies nationales pour la réduction de l'utilisation des pesticides en agriculture.
À l'échelle mondiale, nous savons que les pesticides synthétiques menacent la sécurité alimentaire, mais ici au pays, l'utilisation excessive des pesticides menace la viabilité de l'agriculture canadienne. Tout d'abord, les pesticides détériorent la qualité des sols, ce qui est essentiel pour la croissance des plantes et le stockage du carbone. Les pesticides tuent les champignons et les bactéries qui sont nécessaires à la croissance des plantes et au rendement de la production. Nous savons, à la lumière des dernières données d'Agriculture Canada, que les petites matières organiques sont en baisse dans plusieurs régions du Canada.
La qualité de l'eau au Canada se détériore, elle aussi, parce que les pesticides s'infiltrent de plus en plus dans les bassins hydrographiques partout au Canada. Par exemple, l'atrazine est maintenant présente dans la vaste majorité des cours d'eau canadiens, et elle est même décelée dans l'eau potable au Canada. C'est d'ailleurs la contamination de l'eau qui a mené à l'interdiction complète de l'atrazine dans l'Union européenne il y a 13 ans; pourtant, les producteurs de maïs de l'Union européenne demeurent concurrentiels. De nombreuses études révèlent maintenant que l'atrazine au Canada ne fait que contribuer, au mieux, à une croissance de 3 % du rendement des cultures, mais, dans la plupart des cas, ce produit n'entraîne aucune croissance du rendement agricole.
Les pesticides menacent également les services écosystémiques dont dépend l'agriculture, notamment la santé des pollinisateurs, qui jouent un rôle vital en agriculture. Le déclin des populations de pollinisateurs comme les abeilles et les papillons monarques découle, en partie, des effets de l'exposition aux insecticides. Les néonicotinoïdes constituent les insecticides les plus couramment utilisés au Canada. On a découvert qu'ils sont 5 000 à 10 000 fois plus toxiques pour les abeilles que le DDT, un produit qui a été aboli il y a 45 ans.
La semaine dernière, le Groupe de travail sur les pesticides systémiques a rendu publique son évaluation mondiale des effets écologiques des néonicotinoïdes, et les auteurs se sont rendus à Ottawa, à Montréal et à Toronto pour présenter les résultats de leur recherche, lesquels sont vraiment alarmants.
Sachez également que la France sera le premier pays à interdire complètement les néonicotinoïdes, non seulement parce que cela a du bon sens au chapitre de la préservation de la biodiversité, mais aussi parce que les agriculteurs reconnaissent la nécessité de la pollinisation pour une production agricole réussie. L'interdiction des néonicotinoïdes en France va de pair avec une stratégie visant à réduire l'utilisation des pesticides à l'échelle nationale, parallèlement à un financement et à un appui destinés aux agriculteurs.
Comme le Comité l'a vu dans le cas de l'interdiction proposée des imidacloprides au Canada, les producteurs agricoles sont souvent vulnérables lorsque nous devons restreindre ou interdire un pesticide. Ils sont laissés pour compte sans aucune autre solution. Si nous avions les fonds, le financement et les programmes nécessaires pour réduire l'utilisation des pesticides en agriculture à l'échelle planétaire, il serait beaucoup plus facile pour les producteurs agricoles de s'adapter et de réagir à une restriction imposée à l'utilisation de certains pesticides lorsqu'il est nécessaire de le faire pour protéger l'environnement et la santé humaine.
Agriculture Canada et les ministères provinciaux de l'Agriculture doivent partager la responsabilité de réduire l'utilisation des pesticides, et c'est là qu'une politique alimentaire nationale peut apporter une contribution importante.
En conclusion, j'aimerais vous présenter nos recommandations détaillées — et j'espère que vous les avez tous reçues — pour réduire la dépendance à l'égard des pesticides synthétiques au Canada. Je tiens à signaler brièvement que le Québec s'est doté d'une stratégie de réduction de l'utilisation des pesticides, assortie d'objectifs, et la province serait maintenant prête à proposer un projet de loi pour atteindre ces objectifs. Le Danemark, pour sa part, s'est engagé à réduire de 50 % son utilisation nationale de pesticides en agriculture, et le pays a atteint cet objectif en 1989. La France dispose également de très généreux programmes de financement et d'assurance-récolte afin de réduire l'utilisation des pesticides en agriculture. Il existe une foule d'exemples à l'échelle internationale.
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Je vous remercie de votre invitation.
Je suis heureuse de participer à ces consultations et d'avoir la chance de présenter notre point de vue, notamment au regard de l'accessibilité à des aliments de qualité à prix abordables pour les personnes en situation d'insécurité alimentaire.
Je suis ici en tant que représentante de mon organisme. Mes propos ne reflètent pas nécessairement le point de vue des organismes de ma région.
En tant que banque alimentaire régionale, Moisson Outaouais est le principal fournisseur de denrées destinées à l'aide alimentaire pour la région de l'Outaouais. Nous fournissons un réseau de 32 organismes qui répondent à des milliers de demandes par mois.
Nous travaillons avec des entreprises agroalimentaires, nous nous attaquons au gaspillage alimentaire en récupérant les produits non vendus dans les supermarchés et nous établissons des partenariats avec le monde corporatif. De plus, nous sensibilisons la population au problème de la faim et développons sans cesse de nouveaux projets dans un effort collectif pour soulager la faim, tout en favorisant autant que possible l'autonomie alimentaire.
Notre appartenance à un grand réseau structuré, Les banques alimentaires du Québec, lui-même affilié à Banques alimentaires Canada, nous permet d'avoir accès à d'importantes quantités d'aliments provenant d'ententes de dons avec l'industrie et de bénéficier des retombées de campagnes nationales de financement.
Voici quelques chiffres sur la situation en Outaouais: chaque mois, de 7 000 à 10 000 personnes ont recours à l'aide alimentaire; le tiers des personnes desservies sont des enfants; la moitié sont des personnes vivant seules; enfin, plus de 80 % des usagers reviennent de mois en mois, et dans 28 % des cas, ils reviennent plus d'une fois par mois.
Le nombre de personnes immigrantes, de personnes âgées et de personnes invalides est en progression constante d'année en année.
En ce moment, nous redistribuons plus de 600 000 kilogrammes de denrées par an. Malgré tous nos efforts pour améliorer notre offre et répondre aux besoins, l'an dernier, 37 % des organismes de notre réseau ont manqué de nourriture. En redonnant essentiellement ce qui nous est donné, notre offre alimentaire comporte des carences en matière de quantité, mais aussi de qualité. Nous manquons notamment régulièrement de lait, d'oeufs et de fruits et de légumes frais.
La pauvreté force les gens à recourir à l'aide alimentaire. La nourriture est disponible en abondance dans les marchés, mais les personnes à faible revenu n'ont pas accès à cette nourriture, faute de moyens. Une grande majorité de personnes qui recourent à l'aide alimentaire vivent de prestations gouvernementales, qu'il s'agisse de pension de vieillesse, de rente d'invalidité, d'aide sociale ou d'assurance-emploi. Cela montre que ces programmes sont inadéquats car ils sont largement insuffisants pour répondre aux besoins de base.
Je voudrais toutefois témoigner ici du fait que les mesures récentes prises par le gouvernement canadien relativement au Supplément de revenu garanti pour les personnes âgées et l'allocation canadienne pour enfants ont entraîné une légère baisse de ces clientèles dans les banques alimentaires.
Les banques alimentaires ont été créées principalement dans les années 1980 pour faire face à une situation économique difficile qui se voulait temporaire. Trente ans plus tard, elles sont plus actives que jamais et répondent à des besoins vitaux réels pour contrer l'insécurité alimentaire. C'est encore plus vrai depuis la récession de 2008, alors que l'achalandage est monté en flèche et s'est maintenu à un niveau élevé.
Le bilan alimentaire de la population n'est pas très reluisant. Le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation des Nations unies s'est chargé de nous le rappeler lors de sa mission de 2012.
On estime à 7 % le taux de prévalence des ménages canadiens touchés par l'insécurité alimentaire modérée et grave. En Outaouais, cela représente environ 30 000 personnes. De ce nombre, le tiers recourt à l'aide alimentaire. Ce sont les plus gravement touchées. Avant d'en arriver là, elles ont épuisé toutes leurs ressources. Elles ont déménagé dans un logement moins cher, pris des avances sur leur salaire, se sont endettées et ont des défauts de paiement. Elles ont sauté des repas et eu recours à des amis et à la famille. Quand elles arrivent dans une banque alimentaire, elles sont extrêmement démunies.
L'alimentation est la partie la plus élastique du budget. Quand on doit se serrer la ceinture, c'est là qu'on coupe. On ne peut courir le risque de perdre son logement ou de voir sa voiture saisie, surtout quand on vit en région, là où il n'y a pas beaucoup de transport en commun.
Le recours aux banques alimentaires est une façon ni valorisante ni normale de se nourrir. Pourtant, 863 492 personnes au Canada, dont 171 800 par mois au Québec, y ont recours parce qu'elles n'ont pas d'autre choix.
Les dépannages et les repas fournis par les organismes d'aide font donc partie de leur alimentation. Si elles étaient privées de cette aide, leur santé et leur vie même seraient compromises, mais également la cohésion et la stabilité sociale et politique du pays.
S'il en coûte moins cher de se procurer certains biens de consommation qu'il y a de cela 30 ans, il en va autrement pour les produits alimentaires. Notre pouvoir d'achat a diminué. En outre, l'écart entre les plus riches et les plus pauvres s'est creusé.
Le prix des aliments force les plus démunis à faire des choix qui peuvent compromettre la qualité de leur alimentation. Les aliments les plus économiques sont également les moins bons pour la santé. Les boissons gazeuses sont plus économiques que le lait. Un sac de biscuits coûte moins cher qu'un sac de pommes. La malbouffe étant plus répandue et plus accessible que les aliments sains, c'est donc la diète quotidienne de nombreux petits enfants canadiens. La conséquence en est que nos enfants souffrent de plus en plus d'un surplus de poids et que la prévalence des maladies chroniques ne cesse d'augmenter dans la population.
L'alimentation est le principal déterminant de la santé. À l'heure actuelle, trois décès sur quatre sont dus à des maladies chroniques qui pourraient être retardées ou évitées. De plus, les maladies chroniques affectent différemment les groupes sociaux selon la situation de leur fortune, les plus pauvres étant les plus touchés. La politique alimentaire canadienne peut renverser cette tendance en agissant de façon préventive en amont des problèmes.
Le projet de politique alimentaire canadienne cherche à instiller un changement sociétal. Pour réussir, cette politique doit être transversale et interministérielle et engager les ordres de gouvernement fédéral, provincial et municipal. De plus, elle doit forcément aborder le problème de l'insécurité alimentaire et, plus largement, de la pauvreté.
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Bonjour. Merci beaucoup de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui devant le Comité.
Je m'appelle Shannon Benner et je suis présidente-directrice générale des 4-H du Canada. Je sais que certains d'entre vous entretiennent des liens avec des clubs ou des associations des 4-H et que vous collaborez avec eux dans les collectivités. Pour ceux d'entre vous qui ne nous connaissent pas bien, je vais très brièvement vous expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons.
Nous sommes un organisme national pour les jeunes. Nous sommes actifs auprès des jeunes dans quatre domaines. Nous comptons 25 000 jeunes membres répartis dans 2 000 clubs au Canada, et nous avons 7 500 dirigeants bénévoles qui encadrent ces jeunes. Nous le faisons dans quatre principaux domaines, soit nos piliers: l'agriculture durable et la sécurité alimentaire, les sciences et les technologies, la communication et l'engagement communautaire et l'environnement et les modes de vie sains. Ce sont tous des éléments très pertinents à la discussion d'aujourd'hui; nous vous remercions donc de votre invitation.
Les 4-H ont été fondés il y a 100 ans pour aider les jeunes à connaître du succès à la fois sur la ferme et à l'extérieur. Cela signifie que l'organisme est parti du principe non seulement d'inculquer aux jeunes des compétences dans le domaine agricole — en leur donnant littéralement un sac de semences de pommes de terre il y a 104 ans —, mais aussi de leur montrer comment être des leaders dans leur collectivité et développer les traits de caractère connexes. C'est encore aujourd'hui ce que nous faisons essentiellement.
Les 4-H collaborent avec 7 millions de jeunes dans le monde en ce qui concerne les principaux piliers que sont l'agriculture durable et la sécurité alimentaire et les sciences et les technologies. C'est donc très pertinent pour nous tant à l'échelle internationale qu'à l'échelle communautaire.
Nous pouvons facilement voir le succès de notre programme non seulement par le nombre de jeunes grandement engagés que nous voyons au Canada, les domaines auxquels ils veulent participer et les sujets dont ils veulent parler, mais aussi par les millions d'anciens au pays. Que ces gens soient des olympiens ou des parlementaires, nous constatons que ce sont des sujets très importants et que les membres des 4-H tiennent vraiment à jouer un rôle actif et à participer aux discussions.
Ce qui rend les 4-H uniques, c'est que nous avons un partenariat public-privé. Peu importe où vous êtes, que vous soyez en Colombie-Britannique, où le ministère de l'Agriculture s'associe aux 4-H de la Colombie-Britannique, ou aux États-Unis — le département américain de l'Agriculture s'associe aux 4-H aux États-Unis —, c'est toujours ce partenariat public-privé qui offre aux jeunes les programmes ayant trait à l'agriculture et à la sécurité alimentaire.
Nous croyons que cela nous aide à être très flexibles, à nous adapter en fonction des nouveaux enjeux qui intéressent les jeunes et à collaborer avec eux dans ces domaines. Par exemple, en 2014, nous avons fait un sondage auprès de nos jeunes membres canadiens. Plus de 80 % ont indiqué être conscients des carrières dans le domaine agricole, et plus de 50 % ont indiqué vouloir faire carrière dans ce domaine.
Si nous regardons les statistiques relatives aux lacunes sur le plan des compétences et de la main-d'oeuvre dans le domaine agricole, nous croyons que les 4-H peuvent contribuer à relever certains défis et à les transformer en occasions.
Par contre, l'un de nos principes importants est que nous ne les considérons pas comme les leaders de demain; ce sont les leaders d'aujourd'hui. Nous félicitons donc le gouvernement de sa décision de faire participer les jeunes à cette table et de les inclure dans ces discussions.
Nous constatons également que les jeunes sont vraiment désireux de se pencher sur ces nombreux autres thèmes transversaux. Je vais parler de la génération Z, parce que c'est vraiment ceux que nous côtoyons. La génération Z représente tous les jeunes de moins de 18 ans. C'est une génération unique. C'est la génération la plus branchée de l'histoire. Ces jeunes ont une très forte conscience sociale. Ils sont ouverts sur le monde. Ils se voient comme un « nous » et non comme un « je ». Ils incarnent vraiment la capacité de penser en fonction de la planète et de passer à l'action dans leur collectivité. Nous le voyons partout.
Je vais prendre l'exemple de la foire de Carp qui vient d'avoir lieu en fin de semaine. La société agricole avait réservé un lopin de terre, et les jeunes ont fait pousser des récoltes qui ont été remises à la banque alimentaire. Les jeunes ont acquis des habiletés entrepreneuriales; ils ont vendu une partie des récoltes au marché; ils ont appris à diriger une entreprise; ils ont déposé les recettes à la banque et les ont remises à un organisme de bienfaisance. Nous voyons là une énorme occasion de faire participer les jeunes à ces discussions. Ce sont des jeunes de 9 à 15 ans qui veulent prendre part aux discussions.
J'aimerais formuler quelques recommandations au Comité au nom des 4-H; nous croyons que ces recommandations mèneront à l'adoption d'une politique nationale sur les jeunes.
Premièrement, nous recommandons de véritablement inclure les jeunes et de nous assurer qu'ils souscrivent à une politique nationale sur les jeunes. Si nous voulons que cette politique dure longtemps — c'est la génération que cette politique touche; il faut non seulement nous assurer que les jeunes peuvent avoir accès à des aliments aujourd'hui, mais aussi veiller à une mise en oeuvre qui permettra le succès de cette politique pour de nombreuses générations à venir —, nous devons donc inclure les jeunes dans le processus pour nous assurer que les jeunes de partout au Canada souscrivent à la politique et l'adoptent.
Deuxièmement, nous recommandons d'harmoniser nos objectifs avec les objectifs de développement durable. Que nous le fassions en laissant des membres des 4-H prendre la parole lors de l'assemblée générale de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture ou en tenant des réunions sur la scène internationale pour les écouter parler du sol, de la sécurité alimentaire, de l'eau, de l'air et de la culture de plus d'aliments de qualité supérieure, les jeunes veulent participer aux discussions de haut niveau. Nous constatons que les objectifs de développement durable s'avèrent très intéressants et très pertinents pour la génération Z.
Comme dernière recommandation, nous suggérons que la politique alimentaire nationale — à l'instar de 4-H — soit transversale. Elle devrait englober de nombreux ministères et faire abondamment appel à la collaboration. Enfin, comme c'est le cas pour 4-H, la politique devrait miser sur des partenariats public-privé et sur une responsabilité partagée entre de multiples ministères et portefeuilles.
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous écouter.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai deux questions à poser à nos témoins, mais je vais d'abord revenir sur la motion que j'ai proposée la semaine dernière. J'aimerais maintenant déposer cette motion pour qu'elle soit mise aux voix. Si le président n'y voit pas d'inconvénient, je vais la lire pour les besoins du compte rendu.
Voilà:
Que le comité entreprenne immédiatement une étude du document de consultation du gouvernement intitulé « Planification fiscale au moyen de sociétés privées » rendu public le 18 juillet 2017;
Que le comité entende des témoins à ce sujet à 15 rencontres;
Que les audiences soient axées sur l'impact potentiel des consultations, notamment rendre plus facile la vente d'une ferme familiale à un étranger qu'à un membre de sa famille et les conséquences sur l'économie agricole et agroalimentaire du Canada;
Que les conclusions soient soumises à la Chambre; et
Que le gouvernement donne suite aux recommandations du comité.
La raison qui me faire dire que cela est primordial, monsieur le président, c'est qu'à peu près tous les témoins que nous avons entendus dans le cadre de la présente étude ont souligné à quel point il est important que la nourriture abordable soit une plateforme clé et une pierre d'assise de notre étude et, selon moi, de notre politique alimentaire future.
À mon avis — et assurément de l'avis de tous les agriculteurs et de tous les éleveurs à qui j'ai parlé ces dernières semaines —, les gens se demandent sérieusement comment ils pourront continuer à arriver avec les modifications fiscales que le a proposées, mais ils se questionnent aussi sur leur habileté à planifier leur succession et à léguer la ferme familiale à leurs enfants. Dans certains cas, les familles travaillent sur ces exploitations depuis quatre ou cinq générations. Ils sont enthousiastes à l'idée de léguer leur ferme à la prochaine génération.
Je trouve décontenançant d'entendre une telle inquiétude monter des familles propriétaires de fermes et de ranchs, partout au Canada. Je sais que mes collègues de l'autre côté ont reçu les mêmes appels téléphoniques que nous. Encore une fois, je crois que c'est la mission de notre comité de se faire la voix de ces agriculteurs et de ces éleveurs qui s'inquiètent.
Il devient de jour en jour de plus en plus plus évident que le ne va pas prolonger la période de consultation au sujet de ces modifications fiscales. Je crois que le Comité devrait profiter de l'occasion pour prendre l'initiative, étudier les modifications proposées et revenir avec des réponses pour expliquer clairement aux agriculteurs et aux éleveurs l'impact économique que ces modifications vont avoir sur eux. Voilà la raison pour laquelle j'accorde une telle importance à la réalisation de cette étude, monsieur le président.
Merci.
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Je ne dirais pas que les pesticides sont une menace pour l'agriculture canadienne. J'ai dit que la surutilisation et l'usage extensif des pesticides synthétiques ainsi que la surdépendance à l'égard de leur utilisation comme premier outil de lutte antiparasitaire sont le problème, alors que les pratiques de gestion bénéfiques, la lutte antiparasitaire intégrée et les pratiques agricoles biologiques devraient être nos premières armes pour contrôler les ravageurs.
Ces produits sont une menace, car lorsque nous homologuons de nouveaux pesticides synthétiques au Canada, l'industrie est tenue d'en démontrer l'efficacité. Aux termes de la loi, il faut que le nouveau produit contribue à l'augmentation du rendement, mais seulement de façon marginale. Des années plus tard — après 10, 20 ou 30 ans d'utilisation dans le monde réel —, ce que nous constatons dans les faits, c'est que la promesse d'un rendement augmenté ne s'est pas matérialisée; les résultats sont marginaux ou nuls, comme je l'ai expliqué à titre d'exemple avec l'utilisation de l'atrazine sur le maïs.
Il convient aussi de parler des recours non essentiels aux pesticides dans l'agriculture canadienne. Par exemple, je pourrais évoquer l'utilisation du glyphosate en prémoisson pour le blé et les céréales, un agent dont la seule fonction est de dessécher la récolte, mais qui est la cause principale de la contamination des aliments au glyphosate.
Ce que nous disons essentiellement, c'est que lorsqu'il est question de la viabilité à long terme de l'agriculture, c'est-à-dire la préservation de sols, d'écosystèmes, de populations de pollinisateurs et de bassins hydrographiques sains — tous ces éléments qui sont vraiment la base d'une agriculture à long terme —, il nous faut revoir le recours aux pesticides synthétiques comme outil de choix chaque fois que nous cherchons à prévenir ou à gérer un problème parasitaire.
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Même une réduction de la pauvreté ne fera pas disparaître les banques alimentaires. Il y aura toujours des personnes indigentes, très vulnérables et malades, qui ont des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, qui vont avoir besoin des banques alimentaires.
J'ai mentionné le programme de récupération des produits invendus auquel nous avons aussi adhéré. C'est un programme extraordinaire puisque nous avons des ententes à l'échelle provinciale avec les grandes chaînes alimentaires, comme Loblaws, Metro et Sobeys, qui nous aident énormément en matière d'approvisionnement en récupérant les produits invendus.
Pour ce qui est de réduire le gaspillage, il y a toute la question des dates de péremption. Les dates de péremption sont de ressort fédéral. Il est donc question d'étiquetage. D'une certaine manière, cela favorise le gaspillage alimentaire parce que nous jetons beaucoup de produits qui sont encore bons. Actuellement, cela fait l'affaire des banques alimentaires parce que nous récupérons beaucoup de produits à la suite de ce gaspillage. Malgré tout, comme je le mentionnais tout à l'heure, il y a des carences dans notre offre alimentaire. Il est très important de tenir compte de cela.
Une étude de Banques alimentaires du Québec a révélé qu'environ 12 à 15 % de l'alimentation des usagers des banques alimentaires provenaient de ces mêmes banques. Ce n'est pas un mince apport, c'est beaucoup. Il faut donc s'assurer de fournir un panier de dépannage qui soit nutritif et sain. Nous avons de la difficulté à offrir un panier de cette qualité puisque, comme je le disais, il nous manque continuellement du lait, nous n'avons pas d' oeufs — il faut les acheter — et nous n'avons jamais de fruits frais, spécialement dans la région de l'Outaouais, qui n'est pas agricole.
Il y a certainement des encouragements fiscaux qui peuvent être mis en place pour favoriser les dons d'agriculteurs. En ce qui concerne le gaspillage alimentaire, en France, en Belgique ou en Italie, des mesures sont en place qui obligent carrément les supermarchés d'alimentation a donner leurs produits invendus aux banques alimentaires. Je crois que des mesures semblables commencent à être mises en place ici, mais il faut pousser la machine un peu plus loin.
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Depuis des décennies, le Québec a des objectifs de réduction de l'utilisation des pesticides en agriculture. Cela fait partie de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021.
La leçon à apprendre du Québec est que, sans projet de loi, sans financement et sans programmes d'appui, nous ne pouvons pas atteindre des objectifs de réduction de l'utilisation des pesticides par miracle.
La bonne nouvelle, au Québec, est que le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a finalement déposé un projet de loi qui mettra en place des mesures de soutien aux producteurs agricoles afin de répondre aux objectifs de réduction de l'utilisation des pesticides en agriculture. Le gouvernement du Québec vise principalement 10 pesticides qu'il considère à haute toxicité sur le territoire québécois, entre autres l'atrazine et les trois néonicotinoïdes homologués au Canada.
Le projet de loi propose, entre autres, du financement aux producteurs agricoles pour pouvoir consulter et mettre en place des pratiques de luttes intégrées contre les parasites. Il prévoit aussi interdire toute utilisation de ces 10 pesticides dangereux sans la prescription d'un agronome. Ce sont les principales mesures dont le gouvernement du Québec veut se doter.
Nous nous inquiétons de cette recommandation, principalement en ce qui touche l'indépendance professionnelle de plusieurs agronomes. Nous préférerions des services-conseils indépendants qui soutiendraient les agriculteurs dans la réduction de l'utilisation des pesticides.
C'est là qu'en est le débat au Québec, et le projet de loi vient tout juste d'être déposé.