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Monsieur le président, chers membres du comité, je vous remercie de votre invitation à comparaître devant vous en ma qualité de représentant de l'Association canadienne des médecins vétérinaires.
Vétérinaire autorisé à exercer en Ontario, je préside actuellement le comité des enjeux nationaux de mon association.
J'exerce dans le privé depuis 38 ans, en médecine vétérinaire clinique et en chirurgie des gros animaux principalement, surtout des bovins de race laitière. Je fais actuellement partie du bureau de l'Ontario Association of Bovine Practitioners, que j'ai présidée en 2010. Actuellement, je suis trésorier-secrétaire de l'Association canadienne des vétérinaires bovins, que j'ai présidée en 2015.
En ma qualité de vétérinaire praticien et membre de l'Association canadienne des médecins vétérinaires, je collabore étroitement avec les producteurs de bétail, particulièrement les producteurs laitiers. Mon réseau de confrères et de consoeurs comprend des spécialistes ou des généralistes d'une large gamme d'animaux élevés dans les exploitations du secteur agroalimentaire canadien.
Mon association offre une tribune nationale et internationale à plus de 7 200 vétérinaires de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada, qui y travaillent à titre de praticiens privés, de chercheurs, d'enseignants et de fonctionnaires. De plus, 7 300 techniciens et technologues vétérinaires sont affiliés à mon association.
Les praticiens vétérinaires offrent leurs services aux propriétaires d'animaux de compagnie, de bétail et d'autres animaux. En plus de leur contribution à la santé publique et à l'innocuité des produits alimentaires, les vétérinaires aident les agriculteurs à commercialiser des animaux en bonne santé, élevés sans cruauté, qui sont essentiels à la réputation du Canada, qui est celle d'un producteur et d'un exportateur d'animaux et de produits animaux de grande qualité, d'une valeur atteignant les milliards de dollars.
Les vétérinaires possèdent une expertise unique en son genre de la santé et du bien-être de tous les types d'animaux, et leur serment les oblige à assurer le bien-être des animaux confiés à leurs soins. Ils possèdent en particulier une expertise en hygiène et en pathologie animales. Ils connaissent et comprennent la biologie des animaux domestiques. Ils possèdent une expérience et des connaissances pratiques dans les soins et la conduite des animaux de même qu'une expérience pratique de la reconnaissance des signes de souffrance chez les animaux et la connaissance des interdépendances de la santé animale et humaine et de l'environnement.
Exerçant, au service du public et de la société, une profession autoréglementée, les vétérinaires gagnent et conservent la confiance du public en adhérant à une déontologie fondée sur des principes. Ils se soumettent, eux, leurs confrères et leur profession, à une déontologie rigoureuse, qui reflète les valeurs et principes fondamentaux de la profession. Le public s'attend raisonnablement à ce que les soins et les services qu'ils fournissent leur soient conformes. Ma déontologie de vétérinaire autorisé à exercer en Ontario se fonde sur les valeurs fondamentales de compassion, de fiabilité, de transparence, de compétence, de professionnalisme et de respect.
L'engagement de notre profession à l'égard de ces valeurs explique la perception positive des vétérinaires par le public. Des études ont montré que le public a confiance dans ses vétérinaires. Ainsi, une étude menée en 2015 au Royaume-Uni a montré que 94 % des sondés accordaient beaucoup de confiance à leurs vétérinaires et que près de 80 % étaient satisfaits des services qu'ils en avaient reçus. Rien ne permet de croire que la perception des vétérinaires au Canada soit différente.
La recherche sur la confiance du public faite par le Centre canadien pour l'intégrité des aliments, ces quelques dernières années, a clairement montré que les Canadiens se soucient profondément de l'accessibilité d'aliments sains et d'un coût abordable. Ils insistent sur le traitement non cruel des animaux d'élevage et ils s'attendent à des aliments salubres, exempts de pathogènes et de résidus de produits pharmaceutiques. La grande confiance dans les vétérinaires et leur rôle clé dans un élevage soutenable montre leur responsabilité importante dans le maintien en haute estime du système agroalimentaire par le public. Cette responsabilité, nous, les vétérinaires, nous la prenons très au sérieux.
En s'acquittant de ses responsabilités, la profession vétérinaire s'efforce d'employer ses connaissances scientifiques et ses compétences au bien des animaux et de la société en général. C'est la démarche « Une seule santé », c'est-à-dire celle qui reconnaît que la santé humaine et animale et l'environnement sont solidement imbriqués. Les vétérinaires ou les technologues et techniciens vétérinaires autorisés jouent un rôle de premier plan dans l'amélioration de la santé et du bien-être des animaux, qu'ils traitent conformément à cette démarche.
Par exemple, cette démarche est particulièrement utile à l'élaboration de stratégies de collaboration pour l'utilisation responsable d'antimicrobiens dans les populations animales et humaines et, par ces efforts, à la réduction sensible du degré de résistance aux antimicrobiens.
Notre association reconnaît que cette résistance est une menace qui s'amplifie au Canada et dans le reste du monde. Il est essentiel que les responsables de la santé publique, les vétérinaires et les organismes de réglementation collaborent avec les éleveurs d'animaux destinés à l'alimentation humaine pour localiser le plus possible, dès son apparition, la résistance aux antimicrobiens, pour le bien de tous. Grâce à la démarche « Une seule santé », notre association a aidé le Canada à s'acquitter de son engagement à répondre à la menace de la résistance aux antimicrobiens décrite dans le document de Santé Canada intitulé Lutter contre la résistance aux antimicrobiens et optimiser leur utilisation: un cadre d'action pancanadien.
On a présenté comme un exemple de guide d'orientation sur la mise en oeuvre rationnelle des antimicrobiens le document intitulé Surveillance vétérinaire de l'utilisation des antimicrobiens — Un cadre de travail pancanadien pour les normes professionnelles régissant les médecins vétérinaires élaboré en 2016, grâce à la collaboration entre mon association et le Conseil canadien des registraires vétérinaires. La profession vétérinaire au Canada franchissait ainsi un pas important dans la prise en charge de responsabilités accrues de surveillance des antimicrobiens du fait des modifications des politiques et des règlements fédéraux régissant ces produits.
À compter de 2008, grâce au financement d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, mon association a revu et renouvelé ses lignes directrices pour l'utilisation prudente des antimicrobiens vétérinaires. En décembre 2018, elle a inauguré une plateforme en ligne pour aider les vétérinaires canadiens à prendre des décisions prudentes sur l'utilisation appropriée et responsable des antimicrobiens qu'ils prescrivent pour les animaux en se fondant sur les lignes directrices qui y sont publiées. Ces nouvelles lignes directrices visent six groupes d'animaux: les porcins, la volaille, les bovins, les races laitières, les petits ruminants et les animaux de compagnie. Grâce à un financement continu, nous espérons d'y englober les équins et l'aquaculture et de fournir des ressources pour l'utilisation de moyens de rechange aux antimicrobiens.
Mon association a également élaboré un concept et un plan pour un système pilote de surveillance de l'utilisation des antimicrobiens vétérinaires qui se focalisera d'abord sur les aliments des animaux. Actuellement, on administre dans les élevages d'animaux destinés à la consommation humaine une majorité importante, en poids, d'antimicrobiens par les aliments ou l'eau. Les participants aux ateliers qui ont collaboré à la conception de ce plan comptaient notamment des praticiens vétérinaires, des organismes de réglementation du secteur vétérinaire, des fonctionnaires fédéraux et provinciaux, des représentants des producteurs agricoles et du secteur de l'alimentation animale et de la santé animale ainsi que des universitaires. Nous prévoyons une décision d'Agriculture et Agroalimentaire Canada sur le financement de projet dans un très proche avenir.
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Bonjour. Je me nomme Ryder Lee et je suis le président du Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage. Je remercie le président et les membres du Comité de leur invitation à venir parler du rôle de ce conseil, dans le maintien de la confiance du public dans l'agriculture.
Je vis ici, à Regina, où je suis le directeur général de l'association des éleveurs de bovins de la Saskatchewan. Avant, je vivais à Ottawa et je travaillais pour l'Association canadienne des éleveurs de bétail.
Ma jeunesse s'est passée sur un ranch de naissage situé à quelques heures de route au sud-ouest de Regina. C'est mon frère qui l'exploite maintenant, et je suis représentatif du cadet qui a dû faire son chemin tout seul dans la vie.
Je possède encore là-bas des terrains et des bestiaux, mais j'essaie de ne pas me mêler du traintrain quotidien, et ma contribution est mon travail sur les divers dossiers de l'association. Mes antécédents m'ont peut-être aidé à devenir président du Conseil.
Dans votre invitation, il était dit que les membres de votre comité voulaient comprendre les difficultés et les occasions à saisir du secteur, les mesures prises par l'industrie et le gouvernement pour augmenter la confiance du public et savoir quelles autres mesures qu'il faudrait prendre.
Je voudrais commencer par un récit intéressant sur l'importance réelle d'une mesure prise par tous les intéressés concernant le bien-être des animaux d'élevage, ces joueurs comprenant également l'industrie et le gouvernement. C'est l'histoire de mon conseil, et c'est une pièce essentielle du puzzle de la confiance du public concernant le bien-être des animaux d'élevage.
Le Conseil national pour les soins des animaux d'élevage est un partenariat axé sur la collaboration de diverses parties prenantes, créé pour la mise en commun de l'information et la collaboration visant les soins et le bien-être des animaux d'élevage. C'est un maillon essentiel du réseau canadien de bien-être des animaux, dont la démarche est tout à fait canadienne.
Nos dossiers nationaux touchent les animaux d'élevage, principalement ceux qui sont élevés pour la production alimentaire. Nous sommes un organisme qui privilégie les processus et qui en instaure de crédibles, pour appuyer les divers acteurs du secteur dans l'élaboration de solutions aux problèmes de bien-être animal.
Notre objectif ultime est de vraiment faire progresser le bien-être des animaux d'élevage tout en maintenant la rentabilité l'élevage au Canada.
Notre conseil s'y prend des trois manières. D'abord, nous préconisons une démarche scientifique et crédible pour l'élaboration, l'actualisation et le maintien de codes de pratique pour les soins et la manutention des animaux d'élevage. Ensuite, nous préconisons une démarche normalisée et crédible pour l'élaboration de programmes d'évaluation des soins donnés aux animaux. Enfin, nous facilitons la diffusion de l'information sur les soins et le bien-être des animaux d'élevage entre les divers joueurs du secteur et sa communication, une espèce de table ronde si vous voulez.
Notre conseil se distingue par le partenariat noué entre les groupes d'éleveurs, les partisans du bien-être des animaux, les administrations publiques, les scientifiques, les vétérinaires et l'industrie alimentaire. Les relations cultivées entre des acteurs qui, normalement, ne sont pas en interaction est l'une des principales forces de notre conseil.
Tous les membres de notre conseil appuient les valeurs fondamentales suivantes: nous acceptons l'emploi d'animaux d'élevage en agriculture; nous croyons que les animaux devraient être traités sans cruauté et nous appuyons les méthodes qui s'appuient sur la science.
Avant 2005, le Conseil n'existait pas. Treize ans plus tard, il serait difficile d'imaginer qu'on puisse gérer le bien-être des animaux d'élevage sans lui. Les processus et les méthodes qu'il a élaborés pour assurer ce bien-être sont maintenant les pierres angulaires du système canadien de bien-être animal et ils sont essentiels à la conservation de la confiance du public dans les soins donnés par les agriculteurs et les éleveurs à leurs animaux. L'adhésion croissante au processus de collaboration instauré par le Conseil témoigne de la valeur de la collaboration pour prendre les bonnes décisions en matière de bien-être animal.
Le Conseil est peut-être mieux connu pour son appui à l'élaboration de codes de pratique pour le soin et la manutention des animaux d'élevage. Actuellement, au Canada, 15 codes sont en vigueur, et 12 d'entre eux ont été élaborés ou actualisés en s'inspirant de son processus d'élaboration de codes de pratique. Nous venons tout récemment de recevoir du financement par le truchement du programme Agri-assurance du Partenariat canadien pour l'agriculture d'Agriculture et Agroalimentaire Canada pour mettre à jour et élaborer davantage de codes. Les codes sur le transport, les bovins laitiers et les chèvres sont engagés dans un processus d'actualisation et on élabore un tout nouveau code sur l'élevage des poissons au Canada. Nous sommes reconnaissants de l'appui fédéral continu, matérialisé par le financement de ces importantes initiatives d'obtention de la confiance du public.
La confiance du public est une expression qui est devenue assez récemment à la mode, et son maintien est indispensable à de nombreux secteurs, notamment l'agriculture. Pour gagner la confiance du public, il faut de la transparence, la prise en charge de ses responsabilités et de l'intégrité, trois éléments que le Conseil et ses processus intègrent et visent continuellement à renforcer. Ce sont les mesures que nous devons désormais conserver. Le financement fédéral des projets, comme je l'ai mentionné, qui appuie les projets et la recherche du Conseil, continuera d'être important pour que tous les acteurs puissent continuer à y contribuer.
Les défis et les occasions à saisir, du fait de la confiance du public, abondent, particulièrement en ce qui concerne le bien-être animal. C'est une question multidimensionnelle qui n'est ni unidimensionnelle ni une expression toute faite qu'on prononce sans y réfléchir. Elle soulève aussi de fortes émotions.
La difficulté consiste souvent à ne pas s'arrêter à la rhétorique. Le Conseil possède des antécédents remarquables qui prouvent ce que peuvent accomplir les tenants d'opinions différentes sur le bien-être animal, qui se focalisent sur ce qu'ils ont en commun plutôt que sur ce qui les sépare. Il importe également de se rappeler que le bien-être animal dépend en grande partie des soins donnés par les éleveurs. On ne peut donc pas se passer de leur participation aux changements proposés ou gérés.
Le Conseil vise à miser sur les points forts de la diversité et de la collaboration par consensus. Ainsi, on maximise les chances de prendre des décisions meilleures et plus faciles à maintenir sur le bien-être animal et le maintien de la confiance du public.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais dire, pendant que j'ai la parole, que je déplore un peu le fait qu'il n'y ait pas vraiment eu de discussion. J'ai proposé une modification à la motion, mais malheureusement, cela n'a pas fonctionné. Je déplore qu'on ait attendu jusqu'à aujourd'hui, jeudi, et qu'on ait créé un peu d'espoir chez les producteurs. Ceux-ci espéraient en effet que nous en arriverions à une entente non partisane afin de trouver le plus rapidement possible une solution à ce problème.
Nous allons continuer à exercer de la pression sur le gouvernement pour qu'il trouve une solution, parce qu'il est inacceptable que des gens paient des primes d'assurance, mais qu'ils ne puissent pas obtenir de compensation lorsque des dommages sont causés. Je vais m'arrêter ici, monsieur le président, parce que je veux partager mon temps de parole avec mon collègue. Je tenais juste à faire ces quelques remarques. Je croyais, de bonne foi, que le Comité pourrait en arriver à une entente non partisane pour trouver une solution à cette situation.
Je vais céder la parole à M. Dreeshen.
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Je remercie nos témoins, M. Lee à Regina et M. Ceelen ici même.
Je pense que l'un des motifs de notre étude est la question de la confiance du public. C'est intéressant. Chaque groupe, chaque organisation dira ce qu'elle fait pour que nous comprenions l'importance de son engagement.
Notre étude antérieure sur la santé mentale des agriculteurs et des producteurs a révélé les attaques outrancières qu'ils subissaient dans les médias sociaux de la part des partisans du bien-être des animaux.
Comment vous tirez-vous d'affaire? Est-ce que les organisations reconnaissent la réalité de ces attaques? Si elles n'y voient pas des attaques, reconnaissent-elles au moins que les agriculteurs se sentent attaqués? C'était l'une des choses très importantes...
Les mécanismes de commercialisation, nous devons nous assurer que le public sente qu'ils suivent les règles. S'il est mal informé, si, d'après la publicité, on ne trouve aucun antibiotique, aucune hormone ajoutée ni autre substance de ce genre dans la viande et que, ensuite, à partir de là, il s'emballe pour les hamburgers végés... Par exemple, les estrogènes qu'on y trouve passent de cinq à sept nanogrammes, quand il y en a des milliers dans le pain. Pourtant, nous sommes encore censés croire qu'il y a des organisations ou des entreprises qui prennent la défense de la santé des Canadiens
Ensuite, les indications sur l'emballage pourraient aussi bien faire croire au consommateur qu'il a acheté un melon d'eau désossé. C'est à peu près ce qu'il faut en comprendre d'après certains commentaires.
Comme nos témoins s'occupent de gros animaux, de bovins et ainsi de suite, je pense qu'il importe que nous parlions de certains des autres aspects de la question. Bien sûr, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a publié de nouveaux règlements sur le transport des animaux. C'est un point essentiel. Ils entreront en vigueur en février 2020. Bien sûr, ils visent tous les modes de transport, ce qui est important, mais c'est aussi un exemple des progrès actuels.
Effectivement, chaque fois qu'on veut réexaminer une question, ça peut passer pour du progrès, mais les nouveaux camions, les nouvelles méthodes de chargement et les soins pris dans ces circonstances, tout ça c'est visible. Tout ça, le secteur le fait déjà, mais quand on s'intéresse à lui, c'est comme si c'était pour le dénigrer.
L'idée de faire passer la durée de transport par camion de 48 à 36 heures semble excellente. Chacun dit qu'après 36 heures dans un véhicule, il aurait besoin de se délier les membres un peu, mais chaque fois qu'on sort un animal, des blessures surviennent.
Voilà ce qui se passe. Les agriculteurs se disent que, encore une fois, ces hauts cris, c'est pour donner une autre chance de se faire valoir à des personnes qui ne comprennent rien à l'industrie et qui sont seulement intéressées à marquer d'autres points.
Je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps. J'ai presque tout pris pour moi, mais peut-être, Ryder, pourriez-vous faire connaître votre réaction, puis M. Ceelen pourrait aborder quelques-unes des autres questions.
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Bonjour. Heureux de vous voir. Vous soulevez beaucoup de bonnes questions.
Nous devons faire attention à ce que nous rassemblons dans la notion de confiance du public et à ce à quoi nous nous engageons en son nom. Je pense que vous avez beaucoup parlé d'opinions exprimées par une minorité bruyante et non des actions ou des désirs du grand public.
L'un des étalons que j'emploie pour mesurer la confiance du public est le marché et le comportement des consommateurs. Les menaces ou les promesses réclamées sont très différentes de ce qui se transporte et se fait sur le marché. Ce n'est pas un indicateur marquant, mais c'est plus fiable que n'importe quoi d'autre à quoi je puisse penser, principalement quand on tient compte des opinions plutôt que des actions.
Il ne faut pas s'occuper des attaques verbales de certains individus contre les agriculteurs, mais les motifs de préoccupation sont réels en ce qui concerne les règlements qui continuent d'exercer une pression. Vous l'avez bien dit. Ça démotive certains producteurs, ils cessent de produire ou quittent le métier, parce qu'ils finissent par être démoralisés. Nous le constatons dans tous les sous-secteurs.
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Je prends ma casquette de tous les jours, celle du praticien vétérinaire.
C'est son point de vue que j'exprimerai, en faisant la somme de ma longue carrière, pour comparer ce qui est important aujourd'hui à ce qui l'était il y a près de 40 ans, quand j'ai obtenu mon diplôme. À l'époque, on ne se préoccupait pas vraiment de soulager la douleur des animaux, ceux de compagnie comme ceux qui étaient destinés à l'alimentation humaine. En fait, à cette époque, il n'y avait presque pas de médicaments autorisés dont on pouvait se servir, particulièrement pour les animaux destinés à l'alimentation. Le choix était très limité.
Avec l'évolution, nous sommes devenus plus sensibles à de nouvelles questions. En notre qualité de professionnels, nous prenons des dispositions pour y réagir et contribuer à l'amélioration de la santé et du bien-être des animaux que nous soignons.
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C'est une bonne question.
C'est le CNSAE qui établit la marche à suivre pour l'élaboration de codes. Les différents groupes de l'industrie, comme les producteurs bovins, laitiers ou de poulets, enclenchent ensuite la démarche, puis ils informent le Conseil qu'ils souhaitent suivre sa procédure pour renouveler leur code.
Ils peuvent aussi demander à utiliser notre procédure pour l'élaboration d'un programme d'évaluation des bâtiments. Les programmes diffèrent d'un secteur à l'autre. La première étape consiste à se doter d'un code. La deuxième consiste à évaluer le code, puis à aller constater de visu les façons de faire dans les fermes et à informer les producteurs des exigences et des recommandations contenues dans le code.
Plusieurs de ces programmes comportent plusieurs facettes. Ils comprendront des volets soins aux animaux, environnement, salubrité des aliments et toutes sortes d'autres choses. C'est un genre de programme d'évaluation de tous les aspects de la ferme.
C'est ce qu'on voit beaucoup. Ce sont les associations des divers secteurs de l'industrie qui s'en occupent. Le CNSAE est là pour veiller à ce que ces groupes se dotent de codes, à ce qu'ils suivent un processus rigoureux, à ce qu'ils mobilisent tous les acteurs nécessaires, ainsi que le public. Ainsi, à la fin, ils auront un document fondé sur des assises solides, qui se défend.
Monsieur Lee, j'ai lu un article dans le Calgary Herald sur les modifications apportées récemment à la réglementation sur le transport des animaux. J'en ai discuté avec des gens de la Canadian Cattlemen's Association. Ils affirment afficher un taux de réussite de plus de 99 %, mais que si l'on réduisait le nombre d'heures... Comme le disait M. Dreeshen, les blessures surviennent au débarquement des animaux et au rembarquement. Je pense que les pourcentages eux-mêmes, parce que même pour le bétail sur pied, en général... Selon l'ACIA, environ 98 % des expéditions de bétail sont déjà conformes aux nouvelles normes. Mais si je me mets dans la peau de monsieur Tout-le-monde, ce n'est pas vraiment les pourcentages qui importent, c'est ce qu'ils représentent. S'il y a un taux de non-conformité de 2 %, cela signifie qu'environ 16 millions d'animaux par année peuvent souffrir, et presque 1,6 million d'animaux de plus...
Cette étude porte sur la perception du public. J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Nous essayons de comprendre la perception du public quand il voit ce genre de chiffres. Auriez-vous des stratégies à recommander au Comité sur la façon d'améliorer cela, comme il s'agit en fait de millions d'animaux?
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Soyons clairs, il ne s'agit pas d'interdire les antibiotiques ou les antimicrobiens lorsqu'ils sont nécessaires. Il y a une véritable distinction à faire ici, parce que le bien-être animal est très important, plus encore que l'objectif de restriction ou de réduction de la quantité d'antimicrobiens que nous utilisons. Le bien-être animal vient en premier. Lorsque l'on juge que c'est nécessaire, tous les animaux qui en ont besoin se feront administrer un antimicrobien, c'est certain.
Cependant, mes années d'expérience m'enseignent que quand de nouvelles modalités sont établies, que nos paradigmes changent ou qu'on nous demande de jeter un regard critique sur nos activités liées à la santé animale, nous constatons, après analyse, qu'il y a d'autres méthodes aussi bonnes et peut-être même meilleures que les anciennes.
Autrefois, nous nous fiions peut-être trop aux antimicrobiens, mais nous trouvons maintenant toutes sortes de moyens de contrer cela.
Quand j'ai terminé mes études, le vétérinaire faisait surtout de la médecine d'urgence, il traitait les animaux malades, alors que maintenant, depuis la moitié des années 1980, on met beaucoup plus l'accent sur la prévention. Notre priorité est la prévention, et par conséquent, la quantité d'antimicrobiens que nous utilisons a énormément diminué.
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Merci, monsieur le président.
Je vais partager mon temps de parole avec mon collègue M. Peschisolido.
Je remercie nos témoins de leur présentation. Ma question s'adresse à M. Lee.
Je m'appelle Eva Nassif et je suis députée de Vimy, une circonscription rurale dans la municipalité de Laval, au Québec. Ma circonscription ne compte pas de fermiers, mais elle accueille plusieurs entreprises du domaine de l'agroalimentaire qui, elles, ont besoin des fermiers.
Vous avez parlé — avec beaucoup d'émotion — des défis liés à l'élevage des animaux. Pourriez-vous nous expliquer comment nous pourrions préserver la viabilité de l'agroalimentaire au Canada tout en améliorant la confiance du public en ce qui a trait au bien-être des animaux?
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C'est une grande question.
Une grande partie du travail relève des associations, qui utilisent les outils conçus par le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage. Nous avons des codes de déontologie robustes, qui présentent ce qu'il est possible de faire, ce qui est recommandé aux producteurs et ce qu'il leur est imposé, puis nous avons des programmes conçus pour vérifier le tout, ce qui nous permet ensuite de présenter l'état de la situation au public et de communiquer avec lui.
C'est là le plus grand défi. Les agriculteurs et les éleveurs regardent les médias sociaux et se disent que c'est un excellent moyen de communiquer avec la population, mais bien souvent, ils ne nous permettent de communiquer qu'entre nous. C'est la même chose dans n'importe quel cercle de conversation: cela semble toujours interne.
Nous avons beau essayer de travailler en partenariat avec les gens du milieu de l'alimentation et du commerce au détail pour répondre aux questions de la population, mais il n'est pas facile de trouver notre place et de répondre aux questions proactivement, donc nous nous concentrons sur ce que nous pouvons faire dans nos fermes et nous nous assurons d'être là pour répondre aux questions de tous ceux qui veulent nous en poser.
Nous prévoyons même des périodes où les membres du public peuvent nous faire parvenir leurs commentaires et participer à l'élaboration des codes. Nous faisons tout ce que nous pouvons, mais nous n'arriverons pas toujours à joindre tout un chacun dans son petit univers.