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Merci beaucoup, monsieur le président.
Permettez-moi de me présenter brièvement. Comme on vient de le dire, je m’appelle Mark Davies et je suis le président des Éleveurs de dindon du Canada. J’ai une ferme dans la vallée de l’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, où j’élève des dindons depuis 25 ans. Je suis un fermier de deuxième génération. Ma ferme, quant à elle, existe depuis la première année de la gestion de l’offre. Nous avons acheté notre ferme à ce moment-là.
Je tiens à vous remercier de nous avoir invités à discuter du prochain CSA.
Je commencerai en vous dressant un bref portrait de notre industrie. Notre organisme, qui représente 535 éleveurs de huit provinces canadiennes, de la Nouvelle-Écosse à la Colombie-Britannique, a généré des recettes monétaires agricoles de près de 400 millions de dollars en 2015. Au cours des cinq dernières années, la production agricole a augmenté de 12 %, grâce à la croissance des activités à valeur ajoutée de 19 % au cours de la même période.
Dans l’ensemble de la chaîne, le secteur du dindon crée 14 000 emplois et une activité économique de 3,3 milliards par année, répondant ainsi à 95 % de la demande canadienne en dindon et en produits transformés à base de dindon. Le secteur importe 37 millions de dollars de viande de dindon, alors que les exportations sont évaluées à 32,4 millions de dollars par année, d’après les données statistiques de 2015. Le Canada est aussi un chef de file mondial de la génétique du dindon, en raison notamment du système de quota national en place depuis des années.
Les éleveurs de dindons, qui fonctionnent, comme vous le savez, dans le cadre de la gestion de l’offre, considèrent que la gestion de l’offre est un élément important de l’agriculture canadienne, y compris du point de vue du programme de gestion des risques commerciaux en tant que tel. C’est notre vision de la gestion de l’offre. Cette importance a été reconnue par les parlementaires et les gouvernements, en plus d’être réitérée dans la Déclaration de Calgary, en juillet 2016, et nous croyons qu’elle devrait faire partie de l’assise du prochain cadre stratégique.
La Fédération canadienne de l’agriculture, dont fait partie notre organisme, a témoigné devant le Comité la semaine dernière. La FCA a travaillé très fort à l’élaboration du prochain cadre stratégique. Nous vous encourageons à accorder une grande importance à leur présentation et à leurs objectifs au moment d’émettre vos recommandations.
Les EDC ont concentré leurs efforts dans deux principaux domaines: le financement de grappes de recherche, par l’entremise du Conseil de recherches avicoles du Canada, et la conception, la mise en œuvre et l’examen de nos programmes à la ferme, dont le Programme de salubrité des aliments à la ferme et le Programme de soin des troupeaux. Dans les deux cas, notre secteur a observé les retombées positives du cadre actuel et précédent. Cette expérience teinte nos commentaires concernant le prochain cadre stratégique, particulièrement à la lumière des influences actuelles et émergentes dans le secteur agricole et agroalimentaire canadien.
Passons maintenant à l’objectif d’aujourd’hui, c’est-à-dire le prochain cadre stratégique. La Déclaration de Calgary précise les principaux secteurs d’intérêt du prochain cadre stratégique. Pour notre part, nous allons aujourd’hui nous concentrer sur les trois éléments suivants: la recherche et l’innovation; le lien entre, d’une part, l’agriculture et l’agroalimentaire et, d’autre part, la population; et la croissance des activités nationales à valeur ajoutée.
Le premier élément est la recherche et l’innovation. Nous soutenons le processus de financement des grappes prévu dans les deux derniers cadres stratégiques. L’approche a généré des occasions pour notre secteur, particulièrement en lien avec notre stratégie de recherche. Nous voyons dans le libellé de la Déclaration de Calgary une indication claire de l’orientation des ministres, à tout le moins de la direction qu’ils veulent prendre.
J’aimerais attirer votre attention sur deux points en particulier. D’abord, la nécessité de renforcer la capacité de recherche scientifique et d’innovation, et l’importance d’agir rapidement en la matière. Ensuite, le financement d’activités de recherche dans les domaines exigeant un engagement soutenu. Ces deux objectifs nécessitent notre attention et méritent d’être approfondis alors que Cultivons l’avenir 2 arrive à sa fin et que le prochain cadre stratégique est sur le point d’être mis en œuvre.
Le modèle de financement par grappes nous a été très utile, ainsi qu’à nos partenaires du Conseil de recherches avicoles du Canada, et ce modèle quinquennal est utile à notre secteur et aux chercheurs. Nous nous demandons toutefois s’il serait possible de prolonger la durée du financement. Cela permettrait d’adopter des stratégies de recherche plus souples et de répondre aux besoins qui se présentent.
Enfin, en ce qui concerne les capacités, comme vous le savez, il n’existe actuellement aucun centre de recherche fédéral sur la volaille. Cela est très préoccupant pour notre industrie dans son ensemble. Il est très important de ne pas oublier les différents secteurs de la volaille, d’autant plus que le financement fédéral ciblé versé aux centres existants augmente, tant dans le cadre actuel que dans le cadre futur. Nous croyons que cela devrait être pris en compte quand viendra le temps de discuter du financement de la recherche sur la volaille.
Le deuxième élément est la confiance du public. Nous savons tous que cela est important pour l’opinion publique, particulièrement depuis les trois à cinq dernières années, où l’on a vu l’importance pour bien des gens de comprendre le fonctionnement du monde agricole.
Nous sommes tous conscients que le secteur agricole et agroalimentaire se trouve devant un défi et une occasion uniques, en raison de la volonté légitime de la population et des consommateurs d’en savoir plus sur la production des aliments qu’ils consomment et sur les conséquences de la production et de la transformation alimentaires sur nos ressources naturelles et l’environnement. Comme l’ont noté d’autres personnes avant moi, il pourrait y avoir un problème de confiance – parfois important – en ce qui concerne l’innovation scientifique à laquelle nous recourons et l’acceptabilité de cette innovation chez les consommateurs. Nous croyons que ce fossé pourrait être comblé par une meilleure compréhension des innovations. Une meilleure compréhension maintiendrait et solidifierait la confiance du public dans la production agricole et la transformation alimentaire canadiennes.
Nous avons également intégré le réseau pour la confiance du public créé un an plus tôt. C’est une priorité majeure pour nous. Nous serions prêts à soutenir une approche intégrée réunissant les gouvernements et l’industrie afin de renforcer la confiance du public, comme le prévoit la Déclaration de Calgary, mais il faudrait y inclure l’application uniforme des normes aux produits qui entrent sur le marché canadien. Ce n’est pas une demande récente du secteur de l’agriculture. Le soutien des programmes visant, notamment, l’amélioration de la confiance du public et le financement d’initiatives qui permettent l’amélioration des pratiques, est plus que justifié.
Le dernier élément est la croissance de la valeur ajoutée. Le segment de transformation ultérieure ou de valeur ajoutée du marché, comme je l’ai noté dans mon introduction, est le moteur de la croissance de notre secteur. L’activité à valeur ajoutée est solide, et les agriculteurs répondent aux besoins du secteur en privilégiant une approche d’approvisionnement souple et axée sur le marché. Nous avons aussi créé et mis en place des programmes de salubrité des aliments et de soin des troupeaux. Les deux sont importants pour les clients et les consommateurs. Ils font ressortir l’importance d’insister sur la valeur ajoutée dans le prochain cadre stratégique, et sont très importants pour nos agriculteurs, particulièrement si le Partenariat transpacifique entre en vigueur. Notre secteur fera face à un régime d’accès à l’importation important, et nous croyons que ce régime sera utilisé pour importer de la viande de deuxième transformation – c’est-à-dire de la viande désossée, qui est le réel moteur économique et la principale importation –, qui sera utilisée pour les produits de transformation finale. Or c’est un secteur qui a besoin d’une approche intégrée et éclairée de toute la chaîne d’approvisionnement intérieure, avec l’appui des gouvernements, pour maintenir et augmenter la production nationale.
Pour conclure, j’aimerais vous remercier de m’avoir donné la chance de témoigner aujourd’hui. Nous n’avons pu aborder que les points les plus importants des trois principaux sujets qui nous préoccupent, trois sujets qui coïncident avec notre plan d’activités, que nous avons, incidemment, finalisé à Calgary, en mai dernier. Nous constatons une réelle concordance dans nos deux initiatives. Mais ce n’est pas une surprise, étant donné les changements en cours dans le secteur agricole et agroalimentaire canadien. Nous avons les mêmes priorités. Nous sommes prêts à collaborer avec les membres du Comité, le gouvernement et les fonctionnaires, au besoin. Merci de votre temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Tout d’abord, je vous remercie, au nom des Producteurs laitiers du Canada, de votre invitation à participer à cette très importante étude sur le prochain cadre stratégique agricole. Je commencerai ma déclaration en français.
[Français]
Je suis accompagnée, ce matin, de ma collègue Émie Désilets qui est directrice adjointe de la recherche en production laitière aux Producteurs laitiers du Canada. Elle connaît très bien le cadre actuel et pourra répondre à vos questions.
Le secteur laitier canadien contribue énormément à l’économie canadienne. Selon la plus récente étude menée par ÉcoRessources à la fin de 2015, le secteur laitier canadien contribue à près de 20 milliards de dollars au PIB et 4 milliards de dollars en recettes fiscales chaque année, tout en maintenant 221 000 emplois équivalents temps plein. Cela représente de 2013 à 2015 une hausse de 5 % en contributions au PIB, de 5 % aux recettes fiscales et de 3 % du nombre d’emplois. De plus, l’industrie laitière est le premier ou le deuxième secteur agricole en importance dans sept des dix provinces. Contrairement à ce qui se produit dans d'autres pays, où les revenus des producteurs sont hautement subventionnés, les producteurs laitiers canadiens ne reçoivent aucune subvention directe et tirent leurs revenus du marché.
La définition du nouveau cadre stratégique pour l'agriculture est un enjeu clé pour notre secteur. Il est évident qu'en 10 minutes il sera difficile de couvrir le sujet de façon détaillée. Nous serons toujours disponibles pour y contribuer tout au long du processus de développement.
Plusieurs des programmes touchant notre industrie contribuent directement à livrer les objectifs du cadre stratégique, qu'il s'agisse de la croissance du marché ou du développement durable. Il est clairement important de maintenir et même d'accroître les investissements en partenariat avec le secteur laitier.
Maintenant, je vais dire un mot sur le programme Agri-innovation..
Après consultation auprès des intervenants du secteur laitier, les Producteurs laitiers du Canada, ou PLC, ont adopté, cet été, une stratégie nationale de recherche laitière qui établie les priorités pour les cinq prochaines années. Les PLC et leurs membres veillent actuellement à coordonner les investissements dans la recherche laitière et à tirer profit des partenariats, à tous les niveaux, afin d'optimiser les investissements des producteurs dans la recherche et de générer des résultats ciblés pour faire progresser le secteur.
Les PLC croient fermement que le prochain cadre stratégique devrait maintenir à 75-25 le ratio global gouvernement-industries de l'investissement pour les demandeurs issus d'organismes sans but lucratif. Si ce ratio changeait, l'industrie pourrait ne pas être en mesure de compenser cette réduction des contributions gouvernementales, ce qui réduirait les efforts et les capacités de recherche.
Afin de maximiser l'efficacité du continuum de recherche, il ne devrait pas y avoir d'interruption entre le prochain cadre stratégique et Cultivons l'avenir 2. L'accès aux chercheurs du gouvernement et des universités par l'entremise de Cultivons l'avenir 2 fut apprécié. Cet accès a été une composante clé pour maximiser le succès des projets multidisciplinaires et collaboratifs. Les PLC considèrent que tous les types de recherche et de projets considérés importants pour l'industrie devraient continuer à être admissibles et financés dans le cadre du prochain programme.
Par ailleurs, il est vital pour les PLC de pouvoir continuer à financer des essais cliniques sur la nutrition humaine et la recherche sur la santé, en vertu des programmes de grappes. En effet, de tels essais fournissent des données scientifiques robustes pour étayer les lignes directrices cliniques en santé publique. Le programme de grappes constitue une occasion unique et très importantes pour nous, car ces essais sont généralement de plus longue durée, très coûteux à mener et normalement difficiles à financer à partir de nos autres programmes de financement.
Finalement, les PLC demandent que le prochain cadre stratégique inclue le maintien d'un financement afin d'assurer une diffusion efficace et rapide des résultats de recherche et des nouvelles connaissances et technologies. De plus, le prochain cadre stratégique devrait être plus flexible avec le budget et le plan de travail afin de répondre aux enjeux qui pourraient survenir durant la période de recherche.
Le rôle et les responsabilités des récipiendaires de la Grappe devraient être revus et mieux définis en ce qui a trait à la gestion de la propriété intellectuelle dans le cadre du programme.
J'aimerais vous fournir quelques exemples d'impacts concrets de la grappe Cultivons l'avenir 2.
La génétique laitière canadienne compte parmi les meilleures au monde. Depuis 1988, la valeur totale des exportations de génétique laitière canadienne, y compris de bovins laitiers, d'embryons et de semences est passée de 68 millions de dollars à 140 millions de dollars en 2015.
Concernant le développement durable, l'équivalent CO2 des fermes laitières a été réduit de plus de 25 % entre 1981 et 2006 grâce aux gains d'efficacité réalisés sur les fermes. Cette tendance démontre une baisse constante des émissions de gaz à effet de serre des fermes laitières d'environ 1 % par année.
Les résultats de la recherche ont mené à l'élaboration de normes basées sur la science pour le volet « bien-être animal » du programme proAction des PLC.
Les produits laitiers, quelle que soit leur teneur en matières grasses, n'accroissent pas les risques de maladies cardiovasculaires. En fait, de plus en plus de données indiquent que les produits laitiers sont associés à un risque réduit de maladies cardiovasculaires. Vous voyez donc des exemples concrets des investissements qui sont faits dans la grappe de recherche.
J'aimerais dire deux mots sur le programme Agri-marketing. Je vous ai parlé de proAction, qui est composé de six modules incluant bien-être animal, salubrité des aliments, traçabilité, biosécurité et environnement. Ce programme de durabilité à la ferme lancé par les PLC a pour but de stimuler l’innovation et l’amélioration au sein de l’industrie laitière, de même que d'accroître et maintenir la confiance du public. L'industrie laitière canadienne adhère à des normes de qualité et de salubrité inégalées, et celles-ci sont rigoureuses et suivies par tous les producteurs.
Certaines composantes de l'initiative proAction sont administrées en vertu du volet Systèmes d'assurance du programme Agri-marketing de Cultivons l'avenir 2. Les PLC déposeront à nouveau une demande de financement pour le développement et la mise en oeuvre continus de proAction dans le cadre du prochain cadre stratégique.
Ce genre de programme nécessite une certaine forme de flexibilité afin de pouvoir s'adapter à l'évolution du marché. De même, les PLC recommandent qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada réduise le délai d'approbation pour les projets qui s'inscrivent dans le cadre d'Agri-marketing et offrent un financement de transition entre Cultivons l'avenir 2 et le cadre stratégique suivant.
Avec le démantèlement de TraceCanada, les PLC suggèrent qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada assure un financement continu auquel les projets de traçabilité du bétail seraient admissibles, y compris pour la mise en oeuvre et les coûts d’exploitation.
Nous accordons aussi une importance particulière aux plans environnementaux de la ferme et nous souhaitons contribuer aux discussions sur leur évolution et sur l'approche nationale qui est présentement en développement.
Finalement, depuis juin 2015, les PLC demandent au gouvernement fédéral un investissement équivalent à 50 % du coût de la mise en oeuvre de proAction dans les fermes laitières canadiennes. Le coût total est estimé à plus de 200 millions de dollars en dépenses et en temps pour les producteurs au cours des 10 prochaines années. Nous croyons qu’il s’agirait d’une manière constructive pour le gouvernement canadien d’investir dans une industrie laitière durable et novatrice, un investissement qui pourrait être fait en vertu du prochain cadre stratégique.
[Traduction]
Je conclurai en anglais.
Bien que le mémoire des PLC ait principalement porté sur l’élément du nouveau CSA ayant un impact direct sur l’industrie laitière, nous aimerions préciser, en tant que membre de la Fédération canadienne de l’agriculture, que nous appuyons toutes les recommandations du CSA.
Pour terminer, il est important de dire que l’engagement à long terme du gouvernement auprès du secteur agricole doit dépasser le cadre quinquennal du CSA. Le gouvernement doit reconnaître que l’agriculture est un secteur de croissance stratégique, et reconnaître le rôle de la production laitière dans celle-ci.
Les PLC considèrent que la gestion de l’offre est l’un des meilleurs outils de gestion des risques commerciaux. Le prochain CSA pourrait jouer un rôle majeur en appuyant les investissements des producteurs laitiers canadiens et en intervenant pour assurer un avenir durable à notre secteur.
Nous avons besoin de plus de financement pour le programme dans son ensemble. Toutefois, il est important que toute augmentation du financement dans un secteur particulier ne se fasse pas au détriment d’autres programmes administrés en vertu du prochain CSA.
Il est essentiel que le gouvernement reconnaisse les connaissances et l’expertise du secteur agricole. Si vous nous donnez les bons outils, nous pourrons continuer à innover et à diriger notre industrie de façon à en assurer la durabilité et la prospérité.
Je sais que vous vous posez de grosses questions concernant l’AECG. Je tenais simplement à vous dire que je n’ai aucune information ou réaction à vous communiquer à ce sujet. Je serai heureux de répondre à vos questions sur la recherche, et même sur le nouveau logo que nous avons lancé cette semaine, si vous en avez. J’ai très hâte d’en discuter.
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Je suis heureux d’entendre que vous aimez le dindon. Nous sommes toujours contents de rencontrer des adeptes. Je ne pensais pas repartir d’ici avec une nouvelle recette, j’avoue que c’est un plus. Votre Comité est en plein dans le mille.
Bon, plus sérieusement, je vous remercie de votre question. Il convient de noter que nous sommes venus ici en compagnie des PLC, car dans le contexte, non pas de l’AECG, mais de l’APT, nous avons plus de choses en commun avec eux qu’avec les producteurs de volaille en ce qui concerne les impacts de l’Accord. Cela est principalement dû à la structure de notre marché.
Comme je l’ai dit brièvement dans ma déclaration préliminaire, le moteur de notre marché est la viande blanche, la poitrine. C’est essentiellement tout ce qui entre au pays. On se retrouve donc pris avec le reste de la bête, pour ainsi dire. Car on ne peut pas produire juste de la viande blanche. On se retrouve donc avec un gros problème de gestion de viande résiduelle.
L’accès augmentera d’environ 71 % sur les 10 ans de sa concrétisation, s’il est signé et mis en œuvre. C’est un gros coup pour les éleveurs de dindon du Canada. Lorsque vous parlez de compensation, nous avons beaucoup de questions. Comme l’a dit Caroline précédemment, nous nous demandons quelle forme cela prendra.
Étant donné que nous sommes régis par la gestion de l’offre, nous préférerions gagner notre vie en vendant nos produits sur le marché. Notre position est ferme à cet égard. Cela étant dit, si une partie de notre marché s’envole en raison de cet accord, bien sûr, nous nous attendrons à recevoir une compensation. Nous ne percevons pas cela comme une subvention, mais carrément comme une compensation pour le marché perdu afin de pouvoir reconstruire notre industrie et continuer à investir.
Concernant l’AECG plus particulièrement, ce n’est pas vraiment un enjeu pour l’industrie avicole. Je vais répondre pour l’industrie du dindon et l’industrie avicole en général. Ce sont deux marchés à grande valeur ajoutée, c’est un jeu à somme nulle. C’est vraiment l’industrie laitière, comme tout le monde le sait, qui a connu des problèmes, mais nous tenons à communiquer leurs préoccupations, car cela crée un précédent. Nous l’avons vu avec la signature de l’APT.
Comme les producteurs laitiers, nous sommes pour le commerce. Nous ne sommes pas contre les échanges commerciaux, comme on a pu le lire dans certains journaux. La gestion de l’offre a mauvaise presse. Je ne sais pas pourquoi. Mais je suis peut-être biaisé.
En fait, on peut résumer la chose en disant que nous avons ici un système très solide de gestion de l’offre, dans le secteur avicole et laitier, et que ce système doit être maintenu. Ce système a la capacité de contribuer au tissu rural de notre pays et aux petites municipalités qui, nous le savons, subissent beaucoup de pression et ont du mal à s’en sortir actuellement, particulièrement dans le contexte économique actuel, qui est pratiquement au neutre depuis des années. Les résultats attendus ne sont pas aussi roses que certaines personnes pourraient l’espérer. La gestion de l’offre fait partie intégrante de la réalité rurale canadienne.
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Merci à toutes et à tous d’être ici.
Je voudrais d’abord féliciter les Producteurs laitiers du Canada pour leur nouveau logo. Je peux vous dire que la vache bleue, chez nous, est très aimée, et j’espère que cet ajout et cet outil de marketing feront progresser les choses et amélioreront l’image d’une marque déjà excellente.
Je ne pensais pas aborder le sujet, mais vous avez dit une chose qui m’a frappé. En agriculture, comme mon bon ami ici l’a mentionné, on s’inquiète du fait que la moyenne d’âge des agriculteurs est de 55 ans, et que cela est dû au fait que ce que nous faisons n’est pas très sexy. Ce n’est pas vrai. Je dois vous dire que je ne partage pas ce point de vue, qu’il s’agisse du livre sur la main-d’œuvre agricole ou des fermes dans mon secteur, qu’elles soient régies par la gestion de l’offre ou non. Pourquoi 55 ans? Je pourrais vous amener dans de nombreuses fermes où le père ne veut pas quitter l’agriculture, même s’ils ont mon âge, parfois plus, et que la prochaine génération s’en vient. Pourquoi? Parce que nous avons réussi à rendre cette industrie sexy, désolé de le dire ainsi.
Je vais être honnête avec vous. J’aimerais réunir la majorité de nos jeunes entrepreneurs et agriculteurs et des PDG ou des DG de compagnies pour qu’ils parlent d’affaires.
La moyenne d’âge de 55 ans ne me préoccupe pas. J’ai dépassé cet âge depuis longtemps, pourtant on parle toujours de 55 ans. Nous avons un groupe de jeunes brillants, énergiques et férus de technologie. Si je vous amenais visiter des fermes, vous verriez qu’un grand nombre de femmes participent à la gestion et au travail de la ferme. Pourquoi? Je parle aux étudiants qui sortent de nos universités et je leur demande ce qu’ils veulent faire. « Que pensez-vous de l’agriculture? Voulez-vous faire de la science? Voulez-vous faire de la chimie? Voulez-vous faire de l’ingénierie? » Je leur explique alors que l’agriculture permet de faire tout ça. En matière de recherche et d’innovation, c’est une industrie qui crée des emplois et de bons emplois, car c’est l’une des industries les plus prospères.
Je pense que c’est une industrie sexy, et je le dis aux jeunes, et je veux que cela se reflète dans le CSA.
Lorsque nous voyons qu’une industrie occupe le premier ou le deuxième rang dans sept provinces sur dix, nous ne pouvons qu’éprouver un énorme respect et profond attachement pour cette industrie. C’est comme ça.
Premièrement, est-ce que les Producteurs laitiers du Canada peuvent m’aider? Il y a un nouveau centre de recherche à Elora. Comment ce centre s’inscrit-il dans le cycle quinquennal et comment y lance-t-on des projets de recherche? Vous dites qu’il manque de souplesse. Pourriez-vous me donner un exemple de ce qui pourrait être fait dans ce centre? Il est tout neuf et extraordinaire, à vrai dire. Comment pourrions-nous améliorer les choses pour que les résultats de recherche de ce centre...?
Mark, je sais que vous n’en avez pas, mais aidez-moi en ce qui concerne ceux qui existent.
La recherche entraîne l’innovation, qui améliore la productivité, qui donne souvent accès aux marchés, qu’ils soient nationaux ou internationaux.
Peut-être que Caroline pourrait commencer, puis donner la parole à Mark.
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Merci beaucoup. C’est un plaisir d’être ici aujourd’hui pour vous aider dans vos démarches en vue du nouveau cadre stratégique pour l’agriculture.
Nous profitons tous des avantages d’avoir accès à une abondance d’aliments sains, salubres et abordables au Canada, grâce à notre système alimentaire de classe mondiale, qui nourrit 37 millions de Canadiens et qui, en tant que cinquième plus grands exportateurs d’aliments dans le monde, nourrit une multitude de personnes sur la planète.
Le système dépend des gens – les fermes, les entreprises alimentaires et leurs employés – pour cultiver, récolter, préparer et emballer de délicieux produits. Malheureusement, les entreprises agricoles et alimentaires ont du mal à trouver des employés, et leur avenir est en péril.
Notre recherche indique que 10 ans auparavant, il manquait 30 000 travailleurs dans cette industrie. Aujourd’hui, les chiffres ont presque doublé, avec 59 000 travailleurs, et l’on s’attend à ce que ce chiffre double à nouveau d’ici 10 ans, pour atteindre 114 000 travailleurs.
Le taux d’emplois vacants sur les fermes est exceptionnellement élevé, soit 7 %. La moyenne nationale pour les autres industries est de seulement 1,8 %, on se trouve donc devant un cas exceptionnel et un réel problème. Cela coûte 1,5 milliard de dollars en ventes perdues chaque année. Ce 1,5 milliard de dollars est pour le secteur agricole primaire uniquement.
Ces emplois demeurent inoccupés malgré les efforts importants des propriétaires d’entreprise pour recruter et attirer des travailleurs. Cela s’explique de plusieurs façons. Ces emplois sont généralement situés en milieu rural. Plusieurs de ces emplois sont saisonniers. Et bien des Canadiens sont tellement loin de la réalité de la terre qu’ils ne pensent même pas à travailler dans cette industrie.
C’est certainement un problème dont il faut se soucier. Non seulement cette industrie fournit la nourriture que nous mangeons, mais c’est également un moteur important de l’économie canadienne, comme vous le savez, puisqu’elle représente près de 7 % du PIB du Canada.
C’est donc important pour vous, pour moi, pour nos familles et pour le Canada dans son ensemble de veiller à ce que cette industrie se porte bien. Actuellement, la durabilité et la croissance de l’industrie alimentaire sont en danger. Alors que vous réfléchissez au prochain cadre stratégique pour l’agriculture et l’agroalimentaire, il est essentiel que ce risque soit pris en compte et atténué à l’aide de moyens stratégiques et volontaires. Nous ne pouvons pas entrer nos têtes dans le sable pour réaliser, au bout de 10 ans, qu’il nous manque 114 000 travailleurs.
Or, jusqu’à présent, il n’y a aucune mention claire du problème de main-d’œuvre dans le futur cadre stratégique. Et ce, malgré le fait que les agriculteurs et les producteurs aient clairement indiqué qu’il s’agit du plus grand risque qui nous attend dans l’avenir. Le nouveau cadre stratégique doit s’attaquer directement à la pénurie de main-d’œuvre et soutenir la croissance et la compétitivité du secteur alimentaire canadien.
On pourrait y arriver en ajoutant une septième priorité concernant la main-d’œuvre, le développement des entreprises et la compétitivité. Il s’agit en fait des termes utilisés par Agriculture et Agroalimentaire Canada lorsqu’il a consulté l’industrie sur le prochain cadre stratégique, reconnaissant que ce volet était absent.
Ce septième secteur prioritaire soutiendrait les recommandations clés de l’équipe de travail nationale sur la main-d’œuvre, que plusieurs d’entre vous connaissent, en vue de la mise en œuvre stratégique du plan d’action en matière de main-d’œuvre. Une priorité visant la main-d’œuvre, le développement des entreprises et la compétitivité permettrait de grandes réalisations.
Premièrement, cela permettrait de mener une campagne nationale d’information de carrière afin de faire connaître les possibilités d’emploi, à la fois nombreuses et intéressantes, que l’industrie peut offrir. On reconnaît désormais l’importance pour l’industrie de gagner la confiance du public; or lorsqu’on explique comment on produit notre nourriture, nous avons la possibilité de dire également qui sont les gens qui y travaillent et que c’est un excellent milieu de travail.
La deuxième chose qu’on devrait trouver dans cette septième priorité est la diversification du secteur, y compris la participation pleine et entière des femmes dans l’industrie. Si nous voulons que l’industrie soit prospère et florissante, nous devons nous assurer d’y retrouver les personnes brillantes et prêtes à contribuer aux innovations et à la réussite de l’industrie.
Cela signifie que nous devons, en tant qu’industrie, faire mieux et encourager plus de Canadiens, jeunes et vieux, des villes comme des campagnes, hommes et femmes et nouveaux arrivants à envisager de travailler dans ce secteur, et nous assurer d’éliminer les obstacles à l’entrée ou à l’avancement de quiconque au sein de notre industrie.
Troisièmement, la septième priorité du prochain cadre stratégique devrait prévoir la création de formations abordables et accessibles, y compris des formations en ligne, afin que les travailleurs de l’industrie aient accès aux techniques les plus récentes et les plus efficaces, ainsi qu’aux meilleures et aux plus récentes techniques d’administration et de gestion des ressources humaines, peu importe leur charge de travail ou leur éloignement géographique.
L’équipe de travail sur la main-d’œuvre a déjà étudié et documenté un plan stratégique pour relever ce défi. Ce plan d’action pour la main-d’œuvre agricole et agroalimentaire devrait également être mis en place dans le cadre de cette septième priorité. Cela devrait comprendre des solutions à court, moyen et long terme pour s’assurer que l’industrie prenne les devants et règle ce problème de façon constructive pour garantir la croissance et la prospérité future de l’industrie.
Donc, avant de prendre la prochaine bouchée de ce que vous allez manger ce midi ou à la pause, je vous invite à réfléchir au grave problème de pénurie de main-d’œuvre et à nos 7 % d’emplois vacants. Pensez au stress que ces emplois non comblés créent dans nos entreprises, ainsi qu’au rôle du gouvernement en matière de politiques de main-d’œuvre, d’immigration et d’agriculture. Pensez à ce qui est en jeu ici, pour vous, pour moi, pour nos familles et pour l’ensemble des Canadiens, si nous ne travaillons pas ensemble pour résoudre ce problème de façon constructive.
C’est tout ce que j’avais à dire.
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Merci d’avoir invité le Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture, le CCRHA, à prendre la parole aujourd’hui. Je suis ici en tant que producteur d’East Selkirk, au Manitoba, où je produis des céréales, des oléagineux et des légumes. Je suis membre de Keystone Agricultural Producers of Manitoba, qui est l’un des partenaires chargés d’exécuter le Plan d’action canadien sur la main-d’œuvre du secteur agricole et agroalimentaire. Je suis aussi le vice-président du CCRHA.
Le CCRHA a quantifié la pénurie de main-d’œuvre agricole actuelle et future. Portia a également mentionné les taux d’emplois vacants. À ce stade, les intervenants de l’industrie demandent que les politiques gouvernementales répondent à leurs besoins en tant qu’employeurs afin d’être en mesure de combler les postes et de gérer leurs fermes et les entreprises adéquatement.
Nous mangeons trois fois par jour. Le Canada dépend de l’industrie agricole et agroalimentaire, de nos consommateurs au Canada, de nos exportations, de notre main-d’œuvre et de notre contribution dans l’économie canadienne. L’industrie souhaite collaborer avec le gouvernement fédéral dans le cadre d’une approche pangouvernementale.
C’est là qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada a un rôle important à jouer. La main-d’œuvre agricole doit constituer la septième priorité du prochain cadre stratégique, car les pénuries de main-d’œuvre nuisent aux priorités proposées par Agriculture et Agroalimentaire Canada: l’innovation, la confiance du public, la durabilité et les marchés internationaux et le commerce. Il s’agit du plus grand risque commercial, et il affecte considérablement notre capacité à développer le secteur de l’agriculture à valeur ajoutée et de la transformation agroalimentaire.
On pourrait lancer quatre initiatives pour régler le problème de main-d’œuvre dans le cadre de la septième priorité en matière de main-d’œuvre, de développement des entreprises et de compétitivité. Ces priorités aideraient le Canada à devenir une superpuissance alimentaire, dotée d’une main-d’œuvre agricole solide, formée et hautement qualifiée.
La première chose à faire est d’améliorer la diversité. Nous appuyons l’inclusion et la participation des femmes dans la main-d’œuvre agricole. Les femmes ne représentent actuellement que 30 % de la main-d’œuvre agricole; nous avons donc besoin d’initiatives pour atteindre les groupes sous-représentés, dont les femmes.
Deuxièmement, nous devons accroître l’effectif agricole; nous avons besoin d’initiatives nationales en matière d’emploi. Nous savons que nous devons convaincre les Canadiens à participer à l’agriculture, et leur dire que l’agriculture offre des possibilités de carrière intéressantes et bien rémunérées. Nous avons besoin d’une campagne nationale pour faire connaître les possibilités de carrière en agriculture auprès des personnalités médiatiques, des éducateurs et de la population afin de rejoindre les groupes sous-représentés dans l’industrie, comme les jeunes et les chômeurs.
Troisièmement, nous devons offrir plus de formations. Nous devons améliorer les connaissances et les compétences des travailleurs en leur offrant des formations accessibles, y compris des cours en ligne pour permettre aux travailleurs du secteur agricole et alimentaire en milieu rural de se perfectionner.
Enfin, nous avons le Plan d’action canadien sur la main-d’œuvre du secteur agricole et agroalimentaire, un guide stratégique en matière d’emploi et de croissance en milieu rural. Le Plan d’action est le résultat d’un effort concerté de l’industrie. C’est le résultat de plus de quatre années de travail réalisé par les 26 membres de l’équipe de travail sur la main-d’œuvre agricole et agroalimentaire, les 13 tables rondes d’AAC sur la chaîne de valeur, notamment sur les fruits de mer, et les 77 entreprises et groupes agricoles ayant soutenu sa mise en œuvre. Il est essentiel que cette stratégie soit financée adéquatement, de sorte que le plan soit mis en œuvre.
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Bonjour, monsieur le président. Bonjour à tous les membres du Comité. Je tiens à vous remercier de m’avoir invitée à témoigner concernant le prochain cadre stratégique canadien pour l’agriculture.
Je m’appelle Ashley St Hilaire. Je suis la directrice de Cultivons Biologique Canada. Je suis accompagnée de Geneviève Grossenbacher, qui possède une ferme biologique au Québec et qui a été la vice-présidente de Cultivons Biologique Canada pendant plusieurs années.
Cultivons Biologique Canada est le seul organisme caritatif national dans le secteur de l’agriculture biologique qui a des membres et des sections dans toutes les régions du pays. Notre mission principale est l’éducation. Nous publions des manuels sur l’agriculture biologique. Nous publions un magazine national et nous avons une bibliothèque nationale sur l’agriculture biologique. Nous offrons également des programmes et des cours sur la production biologique et les normes biologiques canadiennes.
L’agriculture biologique combine la tradition, l’innovation et la recherche scientifique au profit de l’environnement et de notre économie. Les systèmes de production biologique sont de plus en plus efficaces et productifs, et notre gouvernement a joué un rôle majeur dans l’amélioration de nos techniques en finançant la grappe scientifique biologique.
Le programme de grappes scientifiques est fantastique, car il offre un point de rencontre et de partenariat à l’industrie et au gouvernement en matière de recherche. Le ratio de financement de ce programme est de 25 % pour l’industrie et de 75 % pour le gouvernement, ce qui est un ratio de partage des coûts atteignable pour notre secteur encore jeune, qui manquerait autrement de sources de financement stables. Or nous avons été informés lors des consultations que le ratio de partage des dépenses passerait probablement à 40 % pour l’industrie et 60 % pour le gouvernement dans le prochain cadre stratégique. Si c’était le cas, cela augmenterait le fardeau de l’industrie en matière de financement de la recherche agricole canadienne, en plus de pousser l’industrie à financer des projets de recherche qui profitent aux propriétaires plutôt qu’au bien public, comme la durabilité et la réduction de la pollution. Nous recommandons donc au Comité de maintenir le ratio de financement actuel de 75:25 pour les projets axés sur le bien public et de limiter le ratio de financement à 60:40 pour les projets qui visent uniquement à développer des produits et des techniques à l’avantage des propriétaires.
J’ai également lu, dans le prochain cadre stratégique pour l’agriculture, que le gouvernement prévoit renforcer les connaissances et le transfert de technologie. J’espère que c’est vrai, car la totalité du budget de 1,1 million de dollars pour le transfert des connaissances prévu dans la demande de la grappe scientifique biologique a été entièrement retiré. Je presse donc le Comité de ne pas laisser tomber les activités de transfert de connaissances en bas de la liste de priorités du financement dans le prochain cadre stratégique.
En ce qui concerne le marché biologique, j’aimerais vous communiquer certains faits. En 2015, on comptait plus de 5 151 exploitants certifiés biologiques au Canada. Cela comprend des producteurs, des transformateurs et des manutentionnaires.
Le Canada est le cinquième marché en importance dans le monde, avec 4,7 milliards de dollars par année, ce qui représente une augmentation comparativement aux 3,5 milliards de dollars de 2013.
Une étude de consommation récente démontre que 56 % des Canadiens achètent des produits biologiques toutes les semaines, et que 80 % de ces consommateurs prévoient maintenir ou augmenter leurs achats de produits biologiques.
Au Canada, la demande de produits biologiques augmente de 16 % par année, mais l’offre intérieure ne suit pas le rythme.
Au Canada, le biologique demeure un secteur en émergence, puisqu’il représente moins de 2 % de la production agricole canadienne. Cependant, avec l’appui de notre gouvernement, nous avons réussi à prendre notre place sur le marché mondial et nous avons négocié des ententes d’équivalence concernant les produits biologiques avec 90 % de nos grands partenaires commerciaux.
Vous me demanderez peut-être des données sur le commerce de produits biologiques. Malheureusement, je ne pourrai pas vous les fournir parce notre gouvernement segmente rarement ses données sur l’agriculture et le commerce pour obtenir des données spécifiques sur la production biologique. Nous avons besoin de plus de données pour que notre secteur puisse mesurer ses réussites et les retombées positives des investissements du gouvernement dans la production biologique et comprendre les difficultés et les risques propres à cette industrie. Dans le prochain cadre stratégique pour l’agriculture, nous aimerions que les données sur la production biologique soient extraites des données sur l’agriculture colligées par le gouvernement. Un bon point de départ serait d’ajouter une question sur la production biologique dans le prochain recensement de l’agriculture.
Pour revenir sur la question du commerce, il est important que le Comité reconnaisse que c’est la rigueur et la réputation des normes biologiques canadiennes qui permettent l’existence des ententes commerciales du secteur biologique. Comme vous le savez, les normes biologiques canadiennes, qui sont développées par l’industrie, sont régies par le gouvernement par l’entremise de l’Office des normes générales du Canada, et Agriculture Canada verse 39 000 $ par année à l’ONGC pour que ces normes soient une ressource publique.
Il est important que le Comité reconnaisse que la marque Canada biologique appartient au gouvernement, et que les normes biologiques canadiennes doivent être revues tous les cinq ans afin qu’elles demeurent pertinentes et respectent nos ententes internationales d’équivalence concernant les produits biologiques.
Les coûts associés à la plus récente révision, terminée cette année, s’élèvent à plus de 1 million de dollars, soit 600 000 $ de frais payés par le Conseil du Trésor à l’ONGC, 300 000 $ provenant du programme de marketing agricole et 100 000 $ provenant de l’industrie. Cet examen est long et coûteux, mais il est absolument nécessaire.
Notre secteur fait face à un nouveau risque. On nous a dit que le financement gouvernemental pour la révision des normes serait coupé. Je me dois de souligner qu’ailleurs, comme aux États-Unis et dans les pays de l’Union européenne, la mise à jour de ce genre de normes est entièrement financée par le gouvernement.
Si notre gouvernement choisit de ne pas financer la prochaine révision des normes biologiques canadiennes en 2020, cela entraînera la chute de l’image de marque Canada biologique et invalidera nos ententes internationales d’équivalence concernant les produits biologiques. Je presse donc le Comité de tout faire pour que cela n’arrive pas et pour garantir indéfiniment la révision des normes biologiques canadiennes dans le prochain cadre stratégique pour l’agriculture.
Un autre enjeu important est l’expansion de la réglementation des produits biologiques, la législation qui régit le secteur biologique canadien, qui fait maintenant partie de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada. La portée du règlement sur les produits biologiques est limitée aux produits alimentaires, aux aliments pour animaux d’élevage et aux semences; pourtant, le marché biologique comprend de nombreux autres produits agricoles, comme les aliments pour animaux de compagnie, les produits de soins personnels, les plantes, les fleurs et les textiles biologiques, ainsi qu’un produit émergent, la marijuana biologique.
Par conséquent, ces produits biologiques non alimentaires sont importés au Canada, alors que les producteurs biologiques canadiens n’ont pas le droit d’obtenir une certification pour ces produits dans le cadre de la marque Canada biologique. Un pas dans la bonne direction, dans le prochain cadre stratégique pour l’agriculture, serait de travailler avec le secteur biologique pour élargir le règlement sur les produits biologiques afin d’y inclure tous les produits agricoles. C’est ce que les États-Unis ont fait, permettant du coup de créer de nouvelles possibilités pour leurs produits biologiques, tant sur le marché intérieur qu’extérieur.
Mais pourquoi opter pour le biologique?
L’agriculture biologique est un bon exemple d’industrie de croissance verte, qui offre un modèle de promotion d’une production alimentaire respectueuse du climat et qui permet aux agriculteurs d’obtenir un bien meilleur prix pour leurs produits. Les produits biologiques dépendent moins des ressources non renouvelables et des intrants manufacturés et assurent une certaine résilience devant les conditions climatiques extrêmes.
Les retombées environnementales sont aussi inhérentes à la production biologique et sont bien documentées. La production biologique permet en effet de stocker davantage de carbone dans le sol. Elle favorise la biodiversité, améliore la santé du sol, réduit les infestations de ravageurs, réduit le lessivage des nutriments, prévient la contamination des eaux et favorise l’économie d’énergie. La production biologique attire de nouveaux agriculteurs dans nos villages, dont bon nombre sont des femmes. De plus, la certification biologique fait appel à un système d’assurance par un tiers contrôlé et appliqué par l’ACIA.
Lorsqu’on prend tous ces éléments en considération, on arrive à la conclusion que la production biologique est en soi un outil de gestion des risques commerciaux qui peut aider les agriculteurs à atténuer les problèmes liés à la volatilité des prix et des intrants agricoles, aux impacts environnementaux négatifs, à la consommation d’énergie et à la confiance du public. Sans oublier que les consommateurs canadiens veulent des produits biologiques; toutefois, notre offre intérieure ne répond pas à la demande.
Un monde de possibilités est à nos portes en matière de production biologique, et nous pouvons faire beaucoup plus dans le prochain cadre stratégique pour soutenir la production alimentaire biologique. Une production qui s’étend à tous les domaines de l’agriculture et à toutes les étapes de la chaîne de valeur. C’est ce qui nous rend si uniques.
Le portrait que je vous ai dressé aujourd’hui n’est que la pointe de l’iceberg. J’ai plusieurs autres recommandations en tête que je serais heureuse de partager avec les membres du Comité.
Pour le prochain cadre stratégique, nous recommandons que le gouvernement envisage de mettre en place un crédit environnemental sur la taxe sur les produits et services pour récompenser et encourager la gérance environnementale dans les fermes. Parmi les indicateurs de rendement de ce crédit, on pourrait retrouver la réduction de la consommation d’énergie, l’augmentation de la séquestration du carbone dans le sol et la prévention du lessivage de l’azote.
Nous recommandons la création d’un système de tarification du carbone sans incidence sur les recettes afin de réinvestir les revenus de l’agriculture dans l’industrie. Ces revenus pourraient être utilisés pour financer le crédit environnemental sur la taxe sur les produits et services.
Nous recommandons que le gouvernement effectue une analyse du cycle de vie et une vérification du rendement énergétique de l’ensemble du système agricole et agroalimentaire canadien. Cette évaluation permettrait d’analyser chaque secteur en détail, en mettant l’accent sur l’énergie consommée dans les fermes, le transport, la transformation, la vente au détail et les cuisines des Canadiens.
Les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont mené ce genre d’évaluation, devraient être pris en exemple par le Canada.
Nous recommandons le développement, dans le prochain cadre stratégique, d’outils flexibles de gestion des risques commerciaux, ce qui pourrait et devrait comprendre une assurance production complète qui tiendrait compte de la diversité des activités des exploitants biologiques. Nous appuyons également le maintien d’Agri-investissement et les outils de paiements anticipés du programme de GRE. Nous recommandons que les programmes de confiance du public, s’ils font partie du prochain cadre stratégique, mettent l’accent sur l’aide à l’industrie et la mise en place de programmes d’assurance et de transparence afin de répondre aux demandes des clients en ce qui concerne ces piliers de l’acceptabilité sociale.