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Merci, monsieur le président.
Je me réjouis que le gouvernement ait décidé d'apporter son aide.
Pour faire suite à ce que mes deux collègues viennent de dire, si le ministre ne comparaît pas ici, cela équivaudra vraiment à une annonce. Cela voudrait dire que la Chambre reconnaît le problème soulevé par l'industrie laitière et accepte de rencontrer les producteurs. J'ai l'impression, d'après les discussions qu'a eues le ministre — et je reconnais qu'il a des entretiens — qu'il s'informe au sujet du lait diafiltré et qu'il a rencontré un certain nombre de producteurs laitiers. Par conséquent, je suis convaincu que le délai de 18 jours ne pose pas véritablement problème. À mon avis, le problème serait qu'il ne comparaisse pas devant notre comité. À mon avis, cela poserait problème.
S'il s'agit d'une simple annonce de rencontre mais sans promesse d'action, nous allons terminer nos travaux avant que cette annonce soit faite, alors qu'une telle annonce devrait venir de notre comité. Nous sommes tous d'accord sur l'importance de cette question pour l'industrie laitière, non seulement pour les producteurs, mais également pour les transformateurs. Par conséquent, j'appuie cette motion.
Puisque certains d'entre vous hochent la tête, je pense que nous pourrions faire cette demande qui serait sans doute acceptée. Je pense que nous avons tous besoin d'entendre le point de vue du ministre, pas seulement les membres de notre comité, mais aussi les producteurs laitiers et les transformateurs. Je suis pratiquement convaincu d'ailleurs qu'il est prêt à le faire, puisqu'il mène des consultations continues.
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Sommes-nous prêts à voter sur l'amendement?
Que tous ceux qui appuient l'amendement veuillent bien l'indiquer.
Nous avons l'unanimité.
(L'amendement est adopté.)
Le président: Merci à tous.
Nous allons maintenant voter sur la motion principale, telle que modifiée par Mme Brosseau et M. Warkentin.
Vous avez devant vous la motion originale que nous modifions en remplaçant le délai de « 30 jours » par « 18 jours » à compter d'aujourd'hui. Et l'autre amendement de M. Warkentin demandant « que le ministre comparaisse devant le Comité dès que possible ».
Que ceux qui sont en faveur de la motion se manifestent.
Il semble que nous ayons un consentement unanime. Merci à tous.
(La motion amendée est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Avant de passer à nos invités, nous devons très rapidement approuver le budget de l'étude. Le montant total demandé est de 6 900 $.
Si tel est le souhait du Comité, nous avons besoin d'une motion pour adopter le...
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Je prie nos témoins de bien vouloir excuser ce petit retard et je les remercie d'être venus témoigner aujourd'hui.
Nous allons maintenant nous intéresser à la PACA, la Loi américaine sur les denrées agricoles périssables.
Par vidéoconférence, nous entendrons aujourd'hui M. Jocelyn St-Denis, directeur exécutif, Finances et stratégies d'affaires, de Vegpro International Inc. Bienvenue, monsieur St-Denis.
De la Corporation de règlement des différends dans les fruits et légumes, nous avons M. Fred Webber, président et premier dirigeant. Bienvenue, monsieur Webber.
De l'Association des fruiticulteurs et des maraîchers de l'Ontario, nous entendrons M. Jason Verkaik, président. Encore une fois, bienvenue à tous.
Je vais vous accorder 10 minutes. Nous allons commencer par M. St-Denis, étant donné qu'avec la vidéoconférence, on ne sait jamais comment ça va se passer.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour et merci de l'occasion que vous offrez à Vegpro International Inc. de comparaître devant ce comité concernant l'étude de la PACA, soit la Perishable Agricultural Commodities Act.
Je m'appelle Jocelyn St-Denis et je suis directeur des finances chez Vegpro international. Notre entreprise est située à Sherrington, au sud de Montréal, au Québec. Les actionnaires de notre société sont cinq fermes familiales qui ont décidé de coordonner leur production et de mettre en commun leur commercialisation. Étant l'employé d'un producteur agricole, je m'attarderai surtout à vous faire connaître notre réalité de fermiers.
Qu'il s'agisse d'une petite ferme familiale, d'une coentreprise ou d'une plus grande société, les défis sont multiples en 2016. Il s'agit de cultiver un produit de qualité, de le vendre au bon prix et d'en recevoir le paiement. Cela nous permet de vivre de notre travail, d'investir dans le maintien de notre capacité de production et de répondre à toutes les règles qui sont de plus en plus nombreuses, que ce soit en matière de salubrité et de sécurité, d'environnement et de production durable, tout cela sans être à l'abri d'un phénomène que nous ne contrôlons pas, à savoir la météo.
Chez Vegpro, nous produisons des laitues de type pommée Iceberg ou romaine, des jeunes pousses genre spring mix ou des bébés épinards. Nous produisons des oignons, des carottes et plusieurs autres légumes à plus petite échelle. De plus, nous faisons l'emballage et la commercialisation de ces produits pour d'autres petites fermes de notre région qui n'ont pas d'entrepôt ou d'équipement d'emballage.
La plupart des fruits et des légumes sont hautement périssables et, quand ils sont prêts à être récoltés, ils doivent être vendus. Tout cela peut être ordonné, mais nous savons tous que c'est la météo qui a le dernier mot. Il suffit d'une période plus chaude, d'un orage et, du coup, nous obtenons le double de la récolte prévue.
Chaque jour, chaque producteur doit vendre sa marchandise car, s'il ne le fait pas, il risque de la perdre. Donc, tôt le matin, nous évaluons les quantités à récolter et nous effectuons notre travail de vente. Tout doit être vendu avant midi, car nous devons expédier nos produits le soir même. II arrive que nous devions vendre à des clients que nous ne connaissons pas et nos décisions doivent être prises rapidement sinon, nous perdons le produit.
Comme le produit est périssable, nous sommes à la merci du marché et, chez Vegpro International Inc., nous vivons cette réalité. Je vous donne quelques exemples à cet égard.
Un client peut refuser de payer car il estime que la qualité n'est pas satisfaisante et nous nous en rendons compte 21 ou 30 jours plus tard quand la facture reste impayée.
Il arrive que les prix du marché baissent soudainement en-dessous du prix sur lequel nous nous sommes entendus et le client ne veut pas nous payer sans conclure une nouvelle entente.
Un client peut refuser le produit à sa porte, située à cinq heures de route de chez nous. Il faut alors trouver un autre client pour ce produit et cela en très peu de temps, car le transporteur a un autre client à servir au retour et il doit vider sa remorque. Nous acceptons le premier client qui veut acquérir le produit et nous assumons les risques. Il arrive aussi, tout simplement, qu'un client refuse de payer sans aucune raison ou qu'un autre a mis fin à ses activités ou a déclaré faillite.
Vegpro, ses fermes actionnaires et d'autres producteurs au Québec ont subi des pertes à la suite de plusieurs faillites survenues au cours des années, comme Michel Desjardins ltée, Les Produis Golden Touch, Fruits Atlas International ltée, la compagnie S. Baizer, Fruits Botner ltée, Gérard Viau inc., National Fruits inc, qui étaient tous des distributeurs. Depuis quelque temps, des fruiteries au Québec se placent sous la protection de la Loi sur la faillite, les plus récentes étant Les marchés 4 saisons, La Fruiterie de l'Outaouais, le Groupe Épicia et Les Jardins Valmont. Lorsqu'un client de l'industrie refuse de payer ou fait faillite, c'est plus d'un producteur qui en souffre, car ce client s'approvisionne habituellement chez plusieurs fournisseurs.
L'industrie a mis en place un organisme de règlement des différends, soit la Corporation de règlement des différends dans les fruits et légumes, la DRC en anglais, qui est représentée ici aujourd'hui. En cas de conflit, les deux parties doivent accepter d'utiliser leurs services. Même s'il est démontré que c'est le client qui a tort et qu'il doit payer, nous n'avons aucun moyen légal de le forcer à le faire et nous ne pouvons pas récupérer ou saisir notre produit, contrairement à un fabricant de tables ou de chaises.
Aux États-Unis, il y a la PACA. Je ne ferai pas une présentation du fonctionnement de cette mesure législative, mais de ce qui en résulte.
Le gouvernement américain et l'industrie l'ont mise en place parce qu'ils ont reconnu les risques financiers encourus par les agriculteurs ainsi que le niveau élevé de leurs pertes. Un producteur agricole américain qui vend son produit aux États-Unis est automatiquement protégé contre les mauvaises pratiques ou les faillites de ses clients car la loi lui confère des droits et il peut récupérer les sommes d'argent qui lui sont dues. De plus, la PACA soumet les acheteurs de produits agricoles à des obligations. Les conséquences des mauvaises pratiques sont importantes et peuvent aller jusqu'à la perte de leur droit de continuer d'être en affaires.
Au Canada, le producteur agricole n'a pas de protection et en a même moins que ceux qui oeuvrent dans d'autres secteurs d'activité car son produit est périssable et est consommé rapidement. Dans le cas d'une faillite, bien que la loi soit la même pour tous, nous n'avons plus accès à notre produit.
Par ailleurs, il y a bien plus que la faillite, il y a aussi le refus de payer. Une ferme de taille moyenne — habituellement une ferme familiale — n'a pas beaucoup de clients et est à la merci du chantage. Que se passe-t-il quand des pertes financières surviennent? Le producteur ne peut payer ses fournisseurs et ne peut rembourser sa marge de crédit. Il a moins de moyens de maintenir ses infrastructures et ses équipements. Les banques devraient voir d'un bon oeil une protection pour le milieu agricole, car cela sécurise les crédits octroyés.
En plus des pertes financières subies par les fermes, le fait de ne pas avoir de PACA au Canada a amené des producteurs canadiens à préférer vendre leurs produits aux États-Unis puisque c'est moins risqué pour eux. De plus, des producteurs américains refusent de vendre au Canada ou, quand ils le font, ils ne vendront pas nécessairement leurs meilleurs produits. Dans certains cas, cela oblige le Canada à s'approvisionner dans d'autres pays où les risques au plan de la salubrité sont plus élevés.
Notre situation s'est aggravée en 2015 quand les États-Unis ont enlevé aux producteurs agricoles canadiens le privilège de protection équivalent à celui dont disposent les Américains. Auparavant, quand nous vendions notre produit aux États-Unis, nous avions les mêmes droits et la même protection de la PACA que les producteurs américains. Ils nous ont enlevé ce privilège parce que les Américains qui vendent au Canada n'ont pas une protection équivalente.
Pour bénéficier des protections de la PACA, nous devons déposer avec notre plainte le double de la valeur de notre réclamation. Un camion de fruits ou de légumes peut valoir entre 10 000 $ et 50 000 $. Compte tenu des fonds que l'on doit trouver et immobiliser pour une certaine période de temps, beaucoup de petits fermiers abandonnent et subissent des pertes car ils sont incapables de déposer les sommes requises. À partir de maintenant, on commence même à voir des Canadiens qui choisissent d'investir et de s'implanter aux États-Unis au lieu de le faire au Canada.
Au Canada, nous n'avons jamais eu de protection et nous réclamons depuis très longtemps un système comparable à celui des Américains. La PACA a permis à Vegpro de récupérer plus de 100 000 $ lors de la faillite d'un seul client américain, mais nous avons sauvé bien plus que cela. Nous avons été protégés de pertes occasionnées par des pratiques déloyales de la part de clients américains car nous avions des droits et eux avaient des obligations. Désormais, ces droits sont toutefois beaucoup plus difficiles d'accès et sont considérés inaccessibles pour beaucoup de fermes.
Le Canada doit protéger sa souveraineté alimentaire et, pour ce faire, il doit s'assurer que les fermiers de toutes tailles qui nourrissent la population canadienne continuent d'être en affaires et de produire des fruits et légumes de qualité qui peuvent être consommés de façon sécuritaire.
Je vous remercie de votre attention et de l'intérêt que vous portez à notre situation.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je vous remercie de me donner l'occasion de venir vous parler de l'importance d'une fiducie réputée canadienne dans le secteur des fruits et des produits maraîchers. Une telle législation canadienne protégerait les fruiticulteurs et les maraîchers ainsi que les vendeurs au Canada. La création de cet outil permettrait également aux fruiticulteurs, maraîchers et vendeurs de fruits et légumes de retrouver le statut privilégié qui a été récemment révoqué par notre plus grand partenaire commercial, les États-Unis.
Je m'appelle Jason Verkaik. Je suis un maraîcher de quatrième génération installé dans le secteur de Holland Marsh à Bradford, en Ontario. Je suis également président de l'Association des fruiticulteurs et des maraîchers de l'Ontario. Je suis ici pour vous parler de l'impact négatif qu'ont subi les agriculteurs du secteur où se trouve mon exploitation, faute de disposer de cet important outil.
J'ai pu écouter la séance du comité permanent de lundi dernier concernant la fiducie réputée. Quelques thèmes ont retenu mon attention et j'ai noté en particulier que certaines personnes pensent que le problème ne justifie pas la mise en place de cet outil hautement efficace, à coût nul pour le gouvernement, accepté par l'industrie, qui avait été promis à notre plus grand partenaire commercial.
Étant d'un avis opposé, j'ai décidé de parler à des agriculteurs de notre région et voici ce que j'ai découvert.
En 2008, une société appelée Top of the Hill Produce a dû être mise sous séquestre. Elle devait plus de 3 millions de dollars à des maraîchers pour des livraisons de carottes, d'oignons, de betteraves, de choux et de pommes de terre. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec 14 cultivateurs qui ont été touchés par cette affaire. Aucun d'entre eux n'a été en mesure de recouvrer ces créances. Les sommes dues variaient entre un demi-million de dollars et 15 000 $, avec une moyenne de 80 000 $ à 100 000 $ par exploitation.
Je sais que les plus grandes exploitations avaient des créances plus importantes; cependant, si l'on calcule en fonction du pourcentage des ventes totales, cela représente de 10 à 40 %. En moyenne, les exploitations ont un bénéfice de 3 à 4 %. Ces chiffres ne figurent pas dans les données qui sont présentées. Ils n'en sont pas moins réels.
Par ailleurs, il est important de rappeler que la qualité des légumes ne faisait absolument pas défaut et que cet acheteur avait été payé pour les légumes que les cultivateurs lui avaient livrés. Certains d'entre eux ont dû prendre une nouvelle hypothèque pour pouvoir poursuivre leurs activités, alors qu'ils se trouvaient en fin de carrière.
En 2011, une entreprise d'emballage de légumes a été mise sous séquestre. Cette entreprise s'appelait Holancin Farms. J'ai rencontré 12 cultivateurs qui ont perdu des sommes variant de 5 000 $ à 200 000 $, pour un total de plus d'un demi-million de dollars. Cette somme ne représente pas la totalité des créances dues aux cultivateurs, mais simplement celle qui était due aux cultivateurs avec qui j'ai pu communiquer.
Malheureusement, certains d'entre eux ont été touchés par ces deux entreprises déclarées insolvables.
Une autre faillite a eu lieu en 2014. Cette entreprise devait de l'argent aux cultivateurs et en plus, ces derniers ont dû subir le ralentissement progressif puis la cessation des paiements.
Voilà des exemples de pertes dues à l'insolvabilité au Canada.
Je vais vous faire part brièvement de ma propre expérience. J'ai fait affaire avec la même société pendant une dizaine d'années. Je faisais de très bonnes affaires et nous avions d'excellents rapports. Chaque année, entre le mois d'octobre et le mois de mai, notre chiffre d'affaires atteignait presque 1 million de dollars. Peu à peu, les paiements mensuels réguliers se sont fait attendre et puis, les paiements ont tout simplement cessé. Mon client me devait environ 143 000 $.
J'ai continué à essayer de récupérer les créances et mon client m'a assuré qu'il me paierait. Souvenez-vous que nous avions eu de bonnes relations d'affaires pendant 10 ans. Le temps a passé et j'ai fini par perdre patience, menaçant mon débiteur de prendre des mesures plus fermes. Il m'a répondu que si je le poursuivais, il ferait faillite et alors, je ne reverrai pas un sou de l'argent qu'il me devait. Quelque temps après, j'ai reçu un chèque de 20 000 $ et un engagement de la part de mon débiteur à payer petit à petit ce qu'il me devait. J'attends toujours de recevoir autre chose, tout comme plusieurs autres cultivateurs. Le montant total de la créance s'élève à près de trois quarts de millions de dollars.
Je vais maintenant vous donner un exemple illustrant les conséquences de la perte de notre statut préférentiel en vertu de la PACA. Dans notre région, il y a un cultivateur-conditionneur qui a vendu pour l'équivalent de 78 000 $ de légumes à un client des États-Unis. N'étant pas payé, il a suivi le processus approprié prévu par la PACA pour obtenir son dû. La qualité des légumes n'était absolument pas mise en cause. Au cours du processus, nous avons perdu notre statut privilégié en vertu de la PACA parce que le gouvernement canadien n'est pas parvenu à créer au Canada une fiducie réputée.
Malgré tout, le cultivateur a eu accès au processus de la PACA, mais il devait, pour aller de l'avant, verser un dépôt de garantie équivalant à deux fois la valeur de sa réclamation, soit 156 000 $. Incapable de réunir ce montant d'argent en l'espace de 90 jours, l'affaire a été considérée comme réglée. Évidemment, ce n'est pas le bon choix de mots, mais c'est ce qui était écrit sur la fiche récapitulative.
L'acheteur qui avait fait l'acquisition des légumes était un courtier dont la société n'avait aucun actif, mis à part quelques téléphones et un bureau.
Les cultivateurs qui ne peuvent être payés en raison de l'insolvabilité de leur débiteur doivent parfois réhypothéquer leurs biens pour demeurer en activité. Ils perdent par ailleurs la capacité de réinvestir dans leur exploitation. Ils perdent la possibilité de bénéficier de programmes gouvernementaux en matière d'innovation et d'infrastructure, tel que le programme Cultivons l'avenir et les Plans agroenvironnementaux.
Le commerce des fruits et légumes entre le Canada et les États-Unis atteint plus de 10 milliards de dollars. Cette fiducie réputée propre au Canada, ainsi que notre système unique de délivrance de permis protègent notre sécurité alimentaire en protégeant notre approvisionnement national et les échanges commerciaux dont nous avons besoin. L'histoire montre que les nations florissantes savent protéger leur approvisionnement alimentaire. Une nation qui ne prend pas les mesures nécessaires pour protéger ceux qui possèdent les connaissances et les compétences pour cultiver les produits alimentaires ne se prépare pas bien pour un avenir durable.
Les cultivateurs font face à de nombreux risques. Le côté imprévisible de la météo est le plus grand de ces risques. Ils acceptent ce risque et respectent les défis qui l'accompagnent. Cependant, il y a un autre type de risque imprévisible qu'ils ne devraient pas avoir à subir, celui de ne pas savoir s'ils vont être payés. J'invite fermement et respectueusement votre Comité à exposer au ministre ce besoin de protection en temps opportun et en fonction de l'urgence de la situation.
La seule solution valable pour l'industrie, pour les États-Unis, notre partenaire commercial, et en raison de la spécificité de la loi canadienne, c'est une fiducie réputée propre au Canada. Voilà une demi-génération qu'on en parle. Ce dossier a été étudié et revu pendant des décennies et, depuis cinq ans, il est au premier plan.
Notre secteur a mis au point de façon réfléchie, respectueuse et précise, une fiducie réputée propre au Canada, avec l'aide de M. Cuming. Nous avons l'appui unanime de notre secteur pour aller de l'avant avec ce cadre législatif et nous sollicitons votre appui.
Merci.
Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de me donner l'occasion de vous parler de la Loi américaine sur les denrées agricoles périssables que l'on désigne le plus souvent sur le nom de PACA.
Je m'appelle Fred Webber et je suis président et premier dirigeant de la Corporation de règlement des différends dans les fruits et légumes. Avant de m'installer au Canada, j'étais fonctionnaire au département de l'Agriculture des États-Unis. Je travaillais à la direction responsable de la PACA, dans le secteur de la fiducie et du règlement des différends. J'ai la double nationalité et je suis fier d'être citoyen canadien depuis 10 ans.
Je suis ici pour vous parler premièrement du cadre de la PACA et de notre perte de réciprocité; et, deuxièmement, pour vous dire combien les dispositions américaines sur la fiducie réputée ont été couronnées de succès et comment il serait possible de recréer ce modèle ici au Canada.
Pour commencer, la PACA comprend deux éléments distincts: une division administrative chargée des permis, des dépôts de garantie et du règlement des différends, qui joue le même rôle que l'organisme que je représente, la DRC; et une fiducie réputée. Depuis plus de 50 ans, la réciprocité de l'accès aux services de règlement de différends existait entre le Canada et les États-Unis. Les Canadiens avaient accès aux services de règlement de différends de la PACA et les Américains pouvaient tout autant se prévaloir des services du Conseil d'arbitrage du Canada.
Malheureusement, deux événements ont ébranlé cette relation unique. Le premier est une décision prise dans les années 1970 par la Cour suprême du Canada selon laquelle le Conseil d'arbitrage n'avait pas l'autorité pour se prononcer sur les questions de droit contractuel, invalidant les services de règlement des différends dont nous avions bénéficié jusque-là. Le deuxième événement est intervenu dans les années 1980, lorsque le département de l'Agriculture des États-Unis a amendé la PACA pour y inclure des dispositions concernant la fiducie réputée.
Depuis, la loi canadienne a remédié à cette lacune en créant la DRC, la Corporation de règlement des différends, mais nous n'avons toujours pas de disposition concernant une fiducie réputée. C'est la raison pour laquelle l'USDA a retiré au Canada l'accès préférentiel à ses services de règlement des différends. Je répète que c'est l'absence d'une fiducie réputée qui a amené l'USDA à retirer l'accès préférentiel au règlement des différends. Voilà un élément très étrange qui a semé la confusion pendant plusieurs années.
Cela m'amène à vous parler de ce qu'est une fiducie réputée. La fiducie est un instrument qui permet aux vendeurs de produits frais de récupérer les produits de la vente de leur marchandise. Disons tout simplement que le cultivateur et les autres vendeurs détiennent un titre de propriété dans le produit jusqu'à ce qu'ils en reçoivent le paiement.
Le produit, le compte débiteur en attendant la revente de leur produit, ou l'encaisse résultant de la vente de ce produit demeurent la propriété du vendeur. C'est limité à ces actifs. La réclamation du vendeur du produit ne touche pas les autres actifs et si ces actifs particuliers ne répondent pas à la revendication du vendeur, celui-ci ne recevra qu'un paiement partiel. Le marché comprend et accepte cette façon de faire. Le vendeur ne cherche pas à obtenir une garantie de 100 %. Ce type de garantie encourage un risque moral. En effet, pourquoi ferait-on preuve de prudence en choisissant la personne à qui on veut vendre ses produits, si l'on est garanti à 100 %? La confiance est excellente pour encourager les gens à faire preuve de prudence et à vendre leurs produits à des acheteurs qui ont une bonne réputation ou à faire preuve de prudence et se renseigner sur la personne à qui ils vont vendre, si celle-ci est nouvelle.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la fiducie ne coûte absolument rien au gouvernement. Il n'y a pas de fonds commun auquel il faut participer, ni de mise en commun des fonds. La fiducie ne coûte rien au contribuable. Il serait possible d'implanter ce système au Canada et, en fait, M. Ron Cuming a rédigé un document législatif expliquant comment implanter une fiducie réputée au Canada.
M. Cuming est un professeur de droit réputé de l'Université de la Saskatchewan, respecté pour ses compétences dans le domaine du droit provincial et fédéral en matière de faillite. Je vous ai remis une biographie sommaire que nous n'avons pas eu le temps de faire traduire. Je regrette qu'elle soit aussi brève, mais si vous faites une recherche sur Internet ou à l'école de droit, vous verrez qu'il a travaillé sur de très nombreux dossiers de faillite. Il est certainement un des mieux renseignés sur le sujet. En outre, M. Cuming a conseillé de nombreux gouvernements provinciaux dans la rédaction de leurs lois sur la faillite et l'insolvabilité.
Nous estimons que le document que nous vous avons distribué définit les éléments de base de la solution que préconise notre secteur. D'abord et avant tout, elle protège les agriculteurs canadiens, les conditionneurs, les expéditeurs et les autres intervenants de l'industrie des produits frais sur le marché canadien et elle restaurera les droits préférentiels en vertu de la PACA, que nous avons perdus en octobre 2014.
Je serais prêt maintenant à répondre à vos questions, mais avant cela, j'aimerais apporter trois précisions concernant des questions qui ont été soulevées à la réunion de lundi dernier. Vous vous souvenez peut-être que plusieurs des présentateurs m'ont renvoyé certaines questions; c'est tout simplement parce que j'ai travaillé directement avec M. Cuming sur certains de ces autres dossiers.
Tout d'abord, la division des pouvoirs entre le fédéral et les provinces n'est pas claire.
Depuis quelques années, en particulier, nous avons élucidé beaucoup de choses en travaillant avec des représentants du gouvernement, des élus et des fonctionnaires. Il est regrettable que le gouvernement et l'industrie n'aient pas pu mieux communiquer il y a plusieurs années, afin de mieux comprendre ce qui, dans la Constitution canadienne, empêchait l'établissement d'une fiducie du type prévu dans la PACA. L'industrie n'a tout simplement pas compris l'élément solvabilité-insolvabilité. Le gouvernement fédéral, nous le savons maintenant tous, ne peut pas intervenir tant que l'acheteur n'est pas insolvable.
Aux États-Unis, la PACA permet de recourir à la fiducie avant la faillite. Nous ne demandons pas cela. La partie concernant les différends a été résolue. C'est pourquoi la DRC a été créée. Tout acheteur doit être membre de la DRC ou posséder un permis de l'ACIA. Si les modifications apportées à la Loi sur la salubrité des aliments au Canada sont adoptées comme prévu, il sera obligatoire d'être membre de la DRC pour exercer une activité commerciale. Les dispositions permettant de faire en sorte que l'industrie reçoive un paiement de la part d'une société solvable ont été établies. Nous affirmons que les plus récentes ébauches de M. Cuming ôtent toute ambiguïté et ciblent clairement les acheteurs après qu'ils sont devenus insolvables, ce qui place selon nous la question sous la responsabilité exclusive du gouvernement fédéral.
Deuxièmement, on a prétendu que les banques seraient réticentes à accorder du crédit aux entreprises du secteur maraîcher à cause de l'existence d'une fiducie. D'après mon expérience au sein de l'USDA, les acheteurs de produits maraîchers pouvaient aussi facilement obtenir du crédit. De plus, j'ai respectueusement déposé au comité une lettre d'opinion signée par l'avocate et économiste Rachel Spiegel. Après avoir interrogé des banques aux États-Unis, Mme Spiegel conclut que la fiducie représentait un avantage net pour les bailleurs de fonds du secteur agricole qui prêtent à leurs clients agriculteurs. Elle signale en outre que l'on n'a constaté aucune diminution des prêts à la suite de la mise en oeuvre de la fiducie aux États-Unis.
J'ajouterais également que les principales banques canadiennes sont aussi implantées aux États-Unis et sont déjà soumises à la fiducie de la PACA. Je n'ai jamais eu connaissance que des banques auraient lié certaines pertes à la fiducie de la PACA. La fiducie n'est pas nouvelle pour les banques. Elles sont déjà actives sur le marché américain et sont par conséquent soumises à la fiducie de la PACA.
Si vous consultez la biographie de Mme Spiegel lorsque ce rapport sera disponible, vous pourrez constater que sa firme d'avocats représente des membres du secteur alimentaire et des banques dans les deux pays. Je vous invite vivement à la consulter.
Enfin, les statistiques qui vous ont été présentées lundi dernier laissent à penser que le problème est mineur. Je me permets respectueusement de penser le contraire. Malheureusement, les chiffres cités étaient minimisés. Je vous invite plutôt à consulter le rapport du Conference Board dont il a été question lundi. Les résultats des réunions des parties intéressées du Conseil de coopération en matière de réglementation ainsi que le rapport Aon indiquent que les pertes dans le secteur des produits maraîchers en raison de l'insolvabilité varient en moyenne de 18 à 25 millions de dollars par année. Je me ferais un plaisir de vous faire parvenir ces rapports.
Merci. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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Je crois que l'on peut répondre très facilement à cette question. Il y a deux réponses. Comme vous avez pu vous en rendre compte, c'est un dossier très compliqué et très difficile à saisir. Au début, lorsque nous avons établi le Conseil de coopération en matière de réglementation, certains croyaient encore que le gouvernement canadien aurait dû contribuer à une réserve commune de fonds. Il a fallu beaucoup de temps pour abandonner cette idée et expliquer aux gens que ce n'était pas le cas, que le gouvernement n'aurait pas à faire une contribution financière.
D'autre part, les Américains, en particulier, réclament à cor et à cri que ce problème soit réglé. Ils peuvent le faire aux États-Unis, mais au Canada, nous n'avons rien. Ils continuaient à demander ce qu'ils appelaient une injonction restrictive temporaire. En fait, ils ne comprenaient pas vraiment eux-mêmes l'utilité de l'instrument qu'ils avaient en main. Quand on s'adressait à Industrie Canada, ministère devenu aujourd'hui Innovation Canada, on restait bloqué sur cette demande d'injonction restrictive. On disait que ce n'était pas une mesure possible au Canada. Il est impossible de faire appel à une fiducie avant que l'entreprise ne devienne insolvable.
C'est alors que nous avons pris du recul et découvert que c'était là le point d'achoppement que beaucoup de gens ne comprennent pas. J'ai promis que je ne parlerais pas de politique ici, mais avant les élections, je crois que nous nous étions mis d'accord avec les fonctionnaires pour qu'un tel mécanisme soit mis en place.
Nous sommes retournés voir M. Cuming et nous lui avons expliqué ce que nous avions découvert. Aux États-Unis et au Canada — deux pays séparés par la même langue, comme on dit — il régnait une énorme confusion puisque les représentants de l'industrie essayaient d'expliquer quelque chose qu'ils ne comprenaient pas vraiment eux-mêmes. Ce n'est que très récemment, depuis que nous sommes retournés vers M. Cuming pour lui demander des éclaircissements, que nous avons compris ce qui se passait.
Je dois avouer que cette confusion nous a fait probablement perdre plusieurs années.
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Le dépôt de garantie double est un phénomène intéressant. La semaine dernière, quelqu'un a demandé pourquoi impose-t-on cette obligation.
À l'origine, c'était pour éviter les plaintes frivoles. Par exemple, quelqu'un aurait pu présenter une réclamation alors qu'il devait des frais de transport ou d'autres montants d'argent à l'acheteur. En revanche, le fait de doubler le versement paraît un peu excessif.
Pour répondre à votre question et comprendre le problème, il faut voir exactement comment cela se passe. L'agriculteur a fait sa récolte et la vend mais ne parvient pas à se faire payer. Il a déjà un manque à gagner de 50 000 $.
À partir de là, il doit s'adresser, aux États-Unis, à un organisme qui est reconnu par l'USDA et verser un dépôt de garantie. Il ne s'agit pas d'une simple caution, mais d'un dépôt en espèces. Il doit trouver un prêteur qui accepte de lui prêter un montant en espèces équivalent au double. Il a déjà un manque à gagner de 50 000 $ et maintenant il doit engager un actif d'une valeur de 100 000 $ qui n'a pas déjà été donné en garantie à quelqu'un d'autre, afin d'obtenir ce montant en espèces. C'est tout bonnement impossible.
Si vous regardez les statistiques, sans aller dans les détails, moins de 1 % des réclamations présentées en vertu de la PACA depuis l'extérieur des États-Unis et depuis le Canada deviennent des réclamations formelles.
Ce n'est pas parce qu'elles sont réglées, contrairement à ce qu'indique le dossier. Cela veut tout simplement dire qu'un document formel n'a jamais été déposé. Cela signifie que le requérant n'avait pas les moyens de poursuivre sa démarche.
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Parlons simplement de réciprocité.
L'objectif premier est d'aider les producteurs canadiens — agriculteurs, expéditeurs, etc. Simplement pour les États-Unis, il y a beaucoup d'autres éléments dont il faut tenir compte pour permettre cette relation réciproque entre nos deux pays.
Le premier élément est l'inspection supervisée par le gouvernement fédéral. Le secteur des produits frais connaît régulièrement des problèmes. Les fraises doivent être rouges, mais quelle nuance de rouge? Quand le moelleux devient-il trop mou? La banane est-elle assez jaune? Il faut un organisme pour régler ce genre de questions, c'est pourquoi nos deux pays ont des services d'inspection supervisés par l'État.
Nous avons désormais deux organes de règlement des différends, la PACA et la DRC. Le régime de permis autorise une certaine vérification des mauvais sujets. Les producteurs qui ont connu des difficultés par le passé doivent déposer une caution pour pouvoir devenir membres.
Le troisième élément est la fiducie réputée. C'est la partie qui nous manque. Est-ce qu'il y a de la place pour d'autres éléments? Absolument. L'industrie poursuit ses activités et peut s'appuyer sur une fiducie réputée qui permet la participation de tous... L'industrie s'est avérée excellente pour s'autoréglementer et si quelqu'un souhaite utiliser d'autres outils, cela devra se faire entreprise par entreprise.
Si vous vouliez savoir s'il y avait quelque chose d'autre dans la loi qui rapprochait cette industrie de la ferme à la table, je dirais que non. Je dirais que cela réglera totalement la question.
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Merci, monsieur le président. Je tiens aussi à remercier M. Webber, M. Verkaik et M. St-Denis d'être venus témoigner aujourd'hui.
Je ne comprends pas vraiment pourquoi ma collègue du NPD, la députée d'Essex, est venue nous dire ce qu'elle avait fait, minimisant du même coup les compétences des intervenants de l'industrie, du gouvernement ainsi que notre fonction publique.
Sincèrement, je pense que vous l'avez bien dit. J'ai été membre de divers organismes, y compris le Conseil canadien de l'horticulture, les organismes regroupant les producteurs de légumes de serre et les producteurs de fruits et légumes. D'après les réunions auxquelles j'ai assisté et les conversations personnelles que j'ai pu avoir, je peux vous dire que tout le monde voulait savoir comment trouver une solution tout en répondant aux exigences de la loi, des règlements des différends et aux exigences financières des producteurs.
Les communications peuvent être un grand problème dans nos entreprises et même chez nous. Elles sont très complexes. Nous avons parlé des autres options. Je fais partie de différents groupements de producteurs spécialisés et nous avons examiné différents aspects tels que les prélèvements, l'assurance et autres. Nous devions les examiner afin de voir ce qu'elles pouvaient offrir, en particulier pour le groupe des horticulteurs.
Je remercie M. Cuming d'avoir rédigé une proposition qui pourrait être utile aussi bien pour l'industrie que pour le gouvernement. J'ai des collègues au gouvernement et si l'option est prometteuse, je ne vais pas m'en prendre à vous. Comme l'a dit Lloyd, nous avons bénéficié des dispositions de la PACA pendant 50 ans aux États-Unis. Nous avions un traitement préférentiel — c'est clair — mais nous allons travailler avec vous pour faire en sorte que l'on obtienne des résultats.
Monsieur Verkaik, vous y avez peut-être réfléchi lorsque vous avez présenté une réclamation en vertu des dispositions de la PACA. Monsieur Webber, vous avez dit que cela pouvait prendre de trois à 12 mois pour être payé, selon la complexité de la réclamation. Que fait votre institution financière dans un tel cas? Est-ce qu'elle est prête à vous fournir du crédit au-delà des 30 jours? Vous devez payer les coûts de production et les frais de transport. Il faut tenir compte de tout cela. Est-ce que l'accès au processus de règlement de différends et la présentation d'une demande de paiement en vertu des dispositions de la PACA vous met à l'abri des tracas financiers découlant du fait que vous n'avez pas été payé?
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Une grande entreprise a de plus grands problèmes et une petite entreprise a de plus petits problèmes.
Pour nous, une créance de la part d'un client peut aller jusqu'à 150 000 $, 200 000 $ ou 300 000 $. Dans le cas d'une entreprise ayant un chiffre d'affaires de 80 000 $ par année, ce montant peut être plus petit. Pour notre part, nous faisons affaire avec de plus gros clients qui, eux aussi, risquent la faillite.
Prenons l'exemple de Steinberg, qui était un détaillant alimentaire du Québec. C'était un gros client. Tout le monde dans le milieu agricole veut vendre à des détaillants de ce genre. Steinberg a fait faillite et, dans cette foulée, un très grand nombre de producteurs agricoles ont perdu des sommes d'argent importantes. Je ne pourrais pas vous dire combien d'argent nous avons perdu, mais c'est assez substantiel.
Plus le volume des ventes est grand, plus le risque est élevé. Certes, une grande entreprise peut faire face à une petite créance, mais le risque général auquel elle fait face est élevé. De nos jours, dans bien des cas, les faillites arrivent soudainement.
Un des éléments importants à l'heure actuelle est la salubrité alimentaire. Les risques que les produits prêts à manger représentent pour un consommateur sont grands. Il peut s'agir de la listeria ou de l'E. coli, par exemple. Les clients font donc attention à cela. Des pertes peuvent survenir assez rapidement. Notre produit est vendu à d'autres transformateurs, qui l'incorpore dans leurs produits. Si ces transformateurs ont des problèmes, il est certain qu'il y aura un effet de domino et que cela se répercutera sur nous.
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Je crois que nous pourrions faire la distinction entre les différends dont l'objet est une inspection légitime — par exemple, les fraises n'étaient pas aussi rouges qu'elles auraient dû l'être, donc l'objectif est l'obtention d'un service de redressement —, par opposition aux cas des personnes qui ne veulent tout simplement pas payer.
J'hésite à donner un pourcentage. Je vous dirais que le pourcentage est faible, mais c'est probablement à cause de ce que vous nous avez entendus appeler le « gros bâton ».
Quand j'étais à la PACA, et maintenant à la DRC, la majorité de notre travail se fait au téléphone. Les gens demandent qu'est-ce qu'ils devraient faire et s'ils vont gagner ou perdre, parce que tant la PACA que la DRC prévoient des règles de défaillance.
Quand le problème porte sur le paiement, il y a un temps maximal pour le paiement. Il y a une façon de traiter les réclamations. Normalement, ils savent qu'ils vont perdre. Ils m'appellent. Ils veulent une opinion. Ils ouvrent un dossier de différend. Quand ils voient qu'ils vont perdre au titre des règles, ils paient la facture. Il en va de même avec la PACA.
De fait, c'est un des plus gros problèmes concernant la perte de la réciprocité. Les acheteurs américains savent maintenant que quand Jocelyn appelle la PACA, ils peuvent dire: « Vous savez quoi? Je vais attendre et voir si Jocelyn peut produire ce 100 000 $ pour déposer sa plainte de 50 000 $. » Ça leur est égal. Ensuite, quand Jocelyn trouve les 100 000 $, ils disent: « Oh, vous savez quoi? Je me suis trompé. Je leur dois effectivement cela », et ils font un chèque.
Une des plus grandes craintes liées à la réciprocité n'est pas au niveau du nombre de plaintes déposées aujourd'hui; elle découle sur le fait que les acheteurs se rendent compte qu'il n'y a plus de gros bâton, que cela changera. En l'absence de moyens faciles de déposer une plainte au titre de la PACA, il devient très facile d'escamoter un dollar ou deux. Jocelyn est un homme occupé. Il ne peut pas courir après un type en Louisiane pour un ou deux dollars par paquet.
J'espère que cela répond à votre question.
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C'est une chose dont il a été question à la 41
e législature. Elle a été examinée en comité quelques fois.
Vers la fin, et surtout durant la campagne, plusieurs partis et députés se sont déclarés pleinement en faveur d'un système semblable à la PACA ici au Canada.
Ma collègue, Tracey, a parlé de l'affichage de cette promesse sur notre site Web. J'ai invité Tracey au comité parce qu'elle a déposé une motion il y a quelques mois à la Chambre des communes, demandant au gouvernement du Canada de produire une mesure législative. À mon avis, ce serait une mesure législative très importante, car elle réglerait un problème dont nous parlons depuis longtemps et qui a été étudié en long et en large, et elle ne coûte rien.
Il est important de faire des études, il est important de parler et il est important de consulter, mais quand tout le monde dit la même chose, il est temps de joindre le geste à la parole. Si une loi était adoptée par le Parlement, était transmise au Sénat puis recevait la sanction royale, combien de temps faudrait-il pour enclencher les choses correctement aux États-Unis?
Monsieur Webber, je sais que vous avez dit qu'il ne devrait y avoir aucun problème.
Je ne pense pas avoir besoin de six minutes. Je crois bien que mes collègues ont résumé le fait qu'il est nécessaire d'agir.
Monsieur le président, ce dont nous avons probablement besoin de la part de ce comité, c'est une conversation avec M. Cuming. Nous semblons avoir passé beaucoup de temps à parler à des gens qui nous disent que nous devrions parler à M. Cuming. Je propose donc que nous ayons soit un mémoire du professeur, soit que nous l'invitions à comparaître. Je laisse cette décision aux travaux futurs. Avant de conclure notre étude et de rédiger un rapport, je crois qu'il serait important pour nous de l'entendre.
Ceci étant dit, je ne crois pas qu'il y ait autre chose à ajouter. De toute évidence, nous prenons note aujourd'hui du fait que même si un système semblable à la PACA était établi au Canada, il ne réglerait pas tous les problèmes auxquels pourraient être confrontés les cultivateurs de fruits et légumes du pays. Il y a eu un certain degré de confusion supplémentaire dans toute cette discussion, parce que parfois les cultivateurs de fruits et légumes au Canada pensent que cela mettrait fin à tous les défis auxquels ils sont confrontés. Je crois que nous avons obtenu des éclaircissements aujourd'hui quant à ce que cela aiderait et à ce que cela n'aiderait pas.
Je cède la parole à nos témoins en demandant s'il y a autre chose que, d'après eux, nous devrions entendre avant que nous ne mettions fin à l'audience d'aujourd'hui, s'il y a un éclaircissement quelconque qui n'a pas été fait. Vous avez certainement déduit que l'opinion généralisée appuie une action visant à assurer aux agriculteurs de ce côté de la frontière des conditions aussi équitables que celles dont jouissent ceux de l'autre côté de la frontière. De toute évidence, nous voulons régler cette situation.
Reste-t-il des choses que nous n'avons pas encore couvertes ou mentionnées et qui, d'après vous, devraient l'être?
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Je vais revenir à ce que j'ai dit précédemment.
Les embûches ne se présentent pas que dans notre relation commerciale avec les États-Unis. Le deemed trust, soit la fiducie dont on discute depuis tout à l'heure, est une question qui touche notre relation d'affaire avec d'autres Canadiens au pays. Je crois qu'il est important de le noter. Ce n'est pas seulement parce que nous perdons notre droit d'accès privilégié aux mesure réparatrices aux États-Unis que nous sommes en train de discuter de cela, mais parce qu'il y a d'autres besoins liés au commerce à l'intérieur du Canada.
L'agriculture, comme activité commerciale, présente des défis. J'en ai mentionné quelques-uns au début de mon allocution, à savoir la production durable, l'environnement, la salubrité et la sécurité alimentaires. Je crois que ce sont tous des aspects qui sont bien traités pour l'instant, et ce, des deux côtés de la frontière. Nous partageons ensemble certaines préoccupations.
J'aimerais parler des herbicides et des pesticides, qui ne sont pas soumis à la PACA, mais qui illustrent bien la relation entre deux pays dont les frontières sont souvent déterminées par une rivière ou par une ligne tracée sur le sol. Des produits homologués aux États-Unis sont utilisés à proximité de la frontière, mais sont interdits au Canada. Cela affaiblit la capacité des Canadiens de concurrencer les Américains.
Un marchand de produits ou d'intrants a un plus gros marché aux États-Unis. Le processus visant à faire approuver ses produits est beaucoup plus important et il obtient un meilleur retour sur son investissement que s'il sert un plus petit marché comme le Canada. C'est un sujet très important en ce moment en ce qui concerne les produits biologiques et organiques.