:
Bienvenue tout le monde.
Veuillez prendre place, la réunion va commencer.
[Traduction]
S'il vous plaît, veuillez vous asseoir.
Bienvenue au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Conformément à l'article 108, nous entreprenons une étude sur une politique alimentaire pour le Canada.
[Français]
Au cours de la première heure, nous recevons les témoins suivants: Gordon Harrison, président de l'Association canadienne des minoteries de farine de blé; Patrick McGuinness, président par intérim du Conseil canadien des pêches; et Jason McLinton, vice-président de la division de l'alimentation et des affaires réglementaires du Conseil canadien du commerce de détail.
Nous allons commencer par l'Association canadienne des minoteries de farine de blé.
[Traduction]
Monsieur Harrison, vous avez sept minutes.
La semaine dernière, devant le comité des transports, j'ai parlé de la livraison juste à temps. Je suis désolé d'être — presque — très en retard.
Merci de nous avoir invités à comparaître devant votre comité.
Jusqu'ici, notre association n'avait pas préparé d'exposé officiel. Mes commentaires d'aujourd'hui visent à fournir un aperçu plus large des éléments d'une politique alimentaire nationale qui sont déjà en place et dont il faudra tenir compte au moment de définir plus clairement une nouvelle politique nationale.
En préparant mes commentaires, j'ai relu la lettre de mandat adressée au au début de 2016. Cette lettre exposait entre autres les priorités suivantes: attirer les « investissements » et créer « des emplois de qualité dans le secteur de la transformation des aliments »; stimuler « les découvertes scientifiques et l'innovation dans ce secteur »; et élaborer « une politique alimentaire qui fait la promotion d'un mode de vie sain et de la salubrité des aliments en mettant sur la table des familles du pays un plus grand nombre d'aliments sains de grande qualité produits par les agriculteurs et les éleveurs canadiens ».
L'actuelle consultation relative à une politique alimentaire nationale a permis d'« améliorer l'accès des Canadiens à des aliments abordables, nutritifs et salubres »; de « rehausser la capacité des Canadiens de choisir des aliments sains et salubres »; d'« utiliser des pratiques durables sur le plan environnemental pour que les Canadiens puissent compter sur un approvisionnement alimentaire à long terme fiable et abondant »; et de « s'assurer que les agriculteurs et les transformateurs alimentaires du Canada peuvent s'adapter à l'évolution des conditions et fournir des aliments salubres et sains aux consommateurs du Canada et du monde entier ». Ces priorités et ces thèmes ne sont pas nécessairement en harmonie; ils peuvent même se contredire ou ne pas être réellement un reflet de ce qui se passe au Canada aujourd'hui.
Je me suis efforcé de saisir en sept ou huit points ce dessein d'envisager plus largement le contexte et la perspective. En réalité, je n'ai pas obtenu de très bons résultats que je pourrais présenter en sept minutes. Je vais pouvoir vous en présenter quelques-uns et je vais préparer un mémoire écrit que je transmettrai au Comité.
Premièrement, j'aimerais parler du thème « mettre sur la table des familles du pays un plus grand nombre d'aliments sains ». À l'heure actuelle, Santé Canada et des conseillers de l'extérieur du gouvernement encouragent les Canadiens à manger moins tout en faisant des choix plus sains et en modifiant leur comportement alimentaire. Ce fait, combiné au vieillissement rapide de la population du Canada et à une faible croissance de la population — qui est d'environ 1,1 % par année —, nous permet de croire que nous allons observer une faible croissance de la demande alimentaire, en contradiction avec certains des objectifs de la politique nationale. Le taux de croissance de la capacité de cultiver et transformer des aliments va en fait dépasser la croissance de la demande à l'échelle nationale.
Les mots « aliments salubres » sont mentionnés trois fois dans les sept points que j'ai exposés jusqu'ici. Les membres de votre comité seront intéressés de savoir que l'organisme appelé Coalition canadienne de la filière alimentaire pour la salubrité des aliments — dont la CNMA est membre — demande depuis plus d'une décennie qu'une stratégie nationale de sécurité alimentaire soit élaborée et mise en oeuvre. M. Albert Chambers, son directeur exécutif, a demandé à comparaître devant votre comité, et je vous encourage à l'inviter.
Le point essentiel, c'est qu'une stratégie nationale de sécurité alimentaire fait probablement partie intégrante d'une politique alimentaire nationale. Ceux qui ont lu le document de consultation et y ont vu des références à la sécurité alimentaire ont peut-être été amenés à conclure que nous ne pouvons pas actuellement compter sur un approvisionnement alimentaire sécuritaire et que nous devons investir davantage de ressources pour améliorer la sécurité alimentaire. Je voulais souligner un point essentiel, c'est-à-dire que le secteur alimentaire prône fermement non seulement une stratégie, mais aussi une loi moderne et fondée sur des données scientifiques en matière d'inspection des aliments et de sécurité alimentaire.
Puisque nous sommes en train d'envisager une politique alimentaire nationale, il est urgent de concilier les messages touchant la sécurité alimentaire destinés aux consommateurs canadiens. L'ACIA et l'Agence de la santé publique du Canada affirment, sur leur site Web et dans leurs discours aux consommateurs, que chaque année, au Canada, quatre millions de consommateurs souffriront d'une maladie d'origine alimentaire. C'est-à-dire qu'un résident canadien sur neuf souffrira d'une maladie d'origine alimentaire. En réalité, ce nombre est inférieur à 25 000, selon la surveillance menée depuis plusieurs années. Les maladies d'origine alimentaire sont l'une des causes de décès les moins probables au Canada. En même temps, nous disons aux consommateurs d'ici et d'ailleurs que nous avons un bon dossier en ce qui concerne la salubrité alimentaire et que nous disposons d'un approvisionnement alimentaire fiable qui sera toujours sûr. J'aimerais ajouter que les consommateurs canadiens dépensent chaque année des milliards de dollars pour assurer la salubrité alimentaire, c'est-à-dire que les producteurs et les transformateurs dépensent cette somme lorsqu'ils acheminent leurs produits alimentaires jusqu'aux marchés.
C'est au chapitre de l'éducation des consommateurs au sujet des façons sécuritaires d'entreposer, de manipuler et d'apprêter les aliments que les organismes et autorités de réglementation du Canada devraient investir davantage de ressources. Les agriculteurs, les transformateurs et les détaillants du secteur alimentaire n'exercent aucun contrôle sur ce qui se passe dans la cuisine des gens. Et c'est là qu'il faudrait que les efforts se concentrent.
Nous devons aussi harmoniser les messages touchant la nutrition et la santé qu'envoie le gouvernement fédéral. Je n'ai pas assez de temps pour en parler, mais je prierais les membres du Comité de noter que Santé Canada est en train de modifier sa liste des exigences touchant l'étiquetage des aliments en décrivant certains aliments comme de bons aliments et d'autres, comme de mauvais aliments. Notre secteur a toujours considéré que tous les aliments avaient une valeur nutritive, qu'ils étaient nourrissants et contribuaient à la santé, mais cette opinion est secouée par des propositions comme celles de Santé Canada, qui ne sont fondées ni sur des données probantes, ni sur la science.
En fait, s'il était adopté, le nouveau guide alimentaire inciterait les consommateurs à se priver de pain blanc enrichi, de pains à hamburger ou à hot dog et d'autres produits de boulangerie fabriqués avec de la farine enrichie. L'ajout d'acide folique à la farine enrichie, en application d'un règlement, depuis 1998, a entraîné une réduction des anomalies du tube neuronal, aussi appelées spina bifida et hydrocéphalie, de l'ordre de 50 % par année, au Canada, depuis 2000. C'est notre secteur, avec l'appui de l'Association canadienne de la boulangerie, entre autres, qui a fait en sorte que nous atteignions ce résultat en matière de santé publique. Ce sont de petites choses dont il faut tenir compte.
Enfin, entre autres modifications du règlement proposées, on veut interdire la publicité pour des produits alimentaires s'adressant aux enfants, le terme « enfants » désignant toutes les personnes âgées de moins de 17 ans. Si ces règlements sont mis en oeuvre au Canada, une personne de 16 ans pourra conduire une automobile et faire ses propres choix en matière de santé, mais ne pourra pas être exposée à des publicités visant des aliments.
Ce sont des propositions véritables. On peut les voir sur le site Web de Santé Canada. Mon collègue Paul Hetherington, président de l'Association canadienne de la boulangerie, se ferait un plaisir de comparaître ici, j'en suis certain, pour vous en expliquer les répercussions.
En somme, ce que nous devons comprendre, à mon avis, c'est que le secteur et le gouvernement ont déjà beaucoup travaillé à définir les éléments d'un robuste cadre de réglementation des aliments, des normes en matière de publicité et de la salubrité des aliments de la chaîne d'approvisionnement. Tous les éléments sont réunis; il faut les intégrer aux réflexions qui accompagneront l'élaboration d'une politique.
Merci.
Je crois que c'est la première fois que votre comité invite un représentant du Conseil canadien des pêches, voire de l'industrie des produits de la mer. Nous vous en sommes extrêmement reconnaissants.
J'ai relevé le commentaire de Gordon, selon lequel, le gouvernement, en fait, encourage les gens à manger moins, alors qu'en fait il essaie au contraire de les encourager à manger plus sainement. J'imagine que c'est la raison pour laquelle vous avez invité aujourd'hui un représentant de l'industrie des produits de la mer.
Quoi qu'il en soit, j'ai pensé vous donner un bref aperçu du Conseil canadien des pêches. Nous ne sommes pas nés d'hier. L'organisme a vu le jour en 1915 et a pris en 1945 le nom de Conseil canadien des pêches. Nous comptons des membres d'un océan à l'autre, de la Colombie-Britannique jusqu'au Nunavut. Nos entreprises sont surtout des entreprises dites à intégration verticale. Cela veut dire qu'elles possèdent toutes leurs propres navires de pêche et installations de transformation, et que la plupart d'entre elles assurent elles-mêmes leur promotion.
Nous sommes également très heureux de compter parmi nos membres ce que nous appelons des coopératives de pêcheurs. Ces coopératives, ce sont tout simplement des pêcheurs qui détiennent un permis de pêche délivré par le ministère des Pêches et Océans, mais qui ont fait un pas de plus et investi dans une installation de transformation ou construit leur propre installation. Nous sommes très heureux qu'ils fassent partie de notre organisation.
J'aimerais aussi aborder la question de la situation des Autochtones. C'est de toute évidence une question d'assez grande importance, de nos jours. Un arrêt important de la Cour suprême, en 1999, a dans les faits défini les droits de pêche des Autochtones. Depuis, le ministère des Pêches et Océans, notre secteur et le Conseil canadien des pêches ont dû s'adapter. Je sais que, aujourd'hui, en Colombie-Britannique, 30 % des permis de pêche délivrés par le ministère des Pêches et Océans le sont à des Autochtones. Le Conseil canadien des pêches, la principale organisation du secteur des produits de la mer au Canada, est heureux de compter parmi ses membres trois Inuits du Nunavut, ainsi que la seule entreprise autochtone du Labrador. C'est une simple illustration.
Quant à notre secteur — j'imagine que vous vous attachez bien davantage à l'agriculture qu'aux produits de la mer, et c'est compréhensible —, nous générons des recettes de 8 milliards de dollars, dont 6 milliards de dollars sont liés à l'exportation. Nous sommes le huitième exportateur de produits de la mer en importance dans le monde. Au Canada, nous sommes le plus grand secteur alimentaire axé sur l'exportation.
Pour en revenir à la politique alimentaire, le Conseil canadien des pêches et tout le secteur des produits de la mer ont réellement à coeur la salubrité des aliments. Je sais qu'il y a trois autres thèmes, mais c'est celui de la salubrité des aliments dont nous sommes le plus à l'aise de parler. Je dois ajouter que nous avons de bonnes références à ce chapitre, car le secteur des produits de la mer a été le premier secteur alimentaire du Canada à adopter le système HACCP en tant qu'exigences en matière de salubrité alimentaire, et cela remonte à 1992. En fait, nous nous sommes efforcés de faire en sorte que ce régime de sécurité alimentaire soit appliqué partout au Canada.
En ce qui concerne la politique alimentaire, je vais reprendre une remarque de Gordon, qui parlait d'un régime de salubrité alimentaire national équivalent au régime HACCP. Je parle d'un régime national, parce que ce n'est pas la même chose qu'un régime fédéral, provincial ou municipal, et qu'il est important de nous doter d'un régime national plutôt que d'un simple régime fédéral. Un régime fédéral, dans le fond, concerne uniquement une entreprise qui transforme des aliments à Toronto et exporte sa production dans une autre province ou à l'étranger. Au Canada, c'est un enjeu particulièrement important. C'est que, tout simplement, dans une ville comme Toronto, Vancouver ou Montréal... il peut y avoir une entreprise de transformation alimentaire assez importante, à Toronto, par exemple, qui vend sa production essentiellement en Ontario, et elle n'a pas à être agréée par le gouvernement fédéral. Elle peut être agréée par le gouvernement provincial ou par la municipalité. C'est une lacune de notre régime de salubrité alimentaire.
C'est aussi une lacune que les autres pays ont remarquée. Heureusement, dans le secteur de la transformation des produits de la pêche, il est obligatoire d'avoir un programme HACCP. Il n'y a pas moyen d'y échapper.
Je crois que nous devons bien réfléchir à nos définitions, et je parle à l'échelle nationale, pas seulement pour l'ACIA. Les négociations seront âpres. Je vous presse d'aller en ce sens.
Une autre chose, en ce qui concerne le système HACCP: il ne faut pas accorder quelque exemption que ce soit. Il n'en est pas question: si le système est imposé à l'échelle du pays, des gens et des entreprises vont venir vous dire que ça leur coûtera cher, toutes sortes de choses comme ça. Nous avons mis notre système HACCP en place en 1992. Et il est indéniable que notre secteur comptait des petites, des moyennes et des grandes entreprises. Mais c'était obligatoire pour tout le monde.
Nous avons travaillé avec de petites entreprises. Assez curieusement, nous avons constaté que c'est probablement pour les petites entreprises que la transition vers ce système a été la plus facile, puisque le tout consiste à cerner les points de contrôle critiques. À quelle étape de la transformation est-ce qu'un problème de santé potentiellement important pourrait se présenter? Dans une petite entreprise, ce point est assez bien cerné. Si vous ne l'avez pas cerné, vous ne devriez pas travailler dans l'industrie alimentaire. Dans le secteur des pêches, par exemple, ce point critique est souvent, tout simplement, le moment où le poisson entre dans l'installation.
Il ne faut donc pas accorder d'exemption; mon prochain point, c'est que, essentiellement, il y a dans le secteur des produits de la mer et le secteur alimentaire des emplois qui n'ont pas beaucoup d'attrait.
:
Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de discuter avec vous d'une politique alimentaire pour le Canada.
[Traduction]
J'aimerais dire pour commencer que le Conseil canadien du commerce de détail est tout à fait en faveur d'une politique alimentaire générale qui orientera l'élaboration des politiques, programmes et règlements futurs du gouvernement du Canada.
[Français]
Je vais vous présenter rapidement le Conseil canadien du commerce de détail, le CCCD.
Dans le secteur privé, le commerce de détail est le domaine où l'on emploie le plus grand nombre de personnes au Canada. Plus de 2,1 millions de Canadiens travaillent en effet dans notre industrie. En 2016, le secteur a généré des salaires évalués à plus de 73 milliards de dollars. En outre, les ventes y ont atteint 353 milliards de dollars, sans compter les ventes de véhicules et de carburant. Plus des deux tiers des ventes de détail réalisées au Canada sont attribuables aux membres du CCCD.
Le Conseil est un organisme sans but lucratif qui est financé par l'industrie et qui représente de petits, moyens et grands détaillants dans l'ensemble des communautés, d'un bout à l'autre du pays. Reconnu comme étant la voix des détaillants au Québec et au Canada, le CCCD représente plus de 45 000 commerces de tout genre, notamment des grands magasins, des épiceries, des magasins spécialisés, des magasins à rabais, des magasins indépendants et des marchands en ligne.
Précisons que 95 % des détaillants de produits alimentaires sont membres du CCCD. Ils fournissent des services essentiels et sont des employeurs importants au sein des communautés, grandes et petites, partout au pays. Ils possèdent une variété de marques privées reconnues et offrent des produits dans l'ensemble des catégories alimentaires.
[Traduction]
Ce qu'il faut souligner, ici, c'est que nous représentons les détaillants, à titre de vendeurs de toutes sortes de produits alimentaires, mais aussi parce que chacun de nos membres est propriétaire d'une marque privée et a donc des intérêts à défendre en ce qui concerne la transformation alimentaire.
Je suis vice-président de la division alimentation et affaires réglementaires du Conseil canadien du commerce de détail et je suis responsable de son comité sur la salubrité alimentaire et la réglementation. Si je suis ici aujourd'hui, c'est que nos membres ont un point de vue unique à faire connaître, puisqu'ils offrent des aliments de toutes les catégories d'aliments et qu'ils ont des liens et des échanges directs avec les consommateurs canadiens. Les saines habitudes de vie ont une grande importance, pour nos membres, et ils en font la promotion. Ils organisent un certain nombre d'activités. Dans le cadre de leurs programmes de marques, par exemple, ils ont obtenu de bons résultats en modifiant la composition de leurs produits, en convertissant leurs produits et en innovant dans le but de fournir des produits compatibles avec un régime santé. Ils ont également pris des mesures pour fournir aux consommateurs des conseils et un soutien en matière de nutrition à l'aide de diététiciens sur place, de programmes d'évaluation de la valeur nutritive et de suivis sur place pour des problèmes de santé comme le diabète et l'hypertension, qui exigent des régimes spéciaux.
Nos membres offrent également des produits et des informations qui favorisent l'acquisition de compétences alimentaires afin de favoriser une bonne alimentation: il peut s'agir de repas partiellement préparés qui aident les consommateurs à acquérir savoir-faire et assurance dans le domaine culinaire, de cuisines installées sur place et de cours de cuisine, de recettes ou de conseils sur la préparation à la maison de collations et de repas sains. De plus, nos membres sont fiers d'être des partenaires de Santé Canada et d'appuyer d'importants programmes d'éducation des consommateurs exécutés en collaboration, notamment le programme Mangez bien et la campagne d'éducation sur le tableau de la valeur nutritive. Grâce à ces programmes, nous avons réussi à enseigner aux Canadiens l'ABC de la nutrition et la manière d'utiliser le tableau de la valeur nutritive.
En ce qui concerne plus précisément la politique alimentaire du Canada, si l'on veut que notre système alimentaire conserve sa première place dans le monde — en fait, je suis certain que les membres du Comité ont eu connaissance du rapport de 2014 du Conference Board du Canada qui accordait la première place ex aequo à Santé Canada et à l'Irlande quant à la sécurité de leur système de salubrité des aliments —, je dirai que la politique alimentaire doit comprendre les sept éléments suivants.
Premièrement, d'abord et avant tout, cette politique doit reconnaître que le système alimentaire du Canada est effectivement l'un des plus sûrs du monde et qu'il offre aux Canadiens certains des aliments les plus abordables qui soient.
Deuxièmement, elle doit reconnaître que le rôle du gouvernement consiste à élargir encore davantage l'accès à des aliments abordables en visant à améliorer encore la santé et la salubrité alimentaire, essentiels à tous les Canadiens.
Troisièmement, elle doit comprendre des dispositions sur la consultation obligatoire du secteur dans le but de s'assurer que les politiques, programmes et règlements proposés soient non seulement réalisables, mais qu'ils favorisent réellement la croissance du secteur.
Quatrièmement, elle doit tenir compte des exigences de nos principaux partenaires commerciaux et ne permettre d'écart que dans des circonstances prédéterminées, par exemple des écarts au chapitre de la langue ou du climat, de manière à maximiser les choix des consommateurs et à réduire au minimum les coûts supplémentaires que peut entraîner le manque d'uniformisation de la réglementation.
Cinquièmement, tout comme c'est le cas des règlements internationaux, elle doit favoriser l'harmonisation des règlements interprovinciaux et des règlements fédéraux. Cette politique touche à des questions relevant des activités de nombreux ministères fédéraux et des administrations provinciales et municipales. Dans bien des cas, il se fait déjà du bon travail dans ces domaines, par exemple en ce qui concerne la nutrition ou le gaspillage des aliments.
Sixièmement, elle doit tenir compte des programmes déjà exécutés par le secteur, par exemple la gestion des déchets alimentaires, pour éviter d'adopter des règlements qui ne feraient que dédoubler inutilement les efforts. Bien sûr, par définition, les règlements ont une incidence sur le marché, et, si des choses se font déjà de façon volontaire, nous ne voudrions pas limiter l'innovation et la souplesse.
Septièmement, elle doit reconnaître que les aliments importés font partie intégrante du système alimentaire du Canada. Après tout, nous vivons au Canada, un pays où les saisons ont une influence. Si nous voulons jouir en décembre, janvier et février des mêmes produits, nous devons reconnaître le rôle des importations grâce auxquelles nous pouvons en jouir à des prix abordables tout au long de l'année.
Ces sept éléments favoriseront la croissance du secteur. Je vais maintenant répondre avec plaisir à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie également tous les témoins d'être présents pour nous faire part de leurs témoignages.
D'entrée de jeu, je dois mentionner que le gouvernement étudie présentement plusieurs aspects de la nouvelle politique alimentaire. Le ministère est en train de procéder à des consultations, le cabinet politique du ministre a mené les siennes propres et c'est maintenant le tour du Comité d'en faire autant. Nous assistons donc à une surabondance de consultations, et nous ne savons pas si les résultats de chacune d'entre elles vont se croiser et faire que les témoignages entendus au cours des différentes consultations trouveront écho dans la nouvelle politique alimentaire du Canada.
Je suis nouvellement au Comité, mais c'est un sujet qui me préoccupe beaucoup, tout comme celui des changements proposés à la réforme fiscale qui toucheront les petites et moyennes entreprises.
Nous aurons une très courte période de consultation à l'interne et à peu près personne ne sera consulté. Pourtant, ces consultations auront des effets sur chacune de vos industries.
Monsieur McLinton, vous avez parlé de la nourriture abordable. Quelle est la proportion de PME dans votre organisation?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je comprends l'intervention de mon collègue, mais j'aimerais faire valoir que l'étude que nous sommes en train de faire sur une politique alimentaire relèverait du comité de la santé plutôt que de celui de l'agriculture. Cela n'a pas empêché notre comité de se charger de l'étude sur une politique alimentaire, laquelle, je le répète, ne relève pas selon moi du comité de l'agriculture, tandis que cette question relève de toute évidence de notre comité. Je crois à tout le moins que cette étude nous permettra peut-être de dissiper certains des malentendus, des informations erronées ou tout simplement la confusion qui règne dans le secteur agricole.
J'ai reçu des centaines, littéralement, d'appels et de courriels de mes électeurs. Personne parmi eux n'est en faveur des changements du régime fiscal, mais ce qui les préoccupe surtout, c'est qu'ils ne comprennent pas exactement quelles seront pour eux les répercussions de ces changements. Les comptables et les avocats fiscalistes me disent exactement la même chose: ils n'ont pas eu le temps, dans les 72 jours qui se sont écoulés, d'examiner tous les scénarios possibles et toutes leurs répercussions possibles sur leurs clients.
Je crois que nous avons le devoir de prendre le temps de dissiper cette confusion et de combler le manque d'information et de tenter de savoir exactement quelles pourraient être les répercussions des changements du régime fiscal sur notre secteur agricole. Comme le gouvernement l'a dit dans sa lettre de mandat, l'agriculture est l'un des principaux piliers de la croissance économique. Si les changements du régime fiscal sont approuvés et qu'ils ont des effets dévastateurs sur une ferme familiale ou sur l'agriculture, je crois que nous devrions le savoir. Je crois que c'est une priorité, purement et simplement, et je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas creuser la question.
Merci.
:
Je crois qu'il est vraiment important de regarder ces mesures. Nous sommes le comité de l'agriculture. Je sais que le comité des finances finira par se pencher sur cette question. Ce qui me préoccupe vraiment, c'est que les consultations ont commencé au beau milieu de l'été.
Je représente une circonscription rurale. Nous avons eu des inondations au printemps. Bon nombre de mes électeurs n'ont pas pu travailler et ensemencer leurs terres comme ils le voulaient. L'année a été très difficile pour certaines personnes qui ont des terres le long du Saint-Laurent. Lorsque le processus de consultation a été annoncé, ils travaillaient sur leurs terres. Et maintenant, ces derniers temps, nous recevons beaucoup d'appels, de lettres et de courriels.
Je crois qu'il est très important pour le comité de l'agriculture, qui est censé défendre les agriculteurs et l'agriculture, ici au Canada, de mieux comprendre les changements proposés. Nous avons l'occasion de démystifier ce dont il s'agit et, peut-être, de calmer certaines des craintes.
L'année dernière, un merveilleux projet de loi a été présenté devant la Chambre des communes. J'en parle souvent, et je n'arrêterai pas d'en parler. C'était le projet de loi de mon collègue, , le projet de loi , sur le transfert des fermes familiales, des petites entreprises. La plupart des membres du Comité l'ont soutenu. Je ne sais pas si M. Saini ou Mme Nassif l'ont soutenu, mais c'était un projet de loi vraiment important. Il aurait facilité le processus de transfert des fermes familiales. Malheureusement, le projet de loi n'a même pas été référé à un comité.
Je crois donc qu'il est encore plus important que nous tous, en tant que membres du comité de l'agriculture, nous nous penchions sur ces changements. Dans ma circonscription, je reçois beaucoup d'appels à ce sujet. Je suis sûre que vous en recevez beaucoup. C'est notre devoir de nous pencher sur cette question.
Ma crainte, c'est que, une fois le dossier entre les mains du comité des finances, on nous oubliera, ici, au comité de l'agriculture. C'est nous, les experts. Nous devons étudier ce dossier. J'espère vraiment que les membres de l'autre côté feront preuve d'ouverture et accepteront qu'on le fasse.
Nous savons que le gouvernement, le , procède à des consultations. Je crois que nous devrions prolonger la période de consultation. Nous devrions poursuivre la consultation et regarder le dossier de plus près au sein du comité de l'agriculture. Je ne dis pas qu'il faut arrêter notre étude sur la politique alimentaire, mais je crois que nous devons aussi nous attacher à cette question, peut-être une fois notre étude terminée, parce qu'il faut la terminer en novembre.
[Français]
Nous avons 10 rencontres...
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Comme je l'ai dit déjà, je remercie les témoins de leurs présentations.
Ma première question s'adresse à vous, monsieur McLinton. Le gaspillage et la perte d'aliments sont deux problèmes qui affectent particulièrement le Canada. Certains pays ont instauré des règles qui empêchent le gaspillage dans des circonstances précises. Je crois que la France a déjà prohibé le gaspillage dont les supermarchés sont responsables.
Par contre, je trouve troublant qu'il ne soit pas naturel pour les entreprises et les individus d'agir ainsi. Nous savons en effet que la sécurité alimentaire est précaire et que, de notre côté, nous avons des surplus de nourriture. Des entreprises comme Loblaws et Sobeys, qui ont beaucoup de réserves, affichent certainement un pourcentage assez élevé pour ce qui est de la perte de nourriture.
Les entreprises de cette envergure évitent-elles de donner des réserves en trop parce que, si cette pratique était établie dans l'ensemble du pays, les coûts associés au transport et à la main-d'oeuvre seraient trop élevés?
Le cas échéant, comment pouvons-nous remédier à la situation et quelles industries seront le plus affectées dans ce cas, à votre avis?
:
Je vous remercie, madame Nassif.
[Traduction]
Pour commencer, je tiens à dire que le gaspillage des aliments est une priorité absolument centrale pour tous les membres du Conseil canadien du commerce de détail. Non seulement c'est la bonne chose à faire du point de vue du consommateur, mais il n'est pas non plus logique sur le plan financier de perdre des produits, et c'est donc un enjeu critique pour nos membres, et ce, à un certain nombre d'égards.
Chaque membre du Conseil du commerce de détail participe à des programmes de réduction du gaspillage alimentaire, du compostage à la gestion du parc automobile. Par exemple, on s'assure que, lorsqu'une unité de réfrigération arrive avec des produits, elle repart aussi avec, par exemple, des fruits et des légumes devant être compostés ou ce genre de choses. Encore une fois, c'est logique du point de vue environnemental et du point de vue de la gestion des déchets alimentaires, tout comme ce l'est du point de vue financier.
Chaque membre crée des partenariats avec des banques alimentaires afin de réduire au minimum le gaspillage alimentaire. Les membres avec lesquels j'ai parlé ont mentionné que les banques alimentaires ne possèdent pas actuellement l'infrastructure nécessaire pour gérer tous les produits qu'ils sont en mesure de leur donner.
Cela dit, je tiens à soulever deux éléments essentiels, ici. Premièrement, les Canadiens qui se tournent vers les banques alimentaires pour compléter leur alimentation méritent le même niveau de salubrité des aliments que tous les autres Canadiens. Par conséquent, lorsque la date d'expiration d'un aliment est passée et lorsqu'un produit devient dangereux, c'est la responsabilité du détaillant de s'en débarrasser de façon sécuritaire.
Deuxièmement, une bonne partie du gaspillage alimentaire a lieu à la maison. C'est un aspect important de la conversation, sur lequel, selon moi, on ne met pas toujours assez l'accent alors qu'il faudrait le faire. Je pense ici au rôle que doit jouer l'éducation des consommateurs au sujet de la période durant laquelle ils peuvent conserver un produit de viande crue, par exemple. Combien de temps peuvent-ils le conserver une fois qu'il est cuit? De quelle façon faut-il bien le conserver? Le lavage des mains, la réfrigération, toutes ces choses. Je crois que l'éducation des consommateurs est une composante essentielle, ici; c'est là où nos membres continuent d'investir beaucoup de leur énergie, et le jeu en vaut la chandelle.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis vraiment contente de voir que nous abordons le sujet du gaspillage alimentaire.
Selon moi, c'est très important de donner la priorité à l'achat local. Je le fais chaque été et chaque fois que c'est possible. Pendant l'été, il y a plusieurs marchés publics, que je fréquente également. Cette année, cela m'a donné la chance de parler un peu de la politique alimentaire.
Au NPD, nous travaillons depuis plusieurs années à l'élaboration d'une stratégie alimentaire. En 2014, nous avons élaboré et dévoilé notre politique alimentaire, soit notre stratégie et notre vision pour l'agriculture. Nous avons été le seul parti à le faire avant les élections de 2015, et j'en suis vraiment fière. Je suis contente que les libéraux procèdent à des consultations et soient en train de créer leur propre stratégie.
Une chose revient souvent, et c'est le gaspillage alimentaire. Pendant l'été, j'ai eu la chance de participer à une conférence de presse de Moisson Lanaudière. Depuis un bon moment, Moisson Lanaudière fait affaire avec des détaillants de la région. D'ailleurs, IGA et Metro font des dons à Moisson Lanaudière. En Mauricie, Moisson Mauricie/Centre-du-Québec a à peu près le même programme, et je sais qu'il y a un programme similaire à Montréal. C'est important de s'assurer que les personnes les moins nanties et dans le besoin ont accès à de la nourriture saine.
L'année dernière, j'ai déposé un projet de loi qui demandait au gouvernement fédéral d'agir en prévoyant l'élaboration d'une stratégie nationale visant à réduire le gaspillage alimentaire.
Monsieur McLinton, vous avez parlé de l'importance du financement pour combler les manques en infrastructure. On a besoin de camions et de systèmes de réfrigération. Pouvez-vous nous parler davantage de l'importance de formuler une recommandation sur un tel type de programme ou sur le soutien que l'on doit apporter aux banques alimentaires quant à l'approvisionnement et au transport des aliments de chez les détaillants vers les organismes d'aide?
:
Si vous me permettez de répondre, monsieur Drouin, il est évident que le gouvernement a un rôle à jouer, et il y a aussi un rôle pour l'industrie. Encore une fois, du point de vue de la vente au détail, nous interagissons directement avec les consommateurs, alors nous avons aussi un rôle à jouer ici.
Votre exemple est très bon, dans la mesure où il y a une différence entre une date d'expiration et une date « meilleur avant ». Mme Brosseau a parlé des collectivités dans le Nord. Il est particulièrement important, dans les collectivités nordiques, par exemple, où il peut y avoir des produits qui sont tout à fait salubres même si la date « meilleur avant » est passée... C'est littéralement ce que cela veut dire: une certaine date de péremption est peut-être dépassée, mais on peut consommer l'aliment de façon parfaitement sécuritaire. Je ne sais pas si le partenariat public-privé est le bon terme, mais l'industrie a un rôle à jouer, en partenariat avec le gouvernement, afin de communiquer ce message aux Canadiens.
Si vous me le permettez, monsieur Drouin, j'aimerais parler rapidement de quelque chose que Mme Brosseau a dit au sujet des occasions d'harmonisation. Actuellement, je crois qu'il y a cinq propositions relatives à l'étiquetage entre l'ACIA et Santé Canada. Il y a l'étiquetage devant l'emballage, la date « meilleur avant » — nous venons justement d'en parler — et la date d'expiration, le tableau de la valeur nutritive... Chaque fois qu'une étiquette doit être modifiée, on ne veut pas tout simplement y ajouter quelque chose. Il y a une équipe d'experts qui se penche sur la question, des experts de différentes entreprises, du milieu de la commercialisation et du milieu de la salubrité des aliments, et c'est tout l'étiquetage qu'il faut revoir. Imaginez s'il fallait le faire pour chaque produit. Nos membres vendent des centaines de milliers de produits. Une occasion d'harmonisation consistera à s'assurer que toutes ces propositions entrent en vigueur en même temps afin qu'on ait seulement à modifier une fois les produits. Ces coûts ne sont pas absorbés dans le système. Chaque coût engagé par l'industrie finit par être transféré aux consommateurs canadiens. Ce serait une très bonne occasion si on pouvait tout faire d'un coup.
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Monsieur le président, honorables membres du Comité, je tiens au nom de l'Association canadienne du commerce des semences, l'ACCS, à remercier le Comité de nous avoir invités à discuter de notre point de vue sur la politique alimentaire du Canada.
Avant de formuler quelques commentaires, j'aimerais vous dire rapidement qui nous sommes et ce que font nos membres, pour que vous puissiez comprendre ce dont nous parlons.
L'ACCS est une association commerciale volontaire, non partisane et sans but lucratif dont le siège social est ici, à Ottawa. Nous comptons plus de 130 entreprises et associations membres qui oeuvrent dans tous les aspects du secteur des semences, depuis la recherche et le développement et l'amélioration des plantes jusqu'à la production et à la transformation, en passant par la commercialisation, la distribution et les ventes, tant au pays qu'à l'échelle internationale.
Nos membres répondent aux besoins de leurs agriculteurs clients en mettant au point des semences produites grâce à diverses méthodes de production, y compris des méthodes biologiques, conventionnelles et biotechnologiques. Nos membres vont des petites entreprises familiales à de grandes entreprises multinationales. Ils travaillent avec plus de 50 différents types de semences différentes, du maïs au canola en passant par le soya, le blé, l'orge, l'avoine, les cultures fourragères et les graminées et les semences de légumes et de plantes potagères.
L'industrie des semences génère environ six milliards de dollars au sein de l'économie canadienne, chaque année, et emploie plus de 57 000 Canadiens. Elle exporte près d'un demi-milliard de dollars par année de produits dans plus de 70 pays.
Les semences peuvent sembler, à première vue, n'avoir aucun lien avec la politique alimentaire nationale, mais il ne faut pas oublier que les semences sont à l'origine de tout; c'est la première étape dans la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire. Nos membres sont ceux qui mettent au point les variétés utilisées grâce à des programmes de sélection, et c'est eux qui produisent les semences plantées partout au pays. Les semences que nos membres produisent deviennent des cultures qui sont récoltées et transformées et qui, au bout du compte, se retrouvent sur les étagères des épiceries.
Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, neuf aliments sur dix commencent par la plantation des semences. Toute politique alimentaire nationale doit prendre en considération d'où viennent les aliments et adopter une approche holistique qui inclut l'ensemble du processus de la chaîne de valeur. Par conséquent, l'ACCS considère qu'il y a trois composantes clés qui sont cruciales à l'élaboration d'une politique alimentaire efficace et solide.
La première composante, c'est l'éducation. Des agriculteurs canadiens ont fait un travail exceptionnel pour produire des aliments abondants, abordables, salubres et nutritifs, à tel point que la plupart des Canadiens sont très éloignés de l'agriculture primaire et ne savent pas exactement de quelle façon la nourriture est produite avant de se retrouver dans leur Loblaws ou leur Métro local. La sécurité alimentaire n'a jamais vraiment été problématique dans la plupart des régions du Canada. Nous avons la chance d'être un exportateur net de marchandises agricoles. Par conséquent, l'ACCS considère une politique alimentaire nationale comme un excellent outil pour éduquer et informer le public canadien sur la chaîne de valeur agricole et pour accroître la compréhension de ce qui est vraiment nécessaire pour nourrir un monde en croissance.
Il faut plus d’éducation à l’échelle du pays pour encourager les Canadiens à apprendre d’où vient leur nourriture et de quelle façon des repas nutritifs et abordables peuvent être préparés. On a aussi l’occasion de réfuter divers mythes sur l’agriculture moderne et promouvoir le fait que l’agriculture n’a jamais été aussi durable du point de vue environnemental.
Ensuite, il faut une approche pangouvernementale. La politique alimentaire ne peut pas être élaborée en vase clos. Il faut l’élaborer en utilisant une approche pangouvernementale qui fait intervenir tous les ministères et organismes pertinents et qui tient aussi compte des autres initiatives gouvernementales en cours.
Le gouvernement fédéral réalise actuellement plusieurs initiatives dont il faut tenir compte au moment de concevoir la politique alimentaire. Par exemple, la Stratégie pour une saine alimentation du Canada, le Règlement sur la salubrité des aliments au Canada qui a été proposé et la Stratégie nationale sur la santé des végétaux et des animaux de l’ACIA. Il y a beaucoup de parties mobiles qui doivent être complémentaires, faute de quoi les politiques et initiatives seront mal harmonisées ou contradictoires. Nous espérons que les responsables de chacune de ces initiatives discutent régulièrement les uns avec les autres. Il est important de savoir de quelle façon une politique alimentaire s’intégrera à tous les autres travaux en cours.
Il faut aussi se demander de quelle façon nous pouvons concevoir une politique alimentaire dont l’objectif est des aliments abordables sans nous pencher sur la question des fardeaux réglementaires et du mauvais alignement des politiques qui ont une incidence sur les coûts de production. De quelle façon peut-on s’attendre à plus de l’agriculture, et plus particulièrement des agriculteurs, sans éliminer certains des obstacles qui minent la croissance, et encore moins en en ajoutant de nouveaux?
Pour terminer, une politique alimentaire doit s’appuyer sur des données scientifiques transparentes et fondées sur le risque et des objectifs clairs, mesurables et reproductibles. Parfois, les décisions scientifiques ne sont pas populaires, mais nous devons être fermes. Le gouvernement a fait de la croissance de l’industrie agroalimentaire canadienne une priorité clé, comme le prouvent le rapport Barton et le budget subséquent qui prévoyait une augmentation des exportations agroalimentaires correspondant à 75 milliards de dollars d’ici 2025.
Une politique alimentaire fondée uniquement sur des aliments abordables ne permettra pas d'atteindre cet objectif. Encore une fois, nous devons nous assurer que les politiques sont harmonisées et complémentaires.
Au moment où vous poursuivrez vos travaux, je vous demande de garder à l'esprit ce dont l'industrie agricole a besoin pour réussir, prospérer, innover et, au bout du compte, produire des aliments salubres, sains et abordables pour les Canadiens.
L’industrie agricole est préoccupée par l’accès continu aux principaux produits phytosanitaires qu’elle utilise. L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire propose actuellement, dans certains cas, d’annuler l’enregistrement des produits lorsqu’il n’y a pas de solution de rechange viable. Les produits phytosanitaires sont cruciaux pour la production alimentaire, et les producteurs auront besoin de ces outils efficaces pour continuer à fournir des aliments de haute qualité dans le cadre d’un système de production durable.
La politique ne peut pas être élaborée uniquement à l'échelon fédéral. Il faut assurer la participation des provinces. Je vous laisse déterminer s'il doit s'agir d'un processus FPT.
Par exemple, l'Ontario applique déjà sa réglementation. Au Québec, on veut mettre en place une réglementation qui aurait pour effet de restreindre considérablement l'accès aux principaux produits phytosanitaires utilisés par les producteurs. L'Alberta a une politique de tolérance zéro pour tout ce qui a trait au fusarium, même s'il s'est propagé à l'ensemble du Canada, et en Alberta également. Ce genre de réglementations qui ne s'appuient pas sur des études scientifiques finissent par créer un ensemble disparate de règles provinciales. Tant que le Canada n'uniformisera pas tout cela, il nous sera impossible de réaliser les objectifs de la politique alimentaire.
En conclusion, l'ACCS approuve le mandat dont a été chargé le ministre, soit : « Élaborer une politique alimentaire qui fait la promotion d'un mode de vie sain et de la salubrité des aliments en mettant sur la table des familles du pays un plus grand nombre d'aliments sains de grande qualité produits par les agriculteurs et les éleveurs canadiens. » Toutefois, la politique doit être assortie de priorités claires et de mesures simples à appliquer et à surveiller. Elle ne doit pas non plus être accablée de priorités contraires, par exemple vouloir que les agriculteurs produisent davantage avec moins de moyens tout en restreignant leur accès aux outils essentiels à leur productivité. La main gauche ne doit pas ignorer ce que fait la main droite.
Si vous avez des questions pour moi aujourd'hui, j'y répondrai avec plaisir.
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Bon après-midi. Merci, monsieur le président. Je tiens à tous vous remercier de nous avoir invités ici aujourd'hui afin que nous puissions participer à votre étude sur la politique alimentaire du Canada.
Je m'appelle Roger Pelissero et je suis un producteur d'œufs de troisième génération de St. Ann's, en Ontario, ainsi que président du conseil d'administration des Producteurs d'oeufs du Canada. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Tim Lambert, directeur général des Producteurs d'oeufs du Canada.
Comme nous le savons tous, la population mondiale devrait augmenter à 9,6 milliards de personnes d'ici 2050, ce qui nécessitera une augmentation de 70 % de la production alimentaire mondiale. Nous croyons que cette augmentation imminente de la population rend la production intérieure d'aliments salubres et sûrs encore plus pressante, et l'industrie ovocole du Canada est un bel exemple de réussite. Notre industrie est outillée pour répondre à la demande intérieure en aliments frais et nutritifs, et nous tentons à la fois de faire croître notre secteur et de faire augmenter la demande des consommateurs pour notre modeste produit: l'oeuf.
Je suis fier d'être ici aujourd'hui pour représenter plus de 1 000 producteurs d'oeufs canadiens et leurs familles. Nos décennies d'expertise comme producteur d'aliments nous portent à croire qu'une politique alimentaire nationale doit être fondée sur les études scientifiques. C’est ainsi que nous pouvons faire le suivi des progrès, en nous appuyant sur des données fiables plutôt que sur notre simple perception.
Les oeufs canadiens sont produits dans les 10 provinces du Canada et dans les Territoires du Nord-Ouest. Ils sont, par leur nature, meilleurs quand ils sont produits localement et consommés frais. Ils sont aussi l'une des sources les plus abordables de protéines de qualité supérieure que vous puissiez acheter. Pour mettre les choses en perspective, une douzaine d'oeufs coûte moins cher qu'un café latte. De plus, tous les producteurs d'oeufs canadiens sont résolus à déployer des efforts constants afin d’améliorer la salubrité alimentaire et le bien-être des animaux. À cette fin, nous avons mis en place des programmes nationaux qui exigent de nos membres qu'ils respectent un ensemble de normes communes. Ces programmes ont aussi pour but de veiller à ce que les Canadiens aient accès à des oeufs frais, sains et sans danger et qui sont produits sur des fermes qui respectent les normes les plus élevées.
Pour que notre industrie puisse continuer de prospérer dans les générations à venir, nous espérons que la discussion sur Une politique alimentaire pour le Canada continuera de prioriser l’idée de « Produire une plus grande quantité d'aliments de qualité supérieure », l’un de ses thèmes, et que les producteurs demeureront engagés dans le processus. Le dialogue entourant l'élargissement du secteur agricole au Canada, grâce au soutien des producteurs primaires, est crucial à la vision d’amélioration à long terme du système alimentaire canadien. Dans son effort d'augmenter l’offre d’aliments de qualité supérieure sur les marchés intérieurs et internationaux, le gouvernement devra continuer de soutenir des politiques intérieures, comme la politique de gestion de l'offre, qui permettent le fonctionnement d’un système d'approvisionnement alimentaire sain; il devra aussi appuyer les jeunes qui sont prêts à faire carrière dans l'agriculture. Votre soutien dans ces domaines offre une stabilité aux producteurs qui réinvestissent dans leur exploitation et dans leur industrie.
Un exemple d’investissement est la durabilité environnementale: la transition vers une économie plus verte se fait très rapidement, et les mêmes principes s'appliquent à l'agriculture. Grâce à la stabilité du système de gestion de l'offre, les producteurs d'oeufs ont saisi l'occasion de devenir un chef de file dans la protection de l'environnement, en produisant davantage avec moins. En fait, au cours des 50 dernières années, l'industrie ovocole du Canada a réduit son empreinte environnementale de moitié tout en doublant sa production.
À l’instar du gouvernement qui tente de soutenir les pratiques de conservation du sol, de l'eau et de l'air, les producteurs d'oeufs investissent dans la recherche afin de trouver d'autres façons de rendre la production d'oeufs plus respectueuse de l'environnement. Les producteurs d'oeufs du Canada sont fiers de toujours offrir aux Canadiens les oeufs locaux, frais et de qualité supérieure qu'ils désirent, et nous sommes impatients de travailler avec vous pour élaborer, puis élargir, Une politique alimentaire pour le Canada qui fonctionne réellement.
Permettez-moi de me faire l'écho des remerciements exprimés par Roger. Nous sommes heureux de participer.
Nous savons que l'une des priorités de la politique alimentaire est d'aider les Canadiens à faire des choix alimentaires sains et de leur offrir les aliments les plus sains possible. À cette fin, nous croyons qu'il est crucial de gagner et de garder la confiance du public.
Au cas où vous ne seriez pas au courant, notre industrie, l'industrie ovocole, s'est développée de près de 30 % au cours de la dernière décennie. Cette croissance fulgurante est alimentée directement par une augmentation de la demande des consommateurs pour des aliments bons pour la santé. C'est une bonne nouvelle, puisque les avantages nutritionnels des oeufs sont de mieux en mieux connus, ce qui contribue à la croissance considérable de notre industrie. En outre, comme Roger l'a mentionné, nos priorités en matière de production d'oeufs ne se limitent pas à produire davantage de produits de qualité supérieure: nous voulons aussi produire de façon durable. Nous croyons que cela est de la plus haute importance.
Dans ses efforts de révision des politiques et des ressources importantes qui aident les Canadiens à décider comment nourrir leur famille, il sera très important — comme M. Carey et Roger l'on dit — que le gouvernement fonde ses décisions sur des études scientifiques. Des renseignements incomplets ou inexacts ne pourraient que semer la confusion chez les consommateurs, ce qui aurait des conséquences inattendues sur le secteur de l'agriculture.
Nos membres et nos collègues se sont montrés fort préoccupés de la version revue fort attendue du guide alimentaire, qui devrait paraître au début de 2018. Nous croyons qu'il est plus important de mettre l'accent sur les sources de protéines riches en nutriments que sur les sources de protéines à base de végétaux. De fait, il a été prouvé que l'assimilabilité des protéines de source animale est supérieure à celle des protéines provenant de végétaux. Nous ne disons pas qu'il faut favoriser l'une au détriment de l'autre, mais il faut qu'il y ait un équilibre fondé sur des études scientifiques.
Aussi, il serait important que le guide privilégie les aliments qui contiennent un vaste éventail d'éléments nutritifs plutôt que les aliments contenant des nutriments spécifiques comme les gras saturés. Ensuite, il serait plus efficace d'encourager les Canadiens à adopter des habitudes alimentaires saines afin de combler leurs besoins en nutriments importants comme le fer, le zinc, la vitamine D, le calcium et la vitamine B12. Nous espérons que le nouveau guide alimentaire et que la politique alimentaire élargie pour le Canada incluront ces considérations et s'appuieront sur des données scientifiques objectives.
Enfin, nous savons que les producteurs contribuent grandement à l'économie. Ce sont des employeurs importants dans les régions rurales, et les collectivités rurales sont au centre de n'importe quelle stratégie alimentaire nationale robuste. Nous croyons que la population mondiale grandissante a besoin d'un plus grand nombre d'aliments abordables, riches en protéines, nutritifs et sains comme les oeufs. C'est pourquoi nous faisons des efforts pour qu'un plus grand nombre de gens puissent bénéficier de notre travail. Nos producteurs font don de plus de trois millions d'oeufs tous les ans aux banques alimentaires communautaires et aux programmes des petits déjeuners dans les écoles.
Nous envisageons aussi de diffuser nos connaissances à l'étranger par l'intermédiaire de la Fondation internationale des oeufs. Le projet phare de la fondation, mené par des producteurs d'oeufs canadiens, a mis sur pied une exploitation ovocole au Swaziland, en Afrique, et nous fournissons plus de 4 000 oeufs quotidiennement aux orphelins de ce pays. Voilà un exemple parmi d'autres de la façon dont nos producteurs se sont engagés à donner en retour et à aider un grand nombre de gens à bénéficier des protéines de qualité supérieure des oeufs.
En conclusion, les producteurs d'oeufs canadiens sont bien placés pour aider à façonner une politique alimentaire pour le Canada robuste et dynamique. Nous avons hâte de travailler avec vous pour élaborer une stratégie qui fonctionnera pour nos citoyens et qui servira à renforcer la position du Canada comme chef de file mondial dans la production alimentaire.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Très rapidement, j'ai révisé la motion présentée par M. Berthold, et j'aimerais présenter la motion révisée la semaine prochaine, s'il vous plaît.
Merci, nous allons la déposer en prévision de la semaine prochaine.
Le président: D'accord.
M. John Barlow: Merci beaucoup aux témoins d'être ici aujourd'hui. J'aimerais aborder deux ou trois des thèmes principaux dont nos témoins nous ont parlé.
Monsieur Carey, je vais commencer par vous. Vous avez parlé de certaines de nos politiques en vigueur et du besoin de veiller à ce que les aliments et les possibilités connexes soient abordables. Ce qui me préoccupe, c'est que la décision de notre gouvernement actuel d'adopter ou d'annuler certaines politiques pourrait entraîner une hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires. J'aimerais avoir votre avis sur le sujet.
Prenons par exemple la taxe sur les émissions carboniques, l'élimination des bons différés émis pour le grain, les modifications fiscales proposées actuellement ainsi que l'interdiction potentielle des pesticides de la classe des néonicotinoïdes. Vos membres sont-ils préoccupés par certains de ces changements ou par la direction prise par le gouvernement, vu les conséquences potentielles sur la durabilité des exploitations agricoles familiales et la capacité de produire des aliments abordables?
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Ce n'est pas une question simple, mais je vais faire de mon mieux pour y répondre.
Je crois, dans l'ensemble, que les préoccupations tiennent au fait que vous avez des politiques, comme celles figurant dans le budget, qui ont pour objectif l'augmentation des exportations agricoles et agroalimentaires provenant, disons, du deuxième exportateur net, mais en même temps, vous avez une autre politique qui nuit aux activités commerciales au Canada. Ce n'est pas non plus un problème intergouvernemental; dans l'ensemble, d'après les nombreuses consultations auxquelles nous avons participé, nous avons vu que les différents ministères fonctionnent en vase clos. Agriculture et Agroalimentaire Canada va d'un côté et met en oeuvre d'excellentes choses, tandis que Finances Canada va de l'autre côté et cause peut-être des problèmes par rapport à ce qui est fait. Je crois que c'est quelque chose qui préoccupe nos membres, à coup sûr.
En ce qui a trait à l'accès aux produits phytosanitaires, aux néonicotinoïdes, etc., les gens nourrissent d'énormes préoccupations, parce qu'il y a encore... Laissez-moi vous donner un exemple d'un produit qui n'appartient pas à la classe des néonicotinoïdes, le thirame. C'est le fongicide le plus homologué au monde. Si mes collègues du secteur de l'horticulture étaient avec nous, ils pourraient vous donner plus de détails, mais il s'agit du fongicide homologué le plus présent dans l'air. L'ARLA veut actuellement annuler l'homologation pour l'ensemble des utilisations. Si vous voulez augmenter nos exportations, si vous voulez que nous puissions envoyer nos produits agricoles au Mexique, nous allons devoir utiliser le thirame. Encore une fois, nous allons dans des directions opposées. Sans entrer dans les détails, nous sommes préoccupés du fait qu'il y a des objectifs à atteindre d'un côté, alors que la nouvelle politique vient limiter nos capacités.
Beaucoup de nos membres vont être touchés par les modifications fiscales proposées. Nous n'avons pas encore eu l'occasion de consulter nos membres jusqu'ici, mais nous connaissons la position des producteurs de grains et de ceux qui ont exprimé très ouvertement leur position, et nous savons que cela soulève sans aucun doute des préoccupations. Ce qu'ils veulent savoir, c'est « Comment est-ce que je suis censé continuer d'innover quand je n'ai pas accès aux produits phytosanitaires? Le coût d'exploitation de mon entreprise ne cesse d'augmenter. » Maintenant, on parle de politique alimentaire et on veut qu'on produise davantage d'aliments abordables, sans pour autant cesser de mettre des bâtons dans les roues des producteurs.
Je le redis, il y a un manque d'harmonisation. On dirait qu'il y a un manque de communication.
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C'est absolument crucial. Essentiellement, là où il y a de l'innovation dans l'agriculture — du moins, du côté des plantes —, elle tient à une minuscule semence. La façon dont je me plais à la décrire, c'est que la semence est essentiellement la micropuce qui fait fonctionner votre ordinateur. C'est le processeur Intel. Quand on le met en perspective, un sac de semences de canola déposé sur cette table équivaut à plus d'un acre de production. Cela vous donne une idée du fait que les innovations vont vraiment loin.
Au Canada seulement, nos membres effectuent l'équivalent d'environ 100 millions de dollars par année de recherche dans le secteur privé. Le Canada va bientôt être conforme à ce qu'on appelle la Convention de l'UPOV de 1991 et avec la loi sur les droits de sélectionneurs qui est entrée en vigueur en 2015, alors je pense que nous allons voir cela augmenter de façon exponentielle d'ici... je n'en ai aucune idée. Nous allons effectuer notre sondage cet automne.
Nous procédons à la recherche de notre côté. Ce qui devient problématique, c'est qu'il est très facile de lancer: « Nous devons utiliser des données scientifiques », mais il est très important pour nous de continuer, selon la tradition canadienne et américaine, à utiliser des données scientifiques fondées sur les risques, pas sur les dangers. Les données scientifiques fondées sur les risques donnent lieu à une discussion bien plus complète. Les données scientifiques fondées sur les dangers cernent les dangers: « Y a-t-il un danger? Nous devrions arrêter. » Selon la science fondée sur les risques, « Il y a un danger. Comment pouvons-nous l'atténuer? Par quels moyens pourrions-nous interagir avec ce danger? »
Ce que nous avons observé, c'est un petit glissement vers une approche de précaution fondée sur les dangers. Nous devons poursuivre la recherche, mais il existe de bonnes et de mauvaises données scientifiques. Je pense que nous voyons beaucoup de fausses vérités. Des documentaires comme Food Evolution — L'évolution alimentaire — sont produits dans le but de lutter contre ces mensonges. Nous effectuons la recherche, mais nos gouvernements sont ceux qui nous réglementent, alors nous avons vraiment besoin de nous assurer que, dans le cadre du processus décisionnel fondé sur les risques, ce sont les données scientifiques qui sont utilisées.
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps de parole avec Raj, alors, après trois minutes, interrompez-moi.
Chers invités, je vous remercie de votre présence.
Laissez-moi commencer par dire que j'adore les œufs. Quand je sors, je commande des omelettes. J'essaie de manger deux ou trois œufs par jour. Je me les procure auprès d'un de mes amis, Steve Easterbrook, qui possède Rabbit River Farms. Je lui ai demandé une fois: « Pourquoi Rabbit River — la rivière aux lapins —? » Il m'a répondu: « Easterbrook: Rabbit River », car son nom comporte le mot anglais Easter, qui signifie Pâques et brook, qui désigne un cours d'eau.
Des voix: Ah, ah!
M. Joe Peschisolido: Je donne aussi 5 $ à David Graham. Il a des poules, et il est député du Québec.
Monsieur Pelissero, je mentionne cela parce que j'aime l'argument que vous avez formulé, selon lequel vous prenez soin de vos poules. Les producteurs ne font pas d'œufs, ce sont les poules qui les pondent. J'ai visité certains des poulaillers de la vallée. Je ne dirai pas où je suis allé, mais ces visites m'ont dérangé. Cela m'a dérangé de voir de six à huit poules au-dessus d'à peu près rien et d'observer cette approche de type confinement. J'ai été vraiment blessé de voir cela.
Messieurs Pelissero et Lambert, j'ai été heureux que vous souligniez l'importance de toute l'approche à l'égard du bien-être des animaux. Pouvez-vous nous parler un peu de l'orientation que prennent les codes de pratique et formuler des commentaires à ce sujet?
J'aimerais revenir sur un point que M. Lambert a soulevé par rapport au fait de renseigner les médecins au sujet de la qualité des oeufs. Je suis pharmacien de profession. Au début de ma pratique, les oeufs étaient mauvais. Nous avions l'habitude de recommander le blanc des oeufs, et non pas le jaune. Puis, le jaune d'oeuf n'était plus si mauvais. Maintenant, les oeufs sont bons, mais en quantité limitée. On peut voir l'argumentation circulaire qui se produit. Les gens ne se rendent pas compte de ce qui se trouve à l'intérieur du jaune d'oeuf: des antioxydants; des vitamines, de la zéaxanthine; de la lutéine, qui est excellente pour les yeux; et de la choline, qui est excellente pour le cerveau.
Là où je veux en venir, dans un premier temps, c'est que je crois que le volet éducatif est très important et qu'on ne devrait pas miser seulement sur les médecins. On devrait miser davantage sur les pharmaciens, les infirmiers et les diététistes, parce qu'ils passent en réalité plus de temps avec les patients.
Mais il y a autre chose. Vous n'en avez pas parlé, et j'aimerais porter cela à votre attention. Lorsque j'étais pharmacien, une des choses que j'utilisais pour traiter l'arthrite et l'inflammation articulaire était la membrane de coquille d'oeuf. On peut en retirer beaucoup d'avantages possibles pour la santé. Je sais que les oeufs ont eu mauvaise presse en raison du cholestérol, mais même cette conception a été atténuée. Le cholestérol est du gras saturé, et le corps ne produit pas plus de cholestérol.
Je pense que ce pourrait être une bonne chose pour les affaires, sur le plan commercial mais aussi pour les soins de santé, si le message pouvait être présenté d'une façon qui reflète les avantages possibles des oeufs et qui dissipe également certains des mythes existants.
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Ce sont de bonnes questions. Je vais commencer, puis Roger pourra aussi formuler des commentaires.
Comme je l'ai mentionné, nous investissons beaucoup dans la recherche. Un des groupes auquel nous participons très activement est une organisation établie aux États-Unis. Elle s'appelle l'Egg Nutrition Center; nous en sommes des partenaires. C'est une équipe d'experts. C'est un vrai médecin, le Dr Spence, du Sud-Ouest de l'Ontario, qui a affirmé cette chose insensée. La meilleure façon de réfuter cette affirmation, c'est par des affirmations objectives formulées par des tiers et fondées sur des faits. Oui, ce pourrait aussi être un médecin, mais on entend beaucoup d'autres voix qui vont se prononcer contre cela. Donc, lorsque des choses aussi insensées que celle-là se produisent, nous mettons à profit un groupe d'experts tiers qui peuvent s'exprimer.
L'autre chose que nous faisons, c'est de la sensibilisation auprès de consommateurs canadiens par l'entremise de personnes comme Roger, directement par l'intermédiaire des producteurs. Nous sommes fatigués et frustrés — et je donne un exemple parmi d'autres — d'entendre la désinformation au sujet de la production alimentaire et de la production d'oeufs. La sensibilisation n'était pas destinée à augmenter les ventes d'oeufs; elle a été conçue pour que des gens comme Roger puissent parler du bien-être des animaux, de la sécurité alimentaire, de ce qu'il fait sur ses fermes. C'est intéressant de constater que, lorsque nous avons commencé à mettre le visage des producteurs sur le produit, cela a vraiment trouvé un écho auprès des consommateurs. Les producteurs jouissent d'une grande confiance, comme vous le savez, et voilà que cela a non seulement amélioré la confiance du public, mais a aussi permis de vendre beaucoup plus d'oeufs.
La bonne science, des experts tiers et le visage et la voix de nos producteurs sont probablement une combinaison à trois piliers qui permet de réfuter la désinformation et les mauvais renseignements.
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Très rapidement, j'aimerais ajouter que je pense que vous commencez à voir une résistance sur les médias sociaux de la part de personnes qui sont reconnues comme des experts et qui résistent à la mauvaise science. Tout cela s'est passé de façon très organique.
Si nos membres et nous — en tant qu'association — essayions de le faire, nous ne serions pas aussi efficaces. Maintenant, vous avez des gars comme Bill Nye, le scientifique, et Neil DeGrasse Tyson, qui attaquent la mauvaise science sur Twitter, et je pense que cela a beaucoup servi à repousser une partie de...
Pendant un certain temps, il y a eu Teh Food Bae — qui est très largement discrédité maintenant — mais qui a vraiment changé les habitudes d'achat des gens. Maintenant, lorsque des scientifiques reconnus à l'échelle internationale, qui sont devenus des célébrités à part entière, prennent fait et cause pour mettre fin à la mauvaise science qui... Certaines des plus grandes multinationales permettent à leurs employés d'interagir en ligne et leur disent de tenir ces conversations.
J'espère que nous verrons déferler une vague de gens qui veulent maintenant savoir que les renseignements qu'ils obtiennent sont exacts sans simplement accepter ce qu'ils entendent, parce qu'il s'agit de prétendus experts.
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Monsieur le président, si vous me le permettez, je vais lire la motion suivante, que je vais déposer la semaine prochaine.
Que le Comité invite le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et le ministre des Finances pour informer le Comité sur les consultations du gouvernement intitulée « Planification fiscale au moyen de sociétés privées » et comment cela affectera les fermes familiales ainsi que les marchés de l'agriculture canadienne et l'économie agroalimentaire.
Je remercie les témoins de leur présence.
Vos propos sont très intéressants. Je viens moi-même d'un milieu rural, dans une grande circonscription de la région de Québec, Beauport—Côte-de-Beaupré—Île d'Orléans—Charlevoix.
Comme mes confrères vous l'ont dit tantôt, plusieurs agriculteurs se posaient des questions cet été au sujet du nouveau Guide alimentaire canadien et de la nouvelle taxe libérale qui touchera les agriculteurs. De plus en plus d'agriculteurs sont inquiets. Je ne sais pas si on vous en a aussi parlé, mais de notre côté, nous recevons des centaines de lettres chaque semaine à ce sujet. Comme mes confrères en ont beaucoup parlé, je vais vous poser une autre question.
Le Canada dispose actuellement d'un cadre stratégique pour l'agriculture qui soutient l'ensemble du système agricole et agroalimentaire du Canada. Quelle distinction faites-vous entre le prochain cadre stratégique pour l'agriculture et la future politique alimentaire du gouvernement?
Vous pouvez tous répondre.