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Merci. Je m'appelle Brian Gray et je suis sous-ministre adjoint à la Direction générale des sciences et de la technologie au ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada.
À la page 2 du dossier qu'on vous a remis se trouve l'aperçu de ma présentation d'aujourd'hui. Je vais parler du rôle et des priorités d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, puis je vais présenter un aperçu des changements climatiques et de leurs effets sur l'agriculture. Enfin, je vais vous donner des exemples d'activités scientifiques réalisées par Agriculture et Agroalimentaire Canada en vue de renforcer la résilience du secteur agricole face aux effets des changements climatiques.
[Traduction]
Notre ministère a pour vision de stimuler l'innovation et de faire preuve d'ingéniosité pour créer, dans l'intérêt de tous les Canadiens, une économie agroalimentaire de classe mondiale. Notre mission consiste à exercer un leadership dans la croissance et le développement d'un secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire compétitif, innovateur et durable.
La Direction générale des sciences et de la technologie, dont je suis responsable, mène des activités de recherche, de développement et de transfert des connaissances et de la technologie dans le domaine de l'agriculture pour appuyer un secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire compétitif, innovateur et durable.
J'ai ciblé les points les plus pertinents dans la lettre de mandat du ministère sur le sujet dont vous êtes saisis et qui relèvent de la Direction générale des sciences et de la technologie. Tout d'abord, il est primordial d'investir dans la recherche en agriculture pour stimuler les découvertes scientifiques et l’innovation dans ce secteur. Ensuite, il faut collaborer avec les provinces, les territoires et d’autres partenaires intéressés pour aider les producteurs à s’adapter aux changements climatiques et à régler plus efficacement les problèmes liés à la conservation de l’eau et des sols et au développement de ces ressources. Enfin, nous devons aider le ministre des Ressources naturelles et la ministre de l’Environnement et du Changement climatique à réaliser des investissements qui permettront à nos secteurs des ressources d'être des chefs de file mondiaux dans l’utilisation et la mise au point de technologies et de processus propres et durables.
[Français]
Passons à la diapositive 5. Notre direction générale compte 20 centres de recherche-développement qui sont situés un peu partout au Canada. Nous avons 35 fermes expérimentales qui sont liées aux centres de recherche. Nous comptons trois régions: la région côtière, la région des Prairies ainsi que la région de l'Ontario et du Québec.
[Traduction]
Je vais maintenant vous donner un bref aperçu des répercussions des changements climatiques sur l’agriculture. Les changements climatiques allongeront les saisons de croissance, mais les fluctuations des précipitations provoqueront plus de sécheresses et d'inondations. Les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplieront. Des températures plus chaudes favoriseront les infestations de ravageurs et les éclosions de maladies et rendront le Canada plus vulnérable aux espèces exotiques envahissantes. Ce sont des espèces qui n'ont peut-être pas les caractéristiques nécessaires pour vivre au Canada, mais qui, avec les changements climatiques, pourront le faire. Enfin, le potentiel d'utilisation des terres pour la culture de petites céréales semées au printemps augmentera, plus particulièrement dans l'ouest de l'Alberta et le nord-est de la Colombie-Britannique. En résumé, je dirais que les changements climatiques apporteront des défis à relever, mais aussi des possibilités pour le secteur agricole.
À l’échelle mondiale, l’agriculture représente entre 10 et 15 % des émissions anthropiques — causées par l’activité humaine — totales de gaz à effet de serre. Au Canada, ce taux est d'environ 10 %.
En plus de nos recherches, dont je vais parler brièvement aujourd'hui, le Programme de lutte contre les gaz à effet de serre en agriculture d’AAC verse 27 millions de dollars sur cinq ans aux universités canadiennes et aux organismes sans but lucratif pour la recherche, le développement et le transfert des technologies visant à réduire les émissions nettes de GES issues du secteur canadien de l’agriculture.
[Français]
Passons maintenant à la diapositive 9, qui traite des facteurs et des défis de l'agriculture liés aux changements climatiques.
Il y a deux points clés. Le premier consiste à adapter la production agricole aux changements climatiques tout en participant à leur atténuation. Cela implique l'adaptation aux stress abiotiques et biotiques; la réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que l'aide au développement et à l'utilisation des technologies propres qui contribuent, à long terme, à la croissance économique à faibles émissions de carbone.
Le deuxième point clé consiste à conserver les ressources environnementales et les services tout en augmentant la production agricole. L'augmentation de la population mondiale stimule la demande d'aliments. On parle ici de la conservation du sol, de l'eau et de la biodiversité dans les paysages agricoles ainsi que de l'intensification durable.
Je vais maintenant vous donner quelques exemples des activités scientifiques d'AAC. Il s'agit de la diapositive 10
[Traduction]
À la page 11, vous trouverez un exemple d'études scientifiques. Lorsqu'on parle de pratiques de gestion bénéfiques, le meilleur exemple est le semis direct. Je crois savoir que les représentants du Conseil de conservation des sols du Canada ont comparu devant le Comité mardi dernier. Ils ont sûrement fait le point sur la situation. La réduction des pratiques de jachère d’été dans l’Ouest canadien a permis d'accroître la capacité de stockage des émissions de carbone dans les sols agricoles. En fait, entre 1951 et 2013, on a pu stocker 11 mégatonnes d’équivalent en dioxyde de carbone. Cette pratique permet de réduire de presque 15 % les émissions de GES issues de l'agriculture.
Je tiens à dire qu'on n'a pas fait seulement une ou deux études. En réalité, une centaine d'études ont été réalisées au fil des décennies, non seulement par notre ministère, mais aussi par nos partenaires, les universitaires, les provinces et nos collègues d'autres pays, plus particulièrement les États-Unis et l'USDA. Il est très rare qu'une pratique de gestion bénéfique résulte d'une seule étude. Il faut plusieurs études et beaucoup de temps.
Passons maintenant aux prochaines diapositives. J'aimerais vous parler des événements météorologiques extrêmes.
Au sein de notre direction générale, nous développons de nouvelles variétés de cultures lorsqu'il y a un intérêt, c'est-à-dire lorsqu'il n'y a pas déjà une industrie qui met au point cette variété. Nous le faisons pour le bien public et pour le bien de nos producteurs. Mentionnons notamment la pomme de terre. À notre Centre de recherche et de développement de Fredericton, nous mettons au point des variétés de pommes de terre résistantes à la sécheresse. Vous pouvez voir rapidement les différentes étapes du processus. Nous effectuons plusieurs croisements dans l'espoir de développer une variété qui est plus tolérante à la sécheresse.
La diapositive suivante illustre une situation où il y a beaucoup trop d'eau. Les changements climatiques amèneront des épisodes de sécheresse, mais aussi des périodes de pluie intense. Nous en avons été témoins un peu partout au pays pendant la dernière saison de croissance. L'orge est une céréale qui se cultive très mal en sol inondé. Les variétés que nous avons en moment ne survivent normalement que quelques jours lorsqu'elles sont inondées. Au Centre de recherche et de développement de Brandon, nous développons des cultivars d'orge tolérants à l'engorgement d'eau. À droite, vous pouvez voir les deux variétés: celle qui est sensible, c'est-à-dire la variété normale, et celle que nous sommes en train de mettre au point. C'est un projet très intéressant. Nous avons aménagé de mini rizières au centre de recherche. Nous les avons inondées, et la variété qui se trouve à gauche survit jusqu'à 10 jours.
Le dernier exemple que je vais vous donner nous a été fourni par la Division de l’agroclimat, de la géomatique et de l’observation de la Terre au sein de notre direction générale. On conçoit des outils qui seront à la disposition des agriculteurs et du public. On se penche sur les conditions climatiques actuelles et les conditions prévues par Environnement et Changement climatique Canada et d'autres membres du GIEC.
Si on regarde les cartes, les conditions météorologiques actuelles se trouvent à gauche. À droite, on indique un changement de 3°C. On peut voir que ce changement de température attirera trois types de ravageurs au Canada. Que faut-il faire? Nos scientifiques doivent mettre au point de nouvelles variétés de cultures résistantes à ces ravageurs, élaborer des pratiques de gestion bénéfiques à cet effet et, enfin, trouver des prédateurs naturels pour contrôler ces ravageurs.
La prochaine diapositive est très chargée; je m'en excuse. C'est un travail en cours, tout comme les laboratoires vivants. Je vais essayer de vous l'expliquer brièvement.
Il s'agit d'une approche de gestion adaptée dont le but est d'améliorer le rendement agroenvironnemental et l'intensification durable. Des équipes multidisciplinaires de scientifiques, de concert avec les producteurs, conçoivent et mettent à l'essai de nouvelles pratiques de gestion bénéfiques dans de véritables exploitations agricoles en activité. Bien entendu, ces pratiques seraient différentes de ce qu'on voit en ce moment, car on veut qu'elles procurent de multiples avantages. Les pratiques de gestion bénéfiques contribuent non seulement à l'adaptation aux changements climatiques, mais aussi à l'atténuation des effets de ces changements, de même qu'à la conservation et à la protection de la biodiversité, de l'eau et des sols.
Nous collaborons avec l'USDA aux États-Unis. Leur division scientifique se compare à la nôtre. Nous avons tenu plusieurs ateliers jusqu'en janvier. Ils appuient cette approche, et nous allons essayer de collaborer avec eux au cours des prochaines années.
[Français]
À la diapositive 16, qui s'intitule « Prochaines étapes », on dit ce qui suit: le gouvernement investit dans la science agricole au sein d'AAC et à l'extérieur du ministère. Améliorer les partenariats fait partie intégrante de notre approche, que ce soit avec les provinces, le secteur et le milieu universitaire, par le truchement du Partenariat canadien pour l'agriculture, avec d'autres ministères et organismes fédéraux ou avec des organisations internationales en vue d'obtenir des avantages pour le Canada.
AAC est bien placé pour collaborer dans tous les secteurs de l'écosystème des sciences et de l'innovation agricoles afin de renforcer la résilience de ce secteur pour qu'il puisse s'adapter aux changements climatiques et en atténuer les effets.
[Traduction]
Merci. C'est tout pour moi. Je vais céder la parole à Tom.
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Je vous en suis très reconnaissant, et je vais essayer de ne pas abuser de votre générosité, monsieur le président.
Je pensais simplement étoffer les observations de Brian.
Le principal véhicule que le ministère, en collaboration avec les provinces et les territoires, utilise pour favoriser l'atteinte des objectifs du Cadre pancanadien est notre cadre stratégique pour l'agriculture, soit le PCA.
Le Comité n'est pas sans savoir que, depuis 2003, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux utilisent les cadres stratégiques FPT pour collaborer et coordonner les efforts au chapitre de l’agriculture. Le cadre actuel, Cultivons l'avenir 2, arrivera à échéance le 31 mars 2018. Il sera remplacé par le Partenariat canadien pour l’agriculture, le PCA.
Monsieur le président, je pense que les membres du Comité savent que lorsque les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l'Agriculture se sont rencontrés cet été à St. John's, à Terre-Neuve, un accord de principe a été conclu au sujet d'un accord-cadre multilatéral, qui est la base de ce cadre. Nous avons travaillé sur cet accord de principe ces derniers mois pour qu'il prenne effet et, à l'intérieur du cadre multilatéral, pour négocier des ententes bilatérales avec l'ensemble des provinces et des territoires.
Les ministres FPT de I'Agriculture ont déterminé que la durabilité environnementale et les changements climatiques constituaient l'une des six priorités du PCA. Misant sur les cadres stratégiques antérieurs, le gouvernement du Canada, de concert avec les provinces et les territoires, fournira du financement pour aider le secteur à favoriser une croissance respectueuse de l'environnement en réduisant les émissions de gaz à effet de serre en agriculture, en protégeant l'environnement, y compris le sol et l'eau, et en s'adaptant aux changements climatiques.
Brian vous a donné quelques exemples des études qui ont été menées au sein du ministère et que nous continuerons de réaliser en vertu du PCA afin de faire progresser ces efforts. J'aimerais parler brièvement de quelques-uns des programmes qui nous permettront de favoriser la recherche et l'innovation et de transférer les connaissances acquises.
Parmi les éléments importants du PCA, mentionnons les programmes de gestion des risques de l'entreprise, soit les programmes de GRE. Ce sont des programmes à frais partagés conçus pour aider les agriculteurs à gérer les risques, y compris les risques liés à la grande volatilité des marchés, qui échappent à leur contrôle. Dans le cadre de Cultivons l'avenir 2, ces programmes devraient avoir permis de verser plus de 6 milliards de dollars sur cinq ans.
Je ne vais pas aborder en détail chacun de ces programmes. Je vais uniquement m'attarder à ceux qui, selon moi, sont pertinents pour les travaux du Comité sur les changements climatiques.
Premièrement, il y a le programme Agri-protection, qui est le plus important. Il représente deux tiers des dépenses totales des programmes de GRE. Agri-protection est un régime d'assurance autofinancé et solide sur le plan actuariel, ce qui signifie que les primes perçues sont fondées sur les pertes historiques des agriculteurs et que, par conséquent, le programme est bien placé pour continuer à aider les agriculteurs à demeurer résilients face aux phénomènes météorologiques extrêmes.
À I'occasion, lorsque des catastrophes surviennent et que le secteur doit assumer des coûts exorbitants pour se rétablir, le cadre Agri-relance peut être appliqué afin d'élaborer des programmes particuliers et d'aider les producteurs à absorber ces coûts imprévus et exceptionnels. Par exemple, le cadre Agri-relance a soutenu les producteurs touchés par des chutes de neige exceptionnellement abondantes au cours de l'hiver 2014-2015, qui ont causé d'importants dommages à l'industrie acéricole en Nouvelle-Écosse. Dans cette région, une pareille tempête ne se produit qu'une fois tous les 100 ans. Plus récemment, une initiative d'Agri-relance est actuellement mise en oeuvre en raison des dommages causés par les feux de forêt en Colombie-Britannique. L'aide offerte servira à éponger les coûts exceptionnels liés aux pertes d'aliments du bétail, à la mortalité des animaux d'élevage, à la destruction des infrastructures agricoles et à d'autres dommages causés par les feux.
J'aimerais parler d'un autre programme de GRE, et ce sont les initiatives Agri-risques, qui appuient la recherche, l'élaboration et la mise en oeuvre de nouveaux outils de gestion des risques.
Outre les programmes de GRE, le PCA offrira une série de programmes à frais partagés qui seront offerts par les provinces et les territoires, mais financés par le gouvernement fédéral. Les programmes environnementaux à la ferme à frais partagés communiquent les pratiques et les technologies mises au point dans le cadre des programmes d’innovation dont Brian a parlé plus tôt. Les provinces et les territoires conçoivent et gèrent la prestation de ces programmes. Ainsi, les programmes peuvent être adaptés aux priorités environnementales de chaque administration. Ces programmes sensibilisent les producteurs et renforcent leurs connaissances sur les risques environnementaux à la ferme et, en se fondant sur ces évaluations des risques, fournissent des incitatifs financiers aux producteurs afin qu’ils adoptent des pratiques de gestion bénéfiques et innovantes visant à réduire les risques, y compris les risques climatiques.
Les producteurs canadiens ont adopté des technologies et des pratiques qui renforcent la résilience face aux changements climatiques et réduisent les émissions de GES en améliorant l’efficacité de la production et en augmentant la teneur en carbone dans les sols agricoles. Par exemple, les producteurs s'intéressent de plus en plus aux nouvelles technologies d’agriculture de précision, qui leur permettent notamment de réduire et de mieux cibler l'utilisation d'engrais et d'autres intrants et d'accroître l'efficacité de leurs opérations tout en réduisant leur empreinte climatique et environnementale.
[Français]
Je vais aborder brièvement certaines mesures complémentaires aux efforts que j'ai déjà décrits en parlant du Partenariat canadien pour l'agriculture, afin de présenter les objectifs du gouvernement dans le domaine du changement climatique dans le secteur agricole.
Dans le budget de 2017, une somme de 70 millions de dollars sur six ans était allouée au soutien des découvertes scientifiques et à l'innovation en matière agricole, afin de mettre l'accent sur les priorités émergentes, comme les changements climatiques et la conservation des sols et de l'eau. Le budget de 2017 comprenait également un investissement de 200 millions de dollars pour les technologies innovatrices et propres ciblant les secteurs des ressources naturelles du Canada, y compris le secteur agricole.
Le financement propre à l'agriculture s'attaquera aux principaux obstacles du développement et à l'adoption des technologies propres dans le secteur agricole. Par exemple, le financement permettra de produire des matériaux et des bioproduits de pointe en fonction des extrants agricoles et de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les exportations agricoles, grâce à une gestion améliorée des terres et à l'efficacité énergétique.
Je sais que le Comité a récemment fait une étude sur Une politique alimentaire pour le Canada. Le ministère vient tout juste de compléter un processus de consultation sur cette politique. L'environnement est l'un des quatre thèmes d'Une politique alimentaire pour le Canada. Durant les consultations, des intervenants de tout le pays ont indiqué que les déchets alimentaires et les émissions de gaz à effet de serre qui en découlent étaient une des priorités d'Une politique alimentaire pour le Canada. Nous estimons que la valeur des déchets de nourriture au Canada est d'environ 30 milliards de dollars par année. Cela représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle nationale.
Grâce à l'adoption de pratiques et de technologies novatrices, le secteur agricole a fait d'importants progrès en augmentant son efficacité, en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre, en préservant les sols et l'eau et en renforçant sa résilience face aux changements climatiques.
Le secteur s'emploie de manière proactive à répondre aux demandes croissantes sur le plan de la durabilité. Par exemple, la Table ronde canadienne sur le boeuf durable, la Table ronde canadienne sur les cultures durables et l'Initiative proaction des Producteurs laitiers du Canada travaillent de concert à l'amélioration continue des chaînes de valeurs agricoles canadiennes, notamment dans le domaine de la réduction des émissions de GES.
Grâce au PCA et à d'autres sources de financement, le gouvernement fédéral, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, appuiera les efforts de l'industrie visant à améliorer la durabilité du secteur agricole canadien.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Peschisolido.
J'ai entendu vos commentaires concernant l'endroit adéquat pour faire une bonne étude. Le gouvernement est en train de tenir beaucoup de consultations et reçoit de nombreuses demandes au sujet du guide alimentaire. On se fait dire que ce comité n'est pas le bon endroit pour parler du guide alimentaire et que cela relève du ministère de la Santé. Pourtant, nous sommes le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Il faut cesser d'avoir peur de parler des sujets qui concernent les gens qui nourrissent les Canadiens et les Canadiennes.
Le Partenariat transpacifique, ou PTP, est un enjeu majeur pour le Canada. C'est un enjeu majeur non seulement pour le commerce, mais également pour les producteurs de grains et les producteurs laitiers, de même que pour les éleveurs de boeuf et de volaille. C'est un accord très important pour tous les producteurs et tous les transformateurs canadiens que nous représentons. Ils veulent avoir accès à ce marché qu'on sait extrêmement important. C'est d'autant plus vrai que nous avons appris aujourd'hui que l'Inde a imposé des droits supplémentaires de 50 %. C'est une situation absolument désastreuse pour l'industrie agricole canadienne.
Il ne faut pas se voiler les yeux. Il faut écouter nos producteurs et leur donner l'occasion de se faire entendre. Le rôle du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire est justement de permettre aux producteurs canadiens de venir parler aux députés qui y siègent. Dans nos partis respectifs, nous avons été choisis par les gens pour les représenter au sein de ce comité. Nous devons les écouter et soumettre leurs recommandations dans notre rapport, que nous présentons ensuite à nos collègues au Parlement, en l'occurrence les ministres responsables des négociations, du commerce international et des affaires mondiales.
Malheureusement, nous avons appris que le ne sera même pas présent, la semaine prochaine, au moment des discussions sur le PTP. Que je sache, le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire à époque des conservateurs participait toujours à ces échanges.
Il est important que notre comité envoie un message clair au Parlement et au gouvernement: l'agriculture doit occuper une part importante des négociations. On ne peut pas faire comme si les produits arrivaient tout faits, tout prêts. C'est d'autant plus important que le gouvernement, je l'ai bien lu dans le dernier budget, va augmenter considérablement la production agricole canadienne au cours des prochaines années. Les objectifs sont ambitieux, et une façon de les atteindre est d'avoir accès à de nouveaux marchés.
Cependant, dans le PTP, il y a un élément majeur à relever: un gros joueur n'y est plus. Les négociations qui ont été menées à 12 pays ne s'appliquent plus nécessairement à un PTP conclu entre 11 pays. Les concessions consenties dans le PTP à 12 ne s'appliqueront peut-être pas aux négociations du PTP à 11. Si notre comité ne saisit pas cette occasion pour donner la chance aux producteurs canadiens de s'exprimer, je ne vois pas qui, au sein du Parlement, va le faire.
C'est pour cela que j'invite mes collègues à réfléchir sérieusement à la possibilité de nous donner l'occasion de discuter le plus rapidement possible du PTP, d'entendre ce qu'ont à dire les producteurs et les gens de notre industrie agroalimentaire sur cette situation.
Je n'ai pas siégé ici dans les deux dernières années, mais je pense que le Comité a déjà étudié le PTP. Avez-vous eu l'occasion de discuter du PTP?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Premièrement, je tiens effectivement à remercier les témoins, mais je voudrais souligner que nous recevions aujourd'hui deux témoins au cours d'une période de deux heures. Dans ces conditions, je pense que le fait de prendre quelques minutes pour traiter de cette question n'est pas exagéré, d'autant plus qu'il y avait aujourd'hui des indications selon lesquelles le PTP avançait rapidement.
Deuxièmement, on dit qu'il ne faut pas discuter d'un sujet parce que des négociations sont en cours, mais si nous attendons qu'elles soient terminées, il va être trop tard. Par ailleurs, le ministère était en train de réaliser une vaste consultation sur la politique alimentaire quand ce comité a décidé d'entreprendre sa propre consultation sur le même sujet, en même temps. Cela n'a pas pesé dans la balance. Cela n'a pas empêché le Comité d'entreprendre sa propre étude. Que je sache, il prend ses propres décisions. Il n'a pas besoin d'attendre le gouvernement ou les indications du bureau du ministre. Sauf erreur, il est parfaitement autonome.
Nous pouvons donc décider d'entreprendre cette étude et de donner la parole à nos producteurs, aux gens de l'industrie agroalimentaire canadienne. Nous pouvons aussi décider de ne pas les entendre. C'est entre vos mains, étant donné que vous êtes plus nombreux que nous. Nous savons que si vous choisissez d'entendre des témoins et des producteurs, nous allons les entendre, mais que si vous choisissez de ne pas le faire, nous n'allons pas les entendre.
Voilà, c'est tout pour nous.
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Merci, monsieur le président.
Je comprends les observations de mes collègues d'en face. Le fait demeure toutefois que nous avons ici une entente, ou une possible entente, qui aura des répercussions pour tous les producteurs agricoles au pays.
Vous acquiescez, monsieur Longfield, mais vous n'êtes même pas d'accord pour que nous prenions 5 ou 10 minutes pour discuter de cette entente qui pourrait toucher tous les agriculteurs. Vous pensez plutôt à nos deux témoins auxquels nous consacrons deux heures complètes.
Monsieur Drouin, je vois vraiment où vous voulez en venir. Vous soutenez que l'on ne devrait pas modifier le calendrier établi pour notre comité malgré le fait qu'un enjeu vraiment crucial a émergé aujourd'hui même. Vous dites que nous ne devrions pas en discuter parce que cela n'était pas prévu dans le programme dont nous avons convenu il y a plusieurs semaines déjà.
Mais enfin, nous sommes justement là pour intervenir lorsqu'il se passe quelque chose d'important et pour discuter d'enjeux semblables qui auront un impact sur nos agriculteurs et le secteur agroalimentaire à la grandeur du Canada. Si nous refilons sans cesse toutes les études que nous jugeons importantes, ou que vous jugez importantes, à un autre comité parce que ce n'est pas notre travail, alors pourquoi sommes-nous là exactement? Sinon, il y a sérieusement lieu de se demander si nous ne sommes pas en train de gaspiller deux heures de notre journée sans aucune raison.
Vous ne pouvez tout de même pas remettre en question l'importance et l'impact qu'un accord de partenariat transpacifique aura sur l'industrie agricole canadienne. Il est aberrant de vouloir prétendre que nous n'allons pas discuter de cet enjeu parce que ce n'est pas prévu dans le calendrier que nous avons établi il y a plusieurs semaines... C'est crucial.
Quel est le message que nous voulons transmettre? Est-ce que nous allons éviter de traiter de tout éventuel enjeu essentiel pouvant avoir une incidence sur l'agriculture canadienne si nous ne l'avons pas inscrit à notre programme des mois à l'avance? Ce n'est pas le message que je veux envoyer aux gens que nous représentons partout au pays. Je ne veux pas leur dire: « Désolé, c'est une question qui va influer sur votre mode de subsistance, mais comme il n'est pas prévu que nous en discutions au cours des prochaines semaines, je ne voudrais surtout pas que nous prenions 10 minutes à l'intérieur d'une séance de deux heures pour en traiter, parce que je ne pense pas que le jeu en vaille la chandelle. »
Je vous laisse y réfléchir. Je n'essaie pas d'en faire une question politique. Je sais que vous avez avec vos commettants les mêmes conversations que nous avons avec les nôtres. Ils tiennent à ce que nous discutions des impacts d'un éventuel accord de partenariat transpacifique, qu'ils soient positifs ou négatifs. Compte tenu de ce qui s'est passé aujourd'hui, le moment est bien choisi pour discuter de façon approfondie de la direction que le partenariat transpacifique est appelé à prendre et des répercussions qui en découleront pour les agriculteurs dont nous défendons les intérêts.
Je trouve déconcertant d'entendre mes collègues soutenir ainsi que notre calendrier est déjà établi et qu'il ne faudrait pas froisser des fonctionnaires auxquels nous consacrons deux heures complètes. Je dois leur demander si ces enjeux sont vraiment importants à leurs yeux. Nous trouvons vraiment décevant que l'on veuille nous empêcher de mener cette étude.
Merci de votre patience, monsieur le président. Désolé pour ma diatribe.
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Messieurs Gray et Rosser, je vous remercie beaucoup d'être venus nous rencontrer aujourd'hui pour nous aider à mieux comprendre des enjeux aussi complexes et techniques. C'est dans des moments pareils que je regrette de ne pas avoir suivi de cours de chimie et de biologie à l'université.
Je suppose que vous avez conçu ensemble le document que vous nous avez présenté. Les principaux éléments de votre message sont résumés à la page 9. La première partie traite essentiellement des mesures que nous souhaitons prendre pour atténuer les changements climatiques. Nous voulons toutefois du même coup chercher à tirer avantage des possibilités qui pourraient en résulter. Tout cela est exprimé de façon beaucoup plus éloquente que je viens de le faire. Nous essayons de nous adapter aux changements climatiques tout en nous efforçant de les atténuer.
Vous avez traité en second lieu de l'importance d'accroître la productivité tout en réduisant la quantité des ressources utilisées. Il s'agit pour ainsi dire de produire davantage en s'assurant du même coup de ne pas accroître les émissions dans l'atmosphère, mais plutôt de contribuer à atténuer les changements climatiques.
Notre gouvernement doit agir sur deux tableaux principaux. Il y a, d'une part, les lois et règlements et, d'autre part, le financement. Sans entrer dans les détails, y a-t-il d'autres éléments particuliers, hormis ceux dont vous avez déjà traité, que nous devrions financer aux différentes fins dont j'ai parlé? Par ailleurs, nous avons reçu des témoins, à notre dernière séance ou à la précédente, qui ont fait valoir que la réglementation était peut-être un peu trop stricte, alors que d'autres nous ont dit qu'elle ne l'était peut-être pas assez.
Je vous laisse répondre tous les deux.
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Monsieur le président, je vais essayer de répondre à la question sur le financement, et je laisserai mon collègue vous parler de la réglementation.
Comme Tom l'a indiqué, nous en arrivons à la fin de notre cadre stratégique quinquennal Cultivons l'avenir 2. C'est le fruit de l'évolution de trois cadres stratégiques distincts. Il y a notamment un programme qui a permis la création de grappes industrielles pour les activités de recherche et développement dans les secteurs du lait, du boeuf, du porc et des légumineuses. Je cite seulement les grappes les plus importantes. Dans le cadre de ce processus, l'industrie peut nous faire connaître les éléments essentiels qu'elle doit mettre en place et les questions auxquelles elle doit trouver des réponses. Ce travail est complété par celui des scientifiques de notre direction générale qui interviennent plus en amont, à plus long terme, en prenant plus de risques et dans une optique plus fondamentale pour trouver des réponses aux mêmes questions. Nous collaborons avec l'industrie à cette fin.
Comme je l'indiquais précédemment, nous ne sommes pas en mesure de parler maintenant du prochain cadre stratégique. Nous allons laisser le soin à notre ministre d'en faire l'annonce et de fournir tous les détails pertinents. Je me ferai un plaisir par la suite de revenir vous voir pour vous en parler davantage.
Les producteurs agricoles et les organisations qui les représentent pourraient vous dire à quel point nous avons obtenu de bons résultats avec cette collaboration entre l'industrie et le ministère aux fins de la recherche. Grâce à la contribution de l'industrie et aux évaluations que nous avons menées à l'interne, nous avons pu évoluer à l'intérieur des différents cadres stratégiques. Je ne peux pas vous donner de détails au sujet du financement à venir, mais je peux vous dire que le cadre stratégique actuel prévoit d'importantes sommes qui vont à l'industrie, pour autant qu'elle puisse offrir un financement de contrepartie équivalent, d'abord pour les grappes les plus importantes, puis pour les projets de recherche de moins grande envergure.
Lorsqu'il sera possible pour nous de vous fournir de plus amples détails sur le Partenariat canadien pour l'agriculture, je me ferai un plaisir de le faire.
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Merci, monsieur le président.
Même si on parle beaucoup de changements climatiques et d'environnement, c'est un plaisir pour le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de vous recevoir. À mon avis, cela démontre que les dossiers peuvent parfois s'entremêler. Dans certains dossiers, c'est important d'être capable de parler aussi d'environnement devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. C'est un petit message pour mes collègues d'en face.
J'aimerais vous poser une question concernant l'élaboration de politiques, qu'il s'agisse d'une politique sur les changements climatiques, d'une politique alimentaire ou autres. Au cours des dernières semaines et des derniers mois, nous avons vu que, parfois, on élabore des politiques et, quelques semaines plus tard, on se retrouve avec des conséquences inattendues. D'ailleurs, nous l'avons vu dans le dossier de la réforme fiscale.
Quand vous élaborez une politique, par exemple la politique alimentaire, vous avez une analyse économique des effets de la politique sur les producteurs. Est-ce qu'on fait systématiquement des analyses pour savoir quels seront les effets sur les productions et sur le commerce au Canada et à l'international, notamment en raison des différences qu'il y aura entre les provinces et les pays en matière de tarification et de coûts de production?