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Je vous souhaite tous la bienvenue à notre réunion.
J'aimerais également souhaiter la bienvenue à nos témoins. Aujourd'hui, nous accueillons Mme Anne Fowlie, vice-présidente exécutive du Conseil canadien de l'horticulture, et M. Peter Kevan, professeur émérite, École des sciences de l'environnement, Collège d'agriculture de l'Ontario, Université de Guelph.
Nous accueillons également, par téléconférence — malheureusement, nous n'avons pas l'image —, M. Chris Cutler, professeur agrégé, Département des sciences de l'environnement, Université Dalhousie. Enfin, nous accueillons, par téléconférence du comté de Red Deer, en Alberta, M. Kevin Nixon, président du Conseil canadien du miel.
Je vous souhaite la bienvenue à notre réunion sur les abeilles — pas sur les oiseaux et les abeilles, seulement sur les abeilles.
Nous entendrons d'abord M. Chris Cutler.
Vous avez 10 minutes pour vous présenter et nous parler des abeilles. Merci.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité, de m'avoir invité à comparaître. J'en suis très heureux, et c'est un honneur.
Il y a deux ans, M. Kevan et moi-même avons comparu devant le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts pour parler de l'importance des abeilles et de leur santé dans le contexte de la production de miel et de nourriture au Canada. Je suis heureux de voir que ce sujet est toujours d'actualité et que ces travaux sont en cours.
Je ne sais pas exactement quels renseignements vous souhaitez obtenir, et je vais donc tenter d'aborder plusieurs notions. Je n'utiliserai probablement pas les 10 minutes.
Pour vous parler un peu de mes antécédents personnels, je suis professeur agrégé à l'Université Dalhousie. Comme vous l'avez entendu, je travaille à la faculté d'agriculture, qui se trouve à Truro, une ville située à environ une heure au nord d'Halifax. Je suis spécialisé en entomologie, c'est-à-dire que je travaille avec les insectes. J'étudie beaucoup d'aspects chez les insectes, notamment l'écologie de base et le contrôle et le comportement biologiques, et je travaille beaucoup avec les abeilles. Je m'intéresse particulièrement à l'écotoxicologie chez les insectes, un domaine qui examine essentiellement les effets des poisons sur les insectes, surtout dans un contexte agricole; il est surtout question des pesticides. Cela comprend des études sur les dangers et les risques que posent certains pesticides pour les pollinisateurs, y compris certains de ceux dont vous avez sûrement entendu parler, par exemple les insecticides à base de néonicotinoïde, qui sont largement utilisés et qui font l'objet d'un débat.
J'aimerais tout d'abord formuler quelques commentaires liés à l'importance des abeilles en général. Je suis sûr que d'autres témoins vous en parleront également. La majorité des angiospermes, ou plantes à fleurs, qu'on retrouve dans la nature comptent sur la pollinisation par les pollinisateurs et la plupart de ces pollinisateurs sont des abeilles. Environ trois quarts des cultures vivrières dont nous dépendons ont également besoin des abeilles. Le quart des cultures que nous consommons pour satisfaire nos besoins nutritionnels dépendent des abeilles. De nombreuses cultures nécessitent la présence des abeilles, mais ces cultures ne fournissent pas nos calories réelles. La pollinisation dans le domaine agricole représente une valeur très élevée au Canada, à savoir environ 1 milliard de dollars. Ce montant est probablement 15 fois plus élevé aux États-Unis. À l'échelle mondiale, c'est un montant énorme. En effet, on estime qu'il atteint des centaines de billions de dollars.
Pendant des années et plus récemment, nous avons entendu parler des difficultés éprouvées par les pollinisateurs, surtout les abeilles à miel et les abeilles sauvages. Ces problèmes ont été bien documentés. Nous entendons beaucoup parler des abeilles à miel, mais pas autant des abeilles sauvages. Elles représentent un grand nombre d'organismes. En effet, il y a environ 20 000 espèces d'abeilles sauvages sur la planète. Au Canada, nous avons près de 1 000 espèces d'abeilles sauvages, et elles sont également très importantes pour la pollinisation de nos cultures. Les médias et les scientifiques ont beaucoup parlé des différents facteurs qui ont une incidence sur la santé des abeilles à miel. Un grand nombre de ces facteurs ont également des répercussions sur les abeilles sauvages.
La destruction de leur habitat est l'une des causes principales, je crois, des problèmes auxquels semblent faire face un grand nombre d'organismes sur notre planète. Je pense qu'il s'agisse d'un ours polaire dans l'Arctique ou d'une grenouille dans l'Amazone, la destruction de l'habitat a des répercussions sur les sites de nidification et les aliments dont ils se nourrissent, et ce sont des éléments extrêmement importants. De plus, l'urbanisation et l'agriculture peuvent créer des déserts écologiques qui peuvent nuire grandement aux pollinisateurs.
Cela dit, une grande partie des activités agricoles rendent manifestement service aux abeilles et aux pollinisateurs. Je crois qu'on l'oublie souvent. De nombreux parasites et maladies affectent les abeilles domestiques et les abeilles sauvages. Nous pouvons en parler davantage et je pourrais également parler d'autres problèmes, par exemple le varroa et la nosémose.
Au Canada, les conditions météorologiques représentent un facteur très important pour les abeilles. En effet, c'est un très gros problème pour les abeilles à miel hivernantes. Manifestement, les pesticides représentent également une préoccupation dans certains cas. Il est important de ne pas oublier que nous ne parlons pas seulement des pesticides utilisés par les agriculteurs, mais également des pesticides utilisés par les apiculteurs eux-mêmes. Comme je l'ai mentionné, certains organismes nuisibles et parasites nuisent à l'apiculture, et les apiculteurs doivent tenter de les contrôler.
J'aimerais soulever deux ou trois autres points. C'est une très bonne chose que des comités discutent de ces problèmes et les examinent, mais ce ne sont pas de nouveaux problèmes. Nous savons depuis des décennies qu'il y a des problèmes liés aux abeilles à miel dans de nombreuses régions du monde. Il est vrai que ces problèmes semblent s'amplifier dernièrement, mais ils durent depuis de nombreuses années.
Nous savons également depuis des années que le nombre d'abeilles sauvages diminue. Les médias en ont abondamment parlé, mais on peut trouver des documents qui remontent à des décennies et qui parlent des changements dans la distribution et du déclin de certaines populations d'abeilles sauvages. Il est important de ne pas généraliser en disant que toutes les populations d'abeilles diminuent et que toutes les abeilles sont en train de mourir. La situation varie énormément. Même au Canada, la situation de la santé des abeilles à miel varie d'une province à l'autre et d'une année à l'autre.
L'autre point que j'aimerais aborder, c'est qu'il existe 20 000 espèces d'abeilles sauvages sur la planète. Pour un grand nombre de ces espèces, nous ne connaissons pratiquement rien sur la dynamique de leur population, la distribution des communautés à long terme et leur prévalence. Nous avons de bonnes connaissances sur certaines espèces, par exemple les bourdons, qui sont gros et poilus et qui ont tendance à être bien étudiés, mais nous manquons de données de base sur un grand nombre d'espèces d'abeilles existantes. Il s'agit donc d'un autre message sur la nécessité d'être prudent lorsqu'on généralise à l'égard du déclin de toutes les espèces d'abeilles. À mon avis, il nous manque beaucoup de données. Il nous faut beaucoup plus de données sur le sujet.
Je crois que de nombreuses recherches pertinentes sont en cours. J'ai beaucoup profité d'initiatives telles l'Initiative de pollinisation canadienne menée par M. Kevan. Je crois que c'était une excellente initiative, et selon moi, nous devons lancer un plus grand nombre de ces initiatives à long terme et à portée générale partout au pays.
Je crois aussi qu'il faut accomplir beaucoup plus de travail dans le domaine de la diffusion des connaissances apicoles. Je crois que la question de l'éducation doit être abordée chez les apiculteurs. Nous avons d'excellents apiculteurs, mais un grand nombre de nouveaux apiculteurs se lancent également en affaires, et l'apiculture est un domaine difficile. J'ai mes propres abeilles. Je peux installer toutes mes ruches au même endroit, mais la moitié des abeilles survivront et l'autre moitié mourront, sans que je puisse comprendre pourquoi. Dans les provinces atlantiques, les trois provinces maritimes ont mis sur pied une équipe de transfert des connaissances en matière d'apiculture et ont créé deux nouveaux postes, tout en faisant appel à des intervenants consultatifs, des gouvernements provinciaux, des producteurs de l'industrie apicole et des universitaires. Les membres de tous ces groupes — et j'en fais partie — croient fermement que les travaux de diffusion des connaissances menés par les apiculteurs sont extrêmement importants pour améliorer la santé des abeilles à miel partout au pays.
Je vais m'arrêter ici. Si vous avez des questions, je serai heureux d'y répondre.
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D’accord. Ce n’est pas un problème. Je vais vous présenter mon exposé et je tenterai d’être bref.
Je vais d’abord vous parler un peu de moi. Je suis apiculteur depuis 20 ans. Certains pensent que je suis jeune. Je parais peut-être plus jeune que je ne le suis, mais j’ai commencé ma carrière à l’âge de 16 ans, et j’en ai aujourd’hui 36. Je travaille à la production de miel et fournis aussi des abeilles à l’industrie de semences de canola hybride pour la pollinisation.
De nos jours, les fermes apicoles sont des exploitations de grande ampleur. Peu de gens en sont conscients. Nous investissons autant de capitaux dans nos exploitations que certaines fermes bovines et céréalières. Beaucoup de gens n’arrivent pas à croire que je gagne ma vie comme apiculteur; ils s’imaginent que je dois faire autre chose. Mais, il est possible de faire de l’apiculture à grande échelle. Les gens ne semblent pas le comprendre.
Comme nous le savons tous, les abeilles domestiques et leur santé ont beaucoup fait les manchettes au cours des dernières années. Malheureusement, les médias ne parlent pas de tous les facteurs qui influent sur la santé des abeilles. Ils se limitent à parler des pesticides. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, si vous voulez mon avis. De nombreux facteurs influent sur la santé des abeilles. J’aimerais vous parler de quelques-uns de ces facteurs, car il reste encore beaucoup de travail à faire. Des efforts ont déjà été faits, ce qui est très bien.
Parmi les principaux facteurs ayant une incidence sur la santé des abeilles, on trouve les insectes nuisibles et les maladies, l’habitat, l’alimentation, les pesticides, évidemment, la température et le climat.
Parlons d’abord des insectes nuisibles et des maladies. La plupart des apiculteurs au pays conviennent que le varroa est le problème le plus important avec lequel ils doivent composer. Les mesures de contrôle actuelles permettent de contrôler ce parasite qui vit sur les abeilles domestiques. La taille de votre poing appuyé sur votre poitrine représente la taille du varroa sur une abeille. Ce n’est pas rien. Le varroa s’accroche à l’abeille et se nourrit de son hémolymphe, le sang de l’abeille. Ce parasite est agressif lorsqu’il réussit à s’agripper, et peut répandre des virus. Ces virus sont tout aussi dévastateurs, sinon plus, que le varroa lui-même, car il faut plus de temps pour éliminer les virus. S’ils ne sont pas contrôlés, le varroa et les virus peuvent détruire très rapidement une exploitation apicole.
L’industrie est d’avis que nous ne disposons pas de suffisamment de produits de protection efficaces pour être viables. Nous utilisons un produit jusqu’à ce que les insectes nuisibles commencent à présenter des signes de résistance à celui-ci. On cherche alors frénétiquement une solution de rechange. À notre avis, nous approchons de la fin de la période d’efficacité du produit que nous utilisons en ce moment et, pour l’heure, nous n’avons rien pour le remplacer. Seulement quelques produits sont examinés, mais il n’existe aucune solution miracle. C’est très frustrant pour les apiculteurs qui investissent des millions de dollars dans leur élevage. Le milieu de la recherche n’arrive pas à trouver de solutions ou attend à la dernière minute avant de faire des recherches.
Il existe d’autres insectes nuisibles et maladies, que je ne vous les décrirai pas ici, mais qu’il est essentiel de contrôler. Il ne faut pas les oublier.
L’habitat et l’alimentation sont des besoins importants pour les abeilles et ont été reconnus comme étant des facteurs très importants au cours des dernières années. Tout comme l’humain, lorsque les abeilles ont une alimentation bien équilibrée, elles sont en meilleure santé et sont plus aptes à lutter contre la maladie, puisque leur système immunitaire n’est pas affaibli. La supplémentation des abeilles est devenue une des plus importantes dépenses des exploitations apicoles. À certaines périodes de l’année, dans toutes les régions du pays, les apiculteurs doivent nourrir leurs abeilles. Toutefois, nous devons les nourrir plus souvent qu’autrefois.
Trois facteurs expliquent cette tendance. Les pratiques agricoles et de culture ont changé. La température et le climat pourraient jouer un rôle dans cette supplémentation accrue. L’agriculture est plus efficace et propre qu’avant. Il y a plusieurs années, dans les champs, on trouvait de la mauvaise herbe, une excellente source de nourriture pour les abeilles. La machinerie agricole utilisée de nos jours est plus imposante et efficace. Par exemple, la récolte de la luzerne, qui prenait autrefois trois ou quatre jours, se fait aujourd’hui en une demi-journée. Il y a aussi beaucoup de monocultures, ce qui modifie la composition du sol. Beaucoup d’arbres protecteurs et de haies sont coupés pour accroître la superficie cultivable et les arroseurs géants peuvent maintenant atteindre les coins des champs qui auparavant étaient laissés au pâturage naturel, dans certains cas.
La végétation a aussi changé dans les espaces naturels administrés par les municipalités. La composition naturelle du sol n’est plus aussi diversifiée qu’auparavant. Bon nombre de municipalités et de pays pratiquent la gestion de la végétation pour contrôler les mauvaises herbes. Malheureusement, ce faisant, ils éliminent beaucoup de fleurs qui peuvent être bénéfiques pour les abeilles.
Nous savons que les pesticides sont conçus pour contrôler les insectes nuisibles. Il est vrai que certains pesticides peuvent être toxiques pour les abeilles domestiques, mais il existe aussi de nombreux pesticides qui sont sécuritaires. On peut diminuer la plupart des risques en utilisant les produits de manière responsable et en respectant les directives sur les étiquettes.
Après que plusieurs apiculteurs aient pointé vers l’utilisation de néonécotinoïdes pour expliquer les lourdes pertes hivernales au sein de leurs colonies, le gouvernement de l’Ontario a pris des mesures pour limiter l’utilisation de ces insecticides.
En 2012, l’Ontario a connu les pertes hivernales les moins lourdes au pays. Toutefois, les trois années suivantes ont été désastreuses. Fait intéressant, selon tous les rapports publiés jusqu’à maintenant, cette année, l’Ontario et le Québec présentent les pertes hivernales les moins lourdes au pays, et l’entrée en vigueur de ces nouveaux règlements ne fait que commencer. Cela démontre que plusieurs facteurs influent sur la santé des abeilles.
La valeur du miel joue aussi un rôle dans la santé des abeilles au Canada. Lorsque les choses vont bien, les apiculteurs peuvent investir dans leur élevage. Lorsque les choses vont moins bien, c’est plus difficile. Au cours des 15 derniers mois, le prix du miel a chuté de plus de 50 %; certains apiculteurs n’ont pas encore écoulé leurs réserves de l’an dernier. Pendant ce temps, on importe du miel des États-Unis, notre plus grand consommateur, ainsi que de l’Inde, du Myanmar, de la Thaïlande, de l’Espagne et du Vietnam, tous des pays que nous soupçonnons de vendre du miel réexpédié ou falsifié en provenance de la Chine.
Nous devons plus que jamais nous préoccuper de la santé des abeilles. Les abeilles sont transportées d’un bout à l’autre du pays pour la pollinisation des champs et nous importons des stocks d’autres pays. De nombreux programmes de surveillance ont été mis en place dans les provinces. Toutefois, la collecte d’information n’est pas uniforme et les données recueillies ne peuvent donc pas être reconnues pour le commerce international ou les évaluations de risque, notamment.
En collaboration avec l’Alberta Beekeepers’ Commission, la Manitoba Beekepers’ Association a mis sur pied un projet visant la création d’une base de données nationale sur la santé des abeilles. Des données sont recueillies depuis maintenant trois ans et, d’ici la fin de la prochaine année, des échantillons de partout au pays auront été analysés. Ces efforts sont menés par le nouveau National Bee Diagnostic Centre situé à Beaverlodge, en Alberta.
Le National Bee Diagnostic Centre s’est avéré, lui aussi, un outil important pour l’industrie. Les apiculteurs peuvent lui envoyer des échantillons aux fins d’analyse pour faire évaluer la santé de leurs abeilles comparativement aux échantillons déjà recueillis. J’ai moi-même eu recours aux services de ce laboratoire et je participe au programme de recherche en cours.
Soit dit en passant, les rapports en temps réel fournis par le laboratoire sont très intéressants, car le laboratoire effectue des analyses de réaction en chaîne par polymérase et arrive à découvrir des virus dont les symptômes physiques ne sont pas visibles dans les ruches. Nous savons qu’ils sont là, cachés, et peut-être que nous n’arriverons jamais à nous en débarrasser. Nous devons faire très attention et être très attentifs afin de remarquer ces symptômes en espérant ne plus les voir.
Cet hiver, le Conseil canadien du miel a publié un nouveau guide à l’intention des producteurs portant sur le programme national de biosécurité des abeilles et la salubrité alimentaire à la ferme. Nous espérons que ce guide sera utile aux producteurs.
Certaines provinces disposent d’équipes de transfert de la technologie et d’autres provinces travaillent à mettre de telles équipes sur pied, comme nous l’a appris le témoin précédent.
Dans les Maritimes, l’industrie apicole est en bonne position grâce à la croissance de l’industrie du bleuet. D’ailleurs, l’industrie apicole aura de la difficulté à satisfaire à la demande. De plus, il y aura des problèmes de santé à gérer pour les abeilles, car ces activités de pollinisation à grande échelle attirent toujours beaucoup d’insectes nuisibles et sont propices à la propagation de maladies.
La table ronde sur la santé des abeilles a été importante pour notre industrie, car elle a facilité la collaboration entre les divers intervenants et permis les échanges sur la santé des abeilles dans le but de trouver des solutions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous dans le cadre de votre étude portant sur le suivi de la santé des abeilles au Canada. Le Conseil canadien de l'horticulture n'en est pas à sa première comparution au Comité et, comme toujours, nous sommes reconnaissants d'avoir l'occasion de témoigner devant vous, non seulement pour traiter de préoccupations, mais aussi pour souligner les réussites dans ce secteur.
Dans le passé, nous sommes venus vous parler d'enjeux comme l'innovation; l'importance du Programme d'innovation en agriculture, qui favorise la réussite des grappes scientifiques; le projet de loi , Loi sur la croissance dans le secteur agricole, notamment les dispositions de la Loi sur la protection des obtentions végétales, qui sont d'une grande importance pour nous; enfin, diverses questions liées à la concurrence.
Plus tôt ce mois-ci, j'ai eu l'occasion de comparaître devant vous pour discuter de la Perishable Agricultural Commodities Act et de l'urgent besoin d'offrir des outils d'atténuation des risques financiers adéquats aux producteurs canadiens de fruits et légumes frais. Nous vous sommes reconnaissants du travail que vous faites et des questions des plus pertinentes que vous ne manquez jamais de nous poser.
Nous représentons des producteurs, des expéditeurs et des conditionneurs de partout au Canada dont l'activité principale est liée à la production et au conditionnement de plus de 100 cultures de fruits et légumes, de l'abricot au zucchini. Je le précise simplement parce que les gens me font souvent remarquer que je dois avoir de vastes connaissances sur les fleurs. Ce n'est pas le cas. Je me fais toujours un point d'honneur de préciser que nous sommes des spécialistes des fruits et légumes.
Notre énoncé de mission active met l'accent sur quatre mots clés: innovation, rentabilité, durabilité et générations. Le Conseil défend les intérêts de ses membres dans divers dossiers importants, tels que la protection des cultures, l'accès à une main-d'oeuvre agricole suffisante en tout temps, la salubrité et la traçabilité des aliments, l'accès équitable aux marchés, la recherche et l'innovation. Notre mission est de garantir aux générations futures un secteur horticole plus novateur, rentable et viable.
J'ai mentionné les réussites, et nous détenons à cet égard un excellent bilan, notamment en ce qui concerne le Programme des travailleurs agricoles saisonniers, établi il y a 50 ans grâce à la vision et au leadership de l'époque. Le gouvernement du Canada et le CCH étaient signataires des premiers accords bilatéraux avec les pays des Caraïbes; aujourd'hui, près de 20 000 travailleurs viennent travailler dans les fermes horticoles du Canada pendant la saison.
Nous avons également participé à l'élaboration et à la mise en oeuvre du programme CanadaGAP, un programme de salubrité des aliments à la ferme pour les fruits et légumes cultivés au Canada. Il s'agissait du premier programme d'innocuité alimentaire établi en fonction de l'Initiative mondiale pour la sécurité alimentaire. Nous participons activement à diverses tables rondes de la chaîne de valeur, dont la table ronde sur la santé des abeilles.
Notre industrie est l'une des plus importantes du secteur agroalimentaire canadien et notre objectif est d'assurer la croissance continue du secteur. Aujourd'hui, les ventes à la ferme, la transformation, la chaîne d'approvisionnement et les impacts induits représentent une contribution de plus de 11,4 milliards de dollars au PIB réel du pays. Notre industrie joue un rôle essentiel dans la prospérité économique générale du Canada et dans la santé et le bien-être des Canadiens.
Je vais maintenant passer au sujet à l'étude, la santé des abeilles. Tout le monde sait que l'industrie agricole dépend largement des produits de protection des cultures et des pollinisateurs comme les abeilles. Le secteur horticole est un modèle exemplaire de coexistence réussie entre agriculteurs, producteurs et pollinisateurs résistants. Cette coexistence est absolument nécessaire: sans abeilles, pas d'aliments et, inversement, sans produits de gestion des cultures, pas d'aliments non plus. Les pommes, les bleuets et les cerises sont autant d'exemples frappants de cet état de choses. L'industrie du bleuet, par exemple, dépend fortement de la pollinisation. L'un de nos membres, M. Gary Brown, qui est gestionnaire du soutien technique pour le bleuet au sein de la société Oxford Frozen Foods, de la Nouvelle-Écosse, a indiqué que l'entreprise compte en moyenne 100 millions de fleurs par acre. Donc, les abeilles jouent un rôle essentiel dans la pollinisation de cette culture. Lorsqu'on pense que chaque baie et chaque pomme résultent directement de l'activité des pollinisateurs; on peut donc dire que les abeilles sont très actives.
Je ne suis pas une scientifique; ce n'est donc pas à ce titre que je témoigne au Comité. D'autres témoins pourront certainement mieux vous renseigner que moi sur cet aspect. Le Conseil canadien de l'horticulture croit fermement à l'adoption d'une approche scientifique à l'égard d'enjeux comme la santé des abeilles. Nous nous appuyons sur la recherche, l'innovation et un cadre réglementaire favorable pour proposer de nouvelles technologies et de nouvelles compositions chimiques.
Les pollinisateurs contribuent pour beaucoup à la réussite agricole au Canada; le secteur horticole canadien illustre bien la coexistence harmonieuse pouvant s’installer entre producteurs, abeilles et pratiques de production. Comme l'ont indiqué les témoins précédents, on observe heureusement une augmentation importante du nombre de ruches ces dernières années et, selon les données de Statistique Canada, il n'y en a jamais eu autant. En 2014, le Canada comptait plus de 8 000 apiculteurs et plus de 600 000 ruches. Cela représente une augmentation importante par rapport au nombre de ruches recensé en 2000.
Les récents cas de déclin des colonies d'abeilles et des populations d'autres insectes pollinisateurs au Canada ont suscité un grand intérêt dans la communauté scientifique et dans la population. Même si un certain nombre de facteurs sont perçus comme étant des causes potentielles, aucun facteur unique n'a été déterminé comme étant la cause principale de ces déclins. Il est cependant juste de dire que notre climat nordique et nos hivers rigoureux pourraient être les principaux facteurs d'influence sur la survie des abeilles.
Les semences traitées aux insecticides sont utilisées depuis environ une décennie. Les agriculteurs y ont recours parce qu'elles offrent une protection précieuse des cultures aux premiers stades de développement, ce qui permet d'avoir des plants plus sains et une production accrue. Cela réduit également la nécessité de pulvériser un insecticide dans les champs afin de lutter contre les ravageurs des végétaux. L'utilisation de semences traitées aux insecticides réduit la quantité d'insecticide et offre une protection ciblée des cultures contre les insectes, en plus de réduire le risque d'exposition des organismes non ciblés.
On accorde évidemment une grande attention aux néonicotinoïdes, qui sont devenus, dans le secteur de l'horticulture, un important outil de lutte antiparasitaire, notamment dans le cadre de programmes de lutte antiparasitaire intégrée, car ils constituent un moyen efficace de contrôler les insectes et les ravageurs pendant la saison de production.
Les experts reconnaissent que la santé à long terme des insectes pollinisateurs suscite des préoccupations ces dernières années, tant au Canada qu'ailleurs dans le monde. Les spécialistes des abeilles, au Canada et ailleurs, conviennent que les principaux agents stressants pour les abeilles sont les parasites, la maladie, l'alimentation inadéquate et les conditions météorologiques. La communauté scientifique internationale cherche actuellement à déterminer et à caractériser l'incidence de chacun de ces facteurs.
Les abeilles et les pesticides jouent tous les deux un rôle essentiel en agriculture, les premières pollinisant de nombreuses cultures importantes, les seconds protégeant les cultures contre les parasites, les maladies et les dommages. Les acteurs de l'industrie des sciences sont déterminés à faire en sorte que l'agriculture et les abeilles puissent coexister et prospérer. Cette coexistence est possible, et elle passe par une communication accrue. Nous avons entendu parler de certaines initiatives qui ont été lancées; elles sont positives et suscitent un grand enthousiasme.
Les problèmes liés à la santé des populations d'abeilles domestiquées ne sont pas uniques à une province ou à des provinces. En effet, les apiculteurs d'autres régions du monde — aux États-Unis et en Europe, notamment — ont été confrontés à ces mêmes problèmes. L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada collabore avec diverses organisations, dont l'Environmental Protection Agency, des États-Unis, ainsi qu'avec ses homologues en Europe et ailleurs pour étudier les effets, et pour comprendre et évaluer les répercussions des pesticides sur les pollinisateurs.
L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire collabore également, comme nous l'avons entendu, avec Agriculture et Agroalimentaire Canada, les gouvernements provinciaux, les producteurs de grains, les agriculteurs et l'industrie des pesticides pour étudier les autres options possibles pour la protection des abeilles, y compris les solutions liées à d'autres insectes pollinisateurs et à l'environnement, tout en permettant l'utilisation continue du traitement des semences pour le maïs et le soya. En fait, un récent rapport de l'ARLA sur le traitement des semences a révélé que cette catégorie de produits ne représente aucun risque pour la santé des abeilles.
De toute évidence, la santé des pollinisateurs représente un problème complexe, influencé par de multiples facteurs. Lorsqu'on se concentre uniquement sur les pesticides, on perd de vue l'incidence potentielle d'autres facteurs contributifs. Les agriculteurs sont conscients du rôle essentiel joué par les pollinisateurs dans la santé des cultures. Plus de la moitié des colonies d'abeilles au Canada participent chaque année à la pollinisation du canola, et la production de certaines cultures clés — dont beaucoup de cultures horticoles — ne saurait se poursuivre sans les pollinisateurs. De nombreux organismes ont collaboré à l'élaboration de pratiques de gestion exemplaires, des solutions réalistes offertes aux producteurs pour favoriser la protection des pollinisateurs pendant la saison des semailles, au printemps.
En août 2013, un article en vedette du magazine Time traitait du rôle essentiel des abeilles domestiques et d'autres pollinisateurs à l'aide d'exemples concrets tirés de la vie quotidienne: vous pouvez remercier les abeilles domestiques pour le tiers des aliments que vous consommerez aujourd'hui. Les producteurs horticoles canadiens savent que les produits antiparasitaires et les pollinisateurs sont tous les deux nécessaires. La perte de l'un ou l'autre aurait des conséquences catastrophiques, non seulement pour le secteur, mais aussi pour les consommateurs.
Certains de nos membres comptent parmi les plus importants clients des apiculteurs commerciaux au pays. Le manque d'abeilles pour la pollinisation constitue d'ailleurs un des problèmes les plus criants, notamment en horticulture. Une chose est claire: les agriculteurs, les producteurs horticoles et les autres intervenants travaillent ensemble à trouver une solution juste et raisonnable qui satisfait aux besoins et protège les intérêts de toutes les parties intéressées. Notre secteur est déterminé à y trouver une telle solution.
Pour terminer, je précise que des possibilités de croissance s'offrent aux producteurs et aux apiculteurs. Le nombre de colonies continue d'augmenter et il en va de même pour la demande de notre industrie. Il est donc essentiel d'avoir une industrie saine, et nous semblons y arriver, collectivement.
Je ne doute pas que l'engagement respectif des producteurs et apiculteurs, ainsi que celui d'autres intervenants concernés, permette de tirer parti de ces occasions tandis que nous nous concentrons collectivement, dans un esprit de collaboration, sur des stratégies concrètes visant la croissance de nos industries
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aussi de votre accueil lorsque je vous ai rendu visite. Ce fut un plaisir de discuter avec vous, et c'est un honneur d'avoir l'occasion de témoigner officiellement au Comité.
Permettez-moi de commencer par vous donner un aperçu de mon expérience. Les gens ont très souvent tendance à penser que les professeurs intellectuels n'ont pas une grande expérience du côté pratique des choses. Je suis l'un des membres fondateurs de la Pikes Peak Beekeepers Association, au Colorado, et j'en suis toujours membre. J'ai enseigné l'art de l'apiculture à beaucoup de gens, là-bas.
J'assure actuellement la présidence de l'International Commission for Plant-Pollinator Relationships, un groupe de travail spécial sur la santé des abeilles dont la prochaine réunion aura lieu à Séville, en Espagne, en 2017. La commission relève de l'Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes, à laquelle elle offre des conseils sur la protection et la surveillance des populations d'abeilles et la surveillance des pollinisateurs, en particulier en Europe.
J'ai aussi été le directeur scientifique de l'Initiative de pollinisation canadienne, un réseau stratégique du CRSNG qui a réussi à recueillir 5 millions de dollars sur cinq ans. L'initiative s'est déroulée de 2009 à 2016, environ. Plus récemment, j'ai participé à la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, qui présentera bientôt un important rapport sur le programme de pollinisation et les pollinisateurs.
J'ai un vaste intérêt pour les questions liées à la pollinisation et l'apiculture. J'ai donné un cours d'introduction à l'apiculture à l'Université de Guelph pendant environ 25 ans.
Divers aspects de l'apiculture doivent faire l'objet d'une surveillance. Mon exposé et la documentation que j'ai fait parvenir au greffier se limitent aux besoins à cet égard. Comme l'ont indiqué les autres témoins, nous devons favoriser la santé des abeilles.
Nous avons entendu que le Canada ne semble pas touché par les problèmes qu'on observe à l'échelle internationale et qui font les manchettes des médias. Les organismes internationaux indiquent également que le secteur nord-américain de l'apiculture est en déclin. Nous avons entendu — et c'est tout à fait exact — que le secteur apicole canadien est en assez bonne santé et que les pertes hivernales au cours de la dernière année... Avant de venir témoigner au Comité aujourd'hui, j'ai discuté des pertes au Canada avec M. Rod Scarlett, du Conseil canadien du miel. Il a indiqué que les pertes sont moins importantes qu'auparavant au Québec et en Ontario, même si elles sont demeurées élevées en Ontario, en particulier l'an dernier. En Alberta, elles sont un peu plus élevées qu'on l'aurait souhaité, mais la situation demeure gérable. C'est important.
Les enjeux liés à la surveillance des maladies et des organismes nuisibles qui affectent les abeilles sont évidemment importants; l'Association canadienne des professionnels de l'apiculture et les apiculteurs provinciaux de partout au pays font un travail formidable à cet égard. Ces activités sont très bien gérées. Comme nous l'avons entendu, il serait probablement nécessaire d'avoir une meilleure harmonisation entre les provinces. Cela nous permettrait de faire une meilleure comparaison et d'acquérir ainsi une compréhension des différences régionales quant aux problèmes qu'on observe au pays.
La surveillance et la documentation de l'incidence des pesticides sur l'apiculture comportent d'importantes lacunes. Les problèmes liés aux néonicotinoïdes ont de toute évidence entraîné des désaccords profonds qui se sont notamment manifestés à la table ronde: la situation a été occultée par des opinions exprimées de manière émotive et appuyées par certains faits, certaines anecdotes et certaines faussetés. Malheureusement, nous n'avons pas un portrait adéquat du véritable problème en raison de la façon dont les choses se déroulent. Chacun a ses propres intérêts dans ce dossier. Nous connaissons ces intérêts — tout à fait légitimes —, mais il doit y avoir un certain équilibre, ce qui semble faire défaut actuellement. On s'en rapproche peut-être. Je n'ai pas participé à cette table ronde depuis un certain temps.
Les problèmes liés à l'agriculture intensive, dont nous avons entendu parler, sont certainement importants. Cela englobe l'utilisation de produits agrochimiques. On ne parle donc pas seulement des insecticides, mais aussi de l'utilisation des herbicides et des enjeux liés aux cultures génétiquement modifiées.
Pour ce qui est des cultures résistantes aux herbicides, comme les cultures Roundup Ready, l'idée est bonne, mais le problème c'est qu'il ne reste plus du tout de mauvaises herbes dans les champs. Nous connaissons l'importance des mauvaises herbes pour les abeilles et l'apiculture. Les champs très propres ne favorisent pas la santé des abeilles, sauf pendant la floraison de la culture. En dehors de cette période, il n'y a pas de nourriture pour les abeilles sauvages ou domestiques, ce qui fait problème.
Il y a une chose dont on entend parler entre autres et que les statistiques du Conseil canadien du miel et de l'Association canadienne des professionnels de l'apiculture font ressortir, et il s'agit des trois causes des pertes hivernales. Une des causes importantes de ces pertes est la famine. C'est un problème de gestion. Encore une fois, nous devons probablement examiner certains problèmes de gestion. La question a été soulevée notamment dans les commentaires concernant le besoin de diffuser davantage les connaissances. Dans les Maritimes, on est justement en train de créer des équipes de transfert de technologie. Nous pouvons nous attendre à une plus grande harmonisation dans ce domaine, particulièrement grâce à l'Association canadienne des professionnels de l'apiculture.
Encore une fois, nous devons vraiment surveiller les pratiques de gestion de manière systématique, afin d'établir des comparaisons entre les régions du Canada et d'essayer de comprendre ce qui peut être fait ici ou là. J'ai demandé à des personnes comme David Hackenberg aux États-Unis et à des collègues américains: « Pourquoi ne vous adressez-vous pas à nous, dans le Nord, qui ne connaissons pas ces problèmes? » Ils me répondent: « Je ne sais pas. » Quand je dis cela, on me regarde comme si je venais d'une autre planète.
Les Mexicains n'ont pas non plus de problèmes avec l'apiculture, mais ils ont un tout autre problème, parce qu'on y trouve aussi des abeilles africanisées, ou abeilles meurtrières.
L'alimentation des abeilles explique en partie leur famine. Comme l'a dit un des autres témoins, nous devons de plus en plus donner aux abeilles des substituts de pollen, des suppléments et des sirops de sucre pour les nourrir, les aider à traverser l'hiver et leur donner des forces, particulièrement à la fin de l'hiver, alors que leur population s'accroît, qu'il y a encore de la neige sur le sol, et qu'il n'y a donc rien à manger. Il faut les nourrir durant cette période de l'année ou à l'automne, en préparation du long hiver.
Mon expérience m'a permis de constater — et je suis sûr que ce que je vais dire ne sera pas populaire — que l'industrie de l'apiculture est plutôt conservatrice et fermée. Dans l'ensemble, le matériel utilisé en apiculture n'a pas changé depuis environ 150 ans, du moins sur le terrain. Nous utilisons encore de l'équipement qui a été conçu par Lorenzo Langstroth il y a environ 150 ans et que nous avons légèrement adapté. Je pense qu'il y a de nouvelles approches que nous pourrions ou que nous devrions suivre.
L'autre problème que j'ai observé, grâce à mon engagement international concernant la pollinisation et les abeilles, c'est que le Canada n'est plus en contact avec la communauté internationale depuis un peu plus d'une décennie, sauf par l'entremise des universitaires dans une large mesure, et des apiculteurs provinciaux et de l'Association canadienne des professionnels de l'apiculture dans une moindre mesure. Je pense vraiment qu'il est important que les apiculteurs canadiens apprennent à mieux connaître le programme européen COLOSS créé en Suisse. Peut-être que le programme électoral des libéraux et les rapports du Sénat de 2013 à 2015 nous y mèneront.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Je suis heureux de répondre à votre question, Lloyd.
Je crois qu'il existe de nombreuses possibilités, et j'ai remarqué au fil des ans, en particulier pour ce qui est des questions entourant la pollinisation en agriculture et la pollinisation en général, que le Canada ne s'est pas vraiment manifesté sauf avec l'Initiative de pollinisation canadienne. Nous avons été chanceux, et je pense que c'était une erreur typographique. On nous avait encouragés à obtenir de l'industrie un financement égal à celui du CRSNG, ou l'on nous avait recommandé de le faire. Ce n'était pas obligatoire. Quelqu'un avait dû faire une faute de frappe, mais, bien entendu, le CRSNG était dès lors obligé de dire que c'était une « recommandation ».
Nous avions obtenu beaucoup de financement de l'extérieur, mais pas des grandes industries. Certes, l'un des obstacles à l'intervention du Canada en matière de pollinisation apicole et à la participation du secteur horticole est en fait le manque d'intérêt que revêtent la pollinisation et l'apiculture étant donné que l'apiculture n'est pas une entreprise très prospère. On n'y fait pas beaucoup d'argent. Dans le secteur horticole, on fait en moyenne sept fois plus d'argent que chez les apiculteurs, mais il ne faut pas oublier que les abeilles sont essentielles à la croissance des cultures.
Il y a un problème du fait que certaines évaluations économiques n'ont pas été faites, et je pense qu'on pourrait encourager de telles démarches. Ensuite, il y aurait certainement la participation au développement international. Je ne parle pas de l'ancien modèle CRDI-ACDI, mais plutôt du milieu international. Les nouveaux accords commerciaux vont avoir un impact sur l'apiculture et l'agriculture, en partie à cause des questions liées à la réglementation qui découleront de ces accords. Je pense que nous devons nous engager à l'échelle internationale pour savoir ce qui se passe dans les autres pays.
J'étais le seul Canadien au groupe d'experts intergouvernemental. Je n'ai obtenu aucune subvention provinciale ou fédérale pour y participer. J'ai dû trouver mon propre financement. L'Université de Guelph a été assez généreuse pour financer la moitié de mes trois voyages. J'ai dû me débrouiller pour trouver le reste des fonds nécessaires, et j'ai bien entendu puisé dans mes propres ressources également. C'est une chose à ne pas négliger.
Certes, nous devrions accroître notre participation à la commission internationale et au groupe de travail sur la santé des abeilles et nous assurer que les représentants de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire ne soient pas les seuls à assister à ces réunions. Ils sont plutôt comme des spectateurs venus voir ce qui se passe.
Suis-je le seul à avoir cette impression?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins qui nous ont fait part de leurs commentaires par téléconférence. Ils ont bien exposé l'enjeu que constituent la santé des abeilles et les causes multifactorielles qui les affectent.
Je représente le comté de Saint-Hyacinthe—Bagot, au Québec, où se trouvent plusieurs apiculteurs importants, mais aussi beaucoup de producteurs agricoles.
Ma première question s'adresse à M. Kevan.
La semaine dernière, la Cour fédérale a exigé que le Canada révise plus de 350 pesticides utilisés au pays. Plusieurs groupes ont dit que cela obligeait maintenant le gouvernement canadien à effectuer un examen spécial. Vous nous avez parlé de l'importance des traités internationaux et souligné que, selon la Cour fédérale, nous employons au Canada des pesticides qui sont interdits en Europe, entre autres l'atrazine, qui y est interdite depuis 2004.
Pourra-on profiter de l'occasion pour faire un examen en ce sens? Au sujet des néonicotinoïdes, vous avez dit que nous faisions face à beaucoup de faits qui sont faux et d'opinions erronées. Ce qui se dit émane souvent d'intérêts particuliers. Certains producteurs de mon comté disent d'ailleurs qu'il existe peu d'études indépendantes ou de positions plus neutres pouvant leur servir de référence. Vous avez dit que l'équilibre faisait défaut.
Que ce soit au moyen de l'examen que le gouvernement doit effectuer relativement à ces pesticides ou par d'autres moyens, comment pourrait-on favoriser une meilleure recherche?
Avez-vous une opinion concernant cet examen?
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Je regrette, mon français n'est pas très bon.
Mme Brigitte Sansoucy: Ce n'est pas grave.
M. Peter Kevan: Vos questions sont très intéressantes. Ce sont des sujets qui me préoccupent gravement, en tant que Canadien, depuis de nombreuses années. Je pense qu'il ne faut pas permettre aux parties intéressées, en particulier celles motivées par le gain, de diriger des travaux de recherche importants pour la société, et il ne fait aucun doute que la question des insecticides revêt une telle importance.
Pendant longtemps, les gens comme moi qui voulaient faire de la recherche sur les pesticides et la pollinisation étaient incapables d'obtenir du financement parce que, très franchement, l'industrie n'a pas envie de répondre aux questions. Au CRSNG et à l'échelle provinciale, la politique a évolué de telle sorte qu'il est devenu difficile de faire de la recherche sans la participation de l'industrie. Je ne m'y oppose pas, j'en ai moi-même bénéficié. Quatre compagnies privées ont vu le jour dans mon laboratoire; je n'ai certainement rien contre le secteur privé. En même temps, les politiques actuelles sur la recherche au Canada font en sorte qu'il est presque impossible de poser des questions objectives, d'une manière objective. À mon avis, il faut rompre ce lien si l'on veut faire place à une plus grande objectivité.
Je pense que c'est le principal problème: il est difficile de poser les questions difficiles et d'obtenir des réponses. Mais si l'industrie accepte de répondre... J'ai travaillé avec des scientifiques du secteur privé. Je leur pose une question et ils me répondent : « Oui, Peter, nous aimerions trouver la réponse ». Ils en parlent à leurs collègues de la section des politiques et des affaires juridiques et se font dire: « Oh, non, nous ne voulons pas connaître la réponse à cette question », parce qu'ils redoutent les répercussions sur leur image ou sur leur rentabilité si la réponse ne leur est pas favorable. C'est de toute évidence un problème.
Au Canada, la situation est d'autant plus problématique que la plupart de ces compagnies sont des multinationales. Le Canada est réellement à la merci des États-Unis et des sièges internationaux. Nous sommes au pied du totem.
Beaucoup de choses de ce genre doivent être réglées au niveau politique. Je ne suis pas un politicien, et je ne suis pas non plus très bon diplomate, mais j'y vois une piste pour régler les questions relatives aux pesticides et peut-être aussi d'autres questions susceptibles d'avoir des conséquences où le secteur privé exerce une influence indue.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais effectivement dire quelque chose. Je pense que je peux affirmer fièrement que l'une des meilleures équipes de transfert de technologie a vu le jour en Ontario et elle était le fruit du travail de l'Association des apiculteurs de l'Ontario. Cela a débuté il y a 15 ans et se poursuit toujours. C'est un complément très précieux au secteur de l'apiculture en Ontario.
À ses débuts, l'équipe était extrêmement puissante. Elle s'est montrée très utile encore récemment dans le contexte des discussions sur les néonicotinoïdes. Il y a eu des hauts et des bas, et toutes sortes d'opinions ont été exprimées, ce qui a amené l'organisation à s'interroger sur la position qu'elle devrait adopter à l'égard des apiculteurs en Ontario. Comme dans tous les groupes de producteurs, les considérations politiques se font parfois sentir, en particulier lorsque les questions font appel aux sentiments.
Je pense que l'Ontario peut être fier — certes, aux États-Unis, on s'est intéressé de très près à cette équipe de transfert de technologie; des conférenciers de l'Ontario y sont allés pour expliquer ce qu'ils faisaient. La même chose s'est produite dans une mesure moindre en Europe, où l'on nous a également félicités de notre travail. Comme Chris l'a indiqué, ce serait formidable si les provinces de l'Atlantique pouvaient prolonger leur programme au-delà des 20 mois. C'est une excellente initiative qui mérite d'être appuyée pleinement.
L'Alberta gère un excellent programme de transfert de technologie par l'entremise de son apiculteur provincial. La Saskatchewan réussit très bien également, et je l'affirme avec fierté, car ces deux apiculteurs provinciaux sont passés par mon laboratoire. Le Manitoba fait aussi du très bon travail par l'entremise de l'Université du Manitoba et de son apiculteur provincial depuis très longtemps, comme l'a signalé M. Maguire.
C'est très important, car les équipes de transfert de technologie mises en place partout au Canada favoriseront l'harmonisation des mesures de suivi qui seront essentielles pour nous permettre de comprendre l'avenir de ce secteur — l'apiculture, mais aussi la pollinisation.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les experts qui sont venus témoigner devant nous aujourd'hui.
J'ai écouté attentivement les discours et lu tous les documents qu'on nous a fait parvenir. Je dois vous avouer que, au sujet de la santé des abeilles, je suis un peu néophyte. Bien sûr, les experts qui se trouvent maintenant des deux côtés de la table s'y connaissent davantage à ce sujet. J'apprécie les commentaires de chacun d'entre vous.
Le fait suivant a cependant attiré mon attention. Selon les chiffres fournis par Statistique Canada, entre 2009 et 2013, les colonies d'abeilles ont augmenté année après année et de façon générale partout, au Canada. Je sais qu'il existe des problèmes de toutes sortes, notamment la nutrition, les maladies, l'habitat et les conditions hivernales difficiles, mais j'aimerais simplement comprendre certains aspects de la situation.
Souhaite-t-on qu'il y ait davantage de colonies d'abeilles, même si leur nombre est à la hausse, année après année, du moins depuis 2009?
Les discussions d'aujourd'hui donnent à penser qu'il faudrait aller plus loin encore. À mon avis, il y a peut-être aussi des raisons naturelles qui expliquent pourquoi, dans certains cas, les abeilles disparaissent. Cela dit, j'aimerais que l'un d'entre vous me donne son opinion à ce sujet.