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Merci, monsieur le président.
Au nom de l'Association canadienne des études sur l'alimentation, je tiens à vous remercier de votre invitation. Nous formons un réseau d'environ 600 particuliers de partout au Canada, qui effectuent de la recherche savante sur l'alimentation. Nos membres se recrutent dans une large gamme de disciplines, qui vont des sciences de l'alimentation aux études culturelles et à la géographie en passant par les sciences de l'environnement.
Ce réseau, qui existe depuis plus d'une décennie, forme un faisceau de connaissances et de pratiques actuelles et rigoureuses sur les systèmes alimentaires et les problèmes sociaux épineux reliés à l'alimentation. Beaucoup de nos membres travaillent dans des collectivités qui sont parmi les plus touchées par divers défis associés aux systèmes alimentaires contemporains qui existent au Canada et ils collaborent avec elles pour rendre très pratique notre ensemble collectif de connaissances et la fonder solidement sur la théorie. Les défis que nous reconnaissons reflètent en grande partie les quatre thèmes qui orientent cette consultation sur la politique, et nous vous remercions d'adopter pour elle une démarche si exhaustive.
Nous invitons le Comité permanent à examiner les trois recommandations qui suivent, qui concernent l'innovation, une stratégie adaptable et les exportations alimentaires.
Au Canada, le credo économique actuel repose sur l'opinion selon laquelle notre avenir économique et démocratique dépend de l'innovation. Les investissements dans l'agroalimentaire visent en grande partie l'innovation. L'innovation est essentielle aux piliers 2, 3 et 4 de la politique alimentaire proposée par le gouvernement. Soit, mais nous vous implorons de considérer l'innovation dans son sens le plus large, qui, en plus de la technologie et du profit, englobe l'innovation sociale et environnementale. D'où la nécessité, d'un point de vue holiste, d'apprécier le travail des petits et moyens producteurs, transformateurs et « récolteurs », dont les revenus masquent le type de capital social, naturel et communautaire qu'ils produisent grâce à leur travail.
Nécessité, aussi, d'estimer l'apport d'innombrables initiatives de la société civile de partout dans le pays qui répondent déjà aux questions d'alimentation, d'accès alimentaire et de soutenabilité environnementale et qui pourvoient au gagne-pain de ceux qui garnissent nos tables. L'innovation peut signifier la pensée créatrice visant à mobiliser les citoyens dans des activités visant à mieux faire comprendre le rôle de l'alimentation. Elle peut englober l'exploitation d'une entreprise sociale qui aide les personnes socialement isolées et marginalisées à acquérir des compétences et à se réseauter socialement. Elle peut signifier la résurrection de pratiques agro-écologiques qui, au moyen de vieilles technologies et de vieilles pratiques créent plus de sol et régénèrent nos écosystèmes.
Notre pays investit des millions de dollars dans les technologies nouvelles. Les innovations sociales et environnementales exigent la même sorte d'investissement délibéré et considérable. L'appui accordé à des initiatives communautaires qui créent déjà de meilleurs environnements alimentaires et qui améliorent la compréhension du rôle de l'alimentation sera la recette de l'efficacité de cette politique tout comme les appuis fournis aux nouveaux agriculteurs, aux nouveaux pêcheurs et aux nouveaux transformateurs et les appuis accordés à la protection des terres agricoles et à la transition vers l'adoption de pratiques écologiquement durables.
À long terme, un système alimentaire amélioré produira des économies considérables dans les soins de santé et la décontamination de l'environnement, ce qui fera paraître sages ces investissements, même du point de vue financier.
Ensuite, nous vous demandons de rendre la politique adaptable, pour qu'elle encourage des solutions individualisées et à l'échelle appropriée. Cette affirmation a été répétée à maintes reprises au sommet alimentaire de juin, mais nous voulons insister sur son importance pour les quatre piliers proposés. Différentes collectivités ont des idées différentes sur la santé, et, pour beaucoup d'entre nous, le mieux-être culturel et social est aussi important que la santé physique. Nos chercheurs constatent sans cesse que, quand ces dimensions de la santé sont ignorées, la santé physique en souffre aussi. Bien que ce soit évident en ville, en campagne et dans les endroits éloignés, ce l'est encore plus dans les communautés du Nord et les communautés autochtones. Nous savons que d'autres témoins vous l'ont dit.
Nous possédons une foule de données selon lesquelles les cadres réglementaires s'adaptent difficilement aux différences d'échelle des entreprises agroalimentaires. En général, ils tendent plutôt à favoriser les exploitations de taille industrielle et ils dressent des obstacles considérables aux petites entreprises, aux entreprises sociales et aux initiatives communautaires.
Enfin, nous avons entendu, au sommet alimentaire, qu'une partie du rôle du Canada, sur la scène mondiale, est d'aider à nourrir le monde. Cela concerne les piliers 2 et 4. Nous disposons d'amplement de preuves montrant que le monde produit plus que ce qu'il lui faut de nourriture et que la faim et la malnutrition ne proviennent pas de la rareté de nourriture, mais de sa distribution inégale. Même si les exportations d'aliments sont essentielles à notre économie, nous vous demandons de ne pas les favoriser au détriment des plus vulnérables au Canada et ailleurs et de plutôt les harmoniser avec les objectifs du développement durable et de l'engagement, valable pour le monde entier, de n'oublier personne.
Autrement dit, il est impératif que les exportations n'aient pas préséance sur le premier pilier, qui est l'accès à des sources abordables d'aliments nutritifs et salubres. Nous demandons que la croissance des exportations ne mette pas davantage en péril notre environnement ni la capacité du Canada de nourrir de façon soutenue tous les Canadiens d'aujourd'hui et de demain. Nous vous incitons à concrétiser le droit à l'alimentation pour tous les Canadiens et que ce programme ait préséance sur l'expansion des exportations.
En terminant, permettez-moi de répéter nos recommandations. D'abord, mettre les innovations sociales et environnementales à parité avec l'innovation technologique. Ensuite, appliquer des politiques qui peuvent s'adapter à l'emplacement et aux entreprises à petite échelle. Enfin, s'assurer que nous continuons à privilégier les besoins des personnes vulnérables dans les collectivités par rapport au désir d'augmenter nos exportations.
Nos recommandations sont générales, puisque nous représentons un échantillon large de chercheurs. Nous ne déposons pas de mémoire, puisque certains de nos membres témoignent déjà et déposent des recommandations plus précises au nom de leurs propres équipes et organisations de recherche. Cependant, nous vous invitons à continuer de faire appel à nous et à notre recherche, pendant l'élaboration des divers éléments de cette politique et pour votre annonce des programmes qui en ressortiront.
Nous vous remercions du temps que vous nous avez accordé.
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Merci, monsieur le président. Je remercie aussi votre comité de son invitation.
[Français]
Le CTAQ, que je représente ici aujourd'hui, compte plus de 550 membres, ce qui en fait le plus important regroupement de transformateurs alimentaires au Québec.
L'industrie canadienne de la transformation des aliments et des boissons est la deuxième industrie manufacturière en importance au Canada et la première en importance au Québec. Elle est le plus grand employeur du secteur manufacturier canadien pour ce qui est de la valeur de la production et elle représente le maillon essentiel du système agroalimentaire puisqu'elle figure parmi les principaux acheteurs de produits agricoles primaires canadiens.
Tout récemment, le Conseil consultatif en matière de croissance économique, présidé par Dominic Barton, recommandait au gouvernement plusieurs mesures qui profiteraient à l'économie canadienne dans son ensemble.
Le Conseil a établi l'agroalimentaire comme un des secteurs clés de l'économie, un secteur qui présente un important potentiel inexploité ainsi que des perspectives de croissance mondiale considérables et qui nécessitera une certaine attention en vue d'en tirer profit.
Pour réaliser ce potentiel, le Conseil suggère une approche qui a recours à des mesures stratégiques soigneusement choisies pour éliminer des obstacles comme la réglementation excessive, les barrières commerciales interprovinciales, les formes de subventions inefficaces ou les défis liés aux marchés.
Les quatre piliers proposés dans la nouvelle politique alimentaire sont très louables, soit améliorer l'accès à des aliments abordables, améliorer la salubrité des aliments et la santé, préserver la qualité des sols, de l'eau et de l'air, et produire une plus grande quantité d'aliments de qualité supérieure.
Par contre, les grands axes établis dans cette politique ne parlent pas de mesures stratégiques et n'encouragent pas l'instauration de conditions gagnantes pour promouvoir la croissance du secteur.
De plus, les messages lancés par cette politique portent à croire que l'industrie alimentaire est déficiente, insouciante, et qu'elle n'en fait pas assez. Par exemple, quand on parle d'améliorer la salubrité des aliments et la santé, ou encore de produire plus d'aliments de qualité supérieure, on sème le doute sur l'intégrité de notre système alimentaire canadien, qui est pourtant reconnu comme l'un des meilleurs au monde.
Le même commentaire s'applique à l'aspect environnemental. L'industrie alimentaire est déjà très active dans plusieurs secteurs, dont l'eau, le recyclage, la valorisation des matières résiduelles et des déchets organiques, et la consommation énergétique.
Pour ce qui est d'une plus grande accessibilité aux produits alimentaires au Canada, nous le souhaitons tous, mais le gouvernement devra reconnaître son rôle et ses responsabilités pour assurer cette accessibilité.
La politique alimentaire, dans son état actuel, omet des actions et des axes importants, tels qu'assurer la pérennité et la croissance de son industrie alimentaire, promouvoir une culture d'innovation au sein de l'industrie alimentaire, encourager l'achat local, assurer la réciprocité de nos normes pour les produits importés, assurer l'accès aux marchés, répondre aux enjeux de main-d'oeuvre et de productivité, et j'en passe.
D'un côté, le gouvernement du Canada invite le secteur à devenir le chef de file mondial de la production alimentaire et à investir dans l'innovation pour stimuler la croissance de l'économie et répondre à la demande mondiale, qui, soit dit en passant, devrait tripler d'ici 2050. De l'autre côté, le gouvernement n'offre rien dans cette nouvelle politique alimentaire pour appuyer ces réalités démographiques et économiques.
L'industrie accepte de relever le défi, mais craint qu'en raison des nombreuses activités de modernisation de la réglementation en cours, les capitaux doivent être investis dans les activités visant la conformité réglementaire plutôt que dans l'innovation et la croissance. L'introduction de nouveaux règlements sur l'inspection des aliments, combinée avec les nouvelles exigences d'étiquetage des aliments et les restrictions en matière de commercialisation, impose un lourd fardeau et des coûts additionnels importants aux fabricants de produits alimentaires au Canada. Le Comité devrait d'ailleurs se pencher sur les impacts de ces nouveaux règlements sur la compétitivité de son industrie alimentaire.
En conclusion, nous nous demandons comment le gouvernement réconciliera la politique alimentaire telle que proposée avec les recommandations du Conseil consultatif en matière de croissance économique. Nous nous demandons comment le gouvernement s'assurera que son industrie alimentaire deviendra un pilier de la prospérité économique canadienne et répondra aux exigences sociales de sa nouvelle politique.
Merci de votre écoute.
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L'association des Produits alimentaires et de consommation du Canada félicite le gouvernement de son rôle directeur dans l'élaboration d'une politique alimentaire nationale, et je salue l'occasion qui m'est offerte de vous présenter nos observations à votre attention.
Avec la croissance rapide de la demande alimentaire mondiale et la reconnaissance récente, par le gouvernement du Canada, de la possibilité de répondre à ce besoin, voilà un enjeu qui arrive à point nommé. PACC est déterminée à continuer à collaborer étroitement à une politique alimentaire nationale pour aider le Canada à se positionner dans un rôle de premier plan dans la production d'aliments salubres, abordables et de qualité.
Première association industrielle nationale du Canada, PACC représente les entreprises qui fabriquent et distribuent la majorité des aliments, des boissons et des biens de consommation qu'on trouve sur les tablettes des magasins, dans les restaurants et dans les foyers. Nos membres, dont la répartition est vraiment nationale, procurent des emplois à valeur ajoutée aux Canadiens des villes et de la campagne dans plus de 170 circonscriptions fédérales.
D'après le président du Conseil consultatif en matière de croissance économique, M. Dominic Barton, l'alimentation deviendra l'un des plus importants secteurs d'activité dans le monde. Le Canada est bien placé pour jouer un rôle vital dans l'alimentation du monde, grâce aux produits fabriqués chez lui. Cette stratégie repose sur un secteur manufacturier capable d'affronter la concurrence.
Pour la première fois, le budget de 2017 a distingué l'agroalimentaire comme l'une des trois industries stratégiques à forte possibilité de croissance et de création d'emplois. La détermination du gouvernement de diversifier la production et d'affranchir le Canada de sa dépendance des matières premières et de privilégier la croissance de la production de produits à valeur ajoutée est significative et sans précédent.
Comme la transformation des aliments constitue le premier secteur fournisseur d'emplois dans la fabrication au Canada, avec des établissements dans chaque région, notre industrie joue un rôle essentiel de cohésion avec les Canadiens des régions rurales et éloignées grâce aux occasions économiques offertes. Les agriculteurs et les fabricants d'aliments canadiens travaillent de façon interdépendante pour produire certains des aliments en qui le monde a le plus confiance. Offrant non seulement des débouchés aux produits agricoles, les fabricants offrent aussi des emplois d'appoint aux ruraux et d'innombrables emplois indirects, partout au Canada.
Je soulignerai brièvement notre engagement à l'égard d'une politique alimentaire nationale, après quoi j'exposerai nos huit recommandations.
PACC s'est activement engagée dans l'élaboration d'une politique alimentaire nationale, en contact étroit avec plusieurs groupes qui poursuivaient leurs propres stratégies mûrement réfléchies, notamment la Fédération canadienne de l'agriculture, le Conference Board du Canada et l'Institut canadien des politiques agroalimentaires.
En 2011, j'ai eu le bonheur de livrer un exposé à la réunion annuelle des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l'agriculture et de l'agroalimentaire, à Saint Andrews, au Nouveau-Brunswick, pour appuyer la stratégie alimentaire de la Fédération canadienne de l'agriculture.
Nos recommandations, maintenant.
Jusqu’ici, on a accompli beaucoup de bon travail, ce qui me conduit à ma première recommandation, qui est de se fonder sur le travail déjà réalisé dans l'élaboration d'une politique alimentaire nationale.
La deuxième est que, pour assurer sa réussite, la politique alimentaire nationale doit intégrer toute la chaîne de valeur, de la fourche à la fourchette.
Troisièmement, la politique alimentaire nationale doit assurer la durabilité et la prospérité de nos communautés rurales. Comme premier employeur du secteur manufacturier dans le Canada rural, les transformateurs d'aliments y jouent un rôle important.
Quatrièmement, en élaborant la politique alimentaire nationale, nous, les Canadiens, nous ne devons pas perdre de vue nos nombreux motifs de fierté. Nous produisons certains des aliments les plus salubres dans le monde. La marque « fabriqué au Canada » est reconnue dans le monde entier, et pour une bonne raison. Nous devons connaître tous les tenants et aboutissants de cette politique et pouvoir nous situer par rapport à elle.
Cinquièmement, le gouvernement devrait tenir compte du rapport rédigé par le Conseil consultatif en matière de croissance économique, présidé par Dominic Barton, comme pivot d'une politique alimentaire nationale. Ce rapport discute des possibilités offertes par le secteur agroalimentaire et de l'occasion à saisir pour le faire croître et lui faire transformer encore plus de nos aliments au Canada plutôt que d'en laisser le soin à d'autres pays. Dans ce rapport, M. Barton reconnaît la possibilité d'une croissance accrue, grâce à la création de produits à valeur ajoutée. Il fait remarquer que nous ajoutons de la valeur à seulement la moitié de notre production. Il reste donc une masse formidable d'occasions à saisir.
La politique alimentaire nationale doit aider le Canada à se positionner pour atteindre ses objectifs d'exportation de produits agroalimentaires, comme c'est mentionné dans le budget fédéral.
Sixièmement, il faut une approche fédérale coordonnée. Tout en félicitant le gouvernement de ses intentions et de ses efforts pour coordonner l'action de ses ministères, nous disons qu'il doit faire plus. Un exemple de fausse note est la proposition de Santé Canada d'apposer des étiquettes d'avertissement sur les aliments, alors que d'autres ministères collaborent étroitement avec le secteur agroalimentaire pour atteindre d'ambitieux objectifs de croissance. Nous partageons les grandes inquiétudes suscitées, chez les groupes nationaux représentant les agriculteurs, par la proposition de faire figurer des avertissements, comme des « signaux d'arrêt » sur des produits alimentaires canadiens emblématiques comme le fromage et le sirop d'érable. Une politique alimentaire nationale pourrait jouer un rôle de coordination.
Septièmement, les décisions doivent se fonder sur des faits, la transparence, l'inclusion et le véritable dialogue.
Tout en étant réceptifs aux engagements politiques fédéraux, nous continuons d'être très inquiets par rapport au processus et à la démarche que les fonctionnaires de Santé Canada continuent d'appliquer à l'égard d'étiquettes d'avertissement sur le devant des emballages alimentaires. Il existe d'autres façons d'améliorer la santé publique, comme la sensibilisation, qui essaie davantage d'informer pour changer les habitudes alimentaires. Notre propre recherche montre que les consommateurs préfèrent l'information aux avertissements. Rien ne montre que les propositions de Santé Canada permettront d'améliorer la santé publique.
Le 27 septembre, après une réunion qui avait eu lieu le 18, avec Santé Canada et d'autres parties prenantes, nous avons été très déçus de l'annonce surtout écrite du ministère, mais fausse, d'une entente sur les critères d'étiquetage sur le devant des emballages. C'était visiblement une déformation de la teneur des discussions officielles. Les critères de Santé Canada sont tellement étriqués que, en fait, ils excluraient les options adoptées à l'essai, en matière d'étiquetage, par nos principaux partenaires commerciaux. Il importe de rectifier les faits.
Enfin, huitièmement, nous demandons donc, avec la Fédération canadienne de l'agriculture, que votre comité étudie l'étiquetage sur le devant des emballages, y compris les méthodes adoptées par nos principaux partenaires commerciaux d'Amérique du Nord et d'Europe, pour déterminer la meilleure marche à suivre pour le Canada. Il est essentiel d'étudier comment une telle démarche axée sur le devant des emballages influera, d'abord, sur les objectifs d'une politique alimentaire nationale, ensuite, sur la capacité de l'industrie agroalimentaire d'atteindre les objectifs de croissance énoncés par M. Barton et dans le budget fédéral.
Finalement, je pense que nous devrions miser sur les forces du Canada. Nous avons la possibilité de devenir des chefs de file internationaux de la production et de l'innovation alimentaires, et une politique alimentaire nationale peut nous y conduire.
Merci.
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J'aimerais apporter un supplément d'information.
Au Québec, par exemple, l'industrie alimentaire est le plus grand contributeur à Moisson Montréal, à Moisson Québec et aux autres organismes Moisson ainsi qu'à La Tablée des Chefs. Ces organismes récupèrent les restes de nourriture ou offrent des cours pour apprendre aux gens à les cuisiner. Il y a aussi des programmes comme le Club des petits déjeuners. Ce programme est né au Québec.
En effet, il y a des manques dans les grands centres urbains. Dans certains quartiers, il n'y a pas d'épiceries où il est possible de se procurer des fruits et des légumes, entre autres choses. Par exemple, il y a des quartiers de Montréal où, outre les dépanneurs, les citoyens n'ont pas accès à des aliments frais.
Les régions éloignées aussi souffrent de ce manque d'accès. Cependant, il s'agit surtout d'un problème lié au transport de produits frais, évidemment.
En ce qui concerne les villes, il y a de plus en plus de programmes agricoles urbains. C'est un mouvement qui prend de plus en plus d'ampleur. Cela dit, il faut s'assurer qu'il y a suffisamment de distributeurs de produits, de façon à permettre aux résidants de chacun des quartiers d'avoir accès à des produits frais.
En ce qui a trait aux régions éloignées, c'est un problème auquel il faut travailler en collaboration avec les ministères concernés. En fait, les aliments sont disponibles, mais le transport est difficile. C'est un autre enjeu, mais, très certainement, il faut s'y intéresser.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités de leurs excellents exposés et de leurs commentaires extrêmement importants aux fins de l'étude que nous menons actuellement.
Madame Cloutier, c'est toujours un plaisir de vous recevoir. Votre organisme est situé dans ma circonscription. Il est toujours agréable de recevoir des témoins provenant de chez nous.
Toutes les trois, vous avez beaucoup parlé d'innovation et du fait que nous sommes un chef de file sur ce plan. J'ai entendu Mme Knezevic parler du droit à l'alimentation et à la nourriture. Ce sont des sujets qui m'interpellent énormément.
Il y a un élément que je considère comme important. Évidemment, nous savons que des habitudes alimentaires saines passent aussi par l'éducation des consommateurs. Au bout du compte, ce sont les gens qui décident ce qu'ils vont manger et ce qu'ils vont aller chercher à l'épicerie, chez le producteur ou ailleurs.
J'aimerais que vous me parliez de chacun de ces aspects.
En ce qui a trait à l'acquisition de connaissances, comment pouvons-nous stratégiquement intégrer davantage l'éducation des consommateurs et l'acquisition de compétences par ceux-ci afin qu'ils sachent ce qu'ils mangent? C'est un aspect important.
Je vais commencer par vous, madame Cloutier.
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Je ne prétendrai pas avoir les réponses concernant le Nord, mais j'ai parlé avec des gens qui habitent dans le Nord et qui font des recherches, et il semble que des initiatives de soutien sont déjà en cours. Le Northern Farm Training Institute, par exemple, offre de la formation agricole aux communautés autochtones en tenant compte des réalités culturelles.
L'agriculture et l'aménagement de serres et de jardins dans le Nord sont en fait une question culturelle très délicate pour des raisons historiques importantes. Des programmes tels que le Northern Farm Training Institute et d'autres programmes qui sont offerts dans le Nord et qui visent à renforcer l'accès aux éléments traditionnels et à rétablir le régime alimentaire traditionnel sont des éléments essentiels, tout comme la réforme du programme Nutrition Nord.
Pour répondre à votre question au sujet des aliments génétiquement modifiés, je vais répéter que, selon moi, les technologies sont une approche défaillante pour résoudre un problème fondamentalement social. Nous sommes aux prises avec des inégalités sociales que nous essayons de régler au moyen de technologies, alors cela ne va pas fonctionner. Si on veut garantir ce droit à l'alimentation, nous devons penser à l'innovation sociale et envisager ce que les communautés voient comme solution à leurs problèmes d'accès à la nourriture.
Pour ce qui est des OGM, il y a un consensus scientifique à l'heure actuelle selon lequel ils peuvent être consommés sans aucun danger au même titre que n'importe quel aliment conventionnel, mais cela n'empêche pas les conséquences sociales et environnementales associées aux aliments génétiquement modifiés qui se manifestent partout dans le monde.
Je crois que le rapport dont vous avez parlé plus tôt, rédigé par Olivier De Schutter — l'ancien rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, qui a dirigé le Panel international d'experts sur les systèmes alimentaires durables —, intitulé « De l'uniformité à la diversité », est l'un des rapports les plus exhaustifs qui existe en ce moment sur la question des systèmes alimentaires. Il souligne le fait que ces nouvelles technologies, qui privilégient les monocultures à grande échelle de trois végétaux fournissant à eux seuls plus de la moitié de l'apport calorique mondial d'origine végétale, sont la tendance la plus préoccupante à l'heure actuelle. On y dit également qu'il faut diversifier les pratiques liées à la production des aliments, la portée et le type d'organisations sociales, y compris les coopératives, en tenant compte du fait que le secteur de l'alimentation ne se résume pas qu'aux entreprises, mais aussi aux entreprises sociales et aux coopératives. Cela constituera une étape importante si on veut s'attaquer sérieusement à cette question.
J'espère que cela répond à votre question.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence.
Je viens de la Saskatchewan, et dans ma circonscription, les activités sont fortement axées sur l'agriculture et l'agroalimentaire. Évidemment, c'est un sujet très important pour moi sur divers plans.
Au sujet des quatre grands thèmes, j'aimerais parler plus particulièrement de la préservation de la qualité des sols, de l'eau et de l'air. Au cours de l'été, j'ai pu participer à un sommet sur l'agriculture des Prairies portant sur le carbone tenu par l'association des producteurs agricoles de la Saskatchewan. On y a parlé d'un certain nombre de sujets — par exemple, la séquestration du carbone, la gestion des éléments nutritifs et les rotations — , et j'ai été en mesure de voir des cultures de couverture, durant l'été, et j'ai été étonnée de constater à quel point elles peuvent améliorer rapidement la qualité des sols.
De plus, parmi les sujets abordés, il y avait celui des frontières de la recherche sur le carbone et l'agriculture. Dans cette portion du sommet, le conférencier était le directeur général et chef de la direction du Global Institute for Food Security, Maurice Moloney. Il a été également un professeur chercheur en sciences agricoles au département de sciences biologiques de l'Université de Calgary. On parle de gens hautement qualifiés qui ont donné leurs points de vue. M. Moloney a parlé du fait qu'en Saskatchewan, il existe déjà, depuis 25 ans, des recherches bien documentées sur la meilleure façon de procéder, et cela se fait déjà. Nous sommes les meilleurs au monde sur le plan de la séquestration du carbone, en fait. Bien d'autres pays s'adressent à nous maintenant pour en apprendre sur la culture sans labour et savoir comment nous nous occupons de nos pâturages, par exemple.
La Saskatchewan le fait déjà depuis 25 ans. Les mesures incitatives existent en raison de l'attachement profond des gens à la terre et, bien entendu, parce que nous devons en prendre soin si nous voulons qu'elle produise les récoltes souhaitées. Il a dit également qu'avec les innovations et ce qui se fait de façon naturelle déjà ici, au cours de la prochaine décennie, nous nous occuperons de toute séquestration du carbone liée aux sables bitumineux à partir de ce que fait déjà la Saskatchewan.
Lorsqu'il est question de l'accès à des aliments abordables et des coûts de la production alimentaire, avez-vous des observations à faire sur les répercussions que l'imposition d'une taxe sur le carbone aura sur la production alimentaire au Canada et sur les effets que cela aura sur l'insécurité alimentaire — à une certaine époque de ma vie, lorsque j'étais étudiante, j'ai dû moi-même recourir à des banques alimentaires —, etc.? J'aimerais connaître votre point de vue, Irene, si vous voulez répondre à la question.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers membres du Comité, je suis très heureux de comparaître de nouveau devant vous. Je m'appelle Cam Dahl et je suis président de Céréales Canada.
Pour vous présenter brièvement Céréales Canada, nous sommes un regroupement des chaînes de valeur. Nous rassemblons des agriculteurs, des semenciers, des spécialistes de l'amélioration des cultures, des exportateurs et des transformateurs. L'objectif de cette vaste collaboration entre partenaires de divers horizons est d'accroître la compétitivité nationale et internationale des industries céréalières canadiennes. Céréales Canada est dirigé par un conseil d'administration composé de 18 administrateurs représentatifs de chacun de ces groupes.
Pour vous mettre un peu en contexte, Céréales Canada appuie les efforts du gouvernement du Canada dans l'élaboration d'une stratégie alimentaire globale. Nous convenons que les quatre grands thèmes ciblés correspondent aux principaux éléments qui bénéficieraient d'une politique interministérielle et interdisciplinaire. Il s'agit, plus précisément, d'améliorer l'accès à des aliments abordables, d'améliorer la salubrité des aliments et la santé, de préserver la qualité des sols, de l'eau et de l'air et de produire une plus grande quantité d'aliments de qualité supérieure.
Chacun de ces quatre grands thèmes est très vaste et complexe en soi. Ce n'est pas une mince affaire que d'établir des objectifs généraux qui font consensus entre les divers ministères du gouvernement du Canada, des provinces et des territoires, les organisations gouvernementales, les leaders du monde agricole et les entreprises, puis il faudra également élaborer des politiques permettant l'atteinte de ces objectifs.
C'est en raison de la complexité de ces enjeux que Céréales Canada vous fait sa plus importante recommandation: ne précipitez pas les choses et ne laissez pas les échéances dicter le processus. Nous savons que bien des parties exercent de grandes pressions pour qu'une politique alimentaire nationale soit mise en place rapidement. Nous estimons que ce serait une erreur. Une politique conçue à la hâte sera nécessairement déficiente, puisqu'il lui manquera des éléments clés importants à la fois pour la société canadienne dans son ensemble et les producteurs agricoles canadiens.
Il est plus important de prendre le temps nécessaire pour bien réfléchir à la politique que de respecter des échéances. La première étape pour bien démarrer le processus est l'adoption de principes de gouvernance forts et efficaces qui orienteront les efforts en vue d'un consensus. Ainsi, le témoignage de Céréales Canada met principalement l'accent sur l'adoption de principes de gouvernance efficaces. Nous estimons essentiel de nous doter d'un cadre rigoureux à l'amorce de l'élaboration de cette politique afin de favoriser un consensus sur les grands objectifs stratégiques.
Nous parlerons un peu plus tard de la nécessité de consultations ciblées sur les quatre thèmes stratégiques, mais j'aimerais mettre l'accent sur la gouvernance.
Céréales Canada propose la création d'un conseil national de la politique alimentaire, qui aurait le vaste mandat de conseiller les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans l'élaboration d'une politique nationale.
Ce conseil rassemblerait divers acteurs, tout en créant des liens avec le cadre qui oriente déjà Agriculture et Agroalimentaire Canada. Céréales Canada estime que les principaux piliers d'une bonne gouvernance dans l'élaboration de la politique alimentaire du Canada devraient être l'agriculture, la société civile et la représentation interministérielle du gouvernement du Canada, des provinces et des territoires. Nous croyons que ce sont ces éléments qui paveront la voie à la recherche et à l'élaboration de politiques sur des enjeux et produits précis.
Il faut assurer une vaste représentation de partout au Canada, des divers secteurs de l'économie et des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux si nous voulons nous doter d'une politique alimentaire nationale globale. C'est tout simplement inévitable. Cependant, les principes de bonne gouvernance dictent que la composition du conseil soit limitée par souci d'efficacité. Céréales Canada propose qu'il ne puisse pas englober plus de 60 personnes au total. Nous proposons qu'il comprenne 16 représentants du secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire, 16 représentants de la société civile et 24 représentants des ministères fédéraux, provinciaux et territoriaux, y compris la présidence, qui devrait à notre avis incomber à Agriculture et Agroalimentaire Canada.
J'aimerais vous parler un peu plus en détail de la représentation du secteur agricole et agroalimentaire. Céréales Canada estime que la structure de base des consultations des sous-secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire canadien est déjà en place grâce aux tables rondes sur les chaînes de valeur. Nous proposons donc que les présidents des tables rondes que je vais vous nommer représentent l'industrie au conseil national de la politique alimentaire.
Je vais vous en lire la liste, pour illustrer à quel point cette représentation sera complète. Nous avons un comité sur la salubrité des aliments, une table ronde du boeuf, le Plan environnemental national de la ferme, la table ronde sur la transformation des aliments, la table ronde sur les grains, la table ronde de l'horticulture, une table ronde sur les aliments biologiques, une autre sur le porc, une table ronde sur la volaille, une autre sur les légumineuses et d'autres encore sur les fruits de mer, les semences, les ovins, les cultures spéciales, le boeuf durable et les cultures durables.
Cette structure comporte de grands avantages. Premièrement, les tables rondes en général représentent bien le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire canadien. De plus, chacune de ces tables rondes bénéficie d'une vaste représentation du sous-secteur ciblé. S'il y a lieu, les organisations non gouvernementales et la société civile y sont même représentées, et je mentionne particulièrement les tables rondes sur le boeuf durable et les cultures durables. Ensuite, et c'est important, ce lien avec les tables rondes permettra au conseil national de la politique alimentaire de déléguer certains aspects pointus de la recherche et de l'élaboration de politiques aux représentants compétents du gouvernement et de l'industrie. Ainsi, le conseil sera mieux à même de saisir toute la complexité des enjeux que j'ai mentionnés en introduction.
Pour ce qui est de la société civile, je n'oserai pas nommer de groupes ou de représentants de la société civile qu'il me semblerait pertinent d'inclure au conseil national de la politique alimentaire, mais nous sommes persuadés que les principes qui s'appliquent aux recommandations en matière d'agriculture devraient s'appliquer aux choix des représentants de la société civile, c'est-à-dire qu'il faut assurer une vaste représentation des points de vue. Les représentants sélectionnés devraient avoir une perspective nationale et ils devraient être choisis de manière à ce que le conseil national de la politique alimentaire puisse leur déléguer certains aspects pointus de la recherche et de l'élaboration de politiques.
Enfin, Céréales Canada serait favorable à l'idée de confier les rênes de l'élaboration de la politique alimentaire du Canada ainsi que du conseil national de la politique alimentaire à Agriculture et Agroalimentaire Canada. Nous recommandons donc que le conseil national soit présidé par un haut responsable du ministère. De plus, à titre de ministère responsable pour le gouvernement du Canada, AAC assurerait les services de secrétariat du conseil.
Il est important d'assurer une vaste représentation des divers ministères touchés. Je les énumère dans mon mémoire. Je n'en lirai pas toute la liste, mais elle comprend Santé Canada, pour la recherche, Agriculture et Agroalimentaire Canada, bien sûr, Affaires autochtones et du Nord Canada, Développement social et Commerce. La liste est assez longue...
Je m'appelle Pat Vanderkooy et je représente Les diététistes du Canada. Nous sommes l'ordre professionnel national de notre profession de la santé réglementée. Nous faisons preuve de leadership dans la formulation d'une politique alimentaire et nutritionnelle.
Nous félicitons à notre tour le gouvernement de diriger l'élaboration d'une politique alimentaire pour le Canada. C'est un projet qui nous enthousiasme beaucoup. Pour nous assurer que le mandat et la vision nécessaires à une telle politique soient respectés, nous faisons cinq recommandations. Je consacrerai probablement la majorité de mon temps aux deux premières.
Notre recommandation numéro un est que la politique alimentaire pour le Canada inclue la nutrition et la santé comme principaux facteurs stratégiques permettant d'assurer la viabilité du système alimentaire et l'adoption d'une alimentation saine.
Il faut modifier les habitudes alimentaires si l'on veut réduire le fardeau des maladies liées au régime alimentaire. L'intégration complète de la politique à une vision commune de la santé de la population et à la viabilité sociale, écologique et économique du système alimentaire joue un rôle important. Les apports caloriques élevés et la surconsommation d'aliments et de boissons à haute teneur en sodium, en sucres, en acides gras saturés et en gras trans contribuent à ces maladies. Les complications qui y sont liées ont d'autres répercussions sur la santé physique et mentale, faisant diminuer la capacité de travailler et augmenter le nombre de décès prématurés. Elles ont donc un effet très direct sur notre économie.
Nous avons besoin de changements dans notre approvisionnement en nourriture, particulièrement en ce qui touche les aliments à valeur ajoutée. Les cinq dernières décennies illustrent à quel point les habitudes alimentaires des consommateurs ont changé, avec des conséquences graves pour la santé et des coûts très importants pour le système de santé et l'environnement. Ce sont des coûts externes. Les acteurs du système alimentaire que nous mentionnons souvent dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire ne paient pas directement ces coûts. Les consommateurs ont besoin de contextes alimentaires sains pour pouvoir faire automatiquement des choix santé. Je dois pouvoir acheter une boîte de tomates sans sel au prix régulier plutôt que de devoir payer plus cher pour avoir le privilège d'acheter des tomates sans sel, pour ainsi dire.
Quels sont les coûts des maladies liées au régime alimentaire? Au Canada, on estime que les cinq principales maladies liées au régime alimentaire coûtent 26 milliards de dollars par année, en dépenses de santé directes et indirectes seulement. L'ASPC estime les dépenses totales, si l'on tient compte des coûts de la main-d'oeuvre et des décès prématurés, à environ 68 milliards de dollars. Nous payons pour cela. Nous payons tous pour cela. Nous le payons en argent et nous le payons en coûts pour notre société, vraiment. Comme vous le savez, quand une personne entre dans le système de santé, elle perd beaucoup de temps. Cela crée beaucoup d'angoisse. Notre système de santé est surchargé. Nous devrons faire des choix de plus en plus difficiles.
En revanche, les revenus provenant des entreprises de production alimentaire nous permettent d'injecter 21 milliards de dollars dans l'économie canadienne chaque année. Ces estimations de coûts proviennent de l'analyse des coûts de l'étiquetage nutritionnel qui a été présentée quand le tableau de la valeur nutritive a été mis à jour. On parle donc de coûts de 26 milliards de dollars, ou de coûts totaux de 68 milliards de dollars, comparativement à un investissement de 21 milliards de dollars de l'industrie alimentaire. Ce n'est pas très rentable.
Je ne laisse pas entendre que nous pouvons éliminer totalement les maladies liées au régime alimentaire ni qu'elles ne sont que le résultat de ce que nous faisons dans l'industrie agroalimentaire, mais je crois qu'il faut de toute urgence revoir les priorités de notre système alimentaire et changer la composition de l'approvisionnement alimentaire si nous voulons que les choix par défaut deviennent des choix santé. Il faut réfléchir à nos priorités dans les cultures, dans la production et dans nos procédés de fabrication. L'industrie agroalimentaire d'aujourd'hui doit continuer de reformuler les produits alimentaires, dans toute la mesure du possible.
Je dois souligner, toutefois, qu'on le fait déjà et qu'il faut continuer de le faire. C'est la raison pour laquelle nous appuyons la Stratégie sur l'alimentation saine qui fait partie du mandat de Santé Canada. Elle fait partie de son mandat tout comme la politique alimentaire.
Nous travaillons à concevoir des produits alimentaires plus sains. Ce virage doit comprendre d'éliminer les gras trans, de surveiller le sodium, de mettre en oeuvre un étiquetage sur le devant de l'emballage et de restreindre le marketing destiné aux enfants. Dans le cadre d'Une politique alimentaire pour le Canada, la nouvelle définition nutritionnelle, assortie de principes directeurs fondés sur des données probantes et de considérations environnementales, doit éclairer les orientations stratégiques.
Notre deuxième recommandation est que la politique alimentaire pour le Canada permette de relever les défis pressants et de tenir compte des particularités des réseaux alimentaires des collectivités autochtones éloignées du Nord, particulièrement de l'insécurité alimentaire chez les Autochtones.
Un ménage sur huit vit en situation d'insécurité alimentaire. Je pense que c'est aussi la proportion des ménages qui souffrent de problèmes d'insalubrité alimentaire. En fait, quand on regarde la prévalence de la maladie dans la population, une personne sur quatre souffre de l'une seule des maladies liées au régime alimentaire, soit le diabète et le pré-diabète. Donc quand on dit qu'un ménage sur huit souffre dans une certaine mesure d'insécurité alimentaire, quand on parle de l'accessibilité des aliments, la première question qui ressort est celle de l'insuffisance des revenus.
Je m'attaquerai directement au vif du sujet en vous parlant du pilier de l'amélioration de la santé et de la salubrité des aliments.
À mon avis, l'amélioration de la santé des Canadiens devrait être le principal fondement de la politique alimentaire du Canada. Depuis longtemps, le gouvernement est obsédé par la réglementation comme principal outil pour améliorer la santé. Un règlement visant à réduire la quantité de sel ou de sucre dans les aliments ne changera en rien l'utilisation que font les consommateurs de la salière ou du bol de sucre.
Le gouvernement pourrait s'appliquer davantage à éduquer les consommateurs aux régimes alimentaires afin d'orienter leur choix d'aliments. Le fait d'inscrire la valeur nutritionnelle et les bienfaits des aliments pour la santé sur l'emballage participe à l'éducation des consommateurs, en plus d'inciter l'industrie à innover et à reformuler ses produits afin d'offrir des aliments plus sains et plus durables. Il sera essentiel d'accroître la présence de sources d'information crédibles, comme des directives nutritionnelles du gouvernement, afin d'établir des repères pour que les consommateurs soient informés de ce qu'englobe un régime alimentaire sain. L'élaboration de la politique alimentaire est l'occasion d'agir contre l'obésité et les maladies liées aux régimes alimentaires chez les Canadiens, puis d'en évaluer le succès grâce à des réductions mesurables de la prévalence des maladies liées aux régimes alimentaires.
La salubrité des aliments est suffisamment importante pour être incluse dans le thème de l'amélioration de la santé et de la salubrité des aliments, ainsi que dans celui de l'amélioration de l'accès à des aliments abordables. L'accès à l'eau et à des aliments salubres est un droit de la personne fondamental. Il faut définir clairement, dans toute discussion sur la salubrité des aliments, quel est le problème à corriger. Le Canada a déjà d'excellentes règles sur la salubrité des aliments. L'adoption de nouvelles règles ou de normes plus strictes ne viendra pas remplacer l'application à proprement parler des règles actuelles. Nous devons tous nous demander si la multiplication des règles peut vraiment améliorer la salubrité des aliments. Il faudrait peut-être plutôt mettre l'accent sur l'éducation des consommateurs pour assurer la salubrité à la maison et travailler de concert avec les producteurs alimentaires pour que les règles actuelles soient respectées du début à la fin de la chaîne de valeur.
Concernant l'accès à des aliments abordables, j'aimerais faire la distinction entre les aliments et les régimes alimentaires. Divers aliments peuvent contribuer individuellement à répondre aux besoins nutritionnels, mais ce sont les habitudes alimentaires globales qui ont la plus grande incidence sur les indicateurs à long terme de la santé. La politique alimentaire pourrait être plus percutante si elle mise sur l'accès à un régime équilibré abordable plutôt que sur l'accès aux aliments individuellement.
Il y a ensuite la préservation de la qualité des sols, de l'eau et de l'air. Permettez-moi de vous parler un peu du plus grand changement qui s'opère dans le milieu de l'innovation alimentaire mondial et de ce à quoi il faut le plus porter attention pour établir de bonnes bases stratégiques au Canada et dans le monde. Nous reconnaissons tous que la production mondiale d'aliments a une grande incidence sur la planète. Je vous épargne les statistiques. Je conviens qu'il faut mettre l'accent sur les aliments dans notre plan de durabilité environnementale.
Il faut avoir une discussion stratégique sur la consommation d'aliments pour que les consommateurs comprennent l'incidence de leurs décisions. Jason Clay, du Fonds mondial pour la nature, a soulevé une question très intéressante à la dernière réunion du Centre canadien sur l'intégrité des aliments: « Les gens devraient-ils pouvoir choisir des produits durables ou tous les choix devraient-ils être durables? »
À mon avis, nous faisons une fixation sur l'agriculture et les produits eux-mêmes, alors que nous devrions évaluer l'impact écologique du régime alimentaire. Il ne suffira pas d'apporter de petites améliorations ici et là à ce que nous faisons déjà à la ferme. Il faut réfléchir à ce qu'on met dans la boîte ou dans l'emballage alimentaire, quel qu'il soit, réfléchir aux régimes alimentaires, à la formulation des aliments et aux innovations possibles en transformation et en conservation des aliments pour réduire l'utilisation de l'eau, le gaspillage alimentaire et toutes sortes de répercussions environnementales. On passe complètement à côté de tout cela en ne mettant l'accent que sur la durabilité à la ferme.
La politique alimentaire pour le Canada doit mettre l'accent sur les aliments et les choix des consommateurs. L'attention qu'on porte à la durabilité dans la politique alimentaire doit au moins permettre de faire en sorte que les consommateurs aient accès à toute l'information voulue sur la durabilité pour faire des choix éclairés quant aux aliments qu'ils choisissent à l'épicerie. Il faut d'abord nous concentrer sur ce qui entre dans le panier d'épicerie et non sur ce qui entre dans le silo à grain.
Nous avons besoin de mesures nutritionnelles pour évaluer la santé humaine et la durabilité écologique. La politique alimentaire de la Suède, dont j'ai un exemplaire ici, commence en ces mots:
En matière d'alimentation, il est facile de se concentrer sur les nutriments ou les aliments individuellement, à l'exclusion de toute autre chose, mais tous les aspects sont interreliés, donc il importe de conserver une vision globale.
Cet énoncé témoigne de la nécessité d'une nouvelle approche, et beaucoup de pays ont déjà changé le cap. Nous devons veiller à ce que le Canada favorise une approche globale plutôt que l'ancienne approche facile remâchée.
Je ne peux clore sur la durabilité sans vous mentionner le rôle de l'agriculture canadienne dans l'alimentation mondiale. Il faut reconnaître, dans la politique alimentaire pour le Canada, que nous sommes un pays exportateur et que nos décisions auront une incidence mondiale, puisqu'elles toucheront bien des consommateurs à l'extérieur du Canada.
La façon dont nous abordons actuellement la politique alimentaire et environnementale fait totalement abstraction de facteurs de succès fondamentaux, comme l'éducation des consommateurs, le lien direct à faire entre la politique et une réduction mesurable des émissions de gaz à effet de serre, la nécessité d'assurer l'accès à des aliments abordables et le positionnement nécessaire du Canada pour attirer les investissements essentiels à la croissance économique dans les domaines de la production et de la transformation des aliments. Cet éclairage montre clairement que nous n'avons pas encore trouvé la bonne approche pour gérer les aliments et protéger l'environnement.
La politique alimentaire du Canada doit correspondre aux objectifs en matière de croissance économique et de création d'emplois. Le gouvernement peut stimuler la compétitivité et l'innovation en proposant des mesures incitatives pour offrir aux consommateurs des aliments qui contribuent à l'atteinte des objectifs ayant trait à la santé et à la durabilité. Pensons tout d'abord à la façon dont les politiques et les règles fiscales peuvent stimuler positivement le changement. Les gouvernements peuvent eux aussi penser davantage à utiliser la carotte que le bâton.
Comme le Canada est un marché relativement petit, les entreprises canadiennes doivent se tourner vers l'étranger pour leur croissance. Par conséquent, le gouvernement canadien devrait comprendre comment ses politiques et ses règles s'harmonisent avec celles de nos partenaires commerciaux, comme les États-Unis et l'Europe. Les objectifs des divers pays en matière de santé et de durabilité ne sont pas vraiment différents. Nous pouvons donc nous demander pourquoi notre approche en vue de nous attaquer à ces défis devrait être différente.
Il y a 36,7 millions de Canadiens, et chacun d'entre nous a une opinion sur les aliments. La réussite de notre politique alimentaire sera mise à l'épreuve chaque fois qu'un Canadien se rendra à l'épicerie ou qu'il regardera un menu dans un restaurant. Il ne fait aucun doute qu'une sensibilisation est nécessaire pour transformer l'approche des consommateurs envers la nourriture. Ce changement nécessaire dans le comportement des consommateurs devrait être à la base de la façon dont le gouvernement décide de réglementer ce qu'une entreprise peut faire et dire pour assurer la salubrité des aliments et veiller à ce que les consommateurs soient au courant du brillant avenir qui nous attend. Enfin, une politique alimentaire canadienne doit créer des possibilités économiques et aussi rendre accessible une alimentation saine aux Canadiens vivant en situation d'insécurité alimentaire.
Par conséquent, les trois éléments pour la réussite d'une politique alimentaire incluront la sensibilisation, une réglementation progressive et des mesures pour stimuler l'innovation.
Merci.
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Oui. J'aimerais ajouter quelque chose.
Nous avons presque exclusivement mis l'accent sur la gouvernance dans notre exposé en raison de son importance. Si la gouvernance ne va pas, peu importe les autres politiques dont nous discutons, ce sera voué à l'échec. Si les Canadiens, les agriculteurs et le reste de l'industrie n'ont pas l'impression d'être représentés dans un conseil de la politique alimentaire, les gens n'auront pas l'impression que ce conseil est représentatif des Canadiens. Si ce conseil n'est pas vu comme étant représentatif des Canadiens, ce sera voué à l'échec.
Le reste de nos points ne sont pas sans importance; ils sont très importants. Cependant, si la gouvernance de ce processus ne va pas, tout le reste que nous ferons sera voué à l'échec.
Voilà pourquoi nous avons mis l'accent dans notre mémoire — je crois que vous avez une copie du mémoire que nous avons soumis — sur l'importance de bien faire les choses au sujet de la gouvernance et de nous assurer que les divers intervenants sont représentés. Je me concentre évidemment sur l'agriculture et je m'assure que le secteur est adéquatement représenté. Au-delà de cela, nous devons nous assurer d'avoir en place des moyens de consultation et de rendre des comptes aux secteurs concernés.
Si nous ne le faisons pas, les autres choses dont nous parlons n'ont pas d'importance, parce que cela ne fonctionnera pas.