:
Merci et bonjour, monsieur le président.
[Français]
Je m'appelle Jaspinder Komal. Je suis directeur exécutif de la Direction de la santé des animaux à l'Agence canadienne d'inspection des aliments et vétérinaire en chef adjoint du Canada.
[Traduction]
Je suis heureux d'être ici pour participer à l'étude et faire le point sur les travaux de l'Agence relativement à la modification de la partie XII du Règlement sur la santé des animaux.
[Français]
Comme vous le savez, l'ACIA est un organisme de réglementation à vocation scientifique qui veille à la protection des végétaux, à la santé des animaux et à la salubrité des aliments. Par ses travaux, elle contribue à la santé et au bien-être des Canadiens tout en protégeant l'environnement et l'économie du Canada.
[Traduction]
Je tiens à préciser qu'au Canada le bien-être des animaux est une responsabilité partagée entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, l'industrie et le public.
Tout d'abord, la responsabilité du bien-être des animaux incombe ultimement à celui qui a le soin et la garde des animaux. Cependant, les gouvernements provinciaux et territoriaux ont la principale responsabilité en matière de règlementation pour la protection du bien-être des animaux à la ferme. À l'échelle fédérale, des exigences sont prévues pour le transport sans cruauté des animaux au Canada dans le Règlement sur la santé des animaux. L'ACIA est responsable d'établir et d'appliquer ce règlement, qui date de 1977. Peu de modifications y ont été apportées depuis.
L'ACIA reconnaît depuis un certain temps qu'une mise à jour s'impose pour tenir compte des connaissances scientifiques et des pratiques actuelles de l'industrie et mieux harmoniser nos normes avec les normes internationales. Au cours de la dernière décennie, l'ACIA a consulté des intervenants, y compris des transporteurs, des producteurs, des transformateurs, des organismes de protection des animaux ainsi que le grand public, pour déterminer plus précisément comment modifier le Règlement.
En 2006, elle a entamé des consultations sur certaines modifications proposées. Des groupes de l'industrie et la population ont été invités à formuler des commentaires sur certaines parties du Règlement visées par les modifications. Ces consultations ont permis d'établir que la majorité des intervenants étaient d'accord avec l'essentiel des changements proposés.
À l'automne 2013, l'ACIA a tenu de nouvelles consultations sur les modifications proposées pour confirmer de nouveau les attentes des intervenants sur les mêmes éléments qu'en 2006. Elle a également sollicité de plus amples commentaires sur des modifications particulières au Règlement, comme les intervalles de temps pendant lesquels les animaux peuvent être transportés sans nourriture, sans eau et sans repos. L'Agence a également distribué deux questionnaires en 2013 et en 2014 pour recueillir des données auprès d'entreprises sur les répercussions économiques possibles des modifications proposées. Le premier questionnaire ciblait les transporteurs commerciaux. Le deuxième avait une très vaste portée et ciblait plus de 1 000 intervenants, dont des associations de producteurs, des marchés aux enchères, des parcs de groupage, des transformateurs et des responsables du transport commercial d'animaux.
En mai 2015, l'Agence a fait parvenir un questionnaire aux entreprises qui avaient répondu au sondage sur les répercussions économiques afin de valider les données obtenues. Ces efforts ont mené à la publication le 3 décembre 2016 dans la partie I de la Gazette du Canada des modifications proposées. La période d'observations du public a pris fin le 16 février 2017.
Les modifications proposées au Règlement sur la santé des animaux visent à améliorer le bien-être des animaux pendant leur transport, à répondre aux préoccupations du public et à mieux harmoniser les normes du Canada avec celles des principaux partenaires commerciaux et les normes internationales. Permettez-moi de vous donner quelques précisions.
Les modifications proposées permettront de réduire les intervalles de temps pendant lesquels les animaux sont transportés sans nourriture, sans eau et sans repos. Elles établiront des résultats clairs pour l'industrie et les transporteurs afin qu'ils comprennent bien les exigences et elles tiendront davantage compte des besoins des animaux et des pratiques actuelles de l'industrie. Elles assureront une meilleure harmonisation avec les normes des principaux partenaires commerciaux du Canada et de l'Organisation mondiale de la santé animale, aussi appelée l'OIE.
Enfin, elles fourniront des précisions en ajoutant des définitions claires, notamment pour ce qui est des animaux fragilisés et inaptes. Puisque les opinions divergent sur la question du transport des animaux, nous ne nous attendons pas à ce que tous les intervenants appuient les modifications. L'ACIA souhaite que le Règlement établisse un équilibre entre les besoins des animaux pendant le transport, les pratiques de transport au Canada et les préoccupations du public quant au bien-être des animaux.
Nous avons accompli de grands progrès, mais il reste encore du travail à faire. Depuis le 16 février, des représentants de l'ACIA analysent les commentaires reçus et évaluent si des changements devraient être apportés aux modifications proposées avant la publication de la version définitive du Règlement. Je suis heureux d'annoncer que l'ACIA a reçu des commentaires de près de 11 000 répondants, et les commentaires individuels devraient se chiffrer en dizaines de milliers. Les commentaires reçus proviennent d'intervenants de nombreux domaines d'expertise et d'intérêt, comme des universitaires, des chercheurs, des organismes de protection des animaux, des groupes industriels, des producteurs, des transporteurs, des gouvernements, des associations de médecine vétérinaire et des Canadiens.
J'aimerais souligner que, compte tenu de l'absence de mécanisme pour prolonger la période de commentaires une fois qu'elle est terminée, l'ACIA accueillera avec intérêt les recommandations que le Comité voudrait formuler sur la question avant le 1er mai. Pour ce qui est de la mise en oeuvre, l'ACIA propose que la version définitive du Règlement entre en vigueur 12 mois après sa publication dans la partie II de la Gazette du Canada. Les parties règlementées auraient ainsi suffisamment de temps pour s'adapter aux nouvelles exigences.
Avant de conclure, je tiens à préciser qu'en plus de son rôle d'application de la loi l'ACIA joue un rôle éducatif. Elle travaille en étroite collaboration avec l'ensemble des parties touchées pour les sensibiliser à la question du bien-être des animaux pendant le transport. Elle a d'ailleurs publié avec les modifications proposées au Règlement un guide d'interprétation à l'intention des parties règlementées pour leur fournir de plus amples lignes directrices et renseignements. L'ACIA est déterminée à assurer le transport sans cruauté des animaux et elle accorde une réelle importance à leur bien-être.
Je vous remercie de nouveau de m'avoir donné l'occasion de faire le point sur les travaux de l'ACIA en ce qui a trait à la partie XII du Règlement sur la santé des animaux. Merci.
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Merci de votre question, monsieur.
Comme je l'ai dit, nous avons examiné tous ces facteurs ainsi que les normes du Canada, de l'Europe, des États-Unis, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Avant, le Règlement sur la santé des animaux était très normatif. Maintenant, il est davantage axé sur les résultats, mais il reste normatif pour ce qui est des temps de déplacement.
Les normes canadiennes sont différentes des normes européennes, parce que notre réalité géographique fait que les animaux sont transportés sur de grandes distances. Quoi qu'il en soit, nous avons réduit les temps de déplacement. Nous avons aussi examiné les besoins de l'industrie et déterminé les temps maximaux que doivent respecter les personnes qui transportent ces animaux. Si des imprévus surviennent avant ou pendant le transport, les personnes qui s'occupent des animaux devraient prendre la décision de réduire les temps de déplacement en fonction de la santé des animaux.
Le Règlement prévoit donc les temps de déplacement. Les normes du Canada à ce chapitre sont semblables à celles des États-Unis, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Celles de l'Europe sont beaucoup plus strictes que les nôtres. Il faut dire qu'en Europe, les distances sont moins grandes qu'au Canada.
Nous avons évalué tout cela et nous en sommes arrivés à ces normes pour le Canada.
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Merci de votre question.
En effet, une disposition qui a été ajoutée au Règlement vise à ce que tout le monde qui s'occupe de ces animaux suive une formation, comme le prescrivent les normes internationales.
À partir du moment où ils quittent la ferme, ces animaux passent par beaucoup de mains: ils sont embarqués dans des camions, ils sont déplacés, après quoi on les présente dans des marchés en vue de leur vente, et ainsi de suite. Le Règlement exigera dorénavant que tout le personnel concerné, y compris les chauffeurs de camion, soit formé pour savoir comment chaque espèce d'animal va réagir dans l'environnement plus stressant des déplacements. S'il survient des conditions imprévues, la personne saura ce qu'il faut faire pour que les animaux soient bien traités, bien nourris et bien abreuvés.
En plus de cela, comme je l'ai dit dans mon allocution, il y aura un guide pour aider les gens de l'industrie à interpréter les règles. L'Agence continuera à former tous ceux qui manipulent ces animaux, pour s'assurer que ces derniers sont bien traités.
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C'est une très bonne question. Comme je l'ai mentionné, le transport des animaux est très stressant pour eux, et des millions d'animaux au Canada sont transportés à maintes reprises. Pour les jeunes animaux, nous avons établi un intervalle de temps qui est très court et plus court que pour les adultes. Par exemple, pour les vaches, l'intervalle est de moins de 12 heures; c'est donc possible de le faire d'une seule traite. Si le camion doit s'arrêter, les animaux doivent être débarqués pour manger, boire et se reposer durant au moins huit heures.
C'est le même intervalle qui prévaut pour d'autres animaux. Par exemple, dans le cas des bovins, l'intervalle est de 36 heures, étant donné que les bovins sont normalement et traditionnellement transportés d'est en ouest et que nous voulons qu'ils puissent se reposer si le transport prend plus de 36 heures.
Cela se compare énormément à ce que vivent les humains qui voyagent. Si nous parcourons une longue distance, nous sommes dans l'avion plus longtemps et nous avons tendance à nous déshydrater, même si nous continuons de boire ou de manger. C'est très semblable pour les animaux. Si nous les laissons dans le camion et que le trajet prend 70 ou 72 heures, voire 80 heures, je crois que les recherches ont démontré que le système physiologique des animaux se détériore, que des états pathologiques apparaissent, que les animaux tombent malades et que le produit que nous tirons de ces animaux n'est finalement pas de bonne qualité et n'est pas propre à la consommation humaine.
Comme je l'ai déjà mentionné, notre point de départ était les données scientifiques, puis nous avons apporté des modifications en fonction des réalités géographiques canadiennes. Nous continuons de penser que la réduction de ces intervalles découlant de normes établies en 1977 sera une énorme amélioration. Sommes-nous parfaits? Je ne le crois pas, mais c'est un pas dans la bonne direction. À mesure que de nouvelles données scientifiques seront disponibles, nous continuerons de progresser en la matière.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je vous remercie de me permettre de m'exprimer devant vous.
Tout d'abord, je tiens à remercier mon député, Jacques Gourde, de m'avoir invité à témoigner devant le Comité aujourd'hui. Nous sommes très reconnaissants d'avoir la possibilité de communiquer au gouvernement nos préoccupations concernant le régime actuel de transport d'animaux vivants.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous faire part d'un problème réel et flagrant qui prend de plus en plus d'ampleur. Il s'agit du régime de sanctions administratives pécuniaires, ou SAP, plus précisément en ce qui concerne le transport d'animaux inaptes.
Avant de nous engager dans le vif du sujet, nous voulons préciser une chose, afin d'éviter toute ambiguïté: le bien-être animal est très important pour notre association et pour nos membres. Plus encore, nous avons été les premiers à nous battre pour assurer le respect des plus hauts standards d'éthique en matière de transport d'animaux.
Les animaux sont notre gagne-pain. Parfois, cette réalité échappe aux gens à qui nous parlons du problème. C'est d'ailleurs grâce aux animaux que nous pouvons mettre du pain sur notre table.
Il faut aussi comprendre que nous avons toutes les raisons pécuniaires de protéger les animaux. En effet, un animal qui meurt en cours de transport est pour nous une perte sèche. Il s'ensuit aussi un problème de clientèle lorsque trop d'animaux meurent durant le transport.
Bref, nous avons toutes les raisons de protéger les animaux contre les mauvais traitements, et c'est d'ailleurs ce que nous faisons. Nous n'avons pas besoin d'une loi pour nous inciter à protéger les animaux. Nous respectons la loi scrupuleusement.
Par contre, ce que le régime actuel prévoit, c'est autre chose. À ce sujet, j'aimerais vous lire un extrait d'une décision unanime de la Cour d'appel fédérale rendue en 2009 dans l'affaire Doyon:
En somme, le régime de sanctions administratives pécuniaires a importé les éléments les plus punitifs du droit pénal en prenant soin d'en écarter les moyens de défense utiles et de diminuer le fardeau de preuve du poursuivant. Une responsabilité absolue, découlant d'un actus reus que le poursuivant n'a pas à établir hors de tout doute raisonnable, laisse au contrevenant bien peu de moyens de disculpation.
C'est fort. Ce sont les éléments les plus punitifs du droit pénal, sans les défenses, avec un fardeau de preuve allégé. On retient le pire du criminel, on réduit à presque rien le fardeau de preuve du poursuivant, c'est-à-dire l'Agence canadienne d'inspection des aliments, et on enlève tous les moyens de défense au supposé contrevenant. Comment nos députés ont-ils pu adopter une telle loi? Nous nous le demandons.
Cela dit, aujourd'hui, nous n'allons pas demander une procédure pénale ni un fardeau de preuve habituel, ni discuter d'un rabais de 50 %, tous des points qui pourraient poser problème. Nous sommes prêts à composer avec toutes les imperfections de cette loi, si le Parlement l'a adoptée. Cependant, nous réclamons le droit à une défense.
Nous voulons simplement parler du droit d'un innocent à plaider son innocence, droit qui est à la base de notre système démocratique.
Le paragraphe 18(1) de la Loi sur la santé des animaux exclut la diligence raisonnable. Pourtant, cette défense est prévue dans presque toutes les lois canadiennes. Il s'agit de plaider qu'on a pris toutes les mesures raisonnables pour éviter la violation, ou encore que l'on croyait sincèrement et raisonnablement à un fait qui s'est révélé faux.
Illustrons la situation. Même si le transporteur a engagé un vétérinaire pour examiner le chargement, il pourrait quand même recevoir un avis de violation. En effet, si un animal a atteint une condition complètement indétectable, le transporteur demeure passible d'une amende.
Bref, on condamne des innocents. Nous voulons insister sur ce point. Si la défense de diligence raisonnable est admise, les transporteurs négligents seront tout de même condamnés. La seule différence entre permettre et ne pas permettre la défense de diligence raisonnable est de condamner des gens qui n'ont rien à se reprocher. Pourquoi condamne-t-on ces innocents?
Permettez-moi de vous donner un exemple de ce qui se produit régulièrement lors du transport d'animaux. Souvent, lors du chargement des animaux, nous n'avons pas beaucoup de temps pour les examiner. Le chargement se fait dans toutes sortes de conditions. Par exemple, en hiver, il fait très froid. Il y a certains animaux dont nous ne devons pas faire le chargement, mais qui se retrouvent quand même dans le chargement, soit parce que certains producteurs ont mal compris les règlements, soit parce qu'ils ont décidé de les dissimuler dans le groupe. Lorsque nous arrivons à l'usine, des gens sur place examinent les animaux et découvrent que certains n'auraient pas dû être transportés.
Souvent, ce sont des porcs ou du bétail que nous transportons. Les frais de transport du porc, par exemple, sont de 3 $ par animal, alors que cet animal vaut peut-être 150 $ ou 200 $. Si un animal a été dissimulé dans le groupe à notre insu et que nous n'avons pas vu son état, nous écopons alors d'une amende de 7 000 $. Nous transportons beaucoup de têtes de bétail annuellement. Or, nous sommes considérés comme des récidivistes si trop de cas comme ceux-là arrivent. L'amende imposée à un récidiviste augmente chaque fois. Elle peut passer à 12 000 $, puis à 20 000 $. Je ne sais pas si vous comprenez le contexte, mais c'est un peu ainsi que les choses se passent.
En finissant, j'aimerais vous faire part de quelques statistiques.
Sur 10 pays ayant des régimes de sanctions administratives pécuniaires, dont l'Angleterre, l'Espagne, l'Allemagne et le Portugal, seul le Canada ne permet pas cette défense. Seulement le tiers des neuf régimes de SAP au pays l'écartent.
Je cite une autre statistique. En matière pénale, pour les mêmes accusations, moins de la moitié de celles-ci se traduisent par un paiement; en matière de SAP, c'est plus de 98 %. Y a-t-il plus de contrevenants en matière pénale? Bien sûr que non. Il s'agit des mêmes infractions. La différence est que, en matière de SAP, on ne laisse pas les gens se défendre. Cette différence massive fait en sorte que des innocents soient condamnés.
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Merci de me donner l'occasion de témoigner devant le Comité.
La plupart d'entre vous connaissent la FCA et savent qui elle représente. Je ne pense donc pas qu'il soit très utile de vous l'expliquer, mais je vais dire que les membres de la FCA représentent tous les producteurs agricoles.
Je vais parler de certaines préoccupations majeures des producteurs canadiens et présenter certaines de leurs recommandations, et je vous encourage à continuer de demander aux organisations de producteurs de quelle façon les modifications au règlement auront une incidence sur les diverses espèces. Ces organisations sont mieux placées pour donner des exemples tirés de leur industrie et pour parler de préoccupations liées aux différentes espèces ainsi que des exigences énoncées dans la réglementation proposée.
Dans l'ensemble, le transport des animaux d'élevage est un domaine dans lequel les producteurs ont vraiment à coeur de maintenir des normes de soins élevées. Le travail minutieux et acharné accompli grâce au Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage, dont la FCA est membre, continue de jouer un rôle important en donnant aux producteurs de bonnes indications scientifiques concernant les pratiques exemplaires en matière de soins offerts aux animaux pendant le transport.
Le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage rassemble des producteurs, des intervenants de la chaîne de valeur, des scientifiques spécialistes du bien-être des animaux et des organisations non gouvernementales intéressées par les soins aux animaux d'élevage dans le but de collaborer à la rédaction de codes de pratiques que l'industrie doit suivre. Cette approche multipartite est la meilleure façon d'établir les principes directeurs nécessaires à l'amélioration continue des soins aux animaux.
Il ne fait aucun doute que le maintien par l'industrie de normes élevées de soins pendant le transport est une question de confiance du public qui a déjà fait l'objet de vérifications. Du point de vue du producteur, prodiguer aux animaux des soins de mauvaise qualité pendant le transport expose l'industrie à davantage de critiques du public, à la probabilité d'une réglementation accrue ainsi qu'à un prix inférieur attribuable à une perte pondérale ou à la fragilisation des animaux. Il est manifestement dans l'intérêt de l'industrie de s'efforcer d'améliorer sans cesse nos normes de soins aux animaux, notamment grâce aux assises réglementaires du système. Nous reconnaissons également qu'il est important que la réglementation canadienne soit conforme aux normes internationales.
Dans l'ensemble, nous aimerions remercier le ministère de proposer un langage réglementaire axé sur les résultats plutôt que sur des contraintes. Cette façon de procéder permet de mieux adapter la réglementation à l'évolution rapide des technologies et du marché. Cela dit, nous aimerions vous faire part de certaines préoccupations concernant les modifications réglementaires proposées.
Comme le Canada est très vaste, certains aspects de la production agricole intérieure sont tributaires du transport sur de longues distances, surtout pour la reproduction et la transformation. Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à une diminution du nombre d'usines de transformation, ce qui a contraint les producteurs à transporter les animaux plus loin.
De façon similaire, comme le Canada fait partie des quelques pays de la planète qui exportent des aliments, les producteurs canadiens expédient des animaux dans de nombreux pays, et ils risquent donc de subir les conséquences de la diminution des intervalles entre les périodes d'abreuvement, d'alimentation et de repos. S'ajoute à cela l'exigence supplémentaire de répondre à des attentes raisonnables en matière de soins tout au long du déplacement, une fois que les animaux ont quitté le Canada.
Tous les efforts sont déployés pour assurer le respect et le dépassement des normes en matière de soins aux animaux une fois que la cargaison quitte le Canada, mais c'est plus facile à faire lorsque les entreprises et les pays sont bien connus. Par conséquent, on craint que cette exigence ne dissuade les gens de percer de nouveaux marchés ou de développer les marchés actuels en travaillant avec de nouveaux partenaires commerciaux à l'étranger. Nous soutenons le principe qui sous-tend l'exigence, mais nous aimerions qu'on indique clairement à l'industrie comment satisfaire cette exigence et contourner les éventuels obstacles au développement de marchés.
J'encourage le Comité à évaluer attentivement les répercussions possibles de la diminution des intervalles maximums en fonction du témoignage des organisations nationales de producteurs. Compte tenu de l'immense diversité de l'industrie et des différences énormes d'une espèce à l'autre, les intervalles devraient continuer de varier en fonction des meilleures données scientifiques disponibles. Nous avons donc demandé à l'ACIA de revoir les intervalles proposés et le résumé de l'étude d'impact de la réglementation afin d'examiner plus attentivement l'incidence sur l'ensemble de la chaîne de valeur pour chaque type d'animal d'élevage.
En général, nous recommandons une prolongation de quatre heures pour toutes les catégories afin de tenir compte des circonstances imprévues qui surviennent rarement, mais inévitablement. Cette prolongation permettrait aux transporteurs d'animaux d'intervenir adéquatement dans les rares cas qui ne sont tout simplement pas prévus dans un plan d'urgence. Nous aimerions également nous assurer que l'exigence relative à un plan d'urgence ne prévoit pas de plan écrit. Bien souvent, dans le cas des transporteurs expérimentés, les itinéraires sont bien connus, et ils peuvent compter sur leur expérience pour atténuer les risques de retards importants.
Un accent accru sur la formation offerte aux transporteurs d'animaux améliorerait les résultats à mesure qu'ils comprennent mieux les animaux et les exigences réglementaires.
Les producteurs et les transporteurs d'animaux s'efforcent tous de réduire le stress et la souffrance que pourraient endurer les bêtes pendant le transport. Selon la race et la façon dont un animal a été élevé, sans oublier les affections inobservables, certains animaux sont plus habitués que d'autres au transport, au confinement et à la présence d'autres animaux. Les niveaux de stress diffèrent donc en fonction de nombreux facteurs. Les règles doivent être plus claires et définir l'étendue de la souffrance indue, disproportionnée et injustifiée, ce qui permettrait d'améliorer les soins aux animaux et les interprétations juridiques actuelles de manière cohérente et claire.
De plus, le terme « observable à l'oeil nu » devrait être ajouté au règlement dans l'intérêt de ceux qui sont responsables du chargement, du transport et du déchargement d'animaux fragilisés ou inaptes. De nombreuses affections peuvent faire en sorte qu'un animal est jugé fragilisé ou inapte au transport, mais elles ne sont pas toujours observables à l'oeil nu par les personnes responsables du transport. Ces personnes ne veulent jamais transporter à leur insu des animaux fragilisés ou inaptes. Sans ce terme, la confusion quant à savoir si ces personnes seraient tenues responsables d'une situation dans laquelle elles n'avaient pas un accès raisonnable à l'information ou ne voyaient pas de signe visible de la fragilisation ou de l'inaptitude au transport de l'animal pourrait poser des problèmes.
Nous recommandons également que l'ACIA propose une option de mise en oeuvre souple afin de donner aux petites entreprises le temps nécessaire à la formation adéquate des exploitants. On s'attend à ce que l'adoption de ces modifications se traduise par une demande considérable de formation, et il serait avantageux tant pour les employeurs que pour les employés d'accorder plus de temps dans le but d'échelonner cette formation.
L'industrie agricole a besoin d'une réglementation rigoureuse, mais applicable pour encadrer le transport sans cruauté des animaux d'élevage afin de maintenir et de renforcer la confiance du public tout en orientant l'industrie. Une fois que le règlement aura été mis à jour, nous resterons déterminés à travailler avec le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage à la rédaction de codes de pratiques et à leur mise à jour ainsi qu'à la communication de renseignements aux organisations de producteurs.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de témoigner devant le Comité.
Je vais aborder trois points dans ma déclaration d'aujourd'hui. Premièrement, je vais vous parler un peu du secteur que nous représentons. Deuxièmement, je vais parler des modifications proposées au Règlement sur la santé des animaux et, troisièmement, de l'importance du bien-être des animaux pour obtenir la confiance du public.
La Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux, la FSCAA, est la seule organisation nationale qui représente les sociétés d'assistance aux animaux et les SPCA au Canada. La Fédération est un moteur de changements positifs et progressistes à l'échelle nationale qui visent à mettre fin à la cruauté envers les animaux, à améliorer leur protection et à promouvoir le traitement sans cruauté de tous les animaux grâce à l'adoption de mesures législatives efficaces, entre autres choses.
La FSCAA a été fondée en 1957 par souci du bien-être des animaux d'élevage. Elle a contribué à l'adoption par le gouvernement fédéral, en 1959, de la Loi sur l'abattage, sans cruauté, des animaux destinés à l'alimentation. En tant que membre fondateur du Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage, la FSCAA préconise l'amélioration continue des normes sur les soins aux animaux d'élevage qui figurent dans les codes de pratiques de l'industrie agricole du Canada.
Les sociétés d'assistance aux animaux et les SPCA, c'est-à-dire le secteur de la prévention de la cruauté envers les animaux, représentent l'un des plus vieux mouvements sociaux au Canada. La première loi canadienne de lutte contre la cruauté envers les animaux est entrée en vigueur en 1857, et la première SPCA canadienne a été fondée en 1869.
Le secteur de la prévention de la cruauté envers les animaux est un des principaux contributeurs au filet de sécurité sociale du Canada. Il comprend 115 sociétés d'assistance aux animaux et SPCA qui sont disséminées dans l'ensemble des provinces et des territoires, dans des collectivités urbaines et rurales, et qui interviennent à l'échelle locale et provinciale. Quarante pour cent des sociétés d'assistance aux animaux et des SPCA ont des pouvoirs d'application des mesures législatives provinciales et fédérales concernant la cruauté envers les animaux et leur maltraitance. Ce secteur emploie près de 2 000 employés à temps plein.
J'aimerais maintenant parler des modifications proposées au Règlement sur la santé des animaux.
Chaque année, le Canada produit plus de 700 millions d'animaux d'élevage, dont la majorité est envoyée à l'abattage. Le transport présente un risque élevé de souffrance et de maladie. De façon générale, nous estimons que l'élevage des animaux près de l'endroit où ils seront abattus est préférable à un système agricole tributaire du transport sur de longues distances pour atteindre les objectifs de développement durable, qui consistent à réduire les répercussions environnementales et à améliorer la santé et les conditions sociales, l'efficacité et l'équité des conditions économiques ainsi que le bien-être des animaux.
Dans leur forme actuelle, les règles de transport révisées nuiraient au bien-être des animaux d'au moins quatre façons.
Premièrement, l'intervalle pendant lequel il est autorisé que les animaux soient transportés sans nourriture, sans eau et sans repos est encore beaucoup trop long dans le règlement modifié. Plus le transport des animaux est long, plus il est probable qu'ils en souffriront, et il existe des études scientifiques à ce sujet, par exemple la publication de Gonzalez et de ses collaborateurs sur les conditions de transport des bovins.
La durée totale des trajets, de la préparation initiale à la destination finale, c'est-à-dire tout le processus, doit être réduite. Par exemple, nous recommandons de remplacer la durée proposée de 36 heures pour les bovins et de 28 heures pour les chevaux et les porcs par la limite de 8 heures établie par le groupe scientifique indépendant d'experts en santé et en bien-être des animaux de l'Autorité européenne de sécurité des aliments.
Deuxièmement, le transport présente des défis importants pour ce qui est du bien-être et de la santé des animaux. Cependant, le règlement modifié autorise le transport sur de longues périodes de nombreux animaux « fragilisés » qui souffrent déjà d'autres blessures et d'autres affections, ce qui est inacceptable. Le règlement devrait considérer ces animaux comme étant inaptes au transport.
Troisièmement, le règlement modifié ne protège pas suffisamment les animaux contre les conditions environnementales extrêmes qu'ils peuvent subir pendant le transport. Ces conditions affaiblissent davantage leur organisme et s'ajoutent au stress que provoque le transport proprement dit. Le transport ne devrait pas être autorisé dans des conditions environnementales extrêmes. Les véhicules devraient être isolés et avoir une litière adéquate. De plus, il devrait être obligatoire d'avoir des systèmes de ventilation et de contrôle des conditions dans le véhicule pour prévenir les coups de chaleur et les engelures. Depuis 2009, la réglementation européenne exige que tous les véhicules routiers utilisés pendant de longs trajets soient munis de ce genre de systèmes.
Quatrièmement, il y a la densité de chargement, qui est en soi une variable essentielle qui doit être contrôlée pendant le transport. Le règlement doit donc contenir des règles claires, notamment sur la densité de chargement maximale, qui doivent faire l'objet d'inspections. Nous recommandons les limites de densité établies par le groupe scientifique indépendant de l'Autorité européenne de sécurité des aliments.
Ce sont les quatre sources de préoccupation dont je voulais vous faire part concernant les modifications proposées au règlement. Pendant la dernière ou les deux dernières minutes, j'aimerais parler de l'importance du bien-être des animaux pour restaurer la confiance du public.
La confiance du public dans le secteur agricole est essentielle au succès et au gagne-pain d'un grand nombre de producteurs et de collectivités. En 2016, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l'Agriculture ont publié la Déclaration de Calgary, qui présente leur vision consensuelle des priorités en vue d'établir le prochain cadre stratégique pour l'agriculture. La confiance du public faisait partie des six aspects prioritaires qu'ils ont cernés. Dans ce contexte, les ministres ont expressément reconnu l'évolution des préférences alimentaires des consommateurs et le fait que les consommateurs s'attendent à ce que l'industrie soit transparente et à ce que les aliments soient produits de façon salubre, durable et responsable. Compte tenu du lien entre le bien-être des animaux et la salubrité des aliments, la production responsable, durable et salubre doit passer par des pratiques sans cruauté.
Un autre point qui est particulièrement pertinent pour la séance d'aujourd'hui est que les ministres ont réaffirmé leur soutien à un examen et à une modernisation continus d'une réglementation fondée sur des données scientifiques en ce qui a trait à la salubrité des aliments, à la santé et au bien-être des animaux et à la santé des plantes. Cet engagement englobe sûrement l'adoption de modifications au règlement sur le transport, qui est dépassé depuis longtemps, afin de tenir compte des travaux scientifiques récents et du point de vue d'autres instances internationales.
La confiance du public est tributaire d'une réglementation rigoureuse et efficace et de son application. Étant donné qu'il faudra peut-être attendre longtemps avant que le règlement modifié soit mis à jour — et il convient de noter que les règles en vigueur sont en place depuis plus de 40 ans —, il faut tenir compte des connaissances les plus récentes sur le bien-être des animaux et inclure les dispositions les plus progressistes pour que le règlement demeure pertinent pendant des années.
Le public se préoccupe plus que jamais du bien-être des animaux, et les préoccupations évoluent rapidement. Il est donc essentiel que les gouvernements soutiennent les producteurs dans la transition vers des systèmes qui...
:
Oui, je vais partager mon temps de parole avec M. Peschisolido.
[Traduction]
Je n'ai qu'une observation qui sera suivie d'une question. Monsieur Bonnett, vous avez abordé le sujet en parlant du transport des poulets.
Je sais qu'au chapitre V du règlement du Conseil européen relatif à la protection des animaux pendant le transport et les opérations connexes, il est indiqué que la période maximale en Europe pendant laquelle les poulets peuvent être privés de nourriture et d'eau est de 12 heures. Cette période ne comprend toutefois pas le chargement et le déchargement, car c'est ce qu'il y a de plus stressant pour l'animal. On ne voulait pas que le transporteur soit responsable du respect du délai. En moyenne, il faut de trois à quatre heures pour charger et décharger les poulets, et on nous dit sans cesse que l'Europe est le meilleur exemple à suivre. Je vous invite tous les trois à répondre.
De plus, nous savons que les producteurs les privent de nourriture et d'eau de 8 à 12 heures avant le transport, ce qui signifie que la période dépasse 30 heures en Europe. Au Canada, nous voulons qu'elle soit moins longue, mais nous n'avons pas la même infrastructure en place. Je vous invite à donner votre point de vue, car on dit souvent que nous devrions suivre l'exemple européen. Après tout, l'Europe ressemble au Canada, mais les Européens ne comptent tout simplement pas de la même façon que nous.
Madame Rastogi, monsieur Bonnett, monsieur Manningham, avez-vous des observations à ce sujet?