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Merci beaucoup, et bonjour. Merci de nous avoir invités à participer à votre étude portant sur le prochain cadre stratégique pour l'agriculture.
Je m'appelle Kurt Siemens. Je représente une troisième génération de producteurs d'oeufs du Manitoba. J'ai commencé en 1993 à diriger la ferme où j'ai grandi. J'y travaille maintenant avec mon fils aîné, Harley, récemment diplômé en agriculture de l'Université du Manitoba. En plus d'être producteur, je m'occupe activement des Producteurs d'oeufs du Canada. Je fais partie du conseil d'administration depuis 2009. Les POC représentent environ 1 000 producteurs ovocoles réglementés, dans toutes les provinces et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Le système de gestion de l'offre propre au Canada permet à nos concitoyens d'obtenir des oeufs frais, de grande qualité et de provenance locale tout en soutenant le dynamisme des communautés rurales. La production d'oeufs est en train de traverser une dixième année de croissance de ses ventes. Notre industrie est également à la source de plus de 1 700 emplois, elle engendre 428 millions de dollars en recettes fiscales et elle contribue à hauteur de 1,2 milliard de dollars au PIB.
Nous pensons que le fait d'évoluer dans un système de gestion de l'offre est un privilège et une grande responsabilité et nous agissons depuis des années de façon profondément engagée pour honorer notre contrat social et renforcer la confiance du public. Nous croyons que le succès en affaires et la générosité vont de pair, et cette conviction est enchâssée dans notre plan stratégique, que nous appelons simplement « la méthode POC ». C'est la raison pour laquelle nous avons un programme national à l'intention des jeunes producteurs qui prépare la prochaine génération, et celle pour laquelle nous investissons dans les programmes à long terme de quatre grands chercheurs entourés de leurs équipes. Ce sont des rouages essentiels de nos quatre décennies de dons à des partenaires comme Banques alimentaires Canada, Nourriture du Canada pour les Enfants et, plus récemment, le Club des petits déjeuners.
C'est la raison pour laquelle nous participons à des initiatives de portée internationale comme la Fondation internationale des oeufs, par l'entremise de laquelle Heart for Africa Canada a obtenu près de 1 million de dollars et notre expérience sur le terrain pour la conception d'une exploitation ovocole.
En ce moment, d'innombrables orphelins et de personnes souffrant du VIH/SIDA et de malnutrition, et vivant dans une grande pauvreté profitent de l'humble oeuf. Voilà pourquoi nous jouons un rôle clé dans l'émergence d'une chaîne de confiance du public. C'est le fruit d'une collaboration entre le gouvernement et l'industrie amorcée en octobre 2015 à Winnipeg, lorsque quelques personnes ont imaginé un dialogue national sur ces sujets cruciaux. C'est aussi la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui.
Tout simplement, nous croyons que l'agriculture représente l'un des plus grands débouchés économiques du Canada sur les marchés internationaux et qu'il est temps de reconnaître et de valoriser pleinement les progrès et le potentiel de ce secteur. On s'attend à ce que la population mondiale atteigne les 9,6 milliards de personnes d'ici 2050. Cela nécessitera une augmentation de 70 % de la production alimentaire mondiale. Le Canada est bien positionné pour jouer un rôle clé dans l'alimentation de la population du Canada et d'ailleurs dans le monde grâce à ses produits sûrs et de grande qualité.
Pour ce faire, les décisions de principe et les décisions budgétaires doivent reconnaître que l'agriculture forme un secteur de croissance stratégique en plus de contribuer pour beaucoup aux économies urbaine et rurale. Il est essentiel que le prochain cadre stratégique pour l'agriculture soit exemplaire dans sa conception comme dans son exécution, car l'agriculture a besoin d'être soutenue pour prévenir et traiter certaines maladies et lutter contre les parasites, pour accroître sa production alimentaire à partir de moins de ressources, pour répondre aux attentes et aux intérêts accrus du consommateur en matière de production alimentaire, pour assurer l'intendance des terres et produire des biens collectifs environnementaux de façon responsable, ainsi que pour assurer un mode de vie durable aux producteurs agricoles et aux générations à venir.
Comme Cultivons l'avenir prend fin en 2018, il est impératif que le gouvernement élabore le prochain cadre stratégique et lui fournisse les fonds nécessaires pour qu'il soutienne l'innovation. Les consultations actuellement menées par Agriculture et Agroalimentaire Canada et la Déclaration de Calgary qui en a résulté forment un élément essentiel de ce processus.
Nous y participons activement et nous sommes rassurés d'y voir un engagement en matière de transparence et relativement aux mécanismes destinés à assurer la circulation de l'information et des données entre l'industrie, les intervenants et tous les paliers de gouvernement. Nous tenons également à souligner l'important travail entrepris par l'ACIA pour préparer une série de recommandations concernant les directives et programmes qui feront partie du prochain cadre stratégique pour l'agriculture.
Parmi les nombreuses suggestions constructives que nous avons entendues en cours de processus, nous aimerions aujourd'hui souligner notre soutien pour différentes choses: des investissements à même de faciliter l'intégration de partenariats dans les chaînes de valorisation de l'agroalimentaire; un financement de l'adoption de la technologie à large bande; des programmes écosystémiques et environnementaux axés sur des mesures incitatives, communautaires et volontaires. Nous favorisons aussi une approche concertée devant l'inquiétude accrue concernant la production alimentaire et l'aide gouvernementale apportée en vue d'atténuer l'important manque de confiance entre l'innovation basée sur la science et l'acceptation par les consommateurs, de même que la compréhension de cette innovation. Nous sommes en faveur de la rationalisation des processus et d'une plus grande souplesse des programmes ou à mi-parcours qui tiendrait compte des changements et des cycles naturels liés à l'agriculture. Nous soutenons un financement qui renouvelle et dynamise la recherche en agriculture et en agroalimentaire pour la porter à un niveau plus significatif. Les investissements devraient être dirigés vers les secteurs prioritaires, le développement d'expertise, les infrastructures et une mobilisation des connaissances des producteurs primaires et du reste de la chaîne de valeur. Nous soutenons un accroissement de la transparence et de la sensibilisation aux possibilités de financement de même qu'aux initiatives positives et à leurs résultats.
Dans la foulée de ce que je viens de dire, j'aimerais terminer en parlant d'une belle réussite. En Alberta, la Colonie de Brant a été le premier poulailler de ponte net zéro au Canada. L'histoire a suscité beaucoup d'attention et de félicitations. Elle a reçu 250 000 $ de Cultivons l'avenir 2 pour avoir une évaluation de faisabilité, des biens d'équipement, des suivis et une expansion. La démarche a été une source d'inspiration pour Nathan Pelletier, nouveau président de la chaire de recherche des POC en durabilité, qui a récemment démontré qu'au cours des 50 dernières années, la production d'oeufs a doublé tout en réduisant son empreinte écologique de moitié. Il élabore actuellement un programme de recherche qui, nous l'espérons, incitera un nombre encore plus grand de fermes de chez nous à viser l'excellence face aux piliers du développement durable en tenant compte de l'environnement, du bien-être animal, de la santé et sécurité des travailleurs, de même que de la qualité, de la salubrité et de l'accessibilité financière des aliments. Pour nous, cette exploitation à zéro émission illustre ce qu'est une collaboration opportune, efficace et à intervenants multiples, la quintessence de ce qu'un cadre stratégique pour l'agriculture conçu et exécuté adéquatement devrait donner encore et encore.
Nous voulons assister à une immense croissance de l'agriculture et de l'agroalimentaire au Canada, stimulée par le prochain cadre stratégique pour l'agriculture. Nous avons hâte de travailler de concert avec le gouvernement dans ce sens.
Je vous remercie de votre temps et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et bonjour.
Je remercie tous les membres du Comité de nous donner l'occasion de nous exprimer aujourd'hui et de commenter le prochain cadre stratégique pour l'agriculture.
L'organisation des Producteurs de grains du Canada se veut une voix nationale pour plus de 50 000 producteurs actifs de partout au pays qui se consacrent à la culture et au traitement d'une diversité de céréales, dont le blé, le blé dur, l'orge, la canola, l'avoine, le maïs, le soya, les pois et les lentilles.
Les PGC est un organisme dirigé par des agriculteurs administrateurs dévoués qui oeuvrent à l'atteinte de nos objectifs de concert avec le gouvernement et les autres intervenants. Nos principaux sujets d'intérêt ont trait au transport, à la durabilité, au commerce-marketing, à la recherche et aux programmes de sécurité.
Note organisation a participé et participe activement aux consultations menées en ce moment en prévision de la prochaine version du cadre stratégique national pour agriculture. Nous croyons que les circonstances et les intérêts actuellement en place sont particulièrement bien alignés pour que l'ensemble de programmes, d'initiatives et de plateformes actuels s'adapte mieux aux préoccupations et aux possibilités, afin de soutenir la réussite commerciale et la croissance économique. Plus précisément, nous travaillons avec d'autres groupes afin d'étudier diverses avenues pouvant permettre une réforme des programmes de gestion des risques de l'entreprise qui appuierait une vision menant au secteur agricole le plus moderne, durable et prospère au monde.
Mon exposé de ce matin sera assez ciblé. Je vais surtout parler de la GRE, car nous estimons que des améliorations sont nécessaires de ce côté. J'aimerais néanmoins signaler que d'autres secteurs clés comme la recherche et le développement des marchés nous semblent tout aussi indispensables au succès du secteur, et nous préconisons le maintien du financement de tels programmes. Ils aideront de façon particulièrement importante le secteur à consolider son avantage concurrentiel en misant sur la science et la capacité d'innover, à répondre aux préoccupations croissantes entourant la confiance du public et à faciliter notre adaptation aux initiatives liées à la tarification du carbone.
Les producteurs de céréales et d'oléagineux du Canada tiennent beaucoup à la série de programmes de GRE. Or, il est préoccupant que ces programmes, en particulier Agri-stabilité, ne fonctionnent pas aussi bien que par le passé. Le taux de participation à Agri-stabilité affiche une régression constante, puisqu'il est tombé de 60 % en 2007 à 36 % en 2013, et ce déclin se maintient. S'ajoutant à une couverture qui ne peut être déterminée à l'avance, la diminution de la participation en a fait un programme sur lequel on ne compte pas et qui offre peu de stabilité financière advenant un choc de marché. Les producteurs ignorent quand ils seront payés et combien ils recevront. Le tout entraîne une aversion au risque et une diminution de la tendance à innover et n'aide surtout pas les jeunes producteurs, qui s'exposent à un maximum de risques et d'enjeux financiers au début de leur carrière agricole. En conclusion, les agriculteurs ne croient pas au programme; leur taux de participation est donc en déclin, si bien que — comme de fait — leur prédiction se réalise.
Voilà qui devrait inquiéter considérablement tous les paliers de gouvernement, car advenant un important choc du marché, on peut s'attendre à ce que le secteur agricole soit plus durement et beaucoup plus profondément touché qu'au cours des 10 dernières années. Malgré et peut-être à cause des conditions de marché favorables, les producteurs agricoles sont actuellement endettés comme jamais pour avoir investi dans leur exploitation. La céréaliculture est actuellement soutenue par la faiblesse du dollar canadien et le prix peu élevé du pétrole. Si la donne changeait, les producteurs seraient encore plus vulnérables devant une perturbation du marché.
Les autorités gouvernementales ont signalé qu'elles n'avaient pas envie de retourner à l'époque des programmes spéciaux, mais on y aura certainement recours s'il survenait un important choc de marché.
Dans le cas d'Agri-stabilité, comme la diminution des taux de participation se poursuit de façon régulière depuis 10 ans, nous croyons qu'un simple retour à un taux de couverture de 85 % et aux marges prévues dans Cultivons l'avenir 1 ne constituerait peut-être pas la meilleure solution. Nous suggérons d'approfondir la question pour déterminer où se situent les enjeux et proposer des solutions réalistes.
Dans le contexte actuel, il est difficile d'arriver à un seul et même programme qui tienne compte des besoins et des profils de risque de chaque producteur agricole. Par exemple, il serait utile d'avoir un programme Agri-stabilité qui encourage la diversification des activités plutôt que de la décourager, car bon nombre de producteurs, comme vous le savez, touchent à plusieurs volets de l'agriculture; or, dans son état actuel, le programme Agri-stabilité est ainsi fait qu'une exploitation diversifiée ne parviendra pas, bien souvent, à atteindre les seuils justifiant une indemnisation advenant l'échec d'un volet de ladite exploitation.
Prenons par exemple un agriculteur qui produirait des céréales et ferait l'élevage de porcs. S'il perd sa production de céréales, le revenu provenant de son élevage porcin va peut-être garder la ferme au-dessus du seuil limite, mais il aura quand même besoin des programmes de GRE, pour lesquels il a déjà payé, pour remédier à ses pertes.
Le taux de participation aux programmes comme Agri-investissement et Agri-protection — les autres piliers de la série — sont solides, même s'ils nécessitent d'importants investissements en argent de la part des agriculteurs.
C'est peut-être parce qu'ils sont prévisibles et tangibles. Ils procurent la tranquillité d'esprit aux agriculteurs et semblent bien fonctionner, même si l'on souhaite qu'Agri-investissement retourne aux anciens taux de financement et que l'on reconsidère son plafond, qui a été abaissé dans le cadre de Cultivons l'avenir 2.
Compte tenu de l'importance des programmes de GRE, il nous semble nécessaire que le prochain cadre stratégique comporte un mécanisme de consultation/discussion distinct. Nous avons recommandé la formation d'un comité consultatif regroupant des représentants d'associations nationales de producteurs de denrées, de même que d'associations provinciales pertinentes qui pourraient aborder toute disparité régionale.
Ce groupe veillerait à évaluer l'efficacité de la suite actuelle de programmes et à formuler des recommandations au ministre et aux instances gouvernementales. Nous avons déjà amorcé un travail de sensibilisation et d'échanges informels auprès d'autres groupes afin de voir quelles solutions permettraient d'accroître la souplesse du programme Agri-stabilité. Nous avons hâte de faire part de nos propositions au gouvernement une fois qu'elles auront été préparées.
Pour terminer, je rappelle que le soutien apporté par les provinces et par le gouvernement fédéral afin de procurer de bons programmes de protection de revenu a toujours été apprécié des producteurs de grains de partout au Canada; nous croyons cependant que le moment est venu de revoir et d'actualiser l'ensemble de programmes actuel afin qu'il reflète les besoins et les risques du producteur d'aujourd'hui et qu'il ait davantage de retombées sur l'intérêt public.
Merci, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité, de me permettre de m'adresser à vous et de vous parler de la façon dont la Fédération canadienne de l'agriculture entrevoit le prochain cadre stratégique pour l'agriculture.
Comme vous le savez, la Fédération canadienne de l'agriculture représente des groupes des producteurs et un certain nombre de groupements de producteurs spécialisés d'un océan à l'autre.
Depuis deux ans, la FCA échange sur le sujet avec ses membres et d'autres groupes de producteurs. Les producteurs et les employés de partout au Canada alimentent cette discussion en effectuant les analyses techniques nécessaires pour produire un portrait clair en prévision du prochain cadre stratégique pour l'agriculture.
Je vais d'abord parler de certains des enjeux administratifs essentiels soulevés par nos membres et de ce qu'il faudra faire à notre avis pour régler ces questions.
Les préoccupations de nos membres touchent trois grands sujets. Le premier a trait à la transparence et au suivi des fonds à frais partagés de Cultivons l'avenir 2. Les groupes de producteurs n'ont souvent pas d'idée claire de la façon dont les fonds de Cultivons l'avenir 2 sont dépensés au niveau des provinces. Le deuxième sujet est le fait que le manque d'uniformité du traitement des demandes de financement et des exigences du programme continue de poser des problèmes de taille à l'industrie. Enfin, l'amélioration des délais associés à de nombreux programmes reste un enjeu important, les retards de financement entraînant des occasions manquées et nuisant au bon déroulement de projets dans de nombreux cas.
En réponse à ces enjeux, la FCA a élaboré un certain nombre de propositions ciblées. J'en aborderai quelques-unes maintenant, mais je pourrai les expliciter davantage si vous avez des questions.
Premièrement. nous proposons que les gouvernements provinciaux transmettent à l'industrie et aux autres intervenants un relevé annuel détaillant ce à quoi les fonds du CSA ont été affectés, les raisons pour lesquelles ils l'ont été et les objectifs correspondants, fournissant ainsi l'assurance que les projets financés répondent aux besoins de l'industrie.
Deuxièmement, il faut assurer l'uniformité de la documentation utilisée dans les demandes de financement ainsi que des normes appliquées pour accorder des contributions en espèces et en nature, et ce, tout au long du processus de demande et de la durée du programme.
Enfin, les programmes doivent être finalisés et prêts à fonctionner dès que le CSA est en place, le tout sans longs retards. Les approbations doivent aussi être produites beaucoup plus rapidement.
Je vais maintenant parler des préoccupations et enjeux clés que nos membres ont signalés relativement aux programmes de gestion des risques de l'entreprise de Cultivons l'avenir 2. J'aborderai brièvement chaque question et ce qu'il faut faire, à notre avis, pour la régler.
D'abord et avant tout, comme je l'ai dit plus tôt, nous avons constaté une baisse importante du taux de participation à Agri-stabilité, qui s'est accentué à la suite des compressions apportées à Agri-stabilité dans le cadre de Cultivons l'avenir 2.
Dans nos échanges avec des producteurs de partout au Canada, il s'avère essentiellement que les producteurs n'accordent plus de crédibilité au programme, qui ne leur semble plus apte à offrir un soutien significatif. Les membres de la FCA continuent de voir Agri-stabilité comme étant le principal outil de gestion du risque de l'entreprise, mais nous devons nous assurer que le programme procure aux producteurs le soutien qu'il leur faut pour gérer des risques d'envergure sur lesquels ils ne peuvent pas agir.
Pour ramener la participation au programme et en rétablir la crédibilité, il doit procurer un soutien suffisant pour préserver la viabilité d'une ferme advenant une diminution de ses revenus. Pour ce faire, nous croyons essentiel de ramener le taux de couverture à 85 % de la marge de référence historique.
Le financement offert par Agri-stabilité a aussi été réduit lors de l'instauration d'une marge de référence limitée dans le cadre de Cultivons l'avenir 2. Cette mesure visait à empêcher Agri-stabilité de faire des versements lorsqu'une situation est rentable, mais elle a restreint le soutien procuré à de nombreux producteurs dans le besoin. Elle complique les choses et diminue le soutien consenti aux producteurs qui ont réussi à améliorer leur productivité en réduisant leurs intrants et leurs dépenses. Nous recommandons fortement de retirer la marge de référence limitée.
Pour ce qui est d'Agri-investissement, on continue de nous faire part de préoccupations concernant la suffisance du soutien offert. En vertu de Cultivons l'avenir 2, les autorités gouvernementales n'investissent qu'un montant correspondant à 1 % des ventes nettes admissibles.
Nous croyons qu'Agri-investissement présente un potentiel remarquable en tant qu'investissement proactif dans l'atténuation des risques et la génération de revenus, mais qu'il faut pour ce faire augmenter la contribution équivalente à 1,5 % comme avant, en plus de donner aux producteurs la flexibilité d'accéder à leur propre contribution pour effectuer des investissements prioritaires.
Compte tenu de la planification fiscale et de la réglementation du programme, de nombreux producteurs n'ont pas accès à près de 1 milliard de contributions de producteurs qui dorment actuellement dans les comptes. Parallèlement, les producteurs continuent de dire que le programme Agri-protection est simple et prévisible, même si nous continuons de recommander d'en élargir l'accès à l'élevage de bétail et d'autres produits.
L'un des deux autres enjeux clés à être retenus par nos producteurs est la fréquence des sinistres liés aux changements climatiques et la nécessité de s'assurer que nos programmes, surtout Agri-protection et Agri-relance, sont adaptés aux besoins. Ces deux programmes doivent faire preuve de plus de souplesse pour répondre à la demande et offrir un soutien advenant une catastrophe dont les impacts peuvent souvent être répartis sur de nombreuses années.
Enfin, un des sujets qui est revenu souvent partout au pays est la nécessité de s'assurer que les programmes de gestion des risques de l'entreprise répondent aux besoins des agriculteurs débutants en matière de gestion des risques. Nous devons veiller à ce que les agriculteurs qui commencent dans l'industrie aient accès à tous les programmes à un coût minimal, et ce, dès le départ, afin qu'ils puissent immédiatement recevoir un soutien et participer aux programmes. Cela contribuera à augmenter le taux de participation à ces programmes, mais encore plus important, cela fera en sorte que la prochaine génération d'exploitations agricoles aura les outils nécessaires pour demeurer viables.
Je vais prendre quelques instants pour parler du volet des investissements stratégiques de Cultivons l'avenir 2. Les investissements stratégiques sont principalement un financement à frais partagés entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ou territoriaux. Les provinces jouissent d'une grande souplesse quant à la façon d'utiliser ces fonds pour répondre aux priorités régionales.
Nous croyons que tous les investissements stratégiques qui seront faits par l'entremise du prochain cadre stratégique devraient, premièrement, appuyer les efforts d'amélioration continue des producteurs agricoles afin d'assurer leur viabilité économique, sociale et environnementale à long terme; deuxièmement, créer les conditions nécessaires pour que les producteurs agricoles puissent avoir accès aux plus récentes et meilleures technologies, recherches, intrants et possibilités sur les marchés, de sorte à assurer le renforcement du rôle de chef de file du Canada dans le secteur agricole, du point de vue de la compétitivité et de l'innovation, à l'échelle mondiale; troisièmement, assurer le soutien et la reconnaissance des biens et services publics qu'offrent les paysages agricoles; et, finalement, mobiliser continuellement les producteurs agricoles au Canada pour qu'ils participent à l'établissement, à la mise en oeuvre, à la surveillance et à l'évaluation des cadres stratégiques dans le domaine de l'agriculture.
Comme vous le savez sans doute, l'industrie agricole est confrontée à une crise démographique, l'âge moyen des producteurs agricoles ne cesse de grimper. Nous demandons que le prochain cadre stratégique s'attaque davantage à ce problème en favorisant l'élaboration d'un ensemble de programmes visant à donner accès à des capitaux aux jeunes producteurs et aux producteurs débutants, programmes qui porteront autant sur le financement transitoire pour les transferts intergénérationnels d'exploitations agricoles que sur les besoins en capital de démarrage pour la création de nouvelles exploitations. Il faut que la marge de manoeuvre donnée aux provinces quant au recours à des mécanismes de financement préférentiel et à des subventions destinées aux jeunes agriculteurs et aux agriculteurs débutants soit suffisamment grande pour permettre le lancement d'opérations commercialement viables. Le démarrage d'une entreprise agricole commerciale coûte très cher, et nous voyons une diminution du nombre de moyennes exploitations agricoles. Cela doit s'appuyer sur l'échange régulier d'information détaillée entre les provinces pour recenser les pratiques exemplaires, une recommandation qui s'applique à tous les investissements stratégiques.
Quant au volet de la durabilité de l'environnement du programme CA2, le secteur bénéficierait grandement d'un financement accru pour les pratiques de gestion exemplaires dans leur ensemble, en accordant la priorité à celles qui peuvent contribuer aux efforts d'atténuation et d'adaptation en réponse au changement climatique. Le financement fait par l'intermédiaire du cadre stratégique pour l'agriculture doit également continuer à soutenir les initiatives de biens et de services écologiques régionaux, et le gouvernement fédéral doit reconnaître le rôle que ces programmes jouent dans le renforcement de la résilience et le soutien accordé aux producteurs et à l'expansion des infrastructures de gestion de l'eau, qui ont un impact sur les nombreux utilisateurs en aval.
Les plans environnementaux en agriculture sont des programmes qui ont connu un immense succès. Il est maintenant temps d'investir dans un renouvellement afin de créer un système de base nationale des plans environnementaux en agriculture et de lancer un programme amélioré et renforcé. Des travaux en ce sens sont déjà en cours. Le plan environnemental national en agriculture doit continuer à être dirigé par l'industrie et appuyé par le gouvernement. Il doit contribuer à améliorer les résultats environnementaux en ayant une base scientifique et, pour ce faire, il doit disposer de ressources suffisantes.
Cette année, la confiance du public est devenue un nouvel enjeu, et des intervenants de l'industrie ont travaillé de concert pour élaborer un plan d'action. Toutefois, le prochain cadre stratégique devra clairement jouer un rôle à cet égard et appuyer l'industrie, en fournissant une optique de confiance du public à la politique, aux programmes et au financement. En outre, il devra permettre une communication dans les deux sens entre les producteurs et les consommateurs, tant au niveau national que provincial, en finançant les activités de communication.
Nous demandons au gouvernement de réduire le ratio de partage des coûts, soit de 50:50 à 25:75, pour le financement dans le cadre du programme Favoriser le développement des entreprises afin que ces organisations essentielles puissent consacrer leurs ressources à des projets qui profitent aux producteurs plutôt qu'à des activités de recherche de financement. Nous considérons la participation des jeunes, la sécurité agricole et l'expansion des entreprises comme les priorités de ce volet. On peut promouvoir et améliorer la sécurité agricole en soutenant les organisations régionales afin qu'elles mènent des actions à l'échelle locale en tirant parti de leur lien direct avec les producteurs. De plus, l'amélioration des programmes de gestion d'entreprises agricoles doit être faite à l'échelle provinciale et d'une manière concertée qui favorise la coopération et établit des exigences de base devant être respectées par toutes les administrations.
La Fédération canadienne de l'agriculture a dressé une longue liste de recommandations concernant le financement octroyé à la recherche. Mais pour en faire un résumé, elles visent essentiellement à mieux adapter le financement de la recherche aux besoins des producteurs, à l'approuver plus rapidement, à en simplifier l'administration et à l'uniformiser d'un cadre stratégique à un autre.
Le prochain cadre stratégique doit mettre davantage l'accent sur la vulgarisation et la diffusion des connaissances afin de favoriser la compréhension.
J'appuie également le modèle des grappes, qui est utilisé dans le financement, malgré le fait qu'il y ait des obstacles. De nombreux petits secteurs de produits ne disposent pas des fonds nécessaires et n'ont pas la capacité administrative pour soutenir une grappe, et pourtant, ils bénéficieraient de ces fonds de recherche. Nous recommandons donc d'adopter pour ceux-ci une formule de calcul à deux niveaux des fonds de contrepartie et de leur offrir un soutien administratif coordonné ou commun.
Des gens du ministère nous ont dit que, dans le prochain cadre stratégique, une plus grande place sera accordée aux investissements dans le secteur de la transformation. Tout financement additionnel destiné au secteur de la transformation devra avoir un clair avantage pour les producteurs agricoles canadiens. Autrement dit, les transformateurs auront à démontrer que l'investissement est destiné à des installations où des produits agricoles canadiens sont produits et devront démontrer quelles seront les retombées prévues. La transformation à la ferme doit également être une priorité.
Le type d'investissements stratégiques requis variera en fonction des marchés et d'autres facteurs. Ils doivent être flexibles afin de répondre aux nouvelles priorités.
En conclusion, cette présentation n'est qu'un bref survol des recommandations de la FCA. Je vous suggère de passer en revue notre rapport — je crois que des exemplaires vous ont été remis — intitulé « Le prochain Cadre stratégique pour l’agriculture: Le positionnement de l'agriculture canadienne pour sa réussite continue ».
Encore une fois, merci pour votre temps. J'ai hâte à vos questions.