Je vous remercie beaucoup de l'invitation. Je m'appelle Iris Meck et je suis la propriétaire de Iris Meck Communications. Je suis également l'hôte et la créatrice de la conférence Advancing Women in Agriculture Conference.
J'ai grandi sur une ferme du Manitoba, j'ai fréquenté l'Université du Manitoba et avec mon grade en agriculture et mon certificat en management, j'ai travaillé dans le secteur de l'agriculture pendant toute ma carrière. J'ai lancé Iris Meck Communications en 2000 et mon entreprise se spécialise en conférences agricoles et en marketing.
En 2013, une de mes cohortes s'est fait poser la question suivante: « Pourquoi n'y a-t-il aucune femme au podium lors des conférences agricoles? ». J'ai réfléchi à la question et j'ai pensé à 1978, année où je suis devenue la première femme embauchée de l'Université du Manitoba à titre de directrice chez Cargill. J'ai pensé aux enjeux et aux défis que j'ai dû relever à cette époque et je me suis rendue compte que peu de choses ont changé. Les femmes ont encore de la difficulté à s'établir à des postes en agriculture et ne sont pas reconnues dans la mesure où elles devraient l'être pour leurs contributions.
En 2014, un groupe de chefs de file féminines du domaine agricole de partout au Canada se sont réunies pour discuter de certaines des possibilités et des défis auxquels se mesurent les femmes dans l'industrie, ainsi que des aptitudes et des outils requis pour parfaire leurs aptitudes en direction.
Il est devenu apparent pour ce groupe de chefs de file féminines qu'il serait fortement nécessaire pour les femmes de tout âge, peu importe le stade où en est rendue leur carrière, d'entendre et d'apprendre des expériences de femmes prospères, de réseauter avec des femmes qui partagent la passion commune de l'agriculture, de perfectionner des aptitudes de vie personnelle et professionnelle, et de les préparer pour l'avenir le plus fructueux possible. Il s'agissait d'une occasion de déterminer comment des femmes peuvent arriver à investir en elles-mêmes, afin que leur famille, leur entreprise, leur collectivité et l'industrie agricole en profitent.
Avec cette idée à titre de principe directeur, j'ai organisé la première conférence à Calgary en avril 2014. Nous avons attiré plus de 400 femmes de partout au Canada, de six provinces et de cinq États américains. Elles représentaient 130 organisations. Il s'agissait d'un risque d'envergure pour moi — les profits étaient maigres, mais l'expérience a été très enrichissante.
Le programme met l'accent sur des aptitudes clés de direction et des possibilités de perfectionnement qui comprennent la communication, le mentorat, l'encadrement, le réseautage, la gestion et l'indépendance financières, la santé physique et mentale ainsi que les stratégies d'équilibre vie privée-vie professionnelle, la planification de carrière et l'établissement d'objectifs dans tous les domaines mentionnés. Au cours de la dernière année, nous avons rehaussé le programme afin d'inclure des ateliers sur le réseautage, la planification de la relève, l'encadrement, la gestion financière et le travail avec votre banquier, ainsi que la gestion du risque.
Nous ciblons les fermières, les productrices, les éleveuses, les détaillantes et les vendeuses du domaine agricole, les entreprises agroalimentaires, les entrepreneuses, les propriétaires de petites et moyennes entreprises, les étudiantes universitaires, les membres et les bénévoles des 4-H, quelques participants du gouvernement, ainsi que le monde universitaire.
Cette initiative comble clairement un besoin comme le représente le nombre de femmes qui y assistent. Toutefois, ce qui est aussi important, c'est le soutien que nous recevons de l'industrie privée. Initialement, j'ai présenté cette initiative au gouvernement et à l'industrie. Malheureusement, la réponse du gouvernement a été décevante, car on n'a démontré aucun intérêt. Cependant, l'industrie privée a embrassé l'idée et l'a soutenue sur le plan financier et y a participé activement.
Parmi les commanditaires, on compte notamment des organisations de fermiers, des institutions financières, des entreprises agroalimentaires ainsi qu'une vaste gamme d'intervenants privés des domaines agricole et alimentaire de partout au Canada. Nous ne recevons aucun financement du gouvernement, à l'exception de la commandite d'ALMA, qui n'existe plus maintenant.
Notre principal objectif consiste à présenter au public un programme exceptionnel de conférenciers. À ce jour, nous avons respecté notre engagement et selon notre public, nous avons surpassé les attentes. Lors de chaque conférence, nous demandons aux délégués de remplir et de soumettre un formulaire d'évaluation avec leurs commentaires. Souvent les pointages accordés aux conférenciers en ce qui a trait aux sujets, à leur sélection et à leur prestation sont si élevés, qu'ils sont au-delà de la fourchette définie.
Nous avons été très fières que des sous-ministres de l'agriculture — Bev Yee, Alanna Koch, Dori Gingera-Beauchemin, Deb Stark — prennent toutes la parole lors de la conférence et nous avons accepté la demande d'invitation à prendre la parole de la première ministre Wynne et de Jeff Leal.
Notre deuxième objectif consistait à rendre cette série de conférences abordable pour toutes les femmes du monde agricole, et afin de nous aider à réaliser cet objectif, nous sommes non seulement reconnaissants envers les commanditaires de l'industrie privée, mais également envers les gouvernements de l'Ontario, du Manitoba et de la Saskatchewan qui ont classé Advancing Women comme un programme de formation et permettent le remboursement des frais d'inscription et des dépenses engagées par les déléguées productrices-agricultrices par l'entremise de la programmation gouvernementale. Nous avons parlé à chaque autre province canadienne et à ce jour, n'avons obtenu aucun succès afin de financer les productrices.
Afin d'aider à bâtir une collectivité et une industrie agricole plus robuste pour l'avenir, nous parrainons également les jeunes femmes et les femmes étudiant en agriculture dans les universités et les collèges canadiens. Nous payons leur inscription et leurs frais d'hébergement.
Ces jeunes femmes obtiennent ainsi l'occasion incroyable de constater que l'agriculture est un choix de carrière positif et de bâtir un réseau de chefs de file de l'industrie qui agiront non seulement comme des personnes-ressources futures, mais deviendront également leurs mentors et leurs encadreuses. En effet, les intervenants de l'industrie et moi-même commanditons plus de 50 étudiantes lors de la conférence.
Advancing Women est reconnue parce que l'organisation soutient, célèbre et reconnaît la contribution des femmes au sein de l'industrie. Les femmes quittent la conférence plus confiantes, enthousiastes et motivées et, par conséquent, sont plus aptes à être des défenseures de l'industrie et à participer au sein des associations et des conseils d'administration de l'industrie.
On a ainsi encouragé la création de réseaux régionaux et de petits réseaux locaux de femmes du domaine de l'agriculture au Manitoba, en Saskatchewan, en Ontario et en Alberta. Ces réseaux comptent environ 2 000 personnes.
Notre objectif global consiste à ce que les femmes du monde agricole et alimentaire profitent du programme d'Advancing Women non seulement en raison des conférenciers, mais également de leur interaction entre elles. Aujourd'hui, nous sommes considérées comme la plus importante conférence de dirigeantes pour les femmes en agriculture où les femmes peuvent se joindre à une collectivité de leurs pairs afin d'écouter, d'apprendre, de réseauter et de grandir.
On nous a demandé à plusieurs occasions de relier entre elles les femmes avec certains besoins en raison de leur isolement dans les régions rurales et à partir de cette demande, nous avons vu plusieurs réseaux d'envergure se créer. Nous avons également été approchées par deux autres industries — celles de l'assurance et de l'énergie — afin de tenir une conférence semblable, et avons été invitées à organiser des conférences Advancing Women aux États-Unis et en Afrique.
À ce jour, plus de 2 500 femmes ont participé aux cinq conférences tenues au cours des dernières deux années et demie. Nous prévoyons qu'en 2017, plus de 1 000 femmes de l'agriculture participeront aux deux conférences que nous tiendrons et nous en prévoyons une en 2018.
Notre public est composé à 40 % de productrices et d'opératrices, à 40 % d'entreprises agricoles et d'entrepreneurs et à 20 % d'associations et de personnes du gouvernement. La fourchette d'âge des participantes est de 17 à plus de 65 ans.
Je vais maintenant décrire nos commanditaires. Depuis le lancement de la conférence, nos principaux commanditaires incluent Cargill, Dow AgroSciences, John Deere et la Banque Royale, pour n'en nommer que quelques-uns.
Depuis 2014, nous avons eu 2 500 adeptes, plus de 8 000 personnes dans notre base de données de femmes canadiennes du domaine agricole et avons communiqué par LinkedIn ou directement par message avec plus de 9 000 femmes du domaine agricole. Notre station YouTube est visionnée depuis partout en Amérique du Nord. Nous avons obtenu plus de 200 000 $ en publicité en contrepartie de la part d'importantes publications du domaine agricole de partout au Canada afin de promouvoir et de fournir une couverture sur la conférence.
Je vous remercie beaucoup de votre intérêt à l'endroit d'Advancing Women, et j'espère que la programmation ultérieure du gouvernement reconnaîtra la conférence Advancing Women in Agriculture Conference à titre de programme de formation d'envergure et fournira du financement à l'année longue aux femmes du domaine agricole afin qu'elles puissent y participer.
Je vous remercie beaucoup.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie de l'invitation à comparaître ici ce matin. Je comparais ici aujourd'hui pour transmettre les points de vue de l'Union nationale des fermiers (UNF) au sujet d'un des aspects du Cadre stratégique pour l'agriculture (CSA) qui est à l'étude, à savoir la question de « l'approbation sociale » ou de la « confiance du public ».
Dans un document intitulé Déclaration de Calgary, produit en juillet 2016, on lit le passage suivant:
Le [prochain cadre stratégique] continuera d'encourager et d'appuyer les efforts concertés du secteur pour renforcer la confiance du public:
en examinant comment les programmes gouvernementaux peuvent aider à renforcer la confiance du public dans le secteur; [...]
en soulignant l'importance du secteur et de ses pratiques modernes, responsables et durables.
L'UNF recommande au gouvernement du Canada de faire preuve d'une grande prudence en interprétant ces énoncés et de le faire encore plus s'il envisage d'affecter des fonds publics à de tels efforts. Selon l'UNF, il vaut mieux renforcer la confiance du public en exigeant que les produits soient assujettis à plus de tests indépendants et gouvernementaux, de manière à garantir une véritable transparence: une réglementation judicieuse est souhaitable et nécessaire.
Selon nous, le gouvernement ne servirait pas ses propres intérêts ni ceux des agriculteurs ou de la population canadienne s'il finissait par financer des efforts qui viseraient tout simplement à maintenir le statu quo par le biais de campagnes de relations publiques et de la diffusion de déclarations trompeuses, ou en sapant d'autres méthodes de production.
L'UNF croit que le gouvernement a un rôle de taille à jouer pour promouvoir la confiance dans notre système alimentaire, en fournissant une réglementation éclairée, un régime de transparence et des tests. Cependant, étant donné l'histoire des groupes qui ont milité en faveur de leur propre version de « l'approbation sociale » et l'évolution continue de ce que sont les « pratiques exemplaires », il existe un risque énorme que la Déclaration de Calgary sur la confiance du public amène le gouvernement à financer la publication de messages qui ne sont pas toujours vrais et qui sont souvent exagérés. Pire encore, le gouvernement lui-même risque de finir par diffuser de fausses affirmations.
Tout d'abord, examinons l'évolution des « pratiques exemplaires ».
Notre ferme située en Saskatchewan a été exploitée depuis 1911 par trois générations d'une même famille. Au cours de ces années et en appliquant les « pratiques exemplaires » de l'époque, notre famille a appliqué au sol et aux cultures de nombreux produits chimiques, y compris: un insecticide à l'arsenic, un insecticide à base de mercure, de la dieldrine et du lindane, autant de produits qui ont été interdits depuis. Il y a quelques semaines à peine, Santé Canada a décidé d'interdire un insecticide de la classe des néonicotinoïdes.
Voir à la page 3 une photographie faisant voir une des « pratiques exemplaires » appliquées au cours des années 1960 et 1970.
Quelle est donc la raison pour laquelle l'utilisation de ces produits chimiques est passée de « pratique exemplaire » à controversée avant d'être interdite carrément? Dans chaque cas, cela a été dû à l'insuffisance des essais ou tests effectués avant leur mise sur le marché. Par exemple, des essais très limités avaient été faits — et, semble-t-il, uniquement par le fabricant — sur le néonicotinoïde récemment interdit, avant sa mise en marché. Les essais indépendants s'étant multipliés au cours des dernières années, les effets nuisibles désormais documentés de ce produit ont suffi pour en entraîner l'interdiction. Dans de nombreux cas, on met en exergue la notion d'« approbation sociale » ou de « confiance du public » pour protéger aveuglément les pratiques actuelles, au lieu d'accroître la transparence, ou la sécurité du public ou de l'environnement, ou les deux.
Ceux qui emploient abusivement le concept d'« approbation sociale » ou de « confiance du public » avancent plusieurs arguments communs, par exemple: « Je suis agriculteur et jamais je n'oserais faire quoi que ce soit qui nuirait à ma terre ou aux plantes et aux animaux qui y vivent. » Notre famille aurait souscrit à cet argument à l'égard de toutes les substances interdites qui ont été appliquées dans notre ferme au cours des 105 dernières années. Nous faisions confiance aux entreprises qui nous les vendaient à l'époque et aux règlements d'alors.
Voici un autre argument usuel: « Il faut que je nourrisse un monde qui a faim. » Ce raisonnement est déficient. En détruisant par inadvertance le monde naturel, nous torpillons notre capacité de produire à long terme. À l'heure actuelle, nous produisons l'équivalent de 3 200 calories par personne, soit plus que n’importe qui ne peut consommer. Cependant, 1,2 milliard de personnes n’ont aucune sécurité alimentaire, 1,5 milliard de personnes mangent trop, et la valeur nutritive d'une trop grande partie de nos aliments est dénaturée.
Le troisième argument que j'ai énoncé ici est: « Les technologies actuelles (cultures/produits chimiques) nous permettent d’utiliser moins de produits chimiques dans l’ensemble. »
Le 29 septembre 2016, le Western Producer faisait savoir que:
selon une grande étude américaine, l'existence de cultures génétiquement modifiées a entraîné une augmentation considérable des herbicides appliqués aux cultures de soya.
En outre, des données issues de l’Alberta portent à croire que les cultures GM ont eu des effets encore plus grands dans l'Ouest canadien, car la quantité d’herbicides vendus dans cette province a presque doublé entre 2003 et 2013.
Par ailleurs, au moins un groupe, nommément SaskCanola, a déjà eu recours à Cultivons l'avenir 2 (fonds publics) pour réaliser une vidéo qui contient de fausses déclarations, sème la discorde chez les agriculteurs et critique les consommateurs, toujours au nom de « l'approbation sociale ». Si le gouvernement continue à fournir des fonds qui servent à financer ces activités, ou les augmente, les choses finiront par mal tourner.
Le rôle du gouvernement dans les essais et la réglementation et lorsqu'il s'agit de garantir la transparence sera affaibli s'il adopte un double mandat dont les volets se contredisent. Ce double mandat aurait pour effet de « [souligner] l'importance du secteur et de ses pratiques modernes, responsables et durables [...] » [extrait de la Déclaration de Calgary] — ce que l'on peut interpréter comme étant des propos favorables au statu quo —, d'une part, et, d'autre part, de s'adonner à des tests ou à des essais valables et d'encourager la transparence.
Je soumets ce document respectueusement, à titre d'ancien président de l'Union nationale des fermiers.
La photo présentée à la dernière page en dit beaucoup, comme le font toutes les photos. Il s'agit d'une pratique usuelle utilisée dans les années 1960 et 1970. Vous pouvez voir que le fermier va se faire asperger par ce qui sort de cet aéronef. Et au milieu de cette photo, on observe un chien au milieu de la récolte. À mon avis, ce chien représente le monde naturel. Ce chien ignore ce qui va lui arriver. Le fermier le sait. Il se sent confiant que tout va bien. Toutefois, je crois que le chien représente le monde naturel et il va se faire asperger, lui aussi.
Je vous remercie beaucoup.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, et je remercie nos témoins.
Madame Meck, il est intéressant que vous ayez adopté cette initiative.
J'ai simplement deux questions. J'étais intéressée lorsque vous parliez de votre stratégie de communication. Il semble que ce que vous avez démarré et développé, afin d'encourager les jeunes femmes à s'engager en agriculture, a pris son envol et a connu une croissance. Je vous félicite de ce fait d'armes.
L'autre soir, je me trouvais à une réception organisée par une excellente organisation appelée CropLife et j'ai rencontré un certain nombre de jeunes personnes. Elles étaient cinq réunies ensemble, un jeune homme et quatre jeunes femmes, et elles terminaient toutes leur grade en agriculture.
J'ai eu l'occasion de parler avec elles un peu au sujet de leur avenir. Non seulement terminaient-elles leur grade en gestion financière, en science politique et en agriculture en général avec des grades en étude du sol, mais elles allaient toutes retourner en agriculture. J'ai dû leur poser la question suivante: « Lorsque vous terminez et lorsque vous cherchez des emplois, y en a-t-il? ». Chacune de ces jeunes personnes m'a dit: « Oui. »
J'ai parlé à un nombre d'étudiants de l'école secondaire. Je leur ai demandé ce qu'ils souhaitent faire. Et lorsqu'ils me le disent, je leur demande toujours à la fin: « Y a-t-il des emplois disponibles? », parce que souvent ils optent pour un cours, mais ce n'est pas motivé par une possibilité d'emploi.
Je pense que le point que vous mettez de l'avant — et vous le faites à titre d'entrepreneuse, et je vous en félicite — montre clairement que notre industrie agricole est l'une des industries les plus fortes du Canada. Il s'agit de l'une des principales industries du Canada sur le plan de la transparence et de son succès au cours des dernières années.
C'est vraiment encourageant de constater, lorsque nous lisons des articles dans nos journaux et nos magazines agricoles, combien souvent nous voyons un homme et une femme, ou simplement une femme, qui ont quitté un emploi pour faire de l'agriculture.
Dans votre position, qu'entendez-vous de ces jeunes femmes, alors qu'elles viennent de l'avant et vous parlent au sujet de l'avenir de l'agriculture?
Monsieur Wells, lorsque vous effectuiez votre présentation, j'ai apprécié votre commentaire.
Je suis originaire de l'Ontario. Un domaine dont on a beaucoup discuté a trait aux néonicotinoïdes et aux pollinisateurs. Ce que nous avons également constaté, c'est que par le passé, même s'il y a eu une augmentation du nombre d'abeilles, de ruches ainsi que de la production. La partie intéressante, c'est que vous mentionnez qu'au cours des dernières années, les choses ont changé en agriculture sur le plan des produits que l'on utilise, de l'application et même des récoltes que nous faisons pousser dans les différentes régions. Et l'on dit que les essais effectués avant l'introduction sont insuffisants.
Lorsqu'on effectue un retour en arrière, l'une des choses pour lesquelles le Canada est reconnu — en fait, l'une des préoccupations que nous avons au Canada — c'est que nous avons failli à la tâche en ce qui a trait à l'approbation de la rétroaction de nos fermiers canadiens. Nous sommes souvent en retard sur ce que fait l'Europe, mais particulièrement, nous sommes en retard sur nos amis américains, avec qui nous sommes en concurrence directe.
Je ferai également un retour en arrière de quelques années afin de parler de l'industrie automobile ou celle de l'équipement agricole. Au fur et à mesure de l'évolution, avec l'augmentation de la recherche et de la technologie, nous avons maintenant une industrie automobile, par exemple, qui a fait un travail extraordinaire sur le plan des progrès contre la pollution. Si nous nous tournons vers l'industrie de l'équipement agricole, ceux qui produisent les moissonneuses-batteuses et les tracteurs, mais également ceux qui produisent dans le respect de nos environnements serricoles et au sein de...
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Oui, je vous remercie beaucoup.
De prime abord, j'invite les femmes et les hommes à assister à une conférence Advancing Women. Je pense qu'il s'agit véritablement d'une expérience édifiante. Peut-être si plus de députés, de fonctionnaires et de personnes qui travaillent au sein des agences gouvernementales assistaient à une conférence de genre, ils comprendraient véritablement en quoi consistent les enjeux et les possibilités.
En ce qui concerne les possibilités de financement, parce que je suis dans le secteur privé, à titre d'entrepreneuse, je ne suis pas admissible au financement gouvernemental. Toutefois, je suis reconnaissante du soutien que le gouvernement a accordé aux agricultrices et aux productrices qui ont assisté à la conférence.
Une chose que j'ai entendue, une critique, c'est que les agricultrices trouvent qu'il est très difficile présenter une demande. Il y a beaucoup de critères que l'on doit respecter afin de présenter une demande. La synchronisation d'une demande est très difficile. Souvent, puisque nos conférences ont lieu en mars, en avril et en octobre, les demanderesses potentielles constatent que lorsqu'elles se rendent compte que la conférence aura lieu et qu'elles souhaitent s'y inscrire, la date de financement a pris fin. Il semble étrange à mes yeux qu'on ait fixé cette date, car certaines personnes souhaitent poursuivre leur éducation et participer à une conférence telle qu'Advancing Women.
Il s'agirait d'une suggestion.
Je pense qu'il est important que le gouvernement s'implique non seulement pour financer les femmes qui assistent à cette conférence du point de vue ou sur le plan du groupe des agricultrices et des éleveuses, mais aussi pour saisir l'occasion de financer les conférenciers dans une conférence comme la nôtre. Je ne comprends pas pourquoi il s'agirait d'un phénomène outrageux que le gouvernement soutienne une entrepreneuse. Les entrepreneurs font beaucoup dans cette industrie et cette tendance ne fait qu'augmenter avec le temps. Je trouve très frustrant, à titre d'entrepreneuse, qu'une association gouvernementale puisse obtenir du financement afin de tenir six réunions partout dans la province en vue de rédiger un rapport, alors que 2 500 femmes assistent à mes conférences, soit 500 à chaque conférence, ce qui constitue un précédent aujourd'hui, et que je n'obtienne pas un seul dollar.
Parrainez un conférencier. Faites quelque chose pour démontrer votre engagement et soutenir les femmes qui assistent à cette conférence.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici parmi nous ce matin.
Avant de poser ma première question, je vais rappeler au Comité que j'ai déposé une motion le 6 décembre dernier. Elle se lit comme suit:
Que, conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire entreprenne une étude sur le Programme de transition offert par le gouvernement aux producteurs de lait du Canada et aux industriels laitiers du Canada dans le contexte de I'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne et que l'étude ait lieu au début de l'année 2017.
Ma question s'adresse aux deux témoins qui comparaissent devant nous ce matin.
Je suis heureux qu'on ait souligné l'apport des femmes à l'agriculture canadienne. Je ne reculerai pas de 10 000 ans comme l'a fait M. Breton — mon expérience de vie est plus courte —, mais du plus loin que je me souvienne, au Québec, les femmes ont toujours joué un rôle prédominant en agriculture tant en raison de leur travail qu'en ce qui concerne l'administration et les décisions prises sur les fermes. Les femmes ont vraiment fait une différence dans ce que j'ai connu de l'agriculture. Je parle autant de ma grand-mère et de ma mère que de mon épouse. D'ailleurs, il y a un dicton qui dit que derrière chaque grand homme, il y a une grande femme. Je vous dirais que, au Québec, derrière une belle ferme, il y a toujours une femme qui y a contribué.
Dans ma province, des agricultrices se sont regroupées. Il y a des syndicats de productrices et une fédération. Cela leur a permis de se développer et d'avoir une certaine reconnaissance de la part des différents paliers gouvernementaux et de l'industrie. Les femmes ont modelé l'agriculture dans l'Est du Canada par leurs décisions et leurs revendications.
M. Wells a dit que l'agriculture a changé, mais je pense que, dans l'avenir, les femmes vont prendre de plus en plus de place dans ce secteur. L'agriculture sera modelée par les différentes décisions sur lesquelles les femmes auront exercé une influence.
Dans votre coin de pays, qui est le même pays que le mien, est-ce que vous sentez l'influence des femmes dans les décisions qui sont prises?
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Je vous remercie de la question.
J'aimerais vraiment me dissocier de la démarcation entre les personnes très qualifiées et moins qualifiées, en raison du type de machinerie que nous utilisons maintenant, en fait que la majorité utilise. En effet, les gens utilisent des systèmes de positionnement géographique, ainsi que des dispositifs électroniques. À l'avenir, si vous avez un plan d'affaires et qu'il n'implique pas un téléphone cellulaire, jetez-le aux ordures, car tout se dirige dans cette voie. C'est la technologie numérique.
J'aimerais donc m'éloigner de cette notion, mais vous avez absolument raison, il doit y avoir de la formation et une formation adéquate. Qu'il s'agisse de personnes provenant de l'extérieur du Canada ou du Canada, il doit y avoir des compétences ainsi que du perfectionnement des compétences.
L'une des choses qui rendent cela difficile, c'est la nature même de l'agriculture, et le fait que vous devez négocier avec l'environnement et le climat. Par conséquent, je dis souvent que je suis censé avoir 45 années d'expérience en agriculture. Je fais de l'agriculture depuis 45 années consécutives dans le même cadre. Je devrais donc avoir 45 années d'expérience, mais ce n'est pas le cas. J'ai un an d'expérience à 45 reprises. Il est impossible d'enseigner ce type de fait en quelques cours ou dans le cadre d'un programme de quatre ans, mais il est essentiel qu'il existe une programmation d'extension et une programmation éducative et de formation.
Durant les années 1990 et au début des années 2000, les agriculteurs, particulièrement ceux de l'Ouest canadien, ont perdu toute une génération de nouveaux fermiers aux autres domaines professionnels.
Bonjour. Nous remercions le Comité de nous avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui devant lui.
Dans la province, l'UNF-NB a consulté le ministre de l'Agriculture avant la rencontre de Calgary en juillet dernier. Au palier fédéral, notre organisme national a formulé des commentaires à diverses étapes de ce processus de consultation. Puisque la Déclaration de Calgary est le document public le plus récent qui traite du prochain Cadre stratégique pour l'agriculture, notre présentation d'aujourd'hui portera principalement sur un pilier du Cadre qui selon nous fait défaut: la nouvelle génération de producteurs agricoles, tout comme des suggestions concrètes pour améliorer la gestion des risques de l'entreprise et tout particulièrement au chapitre de l'agri-stabilité.
Les producteurs agricoles forment un groupe essentiel de la société canadienne. Si vous retirez le producteur agricole de l'écosystème, vous observerez une chute radicale de notre sécurité alimentaire, il s'ensuivrait un repli économique et les collectivités rurales se réduiraient comme peau de chagrin. Et pourtant, même si les producteurs agricoles sont un groupe essentiel de notre tissu social, ils sont sur le point de devenir une espèce en voie d'extinction. Pendant des centaines d'années, la relève des cultivateurs s'est faite par le transfert intergénérationnel de connaissances, des actifs et de la terre de la ferme familiale.
La majeure partie de la nouvelle génération de producteurs agricoles a grandi sur la ferme et a appris les rudiments de la profession en travaillant côte à côte avec les parents, qui les ont aidés à maîtriser les compétences et les connaissances de l'agriculture. Mais cette façon de faire n'a plus cours. La rentabilité de l'agriculture enregistre un déclin soutenu depuis les dernières décennies et la production agricole n'est plus reconnue dans la société comme un choix professionnel viable.
Même si la faible rentabilité peut être le plus grand obstacle pour entrer dans la profession agricole, si nous creusons un peu sous la surface, la vraie nature des contraintes apparaît: tout se joue au plan culturel. Les institutions publiques qui soutenaient auparavant la relève agricole par des services de vulgarisation agricole et d'éducation subissent maintenant fortement l'influence des grandes sociétés. Les jeunes gens qui fréquentent l'université ont plus de chances de devenir des « professionnels en l'agriculture », plutôt que des producteurs agricoles.
Et même, lorsque ces jeunes gens brillants terminent leur formation en agriculture, la profession d'agriculteur n'est pas vue comme un choix professionnel viable. Et pourtant, jamais auparavant nous n'avons été aussi dépendants d'un nombre aussi faible de gens pour nourrir la population canadienne (1,6 %) et jamais nous n'avons été dans une situation où 75 % des producteurs agricoles disent vouloir vendre leurs terres et leurs actifs au cours des 10 prochaines années.
Notre société est en train de paver la voie à l'impasse. Si rien n'est fait, ces terres seront rachetées par de grandes entreprises agricoles, les exploitations agricoles deviendront gigantesques et contribueront de la sorte au cycle de la réduction du nombre d'exploitants agricoles. Et où cela nous mènera-t-il? Pendant des dizaines d'années, le maître mot a été « grossir ou disparaître », mais tandis que les grandes exploitations agricoles continuent de cheminer de plus en plus vers la monoculture, la marge bénéficiaire des diverses productions continue de rétrécir et le cycle de rentabilité à la baisse et de l'augmentation de l'endettement continue de plus belle.
La quantité d'information dont dispose aujourd'hui la relève agricole est limitée, car les données sur les futurs producteurs et ceux qui font moins de 10 000 $ par année ne sont pas recueillies dans l'enquête du Recensement de l'agriculture. Dans un sondage national de 2015 envoyé à plus de 1 500 répondants, 68 % des nouveaux et futurs producteurs agricoles ont indiqué ne pas avoir grandi sur une ferme. Par ailleurs, 73 % des participants ont dit souhaiter pratiquer une agriculture « écologique ». Et près de 80 % des personnes ayant moins de 10 ans d'expérience en agriculture mettaient en marché directement leur production.
Et même sans tenir compte d'autres facteurs que ces trois simples données statistiques, il pourrait s'ensuivre des incidences en matière de politiques, car il existe un groupe important de nouveaux et de futurs producteurs qui ne peuvent compter sur le transfert traditionnel des compétences agricoles, l'accès à une terre et des débouchés commerciaux prioritaires et cette relève ne fait pas l'objet de mesures de soutien adéquates en vertu du cadre stratégique actuel pour l'agriculture.
Nous croyons que le soutien de la relève en agriculture concerne au premier chef les producteurs agricoles actuels, les ONG, la société civile et les gouvernements. Nos recommandations précises au gouvernement à l'égard d'un meilleur soutien de la relève agricole sous l'égide du prochain Cadre stratégique pour l'agriculture comprennent les éléments que voici: désigner la relève agricole comme devant faire l'objet d'un des principaux piliers du prochain Cadre stratégique pour l'agriculture. Nous recommandons notamment d'inscrire dans ce pilier les objectifs prioritaires que voici: mettre avant tout l'accent sur une agriculture et un système alimentaire juste et durable; délaisser le modèle axé sur les exportations et viser plutôt un cadre stratégique qui repose sur les principes de la souveraineté alimentaire; favoriser d'abord des politiques qui encouragent les producteurs agricoles à adopter des productions réellement durables.
Le nouveau Cadre stratégique pour l'agriculture doit permettre d'aborder les contraintes relatives à l'accès à la terre, au capital et aux connaissances avec lesquelles doit composer la relève agricole, c'est-à-dire: élaborer une stratégie nationale pour la relève des terres agricoles; restreindre les acquisitions par des investissements, les projets de développement non agricoles et la propriété des terres agricoles sans occupation; offrir des mesures d'encouragement financières et fiscales aux propriétaires fonciers pour vendre ou louer leurs terres à de nouveaux producteurs qui peuvent ou non être des membres de la famille; exonérer d'impôt sur les gains en capital une exploitation agricole au moment de sa cession à un nouveau producteur, peu importe si l'acheteur est ou non l'enfant du propriétaire.
Pour s'assurer que les nouveaux producteurs puissent tirer un revenu qui leur permettra de vivre, il faut recréer des chaînes de distribution directes, justes et transparentes qui soutiennent la relève agricole, c'est-à-dire faire la promotion de la mise en marché directe et réévaluer les cadres réglementaires de manière à réduire les obstacles à la mise en marché directe; demander aux offices de commercialisation de la gestion de l'offre de créer des mécanismes d'entrée pour les nouveaux producteurs, assortis d'obstacles moins grands pour leur permettre d'intégrer la profession.
Vous pouvez vous reporter à la dernière page de notre mémoire, la page 6, pour plus de précisions à ce sujet.
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Le prochain sujet est la gestion des risques de l'entreprises, en particulier, le programme d'agri-stabilité.
Les agriculteurs canadiens sont aux prises avec une crise de revenu qui perdure. La politique agricole du gouvernement fédéral a toujours encouragé l'augmentation des exportations agroalimentaires, en faisant fi des incidences sur les fermes familiales canadiennes, les exploitations agricoles et l'offre alimentaire.
La politique fédérale épouse également les principes fondateurs de l'économie de marché, soit la croyance que les marchés régleront tous les problèmes. Cela ne tient pas compte des vastes différences en matière de pouvoir de mise en marché entre une entreprise familiale et les grandes sociétés transnationales qui fournissent les intrants agricoles et achètent la production, tout comme n'est pas prise en compte l'impossibilité d'un traitement équitable dans ces conditions. Qui plus est, « le marché » ne reconnaît pas les éléments non financiers qui ont de la valeur pour les producteurs, à savoir la culture, la santé, le sentiment communautaire et l'intégrité écologique qui sont des aspects importants pour les citoyens.
L'Union nationale des fermiers préconise une politique qui favoriserait l'avènement de la souveraineté alimentaire, une approche en agriculture et en agroalimentaire fondamentalement différente, qui soutiendrait les moyens de subsistance des producteurs, garantirait des aliments suffisants et sains aux consommateurs, et permettrait de travailler en harmonie avec la nature, en plus de faire participer les citoyens de façon constructive aux prises de décision concernant le système alimentaire.
En l'absence d'une politique agroalimentaire du gouvernement fédéral qui fasse la promotion de la souveraineté alimentaire, nous avons besoin de programmes de sécurité du revenu pour aider les entreprises agricoles familiales à survivre à la crise qui perdure. Il faut concevoir le programme de gestion des risques de l'entreprise (GRE) de telle façon qu'il offre dans les faits une protection aux petites et moyennes entreprises agricoles familiales et aux fermes coopératives et leur permet de maintenir et de faire prospérer leurs exploitations agricoles comme des entreprises rentables qu'il sera possible de transférer à la génération suivante d'agriculteurs.
Même si nous pourrions formuler des recommandations sur un grand nombre de mesures en matière de GRE, nous allons surtout traiter pour l'heure de l'agri-stabilité. Pendant la période des trois cadres stratégiques pour l'agriculture, des changements importants ont été apportés au programme d'agri-stabilité. Dans un premier temps, les producteurs ont trouvé la politique relativement efficace. Le cadre stratégique Cultivons l'avenir a semblé moins convivial pour les producteurs, une aide n'étant offerte qu'aux producteurs dont le revenu chutait de 15 % ou plus; en vertu du cadre stratégique Cultivons l'avenir 2, le soutien est devenu inaccessible.
Pour illustrer la pertinence de nos recommandations, nous allons vous faire part de l'expérience qu'ont vécue cette année certains de nos membres, qui sont des producteurs de bleuets dans le nord-est du Nouveau-Brunswick.
Depuis les dernières années, les prix du bleuet sauvage enregistrent un recul soutenu. D'aucuns disent qu'il s'agit d'un phénomène cyclique, tandis que d'autres croient fermement que les bas prix actuels et ceux qui sont prévus pour les deux à trois prochaines années sont attribuables à l'entente que notre gouvernement provincial a conclue pour permettre à un mégatransformateur de s'installer dans la Péninsule acadienne (nord-est du Nouveau-Brunswick).
Cette entente fortement contestée a permis de consentir des prêts et des subventions pour l'ouverture d'une usine de transformation, en plus d'accorder plus de 15 000 acres de terres de la Couronne de première qualité, dont une bonne partie avait fait l'objet de demandes de la part d'autres producteurs au cours des 10 dernières, ces demandes leur ayant été refusées. Par cette transaction, une société unique pourra pour l'essentiel doubler la production antérieure de la région et créer ainsi un monopole sur le marché.
Peu importe la raison, cette année, le prix du bleuet s'établissait à environ 30 ¢ la livre. Des producteurs étaient inscrits au programme d'agri-stabilité depuis des années, mais ils n'ont pas eu à demander un soutien en vertu du premier cadre stratégique Cultivons l'avenir. Ils ont été sidérés de prendre connaissance du nouveau critère d'une baisse des revenus de 30 % pour donner droit à une aide et d'apprendre que le nouveau plafond de la marge bénéficiaire signifiait en fait leur inadmissibilité au programme. L'année 2016 a été la pire des années en termes de prix des récoltes et pourtant, ces pertes n'étaient pas suffisantes pour donner droit à un paiement.
À l'heure actuelle, le programme d'agri-stabilité ne peut offrir un soutien au producteur que si sa marge de référence baisse de plus de 30 %. La marge de référence est la marge moyenne au cours des cinq dernières années, en laissant de côté les années du plus haut et du plus bas revenu brut ou des plus fortes ou plus faibles dépenses. De plus, la marge de référence correspond au plus faible de ces deux montants: le revenu agricole brut moyen ou les dépenses totales. Ce plafonnement de la marge signifie que la plupart des producteurs ne pourront jamais recevoir de soutien en vertu du programme, même s'ils éprouvent de très graves difficultés financières.
Nous croyons que ce dernier exemple illustre bien les expériences vécues par d'autres secteurs de production pendant d'autres années. Nous souhaiterions donc présenter les recommandations que voici au Comité: les programmes d'agri-stabilité et de GRE doivent véritablement être conçus pour servir les intérêts supérieurs des entreprises agricoles familiales, et non pas pour établir les économies que le gouvernement peut ainsi réaliser; pour réduire les paiements totaux versés au titre des programmes de GRE, nous recommandons que le prochain Cadre stratégique pour l'agriculture comprenne des politiques qui protégeront les producteurs de la volatilité excessive des prix sur les marchés mondiaux, notamment par l'accent mis sur le développement de notre système alimentaire national plutôt que la promotion en priorité des exportations.
Nous recommandons au gouvernement de réévaluer l'efficacité des mesures d'agri-stabilité et de tous les programmes de GRE. Récemment, des gens de notre ministère provincial de l'Agriculture nous ont dit avoir été surpris par le faible nombre de producteurs du N.-B. inscrits au programme. La comparaison des taux de participation passés et actuels, et des paiements effectués pourrait aider à illustrer les versions des programmes qui ont le plus aidé les producteurs.
Selon les modalités de calcul des volets d'Agri-stabilité et d'autres programmes de GRE en vertu de CA 2, y compris le plafonnement très élevé des paiements (de 3 millions de dollars pour le volet d'Agri-stabilité), la monoculture et les modèles d'affaires risqués sont encouragés; en sont exclues les exploitations agricoles qui font dans la diversification pour atténuer les risques de leur propre initiative par des productions mixtes. Cette situation soulève des préoccupations pour l'environnement, elle peut accroître l'endettement et rendre les programmes inaccessibles aux nouveaux producteurs.
Je vous remercie.
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J'aimerais remercier le Comité de me donner l'occasion de parler aujourd'hui.
Je m'appelle Margaret Hansen, et je cultive des céréales et des oléagineux sur une exploitation agricole familiale près de Moose Jaw, en Saskatchewan.
Je suis également vice-présidente de la Western Canadian Wheat Growers Association de la Saskatchewan. Je suis accompagnée aujourd'hui de mon collègue Stephen Vandervalk, un agriculteur de quatrième génération qui cultive des céréales avec son père et son frère près de Fort Macleod, en Alberta. Il est également vice-président de la Western Canadian Wheat Growers Association de l'Alberta.
La Western Canadian Wheat Growers Association a été fondée en 1970. L'organisation gérée sur une base bénévole représente des millions d'acres de cultures dans l'Ouest canadien. Elle s'emploie à développer des solutions stratégiques qui favoriseront la rentabilité et la viabilité de l'industrie agricole canadienne dans son ensemble.
Comme le présent comité étudie le Cadre stratégique pour l'agriculture (CSA) canadienne en parallèle avec les programmes et les services d'aide aux agriculteurs qui sont aux prises avec des problèmes de volatilité des marchés, il importe que nous nous examinions les bonnes nouvelles en agriculture et en innovation, et la réalité à laquelle sont confrontés nos entreprises et nos marchés d'exportation essentiels.
Premièrement, j'aimerais aborder la question de la gestion du risque. Nous savons que le nombre de participants au programme Agri-stabilité s'effondre, mais nous aimerions vous encourager en apportant des changements, si nécessaire, aux programmes de gestion du risque, et à miser sur le programme Agri-assurance qui, comme chacun le sait, est prévisible et monnayable, et qui fonctionne bien pour nos agriculteurs.
Lorsque vous aborderez le caractère prioritaire de la science, l'innovation, la recherche, la viabilité environnementale et le changement climatique dans vos délibérations sur le CSA, j'aimerais vous faire part de quelques bonnes nouvelles.
En tant que producteurs de céréales, d'oléagineux et de légumineuses dans les Prairies, nous avons considérablement réduit nos émissions de carbone au cours des 30 dernières années et nous ne cessons de les réduire d'année en année. L'innovation et la technologie dans les Prairies ont dirigé ces efforts et notre approche a été exportée dans le monde. La conservation et la viabilité sont essentielles à la rentabilité, alors nous mettons ces approches en pratique. Nos grands-parents qui vivaient sur une ferme il y a 100 ans ont été les premiers écologistes, et nos petits-enfants cultiveront ces mêmes terres dans une centaine d'années.
Comme nous l'avons mentionné récemment, nous nous préoccupons du changement climatique, mais en même temps une Prius ne peut pas tirer un semoir pneumatique.
La bonne nouvelle, c'est que les agriculteurs ont déjà atteint une bonne partie des objectifs stratégiques du CSA. Nous réduisons nos émissions de carbone. Nous séquestrons le carbone, tout en produisant des aliments. Par contre, nous nous préoccupons des conséquences d'une taxe additionnelle sur le carbone pour nos agriculteurs, car cette taxe entraînera une hausse du coût des intrants.
Examinons les engrais azotés. Pour que l'agriculture moderne soit viable, il faut des engrais, mais leur production nécessite beaucoup d'énergie. Les producteurs canadiens de fertilisants s'efforcent de minimiser leurs émissions de carbone, mais l'imposition d'une taxe du carbone les obligerait à augmenter les prix. Ainsi, les agriculteurs seraient confrontés au dilemme suivant: payer les fertilisants canadiens plus cher ou les acheter d'un autre pays. En quoi cela aidera-t-il l'environnement que nous entraînions la fermeture d'usines d'engrais canadiennes pour laisser les usines d'autres pays prendre de l'expansion?
Encore une fois, laissez-moi vous parler des bonnes nouvelles. Nous avons constaté des gains d'efficacité énergétique considérables en ce qui touche les tracteurs, les camions et les moissonneuses-batteuses, et bon nombre de ces innovations ont été apportées par des fabricants d'équipement agricole d'ici, au Canada. J'ai dépensé des centaines de milliers de dollars à l'achat de tracteurs et de moissonneuses-batteuses et mes voisins ont fait des investissements similaires. L'équipement agricole moderne propose des moteurs hautement performants et efficaces, et les ingénieurs sont à l'affût de toute possibilité d'amélioration de l'efficacité énergétique.
Autrefois, nous labourions la terre, mais grâce aux approches modernes en matière d'agriculture de précision, nous avons considérablement réduit, voire éliminé les labours. Ainsi, nous réduisons notre consommation de carburant, puisque nous n'avons plus à passer dans les champs pour labourer le sol ni à appliquer des pesticides sans arrêt comme par le passé. L'élimination des labours est également avantageuse dans les zones plus sèches où l'irrigation est moins nécessaire, ce qui permet de faire des économies de carburant et de protéger le sol. Voilà les bonnes nouvelles.
Des progrès énormes ont été réalisés en agronomie. Nous, les producteurs, avons maintenant recours à diverses techniques de rotation des cultures et à de meilleures méthodes de fertilisation. L'innovation dans le domaine de la phytologie est remarquable. Les gains de productivité et l'amélioration du rendement, couplés à la réduction de la production de blé et de canola, pour ne citer que ces deux exemples, sont impressionnants. Ces améliorations ont été réalisées grâce aux percées en génétique et dans la sélection des plantes, et grâce aux produits modernes de protection des plantes et à l'amélioration de la santé des sols par l'agronomie. Encore une fois, la plupart de ces améliorations ont été réalisées grâce aux innovations scientifiques en agriculture dans les Prairies à l'échelle locale.
Les nouvelles variétés de cultures conçues grâce aux techniques modernes d'amélioration des plantes favorisent la réduction du travail du sol et la croissance des cultures dans des conditions de sécheresse, ce qui sous-tend une séquestration et une conservation des sols encore plus efficace.
Une récente étude de CropLife Canada quantifie l'importante contribution des agriculteurs dans la réduction de l'empreinte environnementale:
Depuis 1990, la réduction du travail de la terre grâce aux innovations en phytologie s'est traduite par une séquestration du carbone dans les terres cultivées 3,8 fois plus élevée, réduisant du coup les gaz à effet de serre d'environ 4,0 millions de tonnes par année. La diminution de la superficie des jachères durant la période estivale réduit à son tour les émissions de gaz à effet de serre de 5,2 millions de tonnes, grâce à la séquestration du carbone.
En tant qu'agriculteurs, nous produisons plus d'aliments sur moins de terre et nous continuons à réduire les gaz à effet de serre, y compris le carburant diesel dans une proportion de près de 200 millions de litres chaque année. Les gaz à effet de serre ne cessent d'augmenter au Canada, mais dans le secteur agricole, il est évident qu'ils diminuent.
Ces observations nous amènent au point clé de votre étude sur les priorités du marché et du commerce pour nos produits. Les agriculteurs canadiens s'inquiètent de la compétitivité. Comme il est possible que nous rapportions plus de recettes fiscales, nos compétiteurs pourraient en subir les conséquences. La France et l'Australie n'ont pas de taxes de ce genre, mais le prix des denrées à l'échelle mondiale demeure le même pour tous. Nous produirons les mêmes cultures et nous générerons les mêmes émissions, mais les taxes sur le carbone enverront un signal selon lequel l'agriculture au Canada est moins rentable.
Je suis une agricultrice qui vous parle de cette perspective proprement dite. Sur les marchés et sur le plan de la compétitivité, les enjeux clés liés au changement climatique et à la taxe sur le carbone sont indissociables.
Dans un contexte d'échanges et de marchés, les discours seront peut-être jalonnés de rhétorique protectionniste dans certaines parties du monde, mais le Canada devrait tout de même aller de l'avant et assumer un rôle de premier plan sur cet enjeu crucial. Nous devons maintenir nos marchés, en créer de nouveaux et nous assurer, lorsque nous acheminerons nos futures récoltes, que nous ne serons pas désavantagés sur le plan de la concurrence par rapport à d'autres pays. Qu'il s'agisse de partenariats transpacifiques ou de marchés bilatéraux, les avantages commerciaux sont réels, et chaque fois qu'un obstacle nous empêche d'être compétitifs sur un marché, nous sommes désavantagés. Les règles doivent être équitables pour tous. En réalité, les chaînes d'approvisionnement mondiales ne peuvent tolérer quelque chaînon manquant que ce soit.
Nous avons conçu notre filière céréalière pour qu'elle prenne de l'expansion et qu'elle soit un véritable acteur sur la scène mondiale. Nous produisons des aliments qui sont essentiels pour tous. Nous voulons simplement avoir la liberté de croître, d'innover, de soutenir la concurrence et de vendre nos produits sur un pied d'égalité, au pays même, et à l'étranger. Si, en plus, nous nous dotons d'un solide programme d'assurance agricole, nous aurons les outils nécessaires pour y arriver.
Nous vous remercions de votre présence ici aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et de travailler avec vous tous afin d'accroître la rentabilité et la viabilité de nos agriculteurs et de notre secteur agricole.
Merci.