:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je suis ravi d'être parmi vous cet après-midi afin de faire le point sur les incidences du Partenariat transpacifique sur le secteur agricole et agroalimentaire canadien. Je m'appelle Frédéric Seppey. Je suis négociateur en chef pour l'agriculture ainsi que sous-ministre adjoint à Agriculture et Agroalimentaire Canada. Je suis accompagné de M. Denis Landreville, qui est négociateur principal pour les accords régionaux à Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Comme vous le savez sans doute, le Partenariat transpacifique est un accord négocié entre 12 pays du pourtour de l'océan Pacifique. Il représente près de 40 % du produit intérieur brut mondial et un marché de plus de 800 millions de consommateurs. Il regroupe des pays aussi divers que les États-Unis et le Japon, d'une part, qui sont respectivement les première et troisième puissances économiques mondiales, et, d'autre part, des pays en développement en forte croissance comme le Vietnam et la Malaisie. Les autres participants au Partenariat transpacifique sont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, Singapour, le Chili, le Pérou, le Mexique et le sultanat de Brunei.
Le PTP a pour vocation d'étendre sa couverture géographique au-delà des seuls 12 pays signataires initiaux, étant donné que certains pays sont déjà intéressés à se joindre à l'accord.
[Traduction]
Je vais maintenant parler des répercussions du PTP sur le secteur agricole canadien.
De façon générale, les retombées d'un PTP pour le secteur agricole et agroalimentaire seraient triples en ce qui touche l'accès au marché. Premièrement, il augmenterait l'accès au marché des pays qui en sont membres, sans distinction si nous avons déjà un accord de libre-échange avec eux. Les exportateurs canadiens seraient non seulement sur le même pied que leurs compétiteurs participant au PTP pour les produits présentant un intérêt, tels que le boeuf, le porc, les céréales et les oléagineux, mais ils auraient aussi un accès préférentiel aux marchés du PTP par rapport aux pays ne faisant pas partie du PTP, dont ceux faisant partie de l'Union européenne.
Deuxièmement, être membre d'un PTP permettrait à notre secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire de consolider son intégration dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire de l'Amérique du Nord et offrirait de plus grandes occasions de tirer profit de la chaîne d'approvisionnement alimentaire d'Asie. Les intervenants de l'industrie nous ont indiqué que si le Canada ne faisait pas partie du PTP, il pourrait voir diminuer son attrait en tant que source d'intrants pour des produits pour les marchés du PTP. Par exemple, les exportations de certains produits canadiens vers les États-Unis, tels que les huiles végétales, qui sont utilisées dans des produits de transformation ultérieure exportés par les États-Unis, pourraient courir un risque si le Canada ne fait pas partie du PTP, puisque l'utilisation de ces intrants rendrait ces produits de transformation ultérieure inadmissibles à la préférence tarifaire du PTP.
Finalement, être membre du PTP pourrait permettre au Canada d'accéder à de nouveaux marchés dans des pays ayant manifesté un intérêt à devenir membre du PTP à une date ultérieure.
Je parlerai maintenant de l'accès à des marchés agricoles spécifiques. Dans l'ensemble, nous pouvons dire que la vaste majorité des produits agricoles et agroalimentaires présentant un intérêt pour les exportateurs canadiens sur les marchés du PTP, autres que le Japon, seraient en franchise de droits une fois le PTP entièrement mis en oeuvre. Cela serait le cas pour le boeuf, le porc, l'huile de canola, le blé et l'orge ainsi que les légumineuses et les aliments transformés.
Dans le cas des produits qu'il souhaite exporter au Japon, le Canada serait sur un pied d'égalité avec d'autres pays compétiteurs du PTP ou aurait un accès préférentiel grâce à l'application de contingents tarifaires. Ces contingents correspondent à des quantités définies de biens pouvant entrer sur un marché à droits nuls ou à des droits réduits. En ce qui concerne le blé, par exemple, le Canada a obtenu un contingent tarifaire exclusif de la part du Japon à hauteur de 53 000 tonnes et, pour l'orge brassicole, un contingent tarifaire correspondant à 89 000 tonnes. Pour d'autres produits, tels que les produits de boeuf, de porc, de blé et d'orge fourragers, de même que de légumineuses et d'oléagineux, tous les pays participant au PTP seraient traités équitablement au Japon.
Les accords de libre-échange ne concernent pas seulement l'accès au marché grâce aux droits de douane et aux contingents tarifaires. Si nous nous tournons au-delà des dispositions d'accès au marché, plusieurs autres chapitres et obligations auraient des répercussions favorables sur le secteur agricole et agroalimentaire du Canada.
Par exemple, concernant les produits de biotechnologie faisant l'objet de commerce, les parties ont confirmé l'importance que leurs processus respectifs d'approbation des produits de biotechnologie fondés sur des données scientifiques soient transparents. Nous avons convenu d'interdire le recours aux subventions à l'exportation dans les marchés du PTP. Pour ce qui est des règles d'origine, soit les règles qui déterminent quels produits sont jugés comme provenant des pays signataires du PTP et pouvant donc bénéficier des préférences du PTP, celles-ci tiennent compte des réalités et des méthodes de production au Canada et en allègent le fardeau administratif.
Par exemple, les transformateurs canadiens d'aliments et de boissons pourraient s'appuyer sur les chaînes d'approvisionnement nord-américaines de même qu'étendre leurs sources d'approvisionnement d'intrants agricoles à un plus grand éventail de fournisseurs. Par exemple, en utilisant des fèves de cacao du Mexique ou du Pérou, les fabricants de chocolat bénéficieraient des préférences du PTP.
De la même façon, les membres du PTP pourraient recourir à des produits agricoles canadiens comme intrants dans des produits transformés. Par exemple, en utilisant des haricots adzuki canadiens pour produire des aliments transformés, tels que la pâte de haricots, ils bénéficieraient du commerce préférentiel du PTP si les produits sont exportés des États-Unis vers le Japon.
En ce qui touche les mesures sanitaires et phytosanitaires, les obligations du PTP s'appuient sur les règles de l'OMC selon lesquelles chaque partie conserve le droit de prendre les mesures requises pour protéger la sécurité alimentaire, la vie ou la santé animale ou végétale contre les risques, tout en veillant à ce que les progrès réalisés en matière d'accès au marché ne soient pas minés par des restrictions commerciales inutiles ou injustifiées.
Grâce aux règles figurant dans d'autres parties de l'accord, le PTP prévoirait aussi la protection de la norme que le Canada utilise pour le vin de glace et la promotion de systèmes administratifs transparents et équitables pour assurer la protection des indications géographiques, compatibles avec nos éventuels engagements aux termes d'un accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.
[Français]
Je vais maintenant traiter de l'impact du PTP sur les productions couvertes par la gestion de l'offre.
Le premier élément à noter est qu'en cas de mise en oeuvre du PTP, les trois piliers de la gestion de l'offre, soit le contrôle de la production, le contrôle des importations ainsi que le contrôle des prix, seront maintenus. Tout au long des négociations, nous n'avons eu de cesse de limiter l'impact des nouveaux accès au marché canadien négociés pour les secteurs de la gestion de l'offre.
Au final, ces ouvertures se sont traduites par de nouveaux accès au moyen de contingents tarifaires dont la mise en oeuvre sera étalée, dans certains cas, sur une période allant jusqu'à 19 ans. Lors de la cinquième année de mise en oeuvre du PTP, le volume d'accès consenti représentera une proportion peu élevée de la production annuelle actuelle au Canada, soit 3,25 % pour les produits laitiers, 2,3 % pour les oeufs, 2,1 % pour le poulet, 2 % pour le dindon et 1,5 % pour les oeufs d'incubation de poulet à chair.
Il est à noter que le Canada a négocié des modalités d'atténuation pour ces contingents tarifaires, notamment des conditions d'accès qui dirigent des volumes de lait, de beurre, de yaourt et de fromage vers des marchés précis.
Tout au long des négociations du PTP, une collaboration étroite a été maintenue entre l'équipe de négociation canadienne et les représentants des secteurs couverts par la gestion de l'offre. Ces derniers étaient tenus au courant, dans la plus grande mesure possible, des développements pouvant toucher leurs secteurs respectifs. Depuis la conclusion de l'accord, nous avons mené avec eux des consultations intensives afin de considérer les détails de mise en oeuvre ainsi que des mesures d'accompagnement à mettre en vigueur si le PTP est ratifié.
Si le Canada a dû octroyer certains accès pour ses secteurs agricoles les plus sensibles, il en a été de même pour les autres pays. De ce fait, de nouveaux engagements d'accès aux marchés pour les produits laitiers canadiens ont été négociés. Ainsi, aux États-Unis, des contingents ont été alloués au Canada pour la crème, le yaourt, le beurre, les fromages, le lait concentré, les poudres de lait et les autres produits laitiers, ainsi qu'une élimination de tarifs étalée sur 10 ans pour certains fromages de spécialité.
Au Japon, nos exportateurs pourront bénéficier à terme de l'élimination ou de la réduction de tarifs pour certains produits laitiers, en particulier les fromages.
Enfin, au Mexique, des nouveaux contingents ont été négociés pour le lait et la crème, la poudre de lait, le lait concentré, le beurre, le fromage ainsi que les autres produits laitiers.
En ce qui concerne les prochaines étapes, selon les termes de l'accord du PTP, les pays disposent de deux ans pour achever leur processus de ratification propre à chacun. Le gouvernement s'est engagé à consulter la population canadienne, notamment dans le cadre d'un débat public et ouvert au Parlement sur le fond du PTP, avant d'envisager sa ratification.
Depuis 2012, soit depuis que le Canada participe aux négociations, l'équipe de négociation canadienne a consulté étroitement les provinces et les territoires, de même qu'un vaste réseau sectoriel d'intervenants et de représentants de l'industrie couvrant l'ensemble des intérêts agricoles. Nous continuons d'ailleurs ces activités d'engagement.
Ainsi, en novembre dernier, Agriculture et Agroalimentaire Canada a entrepris des consultations élargies dans le cadre de l'engagement du gouvernement fédéral à consulter les Canadiens sur le PTP. Ces efforts de consultation du ministère sont menés soit par le lui-même, soit par mon équipe et moi-même.
À ce jour, les réactions des secteurs agricoles et agroalimentaires à vocation exportatrice ont été positives. En ce qui concerne les secteurs sous gestion de l'offre, ils soutiennent l'accord tout en soulignant l'importance d'une compensation si le PTP est ratifié.
Monsieur le président, cela conclut ma présentation.
Je vous remercie de votre attention. Je serai ravi de tenter de répondre à toute question. Les experts sectoriels qui m'accompagnent interviendront si c'est nécessaire.
Merci.