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Je souhaite la bienvenue à tous.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous commençons aujourd'hui notre étude sur les changements climatiques et problèmes de conservation de l'eau et des sols.
Nous recevons aujourd'hui la Canadian Roundtable for Sustainable Crops, représentée par Mme Susie Miller, sa directrice exécutive.
[Traduction]
Bienvenue, madame Miller.
De CropLife Canada, nous avons Dennis Prouse, vice-président, Affaires gouvernementales.
[Français]
Il est accompagné de M. Ian Affleck, directeur exécutif responsable de la biotechnologie végétale.
Nous allons commencer par les présentations, qui peuvent durer jusqu'à 10 minutes chacune.
[Traduction]
Madame Miller, vous avez la parole pour un maximum de 10 minutes. Merci.
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Monsieur le président, merci de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui.
La Canadian Roundtable for Sustainable Crops a été constituée en 2013 dans le but précis d'être un moyen d'encourager proactivement la durabilité dans l'industrie céréalière au Canada.
La CRSC, comme nous l'appelons, est constituée d'un vaste éventail de membres, notamment, des cultivateurs de céréales, des chaînes d'approvisionnement, des manutentionnaires de grain, des transformateurs d'aliments, des services alimentaires et des organismes de promotion de l'environnement et de la durabilité.
À l'heure actuelle, nous avons 50 membres à l'échelle du Canada. Le gouvernement n'est pas représenté — nous ne lui permettons pas d'être membre, mais il est invité à participer à nos réunions et il contribue aux discussions du comité technique.
La mission de la CRSC est à la base de notre travail, soit: créer de la valeur pour tous les membres du secteur céréalier du Canada en étant un forum national dont l'objectif est de faire avancer la durabilité de la production des céréales canadiennes, ainsi que de faire rapport et diffuser des communications sur le sujet.
À cette fin, l'industrie céréalière canadienne, par le truchement de la CRSC, est l'élément moteur d'une initiative dont l'objet est de recueillir les renseignements existants, de mener des recherches initiales et de publier les données exhaustives nationales existantes concernant la durabilité de la production de céréales au Canada. Nous avons l'intention de publier ces renseignements en ligne, et de les tenir à jour dans la mesure du possible, permettant à toutes les parties intéressées de comprendre ce qu'est la production durable de céréales et de suivre son évolution.
La raison pour laquelle il fallait lancer une telle initiative est claire. Il y a à l'échelle mondiale un grand nombre de normes de certification de la durabilité, dont certaines sont propres à une entreprise, mais elles portent toutes sur les mêmes questions.
La CRSC a déterminé quelles sont les questions importantes dans les principales normes, afin de permettre à tout intervenant de trouver les renseignements dont il a besoin au sujet de la durabilité de notre production, et ce, quelle que soit la norme qu'il utilise.
À notre avis, cela servira un double objectif. Tout d'abord, les clients des transformateurs d'aliments et des services alimentaires pourront décrire aux consommateurs, avec clarté et crédibilité, l'historique de la production durable de leurs produits céréaliers. Deuxièmement, les producteurs et les exportateurs de céréales canadiennes et d'oléagineux pourront plus facilement accéder aux économies ou aux clients qui exigent des renseignements de niveau élevé sur la durabilité dans le cadre de leurs règlements ou de leurs politiques d'acquisition.
Pour ce faire, nous avons d'abord dialogué avec les membres, puis nous nous sommes tournés vers l'extérieur, vers les acheteurs, les clients et le public. Un tel dialogue est crucial s'il faut établir une démarche cohérente entre nos membres, dont plusieurs ont déjà des programmes d'amélioration de la durabilité. La CRSC leur offre la possibilité de coordonner et de mettre au point des démarches synergiques au niveau des diverses organisations et initiatives.
Compte tenu du fait que la CRSC a des membres qui produisent des céréales de même que des membres qui achètent et consomment des produits céréaliers, elle contribue à expliquer les attentes des clients et des sociétés, ainsi que celles des organismes environnementaux. Cette compréhension des attentes des consommateurs et de la société nous a menés au deuxième point focal de notre travail, soit l'établissement de priorités de recherche et l'exécution de recherches visant à combler les lacunes de savoir.
Pour que les renseignements répondent aux besoins des parties intéressées, ceux-ci doivent être fondés sur la science et être crédibles. Au cours des 12 derniers mois, la CRSC a investi dans la recherche sur l'empreinte carbonique du cycle de vie de 10 cultures dans les principales provinces productrices de céréales. Aussi, nous avons mené une étude des pratiques des producteurs qui se rapportent au critère de durabilité.
L'action de recherche et de collecte de données crédibles et pertinentes n'est pas en soi valable sans un mécanisme servant à communiquer efficacement ces renseignements à ceux qui les veulent ou l'exigent. Pour ce faire, nous avons entrepris un important projet de construction de notre plateforme en ligne de mesure de la durabilité des céréales.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, cette plateforme fournira des données pertinentes et crédibles, fondées sur la science, sur la performance des producteurs céréaliers canadiens en matière de durabilité. Bien que la majeure partie des renseignements concerne la durabilité environnementale, nous offrons aussi des renseignements sur la responsabilité sociale — concernant les travailleurs dans la communauté —, ainsi que sur la viabilité économique de l'industrie, étant donné que ces trois aspects sont importants tant pour nos clients que pour les consommateurs. Nous en sommes présentement aux derniers stades du développement, et prévoyons inaugurer la plateforme au début de 2018.
Dans cette activité, nous avons recours à de nombreuses sources de données. Les travaux d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et d'Environnement et Changement climatique Canada au niveau des indicateurs environnementaux constituent une source particulièrement importante.
Par ailleurs, nous nous appuyons sur les résultats de nombreuses enquêtes de Statistique Canada, comme le recensement de l'agriculture, l'Enquête sur la gestion agroenvironnementale et l'Enquête sur l'utilisation de l'eau. Ces données d'enquête sont complétées par nos propres données, dont j'ai parlé plus tôt, ainsi que par celles produites par l'initiative canadienne FieldPrint, qui est une autre initiative en matière de durabilité entreprise par le secteur céréalier.
J'aimerais aussi mentionner que nous avons pu entreprendre tout cela grâce à la contribution du gouvernement du Canada par le truchement des programmes d'Agriculture et Agroalimentaire Canada dans le cadre desquels le financement fourni a fait l'objet d'un financement correspondant par nos membres.
Pour terminer, j'aimerais vous faire part des résultats de la recherche que nous avons menée en ce qui concerne ce qu'attendent les marchés et la société civile en matière de durabilité environnementale. Comme on pourrait s'en douter, ces secteurs s'attendent expressément à ce que les producteurs utilisent les produits agrochimiques, les engrais et le fumier de façon à ne pas nuire à la qualité de l'eau, et qu'ils maintiennent la productivité des sols. De plus, les marchés et la société civile ont aussi des attentes à l'endroit de l'industrie agricole en général pour ce qui est de la réduction des gaz à effet de serre, de la préservation et de l'amélioration de l'habitat faunique, de l'entretien des zones vulnérables, ainsi que de la pollution et de la gestion des déchets.
Par ailleurs, ces groupes conviennent qu'on n'atteindra pas immédiatement le résultat idéal en matière de durabilité, mais qu'il y aura une amélioration continue dans le temps.
Une fois de plus, merci de l'intérêt que vous avez manifesté.
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Merci, monsieur le président. Nous vous sommes reconnaissants de votre invitation aujourd'hui. Je suis accompagné de mon collègue, Ian Affleck, le directeur exécutif de la Biotechnologie végétale chez CropLife Canada.
Bien que de nombreux aspects de la science des plantes aient évolué depuis la création de notre organisme en 1952, notre objectif principal demeure le même, soit fournir des outils aux agriculteurs pour les aider à être plus productifs et plus viables. Nos membres ont aussi mis au point des produits pour l'utilisation dans une vaste gamme de contextes non agricoles, y compris les espaces verts urbains, les services de santé publique et les corridors de transport.
Personne n'a rien à apprendre aux agriculteurs canadiens au sujet de l'impact du changement climatique, parce qu'ils le vivent depuis un certain temps déjà. En tant qu'industrie, nous avons pour défi de trouver des moyens d'aider les agriculteurs canadiens à être plus productifs sur moins de terre et d'une façon bien plus durable que jamais. Heureusement, les agriculteurs canadiens comptent parmi les personnes qui s'adaptent le plus rapidement au monde à la nouvelle technologie. Nous parlerons aujourd'hui de ce que font les agriculteurs canadiens pour améliorer la durabilité et faire face au changement climatique, ainsi que de ce que nous pouvons faire encore plus à l'avenir.
Vous nous entendrez souvent parler des technologies de notre industrie. La plupart des gens ne pensent pas à l'agriculture de cette façon, mais les pesticides qui protègent nos récoltes et la biotechnologie végétale qui crée des récoltes encore plus solides et en santé représentent une science de pointe qui améliore nos vies. En plus de protéger les récoltes, les pesticides et les cultures biotechniques ont un bilan impressionnant pour ce qui est de la façon dont ils aident à protéger l'environnement en aidant les agriculteurs à utiliser moins de superficies de terre pour cultiver davantage d'aliments, à préserver la biodiversité, à s'attaquer aux changements climatiques et à conserver les ressources naturelles.
Grâce aux technologies des sciences végétales, les agriculteurs canadiens produisent davantage de récoltes sur les meilleures terres agricoles de notre pays, laissant de côté les terres marginales. Ainsi, 35 millions d'acres de forêt, d'herbes indigènes et de terres humides ne sont pas utilisées pour l'agriculture, protégeant ainsi la biodiversité en protégeant les habitats.
Loin de nuire à la biodiversité, l'agriculture moderne est en fait un élément crucial de sa protection. Les cultures biotechniques et les pesticides aident les cultivateurs à mieux contrôler les phytoravageurs dans leurs champs. Avant que ces technologies n'existent, les cultivateurs devaient labourer leurs terres afin de se débarrasser des mauvaises herbes. Pour ceux qui ne connaissent pas le domaine, le labourage est la pratique de retourner la terre d'un champ pour en retirer les mauvaises herbes. C'est dur sur la terre étant donné que cela brise la matière organique et réduit la capacité du sol de conserver l'humidité. Le labourage était une grande raison pour laquelle les sales années trente ont été si dévastatrices. La terre étant fragilisée par le labourage, la couche arable précieuse s'envolait sous l'effet de la sécheresse et du vent.
Les choses ont changé de par le fait que les cultivateurs utilisent une combinaison de pesticides et de biotechnologies. Pouvant appliquer des herbicides, ils n'ont plus à labourer leurs terres pour se débarrasser des mauvaises herbes. Par suite des percées de technologies agricoles, les cultivateurs peuvent aussi laisser le chaume se décomposer dans le champ, ce qui ajoute une matière organique dans la couche arable et améliore la consistance de la terre. Par conséquent, celle-ci est moins susceptible de s'éroder sous l'effet de l'eau et du vent.
Une réduction de la superficie de terre utilisée, une réduction du labourage et la jachère d'été, ainsi que l'élimination des passages d'équipement, réduisent les émissions de gaz à effet de serre de l'ordre de 29 millions de tonnes par an au Canada. La diminution du nombre de passages d'équipement dans les champs réduit la consommation de diesel d'au plus 194 millions de litres par année au Canada seulement. Le succès de la biotechnologie depuis son introduction est important, et c'est un outil crucial dans la lutte contre le changement climatique.
Cependant, nous nous efforçons constamment d'en faire encore plus pour donner aux cultivateurs accès à une technologie qui améliore le monde. Notre industrie continue de faire face à un défi, tant au Canada qu'ailleurs dans le monde, soit un système de réglementation qui est lent à accepter les nouvelles caractéristiques.
En dépit de la croissance annuelle de l'adoption de cultures biotechniques, nous n'avons pas encore vu les nouvelles cultures annoncées. Quatre-vingts pour cent des cultures sont encore dans les quatre groupes principaux. Qui plus est, la croissance que nous nous attendions à voir au niveau des produits mis au point par le secteur public ne s'est pas concrétisée. Soixante-quinze pour cent des produits commercialisés viennent encore des gros concepteurs de technologies du secteur privé.
Pourquoi donc ne voyons-nous pas de nouveaux produits et produits novateurs tant au niveau des nouvelles semences et des produits de protection des récoltes pour rehausser davantage le rendement de la durabilité? En réalité, le système de réglementation échoue face à l'objectif d'amener l'innovation chez les cultivateurs.
Quant à la rapidité de la commercialisation, nous avons constaté que la partie qui prend le plus de temps dans la commercialisation d'une caractéristique biotechnique est en réalité hors du contrôle du concepteur. Les fonds et le temps consacrés à la réglementation de la science et à l'inscription ont augmenté de 50 % les 10 dernières années.
Nous avons vu quelques nouvelles caractéristiques pour la consommation qui ont été approuvées au Canada. La pomme Arctic, produite par la société Okanagan Speciality Fruits, est une pomme qui ne brunit pas après avoir été tranchée. Elle devrait commencer à être disponible sur le marché l'an prochain, et le potentiel de réduction des déchets alimentaires est emballant. Il en va de même pour toutes les pommes de terre produites par J.R. Simplot, celles-ci étant protégées contre la meurtrissure et le brunissement.
Et ce n'est que le début. De nouvelles caractéristiques se dessinent à l'horizon, et celles-ci renforceront la lutte contre les maladies, les insectes et les mauvaises herbes. D'autres caractéristiques sont destinées à améliorer la tolérance à la sécheresse et aux milieux salins, ainsi que l'efficacité d'utilisation de l'azote. Il y a les rendements de la génération suivante, l'efficacité réelle de l'équipement, les caractéristiques de l'éthanol et les avantages pour le consommateur, comme des huiles alimentaires saines et une amélioration de la nutrition. Les avantages d'une nutrition améliorée sont importants dans le monde en développement, où l'impact du changement climatique se fera sentir plus particulièrement.
Le système de réglementation restreint la capacité des concepteurs du secteur privé et du secteur public d'offrir de nouvelles caractéristiques et cultures aux agriculteurs. Les concepteurs du secteur privé peuvent assumer ce fardeau de temps et d'argent, mais les concepteurs du secteur public ont beaucoup de difficulté à faire faire à leurs produits tout le cheminement vers la commercialisation.
Je signale que nous parlons de technologies dont le bilan de sécurité a été absolument sans tache depuis plus de 20 ans. Il y a un consensus dans le monde scientifique sur la sécurité des cultures biotechniques, et pas plus le Canada que n'importe quel autre organisme de réglementation n'a vu un cas de dommages documenté. Les cultures biotechniques ne constituent pas une préoccupation quant à la santé et à la sécurité des Canadiens, pas plus qu'elles ne constituent une préoccupation sur le plan de la réglementation.
Pour terminer, monsieur le président, nous sommes très fiers du rôle de notre industrie dans l'établissement d'une agriculture canadienne plus productive et plus durable que jamais. L'agriculture moderne fait partie intégrante de la solution quant au changement climatique, tant au Canada qu'ailleurs dans le monde. Ces contributions seraient grandement augmentées si le Canada faisait un effort soutenu de réforme de son système de réglementation. Les agriculteurs canadiens sont de fervents enthousiastes prêts à s'adapter à la nouvelle technologie. Il serait logique de trouver un moyen plus rapide et plus efficace de leur transmettre cette technologie tout en faisant du Canada un centre mondial pour l'investissement et l'innovation dans l'agriculture moderne. Nous encourageons le gouvernement du Canada à contribuer à concrétiser cette vision.
Merci, monsieur le président. Nous vous sommes reconnaissants du temps que vous nous consacrez et sommes prêts à répondre aux questions du Comité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie beaucoup de vos témoignages. Ils étaient très instructifs.
Nous amorçons cette étude avec une grande ouverture. Les changements climatiques, les effets sur la qualité des sols et l'accès à l'eau, et tout cela sont des sujets très vastes. Cet enjeu préoccupe beaucoup les producteurs de partout au Canada. Il devrait aussi préoccuper les consommateurs parce que, ultimement, tout ce qui se retrouve dans notre assiette provient de la terre, du moins la plus grande partie des aliments.
Ma question est très simple. Chaque fois que je rencontre des groupes de producteurs, notamment des producteurs de grains de toutes les catégories, chacun parle d'une expansion de sa capacité de production au cours des prochaines années. Il est question de doubler la production au cours des 10 prochaines années. Il y a également des objectifs gouvernementaux d'augmentation assez notable des exportations.
Quand on nous parle de ces objectifs, on ne parle pas des contraintes liées aux changements climatiques. Tout semble au beau fixe et on ne semble pas avoir de craintes quant à sa capacité de doubler la production, de livrer le produit et d'atteindre ces objectifs. J'aimerais vous entendre à ce sujet.
On pourrait commencer par les représentants de CropLife Canada et entendre ensuite Mme Miller.
Mon collègue, Ian, en a parlé un peu en ce qui concerne la rapidité du processus d'approbation. À l'heure actuelle, celui-ci s'étend sur deux à trois années. Si nous voulons faire du Canada un chef de file en biotechnologie et en investissement, il faudrait arriver à ramener cette période à un an. Cela ne coûtera rien au gouvernement. C'est une simple question d'application de meilleurs principes et d'accélération du processus.
Du côté du financement, il s'agit de veiller à ce que les organismes de réglementation soient adéquatement dotés de sorte qu'ils puissent traiter non seulement des exigences techniques, mais aussi d'un grand nombre des questions en jeu à l'heure actuelle sur le plan du commerce. Par exemple, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire s'occupe non seulement des questions de santé et de sécurité, mais aussi de questions se rapportant à ce qu'on appelle les LMR, les limites maximales de résidus, qui ont un impact sur le commerce. Ces organismes de réglementation sont-ils dotés d'un personnel suffisant pour ce qui sera attendu d'eux? C'est à ce niveau que la question du financement se situe pour nous.
Cependant, la réforme du système de réglementation — et mon collègue Ian pourrait vous en parler davantage — est une chose que nous poussons parce que nous voulons faire du Canada le centre de cet investissement en biotechnologie. Nous savons que la recherche se fera. Elle va se faire quelque part dans le monde. Nous aimerions que ce soit au Canada.
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Eh bien, je dirais que la technologie CRISPR est... La sélection végétale conventionnelle existe depuis 10 000 ans. La méthode moderne dont nous parlons et que nous réglementons à l'heure actuelle existe depuis 50 à 60 ans. La technologie CRISPR, qui est nouvelle, plus rapide et plus précise, sera utilisée les 40 prochaines années. Avec elle, il est plus facile de générer les données nécessaires pour la réglementation. Ce nouveau domaine est donc prometteur. Il est aussi beaucoup plus accessible pour les petites entreprises parce que le coût de l'innovation baisse. On pourrait vraiment arriver à un marché de l'innovation bien plus diversifié.
Pour revenir à la comparaison entre les États-Unis et le Canada, en moyenne, les choses vont plus vite aux États-Unis, mais pas tant que cela. Là où il faut 18 mois chez eux, il en faut 24 chez nous. Ils ont bien quelques mécanismes intéressants qui font que si vous proposez quelque chose qui ressemble beaucoup à quelque chose d'autre, ils font le lien et vous donnent très vite l'autorisation, en quatre à six mois, pour des produits très semblables. En revanche, leur système peut être très procédurier, ce qui le ralentit. Il est possible de poursuivre les organismes publics en question, avec pour résultat de se retrouver bloqué pendant 12 ans. Heureusement, le Canada s'appuie sur les données scientifiques et n'a pas ce problème.
Le plus intéressant, c'est ce qu'ils proposent de faire à l'avenir. Voilà 20 ans que nous réglementons ces produits et nous n'avons jamais, ni personne d'autre au monde, rencontré de problème. Allons-nous mettre autant d'obstacles réglementaires pour la prochaine génération de produits, alors que nous pouvons tirer les enseignements des 20 dernières années et moderniser notre approche? Le Canada a l'occasion, en l'espèce, de travailler en collaboration avec les États-Unis, pas seulement pour faire ce que nous faisons, mais pour les influencer de sorte qu'ils arrivent à une décision qui corresponde aux données scientifiques qui nous semblent appropriées ici, au Canada.
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Je dirai tout d'abord que le sujet me passionne.
La biotechnologie n'est pas la solution miracle en matière de protection des cultures. Elle fait juste partie de la boîte à outils des agriculteurs. Ils doivent utiliser les outils de toutes les méthodes de production qu'ils peuvent trouver pour savoir ce qui marche sur leur exploitation, mais certaines technologies existantes ou à venir permettront sans doute de sauver des cultures inondées pendant quelques jours qui, une fois sorties de l'eau, pousseront quand même.
Des laboratoires travaillent là-dessus. On y pense, mais malheureusement, si l'idée est commercialisée par des entreprises, elles voudront que ça leur rapporte. Les recherches nécessaires pour respecter la réglementation représentent le principal coût. Si cet obstacle est élevé, il faudra plus de temps pour mettre les produits sur le marché parce que la demande ne sera pas si importante tant que la situation climatique ne s'aggrave pas. Moins l'obstacle est élevé, plus vite les produits sont commercialisés et plus on aura de petits acteurs qui proposeront plus de produits particuliers à mettre dans la boîte à outils des agriculteurs. C'est un des principaux éléments.
Au sujet de la pomme, par exemple, nous n'avons pas au Canada de normes de service en ce qui concerne les approbations de produits issus de la biotechnologie. On n'a aucune idée du temps que cela demandera. Quand on explique à son investisseur en capital-risque qu'on a une innovation fantastique, mais qu'on ne sait pas si on pourra la commercialiser, il devient difficile pour lui de continuer de signer des chèques pour maintenir à flot un projet dont l'aboutissement reste hypothétique.
Des normes de service élémentaires pour rendre le processus plus rigoureux aideraient à prévoir s'il est possible de mettre sur le marché ces nouveaux produits qui tolèrent l'eau, la sécheresse ou le sel. Nous avons déjà sur le marché du maïs résistant à la sécheresse, mais on peut faire plus.
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Je vous remercie, monsieur le président.
C'est intéressant d'entendre ces histoires au sujet de l'innovation et de la gérance de l'environnement par nos agriculteurs. Nos agriculteurs et nos éleveurs sont parmi les personnes les plus soucieuses de l'environnement dans le pays. Il me semble que nul d'entre nous dirait le contraire. Ils vivent de la terre. C'est leur moyen de subsistance.
Il s'agit là de quelque chose de très important dans le cadre de cette discussion: le fait que nos agriculteurs et nos éleveurs agissent ainsi depuis des générations. Ils adoptent la technologie et l'innovation et ils font tout leur possible pour protéger leurs terres et faire en sorte qu'elles soient productives.
Dans une étude précédente, nous avons eu un témoin qui avait des serres en Colombie-Britannique et, comme la taxe sur le carbone lui coûtait 50 000 $ par an, elle a fermé ses serres.
Maintenant que l'Alberta a adopté la taxe sur le carbone, j'ai des agriculteurs et des éleveurs dans ma circonscription à qui elle coûte en plus de 50 000 à 125 000 $ par an. On dirait donc que nos agriculteurs, nos éleveurs et nos serriculteurs ont fait toutes ces choses pour avoir la plus petite empreinte carbone possible avant même que ce débat soit en vogue et que, pourtant, ils se retrouvent punis d'avoir fait tout ce qu'il fallait.
Quant aux changements climatiques, je suis d'accord avec mon collègue, M. Drouin, nous ne sommes pas là aujourd'hui pour discuter de leur réalité ou pas, mais je tiens à dire, monsieur Drouin, que nous devrions tous avoir vos agriculteurs qui peuvent prédire le temps qu'il va faire. C'est impressionnant qu'ils en aient été capables avant maintenant.
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Pour ce qui est des avantages qui pourraient découler du changement climatique, tout va dépendre de la capacité d'adaptation des producteurs. Il y aura, en effet, à la fois des avantages et des inconvénients. Ainsi, le climat peut se réchauffer, mais cela risque d'augmenter le nombre d'insectes nuisibles, ce qui exigera de plus fortes quantités d'insecticides, ou entraînera de plus fortes pertes de récoltes.
Tout dépend donc des capacités d'adaptation des producteurs. Or, on constate déjà un effort sensible d'ajustement. C'est ainsi qu'il y a 25 ans on ne voyait pas pousser, dans l'Ouest du Canada, dans les provinces des Prairies, des pois, des haricots, ou des lentilles. Or cette région est désormais le plus gros exportateur de lentilles rouges du monde. Ce résultat n'est pas uniquement dû à la technologie, mais aussi à l'innovation.
Tout cela présente, dans l'optique des efforts que nous menons dans le cadre de la Canadian Roundtable for Sustainable Crops, des avantages, certes, mais aussi des inconvénients. C'est ainsi que l'on constate une baisse de nos ressources hydriques et qu'il faudra donc accorder davantage d'importance à la conservation de l'eau. Si nous devons augmenter l'emploi d'insecticides en raison d'une augmentation du nombre d'insectes nuisibles — et je dis bien « si » — eh bien, là encore, nous devrons renforcer nos efforts de gestion. Tout cela va donc dépendre de nos capacités d'adaptation. Le changement climatique peut entraîner un certain nombre d'avantages, mais il peut aussi avoir des impacts négatifs. Il se peut même que cela entraîne simplement un changement de situation.
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Je vous remercie, monsieur Breton.
Si vous me le permettez, je vais faire un commentaire aussi.
On peut faire beaucoup de choses par rapport aux changements climatiques grâce à la technologie. Il faut aussi réaliser que ce problème est réel. Chez nous, la forêt acadienne fournit du bois aux scieries. Cependant, si les choses continuent ainsi, dans 20, 40 ou 50 ans, cette forêt disparaîtra de notre région, ainsi que les bleuets et les choses qui y poussent.
Je suis d'accord qu'il y a la technologie, mais il faut être conscient que d'autres mesures sont nécessaires.
[Traduction]
Je tiens à remercier nos intervenants d'aujourd'hui. Nous avons eu des échanges très fructueux, qui sont d'ailleurs appelés à se poursuivre.
Monsieur Affleck, monsieur Prouse et madame Miller, je vous remercie.
Nous allons maintenant suspendre quelques instants la séance en attendant nos prochains témoins.
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Nous allons maintenant entamer la seconde partie de la séance.
Je commence par souhaiter la bienvenue à notre deuxième groupe de témoins.
Nous accueillons le Conseil canadien de l'horticulture, en la personne de Rebecca Lee, sa directrice générale. Soyez la bienvenue. Elle est accompagnée de Jan VanderHout, membre du Comité de l'environnement.
Nous accueillons également le Conseil canadien de conservation des sols, représenté par M. Alan Kruszel, son président.
Nous avons aussi le plaisir d'accueillir les représentants de USC Canada, M. Martin Settle, son directeur général, et Geneviève Grossenbacher, chargée de programmes.
Nous allons donner la parole en premier au Conseil canadien de l'horticulture. Vous avez 10 minutes.
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Bonjour mesdames et messieurs.
Je vous remercie de l'occasion qui nous est donnée de vous entretenir des incidences du changement climatique sur le secteur canadien de l'horticulture.
Le Conseil canadien de l'horticulture, ou CCH, est une association nationale qui représente les cultivateurs de fruits et de légumes qui, dans plus de 27 500 exploitations agricoles, cultivent pas moins de 120 variétés différentes. Cela fait 6 milliards de dollars de recettes monétaires agricoles. Depuis presque 100 ans, le CCH oeuvre sur les grandes questions touchant le secteur canadien de l'horticulture, défendant les intérêts de nos cultivateurs qui fournissent à la population du Canada des aliments sains issus d'une agriculture durable.
Le secteur horticole est entièrement d'accord avec l'objectif que le gouvernement fédéral s'est fixé dans le cadre du budget 2017, et qui prévoit de porter à 75 milliards de dollars nos exportations agroalimentaires d'ici 2025. Les producteurs se retrouvent, cependant, face à de nombreuses difficultés, y compris à des problèmes écologiques, et la concurrence de pays qui appliquent une réglementation moins exigeante, ou une réglementation qui ne repose pas sur des données scientifiques. Le gouvernement fédéral peut les aider à résoudre ces difficultés en reconnaissant, dans le cadre de sa politique nationale de gestion du carbone, divers carburants agricoles, et en accordant son appui à de nouveaux efforts de recherche et d'innovation dans le secteur horticole.
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Les producteurs canadiens ont tout intérêt à adopter des modes de cultures durables et de bonnes pratiques en matière de gérance environnementale. Il n'est pas rare que les cultivateurs investissent dans des programmes et des nouvelles techniques permettant d'atténuer les risques qui se présentent au niveau de l'environnement. C'est ainsi, par exemple, que les serriculteurs ont trouvé de nouveaux moyens de recycler le carbone qu'ils produisent et de le transformer en CO
2 de qualité alimentaire pour nourrir les cultures. Or, cette innovation, qui est durable sur le plan de l'environnement, n'est au Canada, pas reconnue, ce qui fait que les diverses provinces calculent différemment le prix de ce carbone.
Ces politiques de tarification augmentent les coûts des producteurs, et s'ajoutant aux coûts des infrastructures à forte intensité de capital nécessaires à la construction des serres, exposent l'ensemble du secteur aux fuites de carbone, et porte certaines entreprises soucieuses de leur compétitivité à développer leurs opérations dans des pays qui, tels que les États-Unis et le Mexique, ne tarifent pas le carbone. Le marché des fruits et des légumes est un marché mondial et il est difficile de répercuter sur le consommateur l'augmentation des coûts de production. Cela affecte le prix des aliments produits au Canada, et entraîne un impact sur notre compétitivité.
Les cultivateurs de fruits et de légumes sont acquis à des modes de production respectueuse de l'environnement, mais il leur faut, pour rester compétitifs, des tarifs énergétiques et un régime fiscal modérés.
Le CCH souhaite voir le gouvernement fédéral ajouter le gaz naturel et le gaz propane à la liste de carburants agricoles non soumis à la tarification du carbone, car les gaz d'échappement produits par l'utilisation de ces carburants sont en partie recyclés par les serres, et transformés en CO2 de qualité alimentaire qui contribue à la croissance végétale. Cette exonération permettrait de réduire les disparités régionales dues aux différences au niveau des politiques de tarification du carbone, et contribuerait à la nouvelle politique alimentaire du Canada en rendant la nourriture plus abordable, en améliorant la santé et la sécurité alimentaires, en protégeant nos sols, notre eau et notre air, et en permettant de cultiver des aliments de qualité.
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Le CCH continue à défendre les intérêts des cultivateurs auprès de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, dans le cadre de sa procédure de réévaluation des produits phytosanitaires et par ses efforts en vue d'améliorer les politiques qui fondent les décisions réglementaires de l'ARLA.
Le CCH continue également à prôner l'harmonisation des divers volets du système de réglementation des produits phytosanitaires, y compris les teneurs maximales en résidus et les examens internationaux conjoints. C'est dans cette optique, que nous continuons à soutenir le programme de pesticides à usage limité du Centre de la lutte antiparasitaire, et de ses efforts en vue de réduire les risques liés à l'emploi de pesticides.
La santé des végétaux, la biosécurité, et la mise à jour constante des modes d'évaluation des risques liés à l'emploi des pesticides sont des éléments essentiels de l'accès au marché et contribuent notablement à la protection de l'environnement. C'est pourquoi, en matière de protection des cultures, le CCH développe et préconise des politiques et des programmes de gestion favorisant l'accès au marché ainsi que la viabilité économique et la compétitivité des producteurs canadiens de fruits et de légumes afin de continuer à fournir au consommateur canadien des aliments sains.
J'ajoute que le changement climatique et le développement du commerce international ont introduit dans notre secteur horticole de nouveaux insectes nuisibles. Les organismes de réglementation doivent accroître leurs moyens de lutte contre ces nouveaux parasites envahissants et ces nouvelles maladies qui frappent nos cultures. Ces défis prennent de plus en plus d'importance et coûtent de plus en plus cher à gérer alors même que nous nous attachons à réduire notre empreinte carbone et à nourrir une population mondiale qui ne cesse d'augmenter.
Le CCH invite le gouvernement fédéral à accorder les crédits nécessaires au bon fonctionnement de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, et du Centre de la lutte antiparasitaire, afin d'assurer à nos cultivateurs l'accès aux moyens de protection des cultures et aux services d'inspection nécessaires. Si l'on n'augmente pas leurs budgets de fonctionnement, ces organismes ne pourront pas réagir assez vite aux parasites envahissants et aux maladies qui frappent les végétaux. Cela risquerait alors de compromettre la bonne santé de ce secteur de la vie économique nationale, et risquerait de contrarier les objectifs que nous nous sommes fixés en matière d'exportations.
Je voudrais maintenant vous dire quelques mots sur certains des autres domaines dans lesquels le CCH continue à défendre le développement sûr et durable de nos cultures.
Le CCH voudrait voir le gouvernement soutenir davantage les recherches en augmentant les crédits du Partenariat canadien pour l'agriculture. Lors des consultations sur le nouveau cadre politique fédéral en matière agricole, nous avons détaillé les crédits qu'il nous faudrait pour améliorer la viabilité environnementale de notre secteur. Nous jugeons cela possible si l'on harmonise les programmes du Partenariat canadien pour l'agriculture et du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques.
L'accès à l'eau et aux techniques d'irrigation avancées revêt une importance critique pour les cultivateurs de fruits et de légumes s'ils veulent s'adapter à des conditions climatiques plus dures et à des conditions météorologiques extrêmes plus fréquentes. Il faudra, pour assurer à l'agriculture un approvisionnement fiable en eau salubre, que le gouvernement mette en place des politiques adaptées et contribue à la construction des indispensables infrastructures. Le CCH recommande que les équipements nécessaires à un bon approvisionnement en eau agricole soient financés au moyen de prêts bon marché qui seraient accordés par la nouvelle Banque de l'infrastructure du Canada.
Le CCH invite également le gouvernement à soutenir l'innovation dans le secteur horticole. C'est ainsi, par exemple, que les producteurs de fruits de verger ont constitué un dossier qui prône un certain nombre de mesures favorisant l'innovation et le développement du secteur de la pomme, et permettant d'accroître nos exportations agroalimentaires.
Nous invitons le gouvernement à travailler de concert avec les départements concernés, et les acteurs du secteur horticole afin de mettre en commun les ressources et le savoir-faire, et d'adopter, en matière de changement climatique et de protection de l'environnement, des politiques équilibrées qui n'auront pas de conséquences imprévues pour nos agriculteurs, pour les habitants du Canada, et pour l'approvisionnement alimentaire mondial.
Je vous remercie de votre attention, et c'est très volontiers que nous répondrons à vos questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du Comité, je tiens à vous remercier de cette occasion de prendre la parole devant vous. Nous sommes heureux de pouvoir ainsi participer à votre étude sur les sols, car c'est un sujet auquel nous nous intéressons particulièrement.
Je m'appelle Alan Kruszel et je suis président de l'excellente association qu'est le Conseil canadien de conservation des sols. J'exploite une ferme située à environ une heure et demie au sud-est d'Ottawa, près de Cornwall, où je pratique une agriculture de rente.
Je voudrais vous dire quelques mots au sujet du Conseil. Nous sommes, au Canada, la seule organisation nationale qui se consacre aux soins du sol. Nous lançons en ce domaine des initiatives, nous diffusons les connaissances, facilitons les communications, prônons l'adoption de bonnes politiques et collaborons avec tous ceux qui s'intéressent aux sols. Nous sommes, au Canada, le visage et la voix de la conservation des sols.
Permettez-moi maintenant de vous parler très rapidement de certaines des choses que nous avons faites au cours de ces dernières années.
Nous avons été, en 2014, coorganisateurs du sixième Congrès mondial de l'agriculture de conservation, qui a réuni plus de 400 intervenants en provenance de 100 pays différents pour parler d'agriculture de conservation et de ce qui pourrait être fait afin d'améliorer la situation dans les diverses régions du monde.
Nous avons également organisé, avec nos collègues de la CRSC, l'organisme piloté par Susie, des réunions de personnes acquises à la conservation. Nous nous sommes entretenus avec des groupements agricoles et des groupements environnementaux tels que le World Wildlife Fund et Ducks Unlimited afin de voir si nous ne pouvions pas aligner nos conceptions du paysage agricole canadien. Nous sommes très fiers d'avoir pu publier à cet égard une déclaration commune.
Nous avons organisé des sommets sur les sols. Le plus récent a eu lieu au mois d'août dans la circonscription de Lloyd. Plus de 180 personnes ont participé à cette réunion consacrée aux coûts et aux conséquences de la dégradation des sols au Canada.
Nous avons lancé un projet drôle baptisé « soil your undies ». J'en reparlerai un peu plus tard. Il s'agit, en fait, d'un test scientifique qui consiste à enfouir des sous-vêtements en coton dans la terre. On les récupère quelques mois plus tard pour constater l'état de décomposition. Si le coton est dans un état avancé de décomposition, on peut tenir pour acquis que le sol abrite une saine activité biologique. C'est très amusant.
[Français]
En français, on dit « salissez vos bobettes ».
Hélas, mesdames et messieurs, la conservation des sols n'est jamais chose acquise. Nous avons, au Canada, fait de grands progrès en ce domaine, et nous ne sommes plus du tout à ces sales années trente. Mais si nous avons fait de gros progrès, il nous reste énormément à faire.
Je voudrais, aujourd'hui, m'en tenir à deux sujets — le travail du sol et les pertes de matière organique. Ce sont les deux grandes questions que je voudrais évoquer aujourd'hui, car elles continuent à nous poser de graves problèmes. Je précise que lorsque je parle de « matière organique », il s'agit essentiellement de carbone. Le problème est en effet que nos sols sont en train de perdre leur teneur en carbone. À cet égard, nos sols agricoles continuent de s'appauvrir.
L'ouest du Canada a, sur ce plan, pris de l'avance sur l'est du pays. Je félicite nos collègues de l'ouest qui ont fait du bon travail, même s'il reste beaucoup à faire. Le Conseil a récemment constaté que dans l'ouest du Canada on travaille un peu plus le sol que ce n'était le cas auparavant. On voit en effet assez souvent utiliser en Alberta et en Saskatchewan des cultivateurs verticaux, là où l'on pratiquait naguère le semis direct sans beaucoup remuer la terre. C'est à nos yeux assez préoccupant.
Le passage à des cultures sans travail de la terre — c'est-à-dire l'ensemencement sans travail du sol — reste cependant extrêmement rare dans l'est du Canada. D'après ce que nous avons pu voir, environ un tiers des terres cultivées sont ensemencées sans labourage. Nous tenons ces résultats du recensement, mais le chiffre est beaucoup plus faible en ce qui concerne les surfaces qui n'ont jamais auparavant été labourées.
Ceux d'entre vous qui habitent en zone urbaine sont aussi au courant d'un autre problème que nous souhaitons porter à votre attention. En effet, l'expansion urbaine est en train de soustraire à l'agriculture des terres productives. C'est un grave problème qui se profile et nous allons devoir le résoudre.
Pour les organismes qui peuplent le sol, le labourage apparaît comme un tremblement de terre, un ouragan, une tornade et un feu de forêt tout en même temps. Pour les microorganismes qui peuplent les sols, c'est un véritable désastre. Le labourage ne fait pas de bien aux sols.
Rattan Lal, de la Ohio State University, est un des grands spécialistes du carbone. Selon lui, depuis les débuts de l'agriculture moderne, nos sols ont perdu de 50 à 70 % du carbone qu'ils contenaient à l'origine. Cette énorme quantité de carbone s'est évaporée dans les airs, essentiellement en raison du labourage.
La FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, estime que l'érosion des sols nous fait perdre, chaque année, 0,3 % des récoltes. Ce chiffre peut ne pas paraître important, mais cela représente, à l'échelle mondiale, la production annuelle d'environ 4,5 millions d'hectares. Or, c'est comme si, chaque année, l'érosion des sols faisait perdre au Canada presque 10 % de ses terres cultivées. C'est une proportion énorme.
Dans notre propre exploitation, nous évitons tant que possible le labourage, et nous favorisons la culture sans travail sous couvert végétal. Il s'agit de maintenir aussi longtemps que possible la couverture des sols et nous plantons des cultures de couverture afin de retenir le sol et nourrir les organismes qui l'habitent. C'est une pratique que nous encourageons dans toutes les régions qui s'y prêtent.
Il reste manifestement beaucoup à faire pour étendre les surfaces cultivées sans labourage. C'est une pratique qui, dans une situation de changement climatique, comporte bien des avantages. En effet, l'ensemencement exige alors moins de carburant. Le carbone reste capté dans la terre au lieu de partir dans les airs. Il n'y a que des avantages.
Cela présente en outre l'occasion d'améliorer nos connaissances quant aux conséquences et aux coûts de la dégradation des sols. Nous ne savons en effet pas très bien ce que la dégradation des sols nous coûte ici au Canada. D'après les calculs effectués par David Lobb, de l'Université du Manitoba, la dégradation des sols coûterait chaque année environ 3 milliards de dollars à l'économie canadienne. Il est donc clair qu'il reste beaucoup à faire pour maintenir la santé de nos sols.
Les besoins en matière de recherches sont en constante évolution. Il nous faut en outre multiplier les efforts afin de combler l'écart entre les chercheurs et les producteurs appelés à mettre en oeuvre les résultats de ces recherches. Agriculture Canada assure bien moins qu'avant la diffusion des nouvelles connaissances. De formidables recherches sont actuellement menées dans les centres de recherche installés un peu partout au Canada, mais les agriculteurs n'en ont pas assez rapidement connaissance. J'habite moi-même à une heure et demie du centre d'Ottawa, mais j'entends très peu parler de ce qui s'y fait. Nous allons devoir améliorer les communications entre les chercheurs et les agriculteurs.
Il nous faut diffuser les nouvelles connaissances auprès des producteurs, et organiser à leur intention des démonstrations sur place. Les agriculteurs adopteront les nouvelles techniques si on leur en démontre l'utilité, surtout si on peut les mettre en contact avec des agriculteurs qui en ont eux-mêmes fait l'expérience. Il est essentiel de transmettre ces connaissances à des fermiers qui serviront alors de référence, car c'est le meilleur moyen de persuader les autres.
Nous constatons hélas que des connaissances qui seraient pourtant très utiles restent dans des dossiers sans jamais être communiquées à ceux à qui elles pourraient servir. Les producteurs veulent adopter de bonnes pratiques, mais le changement n'intervient que lentement, et la plupart des agriculteurs ne savent pas le mal que les pratiques habituelles et le labourage traditionnel font aux sols.
Je voudrais maintenant vous présenter quelques recommandations très simples.
La première serait de faire de la santé des sols un des principaux volets du Partenariat canadien pour l'agriculture. Le nouveau Cultivons l'avenir 3, je ne sais pas très bien si c'est effectivement le nom qui lui sera donné, est prévu pour avril 2018. Ce serait l'occasion d'assurer que, dans le cadre de ce vaste effort de consultation, la santé et la conservation des sols occupent pleinement la place qui leur revient.
La seconde recommandation serait de collaborer avec l'ensemble des acteurs du secteur afin de développer une stratégie nationale à long terme de conservation des sols et d'amélioration de la santé du terroir. L'Ontario a récemment lancé sa stratégie de conservation des sols et nous devrions encourager le gouvernement fédéral à agir dans le même sens.
La troisième recommandation serait de financer une étude nationale sur les conséquences et les coûts de la dégradation des sols au Canada, en mettant l'accent sur les incidences que cela peut avoir sur les émissions de gaz à effet de serre. Il s'agirait en outre, d'approfondir nos connaissances et de diffuser plus largement ce que l'on apprendra en organisant des démonstrations et en faisant connaître plus largement les dernières pratiques de gestion exemplaires. Agriculture Canada et d'autres établissements de recherche améliorent continuellement les pratiques de gestion, et les producteurs devraient en être tenus au courant. Il faut donc augmenter les crédits affectés aux efforts de pédagogie afin que ces nouvelles connaissances puissent être communiquées aux producteurs.
Je voudrais vous quitter en citant Mme Maya Angelou, une poétesse américaine. Traduit en français, cela donne « Faites de votre mieux, au mieux de vos connaissances, mais quand vous en saurez plus, faites mieux encore. » Ces mots s'appliquent particulièrement à l'agriculture. Les fermiers font tout ce qu'ils peuvent pour agir dans le bon sens. Si on leur démontre l'avantage de nouvelles méthodes, ils les adopteront.
Je vous remercie.
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Je vous remercie infiniment.
Chers membres du Comité, parlementaires, membres du personnel et invités, nous tenons à vous remercier de l'occasion qui nous est donnée de venir vous parler de la biodiversité en tant que stratégie clé de la résistance au climat et de pratique exemplaire de gestion visant la gérance de nos sols et de nos ressources hydriques. Je tiens tout particulièrement à en parler dans l'optique des travaux que nous réalisons à USC Canada.
Je me félicite d'être ici avec Geneviève Grossenbacher, gestionnaire de programmes pour les politiques et les campagnes d'USC Canada, qui pratique elle-même l'agriculture écologique juste au nord d'Ottawa.
USC Canada est un exemple de réussite à la canadienne. Sans doute avez-vous entendu parler de nous. USC Canada a été fondé par Lotta Hitschmanova du Comité du Service Unitaire du Canada en 1945. Nous avons inspiré des générations de Canadiens pour qu'ils contribuent aux problèmes d'intérêt mondial. Nos travaux sur la biodiversité de l'agriculture à l'étranger sont partiellement financés par Affaires mondiales Canada depuis le début des années 1990. Nos travaux avec les agriculteurs canadiens sont nettement plus récents. Ils ont été entrepris en 2011 et sont financés par la Fondation W. Gardield Weston et par les dons de citoyens canadiens.
La raison primordiale de notre présence ici est de demander au gouvernement du Canada de financer des programmes qui préservent et améliorent la biodiversité agricole à la ferme. Cette biodiversité est notre ressource la plus précieuse, et constitue la meilleure police d'assurance pour gérer l'incertitude et les risques que présentent les changements climatiques.
Je suis comptable de formation. Dans les domaines des finances et des investissements, on nous conseille toujours de maintenir des portefeuilles diversifiés. Les portefeuilles diversifiés réduisent les risques, et ils finissent par aboutir à la réussite durable la plus uniforme. Le même principe vaut pour l'agriculture. La biodiversité assure tout simplement la résistance.
Telle est en fait la nature de la génétique. Les semences sont de minuscules paquets de possibilités. Elles contiennent certains traits qui sont visibles, alors que d'autres, comme la capacité à survivre à la sécheresse ou la résistance face aux ravageurs ou aux maladies, n'émergent que quand une plante est victime de stress. Plus il y a de biodiversité dans notre approvisionnement en graines, plus il y a de chances que nos cultures possèdent les traits dont elles ont besoin pour un vaste éventail de conditions. Mais la biodiversité n'est pas un phénomène statique. La sélection des meilleures semences, leur sauvegarde et leur replantation l'année suivante assurent l'évolution et l'adaptation de ces cultures au fur et à mesure que les conditions changent dans leur environnement. Plus les semenciers ont accès à la diversité, plus leurs semences auront des traits diversifiés, et mieux la chaîne alimentaire du Canada pourra s'adapter aux stress climatiques.
Un vaste éventail de phytogénétique garantit que les cultures produisent de bonnes récoltes, même dans des conditions ardues, mais la biodiversité en soi ne suffit pas. Si nous réfléchissons à nos méthodes agricoles, nous devons faire attention à la santé de l'écologie des sols et des systèmes hydriques qui sont littéralement les racines de l'agriculture.
De plus en plus de données probantes démontrent que l'intégration des pratiques de la biodiversité dans les systèmes agricoles écologiques procure des bienfaits significatifs pour la santé de l'eau et des sols. Le rapport de l'IAASTD — si vous ignorez le sens de ce sigle, vous pourrez demander à Gen de vous l'expliquer plus tard — de 2008 a été l'un des premiers grands examens de la documentation scientifique à en arriver à cette conclusion. Plus récemment, le Groupe d'experts international sur les systèmes alimentaires durables, IPES-Food, a publié un rapport intitulé De l'uniformité à la diversité, qui mentionne de nombreuses études qui militent en faveur des exploitations de toutes les échelles pour qu'elles emploient des techniques écologiques biodiversifiées. Parmi les avantages d'une telle démarche, mentionnons: un fort potentiel de piégeage du carbone; une diversité et une quantité accrues d'organismes microbiotiques utiles dans le sol; l'amélioration de l'absorption et de la rétention de l'eau; la réduction des ruissellements et de la contamination des eaux de surface et des eaux souterraines; et la diversité accrue des espèces de végétaux, d'insectes et d'oiseaux dans les écosystèmes environnants.
Les auteurs du rapport d'IPES-Food décrivent une chaîne de réaction positive vertueuse créée dans l'agriculture écologique biodiversifiée et qui aboutit à l'amélioration constante de la fertilité des sols, de la productivité et de la santé des écosystèmes, tout en offrant des avantages accessoires aux collectivités en aval. Ces améliorations et ces avantages contribuent tous à appuyer la résistance adaptative de l'industrie alimentaire, des agriculteurs et des communautés rurales tandis que nous entrons dans cette nouvelle ère de changements climatiques.
Nous vivons un moment exceptionnel. Hier, la conférence des parties 23 s'est ouverte, en nous rappelant les engagements climatiques importants que le Canada a pris dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat. Le lancement du nouveau partenariat agricole canadien et l'établissement d'une politique alimentaire pour le Canada offrent l'occasion au Canada de lancer des programmes qui promeuvent l'innovation agricole afin de lutter contre les changements climatiques. Nous devons en profiter pour appuyer la biodiversité à la ferme.
Le programme canadien d'USC Canada, l'Initiative de la famille Bauta sur la sécurité des semences au Canada, est un modèle de la façon dont les agriculteurs canadiens peuvent collaborer pour s'adapter aux incidences des changements climatiques. Grâce à la sélection végétale participative, les agriculteurs conçoivent de nouvelles variétés de semences qui sont adaptées aux conditions locales et qui se comportent fort bien dans des conditions de faible rendement. Cette façon peu coûteuse d'aborder l'innovation génétique est susceptible d'avoir de profondes répercussions. Par exemple, en partenariat avec l'Université du Manitoba au cours des cinq dernières années, les agriculteurs inscrits à ce programme ont mis au point des variétés de blé sélectionnées pour leur hétérogénéité et leur rendement dans des conditions de faible rendement qui, lorsqu'on les teste par rapport à des variétés classiques, font preuve d'une plus grande vigueur précoce, d'une meilleure résistance aux maladies, et d'une plus grande concentration de micronutriments, tout en ayant des rendements concurrentiels les années de sécheresse et d'inondation.
Pour tirer parti des avantages de l'agriculture biodiversifiée, les recherches et les investissements ne peuvent pas porter uniquement sur les traits uniques de variétés limitées de quelques cultures seulement. L'innovation et l'adaptation doivent survenir dans l'ensemble des cultures utilisées en agriculture. La sélection génétique participative, qui remet le leadership de la diversification des cultures entre les mains des agriculteurs, garantit que l'étendue des travaux de sélection englobe un bien plus grand nombre de variétés et permet aux innovations de s'adapter au contexte local particulier. Les 184 agriculteurs qui participent au programme de sélection végétale participative ont adapté plus de 400 variétés différentes aux conditions de croissance locales, depuis l'île de Vancouver jusqu'à Cap-Breton et Terre-Neuve, sans oublier l'extrême-nord de l'Alberta. Le processus est réplicable et évolutif, et il ne demande pas de ressources financières considérables. Il peut néanmoins avoir de profondes conséquences en maintenant la diversité en vie et en l'adaptant à de nouvelles conditions, en plus de créer une nouvelle diversité grâce à des partenariats novateurs entre agriculteurs et chercheurs.
USC Canada collabore avec les agriculteurs dans des environnements particuliers du monde entier depuis plus de 30 ans. Nous savons que bon nombre des difficultés des pratiques agricoles, comme l'érosion et la dégradation des sols, les niveaux élevés de consommation d'eau, la contamination, la baisse d'efficacité des intrants, et même la vulnérabilité financière, tous ces éléments peuvent être atténués sous réserve que l'on adhère à la biodiversité et que l'on appuie les pratiques écologiques. À cette fin, le gouvernement du Canada doit appuyer les programmes qui préservent et renforcent la biodiversité agricole à la ferme et, surtout, investir dans des systèmes d'acquisition et de transmission du savoir, comme la sélection végétale participative, pour poursuivre l'expansion des pratiques exemplaires agricoles et pour concevoir de nouvelles variétés de cultures résistantes au climat.
Cela fait de nombreuses années qu'USC Canada innove sur le terrain avec les agriculteurs et les chercheurs. Notre expérience confirme les constatations d'experts selon lesquelles la biodiversité et les pratiques écologiques sont indispensables à l'alimentation des communautés d'aujourd'hui, et à la protection des sols et des ressources hydriques dont nous avons besoin pour nourrir les générations futures. Nous formons l'espoir que vos constatations contribueront à créer un environnement politique qui appuie nos travaux et ceux d'autres experts dans notre secteur, afin de faire du Canada un chef de file mondial des recherches à la ferme sur la sécurité alimentaire et l'adaptation aux changements climatiques.
Je vous remercie infiniment.
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C'est une excellente question, et je suis fort heureuse que vous l'ayez soulevée.
Nous travaillons avec les femmes du secteur de l'agriculture dans le monde entier et au Canada. De fait, nous avons constaté que les femmes contribuent de manière incroyable à la sauvegarde de la biodiversité. Elles jouent un rôle tout à fait inestimable en agriculture. Elles constituent la majeure partie des effectifs agricoles à l'étranger. Au Canada, nous avons parfois tendance à l'oublier, mais dans la réalité... Je suis très engagée envers un grand nombre de nouveaux agriculteurs. Dans ce segment de la population, les nouveaux agriculteurs qui débutent — et qui pratiquent les formes plus durables de l'agriculture, sont avant tout des femmes.
Les femmes jouent un rôle considérable dans notre alimentation et elles continueront de nous alimenter à l'avenir, j'en suis convaincue. Pour en revenir un peu à la diversité au Canada, elles ont joué un rôle clé dans la préservation des anciennes variétés et l'amélioration des variétés qui poussent bien dans leur communauté.
Martin, peut-être voudriez-vous développer ce sujet. Les femmes jouent un rôle absolument essentiel, et aujourd'hui, malheureusement, les programmes ne sont pas toujours conçus pour reconnaître leurs précieuses contributions.
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À nouveau, cette question me passionne, et je vous en remercie.
À vrai dire, il y a un tel déséquilibre dans la recherche et le développement qu'il faut absolument y remédier, car une bonne partie des merveilleuses innovations qui nous poussent à adopter des pratiques plus durables nous viennent de l'agriculture écologique, partiellement par le biais de l'agriculture biologique. Or, lorsque nous investissons à peine un quart de 1 % dans la R-D sur l'agriculture biologique, d'autant plus que nous savons que le secteur biologique au Canada connaît un taux de croissance incroyable... Il représente aujourd'hui à peine 2,7 % du marché, mais il augmente rapidement, et tout ce qui est issu des recherches sur l'agriculture biologique peut s'appliquer à tous les agriculteurs. De nombreuses pratiques exemplaires portant sur la diversité dans la rotation des cultures proviennent de l'agriculture biologique.
À nouveau, pour en revenir aux semences, le même déséquilibre existe dans ce secteur. Il n'y a pratiquement pas d'investissement dans la sélection végétale des semences. Toute l'attention est dirigée vers le génie génétique ou la biotechnologie végétale. Il faut que cela se fasse, même si le secteur de la sélection végétale biologique présente d'étonnantes possibilités. Nous avons obtenu d'excellents résultats au Canada qui prouvent que les semences mises au point pour avoir de bonnes performances sans intrants se comportent fort bien les années de sécheresse et les années d'inondation lorsqu'on les compare aux cultivars classiques. Cela est fort bien pour les agriculteurs biologiques, mais l'on pourrait également fournir ces semences aux agriculteurs classiques pour contribuer à réduire la quantité de pesticides ou d'engrais qu'ils utilisent, les engrais étant une importante source d'émissions de gaz à effet de serre en agriculture.
Tout cela pour dire que je pense que nous devons investir au Canada. L'investissement le plus important dont je me souvienne au Canada est un investissement de 22 millions de dollars engagé l'an dernier dans les grains dans les Prairies. Nous aimerions voir un tel investissement, pas forcément de la même ampleur, dans l'agriculture biologique, la sélection des semences.
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À nouveau, voilà deux excellentes questions.
À propos des 56 millions de dollars, je tiens à ajouter quelque chose. Dans le premier exposé, celui de , je pense qu'il a déclaré que nous devions uniformiser les règles du jeu. Je pense que la même chose vaut pour ce type de chose. Les États-Unis et l'Europe investissent fortement dans l'agriculture biologique, et le Canada, à mon avis, peut lui aussi montrer l'exemple.
Pour ce qui est de la sélection végétale, c'est la même chose qui se passe. Le Royaume-Uni et l'Union européenne ont tous deux conçu des programmes qui sont fondés sur les programmes du Canada. Dans le cas de l'UE, elle a investi dans deux programmes — l'un d'une valeur de 3,5 millions de dollars et l'autre, d'une valeur de 7 millions de dollars — consacrés à la sélection végétale biologique participative. Ne serait-il pas extraordinaire d'avoir quelque chose de semblable au Canada?
Pour en revenir à ce que vous disiez tout juste sur la transmission du savoir, nous partageons entièrement votre idée selon laquelle les agriculteurs doivent s'investir dans la transmission du savoir. Nous avons besoin d'agents de vulgarisation, mais également de recherches qui tiennent compte des agriculteurs. C'est là que l'élément participatif revêt une telle importance.
La sélection végétale participative gravite autour des agriculteurs. Les agriculteurs sont au milieu, au coeur des travaux. Ils contribuent à établir les objectifs du programme. Ils contribuent à décider de ce qui donne des résultats concluants, de ce qui n'en donne pas et des critères qu'ils veulent voir instaurés, pour qu'en définitive, ils disposent d'un produit qu'ils veulent, qui fonctionne dans leur exploitation et qui s'adapte chaque année aux conditions locales de croissance. Il s'agit vraiment de quelque chose dans laquelle nous devrions investir. Avec tous les travaux que nous faisons au Canada, le pays a créé un modèle vraiment réussi dont d'autres pays cherchent à s'inspirer...
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Si vous me le permettez, je vais répondre en anglais, car c'est un peu plus facile pour moi.
[Traduction]
Mme Eva Nassif: D'accord, pas de problème.
M. Alan Kruszel: À quel type de recherche pensons-nous? Certes, nous devons faire des recherches sur la santé des sols. Certaines recherches se font déjà à ce sujet, mais il pourrait y en avoir beaucoup plus.
J'ai mentionné que nous aimerions beaucoup connaître les coûts et les conséquences de la dégradation des sols. Nous avons parlé de la perte de 3 milliards de dollars par an attribuable à la dégradation des sols. Or il s'agit seulement des coûts d'exploitation agricole. Je n'ai pas la moindre iodée de ce qu'il en coûte d'assainir le ruisseau de tout le sol qui s'y est déposé, ou de draguer à nouveau la voie maritime pour en extraire le sol qui s'y est déposé.
Pour tous ces éléments, nous avons vraiment besoin de chiffres précis. Nous savons fort bien qu'il s'agira de dizaines de milliards de dollars. Or c'est un problème que nous devons régler. Si nous arrivons à injecter cet argent dans des programmes pour y remédier, nous pourrons essayer d'accroître l'agriculture sans labour et d'inciter les agriculteurs à penser davantage à préserver les sols, à mettre plus de carbone dans le sol et à améliorer la santé des sols.
L'amélioration de la santé des sols contribue de manière extraordinaire à l'amélioration de la biodiversité, à la propreté de l'air et à la propreté de l'eau. On en revient toujours au sol. Si nous parvenons à injecter de l'argent dans la recherche sur la santé des sols, et à résoudre les coûts et les conséquences de la dégradation des sols, nous aurons accompli un travail remarquable.
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Je vais faire un commentaire final et mettre mon grain de sel, si je puis dire.
En tant que producteur agricole et producteur en serre bio, j'aimerais revenir sur ce que Mme Grossenbacher a dit au sujet de la recherche de variétés.
Selon mon expérience, qui commence à être longue, il y a des variétés que de grosses compagnies qui se sont amalgamées ont retiré du marché. Ces variétés avaient quand même des caractéristiques particulières, surtout sur le plan du goût, et elles étaient adaptées aux conditions de mon exploitation. Or c'est rendu que, chaque année, il faut demander une exemption parce qu'il n'y a pas de variété bio qui serait acceptable.
Je suis entièrement d'accord qu'il faut investir dans les variétés. Il ne faut pas les perdre au profit d'une grosse entreprise qui les contrôlera, qui les retirera du marché et qui les remplacera par les siennes.
C'était mon commentaire final.
Je remercie tout le monde.